Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1913-06-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juin 1913 01 juin 1913
Description : 1913/06/01 (N6)-1913/06/30. 1913/06/01 (N6)-1913/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k45654314
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
terUERRE A LA GUERRE
U-
15 e Année. — N° 6.
Gincj
MENSUEL
Centimes le Numéro
JUIN 1018
Organe du Mouvement Pacifique
“ PAIX SUR LA TERRE ! ”
Chrétien
De leurs glaives ils forgeront des bêches, et de leurs lances des serpes; une nation ne lèvera plus l'épée contre une autre, et l'on n'apprendra plus l'art de la guerre
ABONNEMENTS
RÉDACTION
DIRECTEUR-FONDATEUR :
ADMINISTRATION
PROPAGANDE
France 1 Fr..
Union Postale... 2 —
Les opinions exprimées sont
libres et n’engagent que leurs
auteurs.
Henri ^UCHET
13. Place de l'Hôtel-de-Ville, 13
LE HAVRE
Les souscriptions et les dons
sont reçus avec reconnaissance.
Des conférences sont données
sur la paix, l’abstinence et
l’évangile.
“ÊTRE SIEJ<”
LE SECRET DE LA PURETÉ, DE LA PAIX ET DE LA PUISSANCE
Tu lui donneras le nom de Jésus, car IL sauvera Son peuple
de ses péchés. (Matthieu, I, 21.)
par M. ARTHUR BOOTH-CLIBBORN
(Suite)
Oui, la Gloire de Dieu est plus grande que
le salut des âmes, de la même manière que
le tout est plus grand que la partie.
Lorsque Christ lient la première place dans
nos vies et que nous vivons vraiment comme
étant Siens , torsque la recherche de la gloire
de Dieu est le mobile suprême de toutes nos
puissances de penser et d’agir, le dévouement
à la recherche des âmes s’ensuit naturellement,
car celui qui a le tout possède aussi chaque
partie. Mais cet ordre ne doit pas être ren
versé.
Dans le domaine religieux, la loi de cause à
effet est aussi inaltérable, que dans toutes les
autres sphères. 11 en est de même de la loi
de la lumière. Chacun sait que les rayons lu
mineux partent du centre, pour se répandre
dans le cercle de la circonférence. Jésus, qui
est la Lumière, peut-Il alors consentir à occu
per en nous une autre place que celle du cœur,
qui est le siège même de la vie ? Et n’est-il
pas de notre devoir de lui réserver ce cœur,
et de ne permettre à aucune chose, ni à au
cune créature de l’usurper ?
Voilà pourquoi le caractère sacré de l’indi
vidualité et de la liberté de conscience a tou
jours été inséparable du christianisme évan
gélique, dont le principe fondamental est de
conserver à Christ, comme un bien sacré Lui
appartenant, ce qui constitue le centre même
de noire vie et de notre travail.
Lorsque l’on se conduit avec une loyauté iné
branlable vis-à-vis de la Parole de Dieu, et
que l’on est possédé par la passion de Son
règne, l’amour des âmes est libéré de toutes
les passions aveugles de parti, de secte ou de
patrie. Aimer avec sincérité, impartialité et
justice, c’est aimer avec ce qui est insépa
rable du Divin.
Il n’exisle qu’un centre par objet, et si
Christ n’est pas celui de notre vie, Il doit avoir
au moins une place dans notre existence. Dès
lors, il nous est impossible de conserver en
nous quoi que ce soit de contraire à la re
ligion.
Il nous faut aimer Dieu de tout notre cœur,
avant d’être capable d’aimer, ne fut-ce que
très peu, notre prochain : c’est une vérité qui,
sous son apparence paradoxale, est conforme
à l’Ecriture. Laisser une église, un pays, une
famille ou des amis, prendre le centre de notre
cœur, c’est cesser de les aimer sincèrement les
uns et les autres. D’autre part, refuser à Christ
cette place centrale que nous donnons à d’au
tres, et que Lui seul doit occuper, c’est refu
ser de L’aimer. Aussi toute idolâtrie est-elle
une déloyauté envers les hommes autant qu’en-
vers Dieu. Craindre les hommes est même une
façon de leur porter préjudice, car l'amour
parfait bannit la crainte, et nous cessons de
les aimer véritablement à l’instant où nous
commençons à les craindre. Je vais plus loin :
nous ne pouvons aimer avec sincérité nos pro
pres vies et les apprécier à leur valeur céleste,
avant que nous ayons cessé de craindre pour
elle6, les conséquences qu’entraîne le fait d’être
exclusivement Siens.
Ici aussi, l’amour parfait bannit la crainte,
et il perdrait sa vie, celui qui voudrait la sau
ver par un autre moyen que celui d’être tout
entier à Christ.
