Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1909-09-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 septembre 1909 01 septembre 1909
Description : 1909/09/01 (N9)-1909/09/30. 1909/09/01 (N9)-1909/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565420b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
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Guerre à la Guerre
11 e Année,— N° 9.
MENSUEL'
Oincj Centimes le INJuméro
SEPTEMBRE 1909
Organe du üouvemenf Pacifique Chrétien
“ PAIX SUR LA TERRE ! ”
De leurs glaives ils forgeront des bêches, et de leurs lances des serpes ; une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre,
et l’on n’apprendra ' plus l’art de la guerre
ABONNEMENTS
RÉDACTION
DIRECTION :
ADMINISTRATION
PROPAGANDE
France 1 Fr..
Union Postale... 2 —
Les opinions exprimées sont
libres et n’engagent que leurs
auteurs.
Henri Hü C K ET
19, Place de l’IIôtel-de-Ville
LE HAVRE
Les annonces ne sont reçues
que si elles présentent toutes
garanties.
Des conditions spéciales seront
offertes à ceux qui en feront la
demande.
LE
Jeûne Fédéral Suisse
Dans quelques j ours — exactement le 19 septem
bre— le peuple suisse célébrera son jour de
« Jeûne Fédéral ». C’est avec l’anniversaire de
la fondation de la Confédération, le i er août
1291, la seule commémoration qui soit célébrée
dans nos vingt-deux cantons romands ou alle
mands, la seule aussi de caractère nettement
religieux, à laquelle s’associent indistinctement
protestants et catholiques.
Il est vrai qu’aujourd’hui, dans notre époque
de scepticisme montant, le « Jeûne Fédéral »
n’a plus guère du jeûne que le nom. C’est un
jour de réjouissance fédérale, de liesse et de
bombance générale, bien plus que de contrition
et de jeûne. Dans la Suisse romande, tout au
moins, le jeûne n’est plus observé. Il ne serait
même point exagéré de dire que de tous les
jours de l’année, le troisième dimanche de sep
tembre est celui où les médecins ont à soigner
le plus d’indigestions. Ce qu’il s’absorbe de
gâteaux aux prunes et aux pruneaux est inima
ginable. Les jours précédents, les boulangers
sont sur les dents. Le grand jour venu, tous
les cabarets, auberges et débits de vin sont fer
més, et si le temps est beau, c’est alors un
exode général de la population vers le grand
air des montagnes et des pâturages. On pique-
nique sous les grands sapins, à l’orée des bois ;
on se vautre dans l’herbe, et le soir, gavés et
contents, on redescend en chantant vers la
ville déserte.
Ainsi se passe aujourd’hui la journée du
«Jeûne Fédéral ». Jadis il n’en allait point ainsi.
Il me souvient de la ferveur avec laquelle nos
populations observaient les prescriptions du
« Grand Dimanche » de septembre. Jusqu’à
quatre heures de baprès-midi, le jeûne le plus
absolu était de rigueur, et deux fois le jour, à
9 heures et à 3 heures, le peuple remplissait les
temples. On y voyait ce jour-là, des hommes
qui n’y mettaient pas les pieds de l’année :
manquer le culte du jeûne ne se concevait pas,
même chez les indifférents.
C’est que, ce dimanche là, les pasteurs plus
graves, plus solennels que jamais, passaient
leurs ouailles au crible d’un sermon fulminant
que l’on appelait communément « la grande
ramonée ». Et tout venait au jour, dans ce
terrible discours, les péchés cachés et les péchés
connus. L’orateur, d’une voix tonnante, pre
nait chacun à partie, vous le retournait sur le
gril, et ne s’arrêtait que lorsque la paroisse
entière avait eu son compte, son « paquet ».
Malheur à celui qui avait enfreint de façon par
trop ostensible l’un ou l’autre des dix comman
dements de la loi mosaïque ! Il n’en menait pas
large. L’auditoire écoutait, contrit, palpitant,
en chair de poule, l’ouragan de remontrances,
d’admonestations qui tombait sur lui du haut
de la chaire. Et cela durait une grande heure
d’horloge... Quand Y Amen final retentissait
comme un dernier coup de fouet, un long sou
pir de soulagement s’échappait de toutes les
poitrines. Le chant du dernier psaume s’élevait
sous les voûtes de nos vieux temples ainsi qu’un
hosanna de délivrance. On pouvait respirer...
— Nous avons eu notre affaire, disaient les
hommes en sortant. Il nous en a donné pour
notre argent. Notre pasteur est tout de même
un rude gaillard.
Et chacun, redressant l’échine et le visage
pâli par le jeûne, regagnait la maison où mijo
tait, sur un feu doux, le pot-au-feu traditionnel.
