Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-12-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 décembre 1893 02 décembre 1893
Description : 1893/12/02 (N121). 1893/12/02 (N121).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263320f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
i* Aaiée — S° 12i — Samedi 2 Décembre ISSU.
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
S* Année — 12 frimaire An 182 — S° Î2L,
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PBIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements G fr. 3 50
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent. la ligne
On traite à Forfait
2»
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15. RUE) CASIKIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU II A VRÉ paraît tous les Samedis
Mg»RIgB8C8KX2ffiBgSg>3agî&3^^gZg4’*g!^&^*^
A KOS AMIS
Ne pouvant, pour l’instant, avoir au Havre un
organe quotidien représentant le parti socialiste
de France, nous conseillons à tous nos lecteurs
d’acheter la Petite République qui, pour cinq
centimes, leur donnera, sur la politique contem
poraine, des renseignements plus complets et plus
impartiaux que les feuilles opportunistes.
Ils pourront y lire chaque jour des articles
signés :
Miller and, Jean Jaurès, J. Guesde, Brousse, Vaillant,
Allemane, Fournière, Marcel Sembat, René Vmani,
Rouanet, Clovis Hugues, Georges Renard, Gérault-
Richard, Henri Brissac, Albert Goullé, etc.
Tous les socialistes auront à cœur de lire et de
répandre ce journal, qui saura tenir haut et ferme le
drapeau des revendications sociales et qui préparera,
espérons-le, la prochaine et définitive victoire.
Au moment où, de la tribune parlementaire,
par l’organe des Earthou et des Deschanel,
s’élèvent des protestations indignées contre le
socialisme, au moment où, au nom de notre
T> U,, n..,;.„ A ■ I-
x tu l i, uwuo uiiucpiciiouo uc iaire uaus ta ville
du Havre d’abord, et dans la Seine-Inférieure
ensuite, une active propagande en faveur de
110 s idées, il importe de préciser, dans une
déclaration sans détours, quel est notre but et
quelles sont nos espérances.
On nous a souvent demandé pourquoi, étant
pour la plupart fils de bourgeois, nous com
battons dans les rangs des socialistes.
Nous répondrons que, faisant partie de
l’infime minorité à laquelle l’instruction supé
rieure est ouverte sans limites, nous avons,
grâce à nos études, acquis la conviction que,
si dans les 10 ou 20 années qui vont s’écouler,
des modifications sérieuses ne sont point
apportées dans les rapports du capital et du
travail, nous sommes destinés à d’abominables
cataclysmes.
Or, en tant que membres de la patrie fran
çaise, nous n'entendons point la voir sombrer
dans des abîmes que dès maintenant nous
pouvons prévoir, et que nous saurons éviter.
Dans l’histoire de tous les temps, dans celle
de tous les pays, nous avons relevé cette loi
constante : que faute de la science des causes
et de celle des remèdes, les tendances aux
transformations d’ordre politique et économi
que se sont toujours manifestées d’une manière
violente.
Il en est résulté que, clans tous les cas con
nus, l’emploi de la force a nui tout ensemble
au mouvement populaire et à ceux contre
lesquels le mouvement était dirigé ; car en cas
d’échec, les violences du début autorisaient
des représailles réactionnaires, et en cas de
succès, la concentration indispensable de la
force dans les mains de quelques hommes,
faisait naître chez ceux-ci l’idée de s’en servir
pour substituer à une tyrannie vaincue une
oppression nouvelle.
Tels sont les dangers qui nous menacent, si
par indifférence ou par intérêt, nous ne récla
mons point avec la dernière énergie des réfor
mes qui s’imposent.
Le mal aigu dont souffre le travailleur en
ce siècle, tient, de l’aveu de tous les auteurs,
à deux causes principales, néfastes par leur
concommitance : le développement rapide du
machinisme et la concentration des capitaux.
