Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-11-25
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 novembre 1914 25 novembre 1914
Description : 1914/11/25 (A34,N12162). 1914/11/25 (A34,N12162).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172322s
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2020
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DE L’OISE
A LA MER DU NORD
Nous avons parcouru hier le front
ile bataille de la Moselle à V Oise ;
nous allons aujourd’hui, pour achever
de rafraîchir nos souvenirs, suivre son
prolongement ' qui s’est étendu peu à
peu jusqu’à la mer du Nord, lui don-
nant ainsi à peu près la forme d’un
angle droit. La suite logique des opé*
rations nous permet d’envisager suc-
cessivement trois régions : entre V Oise
et la Somme, entre la Somme et la
Lrs, enfin entre la Lys et la mer.
Entre l’Oise et la Somme, l’ennemi
avait évacué toute la région, au lende-
main de notre victoire de la Marne, jus-
que vers Noyon et Péronne. Dès le mi-
lieu de septembre le généralissime porta
des troupes sur la rive droite de l’Oise
pour essayer de prendre par revers les
Allemands qui s’accrochaient sur la
rive droite de l’Aisne. Comme il était
à prévoir, l’ennemi s’efforça digxécu-
ter un mouvement tournant analogue
contre nous .et bientôt des forces im-
portantes se heurtèrent dans cette ré-
gion ; c’était le début de la fameuse
bathille de Roye qui, commencée le
a 3 septembre, dura plusieurs semaines
avec une intensité sans cesse renouve-
lée tandis que la bataille sur l’Aisne
se calmait. Les Allemands usèrent là
des forces considérables sans réussir à
entamer nos lignes dont le front passe
toujours aux environs de Ribecourt,
Lassigny, Roye, Chaulnes et Brey-
sur-Somme. (Les villages d’Andechy,
Le Quesnoy et Parvillers dont il a été
parlé ces derniers jours et où des com-
bats ont repris se trouvent au Nord-
Ouest de Roye. Lihons se trouve un
nen à l’Ouest de Chaulnes.)
Ne pouvant percer nos lignes, l’en-
nemi devait essayer une fois de plus
de nous tourner ; dès la fin de septem-
bre on signale son apparition au Nord
de la Somme où nous l’attendons entre
Albert et Arras ; le fj octobre la lutte
battait son plein autour de cette der-
nière ville et quelques jours après le
front de bataille s’étendait jusqu’à
Armentières que menaçaient des mas-
ses de cavalerie allemande venant du
Nord de Lille..
Un instant le sort parut nous être
défavorable : Lille occupée, l’ennemi
avait réussi à s’étendre sur le front La
Bassée, Estaires (sur la Lrs), Bail-
leul, Hazebrouck et Cassel plus au
Nord ; il dessinait ainsi un mouvement
vers l’Ouest inquiétant pour notre
flanc et pour nos défenses de Dunker-
que ; la situation était d’autant plus
critique qu’après la chute d’Anvers,
les forces allemandes de Belgique ve-
naient d’occuper Ostende (i5 octobre).
Mais les troupes anglo-françaises
du Nord sauvèrent la situation en oc-
cupant Ypres. menaçant ainsi les der-
rièrès de l’ennemi ; l’ennemi dut éva-
cuer rapidement toute la rive gauche
de la Lys et le front de bataille fut
rétabli sur la ligne Arras, Lens, La
Bassée, Armentières, qui est encore
la ligne actuelle.
L'opération qui avait échoué entre
La Bassée et Armentières fut renou-
velée plus au Nord par les Allemands
qui voulaient absolument tourner
notre gauche et atteindre Dunkerque
et Calais ; de notre côté, en nous op-
posant à ce mouvement nous remon-
tâmes jusqu’à la mer du Nord qui
nous mettait définitivement à l’abri
d'un mouvement enveloppant et qui
nous procurait le concours de la flotte
anglaise. En ce qui concerne cette
dernière partie de notre front, entre
la Lys et la mer, nous avons eu la
bonne fortune de recevoir par dépêche
un extrait du Bulletin de l’Armée
d’aujourd’hui même (a5 novembre)
qui expose la situation et que nous
ne pouvons mieux faire que citer :
L’état-major allemand avait massé
sur le Iront de la Lys à la mer quatre
corps d’armée et deux armées compre-
nant ensemble quinze corps. Leurs
chefs étaient : le ltronprinz de Bavière,
le général de Fabeck, le général de
Demling et le duc de Wurtemberg.Des
ordres trouvés sur les officiers morts
ou prisonniers prouvent qu’il s’agis-
sait d’une action décisive afin d’obte-
nir un résultat sur le théâtre occiden-
tal avant de se retourner contre l’ad-
versaire de l’Est. L’empereur lui-même
animait les soldats de sa présence. Il
annonçait qu’il voulait être à Ypres
le iM novembre et y proclamer l’an-
nexion de la Belgique.
Nous dûmes opposer aux ennemis
des forces sinon égales, mais au moins
suffisantes ; or au début d’octobre,
l’armée belge sortait d’Anvers trop
éprouvée pour participer à une ma-
noeuvre ; les Anglais quittaient l’Ais-
ne pour le Nord, l’armée du général
: de Castelnau ne dépassait pas le Sud
' d’Arras ; celle du général Maudhuy se
i détendait du Sud d’Arras au Sud de
Lille. Plus loin, nous avions de la ca-
valerie, des territoriaux, des fusiliers
marins
Ces effectifs étaient insuffisants pour
que le général Foch, appelé au com-
mandement de l’armée du Nord, put
briser la volonté de l’ennemi. Des ren-
forts furent envoyés, ils arrivaient
nuit et jour en chemin de fer. et par-
vinrent en temps utile. Quoique moins
nombreux que l’ennemi, les Français
animés par un admirable esprit, s’en-
gagèrent dans la mêlée à peine débar-
qués et durant un mois firent front à
l’ennemi.
Vers le 20 octobre, le front allait de
Nieuport à Dixmude, puis s’éloignait
vers l’Est en dessinant un vaste demi-
cercle en avant d’Ypres ; il descen-
dait ensuite vers le Sud de Messines à
Armentières. Les Allemands tentèrent
d’abord d’enlever Dunkerque et d’at-
teindre Calais ou Boulogne pour nous
envelopper et couper les communica-
tions des Anglais avec la mer. Indis-
posaient de toute l'artillerie lourde
provenant d’Anvers. Dès le 5 novem-
bre, l’attaque était repoussée et nous
marchions vers l’Yser en refqulant
l’ennemi qui avait réussi à passer sur
la rive gauche et en noyant ses arriè-
res-gardes sous l’inondation.
Ne pouvant pas nous tourner, les
Allemands essayèrent de percer notre
front. Ce fut alors qu’eut lieu une ba-
taille acharnée autour d’Ypres. Us
lancèrent des masses profondes, sacri-
fiant de nombreux soldats pour un but
qu’ils n’atteignirent pas. Nous avons
repoussé pendant près de trois semai-
nes des assauts précipités et frénéti-
ques, et nous avons conservé notre
front malgré de grosses difficultés ré-
sultant de sa forme circulaire.
Le i5 novembre, notre position de-
venait inexpugnable, grâce à l'armée
de Belgique commandée par le géné-
ral Durbal, aidée des armées des géné-
raux Maudhuy et de Castelnau, consti-
tuant toutes les trois les armées pla-
cées sous la direction générale du gé-
rai Foch.
Les pertes allemandes ont dépassé
certainement cent vingt mille hommes.
L échec allemand, en outre de la dé-
ception humiliante qu’il cause k nos
ennemis, nous donne une garantie ef-
ficace contre un retour ofïensif sur
Paris.
Notre succès des Flandres continue,
prolonge et consacre la victoire de la
Marne. La gloire en revient aux chefs
et aux soldats.
Après avoir passé en revue, comme
norzs venons de le faire dans nos der-
niers articles, l’ensemble des forces
alliées,aussi bien sur nos frontières que
sur le frOnt oriental de la guerre,
nous ne pouvions mieux terminer que
sur ces mots de l’organe du ministè-
re de la guerre qui évoque la gloire
de nos armées , ce qu’elles ont fait
nous est garant de ce qu’elles feront
et nous envisageons l’avenir avec une
pleine confiance.
