Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-11-06
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 novembre 1914 06 novembre 1914
Description : 1914/11/06 (A34,N12143). 1914/11/06 (A34,N12143).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172304v
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
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Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
REDACTEUR EN CHEF
J.-J. CASPAR -JORDAN
Téléphone l 1 i.»o
Secrétaire Général : TH. VALLÉE
Rédaction, 35, rue Fontenelle - Tél. 7.60
ANNONCES
AU HAVRE BUREAU DU JOURNAL, 112, bout* de Strasoourg.
( L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A PARIS j seule chargée de recevoir les Annonces pour
( le Journal.
L» PETIT HA VUE est désigné pour les Annonças judiciaires et légales
 30 SM IM Elifl ENTS JTBOIS MOIS: SIX MOIS C.N A*
Le Havre, la Seine-Inférieure, l'Eure J * ’£• -
l’Oise et la Somme f ) ^ O Fr. fl © Fr.
Autres DéDartements 1 <; g. 1 * « v>; -»-» ,
Onion Postale ...Ixo » !so Fr. 1 4LO *
On s'abonne également, SANS TRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de Francs
LE TÉLÉGRAMME
DU GÉNÉRAL JOFFRE
Le général J offre n'est point ba-
vard, c’est le moindre de ses défauts ;
les communiqués qu'il inspire nous
mettent plutôt à l’épreuve par-leur
collision ; souvent nous voudrions lui
crier fi plus de détails ! » et parjois
nous lili-''Reprochons de nous laisser
apprendre ffail les journaux anglais
les brillants faitst’armes de nos sol-
dats. ■ SjÊyp
Chaque parole qui tonibt> de sa bou-
che mérite donc d'être recueillie avec
soin et méditée avec profit ; pour qïz’il
parle il Jaut que cela vaille vraiment'
la peine. Nous ne trouverons pas dans
ses rares discours des morceaux d’élo-
quence comme sait en produire le gé-
néralissime allemand, Guillaume II;
celui-ci est passé maître dans l’art de
rédiger un ordre du jour à l armée
en jurme de sermon ou les invocations
les plus, mystiques exaltent l’ambition
la plus monstrueuse.
Naguère il se donnait comme l’élu
dé Dieu auquel rien ne devait résister;
tout récemment encore, il promet-
tait à ses troupes « un nouvel empire
plus magnifique qu’aucun de ceux
que le monde ait pu rêver, un nouvel
empire romain-allemand qui gouver-
nera le monde et le rendra heu-
reux. » Le général Joffre. dans son
télégramme au grand-duc Nicolas,
est plus modeste ; il dit simplement
que « par une action énergique et in-
cessante, nous cherchons à détruire les
Jorces ennemies qui nous sont oppo-
sées ». Ce n’est pas de la littérature,
cela ; mais nous y trouvons toute la
saveur du langage précis d'un homme
de guerre et d’un homme sain d’es-
prit.
On sait que le général Joffre a té-
légraphié au grand-duc Nicolas pour
le féliciter de la marche triomphante
, des armées russes au cours de ces
quinze derniers jours ; voilà déjà de
quoi nous réjouir grandement. Les
Allemands qui s’étaient avancés jus-
que vers Varsovie, ont été rejetés « a
proximité de la frontière » et les voilà
réduits à se tenir sur la déjensive;
c’est un double succès pour les alliés,
d’abord parce que l’ennemi est affai-
bli sur son front oriental, et ensuite
parce que, de ce fait, il ne peut en-
voyer des renforts sur son front occi-
dental, c’est-à-dire chez nous et en
Belgique. Déjà plusieurs fois, lorsque
la situation lui paraissait à son avan-
tage en Pologne, il s’était dégarni de
ce côté pour nous attaquer avec des
forces plus considérables ; maintenant
Ce jeu, que lui Jacilitaient ses mul-
tiples voies ferrées en ligne directe,
ne lui sera plus possible, et cela ni
dans un sens ni dans l’autre d’ailleurs.
