Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-12-02
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 décembre 1914 02 décembre 1914
Description : 1914/12/02 (A34,N12169). 1914/12/02 (A34,N12169).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172329f
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/12/2020
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La Situation Economique
DE L’ALLEMAGNE
Dans une étude des plus judicieuses et
les plus informées, M. Maurice Colrat exa-
minait, ces jours-ci, la situation économi-
que de l’Allemagne. Son important article,
publié dans l’excellente revue l’Opinion,
5st d’une actualité instante.
Envisageant d’abord le blocus de l’Alle-
magne, son degré d’efficacité, ses réper-
cussions, M. Maurice Colrat, avec une sû-
reté d’analyse qui sait se garder de toute
exagération, en arrive à des conclusions
fort rassurantes pour nous.
Le blocus de l’Allemagne a été entrepris,
jlès le commencement de la guerre. Si, par
définition, le blocus est la suppression de
tout commerce entre le peuple bloqué et
les autres peuples, ni nous ni nos alliés ne
pouvons nous flatter d’avoir complètement
bloqué l’Allemagne. Car si* les grandes por-
tes maritimes de l’ennemi restent fermées
grâce à la vigilance des flottes anglaises et
françaises, il existe au Nord et au Sud plu-
sieurs « poternes » par où le ravitaillement
se continue dans une certaine mesure. Et
pour comprendre le rôle de cès portes clan-
destines, les services qu’elles rendent, il ne
Suffit pas de consulter les livres de droit où j
les obligations des neutres se trouvent for-
mulées. Les phénomènes économiques l’em-
portent sur les théorèmes juridiques. De
même qu’un blocus n’est jamais complète-
ment efficace, de même une neutralité n’est
jamais complètement respectée, en dépit
même des efforts loyaux des gouvernements
seutres eux-mêmes.
Ayant rendu un particulier hommage
aux scrupules du gouvernement helvétique, j
M • Maurice Colrat démontre que si la Suis-
se ne contribue pas directement à l'appro- •
visionnement de l’Allemagne, des envois
considérables provenant de l’Italie passent
à destination de l’Empire par les Jignes de.
Lotschberg, du Saint-Gothard, du Brenner.
Or, aux termes de la convention de La
Haye, ce transit qui se fait par wagons
plombés. Et dont.on ignore le contenu, ne
saurait être reprochable au gouvernement
Suisse. Et cependant, le gouvernement ita-
lien, dès la première heure, avait pris, lui
aussi, des arrêtés d’interdiction ; le minis-
tre des finances italien, ainsi que le prou-
vent de récentes saisies, avait fait respecter
avec bonne foi, avec bonne volonté les rè-
gles essentielles de Ja neutralité.
Ainsi le blocus et la neutralité absolue
étant d’une pratique impossible pour bien
des raisons d’ordre technique, — sans
Compter que l’appât du gain sait trouver
des moyens ingénieux pour éluder les me-
sures les plus sévères, — certaines person-
nes s’étaient trop inconsidérément leurrées
de cet espoir que, dès les premiers temps
des hostilités, nous aurions réduit Berlin
et l’Allemagne par la famine. De même, en
ce qui touche la situation financière, cer-
tains avaient-ils cru trop aisément à une
pénurie imminente de nos ennemis. Or il
serait injuste de nier le relatif succès des
emprunts allemands, de même qu’il serait
inutile de ÿen émouvoir : la plupart des
fonds souscrits ont été obtenus soit des
caisses d’épargne ou des caisses commu-
nales, ainsi privées de toutes disponibilités
au moment où leurs besoins sont plus ur-
gents que jamais, soit des sociétés d’assu-
rances et des sociétés industrielles qui ont
emprunté sur titres, soit des virements des
comptes particulieis. Si bien que « l’opé-
ration constitue à la fois une mobilisation
générale et une immobilisation générale ».
M. Maurice Colrat reconnaît qu’en Alle-
magne, aussi bien au point de vue mili-
taire qu’au point de vue financier, toute
mobilisation était prête, et l’organisation
de nos ennemis, trop ignorée chez nous,
était excellente. « Mais, ajoute-t il, je crois
qu’ils ne connaissaient pas davantage nos
ressources d’esprit et qu’ils n’estiment pas
encore à sa valeur nos facultés d’improvi-
sation.. . Nous savons maintenant la capa-
cité d’organisation du peuple allemand.
Pour évaluer sa capacité de résistance, il
nous faut attendre qu’il se trouve dans les
mêmes conditions que nous, son territoire
envahi. Alors la situation économique de
L’Empire sera changée et surtout sa condi-
tion morale. Nous verrons comment nos
adversaires tiendront le coup quand leur
offensive sera brisée et nos armées chez
eux. »
Mais leur offensive n’est-elle point brisée
déjà ? Et leur superbe assurance des pre-
miers jours n’a-t-elle pas subi de tels dé-
boires, de telles humiliations que leur con-
fiance u’en soit déjà plus qu’ébranlée ?
ÏH. VALLÉE.
La Disgrâce flu général âeMoltke
Selon nna dépêcha de Copenhague au
Daily Rnos. le general de Mollke, chef d'état-
major aliesuaud, ne serait nullement ma-
lade, raah tout simplement prisonnier dans
en des palais impériaux, celui de Homburg-
lüKlw-Iîoelie, croit-on
ObéisMvt à un ordre dn kaiser, le général
de Moltke se serait retire Un qnartier géné-
ral et aurait abandonné son commandement
parce qu’il marchait psr trop sur les brisées
3n prince héritier dans la direction des opé-
rations aor le front occidental lors du com-
Ath&me&t As î» retraita allemande.
Le Roi Beorge
EN FRANCE
Le Roi d’Angleterre est parti pour la France
dimanche soir, ponr faire visite an quartier
général dn corps expéditionnaire.
Il était accompagné de Lord Stamfordham
et du major Wigram.
Sa Majesté et sa suite ont quitté le Palais
de Buckingham à trois heures. Un navire de
gnerre les a pris dans an port de la Manche
pour les transporter en France.
Le Roi est arrivé en France lundi matin.
Il fut reçu par le Prince de Galles, dont i’état
de santé est excellent, et visita les hôpitaux
militaires.
La nouvelle du départ du Roi pour le front
canse une vive satisfaction dans toute i’An-
gieterre.
Le Ttmes écrit à ce sujet :
a Ea quittant nos rivages pour la Francs,
pour se rendre compte par Ini-mème des
conditions de la ligne de bataille, le roi ré-
pond an pins haut appel de son devoir, il
donne nn magnifique exemple à ses sujets
et il va porter les plus sincères félicitations
à nos vaillants alliés.
» Nul souverain britannique depuis Geor-
ge II, qui combattit à Dettingen, n’avait pris
place parmi ses troupes SUT le champ de ba-
taille. Nul depuis le 15« siècle n’avait mis le
pied en France, en temps de guerre. Et au-
jourd'hui, cinq cents ans après Azincouri, le
roi débarqoe sur le sol de France pour une
mission pins noble que celles qu’aucun de
ses devanciers... Sa visite est la meilleure
preuve pratique, si besoin était du profond
et vigilant intérêt qu’il a toujours porté au
succès de son armée ».
LE ROLE DE L’ARMÉE BEI GE
Paris, I» décembre.
Le Bulletin de l’Armée publie les détails
suivants sur le rôle de l'armée belge dans la
batàillé des Flandres.
Le 30 septembre commença le siège d’An-
vers. Le 9 octobre, la place succomba Le 11
novembre, l’armée b8lge appuyée par des
marins français et un d tichement anglais
arrivait dans la région ü'Ostende, Dixrruide
Thonrout.
Du 12 au 15 l’armée belge se maintient
dans cette région. Le 14 au soir elle s'établit
sur l’Yser, de Nieuport à D xmude qu’elle
dent jusqu’au 21, aidée à Dixmude par les
marins. Elle repoussa vigoureusement notam-
ment 17 attaques sur Nieuport. Mais lé 18
elle perdit Keyern et dut se replier le 27 sur
le chemin de fer de Nieuport à Dixmude où
elle se fixa désormais.
Ramscapelle seul fut momentanément
perdu.