CASPAR-JORDAN.
Un Raid audacieux
Osiiteura Raillais
M. Churchill a déclaré lundi à la Chambre
des communes que des aviateurs anglais ont
snrvolé Friedrichshafen. Ils affirment avoir
réussi leur mission et que les dégâts causés
aux usines Zeppelin sont importants.
Seul, un aviateur blessé, le commandant
Brigys, aurait été fait prisonnier.
Deux autres aviateurs ont pu regagner le
territoire français, bien que leurs appareils
aient été fortement endommagés.
C’est samedi qne trois aéroplanes, pilotés
par le commandant Rriggs, le commandant
Babington et le lieutenant Sippe, s’envolè-
reut du territoire français vers les usines
Zeppelin. C’est à Friedrichshafen, sur la
frontière suisse, que le comte Zeppelin a
installé ses importants ateliers de construc-
tion et d'expériences.
Tous les pilotes, arrivés an-dessus de ces
usines, descendirent sensiblement, exposés à
un feu terrible de canons et mitrailleuses,
et lancèrent leurs bombes suivant les ins-
tructions qu’ils avaient reçues.
Le commandant Brigua fut atteint par une
balle, tomba, et fut coudait à l’hôpital com-
me prisonnier de guerre.
Les antres officiers ont pu regagner les
lignes françaises, mais leurs appareils fu-
rent sérieusement endommagés par le feu
de l’ennemi. «
« Ce vol de 250 milles en Allemagne à tra-
vers nn pays montagneux et dans des condi-
tions atmosphériques difficiles, a déclaré M.
Churchill, constitue, avec l’attaque, un bril-
lant tait d’armes. »
Voici de nouveaux détails sur cet exploit :
Tout en décrivant des orbes au-dessus des
hangars à dirigeables, les aviateurs jetèrent
cinq bombes.
Une traversa le toit de l’nsine des motenrs,
causant des dégâts considérables, mais le
Zeppelin, qui s’y trouvait près à partir pour
la. Belgique, ne tut pas atteint. Cinq hommes
ont été tués, parmi lesquels un officier.
Une balle allemande perça ie réservoir à
essence de l'avion du commandant Briggs,
ce qui provoqua sa chute. Celui-ci fut sérieu-
sement blessé à la tête. A l’atterrissage, la
fouie se précipita sur lui. Elle l’aurait lyn-
ché sans l'intervention des soldats alle-
mands.
Cette attaque audacieuse dura trente mi-
nutes et causa une grosse émotion à Frie-
dr.chshaven. - .
LA GUERRE
lise JOUHLIVÉE:
COMMUNIQUÉS OFFICIELS
Paris, 24 Novembre, 15 heures.
D’une façon générale, la situation
n’a suhi hier aucune modification.
Sur la plus grande partie du front
l’ennemi a manifesté surtout son acti-
vité par une canonnade intermittente,
moins vive qu’avant-hier,
Çà et là, cependant, quelques atta-
ques ont été particulièrement violen-
tes, en Argonne, où nous avons ga-
gne du terrain dans la région du Four
de Paris.
Rien à signaler entre l’Argonne et
les Vosges.
Une brume très épaisse a gêné d’ail-
leurs les opérations.
Bon état sanitaire des troupes.
Paris, 23 heures.
Journée relativement calme.
Canonnades intermittentes sur tout
le front.
Quelques attaques dans l’Argonne,
toutes repoussées d’ailleurs.
Official Report of the
French G-overnment
Nov. 24-3 p. m.
Generally speaking the situation has not
changer! yesterday.
On the greatest part of the Iront, the foe
has especially shown its activity by inter-
mittent cannonading, less violent than the
dav before yeslerday.
ïlere and there, however, some attacks
j*vere parti culary violent, jn the Argonne
where we have advenced,Tti the région of
the Four de Paris.
Nothing to mention between the Argonne
and the Vosges. Theheavy fog has hindered
the opérations. The physical condition of
the troops is good.
COMMUNIQUÉ RUSSE
Petrograd, 24 Novembre (officielle).
La série des nouvelles favorables par-
viennent du front entre la Vistule et la
Warta.
On signale le recul des Allemands sur
S try kow-Zgiers-Szadek-Zdunskawola - Woz -
niki.
On communique de l’armée du Caucase,
eh date du 22 novembre, que dans la direc-
tion d’Erzeroum, les avant-postes russes ont
continué à repousser l’ennemi en bouscu-
lant une colonne turque. Ils ont capturé
des caissons et un train de munitions.
Au Sud de Kara-Kilissa-Alaschkerl, on
signale des engagements favorables aux
Russes, dans diverses directions, contre
les Kurdes, renforcés par des troupes régu-
lières.
Nous avons défait les Turcs à Azerbrid-
jan et dans la région du col de Kbanesour,
ainsi que dans les cols conduisant d’Oilman
vers Kotour.
Au cours de ces engagements, nous
avons capturé une partie de l’artillerie
turque.
COMMUNIQUÉ ALLEMAND
(Vous ne publions les communiqués allemands
qu'à titre documentaire et sous toutes réserves —
nas lecteurs les redresseront d’eux-mêmes à l’aide
des communiqués authentiques qui précèdent.)
Berlin, Si novembre.
Dans l’ensemble aucun changement sur le
thrâcre occidental de la guerre. L’ennemi a
montré une grande activité d’artillerie sur
le front tout entier.
Sur le théâtre oriental les opérations se
développent encore. Rien à mentionA*? en
ce qui concerne la Prusse orie-dale. LJ pour-
suite de l'ennemi défait sur Mlava et Piock
continue. Notre offensive à Lodz a progressé'.
Dans la région à l’Est de Cz^.stochowa nos
troupes combattent aux côlés de nos alliés
et ont gagné du terrain.
Pillards en Conseil de Guerre
Paris, 2i novembre.
Le premier Conseil de guerre juge 51 ma-
jors, médecins, diaconesses et ambulanciers
allemands, accusés de pillage.
Une ambulance allemande était installée
dans la caserne de Péronne, vers le 6 sep-
tembre. Le 15, les Français délogèrent les
Allemands et capturèrent l’ambulance.
Amenés à Vincenflè* et fôiîiïlés, les pri-
sonBiersJ;tirent trouvés porteurs de nom*
breux objets, linge, vêtements, chaussures,
montres et objets d’art dont la provenance
lut établie au cours de l’instrnction, notam-
ment pour les statuettes trouvées en pos-
session du sieur Rollin. Elles venaient du
Musée de Péronne.
Rollin et les antres co-3cousés déclarent
à nouveau supposer que les objets ont été
ilacés dans leurs bagages à lenr insu par
eurs ordonnancés.
Les diaconesses affirment qne les dames
de la Croix-Rouge les ont autorisées à em-
porter du linge.
Après les plaidoiries de la défense qui
donne lecture d’une lettre des soeurs de
charité de Péronne remerciant les diaco-
nesses des soins donnés aux blessés, l’au-
dience est levée à 6 heures.
La suite à demain pour les témoignages.
Le Décret du 27 Octobre
Bordeaux, 21 novembre.
M. Poincaré a signé un décret suspendant
jusqu’au 31 décembre l’apolioation des para-
graphes 2 et 3 de Partiels 2 et le paragraphe
2 de l’article 3 du décret du 27 octobre, insti-
tuant transitoirement une procédure spéciale
pour la présentation des effets commerciaux
et leur recouvrement judiciaire contre ie dé-
biteur principal.
Cei te suspension permettra an gouverne-
ment n’examiner les voeux tendant à ce que
le débiteur offrant à se libérer par des paie-
ments partiels ne soit pas expose à des pour-
suites.
La question des intérêts moratoires est
aussi l’objet de certaines discussions.
LES EXPORTATIONS PROHIBÉES
'Stockholm, 2i novembre.
Le gouvernement a interdit l’exportation
des peaux, les fourrures exceptées. Il a éga-
lement interdit l’exportation de l’or et de
l’argent.
Rome, 24 novembre.
