Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-07-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 juillet 1893 15 juillet 1893
Description : 1893/07/15 (N90). 1893/07/15 (N90).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263290r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
2 e Année — 21 Messidor An WA
2 e Année — A 0 90 — Samedi 15 Juillet 1S93.
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
A 0 90.
in nïï inrii
iaaasaaBi.^Aiaæa
ORGANE RÉPUBLICAIN
"-' i! =' • ;, ’ i; - ,: ; ;!; T . ■' i i.i! ■ •: |r (i';••:! - • .
UN AN SIX MOIS
Le Hai'ré: 5 fr. 3 fr.
Départements G fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15. RUE CASIMIR-PÉRIER,
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît le Samedi
1 5
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces. 25 cent, la ligne
Réclames..... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
f ME JMNpSION !
Les ralliés triomphent et Monsieur Dupuy
est leur prisonnier, depuis quelques jours.
Après avoir fermé la Bourse du travail,
sous le.futile prétexte de faire respecter la loi,
qui n’étâit pas menacée, M. le président du
Conseil, répondant à l’interpcdlation qui lui
a été adressée dans la séance du 8 juillet der
nier, s’est exprimé ainsi :
« Voici mon dernier mot : les électeurs de
France iront à ceux qui sont, envers et contre
tous, les protecteurs et les défenseurs de la
loi. »
Mais ce queM. Dupuj a omis de dire, c’est
qu’il a plusieurs façons de se montrer le pro
tecteur et le défensèur de la loi, et lorsqu’il
s’agit de barrer la route aux républicains
avancés, il déploie autant de vigueur qu’il
montre dp mansuétude quand le parti cléri
cal relève la tête.
Les événements viennent de le prouver
d’une façon éclatante.
M. Barodet a déposé, samedi dernier, à la
Chambre des députés, le projet de résolution
suivant :
« La Chambre invite le gouvernement à
appliquer les lois aux congrégations reli
gieuses. »
M. Barodet a réclamé, pour sa proposition,
'l’urgence, qui lui a été refusée, par 259 voix
contre 233. -f
Malgré l'insistance de MM. Millerand et;
Piclion, M. le président' du Conseil a lui le
débat et le cabinet n’est sorti victorieux que
grâce à l’appui des droites!
Les cbilïres du scrutin sont intéressants, la
minorité comprend tous les républicains;
dans la majorité, au contraire, nous ne
voyons que 80 républicains environ, parmi
lesquels nos députés Faure et Siegfried, qui,
assurément, font triste figure en compagnie
des réactionnaires les plus militants.
Voilà la majorité de ce hautain président
du Conseil qui a toutes les audaces et produit
à la tribune, l’effet d'un pion infligeant à ses
élèves une privation de sortie ou quelques
centaines de vers latins, et M. Dupuv sait se
contenter de peu, en acceptant de gouverner
avec l’appui des ralliés contre la majorité du
parti républicain.
Les électeurs sauront, espérons-le, se sou
venir de l’attitude de ces républicains qui,
sur une question cléricale, n’ont pas hésité à
se joindre à nos pires ennemis pour faire
échec au parti républicain-progressiste.
Les congrégations exultent, dispersées en
1880, elles se sont reformées et se moquent
de l’autorité.
Elles brisent, au besoin, les scellés apposés
sur les chapelles, et lorsqu’un Conseil muni
cipal proteste, comme l’a fait celui du Havre,
contre la violation de la loi, l’autorité supé
rieure fait la sourde oreille, bien que M.
Dupuy se pose en défenseur de cette même
loi.
La conversion s’opère, M. Dupuy va à
droite, c’est un jeu qui ne lui réussira pas
plus qu’il n’a réussi à Ferry. La majorité des
électeurs n’est pas cléricale et le scrutin pour
le renouvellement de la Chambre le fera voir.
Tant pis pour ceux qui, comme l’universi
taire Dupuy, n’ont de haine que pour le
parti ouvrier, ils seront balayés, dans un
avenir prochain et nous ne songerons pas à
nous apitoyer sur leur sort.
Qui sème le vent, récolte la tempête,, et ses
soi-disant républicains qui font le jeu des
monarchistes devront ne pas l’oublier.
