Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-07-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 juillet 1894 07 juillet 1894
Description : 1894/07/07 (N152). 1894/07/07 (N152).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633510
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
4* Anaée — S° !52 — Samedi 1 Juillet 1X94.
4 e Année — 19 Messidor An 102 — N° 152
CINQ CENTIMES LE NUMERO
PMX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fr. 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
Philippe
PHILIPPE VII
ET
M. CASIMIR-PÉRIER
La presse gouvernementale, celle qui est
toujours du côté du manche — quel que soit
le bois dans lequel il est taillé — congratule à
l'envie M. Casimir-Périer; les flatteries les plus
grossières, les plus basses flagorneries s’étalent
impudiquement à la première colonne des
journaux: opportunistes. Depuis bientôt huit
jours, les parfums brûlent sans interruption
aux pieds de la nouvelle idole : les rédacteurs
ont troqué leur plume contre un encensoir.
A les entendre, il n’est pas en France, que
dis-je ?... dans le monde, d’homme aussi
éminent, de républicain plus sincère et plus
convaincu.
Nous plaindrions leur égarement si
nous ne savions que leur ignorance est
voulue et qu’en chantant les louanges du
président de la République, ils obéissent à
un mot d’ordre. Toutes les lyres sont au
même diapason ; si quelques musiciens ont
tenté de faire entendre une note discordante,
le bruit en aura bien vite été étouffé sous le
tintement tout-puissant de l’or des fonds
secrets.
Car,si les journaux amis du pouvoiré taient
sincères, ils publieraient la dépêche adressée
par Philippe VII à M. Casimir-Périer, Elle
est fort éloquente et éclaire la religion des
républicains qui douteraient encore. Il suffit
de lire ces quelques lignes pour avoir la certi
tude que le chef du pouvoir exécutif est l’élu
delà droite et le protégé du comte de Paris.
Jugez-en :
« Je suis heureux de vous envoyer mes
« bien sincères félicitations, à l’occasion du
« grand succès que vous venez de remporter.
« J’aime à me rappeler, en cette circon-
« stance, que votre illustre grand-père fut
cc un des plus précieux auxiliaires du roi
« Louis-Philippe. Ils travaillèrent ensemble
« au bonheur et à la grandeur de la France.
« Puisse Dieu vous donner la force de rendre
« à notre bien-aimée patrie les services qu’elle
« attend de vous !
« Philippe, comte de Paris. »
Si ce n’est pas là un certificat de royalisme,
nous consentons à croire que Dupuy n’est pas
Auvergnat.
Pourquoi donc les feuilles officielles sont-
elles muettes comme des carpes au sujet de
cet intéressant document ? Serait-il apocry
phe ?
Non, le gouvernement n’eût pas manqué
de le démentir de retentissante façon. L’oc
casion était trop belle pour qu’il la laissât
échapper. Donc, si les intéressés ont gardé de
Conrad le silence prudent, c ? est que les féli
citations adressées à l’heureux gaguant du
Congrès émanent bien du patron du petit-fils
de l'illustre grand-père. r j
Si ce qui précède ne nous prouvait pas
surabondamment que le président de la Répu
blique est, par goût, par tempérament, par
hérédité, anti-républicain, nous en trouve
rions une nouvelle preuve dans le manifeste
qu’il vient d’adresser au Parlement.
Ainsi qu’on le dit vulgairement, M. Casi- ]
mir-Périer a parlé pour ne rien dire. Il s’est
prudemment gardé d’exposer un programme
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HAVRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS ;
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames. 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
quelconque, ne voulant pas risquer de mécon
tenter l’opinion dès son entrée en lice. ’
Au milieu de quelques banalités, il laisse,
cependant, percer le bout de l’oreille et ne
peut s’empêcher de nous déclarer qu’il est lé
chef du pays,ce qui est de la dernière outrecui
dance. La Constitution fait du président de
la Répubique le chef du pouvoir exécutif et
rien de plus. Il ne faut pas renverser les
rôles : le chef du pays, c’est le corps électoral ;
le président de la République et ses Ministres,
qu’il le veuille ou non, ne sont que les pre-
mers serviteurs de la Nation. Ils doivent
déférer aux vœux du pays ; ils obéissent et'
ne commandent pas !