C’est pour celte raison que l’amour pure
ment humain des âmes est aussi inutile au
travail d’évangélisation que la simple morale
morale civique ou la philanthropie. Aussi est-
ce s’aveugler que de croire d’une essence su
périeure, l’amour pour la créature tombée.
Qu’est-ce donc, en effet, sinon de la sympathie
charnelle. Cette puissance humaine qui se ma
nifeste par un agréable humanitarisme, est
quelque chose de perfide qui, demain peut-
être, sera transformé en une violente réaction
de haine. L’ainour du tigre pour ses petits,
par exemple, a pour contre-partie sa haine ar
dente de toutes les autres bêtes. Mais ce qui
constitue un instinct légitime chez la bête se
rait une véritable maladie morale chez l’homme
ponverti, auquel l’Evangile ordonne le sacrifice
de soi par amour du pécheur, et comme condi
tion première de son aversion du péché. La
grâce de Dieu change tellement le cœur de
l'homme, 1 que l’amour qui s’étend jusqu’aux
ennemis, l’amour universel et impartial, qui
émane du Divin et embrasse l’humanité en
tière, y remplace l’esprit haineux du tigre. Le
mot ennemi n’existe plus pour celui qui pos
sède cet amour-là.
Et il n’y a qu’un moyen d’oblenir cet amour
et de vivre cette vie d’amour : c’est de réaliser
en acte le fait d’être Siens , d’une façon si com
plète que nous nous sentions participer de la
nature divine. Alors seulement, nous sommes
en pouvoir d’échapper à la corruption qui rè
gne dans le monde par la convoitise. (II, Lierre,
I , 4 .)
Celui qui vaincra. — Qu’est-ce, après tout,
qu’un vainqueur , sinon celui dont la haufeuR
spirituelle est telle, qu'elle dépasse les bar
rières étroites des nations ou des sectes, si
bien qu’il peut aimer tous les hommes d’un
amour divin, et par suite impartial. Ce temps
de fraternité universelle viendra sans nul doute
quelques années avant le retour du Seigneur.
Mais à notre époque, au milieu de l’augmen
tation de la lutte (les langues qui se heur
tent pour avoir la priorité, une seule victoire
de cette sorte, maintenue à n’importe quel prix,
constitue un vivant témoignage de fidélité ab
solue envers Dieu et d’amour véritable envers
ses frères chrétiens.
Hélas ! Puissent-ils ne pas être nombreux à
l’heure actuelle, ceux qui détestent leur pro
chain, en dehors de l’église ou de la patrie !
Il est vrai qu’il en coûte beaucoup de vivre le
Sermon sur la Montagne, et d’être ainsi plei
nement Siens ; mais la religion est semblable
aux autres choses : elle vaut en raison de ce
qu’elle coûte, et le bon marché, là comme ail
leurs, ne donne pas de bons résultats. Les
enfants de Dieu, entièrement consacrés, pré
féreraient la mort, plutôt que de détourner tant
soit peu, par amour ou crainte des hommes,
le centre de leur vie de l’Evangile, ou de se
laisser entraîner par le courant populaire, na
tional ou religieux. « Tu n’iras pas avec la
multitude qui fait le mal », voilà le mol d’ordre
de leur vie.
Il nous fit « Siens », en Se donnant Lui-
même pour nous. — Dix-huit fois, dans le Nou
veau Testament, le mot Lui-même est employé
pour désigner notre Roi et parler de Son
sacrifice : « Il se donna Lui-même pour nos
péchés » (Galates, I, 4). « Lui-même... prit
nos langueurs » (Matth., VIII, 7). Et après
un tel don, nous refuserions (le nous consa
crer à Sa cause bénie en suivant Son exem
ple, Lui« qui S’est donné Lui-même pour nous,
afin de nous racheter de toute iniquité et de
nous purifier, pour Lui être un peuple parti
culier et zélé pour les bonnes œuvres. » (Tite,
II, 14.)
Pouvons-nous, osons-nous, en présence d’un
semblable amour, nous rendre nous-mêmes
malheureux en refusant d’accepter quelques-
unes des conséquences d’Etre Siens, purifiés
par Lui, pour Lui, qui a le pouvoir de nous
élever jusqu’aux hauteurs de la Gloire où II
règne.
Son peuple est un peuple sauvé. — Un ac
cent particulier souligne le mot II dans le texte
original : « IL sauvera Son peuple », ce qui
veut dire qu’il est le Roi, le Chef glorieux,
dont le souci est de sauver ceux qui sont au-
dessous de Lui. IL est Tunique Roi qui sauve.
