Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-11-30
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 novembre 1914 30 novembre 1914
Description : 1914/11/30 (A34,N12167). 1914/11/30 (A34,N12167).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172327p
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2020
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Le Petit Havre
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Sur le front Nord-Est
IIS OPiMTIIS
de la Semaine
La caractéristique de la situation mili-
taire, ii y a huit jours, était un ralentisse-
ment certain des attaaues allemandes sur
notre front Nord-Est. Cette accalmie était
due à deux causes principales : le mauvais
temps et l’épuisement des troupes enne-
mies qui avaient subi des pertes considé-
rables et bien supérieures aux nôtres.
Depuis, les Allemands ont manifesté une
activité nouvelle, et le 21 novembre, par
cinq fois, ils tentaient, dans la Woëvre,
aux Eparges, une attaque d’infanterie par
masses profondes. Cinq fois ils furent arrê-
tés net par notre tir d’artillerie.
Puis c’était, le 22 novembre, le bombar-
dement d’Tpres, événement déplorable
certes, mais sans grande importance stra-
tégique. Et dans la région de Soissons et
Vailly, de violentes canonnades étaient ou-
vertes par l’ennemi, dans l’intention, peut-
être, de faire supposer des attaques im-
minentes d’infanterie. Celles-ci ne se sont
d’ailleurs pas produites sur ce point, mais
dans l’Argonne où- elles ont été très vives.
Elles ont été si énergiquement repoussées
que, le lendemain, 23 novembre, nous ga-
gnions du terrain dans la région du Four
de Paris.
La brièveté des communiqués ne permet
point de commentaires sur les nouvelles
des Flandres, où l’action s’est continuée ce-
pendant avec le plus d’intensité. Il appa-
raît toutefois que si le front ennemi a été
neutralisé par les inondations entre Nieu-
port et les avancées septentrionales
d’Ypres, la lutte a repris, le 24 novembre,
dans le secteur Nord-Est de cette place,
entre Langemark et Zonnebecke. Offensive
de notre part,avant que l’ennemi ait réparé
les pertes qu’il avait subies, ou bien atta-
que allemande, prélude d’une ruée nou-
velle de masses considérables et qui avait
été annoncée ? On l’ignore, mais, en tout
cas, nous avons eu le dessus et nous avons
gagné du terrain.
Dans cette même journée du 24, nous
progressions légèrement près de Berry-au-
Bac et dans l’Argonne, tandis que sur un
autre point, à Béthincourt, au nord-ouest
de Verdun, nous repoussions les Allemands
et bombardions Arnàville, dans la région
de Pont-à-Mousson, au confluent du Bupt
de Mad et de la Moselle. C’est en cet en-
droit que les Allemands pouvaient rejoin-
dre la ligne de Metz à Nancy. La position
eut été très importante pour leurs commu-
nications. Il nous faut donc nous féliciter I
de cet avantage.
Si la journée du 25 n’a amené aucun
changement notable sur le front, il faut
noter cependant l’échec d’une attaque en-
nemie contre Missy-sur-Aisne, à mi-chemin
de Soissons et de Vailly, au pied de la val-
lée qui sépare le plateau de Vrigny des
hauteurs dominées parle fortCondé. Les
Allemands avaient espéré obtenir un point
de passage sur l’Aisne, vers le chemin de
fer de Braisne. Leur échec leur a valu des
pertes importantes. Il faut souligner aussi,
en ce même jour, une reprise de l’inutile
et cruel bombardement d’Arras, puis la
continuation de la destruction des prépara-
tifs allemands à Zee-Brügge, par une es-
cadre anglaise.
| Cette démonstration était d’autant plus
nécessaire que Zee-Brugge, qui est le port
de Bruges et tête du canal maritime con-
duisant à cette ville, était transformé en
port de guerre. Les Allemands voulaient y
monter et y armer les sous-marins qu’ils
avaient fait venir par voie de terre, tandis
que l’on organisait aussi une flottille de
canonnières et de radeaux protégés qui au-
raient circulé sur les nombreux canaux
des Flandres. Quand les Allemands ont pu
croire que leur plan était' presque réalisé,
que Zee-Brugge était une base navale d’où
sous-marins et torpilleurs allaient s’élancer
sur les flottes alliées et préparer le fameux
débarquement en Angleterre, — par la réa-
lisation duquel Guillaume voudrait sur-
passer Napoléon, — quand les dunes, trans-
formées en un rempart continu et fortement
muni d’artillerie, paraissaient assurer la
circulation des troupes sur la route tracée
à leur base, — les cuirassés anglais sont
survenus, ils ont écrasé du tir de leurs
énormes pièces les batteries ennemies, dé-
truit les voies et détruit aussi les canon-
nières et autres petits bâtiments concentrés
dans le port de Zee-Brugge.
Ainsi le projet de débarquement des
Allemands en Angleterre s’en est allé à
vau-l’eau, et le nid de torpilleurs et sous-
marins dont ils menaçaient la mer du Nord,
le Pas-de-Calais, et par delà la Manche, a
été détruit.
Le 26 novembre, la canonnade ennemie
se ralentissait sur tout le front, sinon du
côté de Reims, dont le bombardement fut
repris pendant une visite des journalistes
des pays neutres. Et c’est ainsi que les
Allemands tinrent à prouver, par raisons
démonstratives, que rien de ce qui a été
dit de leur cruauté saurage n’était exa-
géré.
Sur un point cependant, nous obtenions
OB succès sinon des plus importants, du
moins fcrt significatif : deux attaques d’in-
fanterie allemande contre les tètes de pont
que nous avons jetées sur la rive droite de
l’Yser, au Sud de Dixmude, étaient re-
poussées. Nous étions donc maîtres des
deux rives de ce fleuve si longtemps dis-
puté.
Le 27, au Sud d’Ypres, une attaque d’in-
fanterie allemande était repoussée, confir-
mant pour nous le succès de la veille à
Dixiûude. Et le 28, un duel intense d’artille-
rie tournait à notre avantage, cependant
que notre, infanterie obtenait des succès
partiels autour d’Ypres, dans la région Nord
d’Arras, et que nous progressions entre la
Somme et Chaulnes.
Ainsi ces progrès qui lentement, mais
obstinément, s’accentuent sur toute la li-
gne, témoignent de la vigilance des chefs
de nos armées prompts à saisir toutes oc-
casions favorables d’user les forces enne-
mies et de les repousser —'en attendant le
moment d’une vigoureuse offensive.
TH. VALLÉE.
TU mSMj
LA MÉDAILLE
MILITAIRE
La médaille militaire est réservée,
on le sait, aux sous-officiers, caporaux
et soldats ; elle n’est donnée par ex-
ception qu'aux officiers qui ont exercé
les hauts commandements et se sont
illustrés par d'éclatants services.
Cest un usage singulier et émou-
vant que de réserver comme récom-
pense à un général en chef la déco-
ration des simples soldats ; il est à
l'honneur de notre armée et de ses
traditions ; s’il ne prouve pas que cha-
que soldat porte dans sa giberne le
bâton de maréchal, il prouve du moins
qu’une solidarité profonde unit, du
haut en bas de la hiérarchie, celui qui
conçoit et commande et celui qui obéit
et marche ; il signifie qu’au jour du
succès la masse toute entière de l’ar-
mée qui a versé son sang est honorée
en la personne dé son chef.
