Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-10-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 octobre 1901 26 octobre 1901
Description : 1901/10/26 (N287). 1901/10/26 (N287).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263486j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
6' Année — S° 287.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 28 Octobre 1901.
11 " IWH HIII'IH U^JJUffÆEMBa
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure .. *., .par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE CASIMIR- PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’ImPRIMEUR-GÉRANT ......... F. LE ROY -
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames.. 50 V
LA
Rentrée des Chambres
{Suite)
Le ministère Waldeck-Rousseau,
après de grands efforts et une lutte
acharnée, est parvenu à réglemen
ter la situation des associations reli
gieuses toujours hostiles aux idées
nouvelles, toujours disposées à en
rayer sourdement toutes les tenta
tives généreuses des gouvernements
désireux de donner la plus grande
extension possible à l’instruction
laïque et d’améliorer le sort des
classes laborieuses.
La loi sur les congrégations a été
votée, malgré la résistance obstinée
et systématique de la droite, des
cléricaux, nous dirons même des
opportunistes devenus tout à coup
progressistes pour paraître faire un
pas en avant, alors qu’en réalité, ils
devaient faire deux pas en arrière ;
elle constitue un progrès sérieux
mais inespéré, si l’on considère la
composition de la Chambre actuelle,
les intérêts en cause et la chaleur
avec laquelle des orateurs de pre
mier ordre devaient les défendre.
Cette réforme attendue depuis long-'
temps s’imposait, mais aucun mi
nistère n’avait osé précédemment
entreprendre de la mettre à exécu
tion.
On doit savoir gré aux hommes
qui sont aujourd’hui aux affaires,
de l’habileté et de la fermeté qu’ils
ont déployées pour résoudre une !
question fort controversée, souvent
agitée et toujours ajournée.
Le premier pas est fait dans la
yole de la soumission des pires en
nemis de La République aux justes
lois, et l’on peut, dès maintenant.
prévoir à brève échéance, l'affran
chissement complet de l’hostilité ou
verte et des entraves suscitées im
punément* pour ainsi dire à la so
ciété civile, par les églises. C’est lé
but qu’il faut atteindre, et, si les
événements ne permettent pas aü
pouvoir actuel d’achever l’œuvre
commencée, il aura eu, du moins,
le mérite d’avoir défriché un terrain
toujours piétiné, improductif et bien
préparé aujourd’hui pour recevoir et
faire germer la bonne semence.
L’influence néfaste et au grand
jour des ordres monastiques, a dis^
paru et nous ne croyons pas; cette
fois, au retour des jésuites qui nous
ont habitués à les voir sortir par les
grandes issues, pour revenir ensuite,
dans la place, par les petites portes
souterraines. Ce rapatriement pério
dique a fait son temps et il n’est pas
présumable qu’aucun gouvernement
tolère désormais une nouvelle im
mixtion dans lés affairés' publiques,
d’une corporation incorrigible dont’,
seuls, les cléricaux les plus intran
sigeants, les plus endurcis, regret
tent l’expulsion définitive.
Si les congrégations ont été mises
dans l’impossibité de nuire, le clergé
régulier est encore debout, plus in
fluent, plus entreprenant que jamais,
et ce n’est pas la dépendance offi
cielle ni pécuniaire qui le contrain
dra à rester dans le sanctuaire et à
ne plus peser sur les consciences au
trement qu’en vue des récompenses
éternelles. Les jésuites en robe ont
passé la frontière ; ils seront rem
placés par des jésuites en habit noir
agissant isolément, mais d’autant
plus dangereux que leurs affiliations
secrètes s’insinueront plus encore
dans l’ombre et sous la protection
des dignitaires ecclésiastiques émar
geant au budget.
