Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-06-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 juin 1899 03 juin 1899
Description : 1899/06/03 (N162). 1899/06/03 (N162).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263361c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
I e Année—S'
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi S Juin 1S8S.
ES
Organe du Parti Républicain Démocratique
' PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 f r .
• ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.
L’Imprimeur-Gérant
F. 1HOMMERET
F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
H
I
L'Affaire. — La Presse
Lavraise. — Palinodies du
« Petit Havre "
Dans sa lettre au Président de la
République, Emile Zola affirmait que
la vérité était en marche. Il y a de
cela dix-huit mois, et, depuis cette
époque, toutes les passions coalisées
pour empêcher la manifestation de
cette vérité ont agité le pays au pro
fit des traîtres et des faussaires.
Mais rien n’y a fait, les fourbes et
les menteurs de l’Etat-Major se sont
pris à leurs propres pièges, de sorte
que l’on peut dire aujourd’hui, après
tant de vicissitudes, la vérité tou
che mi but .
Pendant près de deux ans, une
poignée d’hommes courageux, sou
tenus par de rares journaux, a
lutté avec acharnement contre tous
les pouvoirs publics, contre les pré
jugés de l’opinion mal éclairée par
une presse menteuse, contre un Par
lement qui a eu pour mots d’ordre
la platitude et Pimkéeilité. :
Cette poignéê d’hommes remporte
enfin la victoire, et ce n’est pas
un spectacle sans intérêt de con
sidérer maintenant l’attitude des
adversaires de la vérité. Rarement
la palinodie a atteint de telles hau
teurs.
Il n’est pas inutile de rappeler ce
qui s’est passé au Havre même rela
tivement à cette question Dreyfus.
Tout le monde sait comment la
presse s’est comportée. Un seul
journal quotidien, le Journal du
Havre , s’est nettement prononcé en
faveur de la révision, non sans avoir
soutenu aux élections législatives
M. Rispal, qui avait affirmé son opi
nion antirevisioimiste et en avait
fait le pivot de sa campagne de
grossièretés et d’insinuations odieu
ses. Mais, à partir du faux Henry,
ce journal a entrepris de faire con
naître au public, induit sans cesse
«n erreur par le Petit Havre, les
dessous de cette affaire. Conduite
avec conviction et talent, cette polé-(
mique a certainement contribué à
éclairer nos ooncitoyens.
En même temps se créait, au
Havre, la section de la Ligue des
Droits de VHomme , à l’initiative
du regretté Docteur Gibert, qui a
joué un rôle important dans cette
affaire par les révélations que sa
conscience lui a imposées, ce qui lui
a valu les misérables appréciations
que l’on sait, de la part du Député
Brindeau.
Nous avons parlé du Petit Havre ,
et cela à dessein. Car, avec une
désinvolture à laquelle il nous a
habitués, ce journal officiel de l’op
portunisme essaie aujourd’hui de
donner le change à ses lecteurs, en
voulant se faire passer pour révi
sionniste! Pour tous ceux qui se
souviennent des attaques furibondes
i
de cette feuille contre les partisans
de la révision, de ses flagorneries
envers les Esterbazy, les Pellieux,
les Boisdeffre, etc., de ses accusa
tions contre la Chambre criminelle,
cette affirmation est des plus auda
cieuses. Qu’il le veuille ou non, M.
Hyppolite Fénoux a marché pendant
près de deux ans dans le sillage des
Drumont, des Rochefort, des Arthur
Meyer, des Millevoye. Nous compre
nons qu’il le regrette aujourd’hui,
une telle attitude le classant, à son
choix, parmi les naïfs ou les hommes
de mauvaise foi. Mais il faut qu’il
en prenne son parti, et qu’il reste
convaincu qu’on aura l’occasion de
le lui rappeler, lorsque, avec cette
suffisance qui le dispense de discuter
avec ses adversaires, il voudra se
mêler de tracer aux électeurs leur
devoir.
Cette palinodie est d’ailleurs dans
les traditions de la maison. On se
souvient que, dans le commence
ment du boulangisme, le Petit Havre
faisait une propagande acharnée
pour le Brav’ Général. Il distribuait
à profusion les portraits et se faisait
le camelot de la Boulange naissante.
