Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-12-21
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 décembre 1914 21 décembre 1914
Description : 1914/12/21 (A34,N12188). 1914/12/21 (A34,N12188).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172348r
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2020
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Le Petit Havre
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Sur le Front, an Nord et à l’Est
LES OPERATIONS
de la Semaine
La vie dans les tranchées, les canonna-
des, les actions de détail, en un mot toutes
^ les péripéties un peu monotones de la
guerre de siège, — ont continué pendant
toute cette semaine. Cependant, de l’ensem-
ble des informations de sources diverses et
qui se contrôlent entre elles, on a bien
l’impression d’un mouvement en avant des
Alliés sur toute ligne.
En tout cas, cette offensive est générale,
depuis mardi dernier, entre la mer et la
Lys.
Le mardi 15 décembre, les Alliés concen-
traient un feu d’artillerie des plus violents
sur les positions allemandes de Lombaert-
zyde, en avant de Nieuport. D’une part, la
flotte anglo-française tirait à toute volée,
et d’autre, part les batteries françaises pla-
cées en deçà de Nieu port, à l’Ouest et au
Sud, faisaient rage. Lié bombardemént dura
cinq heures, et toute cette grosse artillerie
écrasa les tranchées et les positions fôrti-
K fiéesde l’ennemi.
* Puis ce fut une attaque de l’infanterie
par trois chaussées différentes, et durant
laquelle se signalèrent brillamment nos fu-
siliers-marins. L’escadre, cependant, en-
voyait dans le chenal de l’Yser des bateaux
plats, munis de mitrailleuses, — et le soir
nous étions maîtres de Lombaertzyde et de
Saint-Georges.
Le lendemain, des contre-attaques s’étant
produites, les ennemis furent repoussés à
Saint-Georges. Et leur artillerie, qui s’était
avisée de bombarder Ramseapelle, fut
bientôt réduite au silence.
Nouvelles offensives des Allemands dans
les journées de jeudi, de vendredi et de sa-
medi. Elles ont échoué. Et-nous' avons
avancé : au Nord-Est dé Nieuport, à l’Est
et au Sud d’Ypres ; devant La Bassée, nous
avons enlevé Àulchy. De Vermelles nous
avons marché sur Loos; à mi-chemin de
Lens et nous l’avons enlevé ; enfin, déhnn-
k chant d’Arras dans la direction de Douai,
"bous nous sommes emparés de Saint-Lau-
rent-Blangy, avantage des plus estimables.
Ainsi, de La Bassée à Arras, nous venons
de réaliser un gain qui va de deux à cinq
kilomètres.
La situation, en toute celte région du
Nord, est donc très satisfaisante. Et cette
constatation nous doit être d’autant plus
précieuse que certaines dépêches, venues
d’Amsterdam, auraient pu nous faire re-
douter, un instant, quelque nouvel et im-
portant effort des Allemands. N’est-ce donc
pas, en fin de compte, que l’ennemi a été
obligé de faire des prélèvements d’effectifs,
pour les transporter sur d’autres points, ce
qui les contraindrait, pour le moment, à la
défensive ?
Plus au Sud, nous constaterons des pro-
grès incontestés à Orvillers-Laboisselle, à
Mametz et à Maricourt, entre Albert et Pé-
ronne, tout le long de la ligne qui réunit
ces deux villes, entre Bapaume et la Som-
me.
Bref, depuis la mer jusqu’à la Somme,
nous avons sensiblement gagné depuis huit
jours.*
Par ailleurs, au Nord de l’Aisne, au
village de Soupir, qui se trouve entre
Soissons et Berry-au-Bac, si nous avons eu
avec l’artillerie ennemie un duel violent
qui n’a pas- semblé décisif. — nous avons,
dans cette même région, détruit un impor-
tant ouvrage aux abords du village d’Ailles,
à flanc de coteau, entre le chemin des
Dames et la rivière de Ja Lette, à quelques
kilomètres à l’Ouest de Craonne,
Ainsi nous arrivons à déloger lentement,
mais obstinément, nos ennemis du massif
compris entre l’Oise et l’Aisne, point d’ap-
pui de leur résistance depuis notre victoire
de la Marne,
| En Argonne et en Wcevre, il y eut aussi
des canonnades violentes et, pour nous, des
avances de divers côtés, notamment d’ans
. le bois de Mortemarc, — le tout souligné
A par le tir très efficace de notre artillerie
Vlourde qui, décidément, continue à domi-
ner de façon incontestable celle de l’en-
nemi, aussi bien en Argonne que dans
l’Oise et sur tout le front.
Mardi dernier, on signalait que, la veille,
les Allemands avaient bombardé la gare de
Commercy ; et le lendemain mercredi,
qu’ils avaient renouvelé leur exploit sur la
gare de Saint-Léonard, station de chemin
de fer sur la ligne Lunéville-Sàint-Diè, à
onze kilomètres au Sud de cette dernière
ville.
Or, il semble bien que, si le bombarde-
ment de Commercy ne (ut rien autre chose
qu’une nouvelle manifestation bruyante et
imbécile de lu brutalité germanique, l’atta-
que contre Saint-Léonard se rattache à la
résistance obstinée que l’ennemi nous
oppose dans la région des Vosges, au Nord
du col de Sninte-Marie-anx-Mines, Mais, de
cette résistance, nous aurons raison. Et
tout ce qui se passe en Ilaute-Alsace, nous
doit donner pleine confiance.
|f Sur ce dernier point, la situation se ré-
sume ainsi : De Yhann, nous avons avancé
à l?Est, vers Ceimv, ou les Allemands, qui
mous avaient attaqués mardi, ont été re-
poussés avec pertes. Et de cette même ville
de Thann, vers le Sud-Est, nous avons mar-
ché par Anspach sur Altkirch où nous som-
mes presque arrivés. Une activité des plus
significatives s’est donc manifestée sur ce
point. Nous avons dit comment nous som-
mes les maîtres de tous les cols, de tous
les versants, de tous les débouchés des
Vosges, et comment nous y sommes ferme-
ment établis. Les éventualités prochaines,
de ce côté, nous inspirent ainsi la plus
entière confiance.
De même aussi sur tout le front.
Succès notables et avance sérieuse de la
mer du Nord à la Somme ; heureux com-
bats et enlèvement de haute lutte de tran-
chées allemandes sur le centre du front ;
offensive en Alsace et qui inquiète sérieu-
sement l’ennemi, enfin, partout, maîtrise
absolue de notre artillerie et silence sou-
vent imposé à l’artillerie lourde allemande,
qui dès l’abord semblait si redoutable, —
voilà le bilan de la semaine.
N’est-il pas encourageant? Et, pour le
moment souhaité et attendu, n’est-il pas
plein de promesses ?
Tu. VALLÉE.
Pour les Réfugiés Belges
Paris, 20 décembre.
Durant toute la journée, sur les boule-
vards, dans les rues, à la porte des églises,
aux sorties du métropolitain des dames et
des jeunes filles vendirent aux passants et
aux promeneurs de petits drapeaux belges
au profit des réfugiés d- Belgique.
Des quêtes furent faites dans le même ob-
jet durant les matinées données par les théâ-
tres subventionnés et à l’ancien séminaire
de Saint-Sulpice où les réfugiés donnaient
nnè matinée qui avait ‘été organisée par
l’OEuvre des Secours de guerre. M. Barrés y
fit un disconrs.
La municipalité de Paris a reçu à l’Hôtel
de Ville M. Carton de Wiart, ministre de la
justice de Belgique ; MM. Vivïani, Briand,
Dalcassé, Pichon, le baron Guillaume, le
préfet de la Seine, le préfet de police, les
sénateurs et les députés de la Seine, les
membres des Conseils général et municipal
assistaient à cette cérémonie.
MM. Mitbouard, Delauney, Laurent, Che-
rest prirent la paroie et adressèrent l’hom-
mage de leur admiration anx snnvftrair.a
belg«s. Iis exprimèrent la ferveur de leur
confiance en la résurrection de la Belgique
dont le peuple, courageux dans la guerre,
redeviendra le peuple actif, industrieux
qn’il fut toujours.
M. Carton de Wiart, répondant à ce dis-
cours, remercia, au nom de son gouverne-
ment et au nom de la Belgique tout entière;
les ministres, le préfet de la Seine, le préfet
de police, les présidents da Conseil générai
et du Conseil municipal de leur accueil.