Un nouveau décret donne une longue
liste des marchandises dont l’exportation est
prohibée, et parmi lesanelles se trouvent
tous les corps gras, les aciers, le fer, les mi-,
nerais et les lainages.
Le Ministre (ie Beigique eu Vatican
Rome, 21 novembre.
Le pape a reçu en audience solennslle le
baron Derp, ministre de Belgique qui lui
présenta ses lettres de créances.
Le baron Derp a visité ensuite le secré-
taire d’Etat.
L’Emprunt autrichien a échoué
L'emprunt de guerre autrichien n’a pas
réussi. Le gouvernement menace de faire un
•emprunt forcé. On assure que les grands
magnats hongrois se sont abstenus de sous-
crire.
La fanipe ûans la Pran Oriemle
Le Bcrliner Tagebialt trace une lamenta-
ble tableau de l’exode des populations de la
Prusse orientale qui pour :a seconds fois
ont abandonné leurs demeures et sont arri-
vées à Intersburg.
Il y a une semaine, 500 habitants seule-
ment étaient restés à Gumbinen, mais ils se
préparaient à partir.
Suivant une information de Schleswig des
préparations sont faites dans le Schleswig-
Holstein pour recevo r plus de 20,000 réfu-
gias de la Pousse orientale
Le Daily Mail apprend de Berlin que cha-
que nuit, dans les taubourgs, de nombreux
placards sont apposés.
Ces affiches demandent la paix et contien-
nent certaines menaces.
La police s’empresse de déchirer ces pla-
cards, mais ils réapparaissent la nuit sui-
vante.
Les autorités ne paraissent pas très sou-
cieuses d’arrê er leurs auteurs, probable-
ment parcsqd’èlies redoutent d'attirer, par
le bruit causé, l’attention publique sur les
sentiments qui s’expriment dans ces écrits
publics.
La panique, d’autre pari, augmente dans
la Silésie méridionale où le bruit du canon,
de Cracovte à Chenstochowa, est entendu
journellement. Un grand nombre de réfu-
giés gagne l’Allemagne.
LE &RONPRINZ BATTU
Londres, 24 novembre.
Le Daily Telegraph publie une dépêche de
Petrogr d suivant laquelle le kronprinz a été
encore battu.
Son armée qui, ces cinq derniers jours,
menaçait Varsovie, a été sévèrement re-
poussée, et elle a perdu ainsi tout espoir
d'entrer à Varsovie.
La Détressa de l'Armée autrichienne
Venise, 24 novembre.
Les récits de soldats blessés, de retour au
Trentin, provenant de la Galicie et de la
Serbie sont effrayants.
La plus grande détresse sévit parmi les
troupes autrichiennes en campagne qui doi-
vent se nourrir pretqu’exclusivement de na-
vets et de betteraves crus.
Les nouvelles recrues doivent se pourvoir
elles-mêmes de leur équipement.
SOUS-MURIN ALLEMAND COULÉ
Londres, 24 novembre (officiel).
Un navire de guerre britannique a épe-
ronné et coulé le sous-marin allemand U-18,
près du littoral septentrional de l’Ecosse.
Nous avons sauvé trois officiers et vingt-
trois marins.
ATTENTION AU “KARLSRUHE”
Londres, 21 .novembre.
Une dépêche de New-York dit que les pas-
sagers du paqaebot Van-Dyck, qui a été cap-
turé par le croiseur allemand Karlsruhe,
sont arrivés dans cette ville, ils déclarent que
ce croireur a quitté le Sud de l’Atlantique
pour se diriger vers le Nord et donner la
chasse aux navires de commerce anglais.
Lecomte von Issen,qui commande le Karls-
ruhe, estime que son navire peut tenir tête
aux cuirassés anglais. Il a ordre de se réfu-
gier dans un port des Etats-Unis, s’il était
poursuivi uar une force supérieure.
LES ALLEMANDS
EN-
Amsterdam. 21 novembre.
On mande de Sluis an Telegraaph que des
troupes fraîches marchent vers Ypres. De
nombreux régiments sont envoyés de Bruges
sur i’Yser.
Les inondations s’étendent à trois kilomè-
tres à l’Est de Dixmude.
Des canonnières allemandes, armées de
mitrailleuses, sont arrivées sur les côtes fla-
mandes.
Il ne reste pins à Bruges et à Ostende
que de petites garnisons. Les Allemands
ont évacué les blessés qui étaient à Ostende
samedi.
La typhoïde est signalée dans les hôpitaux
de Bruges, Roubaix et Tourcoing.
Comment Ils son! envoyés en avant
Une reconnaissance de cavaliers français a
surpris dans un petit bois, à l’Est d’Ypres,
trois compagnies d’infanterie allemande.
L’an des officiers ennemis s’empressa de
lever une crosse de fusil en l’air, en faisant
signe qu’il se rendait. Des chasseurs cyclis-
tes, informés, vinrent prêter main forte à la
reconnaissance, afin d’emmener les trois
compagnies allemandes, avec lesquelles se
trouvaient une quarantaine d’officiers.
Les prisonniers mouraient littéralement
de faim. Ils déclarèrent qu’ils avaient été
obligés de se nourrir d’écorce d’arbres. Plu-
sieurs affirmèrent que pour les forcer à
avancer coatre nos troupes, on plaçait der-
rière eux des mitrailleuses, prêtes à fonc-
tionner contre eux s’ils s’avisaient de lâcher
pied. Et la plupart demandèrent à être en-
voyés en captivité à Londres qu’ils ont un
gaand désir de voir.
LA FLOTTE ALLEMANDE
Des dépêches de Delfzyl (Hollande du
Nord) annoncent qu’une activité extraordi-
naire règne dans la région avoisinant le
port allemand d'Emden.
Suivant les pêcheurs qui croisent journel-
lement près des eaux allemandes, une flotte
allemande se prépare dans la mer du Nord
pour une prochaine action.
Le prince Henry de Prusse, grand amiral
de la floue se trouvait à Emden dimanche.
Il a passé l’inspection des torpilleurs et
des sous-marins. •
Les ïiin sir Bill
Un de nos amis nous communique les
renseignements suivants :
Yrndredi dernier, à 9 h. 1/2 du matin,
par un ciel très clair, alors qu’une foule
considérable circulait dans les rues dTIaze-
brouck à l’occasion du Conseil de révision,
un taub - a survolé à nouveau la ville. Plu-
sieurs bombes furent lancées par l’aviateur.
En tombant elles provoquèrent des détona-
tions énormes. Après le premier moment
d’émotion on constata que six bombes
étaient tombées : deux aux abords du dé-
pôt, une. datas la rue des Prés, deux dans la
rue des Hollandais, et une dans une pâture,
située rue d’Hondeyhem.
Les bombes de la rue des Hollandais bri-
sèrent les vitres et percèrent tes portes de
tontes les maisons des deux côté3 de la rue
à la hauteur de la maison Gombert.
Elles atteignirent trois personnes réfugiées
à Hazebrouck ; deux furent blessées par les
éclats aux jambes, au côté et aux bras.
Une troisième : Georges Desmeuvaux, ou-
vrier originaire de ’Mons-en-Bareul eut les
deux bras presqu’enlièremenc enlevés et re-
çut un éclat en pleine poitrine, le malheu-
reux ne tarda pas à succomber.
Les deux autres blessés ont été admis â
l’hôpital, on espère qu’ils guériront.
Les Propagateurs ie fausses nouveües
Paris, 24 novembre.
Hier des nouvelles fausses concernant
l’évacuation de certaines villes ont circulé à
Paris. L’opinion publique a eu la sagesse de
ne pas ajouter foi à ces bruits mensongers.
Le gouvernement militaire de Paris est
d’ailleurs résolu à sévir avec la dernière ri-
gueur contre ceux qui se livrent à cas ma-
noeuvres anti-françaises.
LA GUERRE A L’ALCOOL
Paris, 21 novembre.
L’Académie de Médecine a adressé an tzar
sa respectueuse admiration pour la déci-
sion qu’il avait prise de supprimer dans ses
Etats la fabrication de l’alcool, d’en inter-
aire la vente et de iermer tous les dépôts de
« volka ».