Le caractère exceptionnel de cette
distinction veut que nous revenions
sur la décoration du général Jojffre
qui vient d’avoir lieu. Le gouverne-
ment a tenu à lui donner une solen-
nité qui ajoute encore à sa significa-
tion ; c’est en présence des présidents
du Sénat et de la Chambre des dé-
putés, du président du Conseil et du
ministre de la guerre, que le prési-
dent de la République a attaché la
médaille militaire sur la poitrine du
généralissime ; toute la nation était
donc représentée là de la façon la
plus éminente et on conçoit^ la gran-
deur de ce moment unique et l’émo-
tion qui devait étreindre tous les par-
ticipants , ce que chacun a senti pas-
ser ce n’est pas seulement ce souffle
enflammé des victoires déjà remportées
mais celui de la grande et définitive
victoire de demain.
« Dans les rudes semaines que
vous venez de passer, vous avez conso-
lidé et prolongé, " par la défense des
Flandres, la brillante victoire de la
Marne y», a déclaré le Président de la
République au général Jojffre ; ç’est
donc la consécration des succès de ces
derniers jours, couronnant de longues
et difficiles opérations, que le gouver-
nement est venu apporter au généra-
lissime et cette manifestation a eu un
projond retentissement dans le pays
puisque nous avons eu ainsi la preuve
éclatante que tout allait bien.
Il nous plaît qu’au moment même
où le général Jojffre a reçu la mé-
daille militaire, nous ayons eu con-
naissance de l'ordre du jour qu’il
avait adressé à la sixième armée, au
lendemain de la victoire de la Marne,
car cet ardre du jour montre sur le vif
combien il se rend, dans l’esprit même
de la distinction qui lui a été accor-
dée, solidaire de tous ses - soldats.
Nous avons publié hier, en dépêche,
un extrait de ce document, nous le
reproduisons aujourd’hui en entier
ci-dessous car rien ne peut mieux
resserrer les liens de l’armée avec son
chef que la lecture de ces ffortes et si
généreuses paroles.
On sait que c’est à la sixième ar-
mée, celle du général Maunoury, que
revient en grande partie l’honneur de
la victoire de la Marne, grâce à son
héroïsme sur l’Ourcq; or, s’adressant
aux hommes de cette armée, le géné-
ralissime les appelait « camarades » et
il leur déclarait que le plus grand hon-
neur qui lui ait été décerné c’était de
commander des hommes tels qu’eux.
L’armée estimera que son plus
grand honneur est d’être commandée
par un général tel que lui.
Un Ordre du Jour du Général Jaffré
Bans un article qui a para dans 1 a Revue des
Deux-Mondes, M. Victor Margueritte a livré à
la publicité la belle prociamatisn que le gé-
néralissime adressa à la sixième armée (ar-
mée de Paris), après ia victoire de la Marne.
La sixième armée vient de soutenir pen-
dant cinq jours entiers, sans interruption
ni accalmie, la lutte contre un adversaire
nombreux et dont le succès avait jusqu’à
LA GUERRE
us» JOXJRIVÉE:
COMMUNIQUÉS OFFICIELS
Paris, 29 Novembre, 15 heures.
Dans la journée du 28, la canonnade
allemande a été plus active, mais elle
a été exécutée surtout avec des piè-
ces de 77 millimètres. L’artillerie
lourde a fait très peu sentir son ac-
tion. Dans ces conditions, la lutte
d’artillerie a tourné partout à notre
avantage.
En Belgique, notre infanterie a en-
levé divers points d’appui au Nord et
au Sud d’Ypres.
Dans la région au Nord d’Arras, une
attaque prononcée par trois régiments
ennemis environ, a échoué définitive-
ment après plusieurs contre-attaques
exécutées de part et d’autre,
Entre la Somme et Chaulnes, nous
avons marqué de sensibles progrès.
Dans le voisinage du village de Fay,
nous sommes parvenus au contact
immédiat du réseau de fils de fer de
défense.
Dans la région de l’Aisne, entre
Vailly et Berry-au-Bac, un groupe de
mitrailleuses et une coupole pour
pièces de 30 centimètres, ont été dé-
truites par nos obus, dont un a déter-
miné une explosion dans la batterie
ennemie.
Dans les Vosges, trois contre-atta-
ques allemandes en vue de reprendre
le terrain perdu dans le Ban de Sapt
ont été repoussées successivement.
Paris, 23 heures.
Calme sur tout le front, sauf en Ar-
gonne où des attaques allemandes
n’ont pas eu plus de succès que pré-
cédemment.
Official Report of the
French Government
Nov. 29ltl -3 p.m.
Yesterday, the foe’s cannonading has
been more active, but the guns em-
ployed were principally of the 77 millimé-
trés type.
The heavy artillery showed less aeti-
vity ; under these circumstances the ar-
tillery battle turned everywhere iu our
favor.
In Belgium, our infantry has taken seve-
rd important points North and South of
Ypres.
In 'the région North of Arras an attack
made by about three régiments of the foe
faileddefinitelyafterseveral counter-attacks
made by both sides.
Between the Somme and Chaulnes, we
made some progress. Near the village Fay
we hâve advancedas far as the wire fences
of the foe.
In the Aisne, between Vailly and Berry-
au-Bac a group of mitrailleuses and a
shelter piece for 30 centimeter guns hâve
been deslroyed by our shells, one of which
caused an explosion in the foe’s battery,
In the Vosges three counter attacks of
the foe in order to regain the lost ground
near Ban-de-Sapt hâve been successively
repulsed.
COMMUNIQUÉ RUSSE
Petrograd, 29 Novembre.
L’état-major déclare que lès bruits qui
ont circulé sur les proportions de la victoire
russe entre la Vistule et la Warta provien-
nent de correspondànces privées et doi-
vent être accueillies avec réserve.
Il esthors de doute que le plan allemand
consistant' à Ymïrner et " à‘Cerner PafifiSè-
russe sur la rive gauche de la Vistule a
échoué complètement et les Allemands ont
dû se replier dans des conditions désavan-
tageuses, subissant des pertes immenses.
Toutefois les combats ne sont pas terminés.
La bataille se développe favorablement
pour nous ; mais l’ennemi continue une ré-
sistance opiniâtre. Il importe donc d’atten-
dre le résultat définitif en gardant l’assu-
rance que les Russes sont pénétrés de la
nécessité Je mener à bien leurs efforts pour
briser finalement la résistance de l’ennemi.
présent exalté le moral. La lutte a été dure;
les pertes par le feu, les fatigues dues à
la privation de sommeil et parfois de nour-
riture ont dépassé tout ce que l’on pouvait
imaginer ; vous avez tout supporté avec
une vaillance, une fermeté et une endu-
rance que les mots sont impuissants à glo-
rifier comme elles le méritent.
Camarades, le général en chef vous a de-
mandé, au nom de la patrie, de faire pins
que votre devoir : vous avez répondu au
delà même de ce qui paraissait possible.
Grâce à vous, là victoire est venue couron-
ner nos drapeaux. Maintenant que vous en
connaissez les glorieuses satisfactions,vous
ne la laisserez plus échapper.
Quant à moi, si j’ai fait quelque bien,
j’en ai été récompensé par le plus grand
honneur qui m’ait été décerné dans une
longue carrière : celui de commander des
hommes tels que vous.
C’est avec une vive émotion que je vous
remercie de ce que vous avez fait, car je
vous dois ce vers quoi étaient tendus de-
puis quarante-quatre ans tous mes eflorts
et toutes mes énergies : la revanche de
1870.
Merci à vous et honneur à tous les com-
battants de la sixième armée.
Glaye (Seine-et-Marne), 10 septembre
1914.
Signé : JOFFRE,
Contresigné : MAUNOUBY.
— --V——■ -■ ■■ » ■■ 1 1, 1 *
JL a "Vie à Berlin.
Le gouverneur militaire de Berlin, qui
semble avoir trouvé insuffisants ses précé-
dents avis au publie, vient de prendre un
arrêté aux termes duquel, à partir du l«r dé-
cembre, ie pain blanc- comme le pain noir
ne pourra être donné dans les restaurants à
discrétion.