11 est à présumer que cette malheureuse
expression a été écrite sous l’influence de la
bouffée d’orgueil qui avait envahi le cerveau
du premier magistrat de la République et,
qn’après mûre réflexion, il abandonnera ses
velléités de dictature. *
Doucement ! M. Casimir-Périer, vous
n’êtes, que nous sachions, ni roi, ni empe>
reur ; réfrénez donc votre ambition. À cette
seule condition, vous pourrez conserver pen
dant sept ans la haute situation que la Droite,
dit-on, ne vous a octroyée qu’à la condition
que vous l’abandonneriez au bout de ce
temps.
Si vous tenez à tenir votre parole, nous
croyons que vous ferez sagement d’obliquer
un peu à gauche : la chaussée droite est rempl ie
d’ornières où le char présidentiel pourrait
bien verser.
Pierre MÉRITE L.
REJET DE L’AMNISTIE
Il fallait s’y attendre, jouant au souverain*
Casimir P. Anzin nous lait.savoir, par son féal
Dupuy, qu’il accordera des giâces pour faits de
grèves, mais, de l’amnistie, point. C’est le com
mencement du bon plaisir.
En même temps, Dupuy accuse la Presse (une
certaine presse), d’avoir armé le bras des assas
sins. Ce à quoi Goblet réplique : « L’assassinat de
M. Carnot est dû à l’incurie de la police. » Cette
affirmation nous semble assez justifiée, puisque
Caserio avait à Cette son mouchard spécialement
attaché à sa personne ; d’ailleurs, la désorgani
sation à laquelle nous assistons dans le service
de la sûreté prouve assez qu’il s’en passe de drôles
rue de Jérusalem.
Quoiqu’il en soit, la réaction s’affirme avec
un cynisme inouï dans la meilleure des monar
chies, en attendant le retour de la meilleure des
Républiques.
P. II.
UN HOMME LOYAL
En rendant, au Panthéon, les suprêmes hon
neurs à M. Carnot, M. de Mahy, vice-président de
la Chambre a prononcé, dans le courant de son
discours, quelques paroles d’une grande actualité
et que nous enregistrons au passage comme un
aveu échappé à nos dirigeants.
Ces paroles, les voici :
« Ces reformes, il faut nous y mettre résolu
ment et sans retard. Il y a, dans notre pays, des
criminels à refréner et à punir, mais il y a aussi
des souffrances à allégér, des égarés à ramener,
des malheureux à secourir, des concitoyens, des
Français, nos frères, misérables par leur faute ou
par la nôtre, ou par la fatalité des circonstances,
dignes de compassion pour la plupart, dangereux
bien souvent par leur nombre et par l’excès de leur
misère.
» Il faut leur montrer que nous nous occupons
d’eux avec sincérité et rechercher les moyens d’a
méliorer leur sort. Il y a un certain équilibre à
rétablir. La double nécessité est évidente d’un
sérieux travail de réformes en même temps que
d’une énergique répression x»................. .
Il y a là un enseignement dont l’origine ne
paraîtra certes pas suspecte aux Messieurs qui
traitent en parias les socialistes et les républicains
modérés mêmes lorsqu’ils trouvent que tout n’est
pas au mieux dans la République, où fleurissent
les Casimir P. Anzin, les Dupuy, les Reinach et
autres réactionnaires de tout gabarit. C’est un
ferme et modéré, ce M. de Mahy ; on ne peut l’ac
cuser, de pactiser avec les révolutionnaires socia
liste'!, ce président qui, au dire de Dupuy, ne pré
sidait pas (traduisez : s’efforçait d’être impartial)
suffisamment la séance dans laquelle les socialis
tes voulaient discuter le Message du Seigneur
d Anzin en dépit du Boucan des majoritons au
quel ils répondirent par du Boucan, monnaie de
la pièce que Dupuy trouvait mauvaise.