PLUS DE BIÈRE !
L’Allemagne est depuis quelques jours
sous le coup d’une affreuse nouvelle qui,
plus que les lenteurs d’une guerre qu’elle
croyait êtr8 un jeu triomphal, que les
échecs de ses armées, met son moral à une
rude épreuve : elle est menacée d’être at-
teinte dans la bière.
La bière, en effet, est en danger : l’orge
va faire défaut aux brasseurs allemands.
Pour la fabrication de sa boisson brune ou
dorée, l'Allemagne a besoin de soixante mil-
lions de quintaux d’orge. Or, elle ne produit
que la moitié de ce qu’il lui faut. Les trente
millions qui lui manquaient, elle les deman-
dait à la Russie.
Il est bien évident qne la Russie ne livrera
pas à l’Allemagne l’orge qui lui est néces-
saire ; d’ici quelques semaines, la fabrication
de la bière sera gravement compromise. Les
ressources locales seront vite épuisées, et
comme elles ne pourront être renouvelées,
la production sera réduite, et bientôt impos-
sible on à peu près.
Quel désastre pour l’Allemand! Etre privé
de ses énormes beuveries sera pour lui un
rude châtiment. La brasserie est une partie
de son existence. Si ellç lai manque, il en
, sera tout démoralisé.
Le 9 novembre, le sergent, qui avait con-
tribué, les jours précédents, en y entrant à
la tête de ses hommes, à la reprise des vil-
lages de Maucourt et de MogevTlle, voulut ce
jour-là, afin de donner encore plus d’air à
notre action, reconnaître un bois,le bois des
Haies, qui passait pour être occupé en per-
manence par l’ennemi. /
Avec une vingtaine d’hommes, rampant
et se d fi tant, le sergent put longer, en s’en
approchant jusqu’à 200 mètres, une des li-
sières di> bois, sans essuyer ie moindre
coup de feu. A l’extrémité du bois, ion jours
en lisière, se trouvait nne tranchée alle-
mande ; le sergent voulut la reconnaître
avec quelques hommes; ii put arriver jus-
qu’à elle, mais tout d’an coup, à vingt mè-
tres dans le bois, il .aperçut l’ennemi : nne
centaine de fantassins allemands qui atten-
daient en embuscade.
Une déchargé nourrie flanquait immédia-
tement quatre des nôtres par terre ; c’est
alors que le sergent, pour couvrir la retraite
de ses hommes, s’arrêta, déchargent son ma-
gasin sur l’ennemi qui s’avançait. deux des
leurs tombèrent mortellement frappés. Aus-
sitôt il reçut une première balle qui lui fra-
cassa le tibia, il tomba, mais se releva aussi-
tôt et, tirant les trois on quatre balles qui
restaient, put se replier ?.mé'cinquantaine de
mètres, malgré la grêle de^rojeCtiles que
les Allemands faisaient pleuvoir autour de
lui. Une seconde balle vint atteindre le ser-
gent à 1a rotule ; il tomba de nouveau, mais
parvint, en se traînant sur les mains, à ga-
gner une grosse pierre derrière laquelle il
put se dissimuler, retrouvant là cinq ou six
survivants de notre petite troupe.
Il était à ce moment huit heures du ma-
tin ; jusqu’au soir, les Allemands ne cessè-
rent d’operer des tentatives pour cerner la
poignée d’hommes que nous étions. Quatre'
ou cinq rois il arrivèrent jusqu’à une qua-
rantaine de mètres ; chaque fois ils durent
se replier, perdant sis ou sept des leurs.
Décidé, ainsi que sc-s hommes, à ne pas re
laisser taire prisonnier, le sergent, ména-
geant ses munitions, ne faisait tirer sur l’en-
nemi qu'à coup sûr. Enfla 1a nuit arriva ;
les blessés encore capables de marcher quit-
tèrent en se défilant avec moi le champ de
bataille ponr aller chercher du renfort. Le
sergent Maginot, dont les jambes étaient
immobilisées, resta avec deux hommes, la
caporal B... et le soldat R... tous deux non’
blessés’. Ces deux braves tentèrent alors de
rainiener le sergent ; ils commencèrent à le
porter à tonr de rôle eu rampant pendant»
nne centaine de mètres.
Iis essayèrent ensuite de la porter sur les
crosses de leurs fusils; finalement le sergent
Maginot, par sa taille et son poids, — on sait
qu’il mesure un peu plus de deux mètres —
devenant impossible à porter. Ils durent la
traîner par tes mains. Ce dernier, malgré la
douleur terrible qu’il endura t,ne perdit pas
connaissance nn seul instant.et lorsqu’arriva
une section de renfort pour faire face à l’ea-
nemi qui stavançait de nouveau, il conti-
nuait à donner des instructions ponr orga-
niser la défense. Ou put enfin le mettre sur
un brancard et conduit au village de Mas-
court où U recevait seulement un premier
pansement sommaire.
A11 heures du soir, après un calvaire sans
nom, le sergent Maginot entrait à l’hôpital
de Saint-Nicolas, où ses blessures étaient
soignées de toute urgence.
« J’en ai tué 3.000
avec ma pièce f
Un maréchal des logis d’artillerie conte,
ainsi qu’il suit, la belle, bonne et prompte
besogne accomplie par la pièûe de 75 dont il
est chef :
« Novembre, X... — Mon cher frère, la
bataille continue. Nous avons devant nous,
comme l’antre fois devant Nancy, la garde
impériale. J’ai pénétré, de nuit, avec ma
pièce, dans nn patelin où l’infanterie elle-
même ne pouvait pas passer. J’ai mis en bat-
terie à 30 mètres d’une ancienne gendarme-
rie. Les Allemands avaient fait autour des
retranchements, et dedans des meurtrières
aux murs. Nous avons taillé les arbres qui
empêchaient de tirer, et, à la pointe du jour,
en 34 coups de canon à obus explosibles,
nous avons tait sauter la baraque. Après ça,
il ne restait pins grand’chose.
» Mais les Boches, en se sauvant, nous fu-
sillent! Il nous faut bravement atteler sous
le siftlém'ent des Mlles. Moment critique, car
les tranchées allemandes sont à 1,000 mè-
tres ! Nous n’en parions pas moins, non
sans avoir donné un bon coup de dents afi
déjeuner lâché bien à regret par les Bo-
ches..
« Un autre fait : devant Briey, troisième
jour, nous sommes repérés par des batteries
allemandes de 105. Le feu ennemi commence
en direction sur ma pièce. Noos voici, pour
nous abriter, oblig?s de nous fourrer dans
de grands trous. Vingt projectiles tombent à
10 mètres de ma pièce. Personne n’a de mal.
Le capitaine découvre la section d’artillerie
allemande. Nons ouvrons le feu sans dis-
continuer. Justement le capitaine nous an-
nonce que nous avons démoli la section
ennemie, quand un dernier projectile tombe
à 3 mètres de ma pièce et sur la même
ligne. On se redresse, noirs de poudre et
couverts de terre. Mais pas de morts, pas
même de blessures, sauf une égratignure à
la main.
» Ensuite nous mettons en batterie à 808
mètres des Boches et nous faisons progresser
l’infanterie, qui nous assure, la possession
des pièces allemandes. Nous allons les cher-
! cher ie lendemain. Ça nous en tait déjà
quatre de prises. Si toutes les batterieâ en
font autant, il ne leur en restera pas t
» Si le sort veut que je meure — chose
dont j’ai l’espoir que ça n’arrivera pas t —
tu pourras dire à mon père qu’avant de
tomber, j’eu ai tombé au moins trois mille
avec ma pièce. Que chacun vende comme
moi sa peau aux Allemands, elle leur coû-
tera cher 1 Regarde dans les journaux : tu
verras que notre 20» corps est cité chaque
semaine à l’ordre du jour. *
EIV TURQUIE
La Turquie a interdit à tout sujet dé 1?
Triple-Entente de quitter le territoire otto-
man, sauf aux femmes et aux enfants âgé»
de moins de dix-huit ans.