« Nous avons, dit-il, l’ambition commune
d’être des honnêtes gens, le3 esclaves de
leurs paroles et de leur signature. »
Il rappelle le langage tenn par l’Allemagne
à la Belgique le 2 août. « Ne pas résister,
était manquer à notre devoir. Aucun Belge
n’y songea. Malgré les horreurs de la guerre,
qui, parmi les victimes, voudrait changer sa
misère contre les profits du bandit. Nous
vîmes naître dans les Universités allemandes
une politique nouvelle : ie nationalisme
prussien niant ce qni entrave, accaparant ce
qui tente, écrasant, pervertissant, corrom-
pant, terrorisant les âmes et les corps.
» Dans son pédantisme, ii décida que les
petits Etats, sous son ’ institution militaire et
méprisable, étaient destinés à être absorbés
par les grands. La République française
s’oppose à cette théorie, aussi toute nation
voulant vivre sait où abriter sa confiance.
D’un côté, la force qui fait droit ; de l’autre
côté, c’est le droit et l’union dans ie droit qui
fait ia force. »
Ii fait Ahistorique du drapeau belge et ter-
mine ainsi : « En août il 88 jeta à la fron-
tière devant le parjure et les envahisseurs.
A lui revient le mérite d’avoir brisé le pre-
mier élan des barbares; demain nos beffrois,
veufs de leurs couleurs, feront leur retour.
A la même heure nous acclamerons l’Aisace-
Lorraine redevenue française et la nonvelle
Pologne ressuscitée, et dans l’Europe assai-
nie Tes petits Etats s’épaneniront sans in-
quiétude dans les frontières que leur assi-
gnent leurs légitimes espérances. »
A plusieurs reprises les applaudissements
forcèrent M. Carton de Wiart à interrompre
sotr disconrs, lorsqu’il fit allusion au retour
de l’Alsace-Lorraine à la France et lorsqu’il
dit : « Nul ne voudrait changer sa misère
contre les profits du bandit ».
La réception terminée, les ministres bel-
ges se rendirent à i’Hôtel-Dien, où M. Mesu-
reur leur fit visiter l’hôpital aménagé par ia
ville de Paris pour les blessés beiges.
Pour les Jeunes Belges
Paris, 20 décembre.
Les jeunes Belges réfugiés à Paris ont as-
sisté, an Bazar de ia Charité de la rne Pierre-
Charron; à la fête de l’Arbre do Noël organi-
sée sous ie patronage des enfants du roi des
Belges.
La princesse Marie-Louise, nièce du roi
Albert, assistait à cette tête.
Avant de quitter la salie, les entants si-
gnèrent une adresse envoyant leurs voeux
respectueux aux enfants royaux.
DANS LIS AMBASSADES
Londres, 20 décembre.
. Sur la demande du gouvernement anglais,
M. Francis Bertie, ambassadeur à Paris, a
accepté de conserver ses fonctions qu’il de-
vait quitter à la fin de l'année.
Rome, 20 décembre.
Von Bülow, ministre d’Allemagne, a pré-
senté dans la matinée sës lettres de créance.
LES MENSONGES ALLIMANDS
Paris, 20 décembre.
Une communication allemande disant que
l’ennemi a avancé dans l’Argonne et a pris
quatre mitrailleuses françaises est entière-
ment dénuée de fonde meut-
LA GUERRE
139» JOURNEE
COMMUNIQUÉS OFFICIELS
Paris, 20 décembre, 15 heures.
Do la mer à la Lys, nous avons ga-
gné un peu de terrain en avant de
Nieuport et de Saint-Georges. A l’Est
et au Sud d’Ypres, où l'ennemi ren-
force ses organisations défensives,
combats d’artillerie. Nous avons pro-
gressé légèrement.
De la Lys à l’Oise, les forces alliées
se sont emparées d’une partie des
tranchées de première ligne alleman-
des sur le front Richebourg-1’Avoué,
Givenchy-lès-La-Bassée.
Au Sud-Est d’Albert, une tranchée
que nous avions enlevée le 17, près
de Maricourt, et perdue le 18, fut re-
prise hier.
- Dansera TëglOn de Lihons, les Alle-
mands ont attaqué par deux fois très
violemment pour reprendre les tren-
chées que nous avions conquises, le
18. Ils furent repoussés.
De l’Oise à l’Argonne, la supériorité
de notre artillerie s’est manifestée
par l’interruption du tir de nos adver-
saires, la destruction des abris de
mitrailleuses et des observatoires, et
la dispersion d’un rassemblement.
En Argonne, au bois de la Grurie,
nous avons repoussé trois attaques,
deux sur Fontaine-Madame et une à
Saint-Hubert.
Entre l’Argonne et les Vosges, au-
cun incident saillant.
Paris, 23 heures.
Sur l’ensemble du front, aucune mo-
dification n’oafc signalée.
Official Report of the
French Government
Dec. 20th -3 p. m.
We gained some ground in front of Nieu-
port and Saint-Georges.
East and south of Ypres.where theenemy
reinforced his défensive organizations, ar-
tillery exchanges took place; weprogressed
slightly.
From the Lys to the Oise, the allies hâve
taken some of the first line trenches of the
foe on the front of Richebourg-L’Avoué-Ci-
menchy-La Bassée.
South east of Albert, we hâve retaken
the trench lost on the 18th ; we had taken
this trench on the 17th near Maricourt.
In the région of Lihons, the foe made two
violent attacks against the trenches which
we took on the 18 h ; these attacks were
repelled.
From the Oise to the Argonne to superio-
rity of our artillery has been marked by
the interruption of the foe’s tiring the
destruction of the shelthers for the Maxim
guns and observation station and the scotte-
ring of the enemy’s gathering.
In the Argonne, we repelled three attacks
directed, two against Fontaine-Madame and
OITC ogxiïnat &aint-II«Jbcrrt.
Beiween the Argonne and the Vosges.no
incident of importance.
COMMUNIQUES RUSSES
Petrograd, 18 décembre.
Communiqué du grand état-major :
Sur la rive gauche de la Vistule, une
accalmie à peu près complète a remplacé,
sur presque tout le front, les attaques que
l’ennemi prononçait depuis plusieurs jours,
et que nous avons toutes repoussées.
Comme conséquence du mouvement de
nos troupes vers la rivière Bzoura, et étant
donné le renforcement toujours croissant
des forces autrichiennes dans les Carpa-
thes, nous avons dû modifier le déploie-
ment de certaines de nos armées. Nous
avons entravé, hier, la défensive de l’enne-
mi dansria Galicie occidentale.
Nous marquons avec succès des opéra-
tions d’offensive sur le front Bamk-Lysko.
Nous y avons fait 3,000 prisonniers et pris
plusieurs canons et mitrailleuses.
Petrograd, 20 décembre '(officiel).
Dans le Caucase, rien d’important.
Un communiqué du ministère de la ma-
rine, dit que le croiseur Askold est arrivé à
Port-Saïd.
Le commandant rapporte qu’au cours
d’une reconnaissance sur les côtes de Syrie,
il a capturé dans le port de Haïffa, un na-
vire allemand qu’il a fait conduire à Port-
Saïd, sous le commandement d’un officier
russe.
A Beyrouth, VAskold a fait sauter un
navire turc et en a coulé un autre.
En six endroits du littoral syrien, le croi-
seur a envoyé un canot reconnaître la
côie.
LA BATAILLE DI ROLLERS
Paris, 20 décembre.
La nouvelle de la prise de Roulers en Bel-
gique par les Alliés, que certains journaux
ont annoncée dans la matinée, est prématu-
rée. Un télégramme de Hollande, parvenu
dans la journée, annonce seulement que ia
bataille fait rage entre Ronlers et Ypres.
L’es-Ehêdive et le nouveau
Le Caire, 20 décembre.
Le snltan Heissein Kemal est entré solen-
nellement au Palais Abdein an milieu des
acclamations d’ane foule immense.
Amsterdam, 20 décembre.
Oa télégraphie de Vienne que l’ex-khédive
a en un entretien avecM. Berchtold et l’am-
bassadeur d’Allemagne à Vienne.
U VICTOIRE SERBE
Rome, 20 décembre.
Suivant le Corners delta Sera, au cours de
la bataille qui eut lien devant Belgrade,
60,000 Autrichiens ont été tués ou blessés et
80,000 ont été faits prisonniers.