Ces deux causes ont deux conséquences
immédiates : la première est la création d’une
armée de prolétaires inemployés jetée sur le
pavé soit par l’outillage perfectionné de l'usine,
soit par l’extension auj ourd’hu i toute puissan e
des grands magasins ; la seconde est l'abais
sement des salaires créés par la concurrence
faite à ceux qui travaillent par les inemployés
qui ont faim, faite au travailleur, au père de
famille, par la femme et l’enfant, chaque
jour plus aptes à un travail que la machine
rend chaque jour plus facile.
Tel est le mai dans sa simplicité terrible 1
Sur quel point doivent porteries remèdes?
Est-ce sur le développement du machinisme?
Non certes, car nous n’avons jamais eu la
pensée d’entraver le mouvement scientifique
du siècle et de proscrire la machine bénie
qui, par son perfectionnement constant, doit
chaque jour diminuer la tâche totale de
l’humanité î
Laissons à un Spuller, laissons aux igno
rants, la conception de pareilles inepties!
C’est donc sur la concentration des capitaux
que doivent porter nos efforts. Pour cette fia,
les moyens abondent; nous ne citerons pour
mémoire que l'impôt progressif sur le revenu,
et la limitation de l’héritage, mesures depuis
longtemps proposées, et qui auraient pour
résultat d’empêcher, en les limitant, les
grandes fortunes d’écraser les petites, et de
supprimer le marchandage éhonté du travail
de l’ouvrier, tout en assurant à l'Etat des
fonds immenses lui permettant le rachat gra
duel du capital social, capital dont l’exploi
tation, débarrassée de concurrence, pourrait
se faire d’une manière plus conforme aux
besoins et aux aptitudes de chacun.
Tout cela peut se faire légalement, sans
secousses, pourvu qu’on prenne dès mainte
nant le soin de limiter la misère par les mesu
res que préconisent depuis de longues années
les Partis ouvriers européens : nous avons
nommé la journée de huit heures, 1 institution
d’un minimum de salaire, et la diminution
aussi considérable que possible du travail de
la femme et de l’enfant, précaution indispen
sable pour l’hygiène de la mère de famille et
pour l’instruction du futur citoyen.
On nous a objecté que ces théories socialis-;
tes, bi -n accueillies par l’ouvrier des villes,
ne seront jamais acceptées par le paysan, car,
grâce au morcellement de la propriété, l’agri
culteur n'aurait aucun des besoins, aucune
des tendances de l’ouvrier.
Nous répondrons que, les mêmes causes
engendrant les mêmes effets, si nous arrivons
à prouver que le paysan est dès maintenant
livré aux deux phénomènes déterminants de
la crise sociale, nous aurons démontré qu’il
aspire aux mêmes remèdes que l’ouvrier des
villes.
Pour le premier de ces phénomènes, le déve
loppement du machinisme, prenons leschiffres
classiques : En 1862, les machines moisson
neuses étaient au nombre de 3,000, en 1882
elles étaient 19,500. En 1840, les machines à
vapeur agricoles atteignaient le chiffre de
2,591, en 1885 on trouve leur nombre porté
à 51,634.
De tels chiffres se passent de commentâmes !
Sur le second point, à savoir la concen
tration des capitaux, nous pouvons répondre,
empruntant nos armes à MM. Foville et Tis
serand, que le paysan ne possède qu’un quart
de la terre de France, les trois autres quarts
appartenant à de gros capitalistes.
La tant fameuse petite propriété rurale n’est
donc qu’une légende, et comme vérité scien
tifique, elle vaut tout le reste de l’arsenal
économique de nos bons amis les opportunistes.
En résumé, le prolétariat, qu’il soit urbain
ou qu’il soit agricole, souffrant partout des
mêmes maux, doit aspirer aux mêmes remèdes.
C’est ce qui nous donne l’assurance de la vic
toire !
Le jour est proche où paysans et ouvriers,
reconnaissant que dans nos rangs se trouve la
vérité scientifique, et chez nos chefs l’honnê
teté parlementaire, s’enrôleront en foule sous
nos drapeaux et marcheront avec nous à la
conquête de la République sociale.
Ce jour-là, suivant l’expression de Marx :
« Le coq gaulois aura chanté ».