A partir du 24, une division pais nn corps
d’armée français s’établirent sur le chemin
de fer et reprirent Ramscapelle.
Le gros de l’armée belge, qui venait de
soutenir cette lotte ininterrompue de 3 mois,
fat reconsdtnée entre le chemin de fer et la
ronte de Famés à Poperinghe, tandis que
l’artillerie et plusieurs régiments demeu-
raient en première ligue participant à l’ac-
tion des troupes françaises.
La brigade Meyser se distingua particuliè-
rement dans la défense de Dixmude. Le gé-
néral Meyser fut nommé commandeur de
ia Légion d’honneur.
Peu de jours après, les 6 divisions belges
au complet reprenaient la place prêtes à
sceller de nouveau i’étroite fraternité d’ar-
mes établie les semaines precedentes entre
elles et les alliés.
Le Mronprinz interviewé
Une interview sensationnelle est publiée
par nn jonmal américain.
Le kronprinz a fait des confidences au cor-
respondant de l'United Press à Berlin. Et il
résulte des termes de cet entretien, qui eat
lieu an quartier générai allemand, que le fils
dn kaiser a été calomnié — c’est iut qui le
dit. Son attitude en ce qui concerne la paix
et la guerre diffère complètement de celle
un’on lai prête, c’est du moins ce qu'il
affirme.
l.e kronprinz caractérise la guerre comme
un « inutile sacrifice de vies, une laite qui
semble n’avoir ni sens ni raison ».
a Je suis soldat, a dit le prince, et par suite
je ne puis discuter ia politique de ia guerre,
mais l’Allemagne n’avait pas le choix dans
l’affaire. Du haut en bas de l'echelle sociale,
le peuple allemand sait qu’il combat pour
son existence. Vous ne serez jamais capable
de convaincre ce peuple que cette guerre
ne fat pas machinée entièrement dans ie but
d’écraser l’Allemagne. »
Le kronprinz dit son impression,que, com-
me les 99 pour cent des Allemands, il tient
l’Angleterre comme principalement respon-
sable. Mais il ne dévi.oppa pas les raisons
de la haine ou de t’amerture qui prévaut en
Allemagne contre la Grande Bretagne.
— Dites moi ce que l'on dit de moi en
Amérique, ajouta-t-u;
Comme il constatait quelque hésitation de
la part du journaliste américain, il ajouta :
« J’aime la franchise et la vérité.
— Votre grandeur impériale a été repré-
sentée comme nn agitateur de la guerre,
comme la tête du parti militaire, comme
l’incarnation du militarisme.
— Je le sais, répondit-il, et la presse an-
glaise dit plus encore. Le peuple croit-il
réellement cela ? Me crôit-ilcapable de voler
ou d’autoriser mes soldats à piller les de-
meures françaises.. Je suis désolé que
le public ne me connaisse pas mieux. Il n'y
a pas de parti militaire en Allemagne actuel-
lement ; il n’y en a jamais eu. Q tant au mi-
litarisme allemand c’est an mot employé
par l’Angleterre pour ameuter le monde
contre nous ».
Le kronprinz sourit quand le journaliste
américain lui dit que les Russes t dllirent
capturer le kaiser près de Varsovie. « Je
dirai cela à mon père, ça l'amusera t » Il a
fait l’éloge de la bravoure incomparable du
soldat français qni se bat magnifiquement et
égale les troupes allemandes en intelligence.
Il est parfois pins vif, pins agile, mais meil-
leur dans les combats défensifs.
Les événements, a-t-il ajonté, ont démon-
tré que le général Joffre est des plus capa-
bles et l’objet de l'admiration universelle:
LA GUERRE
12Q« JOUFllWÉEl
COMMUNIQUES OFFICIELS
Paris, lm décembre, i5 heures.
En Belgique, la canonnade a été
assez vive dans la journée d’hier.
Aucune attaque d'infanterie allemande-
n’a été prononcée.
L’ennemi a continué à montrer une
assez grande activité dans le Nord
d’Arras.
Dans la région de l’Aisne, la canon-
nade a été intermittente sur tùut le
front.
En Argonne, les combats conti-
nuent sans modifier la situation.
En Woëvre et dans les Vosges, rien
à signaler."
Paris, 23 heures.
En Belgique, l'infanterie allemande
a essayé, sans succès, de sortir de
ses tranchées au Sud de Bixschoote.
Entre Béthune et Lens, à la suite
d’une affaire assez chaude, nous avons
enlevé le château et le parc de Ver-j
meilles.
En Argonne, nous avons avancé
sensiblement dans le bois de Grùrie.
Sur le reste du front, rien à si-
gnaler.
Qüicial Report of the
French Government
Dec. - 3 p. m.
In Belgium, cannonading was very vio-
lent yesterday. The enemy has not made
any infantry attack.
The foe continued to show great activity
North of Arras.
In the Aisne, the bombardaient was in-
termitting on the whole front.
In the Argonne, fighting continues
withnut any change in the situation.
In Woëvre and in the Vosges, nothing to
mention.
COMMUNIQUÉ RUSSE
Petrograd, 16r Décembre.
Les combats acharnés continuent dans la
direction de Loviez.
Les Allemands ont tenté vainement
d’avancer dans la région de Szerzow, où
nous leur avons infligé des pertes considé-
rables.
Sur le reste du front, sur la rive gauche
de la Vistule, il n’y a eu, le 29, qu’une
simple canonnade.
Après dix jours d’un combat opiniâtre,
nous nous sommes emparés, le 28, des po-
sitions autrichiennes protégeant les passa-
ges dans les Carpathes, sur une étendue de
cinquante verstes, depuis Koneczna, au
Nord de Bartfeld, jusqu’à Sczuko, au Sud
de Mezo-Laborcz.
Nous nous sommes emparés de canons,
de mitrailleuses et de nombreux prison-
niers. .
Au cours de la première quinzaine de
novembre, 600 officiers et 50,000 soldats
autrichiens ont été faits prisonniers.
À Piock, nous avons capturé quatre em-
barcations chargées d’engins et de muni-
tions.
En Prusse orientale, ob ne signale uni-
quement que dè petits engagements.
On ne signale aucune trace de navires
turcs sur la mer Noire depuis le 21.
COMMUNIQUÉ ALLEMAND
{Nous ne publions les communiquéi allemands
qu'à titre documentaire et sous toutes réserves —
n-s lecteurs les redresseront d’eux-mêmes à l’aide
des communiqués authentiques qui précèdent.)
Berlin, 30 novembre.
Rien à mentionner snr le théâtre occiden-
tal de la guerre.
*^Sur la frontière de la Prusse orientale, une
tentative par les troupes russes pour sur-
prendre les fortifications allemandes à l’Est
de Dsrkehein a échoué avec de lourdes per-
tes pour l’ennemi auquel nous avons pris
quelques officiers et 600 hommes.
Au Sud de la Vistule, les contre-attaques
mentionnées hier ont eu des résultats satis-
faisants. 16 canons et plus de 4,500 prison-
niers sont tombés entre nos mains.
Rien digne d’être noté ne s’est produit en
Pologne du Sud.
La Visile de Joffre en Alsace
Paris, l« décembre.
Le Temps raconté la récente visita de Joffre
dans la région de Thann. 11 fat reçu par les
notables alsaciens assurant l'administration
muni fipale. 11 leur'dit que notre retour est
définitif et ajouta : toujours. La France vous apporte, avec les
libertés qu’elle représenta toujours, le res-
pect de vos liberté® alsaciennes, de vos tra-
ditions et de vos convictions. »
Le départ de Joffre fnt salné par les cris de
vieilles gens et des enfants accourus. Les uns
et les autres criaient : «Vive la France f Vive
l'Alsace française i »
MORT DU COLONEL GAUCROTRE
Bordeaux, t* décembre.
Le colonel Gauchotre, âgé de 74 ans, atta-
ché pour ia durée de la guerre à M. Poincaré
est décédé.
Nouvelle concentration contre Ypres
Amsterdam, 1K décembre.
On mande de Gand au Tyd. que des trou-
pes allemandes traverseraient la ville; un
grand nombre se dirigeant vers Ypres.