Le pain et les gâteaux ne pourront être
fabriqués entre 2 heures de i’aprèsmidi et
8 heures du soir.
II déclare que le premier devoir des habi-
tants est de limiter la consommation de la
pâtisserie et qne c’est prodiguer la farine
que de faire cuire du pain plusieurs fois par
jour. '
La Violation de la Neutralité
du Luxembourg
Bâle, 29 novembre.
L’Allemagne a payé an Luxembourg une
indemnité de 1 million 1/2 de marks.
Nouveau Gouverneur de la Belgique
Stockholm, 29 novembre.
Cne dépêche de Berlin annonce que Von
der Goltz, gouverneur de la Belgique, va
quitter Bruxslles pour être attaché à la per-
sonne du sultan de Turquie.
Ls générai de cavalerie Belsing Luis va lui
succéder en Belgique.
Les Pertes Allemandes
à Tsing-Tao
Bâle, 29 novembre.
Les informations officielles disent qae les
pertes allemandes à Tsing-Tao ont été de
4,250, dont 600 blessés et 170 tués.
Prisonnier «le marque
Agen, 29 novembre.
Parmi les officiers allemands prisonniers,
figure le prince Sieghart-Carolath, lieutenant
attaché au grand-état major allemand.
L’ATTITUDE DE PORTUGAL
Lisbonne, 29 novembre.
Le Diaro Noticias dit qu’à l’issue du Con-
seil, le président du Conseil est resté an
Palais peur conférer avec ie président de la
République.
L'Attitude de la Roumanie
Bucarest, 29 novembre.
La session ordinaire du Parlement s’est
ouverte à midi.
Le roi Ferdinand a lu un message faisant
l’éloge do roi détunt et a fait appel au con-
cours patriotique de toutes les forces de la
nation pour prendre les mesures nécessaires
afin de donner à l’armée les moyens de faire
face à la situation actuelle.
La Turquie e! la Tripie-Entenie
< Athènes, 29 novembre.
Le gouvernement turc aurait décidé de
mettre sous séquestre les établissements re-
ligieux de Palestine appartenant à la Tri-
ple-Entente.
Les Semeurs de Mines
. Fteetvrood, 29 novembre.
Plusieurs chalutiers battant pavillon neu-
tre, ont été surpris immergeant des mines
an large de l’Irlande septentrionale.
Tous ont été saidis.
Tremblement de Terre
^ Athènes, 29 novembre.
Un tremblement de terre a causé à Leu-
cade des dégâts très importants. La monta-
gne de Pefkatia s’est écroulée sur trois kilo-
mètres.
La mer Ionienne a pénétré dans la vallée
de Calamitz, couvrant 50 hectares.
Des monticules sont apparus à divers en-
droits.
Vingt-trois personnes ont été tuées. Il y a
cinquante blessés.
Les dégâts pour la ville seule s’élèvent à
un million.
M. POINCARÉ
dans l’ârgonne
ÎU Verdun
Paris, 29 novembre.
Le président de la République, accompa-
gné du président du Conseil et des prési-
dents de la Chambre de3 députés et du Sénat
a visité hier les positions de la forêt de i’Ar-
gonne.
M. Poincaré s’est intéressé particulière-
ment aux abris de terre et de branchages,
organisés avec une ingéniosité remarquable.
Parcourant à pied les lignes à travers bois,
il s’est arrêté auprès de plusieurs batteries
et s’est fait expliquer le3 détails du tir.
Le chef de l’Etat, ainsi que MM Viviani,
Deschanel et Dubost, ont vu, le coe ir serré,
ia malheureuse petite ville de Clermont en
Argonne, incendiée et détruite par les Alle-
mands,
Ils sont allés ensuite à Verdun, où ou leur
a fait voir en détail le fort Douaumont et
les ouvrages avancés du camp retranché,
pois ont visité longuement l’hôpital mili-
taire, où, parmi les blessés, ils ont vu M.
Maginot.
Le président de la République, ainsi que
MM. Viviani, Deschanel et Dubost, eut quitté
Verdun dans la soirée.
L'Instituteur Blessé
Voici ce qu’à la dernière réquisition de
chevaux nous racontait, en bavant le café,
ie maire d'Astaiilac :
« Comme j’allais au village, mardi dernier,
rapport aux affaires de la commune, i'aper-
ças devant moi au tournant du.chemin,près
de ia croix Saint-Jean, une capote de soldat.
A la campagne, tout le monde est curieax.
« Qui diable est celui-là ? » pensai-je et je
pressai le pas. Mais nlos chemins sont bien
trop rocailleux.ponr qu’un piéton puisse en
rattrappqr un autre avant qae l’autre se soit
■^KOnméptmrvWi'.'-Qtiïûaie soîdsrt se re-
tourna, malgré,la barbe, j’eus vite fait de
mettre un nom sur sa figure. Tont juste-
ment o’était Pierre Labro, notre instituteur
et mon secrétaire à la mairie, un brave gar-
çon de vingt-cinq ans, natif de La B irnavio e
où son père a châtré joliment de veanx depuis
le temps 1 Vous pensez si je fus joyeux et lui
de même I On ie disait blessé, mais où,quand
et comment T mystère.
» Maintenant je pouvais bien le lui de-
mander.Mais nous, pauvres paysans, ii nous
tant un moment avant de poser les ques-
tions et tout surpris par une espèce d'émo-
tion, nous allions coude à coude, presque
sans une parole. Nous étions déjà sur ia
place devant l'écoieetje savais seulement
qu’ayant deux jours de permission avant de
rejoindre son dépôt, Pierre Labro allait ern
brasser ses vieux à La Barnaviole, mais que
d’abord, il avait voulu pousser une pointe
usque chez nous, histoire de voir, comment
* remplaçant faisait la classe. « Parbleu, lui
dis-ja, nous le verrons ensemble et puis
nous irons casser la croûte et boire un
verre chez Tanrissou ».
» Ça n’a pas manqué. Mais de ma vie ni
de mes jours je n’oublierai la rentrée que
nous fîmes. Une perte d’école qui s’ouvre,
ie maire et l'instituteur qui entrent, la chose
ne vous paraît pas d’une grande consé-
quence. Peut-être que si vous aviez été là,
si vous aviez entendu comme je l’entendais
battre sou coesr et senti comme je le semais
son bras trembler, vous auriez eu, comme
moi, des larmes dans les yeux. »
« Ce sont des moments où l’on a le droit
d’être tête », prétend notre vieux médecin,
qui est aussi un brave homme. Nous n’y
avons pas manqué, je vous jure. Mais les en-
fants et le remplaçant, dès qu’ils eurent
dressé la tête vers nous, ils furent encore
plus bêtes que nous. Us poussèrent un grand
cri et ils se jetèrent d’au seul étau vert ie
maître blessé en prenant garde de ie tou-
cher. De fatigue, je m’étais assis au dernier
banc et je continuais de pleurer comme si
j’avais perdu toute ma famille. Pierre Labro,
debout, murmurait : « Je suis content, je
sais très content... Soyez sages... Où est le
petit Philippe ? Le petit Philippe, un petit
orphelin à qui Labro portait tant d’intérêt,
je le voyais bien, moi ; il n’arrêtait pas d’em-
brasser la main dix maître qui sortait de
l’écharpe 1 Et les grtmds levaient les bras au
desms de lui, comme des palmes taudis que
le remplaçant, dans la chaire, essayait de
sortir un compliment de bienvenue qui ne
voulait pas sortir. Pour en finir, sans dente,
il viat s’adosser au tableau où il avait écrit
« Mourir pour la Patrie, c’est le sort le plus
beau t » et il bégaya « Labro, vous allez leur
taire la classe ». Alors, tous le conduisirent
jusqu'à la chaire de la manière que l’on con-
duit le prêtre à l'aatel dans les jours de fête
et cet anumal-là nous fit la classe. Nul ne
bougeait plus, nui ne soufflait pins. Ou l’é-
couta, t parler de son régiment, de sa compa-
gnie, d? s tranchées, des obus, du courage
de tons nos soldats et de la victoire pro-
chaine. Jamais je n'aurais supposé que mon
Labro pouvait parler si bien et si longtemps.