M. G,
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
La chute du Ministère. — Comme nous
l’avions laissé pressentir, l’échec subi par Dupuy,
le mardi 21 novembre, devait porter ses fruits.
Dès jeudi, les gouvernementaux, genre Barthou
et Deschanel, profitaient de l’hétérogénéité du Mi
nistère pour poser à tout hasard leurs premiers
jalons d’apprentis ministres. Le président du
Conseil, aveugle comme toujours, ne vit point
dans leurs déclarations les manifestations d’ambi
tions personnelles, il pensa seulement en profiter
pour se débarrasser de ses collègues radicaux.
Dés lors, il voulut, ayant déjà en main les dé
missions de Peytral, de Viette et de Terrier, ob
tenir à la faveur de sa déclaration réactionnaire,
un vote de confiance auquel auraient contribué tout
à la fois la droite, les députés gouvernementaux,
la gahche progressiste, et toutes les voix que la
présence des députés radicaux eût pu arracher à
leurs amis encore fidèles. En un mot, la tactique
machiavélique du gros Dupuy consistait à se créer
une majorité factice grâce à des chefs de clan
dont on se débarrasserait aisément en quelques
heures.
Malheureusement pour le président du Conseil,
l’évènement a trompé ses espérances. Samedi der
nier le bruit de la démission définitive des minis
tres radicaux avait transpiré dans les couloirs, et
Camille Peltëtan venait demander à la tribune
s’il était vrai que la Chambre n’avait plus affaire
depuis la veille qu’à une ombre de ministère, à la
faveur de laquelle ou espérait lui extorquer un
vote.
Les réponses vagues de Dupuy furent sa con
damnation ; tous les partis comprirent soudain
qu’on leur jouait une vaste comédie, et, avec une
unanimité, malheureusement trop rare, protestè
rent contre la tentative frauduleuse dont ils avaient
failli être victime.
De là cette chute lamentable d’un ministère,
chûte inouïe dans les archives du parlementaris
me, et telle que l’on n’en trouve d’exemples, ni
dans l’histoire de notre pays, ni dans celle des
diverses républiques et royaumes constitutionnels
de l’étranger.
Bien des gens ont trouvé singulier que M., Car
not se soit prêté à un acte aussi nettement in
constitutionnel. Pour nous, nous estimons que
cette manœuvre ne dépare aucunement la politi
que réactionnaire, chère au président de la Répu
blique, et dont nous espérons qu’il lui sera tenu
compte lors de la réunion prochaine du Congrès.
Quoi qu’il en soit, de la malhonnêteté bien éta
blie du défunt ministère, nous devons porter à l’actif
de la séance de samedi denïîèr, un discours dont
la forme exquise et l’esprit vraiment républicain
font bien augurer dés prochaines luttes' oratoires
de la nouvelle législatures : nous voulons parler
du discours de M. Goblet.
De cette œuvre vraiment remarquable, qui eût
suffi à elle seule pour exécuter plusieurs Dupuy,
nous ne rappellerons qu’un passage où se trouve
synthétisée l’opinioii de tous les sincères républi
cains sur la constitution dont jouit la France ac
tuelle, opinion qui flétrit hautement la politique
conservatrice des opportunistes.
Voici ces paroles :
« Vous au contraire, vous ne voulez pas de ré
vision constitutionnelle ! Je*ne suis pas né d’hier;
je me souviens dans quelles conditions j’ai voté
la Constitution de 1875, je ne l’aurais pas fait, si
les républicains ne s’étaient pas juré d’en récla
mer immédiatement la révision ! »
Telle est l’opinion d’un vieux parlementaire !
Depuis près de vingt ans, la Révision est impli
citement décidée, et maintenant les opportunistes
prétendent encore en discute^le principe !
La Crise. — La chute du ministère Dupuy de
vait donner à M. Carnot, en même temps que de
sérieux soucis, les plus grandes espérances.
Ce n’est, en effet, un secret pour personne que,
lors du prochain Congrès, la lutte pour l’élection
à la présidence sera circonscrite entre Casimir
Périer et M. Carnot.
