Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-11-23
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 novembre 1914 23 novembre 1914
Description : 1914/11/23 (A34,N12160). 1914/11/23 (A34,N12160).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1723201
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2020
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ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
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[ fin s’abonne également, SANS PRAfS, dans tons les Bureaux de Poste de Franes
En marge de ta guerre
LA NOUVELLE LOUISE
La grande maison est aujourd'hui à peu
près vide. La nuit l'habite avec la solitude.
S'est un temple profané déserté que la
poussière tapisse. Les rats gîtent sous les
planchers.
« Us » l’occupaient naguère. Le suceès,
la vogue, notre admirable indulgence les
avaient installés là en maîtres, les maîtres
de la forte recette.
Ils s’appelaient Franz Lehar, Strauss, Gil-
bert, etc. Ils nous avaient apporté de l’autre
;eôté de ia frontière des tripatouillages de
nos vieux opéras-bouffes auxquels ils
avaient naturellement enlevé, dans Pinoa-
,parité de les apprécier, leurs détails de fi-
nesse et de fantaisie françaises. La scène de
chez nous s’était ainsi encombrée d’une
vulgaire et basse camelote « made in Ger-
many » « made in Austria » où Pair de
valse tient lieu d’esprit et l'entrechat de
mots piquants.
; Même adaptés par ées auteurs, français,
«es ouvrages gardaient la lourdeur iudi*
geste des charcuteries germaniques.
Les Veuve joyeuse, les Comte de Luxem-
bourg, les Divorcée, les Chaste Suzanne et
autres oeuvres légères ont drainé en
France, sous forme de droits d’auteurs, des
millions partis en Allemagne, en Autriche,
et occupé longtemps notre scène au détri—
ment de nos compositeurs outrageusement
pillés.
l Lorsque plus tard, plus tard, les dou--"
Leurs bercées par le temps, nous réappren-
drons-à sourire, je ne vois pas pourquoi
l’on ne proscrirait toute eette marchan-
dise musicale des pays ennemis au même
litre que leurs pâtes dentifrices, leurs crè-
mes à polir ou leurs saucisses.
; L’esprit français n’aura point peine à la
remplacer avec avantage. Les jours d’épreu-
ves nous aurons, je l’espère,débarrassé pour
quelque temps de ce snobisme ridicule qui
s’inclinait avec déférence devant toutes lés
productions venues de l’Allemagne et sacri-
fiait à la mode, aux raffinements de la pe-
tite chapelle, les meilleures qualités de
;»otre race et les plus chères de nos tradi-
tions. Cette heure viendra. |
! Pour l’instant, les planches sont vides.
La scène montre un grand trou noir devant
la pénombre où dorment les fauteuils. Les
violons se sont tus : le violoniste est mobi-
lisé. J’ai rencontré l’autre jour Werther-
Marcelin, soldat au'24e territorial !
Ce serait à peu près le silence et le
morne oubli installés pendant de longs
jnois dans le théâtre si quelques initia-
tives clairvoyantes n’avaient eu l’heureuse
jdée de faire en ce logis déserté une oeuvre
pminemment utile.
%
*
. ' Ï1 est un coin de la grande maison où la
rie a repris, non point la vie factice, artifi-
cielle et frivole de la scène, mais une vie
réelle, active, pratique.
: La ville du Havre a créé au théâtre un
ptelier de couture. C’est une oeuvre sociale
fet d’aide mutuelle. Elle s’efforce par la
mise en jeu du travail producteur et rému-
néré, d’apporter un adoucissement aux mi-
sères du temps. Elle est une porte d’attente
«t d’espoir pour les détresses de tous âgés
ivenues demander secours.
— Ce que nous cherchons avant tout;
‘me ditM. Jennequin, adjoint, c’est, dans ia
jmesure de nos moyens, de porter intérêt et
"assistance à des activités féminines que la
guerre a laissées sans emploi, e’est faire
Renaître la confiance dans le coeur des
foyers désemparés...
'■ — Nous faisons de notre mieux pour y
arriver, ajoute M. Dubois, l'organisateur
fie ces ateliers.
La tâche n’a pas été mince. Bien des
mains se sont offertes qui ne savaient ma-
nier l’aiguille à souhait, mains de femmes
fit mains de fillettes. Il a fallu surveiller ua
apprentissage patient et minutieux, sérier
et grouper les aptitudes, de la « culotdère »
à la « petite main ».
Les machines à coudre étaient rares. On en
'a réquisitionné au Mont-de-Piélé. L’atelier
constitué, pourvu de son personnel diri-
geant, répartiteur et surveillant de la be-
sogne, on est allé solliciter du travail : et
Tarméeen a donné.
• Elle a confié du drap tout coupé, prêt à
l’assemblage ; l’atelier a fait des-capotes et
fies pantalons, des uniformes pour nos sol-
dats.
Les demandés d’emploi toujours plus
pressantes, les commandes toujours plus
nombreuses ont fait compléter et étendre
la création première.
1 En outre de celui du Théâtre, un atelier
Analogue fonctionne dans les salons du
fer.and Cercle Républicain; rue de Paris,
tous deux basés sur le même principe d’or-
ganisation et de rétribution de salaires.
{ On peut dire que, dans la mesure des
prises créées par les circonstances, il n’est
|>as d’effort qui ne trouve sa -rétribution
et ne soit stimulé par le .bon zèle environ-
liant.
| Tout cela est de belle solidarité agis-
sante, ennoblie de fraternité touchan-
te, plus sensible aussi, semble-t-il, en
fces journées d inquiétudes et d’angoisses
Cù tous, tant que nous sommes, de près ou
fie loin, unis par nas coeurs et par nos pen-
sées, demeurons exposés à recevoir la va-
Îue de mort que le crime, d’uu empereur a
lit déferler par. -le monde.’
• *
* *
h. .Une lueur anémique tombe -de Tam-
poule nichée dans un coin de l’escalier,
«pille éclaire vaguement les marches de
tierce. Une porte tourne; «t, tout à coup,
près la demi-nuit de la sage, e’est le jour
(éclatant du dehors -qui -entre-à fiots-par le
«vitrage.
. Le river du publie fitGrand-Théâtre est
tlsYêr.tfuiïc grande salle de eeatitre, Des
tables s’alignent anour desquelles s’étend la
petite armée des ouvrières. Là-bas, le long
des baies, les machines à coudre ronron-
nent, rangées en un front qui trépide dans
la danse fiévreuse des aiguilles.
Au centre, le chef d’atelfer. Il reçoit les
pièces préalablement découpées. à la scie, à
l’atelier du régiment, Et la répartition du
travail s’opère.
La « spécialisation » de la tâche demeu-
rant le meilleur facteur du bon rendement,
il y a des ouvrières qui ne font que le mon-
tage, que la boutonnière, que le col, que la
patte de ceinturon, que la pose des bou-
tons. Le vêtement passe ainsi de mains en
mains, d’une extrémité de la salle A l’au-
tre, où il arrive, par transformations suc-
cessives, terminé, prêt à recevoir le coup
de fer fignolard et libérateur...
Dans la chanson des maehines à
coudre, dans le -caquetage des « petites
mains », s’élaborent les beaux costumes
neufs, les capotes en drap “ tricolore ” qui
habilleront les enthousiasmes et les espoirs
de nos enfants de la classe 1913.
C’est un acte de Louise vu de l’autre côté
de la salle et de l’autre côté de la lor-
gnette.
Le galant troubadour qui chantait dans
la coulisse et chavirait les coeurs d’aman-
tes, n’est plus de la fête, ou plus exacte-
ment, il s’est lui-même transformé et ses
idées sont ailleurs : il porte aujourd’hui le
sac et passe tout droit sous les fenêtres, en
jouant du clairon..,..
*s
* *
Comme j’allais me retirer, et que l'encom-
brement de la salle avait pas mal boule-
versé les choses,dans un coin, je heurtai un
socle.
La gloire marmoréenne de Casimir-Dela-
vigne planait toujours au-dessus des huma-
nités obscures ; mais une main familière
l’avait touchée.
Là tête du poète, improvisée porte-man-
teau, disparaissait presque entière sous un
pardessus. Je sentis plus que jamais par cet
affublement,en d’autres joqrs irrespectueux,
que l’heure n’est point aux subtilités élé-
gantes de l’Art ni à l’harmonie savante des
mots.
ALBERT-HERRENSGHMIDT.