Le. gens du village, à cette heure, connais-
saient le retour du maître et ils se tassaient
sur ie pas de la porte. An premier rang le
curé s’était faufilé. Si je n’avais pas eu tant
envie de pleurer, j’aurais eu envie de rire de
le voir là. Mais qui pensait à rire.? D'ail-
leurs, sur les champs de bataille, les curés
ne se distinguent pas des instituteurs, ni les
instituteurs des curés. Pourvu qu’il revien-
ne blessé, le vicaire aussi aura sou tour et
sous le tableau noir il nous fera la classe et
chez Tanrissoa nous casserons la croûte en-
semble et nous boirons un verre. Mais je ne
garantis pas de pienrer autant que j’ai pleu-
ré mardi. On n’est pas bête comme ça deux
fois par an. »
Quand même, en nous racontant la Chose,
le maire d’Astaiilac avait encore une petite
larme au coin de l’oeil. Et si vous connais-
siez le maire d’Astaiilac t
Jean SABRAZAC.
(L’Opinion).
Ce qu’un neutre
B BU à Berlin
Un commerçant qui résidait depuis long-
temps en Allemagne et connaît fort bien
Berlin, où il avait été retenu, vient d'armer
en Hollande ayant DU, au prix de mille d ffi-
cuités, gagner la frontière.
La physionomie de ia capitale allemande
ne présente, selon lui, rien de part culière-
ment anormal. Les cafés, qui restent en
temps ordinaire ouverts tonte la nuit, ont,
il est vrai, avancé l’heure de leur fermetu-
re ; mais les théâtres jouent chaque soir et
les rues présentent à peu près l’animation
accoutumée.
Les autorités ont, d’autre part, instam-
ment prié les familles ayant perdu quel-
qu’un de leurs membres sur le champ de
bataille de s’abstenir patriotiquement de
porter le déni!.
Dans une famille dont les quatre fils sont
morts au feu, ia mère porte des robes de
couleur, le père s’est borné à garnir sa
manche d’an brassard noir minuscule et
comme timide.
On voit fréquemment dans les journaux
des informations annonçant que des régi-
ments (garde prussienne, corps saxon, etc.)
acceptent des volontaires.
Aux façades des maisons, toutes pavoisées
au début de la guerre, les drapeaux ont dis-
paru.
La population, en effet, commence à sa
rendre compte que la situation devient
mauvaise. Son antipathie, qui, au moment
de la mobilisation, allait à là Russie et à ia
France, a changé d'objet ; elle s’est éloi-
gnée des Français surtout et se manifeste
maintenant de toutes les manières et avec
la pins grande violence contre l’Angleterre.
Le canon de 75 français, cependant, fait
très souvent le sujet des préoccupations ef-
frayées. Les effets terribles de ses projecti-
les, amplifiés encore par les imaginations,
font considérer ce canon comme une inven-
tion infernale, et l'on sait que ses artilleurs
sont désignés fréquemment, outre-Rhin,
sous le nom de « diables noirs ».
Aussi est-ce sans joie, désormais, nue les
régiments se mettent en marche. Aû début
de la guerre, acclamations, rires, cris de joie,
souhaits, interjections haineuses aussi accom-
pagnaient le départ de chaque train. Tout
cela fait place aujourd’hui à un silence at-
tristé et à des plenrs.
Que sera, dit le commerçant, quand l’Alle-
magne sabra la vérité. Car, elle a entendu
parler de combats sous Paris, d’une bataille
de l’Oise, d’une bataille de l’Aisue, voire
d’une bataille de la Msase; mais elle n’a
eu aucune connaissance d’une bataille de ia
Marne, n'a vu encore nulle part le mot dé-
faite.
CE QU’ILS EN PENSENT
Un député du Reichstag, parlant à un avo-
cat de ses amis qui' l’a rencontré à Franc-
fort, vient de donner son opinion snr la
guerre.
Le correspondant du Daily Mail à Copen-
hague la rapporte :
Non,' ce n’est pas être antipatriote que de refu-
ser, a-t-il dit, de regarder la vérité en face, et la
vérité est que nos chances de victoire sont très
faibles... SI la guerre dure encore longtemps,
l’Allemagne sera ruinée pour un derai-siecle au
moins, cela est abmlnmeot certain .. Aussi vou-
drions-nous, le plus tôt psssible. essayer de faire
ia paix, mais ce n’est pas, et je le regrette, l’opi-
nion du parti au pouvoir.
« Le Kaisers dit que si l’Allemagne était vain-
cue et que si elle ne pouvait pas continuer à être
un état militaire comme jusqu’à présent, lui et
ses fils chercheraient la mort sur les champs da
bataille... Plus 1.» guerre durera, plus nous' de-
vrons payer cher la paix.
Il est fâcheux que l’on ne connaisse pas
le nom de cet Allemand, qui paraît un peu
plus clairvoyant qoe ses compatriotes. Le
pas des chevaux russes, qui va bientôt ré-
sonner en Prusse orientale et en Silésie ou-
vriront tes yeux à beaucoup d'autres ; mai’
alors il sera trop tard.
— ♦ -
SUR ME3R.
De Petrograd on anteenes que le croisent
allemand coulé près de Liban serait le E tha
ou un navire de même type ; on signais
qu’un dreadnonght allemand, le Wilheim-
ier-Grosu, aurait heurté une mine dans la
Baitiqne et aurait ensuite coulé, et on attend
la confirmation officielle de cette nouvelle.
Le correspondant da Moming Posl à Pe-
trograd a publié l’intéressant récit d’une
manoeuvre habile exécutée par ia flotte
russe de la Baltique et qui a abouti à la des-
truction de plnsienrs navires allemands.
On a dit qu’un certin nombre de navires
étaient arrivés à Kiel, très endommagés,
▼ers le 4 novembre, mais aoenne explica-
tion officielle n’avait éié donnée à ce sujet.
Ces navires, parait-il, avaient l’habitude d
croiser dans la mer Baltique. A la récepti®
d’une certaine dépêche, l’amiral russe vot
Essen déguisa ses navires de façon à leur
donner l’allnre de navires germaniques et il
arbora le pavillon allemand. Puis, dans le
brouillard, il alla se joindre à l’escadre enne-
mie.
Au moment opportun, les Russes ouvri-
rent le feu, coulant nn navire allemand, en
endommageant sérieusement nn autre et in-
fligeant, en «utre, des pertes anx torpilleurs
ennemis. .
Les navires russes, par centre, parent ren-
trer au port après le combat sans avoir sabf
aucune parte.
Les Allemands n’ont naturellement fa#
aucune mention de cette affaire.
Comment les Espions Allemands
circulent en Angieterre
Le Daily Mail raconte qu'il peut y avoir ac
tuellement en Angleterre au moins deux
cents espions allemands mnnis de faux pas-
seports. Une personnalité neutre qui a quitté
Berlin il y a moins d’anequiozaine rapporte,
en effet, que les autorités consulaires amé-
ricaines dans une grande ville de l'Allema-
gne du Sud sont fort en peine de découvrir
ce qu’ont bien pu devenir deux cents nn«se-
ports américains et anglais.