Lorsqu’on 1889, le boulangisme triomphait,
on faisait risette aux répubicains avancés qui
n’ont pas transigé avec le devoir, etont marché
au premier rang, pour la défense de la Répu-
bique ; cette fois encore, ils tiendront haut
et ferme le drapeau de la démocratie, et com
battront impitoyablement les cléricaux et
leurs alliés.
PIC.
. . —« gffi a»— ,
LE 84 JUILL ET
Si la fête du 14 Juillet est la vraie fête du
peuple, puisque c’est l’anniversaire du jour
d’où date son indépendance, c’est aussi celle
dé l’armée française, car c’est le 14 juillet
1789 que, pour la première fois, nos so-ldats
firent cause commune avec la nation, se con
fondirent avec elle. On ne pouvait donc choisir
un meilleur jour pour la grande revue des trou
pes, et plus que jamais les acclamations doi
vent les saluer au passage. Jusqu’en 1789,
l’armée était royale, elle appartenait à la
monarchie : à partir de cette date, elle devint
réellement française ; ce fut, en un mot,
l’armée nationale.
Voilà ce qu’il importe de bien préciser, à
Thon neuf db'la Révolution, dont le souffle
prodigieux transforma tout le sol de la
France.
Ce fut comme une traînée de poudre. De
tous côtés, on apprenait que l’ancienne armée
royale accueillait la Révolution avec enthou
siasme. Dës le premier jour elle se passionna
pour elle.
Toutefois, les chefs résistaient. Alors il n’y
eut plus de discipline. La majeure partie des
officiers nobles essayaient de lutter contre le
courant qui emportait toute la France vers
un régime de justice èt d’égalité. Bientôt ils
furent débordés.
Mais par le fait de leur résistance, le dé
sordre ne tarda pas à être complet et profond.
On en a la preuve par la proposition faite en
1790 par Mirabeau, qui demandait la disso
lution de l’armée pour la reconstituer de
toutes pièces. Cette dissolution, d’ailleurs,
devait se faire d’elle-même, d’abord par la
désertion de la plupart des chefs, et ensuite
par la fédération des anciennes troupes avec
les gardes nationales.
Des comités se formaient dans les régiments,
les soldats et les bas-officiers fraternisaient
avec le peuple, ils signaient des adresses à
l’Assemblée nationale pour demander le rem
placement de leurs chefs hostiles aux princi
pes delà Révolution. Ceux-ci enfin, compri
rent qu’une transformation radicale s’opé
rait. Mais ils n’eurent pas le patriotisme de
faire le sacrifice de leur grade, et ils allèrent
porter leur épée à l’étranger.
Cette émigration en masse montra, d’une
manière éclatante, le déplorable esprit dont
étaient animés les chefs militaires. Ils étaient
pour le roi contre le peuple. Ils étaient dé
voués à la monarchie, non à la France.
Quand Dumouriez arriva à Sedan, il con
stata la disparition de tous les généraux de
division, dé tous les maréchaux-de-camp, sauf
trois, de tous les colonels d'état-major.
De la base au sommet, l’armée régulière
était donc, à la veille de Valmy, profondé
ment désorganisée, et, sauf les uniformes, elle
ne gardait presque plus rien de l’ancienne
armée.
C’est alors que le cri de : « La Patrie est
en danger ! » courut à travers la France. 11
y eut une commotion merveilleuse. Du sein
même de la nation sortit l’armée nouvelle.
Partout, des régiments se formaient, refusant
de prêter d’autre serment que celui d’être
fidèles à la nation. Les volontaire de l’Ailier
s’écriaient : « La liberté, Légalité, la fra
ternité, voilà les seuls noms qui puissent
entrer ckns nos serments. »
Je le répète : l’armée nationale était dès
lors créée.
Le soldat de la République, enfant de la
nation, embrasse comme une religion nouvelle
l’amour de la liberté, de Légalité, de la patrie.
Il a la foi, presque le fanatisme du croyant.
Il ne doute pas de la victoire, et dès les
premières batailles, il montre que son âme
contient d’inépuisables trésors d’énergie.