1 Sillîfillll DE LILLE
Une personne qui se trouvait à Lille pen-
dant le bombardement et l’occapation de
cette ville par les Allemands a fourni au
Times d’intéressants détails.
Après avoir décrit la pluie des obus et le
combat dans les rues, elle s’exprime en ees
termes :
Les deux pins importants monuments de
Lille ne furent pas atteints par les obus,mais
la splendide Galerie d’Ari; a beaucoup souf-
fert. De larges trous ont été faits au toit par
les projectiles, mais je ne pourrais dire quel
dommage à été causé aux tableaux.
Dans la rue de la Gare deux importants
groupes d’immeubles ont été détruits et de
la place de la République à la gare du Nord,
les maisons ont été terriblement endomma-
gées. Le Café Jean bien connu des voyageurs
qui ont visité Lille est en ruines.
Durant l’occnpition, les allemands se sont
conduits correctement; les soldats étaient
d’ailleurs soumis à une forte et rigoureuse
discipline : ce sont eux-mêmes qui intervin-
rent pour combattre les incendies. Do nom-
breuses maisons furent dynamitées pour
empêcher la propagation desflammes.
La police lilloise était chargea d’assurer le
service de la sécurité publique bieu que de
nombreux soldats fassent mis en service
dans tontes les rues.
La population était obligée de rester dans
les maisons, fenêtres fermées. Tout civil
trouvé en possession d’armes était fusillé.
Les propriétaires d’automobiles étaient con-
traints d’en faire la déclaration aux autori-
tés. Lus Allemands, d’ailleurs, mirent la
main sur tous les moyens do transport ;
elievaux, voitures et bicyclettes.
Peu de civils ont souffert du bombarde-
ment.
J’ai vu un homme mort dans la rue. Par-
mi les défenseurs,*se trouvait un petit dé-
tachement de troupes algériennes. Pondant
qu’il défendait les portes de la ville, un sol-
dat tomba fie son cheval au moment de la
charge dans la rue de la Gare ; à ce moment,
un obus l’atteignit et j’ai vu l’homme et
treize chevaux tués sur le coup.
Une semaine après l’occupation allemande,
je suis resté dans la ville. J'ai vu 23 gros ca-
nons apportés à Lille. Les troupes aileman-;
des paraissaient fraîches et bien équipées.
Mes papiers ayant été examinés par les
autorités militaires allemandes, qui se décla-
rèrent satisfaites de ma neutralité, j’ai pu
quitter Lille et venir en Angleterre par la
Belgique. Au cours de ce voyage, dans la
plupart des villes traversées, j’ai constaté
que les Allemands avaient effectué des "re-
tranchements etnppliqué des systèmes de
défense consistant surtout en fils de fer bar-
belés.
DANS LA MER NOIRE
Petrograd, 22 novembre.
Le littoral russe de la mer Noire a été mi-
né sur une distance de vingt lieues.
L’entrée et la sortie des navires des ports
de l’embouchure du Dnieper et du détroit
de Kertch sont absolument interdites la
nuit.
Petrograd, 23 novembre.
Un communiqué de l’état-major de l’ar-
mée du Caucase, on date du 20 novembre,
dit que ie croiseur TIamidieh, accompagné de
torpilleurs, apparut devant Tuapsse et ou-
vrit le feu sur la ville, lançant 123 projec-
tiles.
L’artilicrie russe riposta par un feu très
efficace.
Les Russes eurent trois soldats et une
seeur de charité blessés et un habitant tué.
Les dégâts sent insignifiants.
LA GUERRE
[texte manquant]
COMMUNIQUES OFFICIELS
Paris, 22 Novembre, 17 heures.
La journée d’hier a été calme sur la
totalité du front.
En Belgique comme dans la région
d’Arras à l’Oise, il n’y eut que des ca-,
nonnades intermittentes.
Notre artillerie se montre en géné-
ral plus active que l’artillerie, enne-
xnie.
Nos batteries réussirent à démolir
plusieurs lignes de tranchées alle-
mandes. ;
L’ennemi travaille, d’ailleurs, à en
construire de nouvelles en arrière.
La journée a été également calme
sur l’Aisne, en Champagne, en Ar-
gonne, sur les Hauts de Meuse et dans
les Vosges.
Paris, 23 heures.
Dans la journée du 22 novembre,
violent bombardement d’Ypres, qui dé-
truisit les Halles et l’Hôtel de Ville.
Assez forte canonnade dans la ré-
gion de Boissons et de Vailly.
Sur le reste du front, rien à signaler.
Official Report of the
Freneh Govemment
Nov. 22- S p. m.
lt was relatively quiet yesterday on the
whole front.
In Belgium as well as in the région from
Arras to the Oise, intermitting eaanonading
took place only.
Our artillery shorôs more aetivity than
thefoe’s.
Our batteries succeeded in demolishing
several lines of the foe’s trenches ; the
enemyis busy to construct new ones fur-
ther behind.
In the Aisne, Champagne, Argonne,
Meuse and the Vosges, it was also quiet
yesterday.
COMMUNIQUÉ ALLEMAND
[Nous ne publions les communiqués allemands
qu’à titre documentaire et sous toutes réserves —
nos letteurs les redresseront d’eux-mêmes à l’aide
des communiqués authentiques qui précèdent.)
BerIin/20 novembre.
Dans les Flandres et dans le Nord de la
France, il n’y a pas de changement appré-
ciable dans ia situation.
Les .plaies abondantes et la neige qui im-
biba le terrain puis gela partiellement, ont
rendu nos mouvements très difficiles.
üie attaque française à Gombres, an Sud-
Est de Verdun a été repoussée.
La situation snr ia frontière de la Prusse
orientale reste sans modification,
A l'Est de la plaine des lacs; Mazurie, les
Russes oatpris un fort inoccupé dans lequel
ils ont trouvé un vieux canon. La retraite de
l'ennemi sur Lipno et Mlava continue.
Notre attaque progresse au Sud de Plock.
Aucun résultat n’a été obtenu dans ie
combat autour de Lodz et à l’Est de Caes-
tochowa.
LA SESSION PARLWAïRE'
Bordeaux,;S2 novembre.
Le Temps estime que leretour du Gouverne-
ment à Paris, pour la session parlementaire,’'
au milieu de décembre, serait prématuré. L’en-
nemi occupant encore tout ou partie de dix
départements, il ne faut pas que ce retour
puisse refaire de Paris le point de mire des
armées allemandes encore insuffisamment
éloignées. Les Chambres peuvent siéger à
Paris et ies ministres, pins particulièrement
appelés à collaborer avec elles pour le vote
des' projets de lois reconnus nécessaires,peu-
vent venir se présenter devant elles pour,
quelques jours Après, reprendre leur place
à Bordeaux, auprès de M. Poincaré.
La besogne parlementaire sera en effet de
très courte durée. Les prrlamentaires n’au-
ront vraisemblablement qu’à émettre des
votes et, si le Gouvernement doit fournir des
explications, ce ne sera pas on séance pnbli-
que, mais au cours dés réunions des Com-
missions du bndgët des deux assemblées, en
raison de leur caractère confidentiel.
LE SERVICE MÉDICAL DES ARMÉES
Bordeaux, 22 novembre.
M. Poincaré a signé un décret stipulant
que les docteurs en médecine, les officiers
de santé et les étudiants possédant au moins
douze inscriptions, pourront, durant la
guerre, être nommés médecins auxiliaires
sans l’accomplissement d’une année de ser-
vice et sans examen d’aptitude.
En rîionnenr de la
Heine des Belges
Paris, 22 npvembgs.
Une foule considérable a défilé, pendant
toute la journée, dans la salle de l’GEuvra
beige du Travail où, à l’occasion de la Fête
de la reine Elisabeth de Belgique; une tou-
chante manifestation de sympathie avait été
organisée.
Le publie était invité à saluer le buste de
la souveraine, à déposer des fleurs et à si-
gner un livre d’hommsges.
L’élan fut unanime et, à la fin de la jour-
née, la salle tout entière était remplie de su-
perbes gerbes de fleurs blanches et de pal-
mes.
Le livre d’hommages était couvert de si-
gnatures où tontes les classes de la société'
se trouvaient représentées.
Il sera envoyé à la reine comme un témoi-
gnage du respect et de l’admiration que sa
noble attitude inspire aux Parisiens.