Admînistratenr - Délégné- Gérant
O. RANDOLETÎ
AfiaUMiratiaii, Impressions it innonces, TEL. 10.4?
SB, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : EANDOLET ïïavra
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Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
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Secrétaire Général : TH. VALLÈS
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On s'abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux tie Poste de France
Sur le front Nord-Est
IIS OPiMTIIS
de la Semaine
La caractéristique de la situation mili-
taire, ii y a huit jours, était un ralentisse-
ment certain des attaaues allemandes sur
notre front Nord-Est. Cette accalmie était
due à deux causes principales : le mauvais
temps et l’épuisement des troupes enne-
mies qui avaient subi des pertes considé-
rables et bien supérieures aux nôtres.
Depuis, les Allemands ont manifesté une
activité nouvelle, et le 21 novembre, par
cinq fois, ils tentaient, dans la Woëvre,
aux Eparges, une attaque d’infanterie par
masses profondes. Cinq fois ils furent arrê-
tés net par notre tir d’artillerie.
Puis c’était, le 22 novembre, le bombar-
dement d’Tpres, événement déplorable
certes, mais sans grande importance stra-
tégique. Et dans la région de Soissons et
Vailly, de violentes canonnades étaient ou-
vertes par l’ennemi, dans l’intention, peut-
être, de faire supposer des attaques im-
minentes d’infanterie. Celles-ci ne se sont
d’ailleurs pas produites sur ce point, mais
dans l’Argonne où- elles ont été très vives.
Elles ont été si énergiquement repoussées
que, le lendemain, 23 novembre, nous ga-
gnions du terrain dans la région du Four
de Paris.
La brièveté des communiqués ne permet
point de commentaires sur les nouvelles
des Flandres, où l’action s’est continuée ce-
pendant avec le plus d’intensité. Il appa-
raît toutefois que si le front ennemi a été
neutralisé par les inondations entre Nieu-
port et les avancées septentrionales
d’Ypres, la lutte a repris, le 24 novembre,
dans le secteur Nord-Est de cette place,
entre Langemark et Zonnebecke. Offensive
de notre part,avant que l’ennemi ait réparé
les pertes qu’il avait subies, ou bien atta-
que allemande, prélude d’une ruée nou-
velle de masses considérables et qui avait
été annoncée ? On l’ignore, mais, en tout
cas, nous avons eu le dessus et nous avons
gagné du terrain.
Dans cette même journée du 24, nous
progressions légèrement près de Berry-au-
Bac et dans l’Argonne, tandis que sur un
autre point, à Béthincourt, au nord-ouest
de Verdun, nous repoussions les Allemands
et bombardions Arnàville, dans la région
de Pont-à-Mousson, au confluent du Bupt
de Mad et de la Moselle. C’est en cet en-
droit que les Allemands pouvaient rejoin-
dre la ligne de Metz à Nancy. La position
eut été très importante pour leurs commu-
nications. Il nous faut donc nous féliciter I
de cet avantage.
Si la journée du 25 n’a amené aucun
changement notable sur le front, il faut
noter cependant l’échec d’une attaque en-
nemie contre Missy-sur-Aisne, à mi-chemin
de Soissons et de Vailly, au pied de la val-
lée qui sépare le plateau de Vrigny des
hauteurs dominées parle fortCondé. Les
Allemands avaient espéré obtenir un point
de passage sur l’Aisne, vers le chemin de
fer de Braisne. Leur échec leur a valu des
pertes importantes. Il faut souligner aussi,
en ce même jour, une reprise de l’inutile
et cruel bombardement d’Arras, puis la
continuation de la destruction des prépara-
tifs allemands à Zee-Brügge, par une es-
cadre anglaise.
| Cette démonstration était d’autant plus
nécessaire que Zee-Brugge, qui est le port
de Bruges et tête du canal maritime con-
duisant à cette ville, était transformé en
port de guerre. Les Allemands voulaient y
monter et y armer les sous-marins qu’ils
avaient fait venir par voie de terre, tandis
que l’on organisait aussi une flottille de
canonnières et de radeaux protégés qui au-
raient circulé sur les nombreux canaux
des Flandres. Quand les Allemands ont pu
croire que leur plan était' presque réalisé,
que Zee-Brugge était une base navale d’où
sous-marins et torpilleurs allaient s’élancer
sur les flottes alliées et préparer le fameux
débarquement en Angleterre, — par la réa-
lisation duquel Guillaume voudrait sur-
passer Napoléon, — quand les dunes, trans-
formées en un rempart continu et fortement
muni d’artillerie, paraissaient assurer la
circulation des troupes sur la route tracée
à leur base, — les cuirassés anglais sont
survenus, ils ont écrasé du tir de leurs
énormes pièces les batteries ennemies, dé-
truit les voies et détruit aussi les canon-
nières et autres petits bâtiments concentrés
dans le port de Zee-Brugge.
Ainsi le projet de débarquement des
Allemands en Angleterre s’en est allé à
vau-l’eau, et le nid de torpilleurs et sous-
marins dont ils menaçaient la mer du Nord,
le Pas-de-Calais, et par delà la Manche, a
été détruit.
Le 26 novembre, la canonnade ennemie
se ralentissait sur tout le front, sinon du
côté de Reims, dont le bombardement fut
repris pendant une visite des journalistes
des pays neutres. Et c’est ainsi que les
Allemands tinrent à prouver, par raisons
démonstratives, que rien de ce qui a été
dit de leur cruauté saurage n’était exa-
géré.
Sur un point cependant, nous obtenions
OB succès sinon des plus importants, du
moins fcrt significatif : deux attaques d’in-
fanterie allemande contre les tètes de pont
que nous avons jetées sur la rive droite de
l’Yser, au Sud de Dixmude, étaient re-
poussées. Nous étions donc maîtres des
deux rives de ce fleuve si longtemps dis-
puté.
Le 27, au Sud d’Ypres, une attaque d’in-
fanterie allemande était repoussée, confir-
mant pour nous le succès de la veille à
Dixiûude. Et le 28, un duel intense d’artille-
rie tournait à notre avantage, cependant
que notre, infanterie obtenait des succès
partiels autour d’Ypres, dans la région Nord
d’Arras, et que nous progressions entre la
Somme et Chaulnes.
Ainsi ces progrès qui lentement, mais
obstinément, s’accentuent sur toute la li-
gne, témoignent de la vigilance des chefs
de nos armées prompts à saisir toutes oc-
casions favorables d’user les forces enne-
mies et de les repousser —'en attendant le
moment d’une vigoureuse offensive.
TH. VALLÉE.
TU mSMj
LA MÉDAILLE
MILITAIRE
La médaille militaire est réservée,
on le sait, aux sous-officiers, caporaux
et soldats ; elle n’est donnée par ex-
ception qu'aux officiers qui ont exercé
les hauts commandements et se sont
illustrés par d'éclatants services.
Cest un usage singulier et émou-
vant que de réserver comme récom-
pense à un général en chef la déco-
ration des simples soldats ; il est à
l'honneur de notre armée et de ses
traditions ; s’il ne prouve pas que cha-
que soldat porte dans sa giberne le
bâton de maréchal, il prouve du moins
qu’une solidarité profonde unit, du
haut en bas de la hiérarchie, celui qui
conçoit et commande et celui qui obéit
et marche ; il signifie qu’au jour du
succès la masse toute entière de l’ar-
mée qui a versé son sang est honorée
en la personne dé son chef.
