Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-12-09
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 décembre 1914 09 décembre 1914
Description : 1914/12/09 (A34,N12176). 1914/12/09 (A34,N12176).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172336n
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
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A utrefois et
Aujourd’hui
II
Nous établissions, il y a quelques jours,
tn rapide parallèle entre la situation d’au-
trefois et celle d’aujourd’hui, — entre la
situation désolée, à pareille époque, en
1870,en dépit du courage et de l’abnégation
de nos armées, et la situation si réconfor-
tante, si rassurante d’aujourd’hui.
Les toutes dernières nouvelles ne font
que nous confirmer dans nos espoirs : A
Ypres, notre artillerie riposte avec succès;
dans la région d’Arras, notre brillante at-
taque a réussi ; dans l’Aisne et en Champa-
gne, notre artillerie lourde continue de
faire une besogne excellente ; et en Ar-
gonne, nous gagnons lentement, mais obs-
tinément du terrain.
Nous refoulons ainsi chaque jour notre
ennemi sur notre frontière du Nord-Est.
Même nous avons pris l’ofïensive en Belgi-
que et en Alsace.
Ainsi donc, une comparaison d’ordre gé-
néral ne peut que nous donner entière con-
fiance.
Si nous voulons, pour un instant, nous
attacher à ce qui concerne notre région
havraise, comment cette confiance ne se-
rait-elle pas accrue ?
II y a juste quarante-quatre ans, du 5 au
14 décembre 1870, M. Ludovic Halévy était
venu en excursion par chez nous. On était
en pleine guerre, en pleine invasion. Et ce
prince de l’opérette et des spirituelles frivo-
lités parisiennes, — et qui s'est assagi plus
tard jusqu’à devenir le meilleur ami de
L’Abbé Constantin, — notait de façon rapide
et sûre ses impressions. D’une écriture
ductile et souple, où la note pittoresque
lie cherche pas à dissimuler une émotion
qui demeure cependant discrète et conte-
nue, il nous a dit les angoisses de cette
heure tragiquç.
Donc, le 5 décembre 1870, à Etrelat, ni
lettres, ni journaux. Un voyageur arrivant
de Fëcamp apporte un exemplaire du Nou-
velliste de Rouen. La dernière page est en
blanc ; une note de la rédaction fait con-
naître que là composition n’a pu être ter-
minée. C’est que la veille un engagement
avait eu lieu à Buchy, précédant la funeste
retraite. Or à dix heures, le tambour de
ville donnait lecture d’un ordre du sous-
préfet du Havre appelant tous les gardes
nationaux sédentaires, armés ou non, de
vingt à quarante ans. Ils doivent être ren-
dus le lendemain au Havre, à la première
heure. Grave émoi. Les femmes se mettent à
pleurer. Mais chacun fait son devoir. Et le
6 décembre au matin, on se met en route.
Le 7, trois mille mobilisés de Dieppe pas-
sent par Etretat se rendant au Havre. Tout
le pays est sous la neige. « Le ciel est
dramatique. C’est un ciel de théâtre*
brusque, heurté, houleux ; de grands nua-
ges noirs, très noirs, qui courent poussés
par le vent ; puis de subites éclaircies ; et
la lune, éclatante dans ce cadre sombre,
met en plein lumière les lourds chariots du
convoi qui montent péniblement la côte du
Havre avec leurs attelages de six che-
vaux ».
Et c’est ensuite, après le récit de lon-
gues heures d’angoisse, cette relation de
l’entrée des Prussiens à Etretat le 10 dé-
cembre : ' .
... Un cri s’élève : « Les Prassiens 1 les 1
Prussiens ! Ils sont arrivés 1 Ils démolissent
te télégraphe! » Un sentimentd’inviocible cu-
riosité l'emporte surtout le reste. Hommes,
femmes, enfants, tous se précipitent vers la
mairie. A l’entrée dn village, du côté dn
Havre, étaient placés, en vedette, deux dra
gons prussiens, pistolet an. poing, casqne en
tête, enveloppés dans de grandes houppe-
landes noires. Sur la place de ia mairie, une
quinzaine de chevaux étaient tenus en main
par trois on quatre dragons. Plus loin, snr
Ta route de Fécamp, une cinquantaine de
cavaliers. Les officiers à cheval allaient et
venaient. Une dizaine d’hommes sciaient les
poteaux du télégraphe et coupaient les fils à
grands coups de sabre...
Cependant le père Vatinel accourait avec
r ses sabots, sa vareuse et son grand bonnet de
’ laine rouge. Il se trouvait en présence dn
chef du détachement, et tes répliques sui-
vantes s’échangeaient entre notre vieux
brave homme de maire et ce capitaine de
dragons de la garde royale prussienne ;
— Vous avez des tusils ?
—- Pas un seul.
— Mais vous en avez en ?
— Oui, soixante-dix fusils à pierre et pas
une cartouche. Ils sont partis sur les épanles
de nos mobilisés.
La vérité, c’est qu’ils avaient été portés au
Havre, le matin même, dans une petite
charrette, sons une vingtaine de bottes de
paille...
Au moment où les Prussiens sont arrivés,
les pêcheurs étaient sur la plage, bottés, pa-
rés, les filets embarqués et prêts à s’en aller
aux harengs. Ils ont laissé là bateaux et filets.
Réunis par petits groupes, autour de la
place, ils regardent, immobiles, silencieux,
avec cette impassibilité de i’homme de mer.
fjn pêcheur rentrait chez loi, un paqnet dé
filets snr l’épaule. Il est arrêté an passage
par un des dragons, qui lui dit :
— La fontaine anx Mônsses, elle est tou-
, jours à sa place î
— Comment t vous.la connaissez ?...
J —Obi je suis déjà venu à Etretat. Mange-
ji-on toujours bien chez la mère Hauville ?
— La mère Hauville, répond le pêcheur,
vous lui avez tué son fils, il y a hait
{jours.
< E* te soir, une des vieilles femmes du vil-
lage disait î,
— C’est bien extraordinaire tout de mè-
il y a soixante ans que je vis à Etre-
tat, je ne connais pas la Fon taine-aux Mous-
ses, et les Prassiens la connaissent 1... (1)
Mais les Allemands tiennent à ce que
toutes les communications télégraphiques
qu’ils avaient brisées ne soient point réta-
blies, autrement, ils brûleront Etretat et
prélèveront 10,000 francs d’amende. Et
cela fut signifié au père Yatinet dans les
termes les plus énergiques.
La journée s’achève dans la plus grande
tristesse. Le soir, la diligence du Havre ne
revient pas. Mais à dix heures arrive à pied
un homme apportant quelques nouvelles du
Havre : une dépêche officielle datée de
Tours, 9 décembre, où Gambetta explique
les raisons de la translation du siège du
gouvernement à Bordeaux , une proclama-
tion de M. Ramel, sous-préfet du Havre.
Les dragons prussiens sont allés d’Etre-
tat, en reconnaissance, jusqu’à Criquetot ;
ils ont poussé jusqu’à Gonneville où ils ont
trouvé et brisé une trentaine de vieux fusils
à pierre... Mais l’offensive de Faidherbe,
dans le Nord, se fait déjà sentir. Il s’était
emparé de Ham le 10 décembre, et c’est
pourquoi une partie des troupes allemandes
qui devaient se diriger sur le Havre esquis-
sait dès lors un mouvement de retraite.
Rappeler le souvenir des angoisses d’au-
trefois, dans tout le pays et dans notre ré-
gion même, n’est point inutile.
Il y a quarante-quatre ans, après quatre
mois de guerre, toutes nos provinces de
l’Est et du Nord, et la vallée de la Loire et
presque toute la Normandie étaient en-
vahies ; l’ennemi était aux portes de notre
ville. Aujourd’hui, une infranchissable
ligne de défense, après avoir refoulé les
Allemands, ne se contente plus de ré-
sister ; elle est impatiente de prendre une
vigoureuse offensive. Sur ses ailes, elle a
fait reculer l’ennemi au delà de la frontière.