«St——»
Le Spiral ie ia Presse Etrangère
ÈÉ HOMMAGE A UA FRANCE
Paris, 22 novembre, j
Le Syndicat de !a Presse étrangère a adres-
sé à M. Deîcassê un télégramme exprimant
les sentiments d’affection de ses membres
pour la France et leurs voeux pour le succès
des armes françaises, c’est-à-dire le triom-
phe de la liberté des nations. Le Syndicat
proteste contre la violation de la neutralité
de la Belgique et i’invasioa de la France, dé-
clarant rompre sur le terrain international
tout lien professionnel et toute relation avec
les journaux qui essaient de justifier les
actes des ennemis de la Fracoe.
Retour Mités Omis Français
Genève, 22 novembre.
Deux convois d’internés civils français ont
traversé la Suisse, vendredi. Le second com-
prenait une troupe fraâçaise-dë comédie qui
était allée au 'Luxembourg pour y donner
une représentation au bénéfice de la Croix-
Roogo française que l’autorité militaire alle-
mande interdit en demandant aux comé-
diens de jouer au bénéfice de ia Croix-Rouge
allemande. Sur le refus des comédiens,ceux-
ci tarent internés
Pillards allemands condamnés
Paris, 21 novembre.
Le procès des ambulanciers allemands in-
culpés de pillages et de violences à Lizy-sur-
Ourcq s’est terminé aujourd’hui. Le Conseil
a condamné un médecin à deux ans de
prison, sept médecins ou infirmiers à un an,
et un capitaine à six mois de la même
peine.
U QUESTION DES BETTERAVES
Bordeaux, 21 novembre.
Le ministre de l’agriculture, à la suite des
constatations qu’il avait été amené à faire
dans son voyage agricole à diverses régions
de, ia France, et notamment dans le Nord,
avait convoqué mardi dernier à une réuuion
au ministère de l’agriculture les fabricants
de sucre et les cultivateurs de betteraves in-
dustrielles.
A la suite de ïa discussion dans laquelle
ont été envisagées les coadiiions si spécial* s
de la campagne en cours, il a été admis par
les intéressés que le cours du sucre devait
servir de base a l'établissement du prix d’a-
chat des betteraves ; et, précisant davantage
les éléments de ce prix tout en laissant pour
des situations variables une marge néces-
saire, la réunion a adopté : 1« le prix de base
de 20 ou 23 francs ia toone de betteraves à 7
degrés de densité, avec majoration habituelle
pour les dixièmes en sus ; 2» ie partage, par
parties égales de l’augmentation des prix du
sucre de 38 II 38 francs.
Offre du Kaiser repoussée
Petrograd, 21 novembre
Le kaiser a offert de remplacer la couron-
ne en or de la célèbre statue de la vierge de
Czenstochova, qui a été volée par les Alle-
mands, mais cette offre a été-repoussée par
les-Polonais comme un « blasphème venant
de menteurs, incendiaires, violateurs et
meurtriers de femmes et d’enfants.»
Prince allemand blessé
Amsterdam, 22 novembre.
(Source berlinoise)
Victime d’un accident d’automobile, le
prince Auguste-Guillaume aurait eu une
fracture à ia mâchoire et une autre à la
partie inférieure de la cuisse.
—
Deux Généraux allenmtis se saierdent
Petrograd, 20 novembre. '
On télégraphie de Varsovie que les géné-
raux von Bredn et von Bromel se sont suici-
dés à Tschenstokhovo, à la-suite de leur dé-
faite ed Pologne.
L’ACTION RUSSE
Petrograd, 22 novembre (officiel).
Les combats continuent sur îës fronts de
la Vistule, de la Wartha et de Czenstochowa-
Cracovie.
Naug avons continué à progresser en Gali-
cie occidentale.
En Prusse orientale, on ne signale qne de
courtes fusillades.
La chute imminente de Przemysl
Petrograd, 20 novembre.
On annonce que le blocus de Przemysl,
qui a été repris par les Russes avec -une
grande énergie, touche au dénouement. Les
Russes se ssnt emparés des tranchées qui en-
tourent la place forte, où ils ont trouvé de
nombreuses‘fosses comblées avec de ta chaux,
ce qui confirme les dires des prisonniers que
le choléra était à Przemysl, dont la garnison
est décimée-
Le “ Livra Bleu ” Serbe
Du Livre Bleu publié par le gouvernement serbe
sur les rapports austro-serbes, il est intéressant
de relever ce qui suit :
On sait que la déclaration de guerre par
l’Autriche à la Serbie a été précédée d’une
violente campagne de presse austro-hon-
groise et allemande contre la Serbie ; cette
campagne de presse ét it dirigée p T la sec-
tion de la presse an Baflplatz : mais l’Alle-
magne ne se laissait pas non plus distancer
par son alliée.
Dans sa lettre du 14 juillet adressée à M.
Pachitch, le ministre de Serbie à Vienne. M.
Jovanovitch, écrivait : « J’apnrends de sour-
ce sûre- que les cercles officiels allemands
d’ici sont justement ceux qui nous sont le
plus hostiles ; ces cercles allemands ont une
influence sur la presse viennoise, oarticn fiè-
rement sur la Nouvelle Pressé Libre. Cette
feuille, antiserbe à outrance, écrit : « Nous
devons régler notre affaire avec la Serbie par
la guerre ; de façon paisible, ce n’est pies
possible ; et puisque nous devons recourir
à ia guerre plus tard, il faut en finir tout de
suite. »
Dans le rapport que plus tard, le 15 août,
M. Jovanovitch adresse à M. Paohitcb, il est
dit : « Vers la fia de juin, dans les hauts cer-
cles financiers, on désigna le règlement de
comptes avec la Serbie comme la seule issue
de ia crise économique financière et géné-
rale dans laquelle est entrée l’Autriche-Hon-
grie après l’annexion de la Bosnie-IIr-rxégo-
vine. En même temps, ou donna confi len-
tieiiement l’ordre de retirer l’or de la circu-
lation ; pendant que le mouvement des
troupes se poursuivait activement et que les
voyages des chefs militaires se succédaient ;
on cessa au Ballpla z les réceptions diploma-
tiques qui avaient fieu chaque semaine ; on
cessa aussi de parler de l’attentat de Sara-
jevo, en s'efforçant de dissiper l’anxiété au
-sujet, d'une action éventuelle contre la Ser-
bie. Cependant, au ministère, on préparait
la note qui devait servir d’acte d'eccnsafiou
contre la Serbie ; l’élaboration en était con-
fiée au comte Forgateh, ancien ministre
d’Autriche à Belgrade • mais ia conviction
générale était qne l’ambassadeur d’AIIema-
gae à Vienne, le comte Tchirsbky de Bègea-
dorff, était tenu jusqu’aux menus détails au
courant de ce travail.
» Et j’ai des raisons, ajoute M. Jovanovitch,
de croire qu’il y a même collaboré. Lorsque
-la note tut publiée, tous ont été surpris, si-
non consternés. Le jour où la note fut remi-
se à Belgrade, l'ambassadeur de France eut
une conversation au sujet de cette noteavec
le premier directeur des affaires étrangères,
le comte Berchtold étant à Lschl. Le baron
Kamis n’apas diïà M. Du mairie que cette
note serait remise le soir même, à Belgrade
et qu’elle serait publiée le lendemain.
Des conversations avec les représentants
des puissances de la Triple Entente, j’ai ap-
appris qne i’impmsion reçue par eux au
cours de leurs conversations au Ballplatz
était que l’Autriche espérait que le conflit
austro-serbe resterait localisé ; le comte
Tchirshky disait ouvertement que ia Russie
ne bougerait pas. Quant à l’Allemagne, le
comte Tchirsbky ajoutait qu'en aidant l’Au-
triche elle avait pleine conscience de ce
qu’elle faisait. Cette attitude du comte
Tchirshky finit par faire voir à tout le monde
que l'Allemagne voulait provoquer la guerre,
bien qu’on assurât, dans les cercles diplo-
matiques berlinois qne le comte Tchirshky
dépassait ies instructions qui lui avaient été
données. »
La Défense de Cracovie
Petrograd, 21 novembre.
Le Messager de l’Armée dit qae les prépara-
tifs des Autrichiens en vue de la défense de
Cracovie se font sur une vaste échelle. Ja-
mais, dit-il, tant de troupes d’ariilierie de
gros calibre ont été concentrées dans une
place forte.
Les commandants autrichiens ont reçu
l’ordre d’empêchàr coûte que coûte fa prise
par les Russes de cette ville polonaise histo-
rique dont la chute serait en même temps ta
chute de l’empire austro-hongrois.