129 canons, 29 mortiers, 50 mitrailleuses,
362 wagons de munitions, 2,700 chevaux,
3 musiques militaires et 32 affûts furent pris
à l’ennemi par les Serbes,
Après l’évacuation de Belgrade, les trou-
pes victorieuses ont trouvé dans la ville
quatre drapeaux, 150 mitrailleuses, 1,200
chevaux, 150 wagons de vivres et 180,000 fa-
siis.
L’ENTREVUE DES TROIS ROIS
Stockholm, 20 décembre.
A la suite du départ des rois de Danemark
et de Norvège, une note a été communiquée,
faisant ressortir là volonté nnanime des trois
Etats de garder la neutralité, afin de sauve-
garder les intérêts communs.
Les Hussards de la Mort
Au cours d’un récent combat dans la ré-
gion de Lodz, un régiment de hussards de
la mort de la garde prussienne a été attiré
dans une embuscade par des dragons
russes.
Sur 3,000 cavaliers prussiens, cinquante
hommes seulement et nn officier ont
échappé à l’anéantissement et ont été laits
prisonniers, Ges cavaliers refusent tonte
nourriture, n’acceptant que du biscuit avec
du café,-
Une Déclaration de
fl. 6esraes M
Nous avons dit que M. Georges Weill, dé-
puté de Metz au Reichstag, était engagé dans
l’armée française. Voici en quels termes il a
annoncé lai-même cette nonvelle :
 mes amis à'Alsace-Lorrains
Depuis le début de la guerre, j’ai laissé
répandre snr mon compte, dans la presse
allemande, sans protester et sans démentir,
les nouvelles les pins variées. Je devais à
mes vieux parents restés à Strasbourg ce
silence complet, et j’ai préféré les laisser
eux-mêmes dans l’ignorance que d8 les ex-
poser à la rancune de ceux qui sont encore
les maîtres là-bas.
Maintenant qu’ils sont en sécurité, j’ai re-
conquis la liberté de parler.
Je me suis engagé le 5 août dans l’armée
française.
Alsaciens et Lorrains, nous avons essayé,
pendant la dure période de domination
étrangère, de subordonner notre droit et nos
espérances an souci suprême de la paix, et
nous luttions pour obtenir, dans la paix, nn
régime qni nous eût permis de conserver à
notre pays sa personnalité et son caractère
national.
Cette résignation voulue et réfléchie, nous
ne la regrettons pas. C’est grâce à elle que
nous pouvons avoir conscience, ainsi qne
tous les autres Français, de n’avoir rien né-
gligé pour que la guerre fût évitée. Notre
force morale, dans la crise présente, n’en est
qne plus grande.
Mais l'ennemi nous a délivrés lni-mème
des réserves que nous dictait notre préoeen'-
patibn de la paix. Hier encore, tandis que
nous subissions tonte sa puissance,il refusait
de reconnaître nos pins modestes revendica-
tions ; il allait, dans sa folie orgueilleuse et
aveagle, jusqu’à nier l’existence de la ques-
tion d’Alsace-Lorraine.
Maintenant, il l’a posée, dans toute son
ampienr t
Par la guerre qu’il a voulue et imposée à
l’Europe, il nous a rendu, en même temps,
toute notre liberté de pensée et d’action. 11
n’y a plus de réserve à nos espérances ët à
notre volonté patriotique !
Nous allons rentrer dans le cadre de la
Nation françaisfeà laquelle nous appartenons
par notre histoire et par nos traditions. Le
droit des. peuples violé il y a quarante-qua-
tre ans sera intégralement rétabli.
En m’engageant dans l’armée de la Répu-
blique, en poursuivant ainsi la lutte contre
l’Allemagne militarisée et prussianisée, op-
presseur de la liberté de tous les peuples,
j’ai conscience d’avoir bien rempli mon
mandat de député socialiste et de député
d’Alsace-Lorraine.
Georges WEILL,
Ancien député de Mets au Reichstag.
LA
ni RlfWÉÉt
DES CHUMES
C’est demain que s’ouvre, en vertu d’un
décret. la session extraordinaire des Cham-
bres. Quoique devant être d’une très courte
durée cette session marquera d’une manière
particulière dans notre histoire parlemen-
taire à raison des circonstances tragiques an
milieu desquelles elle va se passer.
Selon toutes probabilités les Chambres sié-
geront an pins trois jours.
Les Discours présidentiels
La première séance sera inaugnrée dans
chaque Assemblée par un discours du prési-
dent consacré à l’oraison funèbre des mem-
bres décédés durant l’intersession. Il y en a
quatorze à la Chambre et dix an Sénat; mais
un hommage plus particulier sera rendu anx
membres mobilisés qni ont été tnés à l’en-
nemi, à savoir : MM. Pierre Goujon. Nortier
et Proust pour la Chambre et M. Reymond
pour le Sénat. Il est à présumer qu’à cette
occasion les deux présidents, MM. Paul Des-
cnanei et Antonin Dffbost, voudront, au
cours de lears allocations, adresser à nos
soldats, au nom de leurs Assemblées respec-
tjves, un témoignage d’admiration et de gra-
titude pour Fhéroirame dont - ris" font preuve
depuis bientôt cinq mois et exprimer Ta
confiance du Parlement et du pays dans ie
succès final de nos armes.
La Déclaration ministérielle
Dans cette déclaration le gouvernement
doit exposer la situation de la France au tri-
oie point de vue militaire, diplomatique et
financier. Un passage sera consacré à réfuter
le récent discours du chancelier allemand
Sur les origines de la guerre et à rappeler
que c’est l’Allemagne et son athée qui ont
seules assumé la responsabilité de la lutte
qui se déroule aujourd’hui en Europe.
Les Projets du Gouvernement
C’est mardi qu’aura lieu le dépôt des pro-
jets de loi dont le gouvernement demandera
le vote. Ces projets sont an nombre d’une
soixantaine environ ; ils se partagent en deux
catégories très distinctes.
Dans la première figurent les projets d’or-
dre législatif proprement dit ; à savoir :
Le projet de loi sur i’onverîure de six dou-
zièmes provisoires, qne nos lecteurs con-
naissent. -
Lo projrt de loi suspendant jusqu’à Ta " fin
des hostilités les élections des divers ordres
et prorogeant les pouvoirs des sénateurs
soumis au renouvellement.
Un projet de loi modifiant les conditions de
la naturalisation.
La seconde catégorie comprend le pins
grand nombre de projets de lois ; ceux-ci
sont tous destinés à faire donner la ratifica-
tion parlementaire à des décrets rendus par
le gouvernement, en l’absence des Cham-
bres, dans l’intérêt de la défense nationale,
ou pour remédier aux conséquences excep-
tionnelles de l’état de gnerre.
Le Vote des Projets de Lois
Le ministre des finances ayant pris là sage
précaution de communiquer officieusement
aux Commissions budgétaires des deux
Chambres ie projet de loi snr les douzièmes
provisoires, les rapporteurs généraux ont
pu se mettre au travail sans retard. M. Mé-
tin sera en mesure de déposer son rapport
mardi ; celui-ci sera imprimé le mercredi
nàatip à l'Officiel, et dans l’après-midi du
même jour ia Chambre en votera les con-
clusions. Il faudra ensnite aller demander le
vote du Sénat qui !e rendra le lendemain
pendant que la Chambre votera à son tour
le projet sur les élections que les sénateurs
auront préalablement adopté. Ces délais
ponrront, d’ailleurs, être abrégés, et la ses-
sion réduite peut-être à deux séances.
On considère comme certain qne dans
chaqne Chambre ii n’y aura aacune discus-
sion et que les votes auront lien à l’nnani-
mité. Tons les représentants voudront, com-
me dans l’iaoubliabie séance du 4 août der-
nier, faire une manifestation nnanime
d’union patriotique en face de - l’ennemi.
Pas da Comité secret
Le bruit s’était répandu nn instant que
certains membres songeaient à demander à
la Chambre de délibérer en Comité secret
durant une séance ou une partie de séance
afin de pouvoir demander des explications
confidentielles sur certaines questions et de
permettre au gouvernement de donner ces
explications.
L’articfe 5 de la loi constitutionnelle du 16
juillet 1875 porte, eu effet, que « chaque
Chambre peut se former en Comité secret
sur la demande d’un certain nombre de ses
membres fixé par le règlement ».
Et le règlement intérieur de la Chambre
fixe à vingt ie nombre des membres néces-
saires ponr ia validité de la demande.