Si donc, à l’heure actuelle, la situation
est encore sérieuse et grave, si de lourds
sacrifices nous restent encore à consentir,
la comparaison entre « autrefois et aujour-
d’hui » nous est un précieux réconfort. Elle
nous fait un devoir de conserver toute no-
tre énergie avec la volonté de vaincre ; elle
nous donne la certitude que n6us“ vàîn:
crons. Il faut vouloir, — et nous vouions.
TH. VALLÉE.
L'ENTREVUE
des Rois George et Mkert
Le Daily Telegraph publie le récit da « té-
moin oculaire » qui assistait à la rencontre
historique de vendredi dernier entre le roi
George et le roi Albert.
Le roi George, accompagné do prince de
Galles et de deux attachés, arriva an quar-
tier général belge vers une heure de l’après-
midi. Ii fat reçu par le roi des Belges et
par nn certain nombre d’officiers des états-
majors anglais et beige, dont le prince
Alexandre de Teck et M. de Broqneville, mi-
nistre de ia guerre de Belgique.
Les deux rois se saluèrent et s’embrassè-
rent, en même temps qne les soldats belges
ponssaient des honrras enthousiastes et que
les musiques jouaient les hymnes des denx
nations.
Le roi Albert présenta M. de Broqneville
an roi George ainsi que les officiers de
l’état-major générai belge et les officiers an-
glais. Les denx souverains s’entretinrent
pendant qnelqnes instants et allèrent en-
saite passer en revue an régiment belge au-
quel le roi George adressa quelques paroles
élogienses.
Le roi Albert portait un uniforme de sim-
ple officier de cavalerie sur lequel était épin-
glée une seule médaille. Le roi George était
en tenne kaki.
Le temps était froid mais relativement
bean.
Après la revue des troupes, les deux rois,
accompagnés dn prince de Galles, du prince
Alexandre de Teck, et de deux princes in-
diens. se rendirent dans nne maison voisine,
où, en présence des princes et de six antres
personnalités, le roi Albert reçut l’Ordre de
la Jarretière. La cérémonie ne dura qu’un
quart d’heure. Portant le ruban bleu de
l’Ordre, le roi Albert et le roi George allèrent
ensuite déjeuner avec la reine Elisabeth,
saluer an passage par les acclamations de
ous les assistants.
Comment le Prince Mûm
prit la faite en leroplane
Nous avons relaté hier qne le prince
Joachim, un des fils de Guillaume II, faillit
tomber anx mains des Busses au combat de
Lodz.
Le Times nous apporte des renseignements
nouveaux sur cet événement de guerre. Il
répète ceux qn’a fourni au Kurier le lieute-
nant Bolidhkt qui vient de rentrer blessé à
Pelrograd.
Au moyen d'nn aéroplane, le prince Joa-
chim de Prasse s’est échappé le24 novembre,
alors que les Russes occupaient un endroit
désigné par l’initale « B », — probablement
Brezln—après nne lntte obstinée. En en-
trant dans le village, le lientenant apprit par
les officiers rnsses qui avaient été faits tem-
porairement prisonniers par l’ennemi, qne
le prince Joachim commandait.
Lorsque le combat tourna au désavantage
des Allemand», le prince monta à cheval et
s’étant emmitouflé dans un large manteau,
s’échappa vers les lignes arrières. A ce mo-
ment, trois aéroplanes allemands volaient
an-dessns de B... L’an d’eux descendit et
essaya d’enlever le prince, mais l’artillerie
russe qni surveillait ce point dn champ de
bataille démolit l’aéro. Un contingent im-
portant de forces allemandes était serré de
près par les Rnsses et le prince allait être
captnré, lorsqu’un antre aéroplane atterrit
soudain, prit le prince à son bord et exécuta
une folle ascension pour disparaître an plus
vite.
(lj Ludovic Halévy. — L'invasion*
LA GUERRE
±arr» JOTCJ-FSIIVJÉJE:
COMMUNIQUÉS OFFICIELS
Paris, 8 décembre, 15 heures.
Pendant la journée du 7, l’ennemi
s’est montré plus actif que la veille.
Dans la région de l'Yser et aux en-
virons d’Ypres, notre artillerie a ri-
posté avec succès.
Dans la région d’Arras,une très bril-
lante attaque, nous a, comme nous
l’avons annoncé, rendu maîtres de
Vermelles et du Rutoir. Vermellés
était depuis près de deux mois le théâ-
tre d’une lutte acharnée ; l’ennemi y
avait pris pied le 16 octobre, et du
21 au 25 octobre, il avait réussi à
nous rejeter hors de cette localité.
Depuis le- 25 octobre, des opéra-
tions de sape et de mine nous avaient
ramenés, pied à pied, jusqu’aux lisiè-
res, et le 1er décembre, nous avons
enlevé le parc et le château.
Dans la région de l’Argonne et en
Champagne, quelques combats d’ar-
tillerie. Notre artillerie lourde a dis-
persé plusieurs rassemblements en-
nemis.
En Argonne (bois de la Grurie) et au
Nord-Ouest de Pont-à-Mousson (bois
Le Prêtre) nous avons gagné un peu
de terrain..
Sur le reste du front, rien à signaler.
Paris, 23 heures.
En Belgique,. une violente attaque
allemande sur Saint-Eloi, au Sud
d’Ypres, a été repoussée.
La lutte est toujours très vive dans
les forêts et à l’Est de 1 Argonne.
Aucun autre incident notable.
Official Report of the
French Government
Dec. St!l - 3 p. m.
Yesterday the enemy showed increased
activity on the Yser and around Ypres. Our
artillery repliëd successfully.
On the région of Arras, after a brilliant
attack we hâve taken Vermelles and Ru-
toir.
Around Vermelles the battleraged since
two months. On the 16iU of Oçtober
the foe, after setting foot on this loca-
lity, succeeded in occupying it entirely
between the 21st and 2oth. Since this date,
rby sapping and mining we approached
slowly and on the first of December, we
;took the castle and the park.
On the région of the Aisne and Champa-
gne, our heavy artillery is dominating and
succeeded in scattering several groups of
the foe.
On Argonne> we hâve gained some
ground in the forest « La Grurie » and
north of Pont-à-Mousson in the forest Le-
pretre.
Nothing further to report from the re-
mainder of the front:
Au Conseil des Ministres
Bordeaux, 8 décembre.
Le Conseil des ministres s’est entretenu
de la situation diplomatique et militaire.
Le prochain Conseil anra lien vendredi à
l'Elysée.
MM. Sembat, Bienvenn-Martin et Guesde
sont partis ponr Paris.
Les Généraux Français Décorés
Londres, 8 décembre.
A l’occasion deka visite en France, le roi
George a conféré la grand’eroix de l’ordre du
Bain aux généraux Joffre et Foch.
Les généraux Maud’nuy, Durbal, Conneau,
Mitry, Maistre, Dubois et Grossetty reçoivent
la grand’eroix de l’ordre de Saint-Michel et
de Saint-George.
Les Affectations Militaires
Paris, 8 décembre.
M. le général Joffre rappelle qu’il ne pren-
dra en considération aucune recommanda-
tion tendant à obtenir an changement d’af-
fectation militaire.
Les Dons des Parlementaires
Paris, 7 décembre.
M. André Hesse, député, a adressé au pré-
sident de la Chambre, afin d’être soumis au
scrutin de la Chambre, dans la séance du
22 décembre, nne résolution disant que les
députés décident d’abandonner, à partir du
premier janvier 1915, un cinquième de leur
traitement législatif en faveur des victimes
de la guerre, par l’intermédiaire dn Comité
de secours national.
M Trégnier, député, doit déposer une pro-
position analogue.
Mort tl’iiïv Béputé
Belfori, «décembre.