Les boticlies inutiles
Komé, 22 novembre.
Le gouverneur de Cracovie a invité, sous
peine de mort, tous les nécessiteux à quitter
immédiatement la ville.
Une cinquan taine de millerie Polonais ss
sont dispersés dans tontes les directions.
LE CHOLÉRA EN PRUSSE
Bâle, 22 novembre.
Gn signale en Prusse et eu Haute-Silésie
plusieurs cas de choléra dont deux mortels.
L’Esoadre aiiinie È Faolfips
•Sanliago-dè-Chili, 23 novembre.
Le vapeur Sacrammto, de San-Francisco,
est arrivé à Yalparaiso, amenant 32 matelots
du irois-mâts-barque français Valentine et
deux Chinois sauvés du Titania. Ces deux
Mii-meats forent coulés dans le Pacifique par
le croiseur Dresden.
Le Saiiramento a vendu des cargaisons de
charbon et de provisions aux navires;Scharn-
horst, Gneisencr«*et Numberg. I,e transborde-
ment s’effectua dans l’ile Juan-Fernandez.
Tons iès journaux commentent cette viola-
tion de la neutralité du Chili sous le couvert
du pfViilon américain.
Les autorités chiliennes notifièrent aux
matelots des navires allemands qu’ils ne
pourraient s’éloigner avant la fia de la
guerre.
Le voilier Valentine, dont il est question el-
dessus, est un grand bâtiment de 3.081 tonneaux,
appartenant à la maison A:-D. Bordes et fils, de
Paris, et ayant comme port d'attache Dunkerque.
Commandé par lé capitaine Guillon, B était parti
le 16 juillet de Dunkerque, pour Po-t-Talbot. Il
avait ensuite fait roule pour Yalparaiso.
Quant au Sacraménto, c’est un steamer alle-
mand.Il portait précédemment le nom d’Aleaean-
dria, mais au début de là guerre ses propriétaires
te firent changer de dénomination et de pavillon.
Lorsqu’il quitta San-Francisco le 13 octobre,Tes
autorites américaines l’arrêtèrent, et exigèrent des
explications sur son changement de dénomination
et la nature do don chargement. Oa constata alors
que le manifeste portait que la cargaison était
destinée au port de Yalparaiso, et le bâtiment fut
laissé libre de continuer son voyage. On voit
comment les autorités américaines ont été trom-
pées.
LES FAUTES
de la Stratégie Allemande
Le rédacteur militaire du Times fait une criti-
que pénétrante du haut commandement alle-
mand
La stratégie allemande a été malheureuse.
Elle n’a jamais été stable long temps et a
montré des signes de divergence dans les
avis. Si l’on excepte le plan initial de con-
centration contre la France préparée à loisir
pendant la paix, le commandement mili-
taire allemand n’a pas fait preuve d’habileté.
H n’a pas pu empêcher la déroute autri-
chienne et apr-ès trois mois et demi de guer-
re, il n’a pas remporté une seule victoire
décisive, sauf pourtant dans ses bulletins.
Le gros de ses troupes actives demeure ac-
croché aux alliés à l’Ouest, alors que les ia-
nombrab es armées russes sont massées
aux frontières orientales de l'Allemagne,
avec la volonté et les moyens de les fran-
chir.
• De Mollke — ie grand de Jfoltke — se se-
rait déjà replié snr le Rhin ; mais il ne faut
pas s’attendre à ce que le commandement
allemand actuel, qui obéit surtout à son or-
gueil militaire, prenne une pareille décision.
Il retournera sur le Rhin quand il y sera
obligé, mais pas avant. Il n’o;e évacuer la
Belgique, bien que des essaims de cosaques
bourdonnent déjà en Silésie.
Il considère ia B -Igique comme une ma-
gnifique conquête, et, alors qu’il est seul à
avoir une telle conception, il n’admettra ja-
mais, par une retraite, que toute sa stratégie
peut taire banqueroute.
Ainsi, eette longue ligne de plus de 30fl
kilomètres sera maintenue ët sur cet,im-
mense front à l’Ouest, l’Allemagne militaire
jettera ses meilleures et ensuite ses plus
mauvaises troupes jusqu’à ce qu’elles soient
épuisées.
Quand les gardes dePréobrajensky s’appro-
cheront de P jtsdam et que quelque hetmaa.
de cosaques traversera la porte de Brande-
bourg, les écoliers allemands et les hommes
'âgés du landsturm iront se briser contra les
lignes de granit des alliés de l’Ouest.
L’offensive ? Pourquoi la prendrions-nous'?
Les dispositions actuelles nous conviennent
fort bien. En effet, chaque nouveau corps
d’armée qui vieut d'Allemagne pour tenter
la chance dans les Flandres, c’est un corps
de moins que nous aurons à combattre aa
moment décisif. Notre tout dernier allié,
l’Orgueil allemand, est très fort ; et nous lui
devons beaucoup. Le prince R iprecht de
B ivière en est pour le momènt l’aide de
camp; à lai aussi nous devons de grands
remerciements.
L’Armée française est prête
pour une longue Campagne
Les autorités militaires fran çaisës ont récem-
ment accordé à un certain nombre de journalis-
tes étrangers la permission de se fendre au front.
L’un d’eux, M. Simms, correspondant de VUnited
Press, a envoyé'à son agence -un premier télé-
gramme reproduit par le Daily Ghroniols :
La France est résolue à_ faire la guerre
jnsqa'au bout. Tout indiqua qu’elle s’y est
préparée.Ce que j’ai vu et entendu me laisse'
Pimpression que la perspective d’une lon-
gue guerre n’a rien qui paisse effrayer la
République.
Après avoir causé avec des officiers et des
soldats .sur le front, j’ai acquis la confiance
que la situation des alliés est excellente.
L’optimisme est partout et ce qui m’a im-
pressionné ie plus, c’est l’absolue prépara-
tion du commandement et des forces en
campagne à continuer ie combat indéfini-
ment.
J’ai visité et Inspecté une station de ravi-
taillement d’où on veille à la nourriture de
80.000 soldats. Le système d’organisation est
parfait. Cette station ressemble davantage à
une institution permanente qu’à une orga-
nisation temporaire pour lës besoins d’nne
guerre. De grands hangars sont bondés de
provisions de première nécessité, farine,
blé, vin, etc... Des voies de garage voisines
sont garnies de wagons attendant d’êire dé-
chargés.
Les officiers français ont confiance que
leurs armées dureront plus que ies Alle-
mands, malgré le fait qne la Frapce a une
population inférieure en nombre. Ils le
croient parce que lo géuéral Joffre est pissé
maître en l’art de conserver ses troupes.
Dans les combats qui ont eu lieu jusqriici,
les pertes trançlises ont été infiniment infé-
rieures aux pertes allemandes.
L'attitude des troupes françaises est excel-
lente! Je n’ai pas rencontré un sent démora-
lisé. Durant les derniers quatre jours, j’ai
visité-plusieurs hôpitaux et j’ai causé avec
les blessés. Même tes plus dangereusement
atteints-souririent maigre leur douleur, et
me disaient leur impatience de retourner an
feu.
À .la station de ravitaillement, on m’a per-
mis d'examiner les livres d'n commandant.
Les chiffres m’ont prouvé que la France est
parfaitement prête à soutenir une campagne
prolongée.
L’Emprunt de Gusrrs anglais
Toronto, 21 novembre.
Les représentants de quatorze banques ca-
nadiennes ont eu aujourd’hui une conférén-
ce au cours de laquelle il a été décidé que
chaque banque souscrirait à l’emprunt de
guerre afin d’exprimer la ferme volonté de
fous les Canadiens d’aider à poursuivre la
guerre jusqu’à son issue heureuse,
Le montant des sommes ainsi souscrites
s’élèvera probablement à 20 millions de
dollars.
L’OPINION EN ITALIE
Paris, 23 novembre.
M. Nathan, ancien maire de Rome, a fai?
une conférence, au théâtre Costanzi, deiartl
urie nombreuse assistance.
Parlant d’une intervention de l'Italie, dam
la guerre actuelle, en laveur de ïa Triple En-
tente, l’orateur opposa, dans mi frappant
parallèle, les trois empires que l’esprit (i’an-
toritarîstne pervertit, savoir : l’A'lemagëe,
l’Autriche et la Turquie, à toutes les puissan-
ces luttant actuellement héroïquement pour
le triomphe de la liberté.