Le frein des peines disciplinaires,
plutôt recherchées que redoutées,
sera impuissant à maintenir la fac
tion cléricale dans sa sphère natu
relle, trop étroite pour satisfaire sa
soif de domination; les empiéte
ments, les menées politiques, les op
positions déguisées sont toujours à
redouter ; elles se produiront cer
tainement, malgré les restrictions
exemplaires de la nouvelle loi, et
l’Etat continuera à se trouver cons
tamment en lutte avec une puis
sance rivale, envahissante, quoique
subordonnée et salariée.
Il est donc urgent qu'une main
ferme et autorisée parvienne, sinon
à déraciner le mal dont nous souf
frirons longtemps encore, du moins
à l’atténuer, par la suppression du
budget des cultes et la dissolution
d’un Etat dans l’Etat.
Nous connaissons les raisons qui
se sont opposées, jusqu’à ce jour, à
ce que cette mesure radicale et né
cessaire fut mise à exécution : le
respect dû au concordat, l’influence
supposée croissante et plus perni
cieuse du clergé quand il sera af
franchi des attaches officielles, les
jérémiades de prétendues persécu
tions, les libéralités excessives des
fanatiques dévots ou dévotes, etc.
Ces raisons sont, il est vrai, de naturq
à engager le : ministère Waldeck-
Rousseau à maintenir le statu quo y
* tant qu’il ne pourra compter sur
une majorité imposante, mais il dé
pend du grand parti démocratique
d’avancer l’heure de la délivrance.
Il est le nombre, ses intérêts sont
étroitement liés à ceux de la société
civile dont il forme la masse et,
pour arriver au but, il lui suffit d’un
peu de sagesse, de beaucoup de dis-r
ueipline, d’une grande modération
dans ses entraînements et surtout
d’un bon choix de ses candidats. :
Les urnes attendent des bulletins
de vote qui feront pencher la ba
lance du côté de ses revendications,
en infusant, aux prochaines élec
tions un sang nouveau à la Chambre
d’où se dégagera alors une majorité
compacte et décisive. Cette majorité
imposante entièrement composée de
vrais républicains sans déguisement
deviendra, pour le pouvoir qui saura
en faire bon usage, une force irré
sistible : elle permettra aux gou
vernants, quels qu’ils soient, dé
compléter l’œuvre commencée par
le cabinet actuel et principalement
de faire aboutir plusieurs autres
projets importants, élaborés en fa
veur des travailleurs et indéfiniment
à l’étude.
SENEX. :
ÉLECTION AO ' CONSEIL GÉNÉRAL
Les électeurs du canton du Havre
sont convoqués, pour le dimanche
tO novembre, à l’effet d'élire un con-. ;
seiller général en remplacement de
M. Taisant, décédé.
Jusqu’à présent aucun personnage
politique n’a encore fait acte de can
didat. On dit que M. Bauzin, conseil
ler d’arrondissement de ce même
canton aurait l’intention de poser sa
candidature.
Nous croyons savoir qu’il aura un
compétiteur.
BOYCOTAGE
La Hollande est une des puissan
ces européennes les plus sympathiques
à la suppression de la guerre. Tous
les Hollandais s’indignent de la façon
cruelle et barbare avec laquelle les
Anglais se conduisent dans la guerre
du Transvaal, Tous les patriotes de
Hollande, pauvres comme riches, se
révoltent contre l’extermination d’un
peuple, dont le courage et l’énergie
méritent la grâce de toutes les nations
civilisées.
Ils ne savent plus comment s’y
prendre pour faire cesser ce carnage,
puisque leurs supplications ne trou
vent aucun écho auprès des têtes cou
ronnées du continent.
Amsterdam et plusieurs ports de
Hollande viennent de prendre une;
mesure générale, qu’ils sont décidés
de mettre en pratique à partir du
1 er janvier, si la guerre n’a pris fm
jusque-là : C’est de boy coter tous les
navires anglais qui viendront chez
eux.