Mais, fidèle à ses habitudes de lâ
chage, il cessa de suivre l’étoile de
Boulanger quand il la vit pâlir. Et
de ce jour il combattit les césariens,
après s’être assuré qu’ils avaient
perdu toutes leurs chances de succès.
Soyez sûrs qu’il fera de même
pour Marchand ou Galliéni, si ceux-
ci se mêlent de politique. Le Petit
Havre les suivra... jusqu’à la dé
faite exclusivement. Il comprend à
sa façon le courage militaire, dont il
fait si souvent l’apologie dans ses
colonnes.
• Il était bon, croyons-nous, de
démasquer cette manœuvre du Petit
Havre. Il ne faut pas que cet ennemi
de tous les républicains de principe,
de tous les démocrates honnêtes,
essaie de se mêler aux vainqueurs
Ceux-là qui ont entrepris une lutte
acharnée contre les sémites ont pré
tendu qu’ils voulaient combattre, non
pas une religion, mais une race. Si
c’est simplement à une race qu’ils
désirent s’attaquer, on se demande
les raisons pour lesquelles ils pour
suivent avec taut de persistance les
protestants qu’on ne peut franche
ment pas accuser d’appartenir à une
race spéciale.
La mauvaise foi est manifeste.
L’Eglise veut dominer et pour arriver
à reconquérir cette puissance qui len
tement lui échappe, elle sème parmi
les nations, les divisions entre gens
de différents cultes. Voyez de tous
côtés, les protestants et les juifs sont
aux prises avec les catholiques. En
core tout dernièrement, à Londres,
une procession catholique a été très
malmenée par les protestants cher
chant à se venger des vexations con
tinuelles qu’ils ont à endurer. A Bel
fast, à New-York, partout enfin où
l’on rencontre le prêtre, se trouve la
discorde générale.
Protestants, libre-penseurs, juifs,
indifférents, doivent donc s’apprêter à
lutter ferme contre cette plaie infecte
qui, graduellement, ronge le monde et
retarde de plusieurs siècles la marche
de la civilisation.
Félix Thommeret
4 •- ’
AUTORITÉ OU LIBERTÉ
de demain, et vienne imposer sa
collaboration compromettante et
tardive à ceux qui ont triomphé
sans lui ou contre lui.
MAGISTER.
CATHOLIQUES & PROTESTANTS
Il fut un temps où l’Eglise, profi
tant de l’ignorance dans laquelle les
l peuples étaient plongés, pût se servir
de l'excommunication comme d’une
arme puissante. La science et les évé
nements ont modifié aujourd’hui la
face des choses, en montrant le côté
ridicule d’un enseignement basé sur
le fanatisme, mais l’Eglise n’en dé
sarme pas pour cela, au contraire,
elle entre en guerre ouverte et cherche
à renouveler, sous une autre forme,
bien entendu, ses procédés d’autre
fois. On interdit aux fidèles, du haut
de la chaire, d’acheter dans les mai
sons de commerce dirigées par des
protestants ou des israélites ; on leur
défend, sous les peines les plus sé
vères, d’avoir aucune relation avec
les membres de ces deux religions.
La grande crise morale qui a nom
l’affaire Dreyfus nous a montré deux
partis dont l’un ne vaincra définitive
ment que par la mort de l’autre. D’un
coté, nous avons trouvé la masse veule,
ignorante, servile et lâche, courbée d’ins
tinct sous les puissances d’iniquité, admi
rant fort les chefs, laïques et militaires,
qui lui enseignaient avec force un credo
de haîne; de l’autre, des savants, des lit
térateurs, des moralistes et des libéraux
se sont réunis et, sans se connaître, sépa
rés même par des façons différentes de
penser, ont mené le bon combat en faveur
de la Justice égale pour tous. Des masques
sont tombés mettant à nu des hypocrisies
dont on ne se doutait nullement. Aussi,
convient-il de se féliciter de cette lutte.