On comprend aisément que le chef de l’Etat ait
eu, dès le début de la crise ministérielle, l’idée
d’offrir la présidence du Conseil à son futur com
pétiteur, étant donné ses antécédents politiques,
M; Casimir Périer eût été forcé de soutenir une
politique fort modérée qui lui eût aliéné en peu de
temps une bonne partie de la Chambre, et c’est
cetie opposition à un ministre réactionnaire qui
devait, selon M. Carnot, écarter son concurrent,
provisoirement du moins, de la présidence.
M. Casimir Périer n’a pas donné dans le piège;
à quatre reprises différentes il a refusé de se char
ger de la constitution d’un Cabinet.
Une tentative analogue faite auprès de M. Mé-
line n’a pas eu plus de succès, force a été d’en
revenir au gros Dupuy.
Mais ce dernier a conservé un si mauvais sou
venir de la maîtresse volée de bois vert appliquée
par Jaurès, que malgré son amour de portefeuille
il n’a pas jugé prudent de pi endre directement part
aux affaires.
Ce pauvre M. Carnot semble en ce moment aux
abois ; il consulte au petit bonheur de ses inspi
rations tous les hommes qui, de près ou de loin,
touchent à la politique. A ce point de vue, M.
Faure, l’éternel apprenti ministre, a été des heu
reux de cette semaine ; on se demande vraiment si
le chef de l’Etat n’en arrivera pas à consulter l’of-
fîicier de service au Palais Bourbon !
*
* *
EN EUROPE
Effondrements ministériels. — Un vent
de mort souffle sur tous les ministères. Il y a
quelque temps, la chute du comte Taffe mettait
tout Vienne en émoi. Ce cabinet venait à peine
d'être reconstitué, que subitement, on apprenait
la démission des ministres du roi Humbert. Comme
le Cabinet Dupuy, le Ministère Giolitfci est tombé
avant le vote ; mais tandis que le premier succom
bait sous la honte, le second s’enfoncait dans la
boue.
Nous sommes en présence d’un véritable Pana
ma ; la majorité des hommes politiques actuels de
l'Italie sont débiteurs pour des sommes très con
sidérables, soit de la Banque Nationale, soit de
la Banque Romaine.
De tous côtés des protestations s’élèvent contre
la Royauté. Giliotti et Crispi, les ministres chers
à l’Allemagne, ont été traités de Ladro par la foule
furieuse.
Le seul successeur possible à la présidence du
Conseil semble être M. Zanardelli, le président
actuel de la Chambre.
Malheureusement pour les partisans de la tri-
plice, M. Zanardelli est un ami de la France, du
moins il a déclaré jadis qu'il n’acceptait la triple
alliance qu’à cette seule condition : « c’est que
l’Italie serait le trait d’union entre l’Allemagne et
la France. »
Eu tous eas, si nous en croyons ses amis, il pren
drait une attitude tiès conciliante vis-à-vis de
notre pays.
Nous saluons donc avec plaisir le prochain avè
nement au pouvoir de M. Zanardelli, car il a an
noncé en Italie le triomphe de la cause républi
caine.
En Espagne, la situation ne s’améliore guère.
Le récent attentat de Barcelone joint à la reprise
des hostilités au Maroc, jette un froid sérieux sur
le ministère que l’on accuse d’avoir manqué d’é
nergie. Il est peu probable même que le départ
pour Melilla du général Martinez Campos par
vienne à conjuier la crise.
Au Reichstag, les séances deviennent de plus
en plus orageuses, les relations entre socialistes et
gouvernementaux se tendent de jour en jour. Il est
peu probable que les délibérations puissent se
poursuivre longtemps sans amener la chute de
quelque membre du Conseil. Les ministres de la
guerre et de la marine, à la suite de la dernière
interpellation, seraient particulièrement menacés.
Comme on peut s’en “assurer par cette revue ra
pide l’équilibre ministériel Européen est quelque
peu instable.