En effet, la situation actuelle de
l’ennemi est d’autant plus sérieuse
qu’il ne peut pas non plus dégarnir
son front occidental pour faire un
plus gros effort contre la Russie ; le
général Joffre, en félicitant le grand-
duc Nicolas, lui a annoncé que « de
notre côté nous avons arrêté les fu-
rieuses attaques allemandes » ; de
notre côté aussi les Allemands n’ont
donc qu’à bien se tenir.
« Notre situation est bonne», ajoute
le généralissime, et ces quatre mots
dans sa bouche suffisent pour nous
donner une grande quiétude et une
nouvelle et ample provision de pa-
tience. D’ailleurs, nous serons peut-
être récompensés de notre confiance
plus tôt que nous ne le pensions ; il y
a dans le télégramme de Joffre un
dernier mot que nous devons signaler
et qui a sans doute frappé tous ceux
qui l’ont lu, c’est le mot « bientôt » ;
« nos efforts combinés, dit-il au chef
de l’armée russe, amèneront bientôt,
j’espère, le succès final ».
Tel que nous connaissons notre gé-
néralissime, il n’a pas dû écrire ce
mot sans en mesurer toute la portée ;
sans doute l’« avenir n'est à person-
ne » et il nous en voudrait de donner
à sa parole l’infaillibilité d’une pro-
phétie, mais nous avons certainement
le droit d'y voir l’indice d’une situa-
tion si favorable qu’il n’est pas chimé-
rique d‘Envisager la fin de nos maux.
CASPAR-JORDAN.
LE liMSTERE ITALIEN
Rome, B novembre.
Lu Cabinet est ainsi constitué :
MM. Salandra, president dn Conseil, mi-
nistre de l'Interieur ; Sonnino, Affaires étran-
gères ; Martini, Colonies ; Orlando, Justice ;
Carcano, Trésor ; Cando, Finances ; Ciufelli,
Travaux publics ; Grippo, Instruction pu-
blique ; Cavaso o, Agriculture ; General Ju-
peili, Guerre ; Amiral Viaie, Marine ; Riccio,
Postes et Télégraphes.
Les ministres ont prêté serment hier soir
& six heures.
les Troupes indiennes en action
Bordeaux, B novembre.
, L’ambassade d’Angleterre a communiqué
que les liQupes indiennes ont commencé à
participer aux opéiatioasdu général French.
ü 111 mi LES FU w
La Bataille d’Ypres
L’effort désespéré ds l’ennemi pour pren-
dre Ypres a échoué. Les alliés tiennent tou-
jours la ville. L’infauterie allemande a été
repoussée vers l’Est : l’artillerie est entrée
de nouveau en action. Et les obus tombaient
non loin de la pittoresque et charmante
cité.
Telle était la position le 2 novembre.
Samedi et dimanche, quand la situation fut
critique, des milliers d’habitants avaient
quitte la ville, soit par la route, soit par le
chemin de fer. Il n’est pas encore sûr pour
eux de prendre le chemin du rétour. L’en-
nemi a été repoussé, mais il n’est pas encore
crasé définitivement. Les petits postes des
deux armées adverses sont presque distants
,1’un de i’autre d’an jet de pierre. Nos senti-
nén^s peuvent entendre te gramophone et
leschyuts des soldats allemands dans les
tranchtëesX^
Le champ de. bataille est couvert de ca-
davres allemands^. Dans leur avance, les
troupes alliées furerit'îHîligées de sauter par
dessus ces corps amoncelé!?,
La London Scottish, une formation territo-
riale très populaire parmi nos amisâjidais.a
pris une part active â la bataille de Mêssjnes
et s’est distinguée notamment par nne char-
ge héroïque. Elle dut payer d8 beaucoup de
sang cette page glorieuse ; mais, aux der-
nières nouvelles, ses pertes ne sont point
aussi élevées qu’on le supposait tout d’a-
hord.
L'ennemi s’était précipité en masses sur
lea Ecossais, assaillant les blessés à coups de
baïonnette. Us supportèrent courageusement
le choc, chargèrent à leur tour avec une ar-
deur superbe et entassèrent des cadavres
allemands sur les corps de leurs infortunés
camarades.