Notre chère patrie en ressortira grandie.
C’est là notre souhait.; nous ne doutons
pas de sa réalisation.
Mais pour arriver à la victoire, il faut
continuer avec acharnement le combat.
Pour cela, il importe d’abord d’examiner
l’idéal de chaque parti.
Les nationalistes se réclament, plus ou
moins ouvertement, de l’idée d’unité, par
tant, de despotisme. L’individu n’a de
droits que tant que la collectivité lui en
accorde. Il ne vit que grâce à elle et pour
elle. Il n’y a plus là un citoyen, mais un
rouage de la machine sociale. C'est
l'obéissance absolue.
Toute autre est la conception des revi
sionnistes. Disséquons la société et nous
■nous apercevons qu’elle se compose d’uni
tés. Sans ces unités aucune collectivité
n’est possible. Mais d'autre part, pour
faire converger ces unités vers un but
commun qui est forcément leur améliora
tion à tous les points de vue, pour éviter
aussi qu’elles se détruisent, il faut une
autorité. Conséquence : naissance de
l’Etat. 11 reste donc, pour arriver à l’en
tente, à régler les rapports des individus
entre eux et des individus avec l’Etat,
afin d’être certain qu’une partie ne lésera
pas l’autre, d’oùnécessitéd’un comprorni s
établissant les droits et les devoirs de
chacun. Ce compromis, nous l’appelons la
Loi.
Or, l’affaire Dreyfus nous a montré une
violation de la loi. Une oligarchie de
fonctionnaires a jugé un homme en dehors
de toutes les règles. Ne montrant pas à
celui qu’elle accusait les pièces sur les
quelles elle basait sa conviction, elle a
détruit la liberté individuelle, lésé le
citoyen. Nous ne discuterons pas l’inno
cence de Dreyfus : là n’est pas la ques
tion. Le contrat social en la personne de
l’île du Diable a été déchiré. Aussi, ne
faut-il pas s’étonner que les autoritaires
d’une part, les libéraux de l’autre, se
soient emparés de la question.
Les premiers ont fait valoir la Raison
d’Etat, le peu d’importance d’un individu
en face de la collectivité. Tous les mo
narchistes, tous les césariens, tous les ré
publicains de façade , se sont groupés
sous la puissance néfaste, unitaire par
excellence : l’Eglise Catholique.
Les seconds, héritiers conscients du
programme de 1789, fils directs de Benja
min Constant et de Royer-Collard, ont
protesté avec force contre cette façon
monstrueuse d’annihiler le Droit, contre
cette usurpation de fonctions, faite sciem
ment par l’Etat et les Corps constitués
Voilà pourquoi l’affaire Dreyfus a pris
l’importance que l’on sait. Il ne s’est plus
agi de la condamnation d’un homme, mais
de la lutte de deux principes : les autori
taires partant de la phrase de Goethe
« mieux vaut une usurpation qu’un dé
sordre » ; les libéraux voulant « la justice
avec toutes ses conséquence*.,» (Cl éme n-
ceauj. Aussi, la France se trouve-t-elle
actuellement divisée en deux camps net
tement tranchés.
Mais cette situation, suffisamment
claire, va nous permettre de juger ceux
qui veulent le bien du peuple par la li
berté,-et ceux qui prétendent le lui donner
par la servitude.
Des libéraux, il y a peu à dire. Ils ont
fait leur devoir. En combattant pour
Dreyfus, ils ont combattu pour tous. Qui
de nous, en effet, si l’Illégalité, revenue
sous le nom de Raison d’Etat, avait
triomphé, qui de nous Saurait pas eu à
trembler ? C’était le chemin ouvert à l’ar
bitraire; c’était la devise républicaine,
toujours inscrite sur les murs, mais de
fait supprimée. Il importe de remercier
les révisionnistes, puis de passer aux au
toritaires. Parmi eux, négligeons les
comparses ; châtions les coupables. Puis,
pour empêcher le retour de tels faits,
pour assurer le triomphe définitif, atta
quons-nous à la seule puissance qui leur
ait prêté un appui effectif : j’ai nommé
l’Eglise Catholique. Prenons cette der
nière en flagrant délit de mensonge avec
les maximes divines qui sont sa raison
d’être, avec le programme politique que
l’astucieux Léon XIII lui a donné. Otons
son masque de faux libéralisme. Mon-
trons-là despotique et immuable, sourde
aux idées de progrès, figée à jamais dans
son absolutisme. Prouvons que l’affaire
Dreyfus est son affaire , comme la guerre
de 70-7! a été la guerre de l’impératrice
Eugénie. Et quand, dans notre prochain
article, nous aurons accompli cette tâche,
nous étudierons quelle est la campagne à
faire pour débarrasser la France de cette
syphilis morale : le Catholicisme.