Il y a tout lieu de penser que ce bon M. de
Mahy n’aura point le bonheur de réunir les sym
pathies des Reinach et des Burdeau pour la prési
dence de la Chambre.
Aussi, qui diable l’oblige à parler et à agir
loyalement et honnêtement au milieu de toute
celte bande ? Que n’agit-il et ne parle-t-il en ch'-
qunrt, et surtout pourquoi va- t-ildevant les restes
du pauvre Carnot, lever des lièvres de l’espèce de
celui que nous citons plus haut ?
Un bon, très-bon point, M. de Mahy.
Oui, vous avez noblement parlé et bien agi ;
votre plus belle récompense sera de vous voir mis
en suspicion par notre tout frais pondu Président
de la République, par son grand électeur Reinach
et son grand hérault Burdeau . ex-amiral de France ;
enfin cela vous attirera quelques coups de boutoir
des marcassins haineux qui pataugent dans le
marais de la Presse à gages. — Félicitations sin
cères !
Pierre BOUCHARD.
NOS VICAIRES
Sous ce titre, nous lisons dans l'Avenir de Moi -
laix l’entrefilet édifiant que nous reproduisons ci-
dessous :
« Que’q ms-unes des personnes qui assistaient
dimanche dernier àlagrand’messede S îint-Mathieu
ont été désagréablement impressionnées, en enten
dant le prédicateur parlant sur le scandale* décla
rer que les écoles laïques devraient écrire sur le
fronton de leurs portes : SodômeetGomorrhe, que
les élèves y vont pour apprendre la corruption et
rapporter chez eux le mauvais exemple et le scan
dale. En présence des faits qui se passent et qui se
sont passés de tous temps dans les écoles congré
ganistes, on se demande comment ces messieurs
osent soulever de pareilles questions. Quand ils
viennent injurier et calomnier une nombreuse ca-
t gorie de fonctionnaires respectables et dévoués,
la plupart pères ou mères de famille, soucieux de
la moralité de leurs élèves, parce qu ils sentent le
resj. e:t qu’on doit à l’enfance, nos fougueux vicai
res ne craignent-ils pas qu’on leur remette sous les
yeux cette longue liste d’histoires malpropres,
dont les tristes héros ne sont pas précisément des
instituteurs laïques.
« Ces violences préméditées, ces calomnies d’au
tant plus coupables qu’elles se produisent dans un
lieu où il est interdit de répondre, et qu’elles tom
bent dans des oreilles généralement trop disposées
à accepter sans contrôle tout ce qui se débite dans
la chaire de vérité, sont profondément regretta
bles à l’heure présente. Ce n’est pas au moment
où les partis extrêmes livrent à la société de si
fui ieux assauts, au moment où les sectaires ne
reculent pas devant les crimes les plus odieux pour
appuyer leurs dangereuses utopies, ce n’est pas à
ce moment qu’il est bon d’entendre les ministres
du culte prêcher la discorde et la haine entre les
citoyens d’une même patrie. Ils sèment le vent, et
seront bien surpris quand ils récolteront la tempête
qui les balayera avec beaucoup d’autres. Ce n’est
pas leur titre de socialistes chrétiens, dont ils se
débarrassent avec un louable empressement depuis
que la marchandise a cessé de plaire, qui les pré;
servera dans les mauvais jours dont la menaçe se
fait entendre de plus en plus furieuse. N’est-il pas
temps que chacun, dans la mesure des ses moyens^
fasse quelque chose pour conjurer le péril, ou tout
au moins pour pouvoir se dire qu’il n est pas res
ponsable du mal qui arrivera. Celui qui aura pu
faire du bien autour de lui, et qui aura négligé de
le faire, portera sa part de responsabilité ; mais
combien plus grande est la faute de ceux qui ayant
charge d’âmes, ne se servent de leur autorité que
pour attiser les passions et exciter les haines au
lieu de s’efforcer de les apaisser. «
Certes nous n’attaquons pas systématiquement
les ministres d’un culte quelconque ; nous estimons
qu’il y a d’honnêtes gens partout et que la liberté
de conscience doit-être absolue. Mais, nous ne
pouvons nous empêcher de relever le gant jeté par
un frocard halluciné, inconscient, nous voulons le
croire pour l’honneur du corps auquel il appar
tient.