M. Schneider, député et maire de cette
ville, vient de mourir.
LA PERTE DES TORPILLEURS
Toulon, T décembre.
Le Conseil de gnerre maritime a acquitté
à l’unanimité l’enseigne Ven, et, à la mino-
rité de favenr, le premier maître Tristani.
Ils étaient inculpés de la perte des torpil-
leurs 347 et 348.
L’accusatioii mettait hors de cause l’en-
seigne Ven et déclarait coupable .Tristani
par impéritie.
M. de Broqueville enquête
Londres, 8 décembre.
M. de Broqneville est arrivé ici.
11 va examiner la situation des réfugiés
belges.
Les Flèches meurtrières
Londres, 8 décembre.
Le Morning Post annonce que le général
von Meyer a été tué par la flèche d’on avia-
teur, an moment où tl montait en automo-
bile.
La Formule Obligatoire
Petrograd, 8 décembre.
Les correspondances de tons les prison-
niers russes en Allemagne sont envoyées
sons forme de cartes postales, portant, im-
primé en russe, les mots : a Je suis bien
portant et bien nourri Envoyee-moi argent.»
Les prisonniers ajoutent leur signature.
Le Drapeau des Sapeurs-Pompiers
Petrograd, 8 décembre.
Les Rnsses ayant trouvé dans le mess du
il® dragons prussien à Lick (Prusse Orien-
tale), le drapeau que les Allemands avaient
enlevé dans le Jara, en 1870, aux sapeurs-
pompiers de France, le tzar a ordonné de
remettre ce drapeau à l’ambassade de France
à Pétrograd, où il se trouve actuellement.
La Chasse au Commerce allemand
Paris, 8 décembre.
On télégraphie de Londres an Temps que
deux négociants en métallurgie de Glasgow
ayant continué à commercer avec l’Alle-
magne ont été condamnés à nne amende de
50,000 francs.
Les Pérégrinations du Roi de Saxe
Copenhague, 8 décembre.
Le roi de Saxe a quitté Dresde ponr se
rendre snr le front occidental.
La Diplomatie allemande en Italie
Bâle, 8 décembre.
La Gazette de Francfort annonce que le
prince de Bulow est arrivé à Berlin et qu’il
repartira pour Rome dans le courant de la
semaine.
Les Mensonges allemands
Paris, 8 décembre.
Le Journal des Débats proteste contre le
nonveau mensonge des Allemands qni pré-
tendent que nons aurions demandé à des
prisonniers allemands de faire venir des pa-
piers militaires afin de les inculper d’espion-
nage.
LES FINANCES ALLEMANDES
New-York, 8 décembre.
La valeur du mark a haussé. Le change
est maintenant de 87 cents 3/4 pour quatre
marks.
Un Fils du Kaiser décoré en Autriche
Berne, 8 décembre.
Le prince Joachim de Prusse a reçu l’Ordre
austro-hongrois du Mérite ponr sa conduite
à la bataille de Eutno.
LE MINISTÈRE PORTUGAIS
Lisbonne, 8 décembre.
Le journal Lucta dit qne le ministère sera
probablement constitué par les Unionistes
et les Démocrates ; la crise sera de conrte
durée.
MUTINERIE EN HOLLANDE
Paris, 8 décembre.
Selon la Liberté, on mande d’Amsterdam
an Zeist que des.soldats belges internés en
Hollande, dans nn camp, irrités par l’inter-
diction de recevoir des visites de leurs fem-
mes, se battirent avec des soldats hollan-
dais qui les gardaient. Sept Belges forent
tués.
ON CHANGE LES ÉTIQUETTES
Petrograd, 8 décembre.
Les Allemands ont changé le nom de ia
ville de Czenstokohl ; ils l’appellent mainte-
nant Kaiserberfe
Sur le Front Eusse
Les Opérations. —- Explosion de
trains de munitions. — Les
Ressources financières
de la Russie.
Pelrograd, 8 décembre.
Les Allemands occupent une partie de la
province de Ktelce.
On annonce que denx trains transportant
de la pyroxyline et des inanitions sont entrés
en collision. Les trains et les soldats s’y
trouvant furent littéralement pulvérisés. Il
n’y a aucun survivant.
Les Allemands ont profité d’nn temps
clair pour bombarder Lodz quotidienne-
ment. Iis ont démoli trois usines.47 maisons,
et ils ont tné 30 habitants et en ont blessé
200.
Petrograd, 8 décembre.
L’empereur a visité Ekaterinodar et a reçu
les délégations des cosaques et de la colonie
anglaise.
Les propriétaires fonciers ont remis an
tzar 14,000 roubles pour les besoins de la
guerre.
Le tzar a assisté ensuite à la cérémonie
militaire traditionnelle des cosaques qui dé-
ployèrent les enseignes qui servaient jadis
anx zaporognes.
A l'issue de la cérémonie,le tzar a visité les
hôpitaux.
Petrograd, 8 décembre.
Un rapport dn ministre des finances, an-
nexe au projet de budget de 1915, rappelle
que la guerre a eu pour conséquences de
resserrer les ressources financières et de
rendre difficile l’équilibre do budget, surtout
après la suppression de la vente des bois-
sons alcooliques voulue par le tzar.
Le ministre expose les mesures prises
ponr parer à ce résultat de l’augmentation
des impôts existants par la création de nou-
velles taxes de libération, de certains crédits
et par i’ajonrnement de projets non argents.
Les recettes ont diminne les denx pre-
miers mois de la guerre et ont subi ensnite
une recrudescence constante, donnant l’es-
poir qne la vie économique ne sera pas at-
teinte aussi gravement qu’on le craignait.
LES ALLEMANDS A LODZ
Paris, 8 décembre.
On télégraphie de Copenhague an Temps
qne les Allemands ont occupé Lodz.
Londres, 8 décembre.
Les journaux reproduisent nne dépêche dn
Berliner Tageblatt annonçant que les Alle-
mands sont entrés à Lodz. Le Berliner Tage-
blatt dit que cette prise n’aura d’effets stra-
tégiques et ne deviendra une victoire posi-
tive qne si les Allemands poursuivent les
Busses. Dans ce cas, le centre de l’armée al-
lemande pourra se retourner vigoureuse-
ment contre les positions de l’armée russe
qui sont au Nord et Sad.
Vienne commença à subir
un maiaise économique
Tandis qne les légions russes se r épandent
dans les plaines de Hongrie, les Viennois
commencent à se trouver mal à Taise. On a
appris de Vienne qne l'on démontait les
grands canons de côte de Pola ponr les
envoyer à Vienne et qne la garnison de la
grande forteresse maritime était appelée en
toute hâte dans la capitale.
Le prix des vivres a Vienne augmente tons
les jours. La valeur du chocolat et dn cacao
a presque doublé ; les réserves de la plnpart
des denrées alimentaires commencent à
s’épuiser.
Aux devantures des magasins de comes-
tibles les étalagés ont disparu ; les vitrines
même sont vides. Les fiacres automobiles
ont cessé da circuler faute d’essence, car
l’administration militairea accaparé toute la
production de pétrole et a interdit aux raffi-
neries de ne rien livrer au commerce. Les
stocks des marchands se trouveront prochai-
nement épuisés.
Les Allemands avouent
leur Recul en Alsace
Les Français sont maîtres maintenant de
tous les passages des Vosges.
L’état-major allemand doit lai-même
avouer le recnl. Une note officielle, tout en
niant l'importance de l’échec, reconnaît que
les Français ont occupé Ober-Aspach. Cette
note prétend, toutefois, que les Allemands
tiennent encore Nieder-Aspach.
Les exploits des aviateurs français ont fait
sensation. Le raid snr Fribourg-en-Brisgau,
éut ponr effet la destraction partielle de la
voie ferrée. Les journaux allemands recon-
naissent que tes aviateurs purent se retirer
sans être atteints par la fusillade.