Jean SERC.
seulement appel à son bon sens et à sa
raison, qu’il y a, dans l’abstention
des achats du dimanche, un devoir de
solidarité à remplir envers les em
ployés de magasin ; quand chacun
saura, et ici je m’adresse particuliè
rement à l'ouvrier, que cette règle
qu’il est si facile à chacun de s’im
poser sera un bénéfice pour tous, la
victoire entière ne sera pas loin de
couronner les efforts des vaillants
pionniers qui ont combattu pour une
juste cause. Il est manifeste que si
les achats deviennent impossibles le
dimanche après midi, l’ouvrier qui
peine trop souvent encore le dimanche
matin, voire même jusqu’à une heure
de relevée, pour me servir d’une an
cienne expression ; si les conditions
d’existence deviennent telles que ce
travail soit reconnu nuisible, il est
évident que le chômage sera rendu,
indispensable.
La concurrence des bras, dont vous
vous plaignez si fort, sera moins rude;
par là encore, vous en recueillerez,
une certaine somme de bien-être.
Vous voyez qu'en économie politique
tout se tient et s’enchaîne. Le com
merçant, petit ou gros, ne perdra
rien à une mesure générale, il faut,
qu’une dernière fois, on le répète, et
la famille gagnera en santé et en
Ÿ^xcuaniie,
*
* *
Or, pour imprégner de ces idées salu
taires la masse populaire qui se laisse
difficilement pénétrer, sachons le re
connaître, et, en même temps, pour
célébrer une première victoire, le 4
juin, fidèle en cela à l’idée que je
préconisais ici-même, il y a quinze
jours et que je n’ai cessé de défendre y
le Syndicat des employés de magasin
a pris l’heureuse initiative d’organiser
dimanche prochain, à une heure après
midi, au cercle Franklin, une prome
nade en cortège, qui s’effectuera en
ville, dans les principales artères, avec
le concours de la fantare le Cercle mu
sical Havrais , pour aboutir au Jardin
d’Hiver, rue de Ste-Àdresse, où un
lunch sera servi. Que l’on ne se mé
prenne pas sur le caractère de cette
réunion, toute d’humeur pacifique,
instituée à l’instar des promenades:
des anciens Combattants de Grave-
lotte, des Sauveteurs, etc. L’on se
gardera des manifestations tumul
tueuses qui, toujours, tournent contre,
leurs organisateurs. Ce serait compro
mettre le succès d’une campagne qui
s’affirme chaque jour avec plus de
force et d’autorité. Et si quelque»
pertubateurs se mêlaient, dans la
foule, parmi les employés, on saurait
évidemment les mettre à la raison.
Des mesures seront prises dans ce
Sens, sans aucun doute.
Les employés, pour la réussite de
leur cause, n’eutendent que les moyens
de droit. Qu’on se le tienne pour dit.
LE
Dimanche des Employés Havrais
(Suite)
L’appel à l’opinion publique
On a compris que le meilleur moyen
de succès en faveur du repos hebdo
madaire était d’organiser, le dimanche
après midi, la grève des acheteurs.
Quand chacun aura admis, en faisant
Alf. HENRI.
Chambre syndicale des Employés
de Magasins et similaires
des deux sexes
Les membres du Syndicat sont instam
ment priés d’assister à l’assemblée géné
rale extraordinaire qui aura lieu le samedi
3 juin, à neuf heures et demie du soir, à
la Bourse du Travail.