Le caractère exceptionnel de cette
distinction veut que nous revenions
sur la décoration du général Jojffre
qui vient d’avoir lieu. Le gouverne-
ment a tenu à lui donner une solen-
nité qui ajoute encore à sa significa-
tion ; c’est en présence des présidents
du Sénat et de la Chambre des dé-
putés, du président du Conseil et du
ministre de la guerre, que le prési-
dent de la République a attaché la
médaille militaire sur la poitrine du
généralissime ; toute la nation était
donc représentée là de la façon la
plus éminente et on conçoit^ la gran-
deur de ce moment unique et l’émo-
tion qui devait étreindre tous les par-
ticipants , ce que chacun a senti pas-
ser ce n’est pas seulement ce souffle
enflammé des victoires déjà remportées
mais celui de la grande et définitive
victoire de demain.
« Dans les rudes semaines que
vous venez de passer, vous avez conso-
lidé et prolongé, " par la défense des
Flandres, la brillante victoire de la
Marne y», a déclaré le Président de la
République au général Jojffre ; ç’est
donc la consécration des succès de ces
derniers jours, couronnant de longues
et difficiles opérations, que le gouver-
nement est venu apporter au généra-
lissime et cette manifestation a eu un
projond retentissement dans le pays
puisque nous avons eu ainsi la preuve
éclatante que tout allait bien.
Il nous plaît qu’au moment même
où le général Jojffre a reçu la mé-
daille militaire, nous ayons eu con-
naissance de l'ordre du jour qu’il
avait adressé à la sixième armée, au
lendemain de la victoire de la Marne,
car cet ardre du jour montre sur le vif
combien il se rend, dans l’esprit même
de la distinction qui lui a été accor-
dée, solidaire de tous ses - soldats.
Nous avons publié hier, en dépêche,
un extrait de ce document, nous le
reproduisons aujourd’hui en entier
ci-dessous car rien ne peut mieux
resserrer les liens de l’armée avec son
chef que la lecture de ces ffortes et si
généreuses paroles.
On sait que c’est à la sixième ar-
mée, celle du général Maunoury, que
revient en grande partie l’honneur de
la victoire de la Marne, grâce à son
héroïsme sur l’Ourcq; or, s’adressant
aux hommes de cette armée, le géné-
ralissime les appelait « camarades » et
il leur déclarait que le plus grand hon-
neur qui lui ait été décerné c’était de
commander des hommes tels qu’eux.
L’armée estimera que son plus
grand honneur est d’être commandée
par un général tel que lui.
Un Ordre du Jour du Général Jaffré
Bans un article qui a para dans 1 a Revue des
Deux-Mondes, M. Victor Margueritte a livré à
la publicité la belle prociamatisn que le gé-
néralissime adressa à la sixième armée (ar-
mée de Paris), après ia victoire de la Marne.
La sixième armée vient de soutenir pen-
dant cinq jours entiers, sans interruption
ni accalmie, la lutte contre un adversaire
nombreux et dont le succès avait jusqu’à
LA GUERRE
us» JOXJRIVÉE:
COMMUNIQUÉS OFFICIELS
Paris, 29 Novembre, 15 heures.
Dans la journée du 28, la canonnade
allemande a été plus active, mais elle
a été exécutée surtout avec des piè-
ces de 77 millimètres. L’artillerie
lourde a fait très peu sentir son ac-
tion. Dans ces conditions, la lutte
d’artillerie a tourné partout à notre
avantage.
En Belgique, notre infanterie a en-
levé divers points d’appui au Nord et
au Sud d’Ypres.
Dans la région au Nord d’Arras, une
attaque prononcée par trois régiments
ennemis environ, a échoué définitive-
ment après plusieurs contre-attaques
exécutées de part et d’autre,
Entre la Somme et Chaulnes, nous
avons marqué de sensibles progrès.
Dans le voisinage du village de Fay,
nous sommes parvenus au contact
immédiat du réseau de fils de fer de
défense.
Dans la région de l’Aisne, entre
Vailly et Berry-au-Bac, un groupe de
mitrailleuses et une coupole pour
pièces de 30 centimètres, ont été dé-
truites par nos obus, dont un a déter-
miné une explosion dans la batterie
ennemie.
Dans les Vosges, trois contre-atta-
ques allemandes en vue de reprendre
le terrain perdu dans le Ban de Sapt
ont été repoussées successivement.
Paris, 23 heures.
Calme sur tout le front, sauf en Ar-
gonne où des attaques allemandes
n’ont pas eu plus de succès que pré-
cédemment.
Official Report of the
French Government
Nov. 29ltl -3 p.m.
Yesterday, the foe’s cannonading has
been more active, but the guns em-
ployed were principally of the 77 millimé-
trés type.
The heavy artillery showed less aeti-
vity ; under these circumstances the ar-
tillery battle turned everywhere iu our
favor.
In Belgium, our infantry has taken seve-
rd important points North and South of
Ypres.
In 'the région North of Arras an attack
made by about three régiments of the foe
faileddefinitelyafterseveral counter-attacks
made by both sides.
Between the Somme and Chaulnes, we
made some progress. Near the village Fay
we hâve advancedas far as the wire fences
of the foe.
In the Aisne, between Vailly and Berry-
au-Bac a group of mitrailleuses and a
shelter piece for 30 centimeter guns hâve
been deslroyed by our shells, one of which
caused an explosion in the foe’s battery,
In the Vosges three counter attacks of
the foe in order to regain the lost ground
near Ban-de-Sapt hâve been successively
repulsed.
COMMUNIQUÉ RUSSE
Petrograd, 29 Novembre.
L’état-major déclare que lès bruits qui
ont circulé sur les proportions de la victoire
russe entre la Vistule et la Warta provien-
nent de correspondànces privées et doi-
vent être accueillies avec réserve.
Il esthors de doute que le plan allemand
consistant' à Ymïrner et " à‘Cerner PafifiSè-
russe sur la rive gauche de la Vistule a
échoué complètement et les Allemands ont
dû se replier dans des conditions désavan-
tageuses, subissant des pertes immenses.
Toutefois les combats ne sont pas terminés.
La bataille se développe favorablement
pour nous ; mais l’ennemi continue une ré-
sistance opiniâtre. Il importe donc d’atten-
dre le résultat définitif en gardant l’assu-
rance que les Russes sont pénétrés de la
nécessité Je mener à bien leurs efforts pour
briser finalement la résistance de l’ennemi.
présent exalté le moral. La lutte a été dure;
les pertes par le feu, les fatigues dues à
la privation de sommeil et parfois de nour-
riture ont dépassé tout ce que l’on pouvait
imaginer ; vous avez tout supporté avec
une vaillance, une fermeté et une endu-
rance que les mots sont impuissants à glo-
rifier comme elles le méritent.
Camarades, le général en chef vous a de-
mandé, au nom de la patrie, de faire pins
que votre devoir : vous avez répondu au
delà même de ce qui paraissait possible.
Grâce à vous, là victoire est venue couron-
ner nos drapeaux. Maintenant que vous en
connaissez les glorieuses satisfactions,vous
ne la laisserez plus échapper.
Quant à moi, si j’ai fait quelque bien,
j’en ai été récompensé par le plus grand
honneur qui m’ait été décerné dans une
longue carrière : celui de commander des
hommes tels que vous.
C’est avec une vive émotion que je vous
remercie de ce que vous avez fait, car je
vous dois ce vers quoi étaient tendus de-
puis quarante-quatre ans tous mes eflorts
et toutes mes énergies : la revanche de
1870.
Merci à vous et honneur à tous les com-
battants de la sixième armée.
Glaye (Seine-et-Marne), 10 septembre
1914.
Signé : JOFFRE,
Contresigné : MAUNOUBY.
— --V——■ -■ ■■ » ■■ 1 1, 1 *
JL a "Vie à Berlin.
Le gouverneur militaire de Berlin, qui
semble avoir trouvé insuffisants ses précé-
dents avis au publie, vient de prendre un
arrêté aux termes duquel, à partir du l«r dé-
cembre, ie pain blanc- comme le pain noir
ne pourra être donné dans les restaurants à
discrétion.