Les souverains de la Terre sont en général plus
destructeurs que sauveurs. Lui est le Roi qui
mourut pour le salut de Ses sujets. Quel con
traste avec les autres rois ! et n’y a-t-il pas là
de quoi éveiller en nous un puissant, invincible
et pur enthousiasme ? Voilà le Roi qui frappe
à la porte de notre cœur, qui supplie pour en
trer dans ce cœur qu’il veut rendre saint et
heureux. C’est le Roi qui s’en va, courbé sous
le poiids des péchés, des tristesses et des lan
gueurs dont II a déchargé Son peuple.
(A suivre.)
A LA RACINE
Aux yeux du monde, les pacifistes parais
sent en ce moment en fort mauvaise posture.
Alors qu’ils parlent de paix et d’arbitrage, le
monde retentit du fracas des batailles, les re
lations diplomatiques se tendent et tous les
peuples augmentent leurs armements.
Au Maroc, le brigandage continue et le pays
est loin d’être pacifié. Cent mille de nos soldats
sont partis là-bas et de nouveaux contingents
deviennent nécessaires au fur et à mesure que
les' colonnes avancent. La conquête sauvage
sème au cœur des indigènes des haines pro
fondes qui se manifestent par des soulèye-
ments et des massacres dès que l’occasion pa
raîtra propice. En Algérie, le mécontentement
des Arabes gronde sourdement, en Indo-Chine,
les populations, odieusement exploitées, témoi
gnent par la bombe de leurs rancunes et de
leur désir de révolte.
Dans les Ralkans, la « croisade » sangui
naire contre le Turc a pris fin, mais voici que
les alliés se déchirent entre eux. Grecs et Serbes
se lèvent, non plus contre l’oppresseur héré
ditaire, mais contre leurs frères d’armes bul
gares. La « croisade » contre le Croissant que
chantaient, au début de la guerre, nos jour
naux « bien pensants », apparaît comme la
lutte de chiens affames et hargneux se ruant
à la curée.
L’Autriche maintient ses troupes mobilisées.
L’Allemagne augmente ses effectifs, la France
cherche à prolonger la durée du service mili
taire. On a, en regardant l’Europe, comme une
vision apocalyptique de toutes les armées du
monde se préparant à la rencontre d’Harma-
geddon.
Pourquoi cet état de choses ? Quelle puis
sance infernale pousse le monde dans la voie
du crime et de la sauvagerie ?
Si nous essayons d’analyser les faits, que
voyons-nous ? Des financiers et des métallur
gistes, dont le coffre-fort tient lieu de cons
cience, poussent sans cesse aux armements
Pour réaliser leurs desseins, ils corrompent les
fonctionnaires et les hommes politiques, ils
achètent une presse prostituée qui, de ses so
phismes et de ses mensonges, intoxiquera les
cerveaux de la foule et la préparera à accepter
les armements et les guerres. Cette foule, im
prégnée depuis l’enfance des préjugés guer
riers et militaristes, élevée dans l’admiration
des batailles, dans le culte des grands massa
creurs, dans le mépris et la haine de l’étranger,
n’est que trop prête à donner libre cours aux
instincts féroces qui sommeillent en tout
homme, hélas ! et le font dépasser parfois en
férocité les fauves les plus carnassiers.
Au fond de tout cela-, qu’v a-t-il ? L’instinct
de lucre, l’instinct de proie, c’est-à-dire un
monstrueux égoïsme, uni à beaucoup de sot
tise.
C'est là la source du mal, il faut y remonter.
Il faut mettre bravement la cognée "à la racine
de l’arbre.
Il faut empêcher que quelques individus, en
concentrant dans leurs mains des capitaux con
sidérables, puissent substituer leur intérêt per
sonnel à l’intérêt d’une nation et de l’huma
nité. Il ne faut pas que quelques gros capita
listes soient maîtres de l’industrie, de la presse,
des hommes poliliques influents. C’est donc une
transformation économique qui s’impose, dans
le sens de la socialisation des moyens de pro
duction — sans préjuger des formes précises
qu’elle doit revêlir — l’accession graduelle des
travailleurs à la gestion des entreprises, subs
titution de la coopérative à la concurrence sans
bornes, l’économie dans la production au lieu
du gaspillage effréné qui a pour résultat de
majorer de 50 0/0 le prix de la plupart des
denrées ; c’est à une répartition plus équitable
de la richesse qu’il faut arriver, afin que la
société n’offre plus ce spectacle révoltant de
parasites fainéants et gavés en face de pauvres
diables qui meurent de faim.
Il faut aussi une transformation politique.