Les syndiqués seuls seront admis.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi S Juin 1S8S.
ES
Organe du Parti Républicain Démocratique
' PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 f r .
• ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.
L’Imprimeur-Gérant
F. 1HOMMERET
F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
H
I
L'Affaire. — La Presse
Lavraise. — Palinodies du
« Petit Havre "
Dans sa lettre au Président de la
République, Emile Zola affirmait que
la vérité était en marche. Il y a de
cela dix-huit mois, et, depuis cette
époque, toutes les passions coalisées
pour empêcher la manifestation de
cette vérité ont agité le pays au pro
fit des traîtres et des faussaires.
Mais rien n’y a fait, les fourbes et
les menteurs de l’Etat-Major se sont
pris à leurs propres pièges, de sorte
que l’on peut dire aujourd’hui, après
tant de vicissitudes, la vérité tou
che mi but .
Pendant près de deux ans, une
poignée d’hommes courageux, sou
tenus par de rares journaux, a
lutté avec acharnement contre tous
les pouvoirs publics, contre les pré
jugés de l’opinion mal éclairée par
une presse menteuse, contre un Par
lement qui a eu pour mots d’ordre
la platitude et Pimkéeilité. :
Cette poignéê d’hommes remporte
enfin la victoire, et ce n’est pas
un spectacle sans intérêt de con
sidérer maintenant l’attitude des
adversaires de la vérité. Rarement
la palinodie a atteint de telles hau
teurs.
Il n’est pas inutile de rappeler ce
qui s’est passé au Havre même rela
tivement à cette question Dreyfus.
Tout le monde sait comment la
presse s’est comportée. Un seul
journal quotidien, le Journal du
Havre , s’est nettement prononcé en
faveur de la révision, non sans avoir
soutenu aux élections législatives
M. Rispal, qui avait affirmé son opi
nion antirevisioimiste et en avait
fait le pivot de sa campagne de
grossièretés et d’insinuations odieu
ses. Mais, à partir du faux Henry,
ce journal a entrepris de faire con
naître au public, induit sans cesse
«n erreur par le Petit Havre, les
dessous de cette affaire. Conduite
avec conviction et talent, cette polé-(
mique a certainement contribué à
éclairer nos ooncitoyens.
En même temps se créait, au
Havre, la section de la Ligue des
Droits de VHomme , à l’initiative
du regretté Docteur Gibert, qui a
joué un rôle important dans cette
affaire par les révélations que sa
conscience lui a imposées, ce qui lui
a valu les misérables appréciations
que l’on sait, de la part du Député
Brindeau.
Nous avons parlé du Petit Havre ,
et cela à dessein. Car, avec une
désinvolture à laquelle il nous a
habitués, ce journal officiel de l’op
portunisme essaie aujourd’hui de
donner le change à ses lecteurs, en
voulant se faire passer pour révi
sionniste! Pour tous ceux qui se
souviennent des attaques furibondes
i
de cette feuille contre les partisans
de la révision, de ses flagorneries
envers les Esterbazy, les Pellieux,
les Boisdeffre, etc., de ses accusa
tions contre la Chambre criminelle,
cette affirmation est des plus auda
cieuses. Qu’il le veuille ou non, M.
Hyppolite Fénoux a marché pendant
près de deux ans dans le sillage des
Drumont, des Rochefort, des Arthur
Meyer, des Millevoye. Nous compre
nons qu’il le regrette aujourd’hui,
une telle attitude le classant, à son
choix, parmi les naïfs ou les hommes
de mauvaise foi. Mais il faut qu’il
en prenne son parti, et qu’il reste
convaincu qu’on aura l’occasion de
le lui rappeler, lorsque, avec cette
suffisance qui le dispense de discuter
avec ses adversaires, il voudra se
mêler de tracer aux électeurs leur
devoir.
Cette palinodie est d’ailleurs dans
les traditions de la maison. On se
souvient que, dans le commence
ment du boulangisme, le Petit Havre
faisait une propagande acharnée
pour le Brav’ Général. Il distribuait
à profusion les portraits et se faisait
le camelot de la Boulange naissante.