Voilà ce qui ressort de l’Histoire. L’armée
nationale est sortie du mouvement politique
de 1789, de l’élan patriotique de 1792.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Le 14 Juillet. — C’est la première fois, de
puis que le 14 juillet est devenu la fcts légale de
la République, que les journaux de Paris aient con
seillé à leurs lecteurs de s’abstenir de pavoiser
et d’illuminer.
Cela veut dire que si le gouvernement veut sa
voir comment est apprécié sa politique par l’opi
nion si républicaine de la capitale, il n’avait qu’à
parcourir les rues, en regardant aux fenêtres, car
ce sont aux fenêtres que les opinions s’affichent et
s’affirment.
Et hier, la population parisienne manifestait
par son abstention, non seulement la tristesse que
lui causent les incidents navrants de ces derniers
jours, mais le mécontentement et l’inquiétude mar
qués que lui fait ressentir la politique vacillante,
obscure et louche du gouvernement. Paris, on peut
le dire, n’a plus-confiance aux hommes qui détien
nent le pouvoir.
Et peut-il en être autrement. Après avoir vu les
brutalités, les provocations, les désordres organi
sés par la police, il a vu la Chambre et le gouver
nement rompre ouvertement avec les gauches et
marcher avec les droites.
La démission spontanée de M. Peytral lui fit
soupçonner que le gouvernement venait de passer
à l’ennemi ; mais le retrait de sa démission l’a
singulièrement surpris, comme elle a surpris toute
la France, au point qu’il a fallu pour la lui faire
comprendre, lui promettre un débat prochain, sur
l’application de la loi sur les congrégations. Et
cette discussion, le gouvernement semble la fuir,
loin de la provoquer, il paraît désireux de l’esca
moter.
Et pendant ce temps là, on applique, dans toute
leur rigueur, les lois aux travailleurs, et on ne les
applique pas aux congrégations non autorisées.
Il faut donc que les républicains démocrates
ainsi que les socialistes, qui sont restés respec
tueux des grands principes de 1789, qui ont pro
clamé la liberté, Légalité sous l’égide de la frater
nité, se serrent les rangs aux élections prochaines,
pour résister aux hommes qui cherchent à faire
assaut à la République.
★
¥ ¥
Le Budget et les réformes. — La Cham
bre a réussi à voter le Budget de 1894 dans le
court espace de temps dont elle disposait ; mais
elle n’est arrivée à ce résultat qu’en jetant à la
mer, comme un lest trop pesant, les réformes
démocratiques dont elle s’occupait depuis de longs
mois.
Les réformes de l’impôt des portes et fenêtres ét
de la contribution personnelle mobilière, ainsi que
le dégrèvement des boissons hygiéniques,: sont
ajournées jusqu’à la législature prochaine.; et les
députés ne pourront se prévaloir devant le Suf
frage universel que d’une impuissante bonne vo
lonté.
On se serait bien mis d’accord sur la suppression
d’impôts que chacun reconnaît injustes ; car quoi
de plus inique que de faire payer l’air, la lumière,
le soleil entrant dans un modeste logement ; et
quoi de plus fâcheux que de chercher une res
source financière dans les boissons hygiéniques
du peuple ?
Seulement,il ne suffit pas de dégrever parce que
les dépenses publiques exigent des recettes corres
pondantes ; et.c’est en cherchant des taxes com
pensant celles qui allaient être supprimées que
l’accord n’a pu se faire, ni une majorité se consti
tuer.
Ou s’est heurté à des intérêts privés et égoïstes,
dont la coalition n’a pas permis d’aboutir ; et
après avoir entendu des discussions éloquentes, la
Chambre a reculé au moment décisif.
. A la veille- des élections générales, les députés
ne sont plus que des candidats préoccupés avant
tout de ne pas déplaire dans leur arrondissement,
ils ne se sentent pas maîtres de leur propre opi
nion, et votent uniquement en vue des passions
locales de leur circonscription.
Sans nier ce que la Chambre a fait d’utile, par
exemple la suppression du Budget extraordinaire
de la Guerre, le pays ne peut se dissimuler qu’après
lui avoir donné beaucoup d’espérances, on est ar
rivé à ne rien réaliser.'