Administrateur- Délégué - Gérait
O. RANDOLET
' AdmistrafiDî, impressions et toises, TEL. 10.4?
85, Eue Fontanelle, 35
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[ fin s’abonne également, SANS PRAfS, dans tons les Bureaux de Poste de Franes
En marge de ta guerre
LA NOUVELLE LOUISE
La grande maison est aujourd'hui à peu
près vide. La nuit l'habite avec la solitude.
S'est un temple profané déserté que la
poussière tapisse. Les rats gîtent sous les
planchers.
« Us » l’occupaient naguère. Le suceès,
la vogue, notre admirable indulgence les
avaient installés là en maîtres, les maîtres
de la forte recette.
Ils s’appelaient Franz Lehar, Strauss, Gil-
bert, etc. Ils nous avaient apporté de l’autre
;eôté de ia frontière des tripatouillages de
nos vieux opéras-bouffes auxquels ils
avaient naturellement enlevé, dans Pinoa-
,parité de les apprécier, leurs détails de fi-
nesse et de fantaisie françaises. La scène de
chez nous s’était ainsi encombrée d’une
vulgaire et basse camelote « made in Ger-
many » « made in Austria » où Pair de
valse tient lieu d’esprit et l'entrechat de
mots piquants.
; Même adaptés par ées auteurs, français,
«es ouvrages gardaient la lourdeur iudi*
geste des charcuteries germaniques.
Les Veuve joyeuse, les Comte de Luxem-
bourg, les Divorcée, les Chaste Suzanne et
autres oeuvres légères ont drainé en
France, sous forme de droits d’auteurs, des
millions partis en Allemagne, en Autriche,
et occupé longtemps notre scène au détri—
ment de nos compositeurs outrageusement
pillés.
l Lorsque plus tard, plus tard, les dou--"
Leurs bercées par le temps, nous réappren-
drons-à sourire, je ne vois pas pourquoi
l’on ne proscrirait toute eette marchan-
dise musicale des pays ennemis au même
litre que leurs pâtes dentifrices, leurs crè-
mes à polir ou leurs saucisses.
; L’esprit français n’aura point peine à la
remplacer avec avantage. Les jours d’épreu-
ves nous aurons, je l’espère,débarrassé pour
quelque temps de ce snobisme ridicule qui
s’inclinait avec déférence devant toutes lés
productions venues de l’Allemagne et sacri-
fiait à la mode, aux raffinements de la pe-
tite chapelle, les meilleures qualités de
;»otre race et les plus chères de nos tradi-
tions. Cette heure viendra. |
! Pour l’instant, les planches sont vides.
La scène montre un grand trou noir devant
la pénombre où dorment les fauteuils. Les
violons se sont tus : le violoniste est mobi-
lisé. J’ai rencontré l’autre jour Werther-
Marcelin, soldat au'24e territorial !
Ce serait à peu près le silence et le
morne oubli installés pendant de longs
jnois dans le théâtre si quelques initia-
tives clairvoyantes n’avaient eu l’heureuse
jdée de faire en ce logis déserté une oeuvre
pminemment utile.
%
*
. ' Ï1 est un coin de la grande maison où la
rie a repris, non point la vie factice, artifi-
cielle et frivole de la scène, mais une vie
réelle, active, pratique.
: La ville du Havre a créé au théâtre un
ptelier de couture. C’est une oeuvre sociale
fet d’aide mutuelle. Elle s’efforce par la
mise en jeu du travail producteur et rému-
néré, d’apporter un adoucissement aux mi-
sères du temps. Elle est une porte d’attente
«t d’espoir pour les détresses de tous âgés
ivenues demander secours.
— Ce que nous cherchons avant tout;
‘me ditM. Jennequin, adjoint, c’est, dans ia
jmesure de nos moyens, de porter intérêt et
"assistance à des activités féminines que la
guerre a laissées sans emploi, e’est faire
Renaître la confiance dans le coeur des
foyers désemparés...
'■ — Nous faisons de notre mieux pour y
arriver, ajoute M. Dubois, l'organisateur
fie ces ateliers.
La tâche n’a pas été mince. Bien des
mains se sont offertes qui ne savaient ma-
nier l’aiguille à souhait, mains de femmes
fit mains de fillettes. Il a fallu surveiller ua
apprentissage patient et minutieux, sérier
et grouper les aptitudes, de la « culotdère »
à la « petite main ».
Les machines à coudre étaient rares. On en
'a réquisitionné au Mont-de-Piélé. L’atelier
constitué, pourvu de son personnel diri-
geant, répartiteur et surveillant de la be-
sogne, on est allé solliciter du travail : et
Tarméeen a donné.
• Elle a confié du drap tout coupé, prêt à
l’assemblage ; l’atelier a fait des-capotes et
fies pantalons, des uniformes pour nos sol-
dats.
Les demandés d’emploi toujours plus
pressantes, les commandes toujours plus
nombreuses ont fait compléter et étendre
la création première.
1 En outre de celui du Théâtre, un atelier
Analogue fonctionne dans les salons du
fer.and Cercle Républicain; rue de Paris,
tous deux basés sur le même principe d’or-
ganisation et de rétribution de salaires.
{ On peut dire que, dans la mesure des
prises créées par les circonstances, il n’est
|>as d’effort qui ne trouve sa -rétribution
et ne soit stimulé par le .bon zèle environ-
liant.
| Tout cela est de belle solidarité agis-
sante, ennoblie de fraternité touchan-
te, plus sensible aussi, semble-t-il, en
fces journées d inquiétudes et d’angoisses
Cù tous, tant que nous sommes, de près ou
fie loin, unis par nas coeurs et par nos pen-
sées, demeurons exposés à recevoir la va-
Îue de mort que le crime, d’uu empereur a
lit déferler par. -le monde.’
• *
* *
h. .Une lueur anémique tombe -de Tam-
poule nichée dans un coin de l’escalier,
«pille éclaire vaguement les marches de
tierce. Une porte tourne; «t, tout à coup,
près la demi-nuit de la sage, e’est le jour
(éclatant du dehors -qui -entre-à fiots-par le
«vitrage.
. Le river du publie fitGrand-Théâtre est
tlsYêr.tfuiïc grande salle de eeatitre, Des
tables s’alignent anour desquelles s’étend la
petite armée des ouvrières. Là-bas, le long
des baies, les machines à coudre ronron-
nent, rangées en un front qui trépide dans
la danse fiévreuse des aiguilles.
Au centre, le chef d’atelfer. Il reçoit les
pièces préalablement découpées. à la scie, à
l’atelier du régiment, Et la répartition du
travail s’opère.
La « spécialisation » de la tâche demeu-
rant le meilleur facteur du bon rendement,
il y a des ouvrières qui ne font que le mon-
tage, que la boutonnière, que le col, que la
patte de ceinturon, que la pose des bou-
tons. Le vêtement passe ainsi de mains en
mains, d’une extrémité de la salle A l’au-
tre, où il arrive, par transformations suc-
cessives, terminé, prêt à recevoir le coup
de fer fignolard et libérateur...
Dans la chanson des maehines à
coudre, dans le -caquetage des « petites
mains », s’élaborent les beaux costumes
neufs, les capotes en drap “ tricolore ” qui
habilleront les enthousiasmes et les espoirs
de nos enfants de la classe 1913.
C’est un acte de Louise vu de l’autre côté
de la salle et de l’autre côté de la lor-
gnette.
Le galant troubadour qui chantait dans
la coulisse et chavirait les coeurs d’aman-
tes, n’est plus de la fête, ou plus exacte-
ment, il s’est lui-même transformé et ses
idées sont ailleurs : il porte aujourd’hui le
sac et passe tout droit sous les fenêtres, en
jouant du clairon..,..
*s
* *
Comme j’allais me retirer, et que l'encom-
brement de la salle avait pas mal boule-
versé les choses,dans un coin, je heurtai un
socle.
La gloire marmoréenne de Casimir-Dela-
vigne planait toujours au-dessus des huma-
nités obscures ; mais une main familière
l’avait touchée.
Là tête du poète, improvisée porte-man-
teau, disparaissait presque entière sous un
pardessus. Je sentis plus que jamais par cet
affublement,en d’autres joqrs irrespectueux,
que l’heure n’est point aux subtilités élé-
gantes de l’Art ni à l’harmonie savante des
mots.
ALBERT-HERRENSGHMIDT.