Depuis quarante ans qu’existe la Constitu-
tion qui nous régit, jamais aacune des deux
Chambres n’a eu recours au comité secret.
En l’état présent, le gouvernement a don-
né anx Commissions compétentes, durant
ces jours derniers, tous les renseignements
confidentiels qui ont pu lui être demandés.
D’antre part, dans les commentaires écrits
ou oraux des projets de-lois, ainsi qu’en té-
moigne l’exposé des motifs dn projet de
douzièmes provisoires, il a fourni publique-
ment les explications plus complètes.
La Déclaration Ministérielle
Paris, 20 décembre.
Il semble se confirmer que ce sera seule-
ment jeudi au moment de (a clôture da la
session extraordinaire que ie gouvernement
lira la déclaration ministérielle anx Cham-
bres. Mardi, les Chambres n’entendront donc
seulement que les allocutions des présidents.
Une certaine opposition est signalée contre
la réunion de la Chambre entière en Com-
mission du budget, pour entendre l’explica-
tion du gouvernement concernant la ques-
tion ne touchant pas directement les opéra-
tions militaires. Beaucoup de députés préfé-
reraient l’audilion du gouvernement paries
groupes parlementaires déjà en fonctions.Le
gouvernement délibérera en Conseil à ce
sujet. Il est probable que le Parlement ge
rangera 4 cette manière de voir.
EXPLOITS D’ARTILLERIE
Autour dlc Reims
On note dans les régions de Reims el
d’Eperpay, en ce moment, un sentiment
d’excellente confiance, «Ot nn correspondant
dn Times à la date dn 15 décembre. Ce n’est
pas qu’il y ait eu un grand changement dm)
la situation, puisque les Allemands, qui res-
tent accroches sur les hauteurs, autour de
Reims, envoient encore, de temps en temps,
d’énormes obus au milieu des ruines de
cette malheureuse cité. Maigre cela, le trou-
pier français montre un esurif alerte qni
n’échappe pas à tin observateur attentif.
Maintenant qn’il a montre qu’il pouvait ré-
primer son élan natnrel et se livrer à nne
gnerre d’attente tout aussi bien que le stu-
pide allemand, on commence à se deman-
der si cette contrainte volontaire n’est pas
arrivée à sa limite.
Les listes des pertes journalières eh tnés
on blessés ne sont que d’une vingtaine
d’hommes, ce qui est parfait en comparai on
avec les antres zones de combats, mais on
ne fait pa« d'omelettes sans casser des oe ifs,
et il paraît que nous enregistrerons bientôt
Une 'sérieuse avance.
_ Tons tes engagements depuis quelque
temps sont favorables aux troupes françû-
ses. La principale raison de cette situation
est l'efficacité de l’artillerie. Le nouveau ca-
non français de gros calibre, qui est l’inter-
madtoirc ontro-to-finneTix 7U et Je ftimailho,
est maintenant mis en action. Le nombre de
ces batteries s’accroît chaque jour et produit
des effets de dévastatation étonnants. Les ar-
tilleurs français se sont vite familiarisés
avec les petites particnlarités de ce canon
poor lequel ils montrent un véritable en-
thousiasme. Ses éclats, au ras dn soi, sont
foudroyants.
Ou cite un exemple de ces explosions i'an-
tastiqnesoù douze Allemands furent fauchés
par les jambes, comme des épis. A celui qui
fut le moins atteint, il ne resta qu’une jam-
be. Ii est pénible d’avoir à donner de pareils
détails, mais les Allemands n’ont qu’à s’en
prendre à eux. et lorsqu’on contemple les
ruines de Reims, ou que l’on songe aux
"trocités commises, on sent son coeur se
garnir d’une cuirasse d’acier qui ne laissa
percer aucune compassion.
Mais le principal succès de l’artillerie fran-
çaise est d’avoir regagné le Nord-Ouest de
Reira3. Des batteries allemandes ont été ré-
duites au silence, ou détruites, à Vendrësse,
Craonne, Juvincourt, Ciaonnelle, Ailles, Ami-
fontaine et Loivne.
Le succès remporté par la canonnade des
positions allemandes autour de Juvincourt
er fTAmiTontaine est surtout a noter. Jus-
qu’ici la majorité de c s engagements ont été
des duels d’arlillerie, mais ils ont été parfois
suivis d’offensive de l’infanterie qui nous
ont permis d’eniever quelques tranchées al-
lemandes. Si nous pouvons continuer à do-
miner l’artillerie allemande, la capture de
leurs tranchées deviendra une tâche fa-
cile.
Il y a' quelques jours un silence inaccon-
tnmé des batteries allemandes fit se deman-
der aux habitants de Reims si l’ennemi ne
battait pas en retraite du côté de Rethel.
Dès le lever du jour, des aviateurs français
furent envoyés en reconnaissance. S’ils ne
virent pas ce qu’était devenue l’artillerie al-
lemande, ils purent du moins se rendre
compte qne l’infanterie n’avait pas bougé de
ses tranchées. Leurs co-onnes étaient con-
centrées, comme d’habitude, au nord de
Saint-Hilaire-le-Petit. Ancun mouvement de
troupe ne s’effectuait pour évacuer la ligne
de ia Soipps. Un escadron fut envoyé de
Cormontreuil pour taire une reconnaissan-
ce dans la direction de Beru, mais il ne dé-
couvrit rien.
Soudain, vers dix heures dn matin, des
obus commencèrent à pleuvoir sur Sillery,
forçant les troupes françaises qui occupaient
cet endroit à abandonner leurs retranche-
ments. On s’aperçut alors que les Allemands
avaient réussi, pendant ia nuit, à déplacer
leurs batteries de 15 kilomètres an Sud-Est
de leurs positions précédentes.
Des aviateurs français furent aussitôt en-
voyés pour découvrir la nouvelle position
de ces canons, mais chaqne fois qu’ils ap-
prochèrent les pièces demeuraient silencieu-
ses, tandis qne les avions étaient accueillit
par des mitrailleuses.
Connaissant l’efficacité des reconnaissan-
ces aériennes françaises les Allemands pren-
nent toutes les peines du monde poor les
déjouer. Non seulement leurs tranchées,
mais leurs magasins, leurs dépôts et leurs
batteries sont cachés avec le plus grand
soin. D’après l’aveu d’un soldat allemand,
ils vont même jusqu’à taire survoler leurs
lignes par un de leurs aviateurs qui a pour
mission de se rendre compte si quelque
chose peut être visible pour les aviateurs
français. Si leur dissimulation reste à dési-
rer, aussitôt de nouvelles branches d’arbres,
de nouveaux'troncs sont apportés, jusqu’à
ce que lotit soit absolument, hors de vue.
On comprend donc qoe, parfois, les avia-
teurs français ne parviennent pas à décou-
vrir leurs canons.
Ce tnt le cas, lorsque les Français dnrent
se replier à Sillery. Le commandant français
demanda alors deux volontaires ponr se
porter en avant afin de découvrir l’emplace-
ment des canons allemands. Deux maré-
chaux de logis se présentèrent. On les mu-
nit d'un téléphone portatif, avec lequel ils
rampèrent sur les lignes en déroulant le fii.
Ils avaient comme objectif une ferme aban-
donnée qu’ils atteignirent nne heure ap ès.
Ils réussirent à grimper sur le toit et à se
rendre compte de la position, des batteries
allemandes. Après quelques coups d’essai,
les canons français trouvèrent la portée
exacte. Bientôt une pièce allemande tut mise
hors d'usage et tous ses servants massacrés.
Se voyant découverts, les artilleurs ennemis
résolurent d’avancer avec les canons qni
leur restaient.
Ils sortirent dn bois où ils se cachaient et
vinrent ee poster dans la ferme où les deux
Français les épiaient. Leurs canons arrivè-
rent à trente mètres des deux maréchaux
des logis. Cenx-ci indiquèrent froidement à
lenr commandant tous les mouvements de
l’ennemi, et refusèrent de se retirer. Au
moment où les batteries allemandes allaient
tirer de nouveau, ie commandant, qui tenait
tonjonrs le récepteur, entendit ces mots :
« Ils sont en place. Allez, vous pouvez tirer.
Tirez sur nous, mon commandant. Ça ns
fait rien. Mais tirez donc ! »
Les deux braves furent pris an mot. Uns
salve de canons français envoya une prêts
d’obus sur ia ferme, détruisant rhihitai'oa
et ensevelissant ies deux héros ql les enne-
mis dft&s uns ruine commune.