A cet effet, et pour semer cette
idée dans l’esprit des ouvriers de nos
ports, deux délégués : M, Winck, se
crétaire de l'Union des Ouvriets des
Transports par eau r (Recht en Piicht),
et M. J.-M. Van Oogen, président de
T Union des Docks> et Veem d’Amster
dam sont arrivas au Havre pour se
mettre eu rapports avec nos ouvriers
des quais, dans le but de les engager
à se solidariser avec eux, pour refuser
à tout navire anglais leurs services
pour le chargement et déchargement
des marchandises, à partir du I er jan
vier prochain, si les< hostilités contL
nuent. , j j
Nous faisons des vœux, avec 'nos
frères de Hollande, pour la fin de la
guerre; mais nous, verrions avec peine
les ouvriers;de nos ports concéder à
ce désir. Ce serait une aggravation à
leur misère en meme temps qu’ils
occasionneraient de grands préjudi
ces à .notre commerce, à une époque
de .l’année ,où les transactions sont
si précieuses.
La Grève Générale des Mineurs
Le 1 er novembre prochain doitavoir
lieu cette tentative de grève générale
qui, si elle se réalise, mettra en mou
vement les 160,000 ouvriers de l’in
dustrie minière, qui peut avoir en
outre sa répercussion sur l’industrie
française tout entière. If y a là une
perspective grosse de périls et dont
nul ne saurait prévoir les conséquen
ces.
On connaît les causes de la mani
festation.
Sous la condition menaçante d’une
grève générale des travailleurs de là
mine, la Fédération nationale a mis
les pouvoirs publics en demeure de
se prononcer, avant le 1 er novembre,
sur les trois points suivants : 1° éta
blissement d’un minimum de salaire ;
2° fixation à deux francs par jour,
après vingt-cinq ans de travail, sans
condition d’âge, de la retraite des
ouvriers mineurs ; 3° fixation à huit
heures par jour de la durée du tra
vail.
Nous ne parlons pas de ce procédé
brutal qui consiste à mettre le mar
ché au poing au parlement. S’il ap
partient ainsi aux groupements ou
vriers d’imposer aux pouvoirs publics
de se soumettre à leurs injonctions,
sous peine de créer dans le pays une
agitation ruineuse pour les intérêts
généraux, il n’y a plus de gouverne
ment possible. Nous tombons dans
l’anarchie complète. C’est la négation
même de l’ordre et du droit.
C’est, en outre, un privilège into
lérable accordé à une corporation qui,
confiante dans le poids de . sa masse
imposante, dans les moyens d’action
dont elle dispose,;. prétend dicter t.au
parlement ses volontés. Et les ouvriers
des autres corps d’état, et les ouvriers
de l’agriculture, sonttils moins inté
ressants? Et peut-on, sans accorder à
: ceux-ci la même preuve de sollicitude,
s’occuper exclusivement de ceux-là ?
En quoi les .ouvriers mineurs méri
tent-ils les faveurs extraordinaires
qu’ils, prétendent acquérir de force ?
Il faut pourtant rappeler aux prin
cipes les fédérés exigeants.
L’égalité des droits est proclamée
par eux en toutes circonstances et
sert de hase à leurs revendications.
.Tous les ouvriers ont donc les mêmes
droits aux avantages réclamés par la
Fédération des mineurs ; tous doivent 1
être traités sur le même pied. A moins
de commettre une ,injustice flagrante,
le Parlement ne peut pas créer un ré
gime de faveur pour les mineurs. Les
autres, qu’ils soient cordonniers, ser •
ruriers, maçons, cultivateurs ont des
titres égaux à la sollicitude du légis
lateur, il e^t équitable qu’ils soient
traités de même.