LE SERGENT MAGINOT
Ancien sous-secrétaire d’Etat à la Guerre
Administrateur • Délégué - Gérant
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( L’AGENCÉ HAVAS, 8, place de la Bourse, est
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DE L’OISE
A LA MER DU NORD
Nous avons parcouru hier le front
ile bataille de la Moselle à V Oise ;
nous allons aujourd’hui, pour achever
de rafraîchir nos souvenirs, suivre son
prolongement ' qui s’est étendu peu à
peu jusqu’à la mer du Nord, lui don-
nant ainsi à peu près la forme d’un
angle droit. La suite logique des opé*
rations nous permet d’envisager suc-
cessivement trois régions : entre V Oise
et la Somme, entre la Somme et la
Lrs, enfin entre la Lys et la mer.
Entre l’Oise et la Somme, l’ennemi
avait évacué toute la région, au lende-
main de notre victoire de la Marne, jus-
que vers Noyon et Péronne. Dès le mi-
lieu de septembre le généralissime porta
des troupes sur la rive droite de l’Oise
pour essayer de prendre par revers les
Allemands qui s’accrochaient sur la
rive droite de l’Aisne. Comme il était
à prévoir, l’ennemi s’efforça digxécu-
ter un mouvement tournant analogue
contre nous .et bientôt des forces im-
portantes se heurtèrent dans cette ré-
gion ; c’était le début de la fameuse
bathille de Roye qui, commencée le
a 3 septembre, dura plusieurs semaines
avec une intensité sans cesse renouve-
lée tandis que la bataille sur l’Aisne
se calmait. Les Allemands usèrent là
des forces considérables sans réussir à
entamer nos lignes dont le front passe
toujours aux environs de Ribecourt,
Lassigny, Roye, Chaulnes et Brey-
sur-Somme. (Les villages d’Andechy,
Le Quesnoy et Parvillers dont il a été
parlé ces derniers jours et où des com-
bats ont repris se trouvent au Nord-
Ouest de Roye. Lihons se trouve un
nen à l’Ouest de Chaulnes.)
Ne pouvant percer nos lignes, l’en-
nemi devait essayer une fois de plus
de nous tourner ; dès la fin de septem-
bre on signale son apparition au Nord
de la Somme où nous l’attendons entre
Albert et Arras ; le fj octobre la lutte
battait son plein autour de cette der-
nière ville et quelques jours après le
front de bataille s’étendait jusqu’à
Armentières que menaçaient des mas-
ses de cavalerie allemande venant du
Nord de Lille..
Un instant le sort parut nous être
défavorable : Lille occupée, l’ennemi
avait réussi à s’étendre sur le front La
Bassée, Estaires (sur la Lrs), Bail-
leul, Hazebrouck et Cassel plus au
Nord ; il dessinait ainsi un mouvement
vers l’Ouest inquiétant pour notre
flanc et pour nos défenses de Dunker-
que ; la situation était d’autant plus
critique qu’après la chute d’Anvers,
les forces allemandes de Belgique ve-
naient d’occuper Ostende (i5 octobre).
Mais les troupes anglo-françaises
du Nord sauvèrent la situation en oc-
cupant Ypres. menaçant ainsi les der-
rièrès de l’ennemi ; l’ennemi dut éva-
cuer rapidement toute la rive gauche
de la Lys et le front de bataille fut
rétabli sur la ligne Arras, Lens, La
Bassée, Armentières, qui est encore
la ligne actuelle.
L'opération qui avait échoué entre
La Bassée et Armentières fut renou-
velée plus au Nord par les Allemands
qui voulaient absolument tourner
notre gauche et atteindre Dunkerque
et Calais ; de notre côté, en nous op-
posant à ce mouvement nous remon-
tâmes jusqu’à la mer du Nord qui
nous mettait définitivement à l’abri
d'un mouvement enveloppant et qui
nous procurait le concours de la flotte
anglaise. En ce qui concerne cette
dernière partie de notre front, entre
la Lys et la mer, nous avons eu la
bonne fortune de recevoir par dépêche
un extrait du Bulletin de l’Armée
d’aujourd’hui même (a5 novembre)
qui expose la situation et que nous
ne pouvons mieux faire que citer :
L’état-major allemand avait massé
sur le Iront de la Lys à la mer quatre
corps d’armée et deux armées compre-
nant ensemble quinze corps. Leurs
chefs étaient : le ltronprinz de Bavière,
le général de Fabeck, le général de
Demling et le duc de Wurtemberg.Des
ordres trouvés sur les officiers morts
ou prisonniers prouvent qu’il s’agis-
sait d’une action décisive afin d’obte-
nir un résultat sur le théâtre occiden-
tal avant de se retourner contre l’ad-
versaire de l’Est. L’empereur lui-même
animait les soldats de sa présence. Il
annonçait qu’il voulait être à Ypres
le iM novembre et y proclamer l’an-
nexion de la Belgique.
Nous dûmes opposer aux ennemis
des forces sinon égales, mais au moins
suffisantes ; or au début d’octobre,
l’armée belge sortait d’Anvers trop
éprouvée pour participer à une ma-
noeuvre ; les Anglais quittaient l’Ais-
ne pour le Nord, l’armée du général
: de Castelnau ne dépassait pas le Sud
' d’Arras ; celle du général Maudhuy se
i détendait du Sud d’Arras au Sud de
Lille. Plus loin, nous avions de la ca-
valerie, des territoriaux, des fusiliers
marins
Ces effectifs étaient insuffisants pour
que le général Foch, appelé au com-
mandement de l’armée du Nord, put
briser la volonté de l’ennemi. Des ren-
forts furent envoyés, ils arrivaient
nuit et jour en chemin de fer. et par-
vinrent en temps utile. Quoique moins
nombreux que l’ennemi, les Français
animés par un admirable esprit, s’en-
gagèrent dans la mêlée à peine débar-
qués et durant un mois firent front à
l’ennemi.
Vers le 20 octobre, le front allait de
Nieuport à Dixmude, puis s’éloignait
vers l’Est en dessinant un vaste demi-
cercle en avant d’Ypres ; il descen-
dait ensuite vers le Sud de Messines à
Armentières. Les Allemands tentèrent
d’abord d’enlever Dunkerque et d’at-
teindre Calais ou Boulogne pour nous
envelopper et couper les communica-
tions des Anglais avec la mer. Indis-
posaient de toute l'artillerie lourde
provenant d’Anvers. Dès le 5 novem-
bre, l’attaque était repoussée et nous
marchions vers l’Yser en refqulant
l’ennemi qui avait réussi à passer sur
la rive gauche et en noyant ses arriè-
res-gardes sous l’inondation.
Ne pouvant pas nous tourner, les
Allemands essayèrent de percer notre
front. Ce fut alors qu’eut lieu une ba-
taille acharnée autour d’Ypres. Us
lancèrent des masses profondes, sacri-
fiant de nombreux soldats pour un but
qu’ils n’atteignirent pas. Nous avons
repoussé pendant près de trois semai-
nes des assauts précipités et frénéti-
ques, et nous avons conservé notre
front malgré de grosses difficultés ré-
sultant de sa forme circulaire.
Le i5 novembre, notre position de-
venait inexpugnable, grâce à l'armée
de Belgique commandée par le géné-
ral Durbal, aidée des armées des géné-
raux Maudhuy et de Castelnau, consti-
tuant toutes les trois les armées pla-
cées sous la direction générale du gé-
rai Foch.
Les pertes allemandes ont dépassé
certainement cent vingt mille hommes.
L échec allemand, en outre de la dé-
ception humiliante qu’il cause k nos
ennemis, nous donne une garantie ef-
ficace contre un retour ofïensif sur
Paris.
Notre succès des Flandres continue,
prolonge et consacre la victoire de la
Marne. La gloire en revient aux chefs
et aux soldats.
Après avoir passé en revue, comme
norzs venons de le faire dans nos der-
niers articles, l’ensemble des forces
alliées,aussi bien sur nos frontières que
sur le frOnt oriental de la guerre,
nous ne pouvions mieux terminer que
sur ces mots de l’organe du ministè-
re de la guerre qui évoque la gloire
de nos armées , ce qu’elles ont fait
nous est garant de ce qu’elles feront
et nous envisageons l’avenir avec une
pleine confiance.