D’antres forces qni occluaient les posi-
tions snr l’Yser,se seraient dirigées également
vers Ypres, passant par Thielt, et sont rem-
placées sur la rivière par des matharins et
des marsouins, arrivés récemment par Bru-
ges.
Certains propos tenus par des officiers al-
lemands, donnent à croire qirfln grand en-
gagement aura beu prochainem nt à Ypres»
Sur l’Yser, les Allemands se borneraient à
la défensive.
ta Coopération des Armées
françaises et anglaises
Londres t*' décembre.
Le correspondant militaire dn Times rend
hommage à l’appui prêté an général French
par les généraux français, il constate que
ceux-ci réoondirent à chaque appel des
troupes anglaises, sans aucun délai, avec un
élan, an enthousiasme au-dessus de tout
éloge.
a La ténacité que montrent nos alliés dans
la lutte historique actuelle, dit-il, est admi-
rable. Tous les commandants français, no-
tamment les généraux Joffre, Foch, Dubatl,
Maudhuy, de Castelnau, se conduisirent en
héros. Avec de tels chefs et de telles troupes
invincibles, le succès est assuré. »
Révolte de Marins allemands
Londre s, {" décembre.
Oa télégraphie d’Amsterdam au Mornim
Post que ia révolte des marins allemands à.
Bruges fut beaucoup plus sérieuse qu’on
l’avait déclaré.
D» nombreux mutins furent envoyés A
G v d où deux cents, dont un officier, turent
fusilles.
LE TSAR SUR LE FRONT
Petrograd, t" décembre.
L’empereur est parti à dix heures pour le
théâtre de la guerre.
LE BLUFF ALLEMAND
Paris, 1“ novembre.
Fidèle à sa méthode de bluff, le gouverne-
ment allemand vient de faire savoir an
monde qu’il a actuellement eu campagne
IfiO corps d'armée d'actif et de réserve.
Certsttss journaux sont tombés dans ce
piège et se sont émus de ce chiffre. Il con-
vient de rectifier cette information destinée
à impressionner les neutres.
La réalité est la suivante : L’Allemagne
possède actuellement 25 corps i/2 d’actif
dont 21 i/2 contre Ja France et 4 cou ira la
Russie, et 33 corps de réserve dont 22 4/2
centre la France et 10 1/2 centra la Russie,
soit au total 58 i/2 d’actifs et de réserve sur
les deux fronts et non 100 comme l’a préten-
du faussement le gouvernement allemand.
En outre, l’Allemagne a engagé huit corps
de Landwehr contre ia France et sept contre
la Russie, soit au total trente divisions ter-
ritoriales de Landwehr snr les denx fronts.
MORT D’ÏÏN GÉNÉRAL ALLEMAND
Paris, P' décembre.
0n mande d’Amsterdam au Temps que se-
lon les journaux de Berlin le lieutenant gé-
néral W enker voa Da^keonschneila été tué
sur le théâtre oriental de la guerre.
SUJETS ANGLAIS ARRÊTÉS
Amsterdam, t*» décembre.
Le Handelsblad annonce que tous les sujets
anglais habitant à Bruxelles et âgés de moins
de 55 ans ont été internés.
Le Pain à An-vers
Amsterdam, if? décembre.
La consommation du pain à Anvers est
limitée à 300 gFammes par personne.
Tokio, !•’ décembre.
Le baron Fimakchi est nommé gouver-
neur de Tsing-Tao.
FUITE DE PRISONNIERS
Rennes, 1" décembre.
Le sarde-champêtre de Plelanlégand a ar-
rêté deux prisonniers allemands échappés
de Mocufort-ïur-Mea. On ignore comment
ils se sont procuré des vêtements civils.
Mort d’un Archevêque
Chambéry, Ier décembre.
L’archevêque Dnbillard est décède aujour-
UN RAPPORT
du Maréchal French
Le gouvernement anglais a publié une
longue dépêche du maréchal French sur les
opérations du corps expéditionnaire britan-
nique pendant les combats qui se sont livrés
sur le iront Ypres-Armentières.
D’accord avec le générai Joffre, il avait été
décidé de renforcer considérablement le
front septentrional des alliés. L9 transport
des forces anglaises de l'Aisne dans les Flan-
dres commença le 3 octobre.
Le maréchal déclare que le succès de cette
opération difficile est dû à la coopération
amicale qui a constamment existé entre les
deux armées. Le pian des opérations ulté-
rieures fut organisé de concert avec le gé-
néral Foch qui commandait les troupes fran-
çaises au Nard de Noyon. La grande bataille
commença le il octobre,
La maréchal French fait le récit détaillé
des opérations qui se sont déroulées depuis
ce moment, notamment sur front ia Bassée-
Lille.
Le 19, après l’arrivée et la concentration
du premier corps d’armée anglais entre
Saint-Omer et Haestorouck, la situation était
très complexe ; en effît, l’ennemi possédait
sur ia Lys des effectifs bien supérieurs à
ceux des tronpes alliées. De leur côté, les
forces anglaises occupaient un front beau-
coup plus étendu que ne le permettait leur
farce numérique ; enfin, après les combats
incessants qu’ils soutenaient depuis si long-
temps, les Beiges n’étaient pas en état de ré-
sister à de nouvelles attaques. Or, la résis-
tance s’imposait, car autrement le flanc des
alliés aurait été tourné et les ports de la
Manche auraient été à la merci de l’ennemi.
Le maréchal French donna en consé-
quence au général sir Douglas Haig l’ordre
de transporter le pranier corps d’armée à
Ypres; de là, il essayerait de s’emparer de
Bruges, et si possible, de repousser rennemi
vers Gand.
Le mouvement s’effectua avec la coopéra-
don de la cavalerie-française tandis que l’ar-
mée beige se retranchait sur le canal de
i’Yser ; bien qu’en apparence complètement
épuisés, les Beiges maintinrent vaillamment
ienrs positions.
Le 21, le premier corps d’armée prit
l’offensive ; mois son mouvement fut arrêté
sur la iigne Zoanebeke-Saint-Juhen-Lange-
marck-Bixschoote.
Le maréchal, passant ensuite en revue les
combats qui suivirent, s’exprime en termes
chaleureux sur le 9» corps d’armée français,
et sur les territoriaux. Il signale l’importan-
ce de l’affaire de Gheluvelt, dans un rô-e
prépondérant. Il estime que ia reprise de
ce village a eu une isflueace très grande,
sur a suite des opérations.
Le 39 octobre on avait trouvé sur un pri-
sonnier allemand nn ordre lancé par le gé-
néral von Deimdng, déclarant que le 15»
corps d’armée allemand avec le second corps
bavarois et le 13e corps étaient chargés de
percer les lignes alliées à Ypres, le kaiser
considérant le succès de cette opération com-
me ayant une importance capitale en rue de
Ilssue de la guerre.
Le maréchà French fait un grand éloge
des troupes indiennes, notamment de la di-
vision de I,*hore, qst est arrivée sur ses po-
sitions ie 19 et le 20 octobre.
D termine sa communication par ces ré-
fl«fions « Il y a des signes évidents que
nous sommes dans La dernière phase de la
bataille Ypres-Armentières, la canonnade
«Hsnemie ayant diminué d’intensité et les at-
taques de l’infanterie ayant virtuellement
cessé. »
Il apprécie en ces termes la signification
de rôle rempli par l’armée occidentale :
« Presque to fie l'armée allemande active se
troave retenue sur une ligna de tranchées
s'étendant de la forteresse de Verdun à la
mer du Nerd, et profondément atteinte dans
son moral et dans ses effectifs. Les alliés ont
subi d s pertes élevées, mais cahes de l’en-
nemi sont an moins trois fois plus fortes. »
[texte manquant]
Une note officielle expose en ces termes la
participation des territoriaux aux opéra-
tions : Eu droit, ils sont astreints exacte-
ment aux mêmes obligations que les réser-
vistes et peuvent être envoyés sur Le front.
En fait, une partie seulement est actuelle-
ment dans les tranchées. Les autres assurent
la garde du territoire et des places fortes.
Le nombre des divisions territoriales sur le
iront est sensiblement inférieur à celui des
divisions de Landwehr envoyées en première
ligne qui est de trente : seize contre la
France et quatorze cantre la Russie.