L’esprit de solidarité 4 des< mineurs
n’est pas allé jusque là : ils ont ajgi
en vertu du proverbe qui dit : « Cha
rité bien ordonnée commence par sôi-f
même ». Que les autres fassent com
me nous, répondrons-ils, qu’ils^ se
débrouillent ! . , ,
Pardon, mais si tous les ouvriers dé
France demandaient aux pouvoirs pu
blics de leur assurer,en quelques joùrs,
même en quelques mpjs, un minimum
de salaires, le travail de huit heures
et une retraite de deux francs par
jour à partir de quarante ans,, l’impos
sibilité matérielle de réaliser’ un rêve
semblable sauterait à tous les yeux»
Les plus impatients eux-mêmes, ni
les plus avancés, n,’oseraient en parler-
Dès lors, puisque les réformes spécir
fiées par la Fédération ne [peuvent
s’étendre à tout le prolétariat fran
çais, pour me servir d’une expression
courante, le Parlement ne peut pas
les consacrer, sans se rendre coupable
à l’égard de la majeure partie des
oav iers qui seraient exclus du même
bénéfice.
r Toutes les questions soulevées dans
la circonstance sont à l’étude et la
bonne volonté de nos représentants,
pour les résoudre, ne saurait être
mise en doute. On ne s’est jamais plus
occupé du sort des classes laborieuses ;
il n’est ;pas un homme soucieux de
l’avenir Ju pays, il n’est pas un esprit
attentif à l’évolution sociale qui n’ait
souci des réclamations des salariés.
Mais espérer qu’il suffira d’un mot
ou de quelques, articles de loi pour
améliorer, comme par un .coup de
baguette magique, le sort de ceux à
qui la vie est trop ingrate, est une
chimère dont il ne faut pas se bercer
sous peine de cruelles désillusions.
Que l'on, voit plutôt ce que la seule
question des retraites ouvrières sou
lève de complications ! Et pourtant
elle est loin de réaliser la réforme
telle que la demande la Fédération des
mineurs. Comment songer dès lors à
constituer, au profit de ces derniers,
un privilège qui serait alors exor
bitant ? Que dirait les autres ouvriers,
trahis au profit d’une minorité qui
n’est certainement pas la plus mal
heureuse? , .
Avec beaucoup de sagesse et de
Fermeté, M. Waldeck-Rousseau a ré
pondu, au nom du gouvernement, à
M. Cotte, secrétaire général de la Fé
dération des mineurs : « Les réformes
ne se décrètent ni à trente jours, ni
à échéance fixe. On ne les conquiert
que par l’étude et une préparation
consciencieuse et pacifique. Et puis
que, après vous, je viens de faire allu
sion à l’éventualité d’une grève gene
rale, laissez-moi^ vous dire que, s’il
est à craindre que le pays n’en éprouve
un dommage, on peut redouter aussi
qu’elle ne serve mal les intérêts que
vous vous proposez de défendre. »
i La grève générale servira surtout
mal les intérêts des ouvriers mineurs,
si Jes intentions violentes qu’on leur
prête sont suivies d’effet. D’après cer
taines informations, très accréditées,
ils se seraient armés, à Montceau no
tamment, en vue de la résistance. Ils
envisageraient la probabilité d’une
guerre civile dans quelques centres ;
ils se. prépareraient aux pires éven
tualités.
Que Dieu écarte ce retour à la Bar
barie, impardonnable avec des insti
tutions comme les nôtres qui, par le
libre exercice du suffrage, universel,
permettent à l.a majorité d’imposer
pacifiquement sa yolonté, en choisis
sant des mandataires -selon ses idées.
Aucun gouvernement ne peut tolçrer
l’émeute ; si le sang, coulait, ce ferait
un fémissem,ent douloureux dans le
pays tout entier. Çes, mœurs ont fait
leur temps et lourjç. serait .devant le
.peuple la responsabilité de ceux.qui,
d’un cœur léger, aurait accepté le
;qouflit. ' , v
Que les mineurs réfléchissent 1 $ul
ne trouve mauvais i qu’ils défendent
leurs intérêts par les moyens qu’ils
estiment les s meilleurimais,)ils ,pe
doivent pas oublier qu’,ils,lutjtent pour
leurs seuls: intérêts et iqu’ilsi.deman
dent des avantages irréalisables si
d’on veut.lçs étendreà tous les travail-
,leurs français.