L’Allemagne fait appel à tontes ses res-
sources d’hommes. Les dernières classes de
la Undstnrm, non affectées à l’appel du
5 août, sont maintenant convoquées.
On signale nne crisedes munitions. L’Asso-
ciation des manufactures allemandes a dé-
cidé d’élever, à partir de la fin décembre, le
prix de tous ses articles de 10 pour cent.
Les Taubes survolent Uazebrouck
Une tempête s’est déchaînée la semaine
dernière sur les Flandres et les plaies tor-
rentielles ont énormément gonflé les inon-
dations artificielles.
La ville d’Hazebrouck continue d’être ob-
servée non seulement par l’organisation de
l’espionnage allemand, mais encore par les
Tauoes.
Un Tanbe est apparn au-dessus de >a ville,
samedi et a jeté une bombe qui a tué on
blesse seize personnes, parmi lesquelles des
femmes et des enfants.
URTILLiim IAMIK
ALLEMANDE
Elle, est inférieure à la nôtre
Parmi nos grands spécialistes de i’arn'1 ta-
rie, il n’y eut point, ces dernières aunées,
de question pins passionnément débattue
que celle de savoir s’il convenait d’adjoindre
à l’artillerie de campagne des batteries de
canons gros calibre.
Les Allemands ont résolu cette question
dans nn certain sens, nous dans un antre
sens Mais qu'on ne croie pas que nos grands
chefs aient été pris au dépourvu la com-
position de notre artillei < an début de la
guerre était celle qu’on avait décidé, apres
mûr examen, de lui donner.
Commençons donc, nous anssi, par exami-
ner >a question.
Mais, avant toute chose, précisons bien
les termes.'Les Allemands, qui ont toujours
envisagé l’hypothèse d’une guerre offensive
contre nous, n’avaient pis vu sans ennnj,
les forts d’arrêt se multiplier sur nos fron-
tières; aossi avaient-ils résolu de créer une
artillerie de siège spéciale, d’une maniabilité
remarquable, vis-à-vis des parcs de siège ha-
bituels, artillerie destinée, en somme, à em-
porter nos forts dans le minimum de temps.
C’est cette artillerie légère de siège qu’on a
parfois appelé artillerie lourde.
L’artillerie lourde, c’est celte qui com-
prend des canons de gros calibre, de poids
élevé ; on ne saurait lui rattacher les obu-
siers légers de campagne — le 105 allemand,
par exemple.
Or, pourquoi les Allemands oiu-Us adjoint
â leur matériel de 77 des obusiers de 1Û5 ?
Simplement parce que nos ennemis savaient
bien, dès le temps de paix, que leur obus
brisant de 77 était nettement inférieur à
notre obus explosif de 75. Ils ont donc voulu
augmenter leur charge d’explosif, ce qui a
am-né l’accroissement du calibre.
Mais comme les denx materiels allemands
de campagne (77 et 105) marchant dans tes
mêmes colonnes, il est necessaire que ia
voiiure-obnsier pèse le même poids que la
voiture canon. Il a donc fallu, de tonte né-
cessité, diminuer la longueur de la pièce ds
105 comme l’épaisseur d* ses parois. Le.
canon qu’on avait rêvé est devenu, par la
force des choses, nn obusier, c’est-à-dire une
pièce à tir courbe. Ce tir courbe, pour les
Tentons, a donc été un pis-aller dont il leur
a fallu s'accommoder.
D’nn autre cô’é, le projectile de 105, étant
plus lourd que celui de 77, le caisson-obusier,
pour les mômes raisons que ci-uassus.devait
contenir moins de coups quo le caisson de 77.
Ajoutez à cela qu’une pièce,à tir courbé
est loin d’avoir la môme précision qu’une
pièce à tir tendu. Quelques chiffres donne-
ront une idée de l’écart des précisions à
2,500 mè'res de distance, on tire-sur un ca-
non isolé (tir à démolir) 1,000 coups avec un
canon de 75 et 1.000 coups avec un <>bu-ieï
de 105 Le canon touchera le but 164 fois ;
l’obusier 16 lois seulement ; autrement dit,
pour démolir la pièce ennemie, 6 ou 7 coups
de 75 suffiront, tandis que 60 coops d’obu-
sier seront nécessaires.
Cet obusier était donc, en somme, uns
mauvaise affaire ; ou a prétendu alors que
son tir courbe lui permettait nne grande ■•ffi-
cacité contre les objectifs défilés (abrités
derrière nn obstacle) on sur les tranchées.
Combien il vaut mieax préférer la solation
française, depuis que le dispositif ingénieux
du commandant Malandrin a permis d’obte-
nir un tir courbe avec notre 75. Nous avons
ainsi évité le redoutable écueil des denx
calibres distincts dans nn materiel de cam-
pagne.
Est-ce à dire que les Allemands ont en à
se louer de leur 1051 Pas dn tout.
Le seul intérêt du 105 allemand, an début
des opérations, fut de causer un gros effet
moral.
Mais l’effet moral d’une artillerie, si puis-
sante qu’elle soit, cesse rapidement si elle
ne produit pas de gros effets materiels. Cela
aura été l’histoire du 105 allemand qui n’a
jamais fait de dégâts en proportion avec la
débauche de munitions constatée. Ce ne sera
pas l’histoire du nouveau 105 français, qui
n’a rien de commun que Ie_calibre — aveo
l’obusier allemand. Notre 105 est psut-êtra
encore plus supérieur au 105 ennemi que
notre 7o de campagne l’est au 77, — on i’a
bien vu, — mais le nombre de ces pièces esl
chez nous un nombre raisonnable.
A présent panons de la véritable artillerie
lourde. Laissons tes 420 de côté — les Alle-
mands n’en possèdent que 4 dont aucun
n’a encore été amené en France, — laissons
également de côté les pièces autrichiennes
établies par Skoda et employées à trois re-
prises contre nous. Il n’y en avait que deux
batteries et elles ont donné lien, chez les ar-
tilleurs allemands, a de sérieux mécomptes,
Contre les fortifications, que ce soit à Liè-
ge, à Anvers, ù Maubenge, à Troyon, au
camp des Romains ou à Manonvtller, les
Allemands ont accompli le plus clair de lecur
besogne avec des 280.
Mais, sans parler de3 IUmailho, nons avons
aussi nés 280. nous en avons en nombre rai-
sonnai) e encore.D'où vient, dira-t ou, qu’on
n’en parle point ? Attendez que nous ayons
occasion de nous en servir Le jour n’esl
peut être pas si éloigné où nons allons com-
mencer à arroser une grosse place ennemie.
Ici encore, nos artilleurs ont dépassé, de
loin, la réalisation allemande. Notre 286
possède un immense avantage sur le 288
allemand, c’est sa mobilité.Cette grosse pièce
peut se démonter -m quatre parties, chacune
ponvant être traînée par six chevaux et la
mise en batteris s’effectue en moins d’une
heure.
On comprendra qu’on ne peut tont dire,
mais il importait, dès maintenant, de con-
vaincre le peuple français que ceux qui vont,
hochant gravement la tête et disant. « éji I
l’artillerie lourde allemande... «disent une
bêtise.
La vérité est dans cotte parole de Napo-
léon : « On ne voit que le mal qui vous est
causé par l’ennemi : on ne voit pas celui
qn’on ïni cause...»
Notre armve est entrée en campagne avec
la proportion de 4 pièces par mille hommes ,
les Allemands, hypnotises par cette vieille
doctrine de la supériorité du fen, avaient
7 pièces pour mille hommes.
Qu’est-il arrivé ? Mon Dieu ! Une chose
bien simple et que nos artilleurs avaient
souvent constatée anx grandes manoeuvres
d’automne. Les Allemands en dépit de
l’étendue du front, n’ont pas pu utiliser
toute leur,artillerie. Elle était encombrante
et les emplacements défilés convenables
ne jaillissent pas sur le sol, à la voice té du
kaiser.