Le pain et les gâteaux ne pourront être
fabriqués entre 2 heures de i’aprèsmidi et
8 heures du soir.
II déclare que le premier devoir des habi-
tants est de limiter la consommation de la
pâtisserie et qne c’est prodiguer la farine
que de faire cuire du pain plusieurs fois par
jour. '
La Violation de la Neutralité
du Luxembourg
Bâle, 29 novembre.
L’Allemagne a payé an Luxembourg une
indemnité de 1 million 1/2 de marks.
Nouveau Gouverneur de la Belgique
Stockholm, 29 novembre.
Cne dépêche de Berlin annonce que Von
der Goltz, gouverneur de la Belgique, va
quitter Bruxslles pour être attaché à la per-
sonne du sultan de Turquie.
Ls générai de cavalerie Belsing Luis va lui
succéder en Belgique.
Les Pertes Allemandes
à Tsing-Tao
Bâle, 29 novembre.
Les informations officielles disent qae les
pertes allemandes à Tsing-Tao ont été de
4,250, dont 600 blessés et 170 tués.
Prisonnier «le marque
Agen, 29 novembre.
Parmi les officiers allemands prisonniers,
figure le prince Sieghart-Carolath, lieutenant
attaché au grand-état major allemand.
L’ATTITUDE DE PORTUGAL
Lisbonne, 29 novembre.
Le Diaro Noticias dit qu’à l’issue du Con-
seil, le président du Conseil est resté an
Palais peur conférer avec ie président de la
République.
L'Attitude de la Roumanie
Bucarest, 29 novembre.
La session ordinaire du Parlement s’est
ouverte à midi.
Le roi Ferdinand a lu un message faisant
l’éloge do roi détunt et a fait appel au con-
cours patriotique de toutes les forces de la
nation pour prendre les mesures nécessaires
afin de donner à l’armée les moyens de faire
face à la situation actuelle.
La Turquie e! la Tripie-Entenie
< Athènes, 29 novembre.
Le gouvernement turc aurait décidé de
mettre sous séquestre les établissements re-
ligieux de Palestine appartenant à la Tri-
ple-Entente.
Les Semeurs de Mines
. Fteetvrood, 29 novembre.
Plusieurs chalutiers battant pavillon neu-
tre, ont été surpris immergeant des mines
an large de l’Irlande septentrionale.
Tous ont été saidis.
Tremblement de Terre
^ Athènes, 29 novembre.
Un tremblement de terre a causé à Leu-
cade des dégâts très importants. La monta-
gne de Pefkatia s’est écroulée sur trois kilo-
mètres.
La mer Ionienne a pénétré dans la vallée
de Calamitz, couvrant 50 hectares.
Des monticules sont apparus à divers en-
droits.
Vingt-trois personnes ont été tuées. Il y a
cinquante blessés.
Les dégâts pour la ville seule s’élèvent à
un million.
M. POINCARÉ
dans l’ârgonne
ÎU Verdun
Paris, 29 novembre.
Le président de la République, accompa-
gné du président du Conseil et des prési-
dents de la Chambre de3 députés et du Sénat
a visité hier les positions de la forêt de i’Ar-
gonne.
M. Poincaré s’est intéressé particulière-
ment aux abris de terre et de branchages,
organisés avec une ingéniosité remarquable.
Parcourant à pied les lignes à travers bois,
il s’est arrêté auprès de plusieurs batteries
et s’est fait expliquer le3 détails du tir.
Le chef de l’Etat, ainsi que MM Viviani,
Deschanel et Dubost, ont vu, le coe ir serré,
ia malheureuse petite ville de Clermont en
Argonne, incendiée et détruite par les Alle-
mands,
Ils sont allés ensuite à Verdun, où ou leur
a fait voir en détail le fort Douaumont et
les ouvrages avancés du camp retranché,
pois ont visité longuement l’hôpital mili-
taire, où, parmi les blessés, ils ont vu M.
Maginot.
Le président de la République, ainsi que
MM. Viviani, Deschanel et Dubost, eut quitté
Verdun dans la soirée.
L'Instituteur Blessé
Voici ce qu’à la dernière réquisition de
chevaux nous racontait, en bavant le café,
ie maire d'Astaiilac :
« Comme j’allais au village, mardi dernier,
rapport aux affaires de la commune, i'aper-
ças devant moi au tournant du.chemin,près
de ia croix Saint-Jean, une capote de soldat.
A la campagne, tout le monde est curieax.
« Qui diable est celui-là ? » pensai-je et je
pressai le pas. Mais nlos chemins sont bien
trop rocailleux.ponr qu’un piéton puisse en
rattrappqr un autre avant qae l’autre se soit
■^KOnméptmrvWi'.'-Qtiïûaie soîdsrt se re-
tourna, malgré,la barbe, j’eus vite fait de
mettre un nom sur sa figure. Tont juste-
ment o’était Pierre Labro, notre instituteur
et mon secrétaire à la mairie, un brave gar-
çon de vingt-cinq ans, natif de La B irnavio e
où son père a châtré joliment de veanx depuis
le temps 1 Vous pensez si je fus joyeux et lui
de même I On ie disait blessé, mais où,quand
et comment T mystère.
» Maintenant je pouvais bien le lui de-
mander.Mais nous, pauvres paysans, ii nous
tant un moment avant de poser les ques-
tions et tout surpris par une espèce d'émo-
tion, nous allions coude à coude, presque
sans une parole. Nous étions déjà sur ia
place devant l'écoieetje savais seulement
qu’ayant deux jours de permission avant de
rejoindre son dépôt, Pierre Labro allait ern
brasser ses vieux à La Barnaviole, mais que
d’abord, il avait voulu pousser une pointe
usque chez nous, histoire de voir, comment
* remplaçant faisait la classe. « Parbleu, lui
dis-ja, nous le verrons ensemble et puis
nous irons casser la croûte et boire un
verre chez Tanrissou ».
» Ça n’a pas manqué. Mais de ma vie ni
de mes jours je n’oublierai la rentrée que
nous fîmes. Une perte d’école qui s’ouvre,
ie maire et l'instituteur qui entrent, la chose
ne vous paraît pas d’une grande consé-
quence. Peut-être que si vous aviez été là,
si vous aviez entendu comme je l’entendais
battre sou coesr et senti comme je le semais
son bras trembler, vous auriez eu, comme
moi, des larmes dans les yeux. »
« Ce sont des moments où l’on a le droit
d’être tête », prétend notre vieux médecin,
qui est aussi un brave homme. Nous n’y
avons pas manqué, je vous jure. Mais les en-
fants et le remplaçant, dès qu’ils eurent
dressé la tête vers nous, ils furent encore
plus bêtes que nous. Us poussèrent un grand
cri et ils se jetèrent d’au seul étau vert ie
maître blessé en prenant garde de ie tou-
cher. De fatigue, je m’étais assis au dernier
banc et je continuais de pleurer comme si
j’avais perdu toute ma famille. Pierre Labro,
debout, murmurait : « Je suis content, je
sais très content... Soyez sages... Où est le
petit Philippe ? Le petit Philippe, un petit
orphelin à qui Labro portait tant d’intérêt,
je le voyais bien, moi ; il n’arrêtait pas d’em-
brasser la main dix maître qui sortait de
l’écharpe 1 Et les grtmds levaient les bras au
desms de lui, comme des palmes taudis que
le remplaçant, dans la chaire, essayait de
sortir un compliment de bienvenue qui ne
voulait pas sortir. Pour en finir, sans dente,
il viat s’adosser au tableau où il avait écrit
« Mourir pour la Patrie, c’est le sort le plus
beau t » et il bégaya « Labro, vous allez leur
taire la classe ». Alors, tous le conduisirent
jusqu'à la chaire de la manière que l’on con-
duit le prêtre à l'aatel dans les jours de fête
et cet anumal-là nous fit la classe. Nul ne
bougeait plus, nui ne soufflait pins. Ou l’é-
couta, t parler de son régiment, de sa compa-
gnie, d? s tranchées, des obus, du courage
de tons nos soldats et de la victoire pro-
chaine. Jamais je n'aurais supposé que mon
Labro pouvait parler si bien et si longtemps.