Pendant le repas, on repassait, pour mémoire,
les points principaux du sermon, dont on cher
chait, en toute bonne foi, à mettre les conseils
en pratique.
Tempora mutautur. Les temps sont changé^,
bien changés.
L’origine de ce jour de Jeûne fédéral ne se
rattache à aucun fait déterminé, aucun événe
ment précis de notre histoire nationale. Le pre
mier jour « de prière , de repentance , de jeûne et
d'action de grâces » dont fasse mention nos
annales helvétiques, remonte à. la guerre de
trente ans (1618-1648). II fut institué en 1639,
sur la proposition du canton de Berne, par la
Diète des cantons protestants. « Les Etats évan-
» géliques, dit le Décret du i5 mars rbrfq-,
» ayant été jusqu’à présent épargnés par la
» guerre dont le danger les environnait de
» toutes parts, il doit être célébré avant les pro-
» chains jours de fête, pendant un jour conve-
» nable, dans tous les Etats évangéliques et
» leurs alliés, un jour de jeûne et de prière, pour
» remercier le Dieu des armées à genoux, avec
» humiliation et revêtement des armes de
» l’esprit. »
Jusqu’en 1796, la fête du Jeûne fut célébrée
exclusivement par la confédération protestante.
Les catholiques, qui avaient leurs jeûnes parti
culiers, ne s’y conformaient pas.
A cette date, le même canton de Berne pro
posa que le j^ur du Jeûne fût célébré en commun
par tous les Etats confédérés, à quelque confes
sion qu’ils appartinssent.
Le Décret de la Diète s’exprime comme suit :
« L’Etat de Berne ayant proposé que le jour
» de prières mis à part pour remercier le Très
» Haut de la paix dont nous avons joui, soit
» transformé en un jour de fête commune pour
» tous les Etats confédérés, cette proposition fut
» accueillie favorablement. »
Le i er août i 832, le Vorortde la Confédération
fixa d’une façon définitive la date du « Jour do
Jeûne fédéral » au troisième dimanche de sep
tembre .
L’arrêté de la Diète de i 832 qui, depuis lors,
a toujours été observé en Suisse, est encore au
jourd’hui la base légale de la fête du « Jeûne
fédéral ».
Aujourd’hui, comme nous l’avons vu, cette
fête, en tant que jour de jeûne national, a perdu
quelque peu de son caractère primitif. Lu
« Grande Ramonée » n’existe plus guère que
dans quelques paroisses de campagnes. Si l’on
ne jeûne plus, les Eglises n’en font pas moins
lire en chaire, le troisième dimanche de sep
tembre, un mandement spécial exhortant notre
peuple « à l’humilité et à la repentance ». Le
seul défaut de ces « mandements du Jeûne »,
c’est de n’être pas entendus de ceux qui en
auraient le plus besoin.
Henri-L. MAGNIN.
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Guerre à la Guerre
11 e Année,— N° 9.
MENSUEL'
Oincj Centimes le INJuméro
SEPTEMBRE 1909
Organe du üouvemenf Pacifique Chrétien
“ PAIX SUR LA TERRE ! ”
De leurs glaives ils forgeront des bêches, et de leurs lances des serpes ; une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre,
et l’on n’apprendra ' plus l’art de la guerre
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offertes à ceux qui en feront la
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LE
Jeûne Fédéral Suisse
Dans quelques j ours — exactement le 19 septem
bre— le peuple suisse célébrera son jour de
« Jeûne Fédéral ». C’est avec l’anniversaire de
la fondation de la Confédération, le i er août
1291, la seule commémoration qui soit célébrée
dans nos vingt-deux cantons romands ou alle
mands, la seule aussi de caractère nettement
religieux, à laquelle s’associent indistinctement
protestants et catholiques.
Il est vrai qu’aujourd’hui, dans notre époque
de scepticisme montant, le « Jeûne Fédéral »
n’a plus guère du jeûne que le nom. C’est un
jour de réjouissance fédérale, de liesse et de
bombance générale, bien plus que de contrition
et de jeûne. Dans la Suisse romande, tout au
moins, le jeûne n’est plus observé. Il ne serait
même point exagéré de dire que de tous les
jours de l’année, le troisième dimanche de sep
tembre est celui où les médecins ont à soigner
le plus d’indigestions. Ce qu’il s’absorbe de
gâteaux aux prunes et aux pruneaux est inima
ginable. Les jours précédents, les boulangers
sont sur les dents. Le grand jour venu, tous
les cabarets, auberges et débits de vin sont fer
més, et si le temps est beau, c’est alors un
exode général de la population vers le grand
air des montagnes et des pâturages. On pique-
nique sous les grands sapins, à l’orée des bois ;
on se vautre dans l’herbe, et le soir, gavés et
contents, on redescend en chantant vers la
ville déserte.