Qu’ils se rappellent, en outre, que,
lorsqu’ils ont sollicité les mineurs
étrangers de faire œuvre de solidarité
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 28 Octobre 1901.
11 " IWH HIII'IH U^JJUffÆEMBa
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure .. *., .par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE CASIMIR- PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’ImPRIMEUR-GÉRANT ......... F. LE ROY -
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames.. 50 V
LA
Rentrée des Chambres
{Suite)
Le ministère Waldeck-Rousseau,
après de grands efforts et une lutte
acharnée, est parvenu à réglemen
ter la situation des associations reli
gieuses toujours hostiles aux idées
nouvelles, toujours disposées à en
rayer sourdement toutes les tenta
tives généreuses des gouvernements
désireux de donner la plus grande
extension possible à l’instruction
laïque et d’améliorer le sort des
classes laborieuses.
La loi sur les congrégations a été
votée, malgré la résistance obstinée
et systématique de la droite, des
cléricaux, nous dirons même des
opportunistes devenus tout à coup
progressistes pour paraître faire un
pas en avant, alors qu’en réalité, ils
devaient faire deux pas en arrière ;
elle constitue un progrès sérieux
mais inespéré, si l’on considère la
composition de la Chambre actuelle,
les intérêts en cause et la chaleur
avec laquelle des orateurs de pre
mier ordre devaient les défendre.
Cette réforme attendue depuis long-'
temps s’imposait, mais aucun mi
nistère n’avait osé précédemment
entreprendre de la mettre à exécu
tion.
On doit savoir gré aux hommes
qui sont aujourd’hui aux affaires,
de l’habileté et de la fermeté qu’ils
ont déployées pour résoudre une !
question fort controversée, souvent
agitée et toujours ajournée.
Le premier pas est fait dans la
yole de la soumission des pires en
nemis de La République aux justes
lois, et l’on peut, dès maintenant.
prévoir à brève échéance, l'affran
chissement complet de l’hostilité ou
verte et des entraves suscitées im
punément* pour ainsi dire à la so
ciété civile, par les églises. C’est lé
but qu’il faut atteindre, et, si les
événements ne permettent pas aü
pouvoir actuel d’achever l’œuvre
commencée, il aura eu, du moins,
le mérite d’avoir défriché un terrain
toujours piétiné, improductif et bien
préparé aujourd’hui pour recevoir et
faire germer la bonne semence.
L’influence néfaste et au grand
jour des ordres monastiques, a dis^
paru et nous ne croyons pas; cette
fois, au retour des jésuites qui nous
ont habitués à les voir sortir par les
grandes issues, pour revenir ensuite,
dans la place, par les petites portes
souterraines. Ce rapatriement pério
dique a fait son temps et il n’est pas
présumable qu’aucun gouvernement
tolère désormais une nouvelle im
mixtion dans lés affairés' publiques,
d’une corporation incorrigible dont’,
seuls, les cléricaux les plus intran
sigeants, les plus endurcis, regret
tent l’expulsion définitive.
Si les congrégations ont été mises
dans l’impossibité de nuire, le clergé
régulier est encore debout, plus in
fluent, plus entreprenant que jamais,
et ce n’est pas la dépendance offi
cielle ni pécuniaire qui le contrain
dra à rester dans le sanctuaire et à
ne plus peser sur les consciences au
trement qu’en vue des récompenses
éternelles. Les jésuites en robe ont
passé la frontière ; ils seront rem
placés par des jésuites en habit noir
agissant isolément, mais d’autant
plus dangereux que leurs affiliations
secrètes s’insinueront plus encore
dans l’ombre et sous la protection
des dignitaires ecclésiastiques émar
geant au budget.
Le frein des peines disciplinaires,
plutôt recherchées que redoutées,
sera impuissant à maintenir la fac
tion cléricale dans sa sphère natu
relle, trop étroite pour satisfaire sa
soif de domination; les empiéte
ments, les menées politiques, les op
positions déguisées sont toujours à
redouter ; elles se produiront cer
tainement, malgré les restrictions
exemplaires de la nouvelle loi, et
l’Etat continuera à se trouver cons
tamment en lutte avec une puis
sance rivale, envahissante, quoique
subordonnée et salariée.