L’Allemagne a envoyé même sur le front
d’astes nombreuses formations de Lands-
tnrm qui correspond à notre réserve territo-
riale.
LA CLASSE 1915
Les opérations de la formation de la classe
1915, commencées le 7 octobre dernier, sont
terminées par la séance de clôture des con-
seils de révision, tenne an chef-lieu de cha-
que département.
Bien qu’exéentée dans nn délai très court,
la toarnée des conseils de révision s’est effee
taée dans les conditions les meilleures grâce
à l'empressement mis par les jeunes gens à
se faire inscrire et à se présenter devant le
conseil de révision. L’effectif de la classe
1915 se trouvera donc sensiblement égal à
celui de la classe 1914.
En outre, les membres des conseils de ré-
vision ont eu l’agréable surprise de consta-
ter qu'au point de vue de l’aptdade physi-
que Ifcs jeunes gens de la classe 1915, dont
beaucoup, depais la mobilisation, s’étaient
entraînés à la marche et à la gymnastique,
n’étaient nullement inférieurs a Ienrs osma-
rades de la classe 1914 âjés cependant d’un
an de pins. Le pourcentage des hommes de
la classe 1915 déclarés aptes au service sera
à peu près aussi élevé que pour la classe
1914.
Immédiatement après la cf*ture de la ré-
vision, les commandants de reerntement
vont procéder a l’établissement des feuilles
de route. La très grosse majorité du contin-
gent de 1915 va être affectée à l’infanterie.
Seuls les jeunes gens exerçant des profes-
sions spéciales ou ayant l’habitude reconnue
du cheval seront affectés à la cavalerie et aux
autres armes.
La mise en ronte du contingent va être
eff cluée très rapi leraent. de façon à être
terminée vers le 29 décembre.
UN COMBAT
dans les
BOIS DE LARGONNE
Les Allemands ne veulent décidément pat
renoncer à leurs efforts dans les bois de l’Ar*
gonne.
Les récents échecs de leurs tentatives sur
les fourrés de la Grorie, sur le Four-de-Pa-
ris, ne le3 ont pas corrigés. Partout, au Sud
de Monlfaucon, vers Varennes, vers Neu-
villy, leurs attaques se multiplient, tou jour»
infructueuses et, cependant, toujours renou-
velées. Il faut reconnaître que, parmi les
qualités guerrières de l’ennemi, la ténacité
n'est pas la moindre ; elle va jusqu’à l’obsti-
nation.
Les plus récents assauts se sont produite
dans les bois de ia Chalade sur la rive droits
de la Biesme.
Il y a là, sur nue colline dominant l'a-
greste vallon où coule la rivière, une abbaye
cistercienne en raines. Autour du bâtiment
principal se trouvent de larges cours d’od
rartilleria commande la vallée, les bois de
U Chalade jusqu’à l’Aireet,au Nord, la ronte
ds Yienne-ia-Yille à Varennes. C’est une po-
sition admirable, à la prise de laquelle un
conçoit que s’acharne l’ènnemi.
M**s vous pensez bien que nous mettons t
la défendre la même volonté âpre qu’ils dé-
ploient à ta convoiter.
II y a quelques jours, quatre chasseurs
envoyés en éclaireurs étaient revenus pré-
venir ie capitaine dont la compagnie occupa
l’abbaye qü’un fort contingent d’iafanterta
allemande campait dans les sons bots
d'alentour et ne devait sans doute, attendre
que le secours de l’artillerie pour tenter UB
assaut.
La prévision était juste.
La journée, absolument calme, sans qu’ma
coup de feu ait ébranlé les échos de la
vallée, avait permis à nos chassears dë ES
reposer... et d’habiller soigneusement de
branches et de feuilles nos 75, qui n’atten-
daient plus que le moment de prendre te
parole.
Le soir n’avait rien rompu de cette tran-
quillité et l'on sa demandait si La nuit ne
s’écoulerait pas également silencieuse.
Pendant que des postes surveillaient tou-
tes ies directions et principalement le petü
ruisseau de Yaux, dont les eaux claires
brillaient, en bas, sons la lune, Iss poin-
teur 3 et les servants étaient couchés aat
pied de leurs pièces, et les chasseurs, dans
les deux bâtiments accostés aux ruines de
l’église.
Mais personne ne dormait. Le capitaine
allait et venait, la pipe à la bouche, lançant
nerveusement aux étoiles d’épaisses bouffées
de fumée.
Tout â coup, un éclair... une détonation
revercutée comme un coup de tonnerre, un
salement et une Iouids marmite qui terabs
à vingt mètres du parante de la grande cour,
en centre-bas... sans éclater.
En nn qiin d'oeil, tont le - monde est de-
bout. .. pour sa recoucher à nouveau, mais
à plat ventre,cette fois, le fusil braqué entre
les pierres.
Un second obus déchire l’air. Il éclate^
eeiui-là, éparpillant sa mitraille, heureuse-
ment sans blesser personne. Un troisième
atteint l’église, dant il démo4t un pan de
mur où se voyaient encore d»s vestiges d»
peinture décorative du quatorzième siècle.
Cette fois, c’est bien le commencement...
Notte batterie entame un dialogua avec ie
c&msn allemand. Rapides, secs, vibrants, nos
75 tirent, fauchant tes futaies qui se dres-
»tient comme un rideau et incendiant bien-
tôt, à cinq kilomètres environ, le taillis où
s'abrite la batterie ennemie.
La conversation dure peu... Les canons
athxnands sont à découvert et nos projecti-
les font rag* au-dessus de la tête de leurs
servants. Nos pièces, an contraire, sons lear
revêtement rustique, sont diffiedement repé-
rables et continuent sans être atteintes leur
magnifique besogne. On voit très bien à tra-
vers ies flammes des artilleurs allemand?
accourant vers tes canons pour remplacer
les serrants tombés et... tomber à leur tour,
Tout à coup, à trois cents mètres environ
au-dessous de notre petite forteresse, ds
grandes masses d’ombres mouvantes surgis-
sent. C’est l’infhnterie allemande qui s’ap-
prête à l’attaque. Encore quelques obus
là-bas, la batterie démolie est réduite au si-
lence.
Il ne reste plus à l’ennemi qu’à tenter la
chance de Cassant. Les larges baïonnette»
prussiennes luisent et se fixent anx fusited
dans la nnit, on moment devenue calme, os
entend très distinctement leur cliquetis.
Un ordre guttural « Vorwaerts l » Eu
avant! _
Très calme, comme s’il s’agissait d’un sim-
ple commandement snr le champ de tia%
notre capitaine, entre deux bouffées, pro-
nonce ; « Feu à volonté à quatre cents mè-
tres! » Une salve crépite; on dirait qu’on
déchire une large toile et tout un rang des
ombres qni grimpaient s’écroule... Deuxiè-
me salve, troisième... Les Boches ripostent,
mais leur tir, de bas en haut, est inefficace-
Queiques-uns des nôtres sont tonchés. mais
légèrement. Cependant, obstinément, hérol-
qoeruent, il foni bien le dire, les fantassins
allemands persistent dans leur ascension.
Notre feu les cooche par rangées et les *lï-
cters, derrière, l’épée et le revo'ver an poing
glapissent toujours leurs « Vorwaerts ! »
Enfin, après une nouvelle salve qni ea
descend encore une cinquantaine, ils finis-
sent par reconnaître l’mtiilité de leur effort.
Le demi-tour est ordonné... et nous ti-
rons maintenant sur des fuyards qui dispa-
raissent derrière les arbres.
Encore une attaque repoussée.
Nous avons deax morts et huit blessés.
Les Allemands ont plus de denx cent»
hommes hors de combat et une batterie dé-
truite.
Là-bas, une immense lusur rouge... C’est
l’incendie allumé par notre 75 qui se pro-
page dans la forêt. Les Boches seront obli-
gés de l’abandonner.
U COULEUR DES PASSE-MONTAGNES
Le généra! commandant en chef a avisé It
ministre de la gnerre qu’un grand nombre
de cache-nez ou passe-montagne envoyés
anx soldats sont de couleurs voyantes ou
rayés.
Dans l’intérêt de nos soldats, il est re-
commandé de caoisir des couleurs unilor*
mes, se rapprochant le plus possible du gris-
bleuté et du gris bleu clair.