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A utrefois et
Aujourd’hui
II
Nous établissions, il y a quelques jours,
tn rapide parallèle entre la situation d’au-
trefois et celle d’aujourd’hui, — entre la
situation désolée, à pareille époque, en
1870,en dépit du courage et de l’abnégation
de nos armées, et la situation si réconfor-
tante, si rassurante d’aujourd’hui.
Les toutes dernières nouvelles ne font
que nous confirmer dans nos espoirs : A
Ypres, notre artillerie riposte avec succès;
dans la région d’Arras, notre brillante at-
taque a réussi ; dans l’Aisne et en Champa-
gne, notre artillerie lourde continue de
faire une besogne excellente ; et en Ar-
gonne, nous gagnons lentement, mais obs-
tinément du terrain.
Nous refoulons ainsi chaque jour notre
ennemi sur notre frontière du Nord-Est.
Même nous avons pris l’ofïensive en Belgi-
que et en Alsace.
Ainsi donc, une comparaison d’ordre gé-
néral ne peut que nous donner entière con-
fiance.
Si nous voulons, pour un instant, nous
attacher à ce qui concerne notre région
havraise, comment cette confiance ne se-
rait-elle pas accrue ?
II y a juste quarante-quatre ans, du 5 au
14 décembre 1870, M. Ludovic Halévy était
venu en excursion par chez nous. On était
en pleine guerre, en pleine invasion. Et ce
prince de l’opérette et des spirituelles frivo-
lités parisiennes, — et qui s'est assagi plus
tard jusqu’à devenir le meilleur ami de
L’Abbé Constantin, — notait de façon rapide
et sûre ses impressions. D’une écriture
ductile et souple, où la note pittoresque
lie cherche pas à dissimuler une émotion
qui demeure cependant discrète et conte-
nue, il nous a dit les angoisses de cette
heure tragiquç.
Donc, le 5 décembre 1870, à Etrelat, ni
lettres, ni journaux. Un voyageur arrivant
de Fëcamp apporte un exemplaire du Nou-
velliste de Rouen. La dernière page est en
blanc ; une note de la rédaction fait con-
naître que là composition n’a pu être ter-
minée. C’est que la veille un engagement
avait eu lieu à Buchy, précédant la funeste
retraite. Or à dix heures, le tambour de
ville donnait lecture d’un ordre du sous-
préfet du Havre appelant tous les gardes
nationaux sédentaires, armés ou non, de
vingt à quarante ans. Ils doivent être ren-
dus le lendemain au Havre, à la première
heure. Grave émoi. Les femmes se mettent à
pleurer. Mais chacun fait son devoir. Et le
6 décembre au matin, on se met en route.
Le 7, trois mille mobilisés de Dieppe pas-
sent par Etretat se rendant au Havre. Tout
le pays est sous la neige. « Le ciel est
dramatique. C’est un ciel de théâtre*
brusque, heurté, houleux ; de grands nua-
ges noirs, très noirs, qui courent poussés
par le vent ; puis de subites éclaircies ; et
la lune, éclatante dans ce cadre sombre,
met en plein lumière les lourds chariots du
convoi qui montent péniblement la côte du
Havre avec leurs attelages de six che-
vaux ».
Et c’est ensuite, après le récit de lon-
gues heures d’angoisse, cette relation de
l’entrée des Prussiens à Etretat le 10 dé-
cembre : ' .
... Un cri s’élève : « Les Prassiens 1 les 1
Prussiens ! Ils sont arrivés 1 Ils démolissent
te télégraphe! » Un sentimentd’inviocible cu-
riosité l'emporte surtout le reste. Hommes,
femmes, enfants, tous se précipitent vers la
mairie. A l’entrée dn village, du côté dn
Havre, étaient placés, en vedette, deux dra
gons prussiens, pistolet an. poing, casqne en
tête, enveloppés dans de grandes houppe-
landes noires. Sur la place de ia mairie, une
quinzaine de chevaux étaient tenus en main
par trois on quatre dragons. Plus loin, snr
Ta route de Fécamp, une cinquantaine de
cavaliers. Les officiers à cheval allaient et
venaient. Une dizaine d’hommes sciaient les
poteaux du télégraphe et coupaient les fils à
grands coups de sabre...
Cependant le père Vatinel accourait avec
r ses sabots, sa vareuse et son grand bonnet de
’ laine rouge. Il se trouvait en présence dn
chef du détachement, et tes répliques sui-
vantes s’échangeaient entre notre vieux
brave homme de maire et ce capitaine de
dragons de la garde royale prussienne ;
— Vous avez des tusils ?
—- Pas un seul.
— Mais vous en avez en ?
— Oui, soixante-dix fusils à pierre et pas
une cartouche. Ils sont partis sur les épanles
de nos mobilisés.
La vérité, c’est qu’ils avaient été portés au
Havre, le matin même, dans une petite
charrette, sons une vingtaine de bottes de
paille...
Au moment où les Prussiens sont arrivés,
les pêcheurs étaient sur la plage, bottés, pa-
rés, les filets embarqués et prêts à s’en aller
aux harengs. Ils ont laissé là bateaux et filets.
Réunis par petits groupes, autour de la
place, ils regardent, immobiles, silencieux,
avec cette impassibilité de i’homme de mer.
fjn pêcheur rentrait chez loi, un paqnet dé
filets snr l’épaule. Il est arrêté an passage
par un des dragons, qui lui dit :
— La fontaine anx Mônsses, elle est tou-
, jours à sa place î
— Comment t vous.la connaissez ?...
J —Obi je suis déjà venu à Etretat. Mange-
ji-on toujours bien chez la mère Hauville ?
— La mère Hauville, répond le pêcheur,
vous lui avez tué son fils, il y a hait
{jours.
< E* te soir, une des vieilles femmes du vil-
lage disait î,
— C’est bien extraordinaire tout de mè-
il y a soixante ans que je vis à Etre-
tat, je ne connais pas la Fon taine-aux Mous-
ses, et les Prassiens la connaissent 1... (1)
Mais les Allemands tiennent à ce que
toutes les communications télégraphiques
qu’ils avaient brisées ne soient point réta-
blies, autrement, ils brûleront Etretat et
prélèveront 10,000 francs d’amende. Et
cela fut signifié au père Yatinet dans les
termes les plus énergiques.
La journée s’achève dans la plus grande
tristesse. Le soir, la diligence du Havre ne
revient pas. Mais à dix heures arrive à pied
un homme apportant quelques nouvelles du
Havre : une dépêche officielle datée de
Tours, 9 décembre, où Gambetta explique
les raisons de la translation du siège du
gouvernement à Bordeaux , une proclama-
tion de M. Ramel, sous-préfet du Havre.
Les dragons prussiens sont allés d’Etre-
tat, en reconnaissance, jusqu’à Criquetot ;
ils ont poussé jusqu’à Gonneville où ils ont
trouvé et brisé une trentaine de vieux fusils
à pierre... Mais l’offensive de Faidherbe,
dans le Nord, se fait déjà sentir. Il s’était
emparé de Ham le 10 décembre, et c’est
pourquoi une partie des troupes allemandes
qui devaient se diriger sur le Havre esquis-
sait dès lors un mouvement de retraite.
Rappeler le souvenir des angoisses d’au-
trefois, dans tout le pays et dans notre ré-
gion même, n’est point inutile.
Il y a quarante-quatre ans, après quatre
mois de guerre, toutes nos provinces de
l’Est et du Nord, et la vallée de la Loire et
presque toute la Normandie étaient en-
vahies ; l’ennemi était aux portes de notre
ville. Aujourd’hui, une infranchissable
ligne de défense, après avoir refoulé les
Allemands, ne se contente plus de ré-
sister ; elle est impatiente de prendre une
vigoureuse offensive. Sur ses ailes, elle a
fait reculer l’ennemi au delà de la frontière.