CASPAR-JORDAN.
Un Raid audacieux
Osiiteura Raillais
M. Churchill a déclaré lundi à la Chambre
des communes que des aviateurs anglais ont
snrvolé Friedrichshafen. Ils affirment avoir
réussi leur mission et que les dégâts causés
aux usines Zeppelin sont importants.
Seul, un aviateur blessé, le commandant
Brigys, aurait été fait prisonnier.
Deux autres aviateurs ont pu regagner le
territoire français, bien que leurs appareils
aient été fortement endommagés.
C’est samedi qne trois aéroplanes, pilotés
par le commandant Rriggs, le commandant
Babington et le lieutenant Sippe, s’envolè-
reut du territoire français vers les usines
Zeppelin. C’est à Friedrichshafen, sur la
frontière suisse, que le comte Zeppelin a
installé ses importants ateliers de construc-
tion et d'expériences.
Tous les pilotes, arrivés an-dessus de ces
usines, descendirent sensiblement, exposés à
un feu terrible de canons et mitrailleuses,
et lancèrent leurs bombes suivant les ins-
tructions qu’ils avaient reçues.
Le commandant Brigua fut atteint par une
balle, tomba, et fut coudait à l’hôpital com-
me prisonnier de guerre.
Les antres officiers ont pu regagner les
lignes françaises, mais leurs appareils fu-
rent sérieusement endommagés par le feu
de l’ennemi. «
« Ce vol de 250 milles en Allemagne à tra-
vers nn pays montagneux et dans des condi-
tions atmosphériques difficiles, a déclaré M.
Churchill, constitue, avec l’attaque, un bril-
lant tait d’armes. »
Voici de nouveaux détails sur cet exploit :
Tout en décrivant des orbes au-dessus des
hangars à dirigeables, les aviateurs jetèrent
cinq bombes.
Une traversa le toit de l’nsine des motenrs,
causant des dégâts considérables, mais le
Zeppelin, qui s’y trouvait près à partir pour
la. Belgique, ne tut pas atteint. Cinq hommes
ont été tués, parmi lesquels un officier.
Une balle allemande perça ie réservoir à
essence de l'avion du commandant Briggs,
ce qui provoqua sa chute. Celui-ci fut sérieu-
sement blessé à la tête. A l’atterrissage, la
fouie se précipita sur lui. Elle l’aurait lyn-
ché sans l'intervention des soldats alle-
mands.
Cette attaque audacieuse dura trente mi-
nutes et causa une grosse émotion à Frie-
dr.chshaven. - .
LA GUERRE
lise JOUHLIVÉE:
COMMUNIQUÉS OFFICIELS
Paris, 24 Novembre, 15 heures.
D’une façon générale, la situation
n’a suhi hier aucune modification.
Sur la plus grande partie du front
l’ennemi a manifesté surtout son acti-
vité par une canonnade intermittente,
moins vive qu’avant-hier,
Çà et là, cependant, quelques atta-
ques ont été particulièrement violen-
tes, en Argonne, où nous avons ga-
gne du terrain dans la région du Four
de Paris.
Rien à signaler entre l’Argonne et
les Vosges.
Une brume très épaisse a gêné d’ail-
leurs les opérations.
Bon état sanitaire des troupes.
Paris, 23 heures.
Journée relativement calme.
Canonnades intermittentes sur tout
le front.
Quelques attaques dans l’Argonne,
toutes repoussées d’ailleurs.
Official Report of the
French G-overnment
Nov. 24-3 p. m.
Generally speaking the situation has not
changer! yesterday.
On the greatest part of the Iront, the foe
has especially shown its activity by inter-
mittent cannonading, less violent than the
dav before yeslerday.
ïlere and there, however, some attacks
j*vere parti culary violent, jn the Argonne
where we have advenced,Tti the région of
the Four de Paris.
Nothing to mention between the Argonne
and the Vosges. Theheavy fog has hindered
the opérations. The physical condition of
the troops is good.
COMMUNIQUÉ RUSSE
Petrograd, 24 Novembre (officielle).
La série des nouvelles favorables par-
viennent du front entre la Vistule et la
Warta.
On signale le recul des Allemands sur
S try kow-Zgiers-Szadek-Zdunskawola - Woz -
niki.
On communique de l’armée du Caucase,
eh date du 22 novembre, que dans la direc-
tion d’Erzeroum, les avant-postes russes ont
continué à repousser l’ennemi en bouscu-
lant une colonne turque. Ils ont capturé
des caissons et un train de munitions.
Au Sud de Kara-Kilissa-Alaschkerl, on
signale des engagements favorables aux
Russes, dans diverses directions, contre
les Kurdes, renforcés par des troupes régu-
lières.
Nous avons défait les Turcs à Azerbrid-
jan et dans la région du col de Kbanesour,
ainsi que dans les cols conduisant d’Oilman
vers Kotour.
Au cours de ces engagements, nous
avons capturé une partie de l’artillerie
turque.
COMMUNIQUÉ ALLEMAND
(Vous ne publions les communiqués allemands
qu'à titre documentaire et sous toutes réserves —
nas lecteurs les redresseront d’eux-mêmes à l’aide
des communiqués authentiques qui précèdent.)
Berlin, Si novembre.
Dans l’ensemble aucun changement sur le
thrâcre occidental de la guerre. L’ennemi a
montré une grande activité d’artillerie sur
le front tout entier.
Sur le théâtre oriental les opérations se
développent encore. Rien à mentionA*? en
ce qui concerne la Prusse orie-dale. LJ pour-
suite de l'ennemi défait sur Mlava et Piock
continue. Notre offensive à Lodz a progressé'.
Dans la région à l’Est de Cz^.stochowa nos
troupes combattent aux côlés de nos alliés
et ont gagné du terrain.
Pillards en Conseil de Guerre
Paris, 2i novembre.
Le premier Conseil de guerre juge 51 ma-
jors, médecins, diaconesses et ambulanciers
allemands, accusés de pillage.
Une ambulance allemande était installée
dans la caserne de Péronne, vers le 6 sep-
tembre. Le 15, les Français délogèrent les
Allemands et capturèrent l’ambulance.
Amenés à Vincenflè* et fôiîiïlés, les pri-
sonBiersJ;tirent trouvés porteurs de nom*
breux objets, linge, vêtements, chaussures,
montres et objets d’art dont la provenance
lut établie au cours de l’instrnction, notam-
ment pour les statuettes trouvées en pos-
session du sieur Rollin. Elles venaient du
Musée de Péronne.
Rollin et les antres co-3cousés déclarent
à nouveau supposer que les objets ont été
ilacés dans leurs bagages à lenr insu par
eurs ordonnancés.
Les diaconesses affirment qne les dames
de la Croix-Rouge les ont autorisées à em-
porter du linge.
Après les plaidoiries de la défense qui
donne lecture d’une lettre des soeurs de
charité de Péronne remerciant les diaco-
nesses des soins donnés aux blessés, l’au-
dience est levée à 6 heures.
La suite à demain pour les témoignages.
Le Décret du 27 Octobre
Bordeaux, 21 novembre.
M. Poincaré a signé un décret suspendant
jusqu’au 31 décembre l’apolioation des para-
graphes 2 et 3 de Partiels 2 et le paragraphe
2 de l’article 3 du décret du 27 octobre, insti-
tuant transitoirement une procédure spéciale
pour la présentation des effets commerciaux
et leur recouvrement judiciaire contre ie dé-
biteur principal.
Cei te suspension permettra an gouverne-
ment n’examiner les voeux tendant à ce que
le débiteur offrant à se libérer par des paie-
ments partiels ne soit pas expose à des pour-
suites.
La question des intérêts moratoires est
aussi l’objet de certaines discussions.
LES EXPORTATIONS PROHIBÉES
'Stockholm, 2i novembre.
Le gouvernement a interdit l’exportation
des peaux, les fourrures exceptées. Il a éga-
lement interdit l’exportation de l’or et de
l’argent.
Rome, 24 novembre.