1 Sillîfillll DE LILLE
Une personne qui se trouvait à Lille pen-
dant le bombardement et l’occapation de
cette ville par les Allemands a fourni au
Times d’intéressants détails.
Après avoir décrit la pluie des obus et le
combat dans les rues, elle s’exprime en ees
termes :
Les deux pins importants monuments de
Lille ne furent pas atteints par les obus,mais
la splendide Galerie d’Ari; a beaucoup souf-
fert. De larges trous ont été faits au toit par
les projectiles, mais je ne pourrais dire quel
dommage à été causé aux tableaux.
Dans la rue de la Gare deux importants
groupes d’immeubles ont été détruits et de
la place de la République à la gare du Nord,
les maisons ont été terriblement endomma-
gées. Le Café Jean bien connu des voyageurs
qui ont visité Lille est en ruines.
Durant l’occnpition, les allemands se sont
conduits correctement; les soldats étaient
d’ailleurs soumis à une forte et rigoureuse
discipline : ce sont eux-mêmes qui intervin-
rent pour combattre les incendies. Do nom-
breuses maisons furent dynamitées pour
empêcher la propagation desflammes.
La police lilloise était chargea d’assurer le
service de la sécurité publique bieu que de
nombreux soldats fassent mis en service
dans tontes les rues.
La population était obligée de rester dans
les maisons, fenêtres fermées. Tout civil
trouvé en possession d’armes était fusillé.
Les propriétaires d’automobiles étaient con-
traints d’en faire la déclaration aux autori-
tés. Lus Allemands, d’ailleurs, mirent la
main sur tous les moyens do transport ;
elievaux, voitures et bicyclettes.
Peu de civils ont souffert du bombarde-
ment.
J’ai vu un homme mort dans la rue. Par-
mi les défenseurs,*se trouvait un petit dé-
tachement de troupes algériennes. Pondant
qu’il défendait les portes de la ville, un sol-
dat tomba fie son cheval au moment de la
charge dans la rue de la Gare ; à ce moment,
un obus l’atteignit et j’ai vu l’homme et
treize chevaux tués sur le coup.
Une semaine après l’occupation allemande,
je suis resté dans la ville. J'ai vu 23 gros ca-
nons apportés à Lille. Les troupes aileman-;
des paraissaient fraîches et bien équipées.
Mes papiers ayant été examinés par les
autorités militaires allemandes, qui se décla-
rèrent satisfaites de ma neutralité, j’ai pu
quitter Lille et venir en Angleterre par la
Belgique. Au cours de ce voyage, dans la
plupart des villes traversées, j’ai constaté
que les Allemands avaient effectué des "re-
tranchements etnppliqué des systèmes de
défense consistant surtout en fils de fer bar-
belés.
DANS LA MER NOIRE
Petrograd, 22 novembre.
Le littoral russe de la mer Noire a été mi-
né sur une distance de vingt lieues.
L’entrée et la sortie des navires des ports
de l’embouchure du Dnieper et du détroit
de Kertch sont absolument interdites la
nuit.
Petrograd, 23 novembre.
Un communiqué de l’état-major de l’ar-
mée du Caucase, on date du 20 novembre,
dit que ie croiseur TIamidieh, accompagné de
torpilleurs, apparut devant Tuapsse et ou-
vrit le feu sur la ville, lançant 123 projec-
tiles.
L’artilicrie russe riposta par un feu très
efficace.
Les Russes eurent trois soldats et une
seeur de charité blessés et un habitant tué.
Les dégâts sent insignifiants.
LA GUERRE
[texte manquant]
COMMUNIQUES OFFICIELS
Paris, 22 Novembre, 17 heures.
La journée d’hier a été calme sur la
totalité du front.
En Belgique comme dans la région
d’Arras à l’Oise, il n’y eut que des ca-,
nonnades intermittentes.
Notre artillerie se montre en géné-
ral plus active que l’artillerie, enne-
xnie.
Nos batteries réussirent à démolir
plusieurs lignes de tranchées alle-
mandes. ;
L’ennemi travaille, d’ailleurs, à en
construire de nouvelles en arrière.
La journée a été également calme
sur l’Aisne, en Champagne, en Ar-
gonne, sur les Hauts de Meuse et dans
les Vosges.
Paris, 23 heures.
Dans la journée du 22 novembre,
violent bombardement d’Ypres, qui dé-
truisit les Halles et l’Hôtel de Ville.
Assez forte canonnade dans la ré-
gion de Boissons et de Vailly.
Sur le reste du front, rien à signaler.
Official Report of the
Freneh Govemment
Nov. 22- S p. m.
lt was relatively quiet yesterday on the
whole front.
In Belgium as well as in the région from
Arras to the Oise, intermitting eaanonading
took place only.
Our artillery shorôs more aetivity than
thefoe’s.
Our batteries succeeded in demolishing
several lines of the foe’s trenches ; the
enemyis busy to construct new ones fur-
ther behind.
In the Aisne, Champagne, Argonne,
Meuse and the Vosges, it was also quiet
yesterday.
COMMUNIQUÉ ALLEMAND
[Nous ne publions les communiqués allemands
qu’à titre documentaire et sous toutes réserves —
nos letteurs les redresseront d’eux-mêmes à l’aide
des communiqués authentiques qui précèdent.)
BerIin/20 novembre.
Dans les Flandres et dans le Nord de la
France, il n’y a pas de changement appré-
ciable dans ia situation.
Les .plaies abondantes et la neige qui im-
biba le terrain puis gela partiellement, ont
rendu nos mouvements très difficiles.
üie attaque française à Gombres, an Sud-
Est de Verdun a été repoussée.
La situation snr ia frontière de la Prusse
orientale reste sans modification,
A l'Est de la plaine des lacs; Mazurie, les
Russes oatpris un fort inoccupé dans lequel
ils ont trouvé un vieux canon. La retraite de
l'ennemi sur Lipno et Mlava continue.
Notre attaque progresse au Sud de Plock.
Aucun résultat n’a été obtenu dans ie
combat autour de Lodz et à l’Est de Caes-
tochowa.
LA SESSION PARLWAïRE'
Bordeaux,;S2 novembre.
Le Temps estime que leretour du Gouverne-
ment à Paris, pour la session parlementaire,’'
au milieu de décembre, serait prématuré. L’en-
nemi occupant encore tout ou partie de dix
départements, il ne faut pas que ce retour
puisse refaire de Paris le point de mire des
armées allemandes encore insuffisamment
éloignées. Les Chambres peuvent siéger à
Paris et ies ministres, pins particulièrement
appelés à collaborer avec elles pour le vote
des' projets de lois reconnus nécessaires,peu-
vent venir se présenter devant elles pour,
quelques jours Après, reprendre leur place
à Bordeaux, auprès de M. Poincaré.
La besogne parlementaire sera en effet de
très courte durée. Les prrlamentaires n’au-
ront vraisemblablement qu’à émettre des
votes et, si le Gouvernement doit fournir des
explications, ce ne sera pas on séance pnbli-
que, mais au cours dés réunions des Com-
missions du bndgët des deux assemblées, en
raison de leur caractère confidentiel.
LE SERVICE MÉDICAL DES ARMÉES
Bordeaux, 22 novembre.
M. Poincaré a signé un décret stipulant
que les docteurs en médecine, les officiers
de santé et les étudiants possédant au moins
douze inscriptions, pourront, durant la
guerre, être nommés médecins auxiliaires
sans l’accomplissement d’une année de ser-
vice et sans examen d’aptitude.
En rîionnenr de la
Heine des Belges
Paris, 22 npvembgs.
Une foule considérable a défilé, pendant
toute la journée, dans la salle de l’GEuvra
beige du Travail où, à l’occasion de la Fête
de la reine Elisabeth de Belgique; une tou-
chante manifestation de sympathie avait été
organisée.
Le publie était invité à saluer le buste de
la souveraine, à déposer des fleurs et à si-
gner un livre d’hommsges.
L’élan fut unanime et, à la fin de la jour-
née, la salle tout entière était remplie de su-
perbes gerbes de fleurs blanches et de pal-
mes.
Le livre d’hommages était couvert de si-
gnatures où tontes les classes de la société'
se trouvaient représentées.
Il sera envoyé à la reine comme un témoi-
gnage du respect et de l’admiration que sa
noble attitude inspire aux Parisiens.