Administraient • Dflémé - Gérant
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La Situation Economique
DE L’ALLEMAGNE
Dans une étude des plus judicieuses et
les plus informées, M. Maurice Colrat exa-
minait, ces jours-ci, la situation économi-
que de l’Allemagne. Son important article,
publié dans l’excellente revue l’Opinion,
5st d’une actualité instante.
Envisageant d’abord le blocus de l’Alle-
magne, son degré d’efficacité, ses réper-
cussions, M. Maurice Colrat, avec une sû-
reté d’analyse qui sait se garder de toute
exagération, en arrive à des conclusions
fort rassurantes pour nous.
Le blocus de l’Allemagne a été entrepris,
jlès le commencement de la guerre. Si, par
définition, le blocus est la suppression de
tout commerce entre le peuple bloqué et
les autres peuples, ni nous ni nos alliés ne
pouvons nous flatter d’avoir complètement
bloqué l’Allemagne. Car si* les grandes por-
tes maritimes de l’ennemi restent fermées
grâce à la vigilance des flottes anglaises et
françaises, il existe au Nord et au Sud plu-
sieurs « poternes » par où le ravitaillement
se continue dans une certaine mesure. Et
pour comprendre le rôle de cès portes clan-
destines, les services qu’elles rendent, il ne
Suffit pas de consulter les livres de droit où j
les obligations des neutres se trouvent for-
mulées. Les phénomènes économiques l’em-
portent sur les théorèmes juridiques. De
même qu’un blocus n’est jamais complète-
ment efficace, de même une neutralité n’est
jamais complètement respectée, en dépit
même des efforts loyaux des gouvernements
seutres eux-mêmes.
Ayant rendu un particulier hommage
aux scrupules du gouvernement helvétique, j
M • Maurice Colrat démontre que si la Suis-
se ne contribue pas directement à l'appro- •
visionnement de l’Allemagne, des envois
considérables provenant de l’Italie passent
à destination de l’Empire par les Jignes de.
Lotschberg, du Saint-Gothard, du Brenner.
Or, aux termes de la convention de La
Haye, ce transit qui se fait par wagons
plombés. Et dont.on ignore le contenu, ne
saurait être reprochable au gouvernement
Suisse. Et cependant, le gouvernement ita-
lien, dès la première heure, avait pris, lui
aussi, des arrêtés d’interdiction ; le minis-
tre des finances italien, ainsi que le prou-
vent de récentes saisies, avait fait respecter
avec bonne foi, avec bonne volonté les rè-
gles essentielles de Ja neutralité.
Ainsi le blocus et la neutralité absolue
étant d’une pratique impossible pour bien
des raisons d’ordre technique, — sans
Compter que l’appât du gain sait trouver
des moyens ingénieux pour éluder les me-
sures les plus sévères, — certaines person-
nes s’étaient trop inconsidérément leurrées
de cet espoir que, dès les premiers temps
des hostilités, nous aurions réduit Berlin
et l’Allemagne par la famine. De même, en
ce qui touche la situation financière, cer-
tains avaient-ils cru trop aisément à une
pénurie imminente de nos ennemis. Or il
serait injuste de nier le relatif succès des
emprunts allemands, de même qu’il serait
inutile de ÿen émouvoir : la plupart des
fonds souscrits ont été obtenus soit des
caisses d’épargne ou des caisses commu-
nales, ainsi privées de toutes disponibilités
au moment où leurs besoins sont plus ur-
gents que jamais, soit des sociétés d’assu-
rances et des sociétés industrielles qui ont
emprunté sur titres, soit des virements des
comptes particulieis. Si bien que « l’opé-
ration constitue à la fois une mobilisation
générale et une immobilisation générale ».
M. Maurice Colrat reconnaît qu’en Alle-
magne, aussi bien au point de vue mili-
taire qu’au point de vue financier, toute
mobilisation était prête, et l’organisation
de nos ennemis, trop ignorée chez nous,
était excellente. « Mais, ajoute-t il, je crois
qu’ils ne connaissaient pas davantage nos
ressources d’esprit et qu’ils n’estiment pas
encore à sa valeur nos facultés d’improvi-
sation.. . Nous savons maintenant la capa-
cité d’organisation du peuple allemand.
Pour évaluer sa capacité de résistance, il
nous faut attendre qu’il se trouve dans les
mêmes conditions que nous, son territoire
envahi. Alors la situation économique de
L’Empire sera changée et surtout sa condi-
tion morale. Nous verrons comment nos
adversaires tiendront le coup quand leur
offensive sera brisée et nos armées chez
eux. »
Mais leur offensive n’est-elle point brisée
déjà ? Et leur superbe assurance des pre-
miers jours n’a-t-elle pas subi de tels dé-
boires, de telles humiliations que leur con-
fiance u’en soit déjà plus qu’ébranlée ?
ÏH. VALLÉE.
La Disgrâce flu général âeMoltke
Selon nna dépêcha de Copenhague au
Daily Rnos. le general de Mollke, chef d'état-
major aliesuaud, ne serait nullement ma-
lade, raah tout simplement prisonnier dans
en des palais impériaux, celui de Homburg-
lüKlw-Iîoelie, croit-on
ObéisMvt à un ordre dn kaiser, le général
de Moltke se serait retire Un qnartier géné-
ral et aurait abandonné son commandement
parce qu’il marchait psr trop sur les brisées
3n prince héritier dans la direction des opé-
rations aor le front occidental lors du com-
Ath&me&t As î» retraita allemande.
Le Roi Beorge
EN FRANCE
Le Roi d’Angleterre est parti pour la France
dimanche soir, ponr faire visite an quartier
général dn corps expéditionnaire.
Il était accompagné de Lord Stamfordham
et du major Wigram.
Sa Majesté et sa suite ont quitté le Palais
de Buckingham à trois heures. Un navire de
gnerre les a pris dans an port de la Manche
pour les transporter en France.
Le Roi est arrivé en France lundi matin.
Il fut reçu par le Prince de Galles, dont i’état
de santé est excellent, et visita les hôpitaux
militaires.
La nouvelle du départ du Roi pour le front
canse une vive satisfaction dans toute i’An-
gieterre.
Le Ttmes écrit à ce sujet :
a Ea quittant nos rivages pour la Francs,
pour se rendre compte par Ini-mème des
conditions de la ligne de bataille, le roi ré-
pond an pins haut appel de son devoir, il
donne nn magnifique exemple à ses sujets
et il va porter les plus sincères félicitations
à nos vaillants alliés.
» Nul souverain britannique depuis Geor-
ge II, qui combattit à Dettingen, n’avait pris
place parmi ses troupes SUT le champ de ba-
taille. Nul depuis le 15« siècle n’avait mis le
pied en France, en temps de guerre. Et au-
jourd'hui, cinq cents ans après Azincouri, le
roi débarqoe sur le sol de France pour une
mission pins noble que celles qu’aucun de
ses devanciers... Sa visite est la meilleure
preuve pratique, si besoin était du profond
et vigilant intérêt qu’il a toujours porté au
succès de son armée ».
LE ROLE DE L’ARMÉE BEI GE
Paris, I» décembre.
Le Bulletin de l’Armée publie les détails
suivants sur le rôle de l'armée belge dans la
batàillé des Flandres.
Le 30 septembre commença le siège d’An-
vers. Le 9 octobre, la place succomba Le 11
novembre, l’armée b8lge appuyée par des
marins français et un d tichement anglais
arrivait dans la région ü'Ostende, Dixrruide
Thonrout.
Du 12 au 15 l’armée belge se maintient
dans cette région. Le 14 au soir elle s'établit
sur l’Yser, de Nieuport à D xmude qu’elle
dent jusqu’au 21, aidée à Dixmude par les
marins. Elle repoussa vigoureusement notam-
ment 17 attaques sur Nieuport. Mais lé 18
elle perdit Keyern et dut se replier le 27 sur
le chemin de fer de Nieuport à Dixmude où
elle se fixa désormais.
Ramscapelle seul fut momentanément
perdu.
A partir du 24, une division pais nn corps
d’armée français s’établirent sur le chemin
de fer et reprirent Ramscapelle.