Un nouveau décret donne une longue
liste des marchandises dont l’exportation est
prohibée, et parmi lesanelles se trouvent
tous les corps gras, les aciers, le fer, les mi-,
nerais et les lainages.
Le Ministre (ie Beigique eu Vatican
Rome, 21 novembre.
Le pape a reçu en audience solennslle le
baron Derp, ministre de Belgique qui lui
présenta ses lettres de créances.
Le baron Derp a visité ensuite le secré-
taire d’Etat.
L’Emprunt autrichien a échoué
L'emprunt de guerre autrichien n’a pas
réussi. Le gouvernement menace de faire un
•emprunt forcé. On assure que les grands
magnats hongrois se sont abstenus de sous-
crire.
La fanipe ûans la Pran Oriemle
Le Bcrliner Tagebialt trace une lamenta-
ble tableau de l’exode des populations de la
Prusse orientale qui pour :a seconds fois
ont abandonné leurs demeures et sont arri-
vées à Intersburg.
Il y a une semaine, 500 habitants seule-
ment étaient restés à Gumbinen, mais ils se
préparaient à partir.
Suivant une information de Schleswig des
préparations sont faites dans le Schleswig-
Holstein pour recevo r plus de 20,000 réfu-
gias de la Pousse orientale
Le Daily Mail apprend de Berlin que cha-
que nuit, dans les taubourgs, de nombreux
placards sont apposés.
Ces affiches demandent la paix et contien-
nent certaines menaces.
La police s’empresse de déchirer ces pla-
cards, mais ils réapparaissent la nuit sui-
vante.
Les autorités ne paraissent pas très sou-
cieuses d’arrê er leurs auteurs, probable-
ment parcsqd’èlies redoutent d'attirer, par
le bruit causé, l’attention publique sur les
sentiments qui s’expriment dans ces écrits
publics.
La panique, d’autre pari, augmente dans
la Silésie méridionale où le bruit du canon,
de Cracovte à Chenstochowa, est entendu
journellement. Un grand nombre de réfu-
giés gagne l’Allemagne.
LE &RONPRINZ BATTU
Londres, 24 novembre.
Le Daily Telegraph publie une dépêche de
Petrogr d suivant laquelle le kronprinz a été
encore battu.
Son armée qui, ces cinq derniers jours,
menaçait Varsovie, a été sévèrement re-
poussée, et elle a perdu ainsi tout espoir
d'entrer à Varsovie.
La Détressa de l'Armée autrichienne
Venise, 24 novembre.
Les récits de soldats blessés, de retour au
Trentin, provenant de la Galicie et de la
Serbie sont effrayants.
La plus grande détresse sévit parmi les
troupes autrichiennes en campagne qui doi-
vent se nourrir pretqu’exclusivement de na-
vets et de betteraves crus.
Les nouvelles recrues doivent se pourvoir
elles-mêmes de leur équipement.
SOUS-MURIN ALLEMAND COULÉ
Londres, 24 novembre (officiel).
Un navire de guerre britannique a épe-
ronné et coulé le sous-marin allemand U-18,
près du littoral septentrional de l’Ecosse.
Nous avons sauvé trois officiers et vingt-
trois marins.
ATTENTION AU “KARLSRUHE”
Londres, 21 .novembre.
Une dépêche de New-York dit que les pas-
sagers du paqaebot Van-Dyck, qui a été cap-
turé par le croiseur allemand Karlsruhe,
sont arrivés dans cette ville, ils déclarent que
ce croireur a quitté le Sud de l’Atlantique
pour se diriger vers le Nord et donner la
chasse aux navires de commerce anglais.
Lecomte von Issen,qui commande le Karls-
ruhe, estime que son navire peut tenir tête
aux cuirassés anglais. Il a ordre de se réfu-
gier dans un port des Etats-Unis, s’il était
poursuivi uar une force supérieure.
LES ALLEMANDS
EN-
Amsterdam. 21 novembre.
On mande de Sluis an Telegraaph que des
troupes fraîches marchent vers Ypres. De
nombreux régiments sont envoyés de Bruges
sur i’Yser.
Les inondations s’étendent à trois kilomè-
tres à l’Est de Dixmude.
Des canonnières allemandes, armées de
mitrailleuses, sont arrivées sur les côtes fla-
mandes.
Il ne reste pins à Bruges et à Ostende
que de petites garnisons. Les Allemands
ont évacué les blessés qui étaient à Ostende
samedi.
La typhoïde est signalée dans les hôpitaux
de Bruges, Roubaix et Tourcoing.
Comment Ils son! envoyés en avant
Une reconnaissance de cavaliers français a
surpris dans un petit bois, à l’Est d’Ypres,
trois compagnies d’infanterie allemande.
L’an des officiers ennemis s’empressa de
lever une crosse de fusil en l’air, en faisant
signe qu’il se rendait. Des chasseurs cyclis-
tes, informés, vinrent prêter main forte à la
reconnaissance, afin d’emmener les trois
compagnies allemandes, avec lesquelles se
trouvaient une quarantaine d’officiers.
Les prisonniers mouraient littéralement
de faim. Ils déclarèrent qu’ils avaient été
obligés de se nourrir d’écorce d’arbres. Plu-
sieurs affirmèrent que pour les forcer à
avancer coatre nos troupes, on plaçait der-
rière eux des mitrailleuses, prêtes à fonc-
tionner contre eux s’ils s’avisaient de lâcher
pied. Et la plupart demandèrent à être en-
voyés en captivité à Londres qu’ils ont un
gaand désir de voir.
LA FLOTTE ALLEMANDE
Des dépêches de Delfzyl (Hollande du
Nord) annoncent qu’une activité extraordi-
naire règne dans la région avoisinant le
port allemand d'Emden.
Suivant les pêcheurs qui croisent journel-
lement près des eaux allemandes, une flotte
allemande se prépare dans la mer du Nord
pour une prochaine action.
Le prince Henry de Prusse, grand amiral
de la floue se trouvait à Emden dimanche.
Il a passé l’inspection des torpilleurs et
des sous-marins. •
Les ïiin sir Bill
Un de nos amis nous communique les
renseignements suivants :
Yrndredi dernier, à 9 h. 1/2 du matin,
par un ciel très clair, alors qu’une foule
considérable circulait dans les rues dTIaze-
brouck à l’occasion du Conseil de révision,
un taub - a survolé à nouveau la ville. Plu-
sieurs bombes furent lancées par l’aviateur.
En tombant elles provoquèrent des détona-
tions énormes. Après le premier moment
d’émotion on constata que six bombes
étaient tombées : deux aux abords du dé-
pôt, une. datas la rue des Prés, deux dans la
rue des Hollandais, et une dans une pâture,
située rue d’Hondeyhem.
Les bombes de la rue des Hollandais bri-
sèrent les vitres et percèrent tes portes de
tontes les maisons des deux côté3 de la rue
à la hauteur de la maison Gombert.
Elles atteignirent trois personnes réfugiées
à Hazebrouck ; deux furent blessées par les
éclats aux jambes, au côté et aux bras.
Une troisième : Georges Desmeuvaux, ou-
vrier originaire de ’Mons-en-Bareul eut les
deux bras presqu’enlièremenc enlevés et re-
çut un éclat en pleine poitrine, le malheu-
reux ne tarda pas à succomber.
Les deux autres blessés ont été admis â
l’hôpital, on espère qu’ils guériront.
Les Propagateurs ie fausses nouveües
Paris, 24 novembre.
Hier des nouvelles fausses concernant
l’évacuation de certaines villes ont circulé à
Paris. L’opinion publique a eu la sagesse de
ne pas ajouter foi à ces bruits mensongers.
Le gouvernement militaire de Paris est
d’ailleurs résolu à sévir avec la dernière ri-
gueur contre ceux qui se livrent à cas ma-
noeuvres anti-françaises.
LA GUERRE A L’ALCOOL
Paris, 21 novembre.
L’Académie de Médecine a adressé an tzar
sa respectueuse admiration pour la déci-
sion qu’il avait prise de supprimer dans ses
Etats la fabrication de l’alcool, d’en inter-
aire la vente et de iermer tous les dépôts de
« volka ».