*
« *
EN AMÉRIQUE
Si l’on en croit le Time s, l’insurrection Brési
lienne finirait prochainement par la chute du pré*
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
S* Année — 12 frimaire An 182 — S° Î2L,
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PBIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements G fr. 3 50
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent. la ligne
On traite à Forfait
2»
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15. RUE) CASIKIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU II A VRÉ paraît tous les Samedis
Mg»RIgB8C8KX2ffiBgSg>3agî&3^^gZg4’*g!^&^*^
A KOS AMIS
Ne pouvant, pour l’instant, avoir au Havre un
organe quotidien représentant le parti socialiste
de France, nous conseillons à tous nos lecteurs
d’acheter la Petite République qui, pour cinq
centimes, leur donnera, sur la politique contem
poraine, des renseignements plus complets et plus
impartiaux que les feuilles opportunistes.
Ils pourront y lire chaque jour des articles
signés :
Miller and, Jean Jaurès, J. Guesde, Brousse, Vaillant,
Allemane, Fournière, Marcel Sembat, René Vmani,
Rouanet, Clovis Hugues, Georges Renard, Gérault-
Richard, Henri Brissac, Albert Goullé, etc.
Tous les socialistes auront à cœur de lire et de
répandre ce journal, qui saura tenir haut et ferme le
drapeau des revendications sociales et qui préparera,
espérons-le, la prochaine et définitive victoire.
Au moment où, de la tribune parlementaire,
par l’organe des Earthou et des Deschanel,
s’élèvent des protestations indignées contre le
socialisme, au moment où, au nom de notre
T> U,, n..,;.„ A ■ I-
x tu l i, uwuo uiiucpiciiouo uc iaire uaus ta ville
du Havre d’abord, et dans la Seine-Inférieure
ensuite, une active propagande en faveur de
110 s idées, il importe de préciser, dans une
déclaration sans détours, quel est notre but et
quelles sont nos espérances.
On nous a souvent demandé pourquoi, étant
pour la plupart fils de bourgeois, nous com
battons dans les rangs des socialistes.
Nous répondrons que, faisant partie de
l’infime minorité à laquelle l’instruction supé
rieure est ouverte sans limites, nous avons,
grâce à nos études, acquis la conviction que,
si dans les 10 ou 20 années qui vont s’écouler,
des modifications sérieuses ne sont point
apportées dans les rapports du capital et du
travail, nous sommes destinés à d’abominables
cataclysmes.
Or, en tant que membres de la patrie fran
çaise, nous n'entendons point la voir sombrer
dans des abîmes que dès maintenant nous
pouvons prévoir, et que nous saurons éviter.
Dans l’histoire de tous les temps, dans celle
de tous les pays, nous avons relevé cette loi
constante : que faute de la science des causes
et de celle des remèdes, les tendances aux
transformations d’ordre politique et économi
que se sont toujours manifestées d’une manière
violente.
Il en est résulté que, clans tous les cas con
nus, l’emploi de la force a nui tout ensemble
au mouvement populaire et à ceux contre
lesquels le mouvement était dirigé ; car en cas
d’échec, les violences du début autorisaient
des représailles réactionnaires, et en cas de
succès, la concentration indispensable de la
force dans les mains de quelques hommes,
faisait naître chez ceux-ci l’idée de s’en servir
pour substituer à une tyrannie vaincue une
oppression nouvelle.
Tels sont les dangers qui nous menacent, si
par indifférence ou par intérêt, nous ne récla
mons point avec la dernière énergie des réfor
mes qui s’imposent.
Le mal aigu dont souffre le travailleur en
ce siècle, tient, de l’aveu de tous les auteurs,
à deux causes principales, néfastes par leur
concommitance : le développement rapide du
machinisme et la concentration des capitaux.
Ces deux causes ont deux conséquences
immédiates : la première est la création d’une
armée de prolétaires inemployés jetée sur le
pavé soit par l’outillage perfectionné de l'usine,
soit par l’extension auj ourd’hu i toute puissan e
des grands magasins ; la seconde est l'abais
sement des salaires créés par la concurrence
faite à ceux qui travaillent par les inemployés
qui ont faim, faite au travailleur, au père de
famille, par la femme et l’enfant, chaque
jour plus aptes à un travail que la machine
rend chaque jour plus facile.