Il est donc urgent qu'une main
ferme et autorisée parvienne, sinon
à déraciner le mal dont nous souf
frirons longtemps encore, du moins
à l’atténuer, par la suppression du
budget des cultes et la dissolution
d’un Etat dans l’Etat.
Nous connaissons les raisons qui
se sont opposées, jusqu’à ce jour, à
ce que cette mesure radicale et né
cessaire fut mise à exécution : le
respect dû au concordat, l’influence
supposée croissante et plus perni
cieuse du clergé quand il sera af
franchi des attaches officielles, les
jérémiades de prétendues persécu
tions, les libéralités excessives des
fanatiques dévots ou dévotes, etc.
Ces raisons sont, il est vrai, de naturq
à engager le : ministère Waldeck-
Rousseau à maintenir le statu quo y
* tant qu’il ne pourra compter sur
une majorité imposante, mais il dé
pend du grand parti démocratique
d’avancer l’heure de la délivrance.
Il est le nombre, ses intérêts sont
étroitement liés à ceux de la société
civile dont il forme la masse et,
pour arriver au but, il lui suffit d’un
peu de sagesse, de beaucoup de dis-r
ueipline, d’une grande modération
dans ses entraînements et surtout
d’un bon choix de ses candidats. :
Les urnes attendent des bulletins
de vote qui feront pencher la ba
lance du côté de ses revendications,
en infusant, aux prochaines élec
tions un sang nouveau à la Chambre
d’où se dégagera alors une majorité
compacte et décisive. Cette majorité
imposante entièrement composée de
vrais républicains sans déguisement
deviendra, pour le pouvoir qui saura
en faire bon usage, une force irré
sistible : elle permettra aux gou
vernants, quels qu’ils soient, dé
compléter l’œuvre commencée par
le cabinet actuel et principalement
de faire aboutir plusieurs autres
projets importants, élaborés en fa
veur des travailleurs et indéfiniment
à l’étude.
SENEX. :
ÉLECTION AO ' CONSEIL GÉNÉRAL
Les électeurs du canton du Havre
sont convoqués, pour le dimanche
tO novembre, à l’effet d'élire un con-. ;
seiller général en remplacement de
M. Taisant, décédé.
Jusqu’à présent aucun personnage
politique n’a encore fait acte de can
didat. On dit que M. Bauzin, conseil
ler d’arrondissement de ce même
canton aurait l’intention de poser sa
candidature.
Nous croyons savoir qu’il aura un
compétiteur.
BOYCOTAGE
La Hollande est une des puissan
ces européennes les plus sympathiques
à la suppression de la guerre. Tous
les Hollandais s’indignent de la façon
cruelle et barbare avec laquelle les
Anglais se conduisent dans la guerre
du Transvaal, Tous les patriotes de
Hollande, pauvres comme riches, se
révoltent contre l’extermination d’un
peuple, dont le courage et l’énergie
méritent la grâce de toutes les nations
civilisées.
Ils ne savent plus comment s’y
prendre pour faire cesser ce carnage,
puisque leurs supplications ne trou
vent aucun écho auprès des têtes cou
ronnées du continent.
Amsterdam et plusieurs ports de
Hollande viennent de prendre une;
mesure générale, qu’ils sont décidés
de mettre en pratique à partir du
1 er janvier, si la guerre n’a pris fm
jusque-là : C’est de boy coter tous les
navires anglais qui viendront chez
eux.