Les Allemands chasgent d’objectif
La cessation à peu près complète du com-
bat sur le front belge Nord est due à l’ex-
tension de l’inondatirn de l’Yser, inondation
naturelle et artificielle qui servit à merveille
l’action de l'armee beige.
Toute la contrée, en cette région, est sil-
lonnée de canaux et de « chemins d’eau ».
Les soldMs du génie beige n’ont pas eu
grosse difficulté a la transformer en un im-
mense Jac. Les Allemands ont déguerpi de-
vant cot adversaire inattenda, an point que
t’on disait, ces jours-ci, que Nieuport avait
été évacué.
Arrêtes le long de i'Yser dans leur marche
sur Calais, les ALemands n’ont p \s perdu
de vne l’objectif qu’ils s'étaient, fixe.
Mais il se peut qu’ils l’aient changé pour
Boulogne. . ...
Boulogne, ville ouverte, serait pour eux
d’une milice utilité, dit le Times. Ils n’en
cherchent pas moins plus que jimais à rom-
pre nos lignes, et c’est sur ie canal de la
Bassée que continue ie combat.
Les alliés dans les Flandres s’occupent,
pour le moment, à s’assurer de solides re-
tranchements. Us n’ont pas encore essayé
de reprendre Roulers, mais se sont mainte-
nus dans leurs tranchées qu’ils ont puissam-
ment fortifiées.
Le bombardement de Famés
Deux gros canons allemands ont été placés
dimanche dans les environs deRamscapelle.
Iis ont bombardé Fumes pendant trois
heures environ, causant des dommages
considérables.
La seconde ligne de retraite projetée
Les journalistes hollandais éprouvent des
difficultés croissantes à se rendre en Bel-
gique. Ils passent par Sluis et vont à travers
champs ; mais les allemands veillent pins
que jamais. Seules les religieuses qui ac-
compagnent des enfants venant des dunes
de l’Ouest sont autorisées à pours uivre
I nr voyage en Hollande. Tous les passe-
ports sont exigés.
Oa sait cependant que les Allemands ont
envoyé des renforts importants de Zeebrug-
ge à Dudzeele (7 kilomètres de Bruges) avec
de l’artillerie lourde et un certain nombre
de canons de campagne.
Ils ontaussi tracé une seconde ligne pour
le cas où la retraite deviendrait nécessaire.
Uù millier de marins et de fusiliers sont à
Dudzsele. Des aéroplanes patrouillent vers
le Sud et de nombreux blessés sont amenés
à Bruges.
Continuellement, quoique très lentement,
les Allemands battent en retraite entre
Dixmude et Ostende, qui, en dipit des
bruits mis èn circulation, reste encore aux
mains de l’ennemi.
La position de celni-ci sur la côte semble,
cependant moins favorable, bien qu'il se
soit renforcé largement entre Ostende et
Kaccke. Les troupes allemandes sont toujours
en alerte, logées dans les villages, et mises
en vigilance contre les espions.
Le combat de ces jours derniers se pour-
suit favorablement pour les alliés, sur la
ligne Dixmude-Nienport.
La Situation à Dixmude
La satisfaction des officiers allemands au
sujet de la position prise il y à une semaine
par leurs troupes entre Dixmude et la côte a
été de courte durée.
Leur succès temporaire à Dixmude fut
suivi par la victoire des alliés qui les en
chassa plus rapidement qu’ils n’étaient ve-
nus.
Depuis le 27 octobre, les alliés occupent
Dixmude, mieux que jamais.
Les Allemauds la prirent trois fois et en
furent prestement refoulés.
Jusqu’au 30, les Allemands rentrant du
front étaient fermement convaincus qne
Dixmude était toujours entre leurs mains et
que iears avant-gardes poursuivaient les
alliés en France. Us étaient amenés à le
croire par ce fait que depuis le 27, au soir,
l’artillerie ne combattait plus ; mais les alliés
ne restaient pas pour cela inactifs.