Si donc, à l’heure actuelle, la situation
est encore sérieuse et grave, si de lourds
sacrifices nous restent encore à consentir,
la comparaison entre « autrefois et aujour-
d’hui » nous est un précieux réconfort. Elle
nous fait un devoir de conserver toute no-
tre énergie avec la volonté de vaincre ; elle
nous donne la certitude que n6us“ vàîn:
crons. Il faut vouloir, — et nous vouions.
TH. VALLÉE.
L'ENTREVUE
des Rois George et Mkert
Le Daily Telegraph publie le récit da « té-
moin oculaire » qui assistait à la rencontre
historique de vendredi dernier entre le roi
George et le roi Albert.
Le roi George, accompagné do prince de
Galles et de deux attachés, arriva an quar-
tier général belge vers une heure de l’après-
midi. Ii fat reçu par le roi des Belges et
par nn certain nombre d’officiers des états-
majors anglais et beige, dont le prince
Alexandre de Teck et M. de Broqneville, mi-
nistre de ia guerre de Belgique.
Les deux rois se saluèrent et s’embrassè-
rent, en même temps qne les soldats belges
ponssaient des honrras enthousiastes et que
les musiques jouaient les hymnes des denx
nations.
Le roi Albert présenta M. de Broqneville
an roi George ainsi que les officiers de
l’état-major générai belge et les officiers an-
glais. Les denx souverains s’entretinrent
pendant qnelqnes instants et allèrent en-
saite passer en revue an régiment belge au-
quel le roi George adressa quelques paroles
élogienses.
Le roi Albert portait un uniforme de sim-
ple officier de cavalerie sur lequel était épin-
glée une seule médaille. Le roi George était
en tenne kaki.
Le temps était froid mais relativement
bean.
Après la revue des troupes, les deux rois,
accompagnés dn prince de Galles, du prince
Alexandre de Teck, et de deux princes in-
diens. se rendirent dans nne maison voisine,
où, en présence des princes et de six antres
personnalités, le roi Albert reçut l’Ordre de
la Jarretière. La cérémonie ne dura qu’un
quart d’heure. Portant le ruban bleu de
l’Ordre, le roi Albert et le roi George allèrent
ensuite déjeuner avec la reine Elisabeth,
saluer an passage par les acclamations de
ous les assistants.
Comment le Prince Mûm
prit la faite en leroplane
Nous avons relaté hier qne le prince
Joachim, un des fils de Guillaume II, faillit
tomber anx mains des Busses au combat de
Lodz.
Le Times nous apporte des renseignements
nouveaux sur cet événement de guerre. Il
répète ceux qn’a fourni au Kurier le lieute-
nant Bolidhkt qui vient de rentrer blessé à
Pelrograd.
Au moyen d'nn aéroplane, le prince Joa-
chim de Prasse s’est échappé le24 novembre,
alors que les Russes occupaient un endroit
désigné par l’initale « B », — probablement
Brezln—après nne lntte obstinée. En en-
trant dans le village, le lientenant apprit par
les officiers rnsses qui avaient été faits tem-
porairement prisonniers par l’ennemi, qne
le prince Joachim commandait.
Lorsque le combat tourna au désavantage
des Allemand», le prince monta à cheval et
s’étant emmitouflé dans un large manteau,
s’échappa vers les lignes arrières. A ce mo-
ment, trois aéroplanes allemands volaient
an-dessns de B... L’an d’eux descendit et
essaya d’enlever le prince, mais l’artillerie
russe qni surveillait ce point dn champ de
bataille démolit l’aéro. Un contingent im-
portant de forces allemandes était serré de
près par les Rnsses et le prince allait être
captnré, lorsqu’un antre aéroplane atterrit
soudain, prit le prince à son bord et exécuta
une folle ascension pour disparaître an plus
vite.
(lj Ludovic Halévy. — L'invasion*
LA GUERRE
±arr» JOTCJ-FSIIVJÉJE:
COMMUNIQUÉS OFFICIELS
Paris, 8 décembre, 15 heures.
Pendant la journée du 7, l’ennemi
s’est montré plus actif que la veille.
Dans la région de l'Yser et aux en-
virons d’Ypres, notre artillerie a ri-
posté avec succès.
Dans la région d’Arras,une très bril-
lante attaque, nous a, comme nous
l’avons annoncé, rendu maîtres de
Vermelles et du Rutoir. Vermellés
était depuis près de deux mois le théâ-
tre d’une lutte acharnée ; l’ennemi y
avait pris pied le 16 octobre, et du
21 au 25 octobre, il avait réussi à
nous rejeter hors de cette localité.
Depuis le- 25 octobre, des opéra-
tions de sape et de mine nous avaient
ramenés, pied à pied, jusqu’aux lisiè-
res, et le 1er décembre, nous avons
enlevé le parc et le château.
Dans la région de l’Argonne et en
Champagne, quelques combats d’ar-
tillerie. Notre artillerie lourde a dis-
persé plusieurs rassemblements en-
nemis.
En Argonne (bois de la Grurie) et au
Nord-Ouest de Pont-à-Mousson (bois
Le Prêtre) nous avons gagné un peu
de terrain..
Sur le reste du front, rien à signaler.
Paris, 23 heures.
En Belgique,. une violente attaque
allemande sur Saint-Eloi, au Sud
d’Ypres, a été repoussée.
La lutte est toujours très vive dans
les forêts et à l’Est de 1 Argonne.
Aucun autre incident notable.
Official Report of the
French Government
Dec. St!l - 3 p. m.
Yesterday the enemy showed increased
activity on the Yser and around Ypres. Our
artillery repliëd successfully.
On the région of Arras, after a brilliant
attack we hâve taken Vermelles and Ru-
toir.
Around Vermelles the battleraged since
two months. On the 16iU of Oçtober
the foe, after setting foot on this loca-
lity, succeeded in occupying it entirely
between the 21st and 2oth. Since this date,
rby sapping and mining we approached
slowly and on the first of December, we
;took the castle and the park.
On the région of the Aisne and Champa-
gne, our heavy artillery is dominating and
succeeded in scattering several groups of
the foe.
On Argonne> we hâve gained some
ground in the forest « La Grurie » and
north of Pont-à-Mousson in the forest Le-
pretre.
Nothing further to report from the re-
mainder of the front:
Au Conseil des Ministres
Bordeaux, 8 décembre.
Le Conseil des ministres s’est entretenu
de la situation diplomatique et militaire.
Le prochain Conseil anra lien vendredi à
l'Elysée.
MM. Sembat, Bienvenn-Martin et Guesde
sont partis ponr Paris.
Les Généraux Français Décorés
Londres, 8 décembre.
A l’occasion deka visite en France, le roi
George a conféré la grand’eroix de l’ordre du
Bain aux généraux Joffre et Foch.
Les généraux Maud’nuy, Durbal, Conneau,
Mitry, Maistre, Dubois et Grossetty reçoivent
la grand’eroix de l’ordre de Saint-Michel et
de Saint-George.
Les Affectations Militaires
Paris, 8 décembre.
M. le général Joffre rappelle qu’il ne pren-
dra en considération aucune recommanda-
tion tendant à obtenir an changement d’af-
fectation militaire.
Les Dons des Parlementaires
Paris, 7 décembre.
M. André Hesse, député, a adressé au pré-
sident de la Chambre, afin d’être soumis au
scrutin de la Chambre, dans la séance du
22 décembre, nne résolution disant que les
députés décident d’abandonner, à partir du
premier janvier 1915, un cinquième de leur
traitement législatif en faveur des victimes
de la guerre, par l’intermédiaire dn Comité
de secours national.
M Trégnier, député, doit déposer une pro-
position analogue.
Mort tl’iiïv Béputé
Belfori, «décembre.
M. Schneider, député et maire de cette
ville, vient de mourir.