Il n’est pas admissible que les destinées d’un
pays s’élaborent dans le secret des ministères,
h iTest pas tolérable que les guerres soient dé
chaînées par les intrigues des chancelleries sans
que les peuples qui donnent leur argent et
leur sang soient consultés et puissent se pro
noncer en connaissance de cause.
Mais, transformation économique et transfor
mation politique
ne seront possibles,
ne porteront des fruits,
que si elles s’appuient sur une réforme morale
des individus.
Comment les hommes pourront-ils coopérer
fraternellement sur le terrain économique ou
sur le terrain politique, s’ils sont avant tout
préoccupés de s’assurer ^chacun pour soi le
maximum d’avantages et de jouissances ? Si
chacun considère l’univers comme une proie
dont il faut saisir le plus vaste lambeau pos
sible, comment pourra-t-il travailler à l’œuvre
commune ?
Quelque jus Les que soient les lois, quelque
admirables que soient les institutions, les
hommes trouveront toujours moyen de les tour
ner ou de les exploiter s’ils n’ont pas au cœur
le culte de la Vérité et de la Justice. Ne voyons-
nous pas tous les jours les idées les plus nobles
servir de manteau aux sentiments les moins
avouables, les institutions les plus vénérables
en apparence abriter une nuée d’arrivistes et
de coquins ?
C’est donc l’œuvre de réforme morale qui
est l’œuvre essentielle. C’est une œuvre d'édu
cation.
Ceci ne veut pas dire qu’il va falloir ensei
gner le pacifisme. Non, le pacifisme n’est pas
une doctrine précise et figée qui se puisse
transmettre automatiquement, c'est une inspi
ration qui se répand, c’est une flamme qui
s’étend par contact, une vie qui se propage.
La lâche d’éducation pacifique consiste à
faire converger vers la réalisation de la Paix
toutes les idées et tous les actes. C’est tout l’en
seignement qu’il faut imprégner de l’amour de
la paix, et toutes les actions quotidiennes,
dans le milieu familial, professionnel, éco
nomique, politique. En toute occasion il faut
éclairer les esprits, combattre les préjugés, ré
futer les sophismes, détruire le mensonge. En
tous les conflits il faut substituer la discussion
paisible et l’arbitrage aux mœurs de violence.
Mais ce n’est pas assez d’éclairer les esprits,
il faut extirper des cœurs le vieux fonds de
haine, de violence, d’égoïsme sans bornes, la
soif de jouissances qui poussent les hommes au
mal. Pour cela, il faut présenter aux hommes
un idéal pour lequel ils puissent s’enthousias
mer, et une conception de la vie qui donne un
sens à leur activité, une valeur impérissable
à leurs efforts.
Voilà pourquoi, pacifistes chrétiens, nous
croyons à la raison d’être de nos groupements.
Sans doute nous paraissons « vieux jeu » aux
esprits soi-disant émancipés qui rejettent com
me de ridicules préjugés la foi aux réalités
invisibles ; nous nous attirons les sarcasmes des
politiciens arrivistes (peut-être parce que nous
les gênons), mais peu nous chaut, nous persé
vérerons dans notre voie, jusqu’à ce qu’on nous
montre une voie meilleure, jusqu’à ce qu’on
nous révèle une doctrine qui fournisse à l’in
dividu de plus puissants ressorts de perfec
tionnement, à la société une plus grande force
de cohésion et de progrès.
Qu’on ne se méprenne pas sur notre pensée.
Nous sommes loin de mépriser les efforts des
juristes, des économistes, des hommes politi
ques honnêtes qui travaillent à préparer une
ère d’entente internationale. Leur œuvre est
non seulement bonne, mais nécessaire. Mais
nous affirmons qu’elle doit avoir pour substra
tum et pour complément tout à la fois une
œuvre, jamais interrompue, d’éducation, de ré
formation morale.
Œuvre vaste comme le monde, sans limite et
sans fin, diverse en ses méthodes et ses ma
nifestations, cette tâche d’éducateurs pacifistes
est à la portée de tous les hommes de bonne
volonté. Tous nous pouvons répandre autour
de nous un esprit de justice ,d’amour, de fra
ternité. Nous pouvons, par notre exemple, par
notre vie, par le seul rayonnement de notre
personnalité, par la protestation calme et forte
de notre conscience, être tous les jours des ar
tisans de la Paix.
Consolons-nous de n’être ni savants, ni ju
ristes, ni diplomates, ni gouvernants. Travail
lons courageusement à notre tâche obscure, r
obstinons-nous à vaincre le Mal par le Rien
et nous aurons fait œuvre bonne, nous aurons
attaqué le mauvais arbre par la racine et par
nos humbles efforts hâté quelque peu la venues
de Tère de paix où l’humanité meilleure pourra-"^
se développer selon ses véritables lois, les lois
du monde moral, les lois de l’Esprit.