«St——»
Le Spiral ie ia Presse Etrangère
ÈÉ HOMMAGE A UA FRANCE
Paris, 22 novembre, j
Le Syndicat de !a Presse étrangère a adres-
sé à M. Deîcassê un télégramme exprimant
les sentiments d’affection de ses membres
pour la France et leurs voeux pour le succès
des armes françaises, c’est-à-dire le triom-
phe de la liberté des nations. Le Syndicat
proteste contre la violation de la neutralité
de la Belgique et i’invasioa de la France, dé-
clarant rompre sur le terrain international
tout lien professionnel et toute relation avec
les journaux qui essaient de justifier les
actes des ennemis de la Fracoe.
Retour Mités Omis Français
Genève, 22 novembre.
Deux convois d’internés civils français ont
traversé la Suisse, vendredi. Le second com-
prenait une troupe fraâçaise-dë comédie qui
était allée au 'Luxembourg pour y donner
une représentation au bénéfice de la Croix-
Roogo française que l’autorité militaire alle-
mande interdit en demandant aux comé-
diens de jouer au bénéfice de ia Croix-Rouge
allemande. Sur le refus des comédiens,ceux-
ci tarent internés
Pillards allemands condamnés
Paris, 21 novembre.
Le procès des ambulanciers allemands in-
culpés de pillages et de violences à Lizy-sur-
Ourcq s’est terminé aujourd’hui. Le Conseil
a condamné un médecin à deux ans de
prison, sept médecins ou infirmiers à un an,
et un capitaine à six mois de la même
peine.
U QUESTION DES BETTERAVES
Bordeaux, 21 novembre.
Le ministre de l’agriculture, à la suite des
constatations qu’il avait été amené à faire
dans son voyage agricole à diverses régions
de, ia France, et notamment dans le Nord,
avait convoqué mardi dernier à une réuuion
au ministère de l’agriculture les fabricants
de sucre et les cultivateurs de betteraves in-
dustrielles.
A la suite de ïa discussion dans laquelle
ont été envisagées les coadiiions si spécial* s
de la campagne en cours, il a été admis par
les intéressés que le cours du sucre devait
servir de base a l'établissement du prix d’a-
chat des betteraves ; et, précisant davantage
les éléments de ce prix tout en laissant pour
des situations variables une marge néces-
saire, la réunion a adopté : 1« le prix de base
de 20 ou 23 francs ia toone de betteraves à 7
degrés de densité, avec majoration habituelle
pour les dixièmes en sus ; 2» ie partage, par
parties égales de l’augmentation des prix du
sucre de 38 II 38 francs.
Offre du Kaiser repoussée
Petrograd, 21 novembre
Le kaiser a offert de remplacer la couron-
ne en or de la célèbre statue de la vierge de
Czenstochova, qui a été volée par les Alle-
mands, mais cette offre a été-repoussée par
les-Polonais comme un « blasphème venant
de menteurs, incendiaires, violateurs et
meurtriers de femmes et d’enfants.»
Prince allemand blessé
Amsterdam, 22 novembre.
(Source berlinoise)
Victime d’un accident d’automobile, le
prince Auguste-Guillaume aurait eu une
fracture à ia mâchoire et une autre à la
partie inférieure de la cuisse.
—
Deux Généraux allenmtis se saierdent
Petrograd, 20 novembre. '
On télégraphie de Varsovie que les géné-
raux von Bredn et von Bromel se sont suici-
dés à Tschenstokhovo, à la-suite de leur dé-
faite ed Pologne.
L’ACTION RUSSE
Petrograd, 22 novembre (officiel).
Les combats continuent sur îës fronts de
la Vistule, de la Wartha et de Czenstochowa-
Cracovie.
Naug avons continué à progresser en Gali-
cie occidentale.
En Prusse orientale, on ne signale qne de
courtes fusillades.
La chute imminente de Przemysl
Petrograd, 20 novembre.
On annonce que le blocus de Przemysl,
qui a été repris par les Russes avec -une
grande énergie, touche au dénouement. Les
Russes se ssnt emparés des tranchées qui en-
tourent la place forte, où ils ont trouvé de
nombreuses‘fosses comblées avec de ta chaux,
ce qui confirme les dires des prisonniers que
le choléra était à Przemysl, dont la garnison
est décimée-
Le “ Livra Bleu ” Serbe
Du Livre Bleu publié par le gouvernement serbe
sur les rapports austro-serbes, il est intéressant
de relever ce qui suit :
On sait que la déclaration de guerre par
l’Autriche à la Serbie a été précédée d’une
violente campagne de presse austro-hon-
groise et allemande contre la Serbie ; cette
campagne de presse ét it dirigée p T la sec-
tion de la presse an Baflplatz : mais l’Alle-
magne ne se laissait pas non plus distancer
par son alliée.
Dans sa lettre du 14 juillet adressée à M.
Pachitch, le ministre de Serbie à Vienne. M.
Jovanovitch, écrivait : « J’apnrends de sour-
ce sûre- que les cercles officiels allemands
d’ici sont justement ceux qui nous sont le
plus hostiles ; ces cercles allemands ont une
influence sur la presse viennoise, oarticn fiè-
rement sur la Nouvelle Pressé Libre. Cette
feuille, antiserbe à outrance, écrit : « Nous
devons régler notre affaire avec la Serbie par
la guerre ; de façon paisible, ce n’est pies
possible ; et puisque nous devons recourir
à ia guerre plus tard, il faut en finir tout de
suite. »
Dans le rapport que plus tard, le 15 août,
M. Jovanovitch adresse à M. Paohitcb, il est
dit : « Vers la fia de juin, dans les hauts cer-
cles financiers, on désigna le règlement de
comptes avec la Serbie comme la seule issue
de ia crise économique financière et géné-
rale dans laquelle est entrée l’Autriche-Hon-
grie après l’annexion de la Bosnie-IIr-rxégo-
vine. En même temps, ou donna confi len-
tieiiement l’ordre de retirer l’or de la circu-
lation ; pendant que le mouvement des
troupes se poursuivait activement et que les
voyages des chefs militaires se succédaient ;
on cessa au Ballpla z les réceptions diploma-
tiques qui avaient fieu chaque semaine ; on
cessa aussi de parler de l’attentat de Sara-
jevo, en s'efforçant de dissiper l’anxiété au
-sujet, d'une action éventuelle contre la Ser-
bie. Cependant, au ministère, on préparait
la note qui devait servir d’acte d'eccnsafiou
contre la Serbie ; l’élaboration en était con-
fiée au comte Forgateh, ancien ministre
d’Autriche à Belgrade • mais ia conviction
générale était qne l’ambassadeur d’AIIema-
gae à Vienne, le comte Tchirsbky de Bègea-
dorff, était tenu jusqu’aux menus détails au
courant de ce travail.
» Et j’ai des raisons, ajoute M. Jovanovitch,
de croire qu’il y a même collaboré. Lorsque
-la note tut publiée, tous ont été surpris, si-
non consternés. Le jour où la note fut remi-
se à Belgrade, l'ambassadeur de France eut
une conversation au sujet de cette noteavec
le premier directeur des affaires étrangères,
le comte Berchtold étant à Lschl. Le baron
Kamis n’apas diïà M. Du mairie que cette
note serait remise le soir même, à Belgrade
et qu’elle serait publiée le lendemain.
Des conversations avec les représentants
des puissances de la Triple Entente, j’ai ap-
appris qne i’impmsion reçue par eux au
cours de leurs conversations au Ballplatz
était que l’Autriche espérait que le conflit
austro-serbe resterait localisé ; le comte
Tchirshky disait ouvertement que ia Russie
ne bougerait pas. Quant à l’Allemagne, le
comte Tchirsbky ajoutait qu'en aidant l’Au-
triche elle avait pleine conscience de ce
qu’elle faisait. Cette attitude du comte
Tchirshky finit par faire voir à tout le monde
que l'Allemagne voulait provoquer la guerre,
bien qu’on assurât, dans les cercles diplo-
matiques berlinois qne le comte Tchirshky
dépassait ies instructions qui lui avaient été
données. »
La Défense de Cracovie
Petrograd, 21 novembre.
Le Messager de l’Armée dit qae les prépara-
tifs des Autrichiens en vue de la défense de
Cracovie se font sur une vaste échelle. Ja-
mais, dit-il, tant de troupes d’ariilierie de
gros calibre ont été concentrées dans une
place forte.
Les commandants autrichiens ont reçu
l’ordre d’empêchàr coûte que coûte fa prise
par les Russes de cette ville polonaise histo-
rique dont la chute serait en même temps ta
chute de l’empire austro-hongrois.