LA PERTE DES TORPILLEURS
Toulon, T décembre.
Le Conseil de gnerre maritime a acquitté
à l’unanimité l’enseigne Ven, et, à la mino-
rité de favenr, le premier maître Tristani.
Ils étaient inculpés de la perte des torpil-
leurs 347 et 348.
L’accusatioii mettait hors de cause l’en-
seigne Ven et déclarait coupable .Tristani
par impéritie.
M. de Broqueville enquête
Londres, 8 décembre.
M. de Broqneville est arrivé ici.
11 va examiner la situation des réfugiés
belges.
Les Flèches meurtrières
Londres, 8 décembre.
Le Morning Post annonce que le général
von Meyer a été tué par la flèche d’on avia-
teur, an moment où tl montait en automo-
bile.
La Formule Obligatoire
Petrograd, 8 décembre.
Les correspondances de tons les prison-
niers russes en Allemagne sont envoyées
sons forme de cartes postales, portant, im-
primé en russe, les mots : a Je suis bien
portant et bien nourri Envoyee-moi argent.»
Les prisonniers ajoutent leur signature.
Le Drapeau des Sapeurs-Pompiers
Petrograd, 8 décembre.
Les Rnsses ayant trouvé dans le mess du
il® dragons prussien à Lick (Prusse Orien-
tale), le drapeau que les Allemands avaient
enlevé dans le Jara, en 1870, aux sapeurs-
pompiers de France, le tzar a ordonné de
remettre ce drapeau à l’ambassade de France
à Pétrograd, où il se trouve actuellement.
La Chasse au Commerce allemand
Paris, 8 décembre.
On télégraphie de Londres an Temps que
deux négociants en métallurgie de Glasgow
ayant continué à commercer avec l’Alle-
magne ont été condamnés à nne amende de
50,000 francs.
Les Pérégrinations du Roi de Saxe
Copenhague, 8 décembre.
Le roi de Saxe a quitté Dresde ponr se
rendre snr le front occidental.
La Diplomatie allemande en Italie
Bâle, 8 décembre.
La Gazette de Francfort annonce que le
prince de Bulow est arrivé à Berlin et qu’il
repartira pour Rome dans le courant de la
semaine.
Les Mensonges allemands
Paris, 8 décembre.
Le Journal des Débats proteste contre le
nonveau mensonge des Allemands qni pré-
tendent que nons aurions demandé à des
prisonniers allemands de faire venir des pa-
piers militaires afin de les inculper d’espion-
nage.
LES FINANCES ALLEMANDES
New-York, 8 décembre.
La valeur du mark a haussé. Le change
est maintenant de 87 cents 3/4 pour quatre
marks.
Un Fils du Kaiser décoré en Autriche
Berne, 8 décembre.
Le prince Joachim de Prusse a reçu l’Ordre
austro-hongrois du Mérite ponr sa conduite
à la bataille de Eutno.
LE MINISTÈRE PORTUGAIS
Lisbonne, 8 décembre.
Le journal Lucta dit qne le ministère sera
probablement constitué par les Unionistes
et les Démocrates ; la crise sera de conrte
durée.
MUTINERIE EN HOLLANDE
Paris, 8 décembre.
Selon la Liberté, on mande d’Amsterdam
an Zeist que des.soldats belges internés en
Hollande, dans nn camp, irrités par l’inter-
diction de recevoir des visites de leurs fem-
mes, se battirent avec des soldats hollan-
dais qui les gardaient. Sept Belges forent
tués.
ON CHANGE LES ÉTIQUETTES
Petrograd, 8 décembre.
Les Allemands ont changé le nom de ia
ville de Czenstokohl ; ils l’appellent mainte-
nant Kaiserberfe
Sur le Front Eusse
Les Opérations. —- Explosion de
trains de munitions. — Les
Ressources financières
de la Russie.
Pelrograd, 8 décembre.
Les Allemands occupent une partie de la
province de Ktelce.
On annonce que denx trains transportant
de la pyroxyline et des inanitions sont entrés
en collision. Les trains et les soldats s’y
trouvant furent littéralement pulvérisés. Il
n’y a aucun survivant.
Les Allemands ont profité d’nn temps
clair pour bombarder Lodz quotidienne-
ment. Iis ont démoli trois usines.47 maisons,
et ils ont tné 30 habitants et en ont blessé
200.
Petrograd, 8 décembre.
L’empereur a visité Ekaterinodar et a reçu
les délégations des cosaques et de la colonie
anglaise.
Les propriétaires fonciers ont remis an
tzar 14,000 roubles pour les besoins de la
guerre.
Le tzar a assisté ensuite à la cérémonie
militaire traditionnelle des cosaques qui dé-
ployèrent les enseignes qui servaient jadis
anx zaporognes.
A l'issue de la cérémonie,le tzar a visité les
hôpitaux.
Petrograd, 8 décembre.
Un rapport dn ministre des finances, an-
nexe au projet de budget de 1915, rappelle
que la guerre a eu pour conséquences de
resserrer les ressources financières et de
rendre difficile l’équilibre do budget, surtout
après la suppression de la vente des bois-
sons alcooliques voulue par le tzar.
Le ministre expose les mesures prises
ponr parer à ce résultat de l’augmentation
des impôts existants par la création de nou-
velles taxes de libération, de certains crédits
et par i’ajonrnement de projets non argents.
Les recettes ont diminne les denx pre-
miers mois de la guerre et ont subi ensnite
une recrudescence constante, donnant l’es-
poir qne la vie économique ne sera pas at-
teinte aussi gravement qu’on le craignait.
LES ALLEMANDS A LODZ
Paris, 8 décembre.
On télégraphie de Copenhague an Temps
qne les Allemands ont occupé Lodz.
Londres, 8 décembre.
Les journaux reproduisent nne dépêche dn
Berliner Tageblatt annonçant que les Alle-
mands sont entrés à Lodz. Le Berliner Tage-
blatt dit que cette prise n’aura d’effets stra-
tégiques et ne deviendra une victoire posi-
tive qne si les Allemands poursuivent les
Busses. Dans ce cas, le centre de l’armée al-
lemande pourra se retourner vigoureuse-
ment contre les positions de l’armée russe
qui sont au Nord et Sad.
Vienne commença à subir
un maiaise économique
Tandis qne les légions russes se r épandent
dans les plaines de Hongrie, les Viennois
commencent à se trouver mal à Taise. On a
appris de Vienne qne l'on démontait les
grands canons de côte de Pola ponr les
envoyer à Vienne et qne la garnison de la
grande forteresse maritime était appelée en
toute hâte dans la capitale.
Le prix des vivres a Vienne augmente tons
les jours. La valeur du chocolat et dn cacao
a presque doublé ; les réserves de la plnpart
des denrées alimentaires commencent à
s’épuiser.
Aux devantures des magasins de comes-
tibles les étalagés ont disparu ; les vitrines
même sont vides. Les fiacres automobiles
ont cessé da circuler faute d’essence, car
l’administration militairea accaparé toute la
production de pétrole et a interdit aux raffi-
neries de ne rien livrer au commerce. Les
stocks des marchands se trouveront prochai-
nement épuisés.
Les Allemands avouent
leur Recul en Alsace
Les Français sont maîtres maintenant de
tous les passages des Vosges.
L’état-major allemand doit lai-même
avouer le recnl. Une note officielle, tout en
niant l'importance de l’échec, reconnaît que
les Français ont occupé Ober-Aspach. Cette
note prétend, toutefois, que les Allemands
tiennent encore Nieder-Aspach.
Les exploits des aviateurs français ont fait
sensation. Le raid snr Fribourg-en-Brisgau,
éut ponr effet la destraction partielle de la
voie ferrée. Les journaux allemands recon-
naissent que tes aviateurs purent se retirer
sans être atteints par la fusillade.