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Sur le Front, an Nord et à l’Est
LES OPERATIONS
de la Semaine
La vie dans les tranchées, les canonna-
des, les actions de détail, en un mot toutes
^ les péripéties un peu monotones de la
guerre de siège, — ont continué pendant
toute cette semaine. Cependant, de l’ensem-
ble des informations de sources diverses et
qui se contrôlent entre elles, on a bien
l’impression d’un mouvement en avant des
Alliés sur toute ligne.
En tout cas, cette offensive est générale,
depuis mardi dernier, entre la mer et la
Lys.
Le mardi 15 décembre, les Alliés concen-
traient un feu d’artillerie des plus violents
sur les positions allemandes de Lombaert-
zyde, en avant de Nieuport. D’une part, la
flotte anglo-française tirait à toute volée,
et d’autre, part les batteries françaises pla-
cées en deçà de Nieu port, à l’Ouest et au
Sud, faisaient rage. Lié bombardemént dura
cinq heures, et toute cette grosse artillerie
écrasa les tranchées et les positions fôrti-
K fiéesde l’ennemi.
* Puis ce fut une attaque de l’infanterie
par trois chaussées différentes, et durant
laquelle se signalèrent brillamment nos fu-
siliers-marins. L’escadre, cependant, en-
voyait dans le chenal de l’Yser des bateaux
plats, munis de mitrailleuses, — et le soir
nous étions maîtres de Lombaertzyde et de
Saint-Georges.
Le lendemain, des contre-attaques s’étant
produites, les ennemis furent repoussés à
Saint-Georges. Et leur artillerie, qui s’était
avisée de bombarder Ramseapelle, fut
bientôt réduite au silence.
Nouvelles offensives des Allemands dans
les journées de jeudi, de vendredi et de sa-
medi. Elles ont échoué. Et-nous' avons
avancé : au Nord-Est dé Nieuport, à l’Est
et au Sud d’Ypres ; devant La Bassée, nous
avons enlevé Àulchy. De Vermelles nous
avons marché sur Loos; à mi-chemin de
Lens et nous l’avons enlevé ; enfin, déhnn-
k chant d’Arras dans la direction de Douai,
"bous nous sommes emparés de Saint-Lau-
rent-Blangy, avantage des plus estimables.
Ainsi, de La Bassée à Arras, nous venons
de réaliser un gain qui va de deux à cinq
kilomètres.
La situation, en toute celte région du
Nord, est donc très satisfaisante. Et cette
constatation nous doit être d’autant plus
précieuse que certaines dépêches, venues
d’Amsterdam, auraient pu nous faire re-
douter, un instant, quelque nouvel et im-
portant effort des Allemands. N’est-ce donc
pas, en fin de compte, que l’ennemi a été
obligé de faire des prélèvements d’effectifs,
pour les transporter sur d’autres points, ce
qui les contraindrait, pour le moment, à la
défensive ?
Plus au Sud, nous constaterons des pro-
grès incontestés à Orvillers-Laboisselle, à
Mametz et à Maricourt, entre Albert et Pé-
ronne, tout le long de la ligne qui réunit
ces deux villes, entre Bapaume et la Som-
me.
Bref, depuis la mer jusqu’à la Somme,
nous avons sensiblement gagné depuis huit
jours.*
Par ailleurs, au Nord de l’Aisne, au
village de Soupir, qui se trouve entre
Soissons et Berry-au-Bac, si nous avons eu
avec l’artillerie ennemie un duel violent
qui n’a pas- semblé décisif. — nous avons,
dans cette même région, détruit un impor-
tant ouvrage aux abords du village d’Ailles,
à flanc de coteau, entre le chemin des
Dames et la rivière de Ja Lette, à quelques
kilomètres à l’Ouest de Craonne,
Ainsi nous arrivons à déloger lentement,
mais obstinément, nos ennemis du massif
compris entre l’Oise et l’Aisne, point d’ap-
pui de leur résistance depuis notre victoire
de la Marne,
| En Argonne et en Wcevre, il y eut aussi
des canonnades violentes et, pour nous, des
avances de divers côtés, notamment d’ans
. le bois de Mortemarc, — le tout souligné
A par le tir très efficace de notre artillerie
Vlourde qui, décidément, continue à domi-
ner de façon incontestable celle de l’en-
nemi, aussi bien en Argonne que dans
l’Oise et sur tout le front.
Mardi dernier, on signalait que, la veille,
les Allemands avaient bombardé la gare de
Commercy ; et le lendemain mercredi,
qu’ils avaient renouvelé leur exploit sur la
gare de Saint-Léonard, station de chemin
de fer sur la ligne Lunéville-Sàint-Diè, à
onze kilomètres au Sud de cette dernière
ville.
Or, il semble bien que, si le bombarde-
ment de Commercy ne (ut rien autre chose
qu’une nouvelle manifestation bruyante et
imbécile de lu brutalité germanique, l’atta-
que contre Saint-Léonard se rattache à la
résistance obstinée que l’ennemi nous
oppose dans la région des Vosges, au Nord
du col de Sninte-Marie-anx-Mines, Mais, de
cette résistance, nous aurons raison. Et
tout ce qui se passe en Ilaute-Alsace, nous
doit donner pleine confiance.
|f Sur ce dernier point, la situation se ré-
sume ainsi : De Yhann, nous avons avancé
à l?Est, vers Ceimv, ou les Allemands, qui
mous avaient attaqués mardi, ont été re-
poussés avec pertes. Et de cette même ville
de Thann, vers le Sud-Est, nous avons mar-
ché par Anspach sur Altkirch où nous som-
mes presque arrivés. Une activité des plus
significatives s’est donc manifestée sur ce
point. Nous avons dit comment nous som-
mes les maîtres de tous les cols, de tous
les versants, de tous les débouchés des
Vosges, et comment nous y sommes ferme-
ment établis. Les éventualités prochaines,
de ce côté, nous inspirent ainsi la plus
entière confiance.
De même aussi sur tout le front.
Succès notables et avance sérieuse de la
mer du Nord à la Somme ; heureux com-
bats et enlèvement de haute lutte de tran-
chées allemandes sur le centre du front ;
offensive en Alsace et qui inquiète sérieu-
sement l’ennemi, enfin, partout, maîtrise
absolue de notre artillerie et silence sou-
vent imposé à l’artillerie lourde allemande,
qui dès l’abord semblait si redoutable, —
voilà le bilan de la semaine.
N’est-il pas encourageant? Et, pour le
moment souhaité et attendu, n’est-il pas
plein de promesses ?
Tu. VALLÉE.
Pour les Réfugiés Belges
Paris, 20 décembre.
Durant toute la journée, sur les boule-
vards, dans les rues, à la porte des églises,
aux sorties du métropolitain des dames et
des jeunes filles vendirent aux passants et
aux promeneurs de petits drapeaux belges
au profit des réfugiés d- Belgique.
Des quêtes furent faites dans le même ob-
jet durant les matinées données par les théâ-
tres subventionnés et à l’ancien séminaire
de Saint-Sulpice où les réfugiés donnaient
nnè matinée qui avait ‘été organisée par
l’OEuvre des Secours de guerre. M. Barrés y
fit un disconrs.
La municipalité de Paris a reçu à l’Hôtel
de Ville M. Carton de Wiart, ministre de la
justice de Belgique ; MM. Vivïani, Briand,
Dalcassé, Pichon, le baron Guillaume, le
préfet de la Seine, le préfet de police, les
sénateurs et les députés de la Seine, les
membres des Conseils général et municipal
assistaient à cette cérémonie.
MM. Mitbouard, Delauney, Laurent, Che-
rest prirent la paroie et adressèrent l’hom-
mage de leur admiration anx snnvftrair.a
belg«s. Iis exprimèrent la ferveur de leur
confiance en la résurrection de la Belgique
dont le peuple, courageux dans la guerre,
redeviendra le peuple actif, industrieux
qn’il fut toujours.
M. Carton de Wiart, répondant à ce dis-
cours, remercia, au nom de son gouverne-
ment et au nom de la Belgique tout entière;
les ministres, le préfet de la Seine, le préfet
de police, les présidents da Conseil générai
et du Conseil municipal de leur accueil.