Le dégrèvement des boissons hygiéniques, qui
échoue en vue du port, était demandé par la na
tion.-Il est fâcheux d’avoir à se rappeler l’histoire
du barbier qui devait raser gratis le lendemain,
un lendemain sans cesse remis.
Il faut espérer que les électins donneront une
Chambre capable d’accomplir, enfin, ce que la
la République doit au peuple c’est-à-dire les mo
difications budgétaires,dégrevant sérieusement les
déshérités de la fortune et cherchant l’argent là
où il est, chez les possesseurs de la richesse.
*
¥ ¥
Le nouveau préfet de police. — M. Lé-
pine, le nouveau successeur de M. Lozé, a pris
possession de son poste hier soir, puis a reçu les
chefs de service, ainsi que les représentants de la
presse. A ces derniers, il a déclaré qu’il était résolu
à faire de nombreuses réformes. Aux officiers de
paix il leur recommandera, dans le cas d’émeute
et de troubles, de se mettre à la tête de leurs
hommes, lorsque ceux-ci chargeront. De cette fa
çon, il espère éviter les actes de brutalité sem
blables à ceux qui ont été commis, ces jours der
niers.
Dans les brigades centrales, il compte aussi
faire de sérieux remaniements.
Il faut croire que M. Lépine s’attendait, depuis
longtemps, à occuper le poste de préfet de police,
puisque, d’après son aveu, depuis deux ans il étu
die la question.
:k
¥ ¥
Mort d’un Député. — M. Le Veillé, député
de Limoges est mort avant-hier, à Trouville.
Mme Le Veillé, qui se trouvait au chevet de son
mari, a été aussitôt prise d’une crise nerveuse.
Dans son désespoir, elle a saisi un revolver et
s’en est tiré un coup dans la tète.
On désespère de la sauver.
Ce tragique événement, aussitôt connu, a causé
une profonde impression parmi la population.
Comment un Cardinal peut avoir le nés cassé
Le fait authentique que je vais vous raconter
vient de se produire à Longueville, dans l’arron
dissement de Dieppe.
M. Thomas avait fait son entrée dans la loca
lité, non pas monté sur un âne, mais dans un fort
beau carrosse traîné par deux vigoureux chevaux.
2 e Année — A 0 90 — Samedi 15 Juillet 1S93.
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
A 0 90.
in nïï inrii
iaaasaaBi.^Aiaæa
ORGANE RÉPUBLICAIN
"-' i! =' • ;, ’ i; - ,: ; ;!; T . ■' i i.i! ■ •: |r (i';••:! - • .
UN AN SIX MOIS
Le Hai'ré: 5 fr. 3 fr.
Départements G fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15. RUE CASIMIR-PÉRIER,
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît le Samedi
1 5
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces. 25 cent, la ligne
Réclames..... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
f ME JMNpSION !
Les ralliés triomphent et Monsieur Dupuy
est leur prisonnier, depuis quelques jours.
Après avoir fermé la Bourse du travail,
sous le.futile prétexte de faire respecter la loi,
qui n’étâit pas menacée, M. le président du
Conseil, répondant à l’interpcdlation qui lui
a été adressée dans la séance du 8 juillet der
nier, s’est exprimé ainsi :
« Voici mon dernier mot : les électeurs de
France iront à ceux qui sont, envers et contre
tous, les protecteurs et les défenseurs de la
loi. »
Mais ce queM. Dupuj a omis de dire, c’est
qu’il a plusieurs façons de se montrer le pro
tecteur et le défensèur de la loi, et lorsqu’il
s’agit de barrer la route aux républicains
avancés, il déploie autant de vigueur qu’il
montre dp mansuétude quand le parti cléri
cal relève la tête.
Les événements viennent de le prouver
d’une façon éclatante.
M. Barodet a déposé, samedi dernier, à la
Chambre des députés, le projet de résolution
suivant :
« La Chambre invite le gouvernement à
appliquer les lois aux congrégations reli
gieuses. »
M. Barodet a réclamé, pour sa proposition,
'l’urgence, qui lui a été refusée, par 259 voix
contre 233. -f
Malgré l'insistance de MM. Millerand et;
Piclion, M. le président' du Conseil a lui le
débat et le cabinet n’est sorti victorieux que
grâce à l’appui des droites!