Nous ne profiterons pas de l’occasion pour lan
cer à la tête du trop zélé prédicateur quantité de
condamnations encourues par des professeurs con
gréganistes ; nous n’imiterons pas les violences
de langage de M. le vicaire de St-Mathieu, de
Morlaix ; nous lui répondrons seulement par ces
deux sentences populaires que nous livrons à ses
méditations.
Quand on est morveux, on se mouche.
11 ne faut pas parler de corde dans la maison
d’un pendu.
P M.
Le Secrétariat général de la Présidence
Les feuilles officieuses publient l’avis suivant :
« A l’exception du général Rorius, qui a mani
festé le désir de reprendre sou ancien poste de
commandant du génie, le personnel de la maison
militaire de M. Carnot conservera les mêmes
fonctions auprès du nouveau président.
« Ajoutons que M. Casimir-Périer est résolu à
constituer en dehors et au-dessus de ;sa maison
militaire un secrétariat général civil de la prési
dence, à la tête duquel sera placé M. Paul Lafar-
gue, qui fut directeur du Cabinet de M. Casimir-
Périer aux affaires étrangères et au Palais-
Bourbon.
« Dans l’esprit du président de la République
toutes les affaires touchant de près ou de loin à la
politique, devront être traitées au secrétariat
général et la maison militaire n’aura plus à rem
plir qu’un rôle d’apparat et de représentation. »
Il est réellement grand temps d’établir un
secrétariat civil.
Tous les Français rougissaient de voir des
généraux déguisés en larbins. Quelques-uns ont
dû, à cette domesticité, un avancement excep
tionnel. — Leurs camarades ne les en estiment
pas plus pour cela. — Mais, franchement, n'était-
il pas écœurant de voir un Monsieur, porteur
d’épaulettes étoilées, l’épée au côté, passer le
pardessus du président de la République avec
autant de chic que le garçon du grand-seize ?
LE MOYEN DE S’ENRICHIR
Ceci n’est pas seulement une abracadabrante,
une simple phrase lancée en l’air, ni une vulgaire
réclame pour annoncer un nouveau médicament.
Non ! nous avons bel et bien trouvé, au cours
d’une de nos ordinaires flâneries, un moyen nou
veau, pratique et sûr de faire fortune, et nous
allons l’indiquer gratuitement à nos lecteurs.
Oui, gratuitement, — quoique nous pourrions
vendre notre secret un prix fou ou monter une
société en commandite pour son exploitation, —*
mais nos idées socialistes nous interdisent toute
exploitation et nos appointements de rédacteur au
Réveil du Havre nous suffisent amplement pour
mener existence joyeuse, et point n’avons besoin
de nous livrer à un vil mercantilisme pour acheter
notre tabac.