« Nous avons, dit-il, l’ambition commune
d’être des honnêtes gens, le3 esclaves de
leurs paroles et de leur signature. »
Il rappelle le langage tenn par l’Allemagne
à la Belgique le 2 août. « Ne pas résister,
était manquer à notre devoir. Aucun Belge
n’y songea. Malgré les horreurs de la guerre,
qui, parmi les victimes, voudrait changer sa
misère contre les profits du bandit. Nous
vîmes naître dans les Universités allemandes
une politique nouvelle : ie nationalisme
prussien niant ce qni entrave, accaparant ce
qui tente, écrasant, pervertissant, corrom-
pant, terrorisant les âmes et les corps.
» Dans son pédantisme, ii décida que les
petits Etats, sous son ’ institution militaire et
méprisable, étaient destinés à être absorbés
par les grands. La République française
s’oppose à cette théorie, aussi toute nation
voulant vivre sait où abriter sa confiance.
D’un côté, la force qui fait droit ; de l’autre
côté, c’est le droit et l’union dans ie droit qui
fait ia force. »
Ii fait Ahistorique du drapeau belge et ter-
mine ainsi : « En août il 88 jeta à la fron-
tière devant le parjure et les envahisseurs.
A lui revient le mérite d’avoir brisé le pre-
mier élan des barbares; demain nos beffrois,
veufs de leurs couleurs, feront leur retour.
A la même heure nous acclamerons l’Aisace-
Lorraine redevenue française et la nonvelle
Pologne ressuscitée, et dans l’Europe assai-
nie Tes petits Etats s’épaneniront sans in-
quiétude dans les frontières que leur assi-
gnent leurs légitimes espérances. »
A plusieurs reprises les applaudissements
forcèrent M. Carton de Wiart à interrompre
sotr disconrs, lorsqu’il fit allusion au retour
de l’Alsace-Lorraine à la France et lorsqu’il
dit : « Nul ne voudrait changer sa misère
contre les profits du bandit ».
La réception terminée, les ministres bel-
ges se rendirent à i’Hôtel-Dien, où M. Mesu-
reur leur fit visiter l’hôpital aménagé par ia
ville de Paris pour les blessés beiges.
Pour les Jeunes Belges
Paris, 20 décembre.
Les jeunes Belges réfugiés à Paris ont as-
sisté, an Bazar de ia Charité de la rne Pierre-
Charron; à la fête de l’Arbre do Noël organi-
sée sous ie patronage des enfants du roi des
Belges.
La princesse Marie-Louise, nièce du roi
Albert, assistait à cette tête.
Avant de quitter la salie, les entants si-
gnèrent une adresse envoyant leurs voeux
respectueux aux enfants royaux.
DANS LIS AMBASSADES
Londres, 20 décembre.
. Sur la demande du gouvernement anglais,
M. Francis Bertie, ambassadeur à Paris, a
accepté de conserver ses fonctions qu’il de-
vait quitter à la fin de l'année.
Rome, 20 décembre.
Von Bülow, ministre d’Allemagne, a pré-
senté dans la matinée sës lettres de créance.
LES MENSONGES ALLIMANDS
Paris, 20 décembre.
Une communication allemande disant que
l’ennemi a avancé dans l’Argonne et a pris
quatre mitrailleuses françaises est entière-
ment dénuée de fonde meut-
LA GUERRE
139» JOURNEE
COMMUNIQUÉS OFFICIELS
Paris, 20 décembre, 15 heures.
Do la mer à la Lys, nous avons ga-
gné un peu de terrain en avant de
Nieuport et de Saint-Georges. A l’Est
et au Sud d’Ypres, où l'ennemi ren-
force ses organisations défensives,
combats d’artillerie. Nous avons pro-
gressé légèrement.
De la Lys à l’Oise, les forces alliées
se sont emparées d’une partie des
tranchées de première ligne alleman-
des sur le front Richebourg-1’Avoué,
Givenchy-lès-La-Bassée.
Au Sud-Est d’Albert, une tranchée
que nous avions enlevée le 17, près
de Maricourt, et perdue le 18, fut re-
prise hier.
- Dansera TëglOn de Lihons, les Alle-
mands ont attaqué par deux fois très
violemment pour reprendre les tren-
chées que nous avions conquises, le
18. Ils furent repoussés.
De l’Oise à l’Argonne, la supériorité
de notre artillerie s’est manifestée
par l’interruption du tir de nos adver-
saires, la destruction des abris de
mitrailleuses et des observatoires, et
la dispersion d’un rassemblement.
En Argonne, au bois de la Grurie,
nous avons repoussé trois attaques,
deux sur Fontaine-Madame et une à
Saint-Hubert.
Entre l’Argonne et les Vosges, au-
cun incident saillant.
Paris, 23 heures.
Sur l’ensemble du front, aucune mo-
dification n’oafc signalée.
Official Report of the
French Government
Dec. 20th -3 p. m.
We gained some ground in front of Nieu-
port and Saint-Georges.
East and south of Ypres.where theenemy
reinforced his défensive organizations, ar-
tillery exchanges took place; weprogressed
slightly.
From the Lys to the Oise, the allies hâve
taken some of the first line trenches of the
foe on the front of Richebourg-L’Avoué-Ci-
menchy-La Bassée.
South east of Albert, we hâve retaken
the trench lost on the 18th ; we had taken
this trench on the 17th near Maricourt.
In the région of Lihons, the foe made two
violent attacks against the trenches which
we took on the 18 h ; these attacks were
repelled.
From the Oise to the Argonne to superio-
rity of our artillery has been marked by
the interruption of the foe’s tiring the
destruction of the shelthers for the Maxim
guns and observation station and the scotte-
ring of the enemy’s gathering.
In the Argonne, we repelled three attacks
directed, two against Fontaine-Madame and
OITC ogxiïnat &aint-II«Jbcrrt.
Beiween the Argonne and the Vosges.no
incident of importance.
COMMUNIQUES RUSSES
Petrograd, 18 décembre.
Communiqué du grand état-major :
Sur la rive gauche de la Vistule, une
accalmie à peu près complète a remplacé,
sur presque tout le front, les attaques que
l’ennemi prononçait depuis plusieurs jours,
et que nous avons toutes repoussées.
Comme conséquence du mouvement de
nos troupes vers la rivière Bzoura, et étant
donné le renforcement toujours croissant
des forces autrichiennes dans les Carpa-
thes, nous avons dû modifier le déploie-
ment de certaines de nos armées. Nous
avons entravé, hier, la défensive de l’enne-
mi dansria Galicie occidentale.
Nous marquons avec succès des opéra-
tions d’offensive sur le front Bamk-Lysko.
Nous y avons fait 3,000 prisonniers et pris
plusieurs canons et mitrailleuses.
Petrograd, 20 décembre '(officiel).
Dans le Caucase, rien d’important.
Un communiqué du ministère de la ma-
rine, dit que le croiseur Askold est arrivé à
Port-Saïd.
Le commandant rapporte qu’au cours
d’une reconnaissance sur les côtes de Syrie,
il a capturé dans le port de Haïffa, un na-
vire allemand qu’il a fait conduire à Port-
Saïd, sous le commandement d’un officier
russe.
A Beyrouth, VAskold a fait sauter un
navire turc et en a coulé un autre.
En six endroits du littoral syrien, le croi-
seur a envoyé un canot reconnaître la
côie.
LA BATAILLE DI ROLLERS
Paris, 20 décembre.
La nouvelle de la prise de Roulers en Bel-
gique par les Alliés, que certains journaux
ont annoncée dans la matinée, est prématu-
rée. Un télégramme de Hollande, parvenu
dans la journée, annonce seulement que ia
bataille fait rage entre Ronlers et Ypres.
L’es-Ehêdive et le nouveau
Le Caire, 20 décembre.
Le snltan Heissein Kemal est entré solen-
nellement au Palais Abdein an milieu des
acclamations d’ane foule immense.
Amsterdam, 20 décembre.
Oa télégraphie de Vienne que l’ex-khédive
a en un entretien avecM. Berchtold et l’am-
bassadeur d’Allemagne à Vienne.
U VICTOIRE SERBE
Rome, 20 décembre.
Suivant le Corners delta Sera, au cours de
la bataille qui eut lien devant Belgrade,
60,000 Autrichiens ont été tués ou blessés et
80,000 ont été faits prisonniers.