Le 28, ils inondaient la région de l’Yser à
l’endroit où l’ennemi avait forcé un passage
entre Dixmude et Nieuport, Puis iis opé-
raient à quelques kilomètres d Ostende, et
aju-dessus de Dixmude, à L*ke. Les canons
de mariae anglais ont participé de nouveau
au combat depuis vendredi matin; deux de
leurs terribles obus ont causé des domma-
ges sur plusieurs points d’Ostende.
Le combat s'est poursuivi violent, dans la
région boisée ie long dn chemin de fer entre
Ypres et Roulers où les allemands se sont
protégés par des travaux de campagne et des
arbres abattus.
Des trains armés venant d'Ypres ont atta-
qué ces parapets.
LA GUERRE
[texte manquant]
COMMUNIQUÉS OFFICIELS
Paris, 5 novembre, 15 heures.
A notre Gauclie
Les alliés ont progressé légèrement
à l’Est de Nieuport et sur la rive droite
de l’Yser.
De Dixmude à la Lys, les attaques
allemandes se sont renouvelées hier,
mais, sur nombre de points, avec une
moindre énergie, surtout pour l’action
de l’infanterie.
Les lignes franco anglaises ne re-
culèrent nulle part et nos troupes,
passant à l’offensive, progressèrent
notablement dans plusieurs directions.
Entre la région de La Bassée et la
Somme, la journée fut surtout mar-
quée par une lutte d’artillerie.
Dans la région de Roye, nous avons
maintenu notre occupation de Ques-
noy-en-Santerre et nous nous som-
mes avancés sensiblement vers An-
drechy.
Au Centre
Entre l’Oise efcjrja Moselle, on si-
gnale une recrudescence de l’activité
des Allemands, manifestée surtout
par un feu d’artillerie.
Les attaques ennemies sur divers
points de notre iront furent finalement
repoussées, parfois après un combat
qui dura toute la journée.
A l’aile droite
Rien de nouveau.
Paris 23 heures.
Aucun renseignement nouveau sur
les opérations au Nord de la Lys.
Une violente offensive Allemande a
eu lieu au Nord d’Arras où quelques
tranchées d’abord perdues ont été re-
prises.
En Argonne. dans la région de Saint-
Hubert, toutes les attaques alleman-
des ont été repoussées.
Sur le reste du front rien à signaler.
COMMUNIQUÉ BELGE
Le Havre, 4 novembre, 22 h. 15.
Les détachements avancés poussés vers
Lombartzyde et vers la digue de l’Yser, en-
tre Saint-Georges et Tervaete, n’ont pu
progresser que lentement, à cause des
difficultés de Ja marche résultant de l’inon-
1 dation et à cause du feu de l’infanterie et
des mitrailleuses ennemies.
Entre Saint-Georges et Tervaete, l'en-
jiemi occupe encore Saint-Georges et les
termes situées sur la rive gauche de l’Yser,
aux environs de Schoorbakke et de Ter.
vaeté. g
Out-Stuyveke,nskerke a été réoccupé par
les fusiliers marins*
Au Sud de Dixmude, les Allemands ont
attaqué, mardi soir, daifè la direction du
pont de Bixschoote ; ils oni échoué dans
leur tentative et ont été obligés, mercredi,
d’évacuer complètement le village <3À‘ Bixs-
choote, au Sud de Zandvoorde. L’aôS^r-
saire a continué aujourd’hui à attaquer
avec la plus grande violence le front des
alliés, entre flollebeke et Messines. Toutes
les positions ont été maintenues et en cer-
tains points on a même progressé, notam-
ment vers Hollebeke et Wytschaete. Dans
la région d’Armentières et au Sud de la
Lys, la situation ne s’est pas modifiée.
COMMUNIQUÉ ALLEMAND
(NOMS ne publions les communiqués allemands
qu’à titre documentaire et sous toutes réserves —
nos lecteurs les redresseront d’eux-mêmes à l’aide
d s communiqués français et belges).
Brl n, 3 novembre.