Tel est le mai dans sa simplicité terrible 1
Sur quel point doivent porteries remèdes?
Est-ce sur le développement du machinisme?
Non certes, car nous n’avons jamais eu la
pensée d’entraver le mouvement scientifique
du siècle et de proscrire la machine bénie
qui, par son perfectionnement constant, doit
chaque jour diminuer la tâche totale de
l’humanité î
Laissons à un Spuller, laissons aux igno
rants, la conception de pareilles inepties!
C’est donc sur la concentration des capitaux
que doivent porter nos efforts. Pour cette fia,
les moyens abondent; nous ne citerons pour
mémoire que l'impôt progressif sur le revenu,
et la limitation de l’héritage, mesures depuis
longtemps proposées, et qui auraient pour
résultat d’empêcher, en les limitant, les
grandes fortunes d’écraser les petites, et de
supprimer le marchandage éhonté du travail
de l’ouvrier, tout en assurant à l'Etat des
fonds immenses lui permettant le rachat gra
duel du capital social, capital dont l’exploi
tation, débarrassée de concurrence, pourrait
se faire d’une manière plus conforme aux
besoins et aux aptitudes de chacun.
Tout cela peut se faire légalement, sans
secousses, pourvu qu’on prenne dès mainte
nant le soin de limiter la misère par les mesu
res que préconisent depuis de longues années
les Partis ouvriers européens : nous avons
nommé la journée de huit heures, 1 institution
d’un minimum de salaire, et la diminution
aussi considérable que possible du travail de
la femme et de l’enfant, précaution indispen
sable pour l’hygiène de la mère de famille et
pour l’instruction du futur citoyen.
On nous a objecté que ces théories socialis-;
tes, bi -n accueillies par l’ouvrier des villes,
ne seront jamais acceptées par le paysan, car,
grâce au morcellement de la propriété, l’agri
culteur n'aurait aucun des besoins, aucune
des tendances de l’ouvrier.
Nous répondrons que, les mêmes causes
engendrant les mêmes effets, si nous arrivons
à prouver que le paysan est dès maintenant
livré aux deux phénomènes déterminants de
la crise sociale, nous aurons démontré qu’il
aspire aux mêmes remèdes que l’ouvrier des
villes.
Pour le premier de ces phénomènes, le déve
loppement du machinisme, prenons leschiffres
classiques : En 1862, les machines moisson
neuses étaient au nombre de 3,000, en 1882
elles étaient 19,500. En 1840, les machines à
vapeur agricoles atteignaient le chiffre de
2,591, en 1885 on trouve leur nombre porté
à 51,634.
De tels chiffres se passent de commentâmes !
Sur le second point, à savoir la concen
tration des capitaux, nous pouvons répondre,
empruntant nos armes à MM. Foville et Tis
serand, que le paysan ne possède qu’un quart
de la terre de France, les trois autres quarts
appartenant à de gros capitalistes.
La tant fameuse petite propriété rurale n’est
donc qu’une légende, et comme vérité scien
tifique, elle vaut tout le reste de l’arsenal
économique de nos bons amis les opportunistes.
En résumé, le prolétariat, qu’il soit urbain
ou qu’il soit agricole, souffrant partout des
mêmes maux, doit aspirer aux mêmes remèdes.
C’est ce qui nous donne l’assurance de la vic
toire !
Le jour est proche où paysans et ouvriers,
reconnaissant que dans nos rangs se trouve la
vérité scientifique, et chez nos chefs l’honnê
teté parlementaire, s’enrôleront en foule sous
nos drapeaux et marcheront avec nous à la
conquête de la République sociale.
Ce jour-là, suivant l’expression de Marx :
« Le coq gaulois aura chanté ».
M. G,
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
La chute du Ministère. — Comme nous
l’avions laissé pressentir, l’échec subi par Dupuy,
le mardi 21 novembre, devait porter ses fruits.