129 canons, 29 mortiers, 50 mitrailleuses,
362 wagons de munitions, 2,700 chevaux,
3 musiques militaires et 32 affûts furent pris
à l’ennemi par les Serbes,
Après l’évacuation de Belgrade, les trou-
pes victorieuses ont trouvé dans la ville
quatre drapeaux, 150 mitrailleuses, 1,200
chevaux, 150 wagons de vivres et 180,000 fa-
siis.
L’ENTREVUE DES TROIS ROIS
Stockholm, 20 décembre.
A la suite du départ des rois de Danemark
et de Norvège, une note a été communiquée,
faisant ressortir là volonté nnanime des trois
Etats de garder la neutralité, afin de sauve-
garder les intérêts communs.
Les Hussards de la Mort
Au cours d’un récent combat dans la ré-
gion de Lodz, un régiment de hussards de
la mort de la garde prussienne a été attiré
dans une embuscade par des dragons
russes.
Sur 3,000 cavaliers prussiens, cinquante
hommes seulement et nn officier ont
échappé à l’anéantissement et ont été laits
prisonniers, Ges cavaliers refusent tonte
nourriture, n’acceptant que du biscuit avec
du café,-
Une Déclaration de
fl. 6esraes M
Nous avons dit que M. Georges Weill, dé-
puté de Metz au Reichstag, était engagé dans
l’armée française. Voici en quels termes il a
annoncé lai-même cette nonvelle :
 mes amis à'Alsace-Lorrains
Depuis le début de la guerre, j’ai laissé
répandre snr mon compte, dans la presse
allemande, sans protester et sans démentir,
les nouvelles les pins variées. Je devais à
mes vieux parents restés à Strasbourg ce
silence complet, et j’ai préféré les laisser
eux-mêmes dans l’ignorance que d8 les ex-
poser à la rancune de ceux qui sont encore
les maîtres là-bas.
Maintenant qu’ils sont en sécurité, j’ai re-
conquis la liberté de parler.
Je me suis engagé le 5 août dans l’armée
française.
Alsaciens et Lorrains, nous avons essayé,
pendant la dure période de domination
étrangère, de subordonner notre droit et nos
espérances an souci suprême de la paix, et
nous luttions pour obtenir, dans la paix, nn
régime qni nous eût permis de conserver à
notre pays sa personnalité et son caractère
national.
Cette résignation voulue et réfléchie, nous
ne la regrettons pas. C’est grâce à elle que
nous pouvons avoir conscience, ainsi qne
tous les autres Français, de n’avoir rien né-
gligé pour que la guerre fût évitée. Notre
force morale, dans la crise présente, n’en est
qne plus grande.
Mais l'ennemi nous a délivrés lni-mème
des réserves que nous dictait notre préoeen'-
patibn de la paix. Hier encore, tandis que
nous subissions tonte sa puissance,il refusait
de reconnaître nos pins modestes revendica-
tions ; il allait, dans sa folie orgueilleuse et
aveagle, jusqu’à nier l’existence de la ques-
tion d’Alsace-Lorraine.
Maintenant, il l’a posée, dans toute son
ampienr t
Par la guerre qu’il a voulue et imposée à
l’Europe, il nous a rendu, en même temps,
toute notre liberté de pensée et d’action. 11
n’y a plus de réserve à nos espérances ët à
notre volonté patriotique !
Nous allons rentrer dans le cadre de la
Nation françaisfeà laquelle nous appartenons
par notre histoire et par nos traditions. Le
droit des. peuples violé il y a quarante-qua-
tre ans sera intégralement rétabli.
En m’engageant dans l’armée de la Répu-
blique, en poursuivant ainsi la lutte contre
l’Allemagne militarisée et prussianisée, op-
presseur de la liberté de tous les peuples,
j’ai conscience d’avoir bien rempli mon
mandat de député socialiste et de député
d’Alsace-Lorraine.
Georges WEILL,
Ancien député de Mets au Reichstag.
LA
ni RlfWÉÉt
DES CHUMES
C’est demain que s’ouvre, en vertu d’un
décret. la session extraordinaire des Cham-
bres. Quoique devant être d’une très courte
durée cette session marquera d’une manière
particulière dans notre histoire parlemen-
taire à raison des circonstances tragiques an
milieu desquelles elle va se passer.
Selon toutes probabilités les Chambres sié-
geront an pins trois jours.
Les Discours présidentiels
La première séance sera inaugnrée dans
chaque Assemblée par un discours du prési-
dent consacré à l’oraison funèbre des mem-
bres décédés durant l’intersession. Il y en a
quatorze à la Chambre et dix an Sénat; mais
un hommage plus particulier sera rendu anx
membres mobilisés qni ont été tnés à l’en-
nemi, à savoir : MM. Pierre Goujon. Nortier
et Proust pour la Chambre et M. Reymond
pour le Sénat. Il est à présumer qu’à cette
occasion les deux présidents, MM. Paul Des-
cnanei et Antonin Dffbost, voudront, au
cours de lears allocations, adresser à nos
soldats, au nom de leurs Assemblées respec-
tjves, un témoignage d’admiration et de gra-
titude pour Fhéroirame dont - ris" font preuve
depuis bientôt cinq mois et exprimer Ta
confiance du Parlement et du pays dans ie
succès final de nos armes.
La Déclaration ministérielle
Dans cette déclaration le gouvernement
doit exposer la situation de la France au tri-
oie point de vue militaire, diplomatique et
financier. Un passage sera consacré à réfuter
le récent discours du chancelier allemand
Sur les origines de la guerre et à rappeler
que c’est l’Allemagne et son athée qui ont
seules assumé la responsabilité de la lutte
qui se déroule aujourd’hui en Europe.
Les Projets du Gouvernement
C’est mardi qu’aura lieu le dépôt des pro-
jets de loi dont le gouvernement demandera
le vote. Ces projets sont an nombre d’une
soixantaine environ ; ils se partagent en deux
catégories très distinctes.
Dans la première figurent les projets d’or-
dre législatif proprement dit ; à savoir :
Le projet de loi sur i’onverîure de six dou-
zièmes provisoires, qne nos lecteurs con-
naissent. -
Lo projrt de loi suspendant jusqu’à Ta " fin
des hostilités les élections des divers ordres
et prorogeant les pouvoirs des sénateurs
soumis au renouvellement.
Un projet de loi modifiant les conditions de
la naturalisation.
La seconde catégorie comprend le pins
grand nombre de projets de lois ; ceux-ci
sont tous destinés à faire donner la ratifica-
tion parlementaire à des décrets rendus par
le gouvernement, en l’absence des Cham-
bres, dans l’intérêt de la défense nationale,
ou pour remédier aux conséquences excep-
tionnelles de l’état de gnerre.
Le Vote des Projets de Lois
Le ministre des finances ayant pris là sage
précaution de communiquer officieusement
aux Commissions budgétaires des deux
Chambres ie projet de loi snr les douzièmes
provisoires, les rapporteurs généraux ont
pu se mettre au travail sans retard. M. Mé-
tin sera en mesure de déposer son rapport
mardi ; celui-ci sera imprimé le mercredi
nàatip à l'Officiel, et dans l’après-midi du
même jour ia Chambre en votera les con-
clusions. Il faudra ensnite aller demander le
vote du Sénat qui !e rendra le lendemain
pendant que la Chambre votera à son tour
le projet sur les élections que les sénateurs
auront préalablement adopté. Ces délais
ponrront, d’ailleurs, être abrégés, et la ses-
sion réduite peut-être à deux séances.
On considère comme certain qne dans
chaqne Chambre ii n’y aura aacune discus-
sion et que les votes auront lien à l’nnani-
mité. Tons les représentants voudront, com-
me dans l’iaoubliabie séance du 4 août der-
nier, faire une manifestation nnanime
d’union patriotique en face de - l’ennemi.
Pas da Comité secret
Le bruit s’était répandu nn instant que
certains membres songeaient à demander à
la Chambre de délibérer en Comité secret
durant une séance ou une partie de séance
afin de pouvoir demander des explications
confidentielles sur certaines questions et de
permettre au gouvernement de donner ces
explications.
L’articfe 5 de la loi constitutionnelle du 16
juillet 1875 porte, eu effet, que « chaque
Chambre peut se former en Comité secret
sur la demande d’un certain nombre de ses
membres fixé par le règlement ».
Et le règlement intérieur de la Chambre
fixe à vingt ie nombre des membres néces-
saires ponr ia validité de la demande.
Depuis quarante ans qu’existe la Constitu-
tion qui nous régit, jamais aacune des deux
Chambres n’a eu recours au comité secret.