Nos opérations au Sad de Nieuport sont
rendues impossibles pir suite des inondi-
lions, l’eau atteint sue certaines parties la
hauteur d’un homme. Nos trompes ont battu
en retraite dans les régions submergées sans
perte aucune ni en hommes, chevapx, ca-
nons ni en voitures.
Nos attaques sur Ypres ont progressé. Plus
de 3,300 prisonniers ont été faits, principale-
.msntdes Anglais, et plusieurs mitrailleuses
ont été prise» dam ta régi'jn de Roye. Un
violent combat a eu lieu, causant de grosses
pertes des deux côtés sans affecter la si-
tuation.
Nous avons perdu dans un cpmbat autour
d;un village quelques centaines d'hommes;
qui furent faits prisonniers, et deux ca-
nons.
N is attaques sur l’Aisne ont eu de bons
résultats.
A l’Est de Ver ion, nos troupes ont pris, en
dépit d’une très vive résistance de l’ennemi,
plusieurs positions fortement fortifiées et
pris aussi Ch.tvoune et Soupir.
Plus de 1,000 Français ont été faits prison-
niers ; trois canons et quatre mitrailleuses
ont été pris.
Les Françiis ont installé nne batterie
lourde sur le côté de 1a cathédrale de Sois-
sons ; d’autre part, des postes d’observation
ont été constatés sur la tonr de la cathédrale.
L’effet de ceite tac «que est évident.
Entre Verdun et Tool, plusieurs attaques
françdses furent repoussées, quelques sol-
dats français portaient d s casques et des
manteaux allemands. D.ns les Vosges et
dans les environs de Maikirch, une attaqué
française a été repoussée et nos troupes ont
commencé une contre-attaque de ce cô o.
Les opérations dans l’Est se développant
encore bien qu’il n’y ait eu aucun engage-
dans la journée d’hier.
CMp Help
La Situation à Bruxelles
On nous écrit :
Des journaux ont publié au sujet de la situa-
tion à Bruxelles sous l’occupation allemande
des informations qui ont dû alarmer les nom-
breux Belges qui habitent actuellement à l’é-
tranger et qui ont laissé là-bas des parents et
des amis, '
La situation de la capitale belge serait deve-
nue très grave. Les vivres y seraient d’un prix
inabordable. La famine y sévirait. Les menaces
des Allemands se feraient de plus en o lus me-
naçantes. Les monuments publics, des quartiers
entiers seraient minés et l’on pourrait s’atten-
dre à voir l’un de ces jours la ville subir le sort
de Louvain ou de Disant.
Ayant continué à habiter Bruxelles jusqu’au
28 septembre, en ayant reçu encore des nou-
velles tout récemment, je crois être suffisam-
ment bien informé pour pouvoir calmer des in-
quiétudes et des angoisses que je ne crois pas
justifiées.
Je ne rechercherai pas quel but poursuivent
ceux qui, dans la presse, s'ingénient â répandre
de ces faussas nouvelles sans songer à tout le
mal qu’ils font souffrir à tant de pauvres gens.
C'est en ces temps surtout que le goût du sen-
sationnel devrait être banni des journaux. La
réalité n'est-elle pas suffisamment terrible ?
Je crois connaître exactement la situation
qui est faite à Bruxelles depuis le 20 août,c'est-
à dire depuis l’entrée des troupes allemandes.
Je suis resté, comme je l'ai dit, dans la ville
jusqu’au 28 septembre et il y a deux jours, j’ai
encore reçu des nouvelles de la bas.
Je puis résumer mon opinion en d’sant que
Bruxelles est de toutes les villes de Belgique
celle où jusqu'à présent, on s’est trouvé le plus
en sécurité.
Je n’ai pas besoin de dire à quel point la
présence des Allemands est odieuse à la popu-
lation. Quand leurs troupes sont entrées dans la
ville le 20 août, musique en tôie, marchant au
pas de parade, chantant leur « Wacht am
R hein » ,j'ai vu bien des gens se serrer les poings’
et verser des larmes de rage. Et il y en avait !