Le. gens du village, à cette heure, connais-
saient le retour du maître et ils se tassaient
sur ie pas de la porte. An premier rang le
curé s’était faufilé. Si je n’avais pas eu tant
envie de pleurer, j’aurais eu envie de rire de
le voir là. Mais qui pensait à rire.? D'ail-
leurs, sur les champs de bataille, les curés
ne se distinguent pas des instituteurs, ni les
instituteurs des curés. Pourvu qu’il revien-
ne blessé, le vicaire aussi aura sou tour et
sous le tableau noir il nous fera la classe et
chez Tanrissoa nous casserons la croûte en-
semble et nous boirons un verre. Mais je ne
garantis pas de pienrer autant que j’ai pleu-
ré mardi. On n’est pas bête comme ça deux
fois par an. »
Quand même, en nous racontant la Chose,
le maire d’Astaiilac avait encore une petite
larme au coin de l’oeil. Et si vous connais-
siez le maire d’Astaiilac t
Jean SABRAZAC.
(L’Opinion).
Ce qu’un neutre
B BU à Berlin
Un commerçant qui résidait depuis long-
temps en Allemagne et connaît fort bien
Berlin, où il avait été retenu, vient d'armer
en Hollande ayant DU, au prix de mille d ffi-
cuités, gagner la frontière.
La physionomie de ia capitale allemande
ne présente, selon lui, rien de part culière-
ment anormal. Les cafés, qui restent en
temps ordinaire ouverts tonte la nuit, ont,
il est vrai, avancé l’heure de leur fermetu-
re ; mais les théâtres jouent chaque soir et
les rues présentent à peu près l’animation
accoutumée.
Les autorités ont, d’autre part, instam-
ment prié les familles ayant perdu quel-
qu’un de leurs membres sur le champ de
bataille de s’abstenir patriotiquement de
porter le déni!.
Dans une famille dont les quatre fils sont
morts au feu, ia mère porte des robes de
couleur, le père s’est borné à garnir sa
manche d’an brassard noir minuscule et
comme timide.
On voit fréquemment dans les journaux
des informations annonçant que des régi-
ments (garde prussienne, corps saxon, etc.)
acceptent des volontaires.
Aux façades des maisons, toutes pavoisées
au début de la guerre, les drapeaux ont dis-
paru.
La population, en effet, commence à sa
rendre compte que la situation devient
mauvaise. Son antipathie, qui, au moment
de la mobilisation, allait à là Russie et à ia
France, a changé d'objet ; elle s’est éloi-
gnée des Français surtout et se manifeste
maintenant de toutes les manières et avec
la pins grande violence contre l’Angleterre.
Le canon de 75 français, cependant, fait
très souvent le sujet des préoccupations ef-
frayées. Les effets terribles de ses projecti-
les, amplifiés encore par les imaginations,
font considérer ce canon comme une inven-
tion infernale, et l'on sait que ses artilleurs
sont désignés fréquemment, outre-Rhin,
sous le nom de « diables noirs ».
Aussi est-ce sans joie, désormais, nue les
régiments se mettent en marche. Aû début
de la guerre, acclamations, rires, cris de joie,
souhaits, interjections haineuses aussi accom-
pagnaient le départ de chaque train. Tout
cela fait place aujourd’hui à un silence at-
tristé et à des plenrs.
Que sera, dit le commerçant, quand l’Alle-
magne sabra la vérité. Car, elle a entendu
parler de combats sous Paris, d’une bataille
de l’Oise, d’une bataille de l’Aisue, voire
d’une bataille de la Msase; mais elle n’a
eu aucune connaissance d’une bataille de ia
Marne, n'a vu encore nulle part le mot dé-
faite.
CE QU’ILS EN PENSENT
Un député du Reichstag, parlant à un avo-
cat de ses amis qui' l’a rencontré à Franc-
fort, vient de donner son opinion snr la
guerre.
Le correspondant du Daily Mail à Copen-
hague la rapporte :
Non,' ce n’est pas être antipatriote que de refu-
ser, a-t-il dit, de regarder la vérité en face, et la
vérité est que nos chances de victoire sont très
faibles... SI la guerre dure encore longtemps,
l’Allemagne sera ruinée pour un derai-siecle au
moins, cela est abmlnmeot certain .. Aussi vou-
drions-nous, le plus tôt psssible. essayer de faire
ia paix, mais ce n’est pas, et je le regrette, l’opi-
nion du parti au pouvoir.
« Le Kaisers dit que si l’Allemagne était vain-
cue et que si elle ne pouvait pas continuer à être
un état militaire comme jusqu’à présent, lui et
ses fils chercheraient la mort sur les champs da
bataille... Plus 1.» guerre durera, plus nous' de-
vrons payer cher la paix.
Il est fâcheux que l’on ne connaisse pas
le nom de cet Allemand, qui paraît un peu
plus clairvoyant qoe ses compatriotes. Le
pas des chevaux russes, qui va bientôt ré-
sonner en Prusse orientale et en Silésie ou-
vriront tes yeux à beaucoup d'autres ; mai’
alors il sera trop tard.
— ♦ -
SUR ME3R.
De Petrograd on anteenes que le croisent
allemand coulé près de Liban serait le E tha
ou un navire de même type ; on signais
qu’un dreadnonght allemand, le Wilheim-
ier-Grosu, aurait heurté une mine dans la
Baitiqne et aurait ensuite coulé, et on attend
la confirmation officielle de cette nouvelle.
Le correspondant da Moming Posl à Pe-
trograd a publié l’intéressant récit d’une
manoeuvre habile exécutée par ia flotte
russe de la Baltique et qui a abouti à la des-
truction de plnsienrs navires allemands.
On a dit qu’un certin nombre de navires
étaient arrivés à Kiel, très endommagés,
▼ers le 4 novembre, mais aoenne explica-
tion officielle n’avait éié donnée à ce sujet.
Ces navires, parait-il, avaient l’habitude d
croiser dans la mer Baltique. A la récepti®
d’une certaine dépêche, l’amiral russe vot
Essen déguisa ses navires de façon à leur
donner l’allnre de navires germaniques et il
arbora le pavillon allemand. Puis, dans le
brouillard, il alla se joindre à l’escadre enne-
mie.
Au moment opportun, les Russes ouvri-
rent le feu, coulant nn navire allemand, en
endommageant sérieusement nn autre et in-
fligeant, en «utre, des pertes anx torpilleurs
ennemis. .
Les navires russes, par centre, parent ren-
trer au port après le combat sans avoir sabf
aucune parte.
Les Allemands n’ont naturellement fa#
aucune mention de cette affaire.
Comment les Espions Allemands
circulent en Angieterre
Le Daily Mail raconte qu'il peut y avoir ac
tuellement en Angleterre au moins deux
cents espions allemands mnnis de faux pas-
seports. Une personnalité neutre qui a quitté
Berlin il y a moins d’anequiozaine rapporte,
en effet, que les autorités consulaires amé-
ricaines dans une grande ville de l'Allema-
gne du Sud sont fort en peine de découvrir
ce qu’ont bien pu devenir deux cents nn«se-
ports américains et anglais.
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