Le gros de l’armée belge, qui venait de
soutenir cette lotte ininterrompue de 3 mois,
fat reconsdtnée entre le chemin de fer et la
ronte de Famés à Poperinghe, tandis que
l’artillerie et plusieurs régiments demeu-
raient en première ligue participant à l’ac-
tion des troupes françaises.
La brigade Meyser se distingua particuliè-
rement dans la défense de Dixmude. Le gé-
néral Meyser fut nommé commandeur de
ia Légion d’honneur.
Peu de jours après, les 6 divisions belges
au complet reprenaient la place prêtes à
sceller de nouveau i’étroite fraternité d’ar-
mes établie les semaines precedentes entre
elles et les alliés.
Le Mronprinz interviewé
Une interview sensationnelle est publiée
par nn jonmal américain.
Le kronprinz a fait des confidences au cor-
respondant de l'United Press à Berlin. Et il
résulte des termes de cet entretien, qui eat
lieu an quartier générai allemand, que le fils
dn kaiser a été calomnié — c’est iut qui le
dit. Son attitude en ce qui concerne la paix
et la guerre diffère complètement de celle
un’on lai prête, c’est du moins ce qu'il
affirme.
l.e kronprinz caractérise la guerre comme
un « inutile sacrifice de vies, une laite qui
semble n’avoir ni sens ni raison ».
a Je suis soldat, a dit le prince, et par suite
je ne puis discuter ia politique de ia guerre,
mais l’Allemagne n’avait pas le choix dans
l’affaire. Du haut en bas de l'echelle sociale,
le peuple allemand sait qu’il combat pour
son existence. Vous ne serez jamais capable
de convaincre ce peuple que cette guerre
ne fat pas machinée entièrement dans ie but
d’écraser l’Allemagne. »
Le kronprinz dit son impression,que, com-
me les 99 pour cent des Allemands, il tient
l’Angleterre comme principalement respon-
sable. Mais il ne dévi.oppa pas les raisons
de la haine ou de t’amerture qui prévaut en
Allemagne contre la Grande Bretagne.
— Dites moi ce que l'on dit de moi en
Amérique, ajouta-t-u;
Comme il constatait quelque hésitation de
la part du journaliste américain, il ajouta :
« J’aime la franchise et la vérité.
— Votre grandeur impériale a été repré-
sentée comme nn agitateur de la guerre,
comme la tête du parti militaire, comme
l’incarnation du militarisme.
— Je le sais, répondit-il, et la presse an-
glaise dit plus encore. Le peuple croit-il
réellement cela ? Me crôit-ilcapable de voler
ou d’autoriser mes soldats à piller les de-
meures françaises.. Je suis désolé que
le public ne me connaisse pas mieux. Il n'y
a pas de parti militaire en Allemagne actuel-
lement ; il n’y en a jamais eu. Q tant au mi-
litarisme allemand c’est an mot employé
par l’Angleterre pour ameuter le monde
contre nous ».
Le kronprinz sourit quand le journaliste
américain lui dit que les Russes t dllirent
capturer le kaiser près de Varsovie. « Je
dirai cela à mon père, ça l'amusera t » Il a
fait l’éloge de la bravoure incomparable du
soldat français qni se bat magnifiquement et
égale les troupes allemandes en intelligence.
Il est parfois pins vif, pins agile, mais meil-
leur dans les combats défensifs.
Les événements, a-t-il ajonté, ont démon-
tré que le général Joffre est des plus capa-
bles et l’objet de l'admiration universelle:
LA GUERRE
12Q« JOUFllWÉEl
COMMUNIQUES OFFICIELS
Paris, lm décembre, i5 heures.
En Belgique, la canonnade a été
assez vive dans la journée d’hier.
Aucune attaque d'infanterie allemande-
n’a été prononcée.
L’ennemi a continué à montrer une
assez grande activité dans le Nord
d’Arras.
Dans la région de l’Aisne, la canon-
nade a été intermittente sur tùut le
front.
En Argonne, les combats conti-
nuent sans modifier la situation.
En Woëvre et dans les Vosges, rien
à signaler."
Paris, 23 heures.
En Belgique, l'infanterie allemande
a essayé, sans succès, de sortir de
ses tranchées au Sud de Bixschoote.
Entre Béthune et Lens, à la suite
d’une affaire assez chaude, nous avons
enlevé le château et le parc de Ver-j
meilles.
En Argonne, nous avons avancé
sensiblement dans le bois de Grùrie.
Sur le reste du front, rien à si-
gnaler.
Qüicial Report of the
French Government
Dec. - 3 p. m.
In Belgium, cannonading was very vio-
lent yesterday. The enemy has not made
any infantry attack.
The foe continued to show great activity
North of Arras.
In the Aisne, the bombardaient was in-
termitting on the whole front.
In the Argonne, fighting continues
withnut any change in the situation.
In Woëvre and in the Vosges, nothing to
mention.
COMMUNIQUÉ RUSSE
Petrograd, 16r Décembre.
Les combats acharnés continuent dans la
direction de Loviez.
Les Allemands ont tenté vainement
d’avancer dans la région de Szerzow, où
nous leur avons infligé des pertes considé-
rables.
Sur le reste du front, sur la rive gauche
de la Vistule, il n’y a eu, le 29, qu’une
simple canonnade.
Après dix jours d’un combat opiniâtre,
nous nous sommes emparés, le 28, des po-
sitions autrichiennes protégeant les passa-
ges dans les Carpathes, sur une étendue de
cinquante verstes, depuis Koneczna, au
Nord de Bartfeld, jusqu’à Sczuko, au Sud
de Mezo-Laborcz.
Nous nous sommes emparés de canons,
de mitrailleuses et de nombreux prison-
niers. .
Au cours de la première quinzaine de
novembre, 600 officiers et 50,000 soldats
autrichiens ont été faits prisonniers.
À Piock, nous avons capturé quatre em-
barcations chargées d’engins et de muni-
tions.
En Prusse orientale, ob ne signale uni-
quement que dè petits engagements.
On ne signale aucune trace de navires
turcs sur la mer Noire depuis le 21.
COMMUNIQUÉ ALLEMAND
{Nous ne publions les communiquéi allemands
qu'à titre documentaire et sous toutes réserves —
n-s lecteurs les redresseront d’eux-mêmes à l’aide
des communiqués authentiques qui précèdent.)
Berlin, 30 novembre.
Rien à mentionner snr le théâtre occiden-
tal de la guerre.
*^Sur la frontière de la Prusse orientale, une
tentative par les troupes russes pour sur-
prendre les fortifications allemandes à l’Est
de Dsrkehein a échoué avec de lourdes per-
tes pour l’ennemi auquel nous avons pris
quelques officiers et 600 hommes.
Au Sud de la Vistule, les contre-attaques
mentionnées hier ont eu des résultats satis-
faisants. 16 canons et plus de 4,500 prison-
niers sont tombés entre nos mains.
Rien digne d’être noté ne s’est produit en
Pologne du Sud.
La Visile de Joffre en Alsace
Paris, l« décembre.
Le Temps raconté la récente visita de Joffre
dans la région de Thann. 11 fat reçu par les
notables alsaciens assurant l'administration
muni fipale. 11 leur'dit que notre retour est
définitif et ajouta :
libertés qu’elle représenta toujours, le res-
pect de vos liberté® alsaciennes, de vos tra-
ditions et de vos convictions. »
Le départ de Joffre fnt salné par les cris de
vieilles gens et des enfants accourus. Les uns
et les autres criaient : «Vive la France f Vive
l'Alsace française i »
MORT DU COLONEL GAUCROTRE
Bordeaux, t* décembre.
Le colonel Gauchotre, âgé de 74 ans, atta-
ché pour ia durée de la guerre à M. Poincaré
est décédé.
Nouvelle concentration contre Ypres
Amsterdam, 1K décembre.
On mande de Gand au Tyd. que des trou-
pes allemandes traverseraient la ville; un
grand nombre se dirigeant vers Ypres.
D’antres forces qni occluaient les posi-
tions snr l’Yser,se seraient dirigées également
vers Ypres, passant par Thielt, et sont rem-
placées sur la rivière par des matharins et
des marsouins, arrivés récemment par Bru-
ges.