Elles sont rares, n’est-ce pas, de nos jours, les
occasions de s’enrichir ! Aussi, est-ce une bonne
aubaine quand l’une d’elles vient à nous être
révélée !, Combien vont, trimestriellement, le
cœur angoissé, Sacrifier leur deux francs à la
déesse Panama, dans l’espoir qu’elle leur procu
rera le numéro qui doit, au tirage, leur amener les
500,000 fr. dont la vision cauchemarde toutes leurs
nuits. Ici, ce n’est plus d’un demi-million qu’il
s’agit : nous promettons d’avantage et ne deman-
4 e Année — 19 Messidor An 102 — N° 152
CINQ CENTIMES LE NUMERO
PMX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fr. 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
Philippe
PHILIPPE VII
ET
M. CASIMIR-PÉRIER
La presse gouvernementale, celle qui est
toujours du côté du manche — quel que soit
le bois dans lequel il est taillé — congratule à
l'envie M. Casimir-Périer; les flatteries les plus
grossières, les plus basses flagorneries s’étalent
impudiquement à la première colonne des
journaux: opportunistes. Depuis bientôt huit
jours, les parfums brûlent sans interruption
aux pieds de la nouvelle idole : les rédacteurs
ont troqué leur plume contre un encensoir.
A les entendre, il n’est pas en France, que
dis-je ?... dans le monde, d’homme aussi
éminent, de républicain plus sincère et plus
convaincu.
Nous plaindrions leur égarement si
nous ne savions que leur ignorance est
voulue et qu’en chantant les louanges du
président de la République, ils obéissent à
un mot d’ordre. Toutes les lyres sont au
même diapason ; si quelques musiciens ont
tenté de faire entendre une note discordante,
le bruit en aura bien vite été étouffé sous le
tintement tout-puissant de l’or des fonds
secrets.
Car,si les journaux amis du pouvoiré taient
sincères, ils publieraient la dépêche adressée
par Philippe VII à M. Casimir-Périer, Elle
est fort éloquente et éclaire la religion des
républicains qui douteraient encore. Il suffit
de lire ces quelques lignes pour avoir la certi
tude que le chef du pouvoir exécutif est l’élu
delà droite et le protégé du comte de Paris.
Jugez-en :
« Je suis heureux de vous envoyer mes
« bien sincères félicitations, à l’occasion du
« grand succès que vous venez de remporter.
« J’aime à me rappeler, en cette circon-
« stance, que votre illustre grand-père fut
cc un des plus précieux auxiliaires du roi
« Louis-Philippe. Ils travaillèrent ensemble
« au bonheur et à la grandeur de la France.
« Puisse Dieu vous donner la force de rendre
« à notre bien-aimée patrie les services qu’elle
« attend de vous !
« Philippe, comte de Paris. »
Si ce n’est pas là un certificat de royalisme,
nous consentons à croire que Dupuy n’est pas
Auvergnat.
Pourquoi donc les feuilles officielles sont-
elles muettes comme des carpes au sujet de
cet intéressant document ? Serait-il apocry
phe ?
Non, le gouvernement n’eût pas manqué
de le démentir de retentissante façon. L’oc
casion était trop belle pour qu’il la laissât
échapper. Donc, si les intéressés ont gardé de
Conrad le silence prudent, c ? est que les féli
citations adressées à l’heureux gaguant du
Congrès émanent bien du patron du petit-fils
de l'illustre grand-père. r j
Si ce qui précède ne nous prouvait pas
surabondamment que le président de la Répu
blique est, par goût, par tempérament, par
hérédité, anti-républicain, nous en trouve
rions une nouvelle preuve dans le manifeste
qu’il vient d’adresser au Parlement.
Ainsi qu’on le dit vulgairement, M. Casi- ]
mir-Périer a parlé pour ne rien dire. Il s’est
prudemment gardé d’exposer un programme
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HAVRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS ;
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames. 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
quelconque, ne voulant pas risquer de mécon
tenter l’opinion dès son entrée en lice. ’
Au milieu de quelques banalités, il laisse,
cependant, percer le bout de l’oreille et ne
peut s’empêcher de nous déclarer qu’il est lé
chef du pays,ce qui est de la dernière outrecui
dance. La Constitution fait du président de
la Répubique le chef du pouvoir exécutif et
rien de plus. Il ne faut pas renverser les
rôles : le chef du pays, c’est le corps électoral ;
le président de la République et ses Ministres,
qu’il le veuille ou non, ne sont que les pre-
mers serviteurs de la Nation. Ils doivent
déférer aux vœux du pays ; ils obéissent et'
ne commandent pas !