M. Dumesnil.
U-
15 e Année. — N° 6.
Gincj
MENSUEL
Centimes le Numéro
JUIN 1018
Organe du Mouvement Pacifique
“ PAIX SUR LA TERRE ! ”
Chrétien
De leurs glaives ils forgeront des bêches, et de leurs lances des serpes; une nation ne lèvera plus l'épée contre une autre, et l'on n'apprendra plus l'art de la guerre
ABONNEMENTS
RÉDACTION
DIRECTEUR-FONDATEUR :
ADMINISTRATION
PROPAGANDE
France 1 Fr..
Union Postale... 2 —
Les opinions exprimées sont
libres et n’engagent que leurs
auteurs.
Henri ^UCHET
13. Place de l'Hôtel-de-Ville, 13
LE HAVRE
Les souscriptions et les dons
sont reçus avec reconnaissance.
Des conférences sont données
sur la paix, l’abstinence et
l’évangile.
“ÊTRE SIEJ<”
LE SECRET DE LA PURETÉ, DE LA PAIX ET DE LA PUISSANCE
Tu lui donneras le nom de Jésus, car IL sauvera Son peuple
de ses péchés. (Matthieu, I, 21.)
par M. ARTHUR BOOTH-CLIBBORN
(Suite)
Oui, la Gloire de Dieu est plus grande que
le salut des âmes, de la même manière que
le tout est plus grand que la partie.
Lorsque Christ lient la première place dans
nos vies et que nous vivons vraiment comme
étant Siens , torsque la recherche de la gloire
de Dieu est le mobile suprême de toutes nos
puissances de penser et d’agir, le dévouement
à la recherche des âmes s’ensuit naturellement,
car celui qui a le tout possède aussi chaque
partie. Mais cet ordre ne doit pas être ren
versé.
Dans le domaine religieux, la loi de cause à
effet est aussi inaltérable, que dans toutes les
autres sphères. 11 en est de même de la loi
de la lumière. Chacun sait que les rayons lu
mineux partent du centre, pour se répandre
dans le cercle de la circonférence. Jésus, qui
est la Lumière, peut-Il alors consentir à occu
per en nous une autre place que celle du cœur,
qui est le siège même de la vie ? Et n’est-il
pas de notre devoir de lui réserver ce cœur,
et de ne permettre à aucune chose, ni à au
cune créature de l’usurper ?
Voilà pourquoi le caractère sacré de l’indi
vidualité et de la liberté de conscience a tou
jours été inséparable du christianisme évan
gélique, dont le principe fondamental est de
conserver à Christ, comme un bien sacré Lui
appartenant, ce qui constitue le centre même
de noire vie et de notre travail.
Lorsque l’on se conduit avec une loyauté iné
branlable vis-à-vis de la Parole de Dieu, et
que l’on est possédé par la passion de Son
règne, l’amour des âmes est libéré de toutes
les passions aveugles de parti, de secte ou de
patrie. Aimer avec sincérité, impartialité et
justice, c’est aimer avec ce qui est insépa
rable du Divin.
Il n’exisle qu’un centre par objet, et si
Christ n’est pas celui de notre vie, Il doit avoir
au moins une place dans notre existence. Dès
lors, il nous est impossible de conserver en
nous quoi que ce soit de contraire à la re
ligion.
Il nous faut aimer Dieu de tout notre cœur,
avant d’être capable d’aimer, ne fut-ce que
très peu, notre prochain : c’est une vérité qui,
sous son apparence paradoxale, est conforme
à l’Ecriture. Laisser une église, un pays, une
famille ou des amis, prendre le centre de notre
cœur, c’est cesser de les aimer sincèrement les
uns et les autres. D’autre part, refuser à Christ
cette place centrale que nous donnons à d’au
tres, et que Lui seul doit occuper, c’est refu
ser de L’aimer. Aussi toute idolâtrie est-elle
une déloyauté envers les hommes autant qu’en-
vers Dieu. Craindre les hommes est même une
façon de leur porter préjudice, car l'amour
parfait bannit la crainte, et nous cessons de
les aimer véritablement à l’instant où nous
commençons à les craindre. Je vais plus loin :
nous ne pouvons aimer avec sincérité nos pro
pres vies et les apprécier à leur valeur céleste,
avant que nous ayons cessé de craindre pour
elle6, les conséquences qu’entraîne le fait d’être
exclusivement Siens.
Ici aussi, l’amour parfait bannit la crainte,
et il perdrait sa vie, celui qui voudrait la sau
ver par un autre moyen que celui d’être tout
entier à Christ.