Dès jeudi, les gouvernementaux, genre Barthou
et Deschanel, profitaient de l’hétérogénéité du Mi
nistère pour poser à tout hasard leurs premiers
jalons d’apprentis ministres. Le président du
Conseil, aveugle comme toujours, ne vit point
dans leurs déclarations les manifestations d’ambi
tions personnelles, il pensa seulement en profiter
pour se débarrasser de ses collègues radicaux.
Dés lors, il voulut, ayant déjà en main les dé
missions de Peytral, de Viette et de Terrier, ob
tenir à la faveur de sa déclaration réactionnaire,
un vote de confiance auquel auraient contribué tout
à la fois la droite, les députés gouvernementaux,
la gahche progressiste, et toutes les voix que la
présence des députés radicaux eût pu arracher à
leurs amis encore fidèles. En un mot, la tactique
machiavélique du gros Dupuy consistait à se créer
une majorité factice grâce à des chefs de clan
dont on se débarrasserait aisément en quelques
heures.
Malheureusement pour le président du Conseil,
l’évènement a trompé ses espérances. Samedi der
nier le bruit de la démission définitive des minis
tres radicaux avait transpiré dans les couloirs, et
Camille Peltëtan venait demander à la tribune
s’il était vrai que la Chambre n’avait plus affaire
depuis la veille qu’à une ombre de ministère, à la
faveur de laquelle ou espérait lui extorquer un
vote.
Les réponses vagues de Dupuy furent sa con
damnation ; tous les partis comprirent soudain
qu’on leur jouait une vaste comédie, et, avec une
unanimité, malheureusement trop rare, protestè
rent contre la tentative frauduleuse dont ils avaient
failli être victime.
De là cette chute lamentable d’un ministère,
chûte inouïe dans les archives du parlementaris
me, et telle que l’on n’en trouve d’exemples, ni
dans l’histoire de notre pays, ni dans celle des
diverses républiques et royaumes constitutionnels
de l’étranger.
Bien des gens ont trouvé singulier que M., Car
not se soit prêté à un acte aussi nettement in
constitutionnel. Pour nous, nous estimons que
cette manœuvre ne dépare aucunement la politi
que réactionnaire, chère au président de la Répu
blique, et dont nous espérons qu’il lui sera tenu
compte lors de la réunion prochaine du Congrès.
Quoi qu’il en soit, de la malhonnêteté bien éta
blie du défunt ministère, nous devons porter à l’actif
de la séance de samedi denïîèr, un discours dont
la forme exquise et l’esprit vraiment républicain
font bien augurer dés prochaines luttes' oratoires
de la nouvelle législatures : nous voulons parler
du discours de M. Goblet.
De cette œuvre vraiment remarquable, qui eût
suffi à elle seule pour exécuter plusieurs Dupuy,
nous ne rappellerons qu’un passage où se trouve
synthétisée l’opinioii de tous les sincères républi
cains sur la constitution dont jouit la France ac
tuelle, opinion qui flétrit hautement la politique
conservatrice des opportunistes.
Voici ces paroles :
« Vous au contraire, vous ne voulez pas de ré
vision constitutionnelle ! Je*ne suis pas né d’hier;
je me souviens dans quelles conditions j’ai voté
la Constitution de 1875, je ne l’aurais pas fait, si
les républicains ne s’étaient pas juré d’en récla
mer immédiatement la révision ! »
Telle est l’opinion d’un vieux parlementaire !
Depuis près de vingt ans, la Révision est impli
citement décidée, et maintenant les opportunistes
prétendent encore en discute^le principe !
La Crise. — La chute du ministère Dupuy de
vait donner à M. Carnot, en même temps que de
sérieux soucis, les plus grandes espérances.
Ce n’est, en effet, un secret pour personne que,
lors du prochain Congrès, la lutte pour l’élection
à la présidence sera circonscrite entre Casimir
Périer et M. Carnot.