Les boticlies inutiles
Komé, 22 novembre.
Le gouverneur de Cracovie a invité, sous
peine de mort, tous les nécessiteux à quitter
immédiatement la ville.
Une cinquan taine de millerie Polonais ss
sont dispersés dans tontes les directions.
LE CHOLÉRA EN PRUSSE
Bâle, 22 novembre.
Gn signale en Prusse et eu Haute-Silésie
plusieurs cas de choléra dont deux mortels.
L’Esoadre aiiinie È Faolfips
•Sanliago-dè-Chili, 23 novembre.
Le vapeur Sacrammto, de San-Francisco,
est arrivé à Yalparaiso, amenant 32 matelots
du irois-mâts-barque français Valentine et
deux Chinois sauvés du Titania. Ces deux
Mii-meats forent coulés dans le Pacifique par
le croiseur Dresden.
Le Saiiramento a vendu des cargaisons de
charbon et de provisions aux navires;Scharn-
horst, Gneisencr«*et Numberg. I,e transborde-
ment s’effectua dans l’ile Juan-Fernandez.
Tons iès journaux commentent cette viola-
tion de la neutralité du Chili sous le couvert
du pfViilon américain.
Les autorités chiliennes notifièrent aux
matelots des navires allemands qu’ils ne
pourraient s’éloigner avant la fia de la
guerre.
Le voilier Valentine, dont il est question el-
dessus, est un grand bâtiment de 3.081 tonneaux,
appartenant à la maison A:-D. Bordes et fils, de
Paris, et ayant comme port d'attache Dunkerque.
Commandé par lé capitaine Guillon, B était parti
le 16 juillet de Dunkerque, pour Po-t-Talbot. Il
avait ensuite fait roule pour Yalparaiso.
Quant au Sacraménto, c’est un steamer alle-
mand.Il portait précédemment le nom d’Aleaean-
dria, mais au début de là guerre ses propriétaires
te firent changer de dénomination et de pavillon.
Lorsqu’il quitta San-Francisco le 13 octobre,Tes
autorites américaines l’arrêtèrent, et exigèrent des
explications sur son changement de dénomination
et la nature do don chargement. Oa constata alors
que le manifeste portait que la cargaison était
destinée au port de Yalparaiso, et le bâtiment fut
laissé libre de continuer son voyage. On voit
comment les autorités américaines ont été trom-
pées.
LES FAUTES
de la Stratégie Allemande
Le rédacteur militaire du Times fait une criti-
que pénétrante du haut commandement alle-
mand
La stratégie allemande a été malheureuse.
Elle n’a jamais été stable long temps et a
montré des signes de divergence dans les
avis. Si l’on excepte le plan initial de con-
centration contre la France préparée à loisir
pendant la paix, le commandement mili-
taire allemand n’a pas fait preuve d’habileté.
H n’a pas pu empêcher la déroute autri-
chienne et apr-ès trois mois et demi de guer-
re, il n’a pas remporté une seule victoire
décisive, sauf pourtant dans ses bulletins.
Le gros de ses troupes actives demeure ac-
croché aux alliés à l’Ouest, alors que les ia-
nombrab es armées russes sont massées
aux frontières orientales de l'Allemagne,
avec la volonté et les moyens de les fran-
chir.
• De Mollke — ie grand de Jfoltke — se se-
rait déjà replié snr le Rhin ; mais il ne faut
pas s’attendre à ce que le commandement
allemand actuel, qui obéit surtout à son or-
gueil militaire, prenne une pareille décision.
Il retournera sur le Rhin quand il y sera
obligé, mais pas avant. Il n’o;e évacuer la
Belgique, bien que des essaims de cosaques
bourdonnent déjà en Silésie.
Il considère ia B -Igique comme une ma-
gnifique conquête, et, alors qu’il est seul à
avoir une telle conception, il n’admettra ja-
mais, par une retraite, que toute sa stratégie
peut taire banqueroute.
Ainsi, eette longue ligne de plus de 30fl
kilomètres sera maintenue ët sur cet,im-
mense front à l’Ouest, l’Allemagne militaire
jettera ses meilleures et ensuite ses plus
mauvaises troupes jusqu’à ce qu’elles soient
épuisées.
Quand les gardes dePréobrajensky s’appro-
cheront de P jtsdam et que quelque hetmaa.
de cosaques traversera la porte de Brande-
bourg, les écoliers allemands et les hommes
'âgés du landsturm iront se briser contra les
lignes de granit des alliés de l’Ouest.
L’offensive ? Pourquoi la prendrions-nous'?
Les dispositions actuelles nous conviennent
fort bien. En effet, chaque nouveau corps
d’armée qui vieut d'Allemagne pour tenter
la chance dans les Flandres, c’est un corps
de moins que nous aurons à combattre aa
moment décisif. Notre tout dernier allié,
l’Orgueil allemand, est très fort ; et nous lui
devons beaucoup. Le prince R iprecht de
B ivière en est pour le momènt l’aide de
camp; à lai aussi nous devons de grands
remerciements.
L’Armée française est prête
pour une longue Campagne
Les autorités militaires fran çaisës ont récem-
ment accordé à un certain nombre de journalis-
tes étrangers la permission de se fendre au front.
L’un d’eux, M. Simms, correspondant de VUnited
Press, a envoyé'à son agence -un premier télé-
gramme reproduit par le Daily Ghroniols :
La France est résolue à_ faire la guerre
jnsqa'au bout. Tout indiqua qu’elle s’y est
préparée.Ce que j’ai vu et entendu me laisse'
Pimpression que la perspective d’une lon-
gue guerre n’a rien qui paisse effrayer la
République.
Après avoir causé avec des officiers et des
soldats .sur le front, j’ai acquis la confiance
que la situation des alliés est excellente.
L’optimisme est partout et ce qui m’a im-
pressionné ie plus, c’est l’absolue prépara-
tion du commandement et des forces en
campagne à continuer ie combat indéfini-
ment.
J’ai visité et Inspecté une station de ravi-
taillement d’où on veille à la nourriture de
80.000 soldats. Le système d’organisation est
parfait. Cette station ressemble davantage à
une institution permanente qu’à une orga-
nisation temporaire pour lës besoins d’nne
guerre. De grands hangars sont bondés de
provisions de première nécessité, farine,
blé, vin, etc... Des voies de garage voisines
sont garnies de wagons attendant d’êire dé-
chargés.
Les officiers français ont confiance que
leurs armées dureront plus que ies Alle-
mands, malgré le fait qne la Frapce a une
population inférieure en nombre. Ils le
croient parce que lo géuéral Joffre est pissé
maître en l’art de conserver ses troupes.
Dans les combats qui ont eu lieu jusqriici,
les pertes trançlises ont été infiniment infé-
rieures aux pertes allemandes.
L'attitude des troupes françaises est excel-
lente! Je n’ai pas rencontré un sent démora-
lisé. Durant les derniers quatre jours, j’ai
visité-plusieurs hôpitaux et j’ai causé avec
les blessés. Même tes plus dangereusement
atteints-souririent maigre leur douleur, et
me disaient leur impatience de retourner an
feu.
À .la station de ravitaillement, on m’a per-
mis d'examiner les livres d'n commandant.
Les chiffres m’ont prouvé que la France est
parfaitement prête à soutenir une campagne
prolongée.
L’Emprunt de Gusrrs anglais
Toronto, 21 novembre.
Les représentants de quatorze banques ca-
nadiennes ont eu aujourd’hui une conférén-
ce au cours de laquelle il a été décidé que
chaque banque souscrirait à l’emprunt de
guerre afin d’exprimer la ferme volonté de
fous les Canadiens d’aider à poursuivre la
guerre jusqu’à son issue heureuse,
Le montant des sommes ainsi souscrites
s’élèvera probablement à 20 millions de
dollars.
L’OPINION EN ITALIE
Paris, 23 novembre.
M. Nathan, ancien maire de Rome, a fai?
une conférence, au théâtre Costanzi, deiartl
urie nombreuse assistance.
Parlant d’une intervention de l'Italie, dam
la guerre actuelle, en laveur de ïa Triple En-
tente, l’orateur opposa, dans mi frappant
parallèle, les trois empires que l’esprit (i’an-
toritarîstne pervertit, savoir : l’A'lemagëe,
l’Autriche et la Turquie, à toutes les puissan-
ces luttant actuellement héroïquement pour
le triomphe de la liberté.
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