Elles passèrent plusieurs jours et plusieurs
nuits presque sans discontinuer, les uns chas-
sant les autres. Elles bivouaquèrent sur nos pla-
ces publiques et nos boulevards. Les premiers
jours, les soldats logèrent ohez les habitants,
puis plus tard dans les casernes, les éco/ss, au
Palais de Justice et jusque dans les musées.
Les Bruxellois se sentent d-s vaincus, mais
des vaincus que ni le courage, ni la bonne hu-
meur, ni l’espoir n’ont abandonné. -Malgré les
mesurés extraordinaires prises par les autorités
allemandes, les journaux, Us bonnes nouvelles
filtrent quand même et la vérité se fait jour.
Devant les communiqués officiels annonçant in-
variablement d^s victoires des so'datsdu kaiser,
ils haussent les épaules, se livrent à des com-
mentaires fort irrévérencieux pour la gloire des
armées allemandes et se moquent à haute voix
du bluff teuton,
Il y a a Bruxelles un quartier appelé les Ma-
rottes où les concours des pigeons sont fort en
honneur. Le gouverneur militaire ayant confis-
qué tous .les pigeons voyageurs, une affiche ma-
nuscrite fut placardée sur les murs du quartier.
Elle disait en substance : « Si l'on touche à un
seul cheVeu de Max —le bourgmestre qui venait
d’être arrêté — ou â une seule plume d'un de
nos pigeons, nos armées marcheront immédia-
tement sur Berlin » Signé : « Le gouverneur
militaire des Marolles ». Les Allemands, au lieu
de rire de cette innocente plaisanterie comme
l’eussent fait des gens d’esprit, firent passer les
petites affiches au caviar.
Dans les rues, les gosses jouent à la guerre du
matin au soir. Le rôle de Boohes n'est pas fort
recherché. On met une carotte à travers le
cas que en papier pour imiter la pointe du
casque prussien. On ne se figure.pas le nombre
de défaites que ces pauvres Boches subissent en
une seule journée.
Les Bruxellois entendaient très souvent le ca-
non pendant le temps que j'habitais la ville. Ils
ne s'en effrayaient nullement. Au contraire I
Pius fort on l’entendaii, la canonnade, plus on
se réjouissait, disant.: « Ce sont les nôtres qui
attaquent 1 »
Le 12 septembre, l’armée belge avait fait recu-
ler l'ennemi jusqu'à 17 kilomètres de la ville. Je
vous raconterai un autre jour à quel incident
fortuit les AJemands durent de ne pas subir une
défaite écrasante, de ne pas être obligés a’aban-
donner la capitale. A Bruxelles, ils avaient déjà
fait leurs malles.
Pour le surplus, il faut reconnaître que les
Allemands ne se montrèrent en général ni trop
exigeants ni trop arrogants en comparaison
bien entendu de ce que fut leur attitude dans
d’autres villes. Les Bruxellois circulent libre-
ment et, bien que les vivres aient renchéri et
que le pain se fasse rare, le ravitaillement se
fait assez régulièrement. Le chômage est certes
à peu près général, mais grâce aux mesures
prises par les administrations communales ds
l'agglomération, la taxation des denrées, l'or-
ganisation des cantines et des secours, etc,
grâce aussi à l’action des organisations ouvriè-
res. les travailleurs de la capitale ont sûrement
moins souffert des privations que la population
des autres régions du pays.
Par deux fois, cependant, on put craindre
que les choses allaient se gâter. C’était, la pre-
mière fois, un dimanche. Toute la journée le
canon avait tonné dans la direction du Nord-
Ouest. Le soir, les Allemands ramenèrent,douze
prisonniers be'ges. Nos pauvres soldats avaient
les mains liées. Chaussée de Gand, la fouie se
mit à huer les Allemands, les entoura, et finit
par délivrer cinq prisonniers Les Allemands
tirèrent en l’air et purent ainsi continuer leur
route Arrivés sur les boulevards, qui étaient
noirs de monde, les huées recommencèrent et
se renouvelèrent jusqu’à la Grand'Place où deux
autres prisonniers parvinrent â s’échapper. Les
Allemands mirent la foule en joue. La tranquil-
lité ne reprit que font tard dans la nuit.