Ainsi se passe aujourd’hui la journée du
«Jeûne Fédéral ». Jadis il n’en allait point ainsi.
Il me souvient de la ferveur avec laquelle nos
populations observaient les prescriptions du
« Grand Dimanche » de septembre. Jusqu’à
quatre heures de baprès-midi, le jeûne le plus
absolu était de rigueur, et deux fois le jour, à
9 heures et à 3 heures, le peuple remplissait les
temples. On y voyait ce jour-là, des hommes
qui n’y mettaient pas les pieds de l’année :
manquer le culte du jeûne ne se concevait pas,
même chez les indifférents.
C’est que, ce dimanche là, les pasteurs plus
graves, plus solennels que jamais, passaient
leurs ouailles au crible d’un sermon fulminant
que l’on appelait communément « la grande
ramonée ». Et tout venait au jour, dans ce
terrible discours, les péchés cachés et les péchés
connus. L’orateur, d’une voix tonnante, pre
nait chacun à partie, vous le retournait sur le
gril, et ne s’arrêtait que lorsque la paroisse
entière avait eu son compte, son « paquet ».
Malheur à celui qui avait enfreint de façon par
trop ostensible l’un ou l’autre des dix comman
dements de la loi mosaïque ! Il n’en menait pas
large. L’auditoire écoutait, contrit, palpitant,
en chair de poule, l’ouragan de remontrances,
d’admonestations qui tombait sur lui du haut
de la chaire. Et cela durait une grande heure
d’horloge... Quand Y Amen final retentissait
comme un dernier coup de fouet, un long sou
pir de soulagement s’échappait de toutes les
poitrines. Le chant du dernier psaume s’élevait
sous les voûtes de nos vieux temples ainsi qu’un
hosanna de délivrance. On pouvait respirer...
— Nous avons eu notre affaire, disaient les
hommes en sortant. Il nous en a donné pour
notre argent. Notre pasteur est tout de même
un rude gaillard.
Et chacun, redressant l’échine et le visage
pâli par le jeûne, regagnait la maison où mijo
tait, sur un feu doux, le pot-au-feu traditionnel.
Pendant le repas, on repassait, pour mémoire,
les points principaux du sermon, dont on cher
chait, en toute bonne foi, à mettre les conseils
en pratique.
Tempora mutautur. Les temps sont changé^,
bien changés.
L’origine de ce jour de Jeûne fédéral ne se
rattache à aucun fait déterminé, aucun événe
ment précis de notre histoire nationale. Le pre
mier jour « de prière , de repentance , de jeûne et
d'action de grâces » dont fasse mention nos
annales helvétiques, remonte à. la guerre de
trente ans (1618-1648). II fut institué en 1639,
sur la proposition du canton de Berne, par la
Diète des cantons protestants. « Les Etats évan-
» géliques, dit le Décret du i5 mars rbrfq-,
» ayant été jusqu’à présent épargnés par la
» guerre dont le danger les environnait de
» toutes parts, il doit être célébré avant les pro-
» chains jours de fête, pendant un jour conve-
» nable, dans tous les Etats évangéliques et
» leurs alliés, un jour de jeûne et de prière, pour
» remercier le Dieu des armées à genoux, avec
» humiliation et revêtement des armes de
» l’esprit. »
Jusqu’en 1796, la fête du Jeûne fut célébrée
exclusivement par la confédération protestante.
Les catholiques, qui avaient leurs jeûnes parti
culiers, ne s’y conformaient pas.
A cette date, le même canton de Berne pro
posa que le j^ur du Jeûne fût célébré en commun
par tous les Etats confédérés, à quelque confes
sion qu’ils appartinssent.
Le Décret de la Diète s’exprime comme suit :
« L’Etat de Berne ayant proposé que le jour
» de prières mis à part pour remercier le Très
» Haut de la paix dont nous avons joui, soit
» transformé en un jour de fête commune pour
» tous les Etats confédérés, cette proposition fut
» accueillie favorablement. »
Le i er août i 832, le Vorortde la Confédération
fixa d’une façon définitive la date du « Jour do
Jeûne fédéral » au troisième dimanche de sep
tembre .
L’arrêté de la Diète de i 832 qui, depuis lors,
a toujours été observé en Suisse, est encore au
jourd’hui la base légale de la fête du « Jeûne
fédéral ».
Aujourd’hui, comme nous l’avons vu, cette
fête, en tant que jour de jeûne national, a perdu
quelque peu de son caractère primitif. Lu
« Grande Ramonée » n’existe plus guère que
dans quelques paroisses de campagnes. Si l’on
ne jeûne plus, les Eglises n’en font pas moins
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tembre, un mandement spécial exhortant notre
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