C’est pour celte raison que l’amour pure
ment humain des âmes est aussi inutile au
travail d’évangélisation que la simple morale
morale civique ou la philanthropie. Aussi est-
ce s’aveugler que de croire d’une essence su
périeure, l’amour pour la créature tombée.
Qu’est-ce donc, en effet, sinon de la sympathie
charnelle. Cette puissance humaine qui se ma
nifeste par un agréable humanitarisme, est
quelque chose de perfide qui, demain peut-
être, sera transformé en une violente réaction
de haine. L’ainour du tigre pour ses petits,
par exemple, a pour contre-partie sa haine ar
dente de toutes les autres bêtes. Mais ce qui
constitue un instinct légitime chez la bête se
rait une véritable maladie morale chez l’homme
ponverti, auquel l’Evangile ordonne le sacrifice
de soi par amour du pécheur, et comme condi
tion première de son aversion du péché. La
grâce de Dieu change tellement le cœur de
l'homme, 1 que l’amour qui s’étend jusqu’aux
ennemis, l’amour universel et impartial, qui
émane du Divin et embrasse l’humanité en
tière, y remplace l’esprit haineux du tigre. Le
mot ennemi n’existe plus pour celui qui pos
sède cet amour-là.
Et il n’y a qu’un moyen d’oblenir cet amour
et de vivre cette vie d’amour : c’est de réaliser
en acte le fait d’être Siens , d’une façon si com
plète que nous nous sentions participer de la
nature divine. Alors seulement, nous sommes
en pouvoir d’échapper à la corruption qui rè
gne dans le monde par la convoitise. (II, Lierre,
I , 4 .)
Celui qui vaincra. — Qu’est-ce, après tout,
qu’un vainqueur , sinon celui dont la haufeuR
spirituelle est telle, qu'elle dépasse les bar
rières étroites des nations ou des sectes, si
bien qu’il peut aimer tous les hommes d’un
amour divin, et par suite impartial. Ce temps
de fraternité universelle viendra sans nul doute
quelques années avant le retour du Seigneur.
Mais à notre époque, au milieu de l’augmen
tation de la lutte (les langues qui se heur
tent pour avoir la priorité, une seule victoire
de cette sorte, maintenue à n’importe quel prix,
constitue un vivant témoignage de fidélité ab
solue envers Dieu et d’amour véritable envers
ses frères chrétiens.
Hélas ! Puissent-ils ne pas être nombreux à
l’heure actuelle, ceux qui détestent leur pro
chain, en dehors de l’église ou de la patrie !
Il est vrai qu’il en coûte beaucoup de vivre le
Sermon sur la Montagne, et d’être ainsi plei
nement Siens ; mais la religion est semblable
aux autres choses : elle vaut en raison de ce
qu’elle coûte, et le bon marché, là comme ail
leurs, ne donne pas de bons résultats. Les
enfants de Dieu, entièrement consacrés, pré
féreraient la mort, plutôt que de détourner tant
soit peu, par amour ou crainte des hommes,
le centre de leur vie de l’Evangile, ou de se
laisser entraîner par le courant populaire, na
tional ou religieux. « Tu n’iras pas avec la
multitude qui fait le mal », voilà le mol d’ordre
de leur vie.
Il nous fit « Siens », en Se donnant Lui-
même pour nous. — Dix-huit fois, dans le Nou
veau Testament, le mot Lui-même est employé
pour désigner notre Roi et parler de Son
sacrifice : « Il se donna Lui-même pour nos
péchés » (Galates, I, 4). « Lui-même... prit
nos langueurs » (Matth., VIII, 7). Et après
un tel don, nous refuserions (le nous consa
crer à Sa cause bénie en suivant Son exem
ple, Lui« qui S’est donné Lui-même pour nous,
afin de nous racheter de toute iniquité et de
nous purifier, pour Lui être un peuple parti
culier et zélé pour les bonnes œuvres. » (Tite,
II, 14.)
Pouvons-nous, osons-nous, en présence d’un
semblable amour, nous rendre nous-mêmes
malheureux en refusant d’accepter quelques-
unes des conséquences d’Etre Siens, purifiés
par Lui, pour Lui, qui a le pouvoir de nous
élever jusqu’aux hauteurs de la Gloire où II
règne.
Son peuple est un peuple sauvé. — Un ac
cent particulier souligne le mot II dans le texte
original : « IL sauvera Son peuple », ce qui
veut dire qu’il est le Roi, le Chef glorieux,
dont le souci est de sauver ceux qui sont au-
dessous de Lui. IL est Tunique Roi qui sauve.