PLUS DE BIÈRE !
L’Allemagne est depuis quelques jours
sous le coup d’une affreuse nouvelle qui,
plus que les lenteurs d’une guerre qu’elle
croyait êtr8 un jeu triomphal, que les
échecs de ses armées, met son moral à une
rude épreuve : elle est menacée d’être at-
teinte dans la bière.
La bière, en effet, est en danger : l’orge
va faire défaut aux brasseurs allemands.
Pour la fabrication de sa boisson brune ou
dorée, l'Allemagne a besoin de soixante mil-
lions de quintaux d’orge. Or, elle ne produit
que la moitié de ce qu’il lui faut. Les trente
millions qui lui manquaient, elle les deman-
dait à la Russie.
Il est bien évident qne la Russie ne livrera
pas à l’Allemagne l’orge qui lui est néces-
saire ; d’ici quelques semaines, la fabrication
de la bière sera gravement compromise. Les
ressources locales seront vite épuisées, et
comme elles ne pourront être renouvelées,
la production sera réduite, et bientôt impos-
sible on à peu près.
Quel désastre pour l’Allemand! Etre privé
de ses énormes beuveries sera pour lui un
rude châtiment. La brasserie est une partie
de son existence. Si ellç lai manque, il en
, sera tout démoralisé.
Le 9 novembre, le sergent, qui avait con-
tribué, les jours précédents, en y entrant à
la tête de ses hommes, à la reprise des vil-
lages de Maucourt et de MogevTlle, voulut ce
jour-là, afin de donner encore plus d’air à
notre action, reconnaître un bois,le bois des
Haies, qui passait pour être occupé en per-
manence par l’ennemi. /
Avec une vingtaine d’hommes, rampant
et se d fi tant, le sergent put longer, en s’en
approchant jusqu’à 200 mètres, une des li-
sières di> bois, sans essuyer ie moindre
coup de feu. A l’extrémité du bois, ion jours
en lisière, se trouvait nne tranchée alle-
mande ; le sergent voulut la reconnaître
avec quelques hommes; ii put arriver jus-
qu’à elle, mais tout d’an coup, à vingt mè-
tres dans le bois, il .aperçut l’ennemi : nne
centaine de fantassins allemands qui atten-
daient en embuscade.
Une déchargé nourrie flanquait immédia-
tement quatre des nôtres par terre ; c’est
alors que le sergent, pour couvrir la retraite
de ses hommes, s’arrêta, déchargent son ma-
gasin sur l’ennemi qui s’avançait. deux des
leurs tombèrent mortellement frappés. Aus-
sitôt il reçut une première balle qui lui fra-
cassa le tibia, il tomba, mais se releva aussi-
tôt et, tirant les trois on quatre balles qui
restaient, put se replier ?.mé'cinquantaine de
mètres, malgré la grêle de^rojeCtiles que
les Allemands faisaient pleuvoir autour de
lui. Une seconde balle vint atteindre le ser-
gent à 1a rotule ; il tomba de nouveau, mais
parvint, en se traînant sur les mains, à ga-
gner une grosse pierre derrière laquelle il
put se dissimuler, retrouvant là cinq ou six
survivants de notre petite troupe.
Il était à ce moment huit heures du ma-
tin ; jusqu’au soir, les Allemands ne cessè-
rent d’operer des tentatives pour cerner la
poignée d’hommes que nous étions. Quatre'
ou cinq rois il arrivèrent jusqu’à une qua-
rantaine de mètres ; chaque fois ils durent
se replier, perdant sis ou sept des leurs.
Décidé, ainsi que sc-s hommes, à ne pas re
laisser taire prisonnier, le sergent, ména-
geant ses munitions, ne faisait tirer sur l’en-
nemi qu'à coup sûr. Enfla 1a nuit arriva ;
les blessés encore capables de marcher quit-
tèrent en se défilant avec moi le champ de
bataille ponr aller chercher du renfort. Le
sergent Maginot, dont les jambes étaient
immobilisées, resta avec deux hommes, la
caporal B... et le soldat R... tous deux non’
blessés’. Ces deux braves tentèrent alors de
rainiener le sergent ; ils commencèrent à le
porter à tonr de rôle eu rampant pendant»
nne centaine de mètres.
Iis essayèrent ensuite de la porter sur les
crosses de leurs fusils; finalement le sergent
Maginot, par sa taille et son poids, — on sait
qu’il mesure un peu plus de deux mètres —
devenant impossible à porter. Ils durent la
traîner par tes mains. Ce dernier, malgré la
douleur terrible qu’il endura t,ne perdit pas
connaissance nn seul instant.et lorsqu’arriva
une section de renfort pour faire face à l’ea-
nemi qui stavançait de nouveau, il conti-
nuait à donner des instructions ponr orga-
niser la défense. Ou put enfin le mettre sur
un brancard et conduit au village de Mas-
court où U recevait seulement un premier
pansement sommaire.
A11 heures du soir, après un calvaire sans
nom, le sergent Maginot entrait à l’hôpital
de Saint-Nicolas, où ses blessures étaient
soignées de toute urgence.
« J’en ai tué 3.000
avec ma pièce f
Un maréchal des logis d’artillerie conte,
ainsi qu’il suit, la belle, bonne et prompte
besogne accomplie par la pièûe de 75 dont il
est chef :
« Novembre, X... — Mon cher frère, la
bataille continue. Nous avons devant nous,
comme l’antre fois devant Nancy, la garde
impériale. J’ai pénétré, de nuit, avec ma
pièce, dans nn patelin où l’infanterie elle-
même ne pouvait pas passer. J’ai mis en bat-
terie à 30 mètres d’une ancienne gendarme-
rie. Les Allemands avaient fait autour des
retranchements, et dedans des meurtrières
aux murs. Nous avons taillé les arbres qui
empêchaient de tirer, et, à la pointe du jour,
en 34 coups de canon à obus explosibles,
nous avons tait sauter la baraque. Après ça,
il ne restait pins grand’chose.
» Mais les Boches, en se sauvant, nous fu-
sillent! Il nous faut bravement atteler sous
le siftlém'ent des Mlles. Moment critique, car
les tranchées allemandes sont à 1,000 mè-
tres ! Nous n’en parions pas moins, non
sans avoir donné un bon coup de dents afi
déjeuner lâché bien à regret par les Bo-
ches..
« Un autre fait : devant Briey, troisième
jour, nous sommes repérés par des batteries
allemandes de 105. Le feu ennemi commence
en direction sur ma pièce. Noos voici, pour
nous abriter, oblig?s de nous fourrer dans
de grands trous. Vingt projectiles tombent à
10 mètres de ma pièce. Personne n’a de mal.
Le capitaine découvre la section d’artillerie
allemande. Nons ouvrons le feu sans dis-
continuer. Justement le capitaine nous an-
nonce que nous avons démoli la section
ennemie, quand un dernier projectile tombe
à 3 mètres de ma pièce et sur la même
ligne. On se redresse, noirs de poudre et
couverts de terre. Mais pas de morts, pas
même de blessures, sauf une égratignure à
la main.
» Ensuite nous mettons en batterie à 808
mètres des Boches et nous faisons progresser
l’infanterie, qui nous assure, la possession
des pièces allemandes. Nous allons les cher-
! cher ie lendemain. Ça nous en tait déjà
quatre de prises. Si toutes les batterieâ en
font autant, il ne leur en restera pas t
» Si le sort veut que je meure — chose
dont j’ai l’espoir que ça n’arrivera pas t —
tu pourras dire à mon père qu’avant de
tomber, j’eu ai tombé au moins trois mille
avec ma pièce. Que chacun vende comme
moi sa peau aux Allemands, elle leur coû-
tera cher 1 Regarde dans les journaux : tu
verras que notre 20» corps est cité chaque
semaine à l’ordre du jour. *
EIV TURQUIE
La Turquie a interdit à tout sujet dé 1?
Triple-Entente de quitter le territoire otto-
man, sauf aux femmes et aux enfants âgé»
de moins de dix-huit ans.
LE SERGENT MAGINOT
Ancien sous-secrétaire d’Etat à la Guerre
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