Les cbilïres du scrutin sont intéressants, la
minorité comprend tous les républicains;
dans la majorité, au contraire, nous ne
voyons que 80 républicains environ, parmi
lesquels nos députés Faure et Siegfried, qui,
assurément, font triste figure en compagnie
des réactionnaires les plus militants.
Voilà la majorité de ce hautain président
du Conseil qui a toutes les audaces et produit
à la tribune, l’effet d'un pion infligeant à ses
élèves une privation de sortie ou quelques
centaines de vers latins, et M. Dupuv sait se
contenter de peu, en acceptant de gouverner
avec l’appui des ralliés contre la majorité du
parti républicain.
Les électeurs sauront, espérons-le, se sou
venir de l’attitude de ces républicains qui,
sur une question cléricale, n’ont pas hésité à
se joindre à nos pires ennemis pour faire
échec au parti républicain-progressiste.
Les congrégations exultent, dispersées en
1880, elles se sont reformées et se moquent
de l’autorité.
Elles brisent, au besoin, les scellés apposés
sur les chapelles, et lorsqu’un Conseil muni
cipal proteste, comme l’a fait celui du Havre,
contre la violation de la loi, l’autorité supé
rieure fait la sourde oreille, bien que M.
Dupuy se pose en défenseur de cette même
loi.
La conversion s’opère, M. Dupuy va à
droite, c’est un jeu qui ne lui réussira pas
plus qu’il n’a réussi à Ferry. La majorité des
électeurs n’est pas cléricale et le scrutin pour
le renouvellement de la Chambre le fera voir.
Tant pis pour ceux qui, comme l’universi
taire Dupuy, n’ont de haine que pour le
parti ouvrier, ils seront balayés, dans un
avenir prochain et nous ne songerons pas à
nous apitoyer sur leur sort.
Qui sème le vent, récolte la tempête,, et ses
soi-disant républicains qui font le jeu des
monarchistes devront ne pas l’oublier.
Lorsqu’on 1889, le boulangisme triomphait,
on faisait risette aux répubicains avancés qui
n’ont pas transigé avec le devoir, etont marché
au premier rang, pour la défense de la Répu-
bique ; cette fois encore, ils tiendront haut
et ferme le drapeau de la démocratie, et com
battront impitoyablement les cléricaux et
leurs alliés.
PIC.
. . —« gffi a»— ,
LE 84 JUILL ET
Si la fête du 14 Juillet est la vraie fête du
peuple, puisque c’est l’anniversaire du jour
d’où date son indépendance, c’est aussi celle
dé l’armée française, car c’est le 14 juillet
1789 que, pour la première fois, nos so-ldats
firent cause commune avec la nation, se con
fondirent avec elle. On ne pouvait donc choisir
un meilleur jour pour la grande revue des trou
pes, et plus que jamais les acclamations doi
vent les saluer au passage. Jusqu’en 1789,
l’armée était royale, elle appartenait à la
monarchie : à partir de cette date, elle devint
réellement française ; ce fut, en un mot,
l’armée nationale.
Voilà ce qu’il importe de bien préciser, à
Thon neuf db'la Révolution, dont le souffle
prodigieux transforma tout le sol de la
France.
Ce fut comme une traînée de poudre. De
tous côtés, on apprenait que l’ancienne armée
royale accueillait la Révolution avec enthou
siasme. Dës le premier jour elle se passionna
pour elle.
Toutefois, les chefs résistaient. Alors il n’y
eut plus de discipline. La majeure partie des
officiers nobles essayaient de lutter contre le
courant qui emportait toute la France vers
un régime de justice èt d’égalité. Bientôt ils
furent débordés.
Mais par le fait de leur résistance, le dé
sordre ne tarda pas à être complet et profond.
On en a la preuve par la proposition faite en
1790 par Mirabeau, qui demandait la disso
lution de l’armée pour la reconstituer de
toutes pièces. Cette dissolution, d’ailleurs,
devait se faire d’elle-même, d’abord par la
désertion de la plupart des chefs, et ensuite
par la fédération des anciennes troupes avec
les gardes nationales.