Les souverains de la Terre sont en général plus
destructeurs que sauveurs. Lui est le Roi qui
mourut pour le salut de Ses sujets. Quel con
traste avec les autres rois ! et n’y a-t-il pas là
de quoi éveiller en nous un puissant, invincible
et pur enthousiasme ? Voilà le Roi qui frappe
à la porte de notre cœur, qui supplie pour en
trer dans ce cœur qu’il veut rendre saint et
heureux. C’est le Roi qui s’en va, courbé sous
le poiids des péchés, des tristesses et des lan
gueurs dont II a déchargé Son peuple.
(A suivre.)
A LA RACINE
Aux yeux du monde, les pacifistes parais
sent en ce moment en fort mauvaise posture.
Alors qu’ils parlent de paix et d’arbitrage, le
monde retentit du fracas des batailles, les re
lations diplomatiques se tendent et tous les
peuples augmentent leurs armements.
Au Maroc, le brigandage continue et le pays
est loin d’être pacifié. Cent mille de nos soldats
sont partis là-bas et de nouveaux contingents
deviennent nécessaires au fur et à mesure que
les' colonnes avancent. La conquête sauvage
sème au cœur des indigènes des haines pro
fondes qui se manifestent par des soulèye-
ments et des massacres dès que l’occasion pa
raîtra propice. En Algérie, le mécontentement
des Arabes gronde sourdement, en Indo-Chine,
les populations, odieusement exploitées, témoi
gnent par la bombe de leurs rancunes et de
leur désir de révolte.
Dans les Ralkans, la « croisade » sangui
naire contre le Turc a pris fin, mais voici que
les alliés se déchirent entre eux. Grecs et Serbes
se lèvent, non plus contre l’oppresseur héré
ditaire, mais contre leurs frères d’armes bul
gares. La « croisade » contre le Croissant que
chantaient, au début de la guerre, nos jour
naux « bien pensants », apparaît comme la
lutte de chiens affames et hargneux se ruant
à la curée.
L’Autriche maintient ses troupes mobilisées.
L’Allemagne augmente ses effectifs, la France
cherche à prolonger la durée du service mili
taire. On a, en regardant l’Europe, comme une
vision apocalyptique de toutes les armées du
monde se préparant à la rencontre d’Harma-
geddon.
Pourquoi cet état de choses ? Quelle puis
sance infernale pousse le monde dans la voie
du crime et de la sauvagerie ?
Si nous essayons d’analyser les faits, que
voyons-nous ? Des financiers et des métallur
gistes, dont le coffre-fort tient lieu de cons
cience, poussent sans cesse aux armements
Pour réaliser leurs desseins, ils corrompent les
fonctionnaires et les hommes politiques, ils
achètent une presse prostituée qui, de ses so
phismes et de ses mensonges, intoxiquera les
cerveaux de la foule et la préparera à accepter
les armements et les guerres. Cette foule, im
prégnée depuis l’enfance des préjugés guer
riers et militaristes, élevée dans l’admiration
des batailles, dans le culte des grands massa
creurs, dans le mépris et la haine de l’étranger,
n’est que trop prête à donner libre cours aux
instincts féroces qui sommeillent en tout
homme, hélas ! et le font dépasser parfois en
férocité les fauves les plus carnassiers.
Au fond de tout cela-, qu’v a-t-il ? L’instinct
de lucre, l’instinct de proie, c’est-à-dire un
monstrueux égoïsme, uni à beaucoup de sot
tise.
C'est là la source du mal, il faut y remonter.
Il faut mettre bravement la cognée "à la racine
de l’arbre.
Il faut empêcher que quelques individus, en
concentrant dans leurs mains des capitaux con
sidérables, puissent substituer leur intérêt per
sonnel à l’intérêt d’une nation et de l’huma
nité. Il ne faut pas que quelques gros capita
listes soient maîtres de l’industrie, de la presse,
des hommes poliliques influents. C’est donc une
transformation économique qui s’impose, dans
le sens de la socialisation des moyens de pro
duction — sans préjuger des formes précises
qu’elle doit revêlir — l’accession graduelle des
travailleurs à la gestion des entreprises, subs
titution de la coopérative à la concurrence sans
bornes, l’économie dans la production au lieu
du gaspillage effréné qui a pour résultat de
majorer de 50 0/0 le prix de la plupart des
denrées ; c’est à une répartition plus équitable
de la richesse qu’il faut arriver, afin que la
société n’offre plus ce spectacle révoltant de
parasites fainéants et gavés en face de pauvres
diables qui meurent de faim.
Il faut aussi une transformation politique.
Il n’est pas admissible que les destinées d’un
pays s’élaborent dans le secret des ministères,
h iTest pas tolérable que les guerres soient dé
chaînées par les intrigues des chancelleries sans
que les peuples qui donnent leur argent et
leur sang soient consultés et puissent se pro
noncer en connaissance de cause.