Certains propos tenus par des officiers al-
lemands, donnent à croire qirfln grand en-
gagement aura beu prochainem nt à Ypres»
Sur l’Yser, les Allemands se borneraient à
la défensive.
ta Coopération des Armées
françaises et anglaises
Londres t*' décembre.
Le correspondant militaire dn Times rend
hommage à l’appui prêté an général French
par les généraux français, il constate que
ceux-ci réoondirent à chaque appel des
troupes anglaises, sans aucun délai, avec un
élan, an enthousiasme au-dessus de tout
éloge.
a La ténacité que montrent nos alliés dans
la lutte historique actuelle, dit-il, est admi-
rable. Tous les commandants français, no-
tamment les généraux Joffre, Foch, Dubatl,
Maudhuy, de Castelnau, se conduisirent en
héros. Avec de tels chefs et de telles troupes
invincibles, le succès est assuré. »
Révolte de Marins allemands
Londre s, {" décembre.
Oa télégraphie d’Amsterdam au Mornim
Post que ia révolte des marins allemands à.
Bruges fut beaucoup plus sérieuse qu’on
l’avait déclaré.
D» nombreux mutins furent envoyés A
G v d où deux cents, dont un officier, turent
fusilles.
LE TSAR SUR LE FRONT
Petrograd, t" décembre.
L’empereur est parti à dix heures pour le
théâtre de la guerre.
LE BLUFF ALLEMAND
Paris, 1“ novembre.
Fidèle à sa méthode de bluff, le gouverne-
ment allemand vient de faire savoir an
monde qu’il a actuellement eu campagne
IfiO corps d'armée d'actif et de réserve.
Certsttss journaux sont tombés dans ce
piège et se sont émus de ce chiffre. Il con-
vient de rectifier cette information destinée
à impressionner les neutres.
La réalité est la suivante : L’Allemagne
possède actuellement 25 corps i/2 d’actif
dont 21 i/2 contre Ja France et 4 cou ira la
Russie, et 33 corps de réserve dont 22 4/2
centre la France et 10 1/2 centra la Russie,
soit au total 58 i/2 d’actifs et de réserve sur
les deux fronts et non 100 comme l’a préten-
du faussement le gouvernement allemand.
En outre, l’Allemagne a engagé huit corps
de Landwehr contre ia France et sept contre
la Russie, soit au total trente divisions ter-
ritoriales de Landwehr snr les denx fronts.
MORT D’ÏÏN GÉNÉRAL ALLEMAND
Paris, P' décembre.
0n mande d’Amsterdam au Temps que se-
lon les journaux de Berlin le lieutenant gé-
néral W enker voa Da^keonschneila été tué
sur le théâtre oriental de la guerre.
SUJETS ANGLAIS ARRÊTÉS
Amsterdam, t*» décembre.
Le Handelsblad annonce que tous les sujets
anglais habitant à Bruxelles et âgés de moins
de 55 ans ont été internés.
Le Pain à An-vers
Amsterdam, if? décembre.
La consommation du pain à Anvers est
limitée à 300 gFammes par personne.
Tokio, !•’ décembre.
Le baron Fimakchi est nommé gouver-
neur de Tsing-Tao.
FUITE DE PRISONNIERS
Rennes, 1" décembre.
Le sarde-champêtre de Plelanlégand a ar-
rêté deux prisonniers allemands échappés
de Mocufort-ïur-Mea. On ignore comment
ils se sont procuré des vêtements civils.
Mort d’un Archevêque
Chambéry, Ier décembre.
L’archevêque Dnbillard est décède aujour-
UN RAPPORT
du Maréchal French
Le gouvernement anglais a publié une
longue dépêche du maréchal French sur les
opérations du corps expéditionnaire britan-
nique pendant les combats qui se sont livrés
sur le iront Ypres-Armentières.
D’accord avec le générai Joffre, il avait été
décidé de renforcer considérablement le
front septentrional des alliés. L9 transport
des forces anglaises de l'Aisne dans les Flan-
dres commença le 3 octobre.
Le maréchal déclare que le succès de cette
opération difficile est dû à la coopération
amicale qui a constamment existé entre les
deux armées. Le pian des opérations ulté-
rieures fut organisé de concert avec le gé-
néral Foch qui commandait les troupes fran-
çaises au Nard de Noyon. La grande bataille
commença le il octobre,
La maréchal French fait le récit détaillé
des opérations qui se sont déroulées depuis
ce moment, notamment sur front ia Bassée-
Lille.
Le 19, après l’arrivée et la concentration
du premier corps d’armée anglais entre
Saint-Omer et Haestorouck, la situation était
très complexe ; en effît, l’ennemi possédait
sur ia Lys des effectifs bien supérieurs à
ceux des tronpes alliées. De leur côté, les
forces anglaises occupaient un front beau-
coup plus étendu que ne le permettait leur
farce numérique ; enfin, après les combats
incessants qu’ils soutenaient depuis si long-
temps, les Beiges n’étaient pas en état de ré-
sister à de nouvelles attaques. Or, la résis-
tance s’imposait, car autrement le flanc des
alliés aurait été tourné et les ports de la
Manche auraient été à la merci de l’ennemi.
Le maréchal French donna en consé-
quence au général sir Douglas Haig l’ordre
de transporter le pranier corps d’armée à
Ypres; de là, il essayerait de s’emparer de
Bruges, et si possible, de repousser rennemi
vers Gand.
Le mouvement s’effectua avec la coopéra-
don de la cavalerie-française tandis que l’ar-
mée beige se retranchait sur le canal de
i’Yser ; bien qu’en apparence complètement
épuisés, les Beiges maintinrent vaillamment
ienrs positions.
Le 21, le premier corps d’armée prit
l’offensive ; mois son mouvement fut arrêté
sur la iigne Zoanebeke-Saint-Juhen-Lange-
marck-Bixschoote.
Le maréchal, passant ensuite en revue les
combats qui suivirent, s’exprime en termes
chaleureux sur le 9» corps d’armée français,
et sur les territoriaux. Il signale l’importan-
ce de l’affaire de Gheluvelt, dans un rô-e
prépondérant. Il estime que ia reprise de
ce village a eu une isflueace très grande,
sur a suite des opérations.
Le 39 octobre on avait trouvé sur un pri-
sonnier allemand nn ordre lancé par le gé-
néral von Deimdng, déclarant que le 15»
corps d’armée allemand avec le second corps
bavarois et le 13e corps étaient chargés de
percer les lignes alliées à Ypres, le kaiser
considérant le succès de cette opération com-
me ayant une importance capitale en rue de
Ilssue de la guerre.
Le maréchà French fait un grand éloge
des troupes indiennes, notamment de la di-
vision de I,*hore, qst est arrivée sur ses po-
sitions ie 19 et le 20 octobre.
D termine sa communication par ces ré-
fl«fions « Il y a des signes évidents que
nous sommes dans La dernière phase de la
bataille Ypres-Armentières, la canonnade
«Hsnemie ayant diminué d’intensité et les at-
taques de l’infanterie ayant virtuellement
cessé. »
Il apprécie en ces termes la signification
de rôle rempli par l’armée occidentale :
« Presque to fie l'armée allemande active se
troave retenue sur une ligna de tranchées
s'étendant de la forteresse de Verdun à la
mer du Nerd, et profondément atteinte dans
son moral et dans ses effectifs. Les alliés ont
subi d s pertes élevées, mais cahes de l’en-
nemi sont an moins trois fois plus fortes. »
[texte manquant]
Une note officielle expose en ces termes la
participation des territoriaux aux opéra-
tions : Eu droit, ils sont astreints exacte-
ment aux mêmes obligations que les réser-
vistes et peuvent être envoyés sur Le front.
En fait, une partie seulement est actuelle-
ment dans les tranchées. Les autres assurent
la garde du territoire et des places fortes.
Le nombre des divisions territoriales sur le
iront est sensiblement inférieur à celui des
divisions de Landwehr envoyées en première
ligne qui est de trente : seize contre la
France et quatorze cantre la Russie.
L’Allemagne a envoyé même sur le front
d’astes nombreuses formations de Lands-
tnrm qui correspond à notre réserve territo-
riale.