A cet effet, et pour semer cette
idée dans l’esprit des ouvriers de nos
ports, deux délégués : M, Winck, se
crétaire de l'Union des Ouvriets des
Transports par eau r (Recht en Piicht),
et M. J.-M. Van Oogen, président de
T Union des Docks> et Veem d’Amster
dam sont arrivas au Havre pour se
mettre eu rapports avec nos ouvriers
des quais, dans le but de les engager
à se solidariser avec eux, pour refuser
à tout navire anglais leurs services
pour le chargement et déchargement
des marchandises, à partir du I er jan
vier prochain, si les< hostilités contL
nuent. , j j
Nous faisons des vœux, avec 'nos
frères de Hollande, pour la fin de la
guerre; mais nous, verrions avec peine
les ouvriers;de nos ports concéder à
ce désir. Ce serait une aggravation à
leur misère en meme temps qu’ils
occasionneraient de grands préjudi
ces à .notre commerce, à une époque
de .l’année ,où les transactions sont
si précieuses.
La Grève Générale des Mineurs
Le 1 er novembre prochain doitavoir
lieu cette tentative de grève générale
qui, si elle se réalise, mettra en mou
vement les 160,000 ouvriers de l’in
dustrie minière, qui peut avoir en
outre sa répercussion sur l’industrie
française tout entière. If y a là une
perspective grosse de périls et dont
nul ne saurait prévoir les conséquen
ces.
On connaît les causes de la mani
festation.
Sous la condition menaçante d’une
grève générale des travailleurs de là
mine, la Fédération nationale a mis
les pouvoirs publics en demeure de
se prononcer, avant le 1 er novembre,
sur les trois points suivants : 1° éta
blissement d’un minimum de salaire ;
2° fixation à deux francs par jour,
après vingt-cinq ans de travail, sans
condition d’âge, de la retraite des
ouvriers mineurs ; 3° fixation à huit
heures par jour de la durée du tra
vail.
Nous ne parlons pas de ce procédé
brutal qui consiste à mettre le mar
ché au poing au parlement. S’il ap
partient ainsi aux groupements ou
vriers d’imposer aux pouvoirs publics
de se soumettre à leurs injonctions,
sous peine de créer dans le pays une
agitation ruineuse pour les intérêts
généraux, il n’y a plus de gouverne
ment possible. Nous tombons dans
l’anarchie complète. C’est la négation
même de l’ordre et du droit.
C’est, en outre, un privilège into
lérable accordé à une corporation qui,
confiante dans le poids de . sa masse
imposante, dans les moyens d’action
dont elle dispose,;. prétend dicter t.au
parlement ses volontés. Et les ouvriers
des autres corps d’état, et les ouvriers
de l’agriculture, sonttils moins inté
ressants? Et peut-on, sans accorder à
: ceux-ci la même preuve de sollicitude,
s’occuper exclusivement de ceux-là ?
En quoi les .ouvriers mineurs méri
tent-ils les faveurs extraordinaires
qu’ils, prétendent acquérir de force ?
Il faut pourtant rappeler aux prin
cipes les fédérés exigeants.
L’égalité des droits est proclamée
par eux en toutes circonstances et
sert de hase à leurs revendications.
.Tous les ouvriers ont donc les mêmes
droits aux avantages réclamés par la
Fédération des mineurs ; tous doivent 1
être traités sur le même pied. A moins
de commettre une ,injustice flagrante,
le Parlement ne peut pas créer un ré
gime de faveur pour les mineurs. Les
autres, qu’ils soient cordonniers, ser •
ruriers, maçons, cultivateurs ont des
titres égaux à la sollicitude du légis
lateur, il e^t équitable qu’ils soient
traités de même.