Mais, fidèle à ses habitudes de lâ
chage, il cessa de suivre l’étoile de
Boulanger quand il la vit pâlir. Et
de ce jour il combattit les césariens,
après s’être assuré qu’ils avaient
perdu toutes leurs chances de succès.
Soyez sûrs qu’il fera de même
pour Marchand ou Galliéni, si ceux-
ci se mêlent de politique. Le Petit
Havre les suivra... jusqu’à la dé
faite exclusivement. Il comprend à
sa façon le courage militaire, dont il
fait si souvent l’apologie dans ses
colonnes.
• Il était bon, croyons-nous, de
démasquer cette manœuvre du Petit
Havre. Il ne faut pas que cet ennemi
de tous les républicains de principe,
de tous les démocrates honnêtes,
essaie de se mêler aux vainqueurs
Ceux-là qui ont entrepris une lutte
acharnée contre les sémites ont pré
tendu qu’ils voulaient combattre, non
pas une religion, mais une race. Si
c’est simplement à une race qu’ils
désirent s’attaquer, on se demande
les raisons pour lesquelles ils pour
suivent avec taut de persistance les
protestants qu’on ne peut franche
ment pas accuser d’appartenir à une
race spéciale.
La mauvaise foi est manifeste.
L’Eglise veut dominer et pour arriver
à reconquérir cette puissance qui len
tement lui échappe, elle sème parmi
les nations, les divisions entre gens
de différents cultes. Voyez de tous
côtés, les protestants et les juifs sont
aux prises avec les catholiques. En
core tout dernièrement, à Londres,
une procession catholique a été très
malmenée par les protestants cher
chant à se venger des vexations con
tinuelles qu’ils ont à endurer. A Bel
fast, à New-York, partout enfin où
l’on rencontre le prêtre, se trouve la
discorde générale.
Protestants, libre-penseurs, juifs,
indifférents, doivent donc s’apprêter à
lutter ferme contre cette plaie infecte
qui, graduellement, ronge le monde et
retarde de plusieurs siècles la marche
de la civilisation.
Félix Thommeret
4 •- ’
AUTORITÉ OU LIBERTÉ
de demain, et vienne imposer sa
collaboration compromettante et
tardive à ceux qui ont triomphé
sans lui ou contre lui.
MAGISTER.
CATHOLIQUES & PROTESTANTS
Il fut un temps où l’Eglise, profi
tant de l’ignorance dans laquelle les
l peuples étaient plongés, pût se servir
de l'excommunication comme d’une
arme puissante. La science et les évé
nements ont modifié aujourd’hui la
face des choses, en montrant le côté
ridicule d’un enseignement basé sur
le fanatisme, mais l’Eglise n’en dé
sarme pas pour cela, au contraire,
elle entre en guerre ouverte et cherche
à renouveler, sous une autre forme,
bien entendu, ses procédés d’autre
fois. On interdit aux fidèles, du haut
de la chaire, d’acheter dans les mai
sons de commerce dirigées par des
protestants ou des israélites ; on leur
défend, sous les peines les plus sé
vères, d’avoir aucune relation avec
les membres de ces deux religions.
La grande crise morale qui a nom
l’affaire Dreyfus nous a montré deux
partis dont l’un ne vaincra définitive
ment que par la mort de l’autre. D’un
coté, nous avons trouvé la masse veule,
ignorante, servile et lâche, courbée d’ins
tinct sous les puissances d’iniquité, admi
rant fort les chefs, laïques et militaires,
qui lui enseignaient avec force un credo
de haîne; de l’autre, des savants, des lit
térateurs, des moralistes et des libéraux
se sont réunis et, sans se connaître, sépa
rés même par des façons différentes de
penser, ont mené le bon combat en faveur
de la Justice égale pour tous. Des masques
sont tombés mettant à nu des hypocrisies
dont on ne se doutait nullement. Aussi,
convient-il de se féliciter de cette lutte.
Notre chère patrie en ressortira grandie.
C’est là notre souhait.; nous ne doutons
pas de sa réalisation.