11 est à présumer que cette malheureuse
expression a été écrite sous l’influence de la
bouffée d’orgueil qui avait envahi le cerveau
du premier magistrat de la République et,
qn’après mûre réflexion, il abandonnera ses
velléités de dictature. *
Doucement ! M. Casimir-Périer, vous
n’êtes, que nous sachions, ni roi, ni empe>
reur ; réfrénez donc votre ambition. À cette
seule condition, vous pourrez conserver pen
dant sept ans la haute situation que la Droite,
dit-on, ne vous a octroyée qu’à la condition
que vous l’abandonneriez au bout de ce
temps.
Si vous tenez à tenir votre parole, nous
croyons que vous ferez sagement d’obliquer
un peu à gauche : la chaussée droite est rempl ie
d’ornières où le char présidentiel pourrait
bien verser.
Pierre MÉRITE L.
REJET DE L’AMNISTIE
Il fallait s’y attendre, jouant au souverain*
Casimir P. Anzin nous lait.savoir, par son féal
Dupuy, qu’il accordera des giâces pour faits de
grèves, mais, de l’amnistie, point. C’est le com
mencement du bon plaisir.
En même temps, Dupuy accuse la Presse (une
certaine presse), d’avoir armé le bras des assas
sins. Ce à quoi Goblet réplique : « L’assassinat de
M. Carnot est dû à l’incurie de la police. » Cette
affirmation nous semble assez justifiée, puisque
Caserio avait à Cette son mouchard spécialement
attaché à sa personne ; d’ailleurs, la désorgani
sation à laquelle nous assistons dans le service
de la sûreté prouve assez qu’il s’en passe de drôles
rue de Jérusalem.
Quoiqu’il en soit, la réaction s’affirme avec
un cynisme inouï dans la meilleure des monar
chies, en attendant le retour de la meilleure des
Républiques.
P. II.
UN HOMME LOYAL
En rendant, au Panthéon, les suprêmes hon
neurs à M. Carnot, M. de Mahy, vice-président de
la Chambre a prononcé, dans le courant de son
discours, quelques paroles d’une grande actualité
et que nous enregistrons au passage comme un
aveu échappé à nos dirigeants.
Ces paroles, les voici :
« Ces reformes, il faut nous y mettre résolu
ment et sans retard. Il y a, dans notre pays, des
criminels à refréner et à punir, mais il y a aussi
des souffrances à allégér, des égarés à ramener,
des malheureux à secourir, des concitoyens, des
Français, nos frères, misérables par leur faute ou
par la nôtre, ou par la fatalité des circonstances,
dignes de compassion pour la plupart, dangereux
bien souvent par leur nombre et par l’excès de leur
misère.
» Il faut leur montrer que nous nous occupons
d’eux avec sincérité et rechercher les moyens d’a
méliorer leur sort. Il y a un certain équilibre à
rétablir. La double nécessité est évidente d’un
sérieux travail de réformes en même temps que
d’une énergique répression x»................. .
Il y a là un enseignement dont l’origine ne
paraîtra certes pas suspecte aux Messieurs qui
traitent en parias les socialistes et les républicains
modérés mêmes lorsqu’ils trouvent que tout n’est
pas au mieux dans la République, où fleurissent
les Casimir P. Anzin, les Dupuy, les Reinach et
autres réactionnaires de tout gabarit. C’est un
ferme et modéré, ce M. de Mahy ; on ne peut l’ac
cuser, de pactiser avec les révolutionnaires socia
liste'!, ce président qui, au dire de Dupuy, ne pré
sidait pas (traduisez : s’efforçait d’être impartial)
suffisamment la séance dans laquelle les socialis
tes voulaient discuter le Message du Seigneur
d Anzin en dépit du Boucan des majoritons au
quel ils répondirent par du Boucan, monnaie de
la pièce que Dupuy trouvait mauvaise.