Des comités se formaient dans les régiments,
les soldats et les bas-officiers fraternisaient
avec le peuple, ils signaient des adresses à
l’Assemblée nationale pour demander le rem
placement de leurs chefs hostiles aux princi
pes delà Révolution. Ceux-ci enfin, compri
rent qu’une transformation radicale s’opé
rait. Mais ils n’eurent pas le patriotisme de
faire le sacrifice de leur grade, et ils allèrent
porter leur épée à l’étranger.
Cette émigration en masse montra, d’une
manière éclatante, le déplorable esprit dont
étaient animés les chefs militaires. Ils étaient
pour le roi contre le peuple. Ils étaient dé
voués à la monarchie, non à la France.
Quand Dumouriez arriva à Sedan, il con
stata la disparition de tous les généraux de
division, dé tous les maréchaux-de-camp, sauf
trois, de tous les colonels d'état-major.
De la base au sommet, l’armée régulière
était donc, à la veille de Valmy, profondé
ment désorganisée, et, sauf les uniformes, elle
ne gardait presque plus rien de l’ancienne
armée.
C’est alors que le cri de : « La Patrie est
en danger ! » courut à travers la France. 11
y eut une commotion merveilleuse. Du sein
même de la nation sortit l’armée nouvelle.
Partout, des régiments se formaient, refusant
de prêter d’autre serment que celui d’être
fidèles à la nation. Les volontaire de l’Ailier
s’écriaient : « La liberté, Légalité, la fra
ternité, voilà les seuls noms qui puissent
entrer ckns nos serments. »
Je le répète : l’armée nationale était dès
lors créée.
Le soldat de la République, enfant de la
nation, embrasse comme une religion nouvelle
l’amour de la liberté, de Légalité, de la patrie.
Il a la foi, presque le fanatisme du croyant.
Il ne doute pas de la victoire, et dès les
premières batailles, il montre que son âme
contient d’inépuisables trésors d’énergie.
Voilà ce qui ressort de l’Histoire. L’armée
nationale est sortie du mouvement politique
de 1789, de l’élan patriotique de 1792.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Le 14 Juillet. — C’est la première fois, de
puis que le 14 juillet est devenu la fcts légale de
la République, que les journaux de Paris aient con
seillé à leurs lecteurs de s’abstenir de pavoiser
et d’illuminer.
Cela veut dire que si le gouvernement veut sa
voir comment est apprécié sa politique par l’opi
nion si républicaine de la capitale, il n’avait qu’à
parcourir les rues, en regardant aux fenêtres, car
ce sont aux fenêtres que les opinions s’affichent et
s’affirment.
Et hier, la population parisienne manifestait
par son abstention, non seulement la tristesse que
lui causent les incidents navrants de ces derniers
jours, mais le mécontentement et l’inquiétude mar
qués que lui fait ressentir la politique vacillante,
obscure et louche du gouvernement. Paris, on peut
le dire, n’a plus-confiance aux hommes qui détien
nent le pouvoir.
Et peut-il en être autrement. Après avoir vu les
brutalités, les provocations, les désordres organi
sés par la police, il a vu la Chambre et le gouver
nement rompre ouvertement avec les gauches et
marcher avec les droites.
La démission spontanée de M. Peytral lui fit
soupçonner que le gouvernement venait de passer
à l’ennemi ; mais le retrait de sa démission l’a
singulièrement surpris, comme elle a surpris toute
la France, au point qu’il a fallu pour la lui faire
comprendre, lui promettre un débat prochain, sur
l’application de la loi sur les congrégations. Et
cette discussion, le gouvernement semble la fuir,
loin de la provoquer, il paraît désireux de l’esca
moter.
Et pendant ce temps là, on applique, dans toute
leur rigueur, les lois aux travailleurs, et on ne les
applique pas aux congrégations non autorisées.
Il faut donc que les républicains démocrates
ainsi que les socialistes, qui sont restés respec
tueux des grands principes de 1789, qui ont pro
clamé la liberté, Légalité sous l’égide de la frater
nité, se serrent les rangs aux élections prochaines,
pour résister aux hommes qui cherchent à faire
assaut à la République.