Mais pour arriver à la victoire, il faut
continuer avec acharnement le combat.
Pour cela, il importe d’abord d’examiner
l’idéal de chaque parti.
Les nationalistes se réclament, plus ou
moins ouvertement, de l’idée d’unité, par
tant, de despotisme. L’individu n’a de
droits que tant que la collectivité lui en
accorde. Il ne vit que grâce à elle et pour
elle. Il n’y a plus là un citoyen, mais un
rouage de la machine sociale. C'est
l'obéissance absolue.
Toute autre est la conception des revi
sionnistes. Disséquons la société et nous
■nous apercevons qu’elle se compose d’uni
tés. Sans ces unités aucune collectivité
n’est possible. Mais d'autre part, pour
faire converger ces unités vers un but
commun qui est forcément leur améliora
tion à tous les points de vue, pour éviter
aussi qu’elles se détruisent, il faut une
autorité. Conséquence : naissance de
l’Etat. 11 reste donc, pour arriver à l’en
tente, à régler les rapports des individus
entre eux et des individus avec l’Etat,
afin d’être certain qu’une partie ne lésera
pas l’autre, d’oùnécessitéd’un comprorni s
établissant les droits et les devoirs de
chacun. Ce compromis, nous l’appelons la
Loi.
Or, l’affaire Dreyfus nous a montré une
violation de la loi. Une oligarchie de
fonctionnaires a jugé un homme en dehors
de toutes les règles. Ne montrant pas à
celui qu’elle accusait les pièces sur les
quelles elle basait sa conviction, elle a
détruit la liberté individuelle, lésé le
citoyen. Nous ne discuterons pas l’inno
cence de Dreyfus : là n’est pas la ques
tion. Le contrat social en la personne de
l’île du Diable a été déchiré. Aussi, ne
faut-il pas s’étonner que les autoritaires
d’une part, les libéraux de l’autre, se
soient emparés de la question.
Les premiers ont fait valoir la Raison
d’Etat, le peu d’importance d’un individu
en face de la collectivité. Tous les mo
narchistes, tous les césariens, tous les ré
publicains de façade , se sont groupés
sous la puissance néfaste, unitaire par
excellence : l’Eglise Catholique.
Les seconds, héritiers conscients du
programme de 1789, fils directs de Benja
min Constant et de Royer-Collard, ont
protesté avec force contre cette façon
monstrueuse d’annihiler le Droit, contre
cette usurpation de fonctions, faite sciem
ment par l’Etat et les Corps constitués
Voilà pourquoi l’affaire Dreyfus a pris
l’importance que l’on sait. Il ne s’est plus
agi de la condamnation d’un homme, mais
de la lutte de deux principes : les autori
taires partant de la phrase de Goethe
« mieux vaut une usurpation qu’un dé
sordre » ; les libéraux voulant « la justice
avec toutes ses conséquence*.,» (Cl éme n-
ceauj. Aussi, la France se trouve-t-elle
actuellement divisée en deux camps net
tement tranchés.
Mais cette situation, suffisamment
claire, va nous permettre de juger ceux
qui veulent le bien du peuple par la li
berté,-et ceux qui prétendent le lui donner
par la servitude.
Des libéraux, il y a peu à dire. Ils ont
fait leur devoir. En combattant pour
Dreyfus, ils ont combattu pour tous. Qui
de nous, en effet, si l’Illégalité, revenue
sous le nom de Raison d’Etat, avait
triomphé, qui de nous Saurait pas eu à
trembler ? C’était le chemin ouvert à l’ar
bitraire; c’était la devise républicaine,
toujours inscrite sur les murs, mais de
fait supprimée. Il importe de remercier
les révisionnistes, puis de passer aux au
toritaires. Parmi eux, négligeons les
comparses ; châtions les coupables. Puis,
pour empêcher le retour de tels faits,
pour assurer le triomphe définitif, atta
quons-nous à la seule puissance qui leur
ait prêté un appui effectif : j’ai nommé
l’Eglise Catholique. Prenons cette der
nière en flagrant délit de mensonge avec
les maximes divines qui sont sa raison
d’être, avec le programme politique que
l’astucieux Léon XIII lui a donné. Otons
son masque de faux libéralisme. Mon-
trons-là despotique et immuable, sourde
aux idées de progrès, figée à jamais dans
son absolutisme. Prouvons que l’affaire
Dreyfus est son affaire , comme la guerre
de 70-7! a été la guerre de l’impératrice
Eugénie. Et quand, dans notre prochain
article, nous aurons accompli cette tâche,
nous étudierons quelle est la campagne à
faire pour débarrasser la France de cette
syphilis morale : le Catholicisme.