Il y a tout lieu de penser que ce bon M. de
Mahy n’aura point le bonheur de réunir les sym
pathies des Reinach et des Burdeau pour la prési
dence de la Chambre.
Aussi, qui diable l’oblige à parler et à agir
loyalement et honnêtement au milieu de toute
celte bande ? Que n’agit-il et ne parle-t-il en ch'-
qunrt, et surtout pourquoi va- t-ildevant les restes
du pauvre Carnot, lever des lièvres de l’espèce de
celui que nous citons plus haut ?
Un bon, très-bon point, M. de Mahy.
Oui, vous avez noblement parlé et bien agi ;
votre plus belle récompense sera de vous voir mis
en suspicion par notre tout frais pondu Président
de la République, par son grand électeur Reinach
et son grand hérault Burdeau . ex-amiral de France ;
enfin cela vous attirera quelques coups de boutoir
des marcassins haineux qui pataugent dans le
marais de la Presse à gages. — Félicitations sin
cères !
Pierre BOUCHARD.
NOS VICAIRES
Sous ce titre, nous lisons dans l'Avenir de Moi -
laix l’entrefilet édifiant que nous reproduisons ci-
dessous :
« Que’q ms-unes des personnes qui assistaient
dimanche dernier àlagrand’messede S îint-Mathieu
ont été désagréablement impressionnées, en enten
dant le prédicateur parlant sur le scandale* décla
rer que les écoles laïques devraient écrire sur le
fronton de leurs portes : SodômeetGomorrhe, que
les élèves y vont pour apprendre la corruption et
rapporter chez eux le mauvais exemple et le scan
dale. En présence des faits qui se passent et qui se
sont passés de tous temps dans les écoles congré
ganistes, on se demande comment ces messieurs
osent soulever de pareilles questions. Quand ils
viennent injurier et calomnier une nombreuse ca-
t gorie de fonctionnaires respectables et dévoués,
la plupart pères ou mères de famille, soucieux de
la moralité de leurs élèves, parce qu ils sentent le
resj. e:t qu’on doit à l’enfance, nos fougueux vicai
res ne craignent-ils pas qu’on leur remette sous les
yeux cette longue liste d’histoires malpropres,
dont les tristes héros ne sont pas précisément des
instituteurs laïques.
« Ces violences préméditées, ces calomnies d’au
tant plus coupables qu’elles se produisent dans un
lieu où il est interdit de répondre, et qu’elles tom
bent dans des oreilles généralement trop disposées
à accepter sans contrôle tout ce qui se débite dans
la chaire de vérité, sont profondément regretta
bles à l’heure présente. Ce n’est pas au moment
où les partis extrêmes livrent à la société de si
fui ieux assauts, au moment où les sectaires ne
reculent pas devant les crimes les plus odieux pour
appuyer leurs dangereuses utopies, ce n’est pas à
ce moment qu’il est bon d’entendre les ministres
du culte prêcher la discorde et la haine entre les
citoyens d’une même patrie. Ils sèment le vent, et
seront bien surpris quand ils récolteront la tempête
qui les balayera avec beaucoup d’autres. Ce n’est
pas leur titre de socialistes chrétiens, dont ils se
débarrassent avec un louable empressement depuis
que la marchandise a cessé de plaire, qui les pré;
servera dans les mauvais jours dont la menaçe se
fait entendre de plus en plus furieuse. N’est-il pas
temps que chacun, dans la mesure des ses moyens^
fasse quelque chose pour conjurer le péril, ou tout
au moins pour pouvoir se dire qu’il n est pas res
ponsable du mal qui arrivera. Celui qui aura pu
faire du bien autour de lui, et qui aura négligé de
le faire, portera sa part de responsabilité ; mais
combien plus grande est la faute de ceux qui ayant
charge d’âmes, ne se servent de leur autorité que
pour attiser les passions et exciter les haines au
lieu de s’efforcer de les apaisser. «
Certes nous n’attaquons pas systématiquement
les ministres d’un culte quelconque ; nous estimons
qu’il y a d’honnêtes gens partout et que la liberté
de conscience doit-être absolue. Mais, nous ne
pouvons nous empêcher de relever le gant jeté par
un frocard halluciné, inconscient, nous voulons le
croire pour l’honneur du corps auquel il appar
tient.