En l’état présent, le gouvernement a don-
né anx Commissions compétentes, durant
ces jours derniers, tous les renseignements
confidentiels qui ont pu lui être demandés.
D’antre part, dans les commentaires écrits
ou oraux des projets de-lois, ainsi qu’en té-
moigne l’exposé des motifs dn projet de
douzièmes provisoires, il a fourni publique-
ment les explications plus complètes.
La Déclaration Ministérielle
Paris, 20 décembre.
Il semble se confirmer que ce sera seule-
ment jeudi au moment de (a clôture da la
session extraordinaire que ie gouvernement
lira la déclaration ministérielle anx Cham-
bres. Mardi, les Chambres n’entendront donc
seulement que les allocutions des présidents.
Une certaine opposition est signalée contre
la réunion de la Chambre entière en Com-
mission du budget, pour entendre l’explica-
tion du gouvernement concernant la ques-
tion ne touchant pas directement les opéra-
tions militaires. Beaucoup de députés préfé-
reraient l’audilion du gouvernement paries
groupes parlementaires déjà en fonctions.Le
gouvernement délibérera en Conseil à ce
sujet. Il est probable que le Parlement ge
rangera 4 cette manière de voir.
EXPLOITS D’ARTILLERIE
Autour dlc Reims
On note dans les régions de Reims el
d’Eperpay, en ce moment, un sentiment
d’excellente confiance, «Ot nn correspondant
dn Times à la date dn 15 décembre. Ce n’est
pas qu’il y ait eu un grand changement dm)
la situation, puisque les Allemands, qui res-
tent accroches sur les hauteurs, autour de
Reims, envoient encore, de temps en temps,
d’énormes obus au milieu des ruines de
cette malheureuse cité. Maigre cela, le trou-
pier français montre un esurif alerte qni
n’échappe pas à tin observateur attentif.
Maintenant qn’il a montre qu’il pouvait ré-
primer son élan natnrel et se livrer à nne
gnerre d’attente tout aussi bien que le stu-
pide allemand, on commence à se deman-
der si cette contrainte volontaire n’est pas
arrivée à sa limite.
Les listes des pertes journalières eh tnés
on blessés ne sont que d’une vingtaine
d’hommes, ce qui est parfait en comparai on
avec les antres zones de combats, mais on
ne fait pa« d'omelettes sans casser des oe ifs,
et il paraît que nous enregistrerons bientôt
Une 'sérieuse avance.
_ Tons tes engagements depuis quelque
temps sont favorables aux troupes françû-
ses. La principale raison de cette situation
est l'efficacité de l’artillerie. Le nouveau ca-
non français de gros calibre, qui est l’inter-
madtoirc ontro-to-finneTix 7U et Je ftimailho,
est maintenant mis en action. Le nombre de
ces batteries s’accroît chaque jour et produit
des effets de dévastatation étonnants. Les ar-
tilleurs français se sont vite familiarisés
avec les petites particnlarités de ce canon
poor lequel ils montrent un véritable en-
thousiasme. Ses éclats, au ras dn soi, sont
foudroyants.
Ou cite un exemple de ces explosions i'an-
tastiqnesoù douze Allemands furent fauchés
par les jambes, comme des épis. A celui qui
fut le moins atteint, il ne resta qu’une jam-
be. Ii est pénible d’avoir à donner de pareils
détails, mais les Allemands n’ont qu’à s’en
prendre à eux. et lorsqu’on contemple les
ruines de Reims, ou que l’on songe aux
"trocités commises, on sent son coeur se
garnir d’une cuirasse d’acier qui ne laissa
percer aucune compassion.
Mais le principal succès de l’artillerie fran-
çaise est d’avoir regagné le Nord-Ouest de
Reira3. Des batteries allemandes ont été ré-
duites au silence, ou détruites, à Vendrësse,
Craonne, Juvincourt, Ciaonnelle, Ailles, Ami-
fontaine et Loivne.
Le succès remporté par la canonnade des
positions allemandes autour de Juvincourt
er fTAmiTontaine est surtout a noter. Jus-
qu’ici la majorité de c s engagements ont été
des duels d’arlillerie, mais ils ont été parfois
suivis d’offensive de l’infanterie qui nous
ont permis d’eniever quelques tranchées al-
lemandes. Si nous pouvons continuer à do-
miner l’artillerie allemande, la capture de
leurs tranchées deviendra une tâche fa-
cile.
Il y a' quelques jours un silence inaccon-
tnmé des batteries allemandes fit se deman-
der aux habitants de Reims si l’ennemi ne
battait pas en retraite du côté de Rethel.
Dès le lever du jour, des aviateurs français
furent envoyés en reconnaissance. S’ils ne
virent pas ce qu’était devenue l’artillerie al-
lemande, ils purent du moins se rendre
compte qne l’infanterie n’avait pas bougé de
ses tranchées. Leurs co-onnes étaient con-
centrées, comme d’habitude, au nord de
Saint-Hilaire-le-Petit. Ancun mouvement de
troupe ne s’effectuait pour évacuer la ligne
de ia Soipps. Un escadron fut envoyé de
Cormontreuil pour taire une reconnaissan-
ce dans la direction de Beru, mais il ne dé-
couvrit rien.
Soudain, vers dix heures dn matin, des
obus commencèrent à pleuvoir sur Sillery,
forçant les troupes françaises qui occupaient
cet endroit à abandonner leurs retranche-
ments. On s’aperçut alors que les Allemands
avaient réussi, pendant ia nuit, à déplacer
leurs batteries de 15 kilomètres an Sud-Est
de leurs positions précédentes.
Des aviateurs français furent aussitôt en-
voyés pour découvrir la nouvelle position
de ces canons, mais chaqne fois qu’ils ap-
prochèrent les pièces demeuraient silencieu-
ses, tandis qne les avions étaient accueillit
par des mitrailleuses.
Connaissant l’efficacité des reconnaissan-
ces aériennes françaises les Allemands pren-
nent toutes les peines du monde poor les
déjouer. Non seulement leurs tranchées,
mais leurs magasins, leurs dépôts et leurs
batteries sont cachés avec le plus grand
soin. D’après l’aveu d’un soldat allemand,
ils vont même jusqu’à taire survoler leurs
lignes par un de leurs aviateurs qui a pour
mission de se rendre compte si quelque
chose peut être visible pour les aviateurs
français. Si leur dissimulation reste à dési-
rer, aussitôt de nouvelles branches d’arbres,
de nouveaux'troncs sont apportés, jusqu’à
ce que lotit soit absolument, hors de vue.
On comprend donc qoe, parfois, les avia-
teurs français ne parviennent pas à décou-
vrir leurs canons.
Ce tnt le cas, lorsque les Français dnrent
se replier à Sillery. Le commandant français
demanda alors deux volontaires ponr se
porter en avant afin de découvrir l’emplace-
ment des canons allemands. Deux maré-
chaux de logis se présentèrent. On les mu-
nit d'un téléphone portatif, avec lequel ils
rampèrent sur les lignes en déroulant le fii.
Ils avaient comme objectif une ferme aban-
donnée qu’ils atteignirent nne heure ap ès.
Ils réussirent à grimper sur le toit et à se
rendre compte de la position, des batteries
allemandes. Après quelques coups d’essai,
les canons français trouvèrent la portée
exacte. Bientôt une pièce allemande tut mise
hors d'usage et tous ses servants massacrés.
Se voyant découverts, les artilleurs ennemis
résolurent d’avancer avec les canons qni
leur restaient.
Ils sortirent dn bois où ils se cachaient et
vinrent ee poster dans la ferme où les deux
Français les épiaient. Leurs canons arrivè-
rent à trente mètres des deux maréchaux
des logis. Cenx-ci indiquèrent froidement à
lenr commandant tous les mouvements de
l’ennemi, et refusèrent de se retirer. Au
moment où les batteries allemandes allaient
tirer de nouveau, ie commandant, qui tenait
tonjonrs le récepteur, entendit ces mots :
« Ils sont en place. Allez, vous pouvez tirer.
Tirez sur nous, mon commandant. Ça ns
fait rien. Mais tirez donc ! »
Les deux braves furent pris an mot. Uns
salve de canons français envoya une prêts
d’obus sur ia ferme, détruisant rhihitai'oa
et ensevelissant ies deux héros ql les enne-
mis dft&s uns ruine commune.
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