L’esprit de solidarité 4 des< mineurs
n’est pas allé jusque là : ils ont ajgi
en vertu du proverbe qui dit : « Cha
rité bien ordonnée commence par sôi-f
même ». Que les autres fassent com
me nous, répondrons-ils, qu’ils^ se
débrouillent ! . , ,
Pardon, mais si tous les ouvriers dé
France demandaient aux pouvoirs pu
blics de leur assurer,en quelques joùrs,
même en quelques mpjs, un minimum
de salaires, le travail de huit heures
et une retraite de deux francs par
jour à partir de quarante ans,, l’impos
sibilité matérielle de réaliser’ un rêve
semblable sauterait à tous les yeux»
Les plus impatients eux-mêmes, ni
les plus avancés, n,’oseraient en parler-
Dès lors, puisque les réformes spécir
fiées par la Fédération ne [peuvent
s’étendre à tout le prolétariat fran
çais, pour me servir d’une expression
courante, le Parlement ne peut pas
les consacrer, sans se rendre coupable
à l’égard de la majeure partie des
oav iers qui seraient exclus du même
bénéfice.
r Toutes les questions soulevées dans
la circonstance sont à l’étude et la
bonne volonté de nos représentants,
pour les résoudre, ne saurait être
mise en doute. On ne s’est jamais plus
occupé du sort des classes laborieuses ;
il n’est ;pas un homme soucieux de
l’avenir Ju pays, il n’est pas un esprit
attentif à l’évolution sociale qui n’ait
souci des réclamations des salariés.
Mais espérer qu’il suffira d’un mot
ou de quelques, articles de loi pour
améliorer, comme par un .coup de
baguette magique, le sort de ceux à
qui la vie est trop ingrate, est une
chimère dont il ne faut pas se bercer
sous peine de cruelles désillusions.
Que l'on, voit plutôt ce que la seule
question des retraites ouvrières sou
lève de complications ! Et pourtant
elle est loin de réaliser la réforme
telle que la demande la Fédération des
mineurs. Comment songer dès lors à
constituer, au profit de ces derniers,
un privilège qui serait alors exor
bitant ? Que dirait les autres ouvriers,
trahis au profit d’une minorité qui
n’est certainement pas la plus mal
heureuse? , .
Avec beaucoup de sagesse et de
Fermeté, M. Waldeck-Rousseau a ré
pondu, au nom du gouvernement, à
M. Cotte, secrétaire général de la Fé
dération des mineurs : « Les réformes
ne se décrètent ni à trente jours, ni
à échéance fixe. On ne les conquiert
que par l’étude et une préparation
consciencieuse et pacifique. Et puis
que, après vous, je viens de faire allu
sion à l’éventualité d’une grève gene
rale, laissez-moi^ vous dire que, s’il
est à craindre que le pays n’en éprouve
un dommage, on peut redouter aussi
qu’elle ne serve mal les intérêts que
vous vous proposez de défendre. »
i La grève générale servira surtout
mal les intérêts des ouvriers mineurs,
si Jes intentions violentes qu’on leur
prête sont suivies d’effet. D’après cer
taines informations, très accréditées,
ils se seraient armés, à Montceau no
tamment, en vue de la résistance. Ils
envisageraient la probabilité d’une
guerre civile dans quelques centres ;
ils se. prépareraient aux pires éven
tualités.
Que Dieu écarte ce retour à la Bar
barie, impardonnable avec des insti
tutions comme les nôtres qui, par le
libre exercice du suffrage, universel,
permettent à l.a majorité d’imposer
pacifiquement sa yolonté, en choisis
sant des mandataires -selon ses idées.
Aucun gouvernement ne peut tolçrer
l’émeute ; si le sang, coulait, ce ferait
un fémissem,ent douloureux dans le
pays tout entier. Çes, mœurs ont fait
leur temps et lourjç. serait .devant le
.peuple la responsabilité de ceux.qui,
d’un cœur léger, aurait accepté le
;qouflit. ' , v
Que les mineurs réfléchissent 1 $ul
ne trouve mauvais i qu’ils défendent
leurs intérêts par les moyens qu’ils
estiment les s meilleurimais,)ils ,pe
doivent pas oublier qu’,ils,lutjtent pour
leurs seuls: intérêts et iqu’ilsi.deman
dent des avantages irréalisables si
d’on veut.lçs étendreà tous les travail-
,leurs français.
Qu’ils se rappellent, en outre, que,
lorsqu’ils ont sollicité les mineurs
étrangers de faire œuvre de solidarité
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