Mais, transformation économique et transfor
mation politique
ne seront possibles,
ne porteront des fruits,
que si elles s’appuient sur une réforme morale
des individus.
Comment les hommes pourront-ils coopérer
fraternellement sur le terrain économique ou
sur le terrain politique, s’ils sont avant tout
préoccupés de s’assurer ^chacun pour soi le
maximum d’avantages et de jouissances ? Si
chacun considère l’univers comme une proie
dont il faut saisir le plus vaste lambeau pos
sible, comment pourra-t-il travailler à l’œuvre
commune ?
Quelque jus Les que soient les lois, quelque
admirables que soient les institutions, les
hommes trouveront toujours moyen de les tour
ner ou de les exploiter s’ils n’ont pas au cœur
le culte de la Vérité et de la Justice. Ne voyons-
nous pas tous les jours les idées les plus nobles
servir de manteau aux sentiments les moins
avouables, les institutions les plus vénérables
en apparence abriter une nuée d’arrivistes et
de coquins ?
C’est donc l’œuvre de réforme morale qui
est l’œuvre essentielle. C’est une œuvre d'édu
cation.
Ceci ne veut pas dire qu’il va falloir ensei
gner le pacifisme. Non, le pacifisme n’est pas
une doctrine précise et figée qui se puisse
transmettre automatiquement, c'est une inspi
ration qui se répand, c’est une flamme qui
s’étend par contact, une vie qui se propage.
La lâche d’éducation pacifique consiste à
faire converger vers la réalisation de la Paix
toutes les idées et tous les actes. C’est tout l’en
seignement qu’il faut imprégner de l’amour de
la paix, et toutes les actions quotidiennes,
dans le milieu familial, professionnel, éco
nomique, politique. En toute occasion il faut
éclairer les esprits, combattre les préjugés, ré
futer les sophismes, détruire le mensonge. En
tous les conflits il faut substituer la discussion
paisible et l’arbitrage aux mœurs de violence.
Mais ce n’est pas assez d’éclairer les esprits,
il faut extirper des cœurs le vieux fonds de
haine, de violence, d’égoïsme sans bornes, la
soif de jouissances qui poussent les hommes au
mal. Pour cela, il faut présenter aux hommes
un idéal pour lequel ils puissent s’enthousias
mer, et une conception de la vie qui donne un
sens à leur activité, une valeur impérissable
à leurs efforts.
Voilà pourquoi, pacifistes chrétiens, nous
croyons à la raison d’être de nos groupements.
Sans doute nous paraissons « vieux jeu » aux
esprits soi-disant émancipés qui rejettent com
me de ridicules préjugés la foi aux réalités
invisibles ; nous nous attirons les sarcasmes des
politiciens arrivistes (peut-être parce que nous
les gênons), mais peu nous chaut, nous persé
vérerons dans notre voie, jusqu’à ce qu’on nous
montre une voie meilleure, jusqu’à ce qu’on
nous révèle une doctrine qui fournisse à l’in
dividu de plus puissants ressorts de perfec
tionnement, à la société une plus grande force
de cohésion et de progrès.
Qu’on ne se méprenne pas sur notre pensée.
Nous sommes loin de mépriser les efforts des
juristes, des économistes, des hommes politi
ques honnêtes qui travaillent à préparer une
ère d’entente internationale. Leur œuvre est
non seulement bonne, mais nécessaire. Mais
nous affirmons qu’elle doit avoir pour substra
tum et pour complément tout à la fois une
œuvre, jamais interrompue, d’éducation, de ré
formation morale.
Œuvre vaste comme le monde, sans limite et
sans fin, diverse en ses méthodes et ses ma
nifestations, cette tâche d’éducateurs pacifistes
est à la portée de tous les hommes de bonne
volonté. Tous nous pouvons répandre autour
de nous un esprit de justice ,d’amour, de fra
ternité. Nous pouvons, par notre exemple, par
notre vie, par le seul rayonnement de notre
personnalité, par la protestation calme et forte
de notre conscience, être tous les jours des ar
tisans de la Paix.
Consolons-nous de n’être ni savants, ni ju
ristes, ni diplomates, ni gouvernants. Travail
lons courageusement à notre tâche obscure, r
obstinons-nous à vaincre le Mal par le Rien
et nous aurons fait œuvre bonne, nous aurons
attaqué le mauvais arbre par la racine et par
nos humbles efforts hâté quelque peu la venues
de Tère de paix où l’humanité meilleure pourra-"^
se développer selon ses véritables lois, les lois
du monde moral, les lois de l’Esprit.
M. Dumesnil.
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