LA CLASSE 1915
Les opérations de la formation de la classe
1915, commencées le 7 octobre dernier, sont
terminées par la séance de clôture des con-
seils de révision, tenne an chef-lieu de cha-
que département.
Bien qu’exéentée dans nn délai très court,
la toarnée des conseils de révision s’est effee
taée dans les conditions les meilleures grâce
à l'empressement mis par les jeunes gens à
se faire inscrire et à se présenter devant le
conseil de révision. L’effectif de la classe
1915 se trouvera donc sensiblement égal à
celui de la classe 1914.
En outre, les membres des conseils de ré-
vision ont eu l’agréable surprise de consta-
ter qu'au point de vue de l’aptdade physi-
que Ifcs jeunes gens de la classe 1915, dont
beaucoup, depais la mobilisation, s’étaient
entraînés à la marche et à la gymnastique,
n’étaient nullement inférieurs a Ienrs osma-
rades de la classe 1914 âjés cependant d’un
an de pins. Le pourcentage des hommes de
la classe 1915 déclarés aptes au service sera
à peu près aussi élevé que pour la classe
1914.
Immédiatement après la cf*ture de la ré-
vision, les commandants de reerntement
vont procéder a l’établissement des feuilles
de route. La très grosse majorité du contin-
gent de 1915 va être affectée à l’infanterie.
Seuls les jeunes gens exerçant des profes-
sions spéciales ou ayant l’habitude reconnue
du cheval seront affectés à la cavalerie et aux
autres armes.
La mise en ronte du contingent va être
eff cluée très rapi leraent. de façon à être
terminée vers le 29 décembre.
UN COMBAT
dans les
BOIS DE LARGONNE
Les Allemands ne veulent décidément pat
renoncer à leurs efforts dans les bois de l’Ar*
gonne.
Les récents échecs de leurs tentatives sur
les fourrés de la Grorie, sur le Four-de-Pa-
ris, ne le3 ont pas corrigés. Partout, au Sud
de Monlfaucon, vers Varennes, vers Neu-
villy, leurs attaques se multiplient, tou jour»
infructueuses et, cependant, toujours renou-
velées. Il faut reconnaître que, parmi les
qualités guerrières de l’ennemi, la ténacité
n'est pas la moindre ; elle va jusqu’à l’obsti-
nation.
Les plus récents assauts se sont produite
dans les bois de ia Chalade sur la rive droits
de la Biesme.
Il y a là, sur nue colline dominant l'a-
greste vallon où coule la rivière, une abbaye
cistercienne en raines. Autour du bâtiment
principal se trouvent de larges cours d’od
rartilleria commande la vallée, les bois de
U Chalade jusqu’à l’Aireet,au Nord, la ronte
ds Yienne-ia-Yille à Varennes. C’est une po-
sition admirable, à la prise de laquelle un
conçoit que s’acharne l’ènnemi.
M**s vous pensez bien que nous mettons t
la défendre la même volonté âpre qu’ils dé-
ploient à ta convoiter.
II y a quelques jours, quatre chasseurs
envoyés en éclaireurs étaient revenus pré-
venir ie capitaine dont la compagnie occupa
l’abbaye qü’un fort contingent d’iafanterta
allemande campait dans les sons bots
d'alentour et ne devait sans doute, attendre
que le secours de l’artillerie pour tenter UB
assaut.
La prévision était juste.
La journée, absolument calme, sans qu’ma
coup de feu ait ébranlé les échos de la
vallée, avait permis à nos chassears dë ES
reposer... et d’habiller soigneusement de
branches et de feuilles nos 75, qui n’atten-
daient plus que le moment de prendre te
parole.
Le soir n’avait rien rompu de cette tran-
quillité et l'on sa demandait si La nuit ne
s’écoulerait pas également silencieuse.
Pendant que des postes surveillaient tou-
tes ies directions et principalement le petü
ruisseau de Yaux, dont les eaux claires
brillaient, en bas, sons la lune, Iss poin-
teur 3 et les servants étaient couchés aat
pied de leurs pièces, et les chasseurs, dans
les deux bâtiments accostés aux ruines de
l’église.
Mais personne ne dormait. Le capitaine
allait et venait, la pipe à la bouche, lançant
nerveusement aux étoiles d’épaisses bouffées
de fumée.
Tout â coup, un éclair... une détonation
revercutée comme un coup de tonnerre, un
salement et une Iouids marmite qui terabs
à vingt mètres du parante de la grande cour,
en centre-bas... sans éclater.
En nn qiin d'oeil, tont le - monde est de-
bout. .. pour sa recoucher à nouveau, mais
à plat ventre,cette fois, le fusil braqué entre
les pierres.
Un second obus déchire l’air. Il éclate^
eeiui-là, éparpillant sa mitraille, heureuse-
ment sans blesser personne. Un troisième
atteint l’église, dant il démo4t un pan de
mur où se voyaient encore d»s vestiges d»
peinture décorative du quatorzième siècle.
Cette fois, c’est bien le commencement...
Notte batterie entame un dialogua avec ie
c&msn allemand. Rapides, secs, vibrants, nos
75 tirent, fauchant tes futaies qui se dres-
»tient comme un rideau et incendiant bien-
tôt, à cinq kilomètres environ, le taillis où
s'abrite la batterie ennemie.
La conversation dure peu... Les canons
athxnands sont à découvert et nos projecti-
les font rag* au-dessus de la tête de leurs
servants. Nos pièces, an contraire, sons lear
revêtement rustique, sont diffiedement repé-
rables et continuent sans être atteintes leur
magnifique besogne. On voit très bien à tra-
vers ies flammes des artilleurs allemand?
accourant vers tes canons pour remplacer
les serrants tombés et... tomber à leur tour,
Tout à coup, à trois cents mètres environ
au-dessous de notre petite forteresse, ds
grandes masses d’ombres mouvantes surgis-
sent. C’est l’infhnterie allemande qui s’ap-
prête à l’attaque. Encore quelques obus
là-bas, la batterie démolie est réduite au si-
lence.
Il ne reste plus à l’ennemi qu’à tenter la
chance de Cassant. Les larges baïonnette»
prussiennes luisent et se fixent anx fusited
dans la nnit, on moment devenue calme, os
entend très distinctement leur cliquetis.
Un ordre guttural « Vorwaerts l » Eu
avant! _
Très calme, comme s’il s’agissait d’un sim-
ple commandement snr le champ de tia%
notre capitaine, entre deux bouffées, pro-
nonce ; « Feu à volonté à quatre cents mè-
tres! » Une salve crépite; on dirait qu’on
déchire une large toile et tout un rang des
ombres qni grimpaient s’écroule... Deuxiè-
me salve, troisième... Les Boches ripostent,
mais leur tir, de bas en haut, est inefficace-
Queiques-uns des nôtres sont tonchés. mais
légèrement. Cependant, obstinément, hérol-
qoeruent, il foni bien le dire, les fantassins
allemands persistent dans leur ascension.
Notre feu les cooche par rangées et les *lï-
cters, derrière, l’épée et le revo'ver an poing
glapissent toujours leurs « Vorwaerts ! »
Enfin, après une nouvelle salve qni ea
descend encore une cinquantaine, ils finis-
sent par reconnaître l’mtiilité de leur effort.
Le demi-tour est ordonné... et nous ti-
rons maintenant sur des fuyards qui dispa-
raissent derrière les arbres.
Encore une attaque repoussée.
Nous avons deax morts et huit blessés.
Les Allemands ont plus de denx cent»
hommes hors de combat et une batterie dé-
truite.
Là-bas, une immense lusur rouge... C’est
l’incendie allumé par notre 75 qui se pro-
page dans la forêt. Les Boches seront obli-
gés de l’abandonner.
U COULEUR DES PASSE-MONTAGNES
Le généra! commandant en chef a avisé It
ministre de la gnerre qu’un grand nombre
de cache-nez ou passe-montagne envoyés
anx soldats sont de couleurs voyantes ou
rayés.
Dans l’intérêt de nos soldats, il est re-
commandé de caoisir des couleurs unilor*
mes, se rapprochant le plus possible du gris-
bleuté et du gris bleu clair.
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