Jean SERC.
seulement appel à son bon sens et à sa
raison, qu’il y a, dans l’abstention
des achats du dimanche, un devoir de
solidarité à remplir envers les em
ployés de magasin ; quand chacun
saura, et ici je m’adresse particuliè
rement à l'ouvrier, que cette règle
qu’il est si facile à chacun de s’im
poser sera un bénéfice pour tous, la
victoire entière ne sera pas loin de
couronner les efforts des vaillants
pionniers qui ont combattu pour une
juste cause. Il est manifeste que si
les achats deviennent impossibles le
dimanche après midi, l’ouvrier qui
peine trop souvent encore le dimanche
matin, voire même jusqu’à une heure
de relevée, pour me servir d’une an
cienne expression ; si les conditions
d’existence deviennent telles que ce
travail soit reconnu nuisible, il est
évident que le chômage sera rendu,
indispensable.
La concurrence des bras, dont vous
vous plaignez si fort, sera moins rude;
par là encore, vous en recueillerez,
une certaine somme de bien-être.
Vous voyez qu'en économie politique
tout se tient et s’enchaîne. Le com
merçant, petit ou gros, ne perdra
rien à une mesure générale, il faut,
qu’une dernière fois, on le répète, et
la famille gagnera en santé et en
Ÿ^xcuaniie,
*
* *
Or, pour imprégner de ces idées salu
taires la masse populaire qui se laisse
difficilement pénétrer, sachons le re
connaître, et, en même temps, pour
célébrer une première victoire, le 4
juin, fidèle en cela à l’idée que je
préconisais ici-même, il y a quinze
jours et que je n’ai cessé de défendre y
le Syndicat des employés de magasin
a pris l’heureuse initiative d’organiser
dimanche prochain, à une heure après
midi, au cercle Franklin, une prome
nade en cortège, qui s’effectuera en
ville, dans les principales artères, avec
le concours de la fantare le Cercle mu
sical Havrais , pour aboutir au Jardin
d’Hiver, rue de Ste-Àdresse, où un
lunch sera servi. Que l’on ne se mé
prenne pas sur le caractère de cette
réunion, toute d’humeur pacifique,
instituée à l’instar des promenades:
des anciens Combattants de Grave-
lotte, des Sauveteurs, etc. L’on se
gardera des manifestations tumul
tueuses qui, toujours, tournent contre,
leurs organisateurs. Ce serait compro
mettre le succès d’une campagne qui
s’affirme chaque jour avec plus de
force et d’autorité. Et si quelque»
pertubateurs se mêlaient, dans la
foule, parmi les employés, on saurait
évidemment les mettre à la raison.
Des mesures seront prises dans ce
Sens, sans aucun doute.
Les employés, pour la réussite de
leur cause, n’eutendent que les moyens
de droit. Qu’on se le tienne pour dit.
LE
Dimanche des Employés Havrais
(Suite)
L’appel à l’opinion publique
On a compris que le meilleur moyen
de succès en faveur du repos hebdo
madaire était d’organiser, le dimanche
après midi, la grève des acheteurs.
Quand chacun aura admis, en faisant
Alf. HENRI.
Chambre syndicale des Employés
de Magasins et similaires
des deux sexes
Les membres du Syndicat sont instam
ment priés d’assister à l’assemblée géné
rale extraordinaire qui aura lieu le samedi
3 juin, à neuf heures et demie du soir, à
la Bourse du Travail.
Les syndiqués seuls seront admis.
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