Nous ne profiterons pas de l’occasion pour lan
cer à la tête du trop zélé prédicateur quantité de
condamnations encourues par des professeurs con
gréganistes ; nous n’imiterons pas les violences
de langage de M. le vicaire de St-Mathieu, de
Morlaix ; nous lui répondrons seulement par ces
deux sentences populaires que nous livrons à ses
méditations.
Quand on est morveux, on se mouche.
11 ne faut pas parler de corde dans la maison
d’un pendu.
P M.
Le Secrétariat général de la Présidence
Les feuilles officieuses publient l’avis suivant :
« A l’exception du général Rorius, qui a mani
festé le désir de reprendre sou ancien poste de
commandant du génie, le personnel de la maison
militaire de M. Carnot conservera les mêmes
fonctions auprès du nouveau président.
« Ajoutons que M. Casimir-Périer est résolu à
constituer en dehors et au-dessus de ;sa maison
militaire un secrétariat général civil de la prési
dence, à la tête duquel sera placé M. Paul Lafar-
gue, qui fut directeur du Cabinet de M. Casimir-
Périer aux affaires étrangères et au Palais-
Bourbon.
« Dans l’esprit du président de la République
toutes les affaires touchant de près ou de loin à la
politique, devront être traitées au secrétariat
général et la maison militaire n’aura plus à rem
plir qu’un rôle d’apparat et de représentation. »
Il est réellement grand temps d’établir un
secrétariat civil.
Tous les Français rougissaient de voir des
généraux déguisés en larbins. Quelques-uns ont
dû, à cette domesticité, un avancement excep
tionnel. — Leurs camarades ne les en estiment
pas plus pour cela. — Mais, franchement, n'était-
il pas écœurant de voir un Monsieur, porteur
d’épaulettes étoilées, l’épée au côté, passer le
pardessus du président de la République avec
autant de chic que le garçon du grand-seize ?
LE MOYEN DE S’ENRICHIR
Ceci n’est pas seulement une abracadabrante,
une simple phrase lancée en l’air, ni une vulgaire
réclame pour annoncer un nouveau médicament.
Non ! nous avons bel et bien trouvé, au cours
d’une de nos ordinaires flâneries, un moyen nou
veau, pratique et sûr de faire fortune, et nous
allons l’indiquer gratuitement à nos lecteurs.
Oui, gratuitement, — quoique nous pourrions
vendre notre secret un prix fou ou monter une
société en commandite pour son exploitation, —*
mais nos idées socialistes nous interdisent toute
exploitation et nos appointements de rédacteur au
Réveil du Havre nous suffisent amplement pour
mener existence joyeuse, et point n’avons besoin
de nous livrer à un vil mercantilisme pour acheter
notre tabac.
Elles sont rares, n’est-ce pas, de nos jours, les
occasions de s’enrichir ! Aussi, est-ce une bonne
aubaine quand l’une d’elles vient à nous être
révélée !, Combien vont, trimestriellement, le
cœur angoissé, Sacrifier leur deux francs à la
déesse Panama, dans l’espoir qu’elle leur procu
rera le numéro qui doit, au tirage, leur amener les
500,000 fr. dont la vision cauchemarde toutes leurs
nuits. Ici, ce n’est plus d’un demi-million qu’il
s’agit : nous promettons d’avantage et ne deman-
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