On comprend aisément que le chef de l’Etat ait
eu, dès le début de la crise ministérielle, l’idée
d’offrir la présidence du Conseil à son futur com
pétiteur, étant donné ses antécédents politiques,
M; Casimir Périer eût été forcé de soutenir une
politique fort modérée qui lui eût aliéné en peu de
temps une bonne partie de la Chambre, et c’est
cetie opposition à un ministre réactionnaire qui
devait, selon M. Carnot, écarter son concurrent,
provisoirement du moins, de la présidence.
M. Casimir Périer n’a pas donné dans le piège;
à quatre reprises différentes il a refusé de se char
ger de la constitution d’un Cabinet.
Une tentative analogue faite auprès de M. Mé-
line n’a pas eu plus de succès, force a été d’en
revenir au gros Dupuy.
Mais ce dernier a conservé un si mauvais sou
venir de la maîtresse volée de bois vert appliquée
par Jaurès, que malgré son amour de portefeuille
il n’a pas jugé prudent de pi endre directement part
aux affaires.
Ce pauvre M. Carnot semble en ce moment aux
abois ; il consulte au petit bonheur de ses inspi
rations tous les hommes qui, de près ou de loin,
touchent à la politique. A ce point de vue, M.
Faure, l’éternel apprenti ministre, a été des heu
reux de cette semaine ; on se demande vraiment si
le chef de l’Etat n’en arrivera pas à consulter l’of-
fîicier de service au Palais Bourbon !
*
* *
EN EUROPE
Effondrements ministériels. — Un vent
de mort souffle sur tous les ministères. Il y a
quelque temps, la chute du comte Taffe mettait
tout Vienne en émoi. Ce cabinet venait à peine
d'être reconstitué, que subitement, on apprenait
la démission des ministres du roi Humbert. Comme
le Cabinet Dupuy, le Ministère Giolitfci est tombé
avant le vote ; mais tandis que le premier succom
bait sous la honte, le second s’enfoncait dans la
boue.
Nous sommes en présence d’un véritable Pana
ma ; la majorité des hommes politiques actuels de
l'Italie sont débiteurs pour des sommes très con
sidérables, soit de la Banque Nationale, soit de
la Banque Romaine.
De tous côtés des protestations s’élèvent contre
la Royauté. Giliotti et Crispi, les ministres chers
à l’Allemagne, ont été traités de Ladro par la foule
furieuse.
Le seul successeur possible à la présidence du
Conseil semble être M. Zanardelli, le président
actuel de la Chambre.
Malheureusement pour les partisans de la tri-
plice, M. Zanardelli est un ami de la France, du
moins il a déclaré jadis qu'il n’acceptait la triple
alliance qu’à cette seule condition : « c’est que
l’Italie serait le trait d’union entre l’Allemagne et
la France. »
Eu tous eas, si nous en croyons ses amis, il pren
drait une attitude tiès conciliante vis-à-vis de
notre pays.
Nous saluons donc avec plaisir le prochain avè
nement au pouvoir de M. Zanardelli, car il a an
noncé en Italie le triomphe de la cause républi
caine.
En Espagne, la situation ne s’améliore guère.
Le récent attentat de Barcelone joint à la reprise
des hostilités au Maroc, jette un froid sérieux sur
le ministère que l’on accuse d’avoir manqué d’é
nergie. Il est peu probable même que le départ
pour Melilla du général Martinez Campos par
vienne à conjuier la crise.
Au Reichstag, les séances deviennent de plus
en plus orageuses, les relations entre socialistes et
gouvernementaux se tendent de jour en jour. Il est
peu probable que les délibérations puissent se
poursuivre longtemps sans amener la chute de
quelque membre du Conseil. Les ministres de la
guerre et de la marine, à la suite de la dernière
interpellation, seraient particulièrement menacés.
Comme on peut s’en “assurer par cette revue ra
pide l’équilibre ministériel Européen est quelque
peu instable.
*
« *
EN AMÉRIQUE
Si l’on en croit le Time s, l’insurrection Brési
lienne finirait prochainement par la chute du pré*
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