★
¥ ¥
Le Budget et les réformes. — La Cham
bre a réussi à voter le Budget de 1894 dans le
court espace de temps dont elle disposait ; mais
elle n’est arrivée à ce résultat qu’en jetant à la
mer, comme un lest trop pesant, les réformes
démocratiques dont elle s’occupait depuis de longs
mois.
Les réformes de l’impôt des portes et fenêtres ét
de la contribution personnelle mobilière, ainsi que
le dégrèvement des boissons hygiéniques,: sont
ajournées jusqu’à la législature prochaine.; et les
députés ne pourront se prévaloir devant le Suf
frage universel que d’une impuissante bonne vo
lonté.
On se serait bien mis d’accord sur la suppression
d’impôts que chacun reconnaît injustes ; car quoi
de plus inique que de faire payer l’air, la lumière,
le soleil entrant dans un modeste logement ; et
quoi de plus fâcheux que de chercher une res
source financière dans les boissons hygiéniques
du peuple ?
Seulement,il ne suffit pas de dégrever parce que
les dépenses publiques exigent des recettes corres
pondantes ; et.c’est en cherchant des taxes com
pensant celles qui allaient être supprimées que
l’accord n’a pu se faire, ni une majorité se consti
tuer.
Ou s’est heurté à des intérêts privés et égoïstes,
dont la coalition n’a pas permis d’aboutir ; et
après avoir entendu des discussions éloquentes, la
Chambre a reculé au moment décisif.
. A la veille- des élections générales, les députés
ne sont plus que des candidats préoccupés avant
tout de ne pas déplaire dans leur arrondissement,
ils ne se sentent pas maîtres de leur propre opi
nion, et votent uniquement en vue des passions
locales de leur circonscription.
Sans nier ce que la Chambre a fait d’utile, par
exemple la suppression du Budget extraordinaire
de la Guerre, le pays ne peut se dissimuler qu’après
lui avoir donné beaucoup d’espérances, on est ar
rivé à ne rien réaliser.'
Le dégrèvement des boissons hygiéniques, qui
échoue en vue du port, était demandé par la na
tion.-Il est fâcheux d’avoir à se rappeler l’histoire
du barbier qui devait raser gratis le lendemain,
un lendemain sans cesse remis.
Il faut espérer que les électins donneront une
Chambre capable d’accomplir, enfin, ce que la
la République doit au peuple c’est-à-dire les mo
difications budgétaires,dégrevant sérieusement les
déshérités de la fortune et cherchant l’argent là
où il est, chez les possesseurs de la richesse.
*
¥ ¥
Le nouveau préfet de police. — M. Lé-
pine, le nouveau successeur de M. Lozé, a pris
possession de son poste hier soir, puis a reçu les
chefs de service, ainsi que les représentants de la
presse. A ces derniers, il a déclaré qu’il était résolu
à faire de nombreuses réformes. Aux officiers de
paix il leur recommandera, dans le cas d’émeute
et de troubles, de se mettre à la tête de leurs
hommes, lorsque ceux-ci chargeront. De cette fa
çon, il espère éviter les actes de brutalité sem
blables à ceux qui ont été commis, ces jours der
niers.
Dans les brigades centrales, il compte aussi
faire de sérieux remaniements.
Il faut croire que M. Lépine s’attendait, depuis
longtemps, à occuper le poste de préfet de police,
puisque, d’après son aveu, depuis deux ans il étu
die la question.
:k
¥ ¥
Mort d’un Député. — M. Le Veillé, député
de Limoges est mort avant-hier, à Trouville.
Mme Le Veillé, qui se trouvait au chevet de son
mari, a été aussitôt prise d’une crise nerveuse.
Dans son désespoir, elle a saisi un revolver et
s’en est tiré un coup dans la tète.
On désespère de la sauver.
Ce tragique événement, aussitôt connu, a causé
une profonde impression parmi la population.
Comment un Cardinal peut avoir le nés cassé
Le fait authentique que je vais vous raconter
vient de se produire à Longueville, dans l’arron
dissement de Dieppe.
M. Thomas avait fait son entrée dans la loca
lité, non pas monté sur un âne, mais dans un fort
beau carrosse traîné par deux vigoureux chevaux.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.72%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.72%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263290r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263290r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263290r/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263290r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263290r
Facebook
Twitter