L’Allemagne fait appel à tontes ses res-
sources d’hommes. Les dernières classes de
la Undstnrm, non affectées à l’appel du
5 août, sont maintenant convoquées.
On signale nne crisedes munitions. L’Asso-
ciation des manufactures allemandes a dé-
cidé d’élever, à partir de la fin décembre, le
prix de tous ses articles de 10 pour cent.
Les Taubes survolent Uazebrouck
Une tempête s’est déchaînée la semaine
dernière sur les Flandres et les plaies tor-
rentielles ont énormément gonflé les inon-
dations artificielles.
La ville d’Hazebrouck continue d’être ob-
servée non seulement par l’organisation de
l’espionnage allemand, mais encore par les
Tauoes.
Un Tanbe est apparn au-dessus de >a ville,
samedi et a jeté une bombe qui a tué on
blesse seize personnes, parmi lesquelles des
femmes et des enfants.
URTILLiim IAMIK
ALLEMANDE
Elle, est inférieure à la nôtre
Parmi nos grands spécialistes de i’arn'1 ta-
rie, il n’y eut point, ces dernières aunées,
de question pins passionnément débattue
que celle de savoir s’il convenait d’adjoindre
à l’artillerie de campagne des batteries de
canons gros calibre.
Les Allemands ont résolu cette question
dans nn certain sens, nous dans un antre
sens Mais qu'on ne croie pas que nos grands
chefs aient été pris au dépourvu la com-
position de notre artillei < an début de la
guerre était celle qu’on avait décidé, apres
mûr examen, de lui donner.
Commençons donc, nous anssi, par exami-
ner >a question.
Mais, avant toute chose, précisons bien
les termes.'Les Allemands, qui ont toujours
envisagé l’hypothèse d’une guerre offensive
contre nous, n’avaient pis vu sans ennnj,
les forts d’arrêt se multiplier sur nos fron-
tières; aossi avaient-ils résolu de créer une
artillerie de siège spéciale, d’une maniabilité
remarquable, vis-à-vis des parcs de siège ha-
bituels, artillerie destinée, en somme, à em-
porter nos forts dans le minimum de temps.
C’est cette artillerie légère de siège qu’on a
parfois appelé artillerie lourde.
L’artillerie lourde, c’est celte qui com-
prend des canons de gros calibre, de poids
élevé ; on ne saurait lui rattacher les obu-
siers légers de campagne — le 105 allemand,
par exemple.
Or, pourquoi les Allemands oiu-Us adjoint
â leur matériel de 77 des obusiers de 1Û5 ?
Simplement parce que nos ennemis savaient
bien, dès le temps de paix, que leur obus
brisant de 77 était nettement inférieur à
notre obus explosif de 75. Ils ont donc voulu
augmenter leur charge d’explosif, ce qui a
am-né l’accroissement du calibre.
Mais comme les denx materiels allemands
de campagne (77 et 105) marchant dans tes
mêmes colonnes, il est necessaire que ia
voiiure-obnsier pèse le même poids que la
voiture canon. Il a donc fallu, de tonte né-
cessité, diminuer la longueur de la pièce ds
105 comme l’épaisseur d* ses parois. Le.
canon qu’on avait rêvé est devenu, par la
force des choses, nn obusier, c’est-à-dire une
pièce à tir courbe. Ce tir courbe, pour les
Tentons, a donc été un pis-aller dont il leur
a fallu s'accommoder.
D’nn autre cô’é, le projectile de 105, étant
plus lourd que celui de 77, le caisson-obusier,
pour les mômes raisons que ci-uassus.devait
contenir moins de coups quo le caisson de 77.
Ajoutez à cela qu’une pièce,à tir courbé
est loin d’avoir la môme précision qu’une
pièce à tir tendu. Quelques chiffres donne-
ront une idée de l’écart des précisions à
2,500 mè'res de distance, on tire-sur un ca-
non isolé (tir à démolir) 1,000 coups avec un
canon de 75 et 1.000 coups avec un <>bu-ieï
de 105 Le canon touchera le but 164 fois ;
l’obusier 16 lois seulement ; autrement dit,
pour démolir la pièce ennemie, 6 ou 7 coups
de 75 suffiront, tandis que 60 coops d’obu-
sier seront nécessaires.
Cet obusier était donc, en somme, uns
mauvaise affaire ; ou a prétendu alors que
son tir courbe lui permettait nne grande ■•ffi-
cacité contre les objectifs défilés (abrités
derrière nn obstacle) on sur les tranchées.
Combien il vaut mieax préférer la solation
française, depuis que le dispositif ingénieux
du commandant Malandrin a permis d’obte-
nir un tir courbe avec notre 75. Nous avons
ainsi évité le redoutable écueil des denx
calibres distincts dans nn materiel de cam-
pagne.
Est-ce à dire que les Allemands ont en à
se louer de leur 1051 Pas dn tout.
Le seul intérêt du 105 allemand, an début
des opérations, fut de causer un gros effet
moral.
Mais l’effet moral d’une artillerie, si puis-
sante qu’elle soit, cesse rapidement si elle
ne produit pas de gros effets materiels. Cela
aura été l’histoire du 105 allemand qui n’a
jamais fait de dégâts en proportion avec la
débauche de munitions constatée. Ce ne sera
pas l’histoire du nouveau 105 français, qui
n’a rien de commun que Ie_calibre — aveo
l’obusier allemand. Notre 105 est psut-êtra
encore plus supérieur au 105 ennemi que
notre 7o de campagne l’est au 77, — on i’a
bien vu, — mais le nombre de ces pièces esl
chez nous un nombre raisonnable.
A présent panons de la véritable artillerie
lourde. Laissons tes 420 de côté — les Alle-
mands n’en possèdent que 4 dont aucun
n’a encore été amené en France, — laissons
également de côté les pièces autrichiennes
établies par Skoda et employées à trois re-
prises contre nous. Il n’y en avait que deux
batteries et elles ont donné lien, chez les ar-
tilleurs allemands, a de sérieux mécomptes,
Contre les fortifications, que ce soit à Liè-
ge, à Anvers, ù Maubenge, à Troyon, au
camp des Romains ou à Manonvtller, les
Allemands ont accompli le plus clair de lecur
besogne avec des 280.
Mais, sans parler de3 IUmailho, nons avons
aussi nés 280. nous en avons en nombre rai-
sonnai) e encore.D'où vient, dira-t ou, qu’on
n’en parle point ? Attendez que nous ayons
occasion de nous en servir Le jour n’esl
peut être pas si éloigné où nons allons com-
mencer à arroser une grosse place ennemie.
Ici encore, nos artilleurs ont dépassé, de
loin, la réalisation allemande. Notre 286
possède un immense avantage sur le 288
allemand, c’est sa mobilité.Cette grosse pièce
peut se démonter -m quatre parties, chacune
ponvant être traînée par six chevaux et la
mise en batteris s’effectue en moins d’une
heure.
On comprendra qu’on ne peut tont dire,
mais il importait, dès maintenant, de con-
vaincre le peuple français que ceux qui vont,
hochant gravement la tête et disant. « éji I
l’artillerie lourde allemande... «disent une
bêtise.
La vérité est dans cotte parole de Napo-
léon : « On ne voit que le mal qui vous est
causé par l’ennemi : on ne voit pas celui
qn’on ïni cause...»
Notre armve est entrée en campagne avec
la proportion de 4 pièces par mille hommes ,
les Allemands, hypnotises par cette vieille
doctrine de la supériorité du fen, avaient
7 pièces pour mille hommes.
Qu’est-il arrivé ? Mon Dieu ! Une chose
bien simple et que nos artilleurs avaient
souvent constatée anx grandes manoeuvres
d’automne. Les Allemands en dépit de
l’étendue du front, n’ont pas pu utiliser
toute leur,artillerie. Elle était encombrante
et les emplacements défilés convenables
ne jaillissent pas sur le sol, à la voice té du
kaiser.
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