Il parait que, depuis mon déoart, les ATe-
mands recoururent à cette même odieuse pro-
vocation de promener des prisonniers à travers
la ville.
Mais il n’est pas vrai que l’Hôtel de Ville et
les monuments publics ont été minés. Je ne
dis pas que les intentions de nos baroares
soient absolument pures. Mais je doute qu'iis
osent faire dans la capitale ce qu’ils se sont
permis ailleurs Ils sont très impressionnés
par les protestations contre leurs brigandages
qui se sont él-vées de partout, a preuve les
nombreux articles de Jours journaux où ils
cherchent â se défendrè contre l'accusation de
vandalisme.
Et puis, à Bruxelles, il y a les légations de s
Etals Unis et des autres puissances neutres
qui observent. Cela surtout les rend prudents.
C’est pourquoi ja pense pouvo r conclure
que la capitale pourra être préservée de leur
fureur.
Mais qu'on ne l’oublie pas, cette situation
privilégiée est tout à fait exceptionnelle et due
£ des circonstances spéciales. Partout ailleurs
où il? contrôle ne pouvait s’exerçer et où les
barbares? étaient assurés de l’impunité, leur
rage de destruction, leurs passions criminelles
se sont donnée? libre cours. Quand on fera le
bilan, la liste de» atrocités allemandes en Bel-
gique paraîtra effroyaiiJe.
LE VOYAGE DE K. POINCARÉ
Paris, S novembre.
M Poincaré, apoelé pour quelques jours à
Bordeaux par la nécessité de présider le
Conseil des ministres et de s’entretenir des
affaires extérieures avec ie gouvernement, a
^quitté Paris dans la soirée.
Il a l’intention de revenir très prochaine-
ment visiter les armées de l’Est, non encore
visitées. Ii s'arrêtera en même temps dans
les parties de ia Champagne et de ta Lor-
raine qui ont été occupées et ravagées par
l’ennemi.
Paris, S novembre.
Au cours de sa visite aux armées du Nord,
M. Poiocaré a remis sur le champ de ba-
taille la croix de commandeur au général
Urbet.
M. Poincaré s’est entretenu longuement
avec les généraux Foch, Maudhay et de
Castelnau, et les félicita chaudement, leur
exprimant pour eux et leurs troupes hé-
roïques toute son admiration et sârcoiv-
funce.
Iilogi È loldat français
M. Poincaré a écrit à M. Millerand
que nos armées et les troupes alliées
ayant réussi à repousser les attaques
désespérées de l'ennemi ont fait preu-
ve, dans cette nouvelle phase de la
guerre, de qualités aussi admirables
que dans la victoire de la Marne.
Le soldat français, sans rien perdre
de son ardeur et de sa bravoure ac-
quiert de plus en plus une pa’ ience et
une ténacité. On est émerveillé quand
on est au milieu des troupes, par l’abo-
lition totale de son intérêt personnel,
son glorieux anonymat, son courage,
sa grandeur d’âme collective où se
fondent tous les espoirs de la race.
Il conclut en félicitant les chefs et
les soldats qu’il enveloppe dans une
même admiration. L'armée est digne
du pays comme le pays est digne de
son armée.
La France est invincible parce qu’elle
a foi dans son immortalité.
M. Millerand a transmis au généra-
lissime cette lettre en y joignant l’ex-
pression de son admiration.
MftRT DE DEUX AVIATEURS
Issy-les-Moulineaux, S novembre.
Les capiiaines aviateurs Faure et Remy
ont péri à la suite de ta chute de leur appa-
reil. La cause de l’accident est inconnue.
Les deux officiers laissent li sou venir d'une
habileté et d’un courage à toute épreuve.
Le Roi d’Espagne en France
Madrid, B novembre.
Le roi partira demain pour Bordeaux.
L’OPINION DE LA PRESSE ANGLAISE
Londres, 6 novembre. |
La Westminster Gazette écrit : « Nous com-
mençons enfin à y voir clair à travers les
combats épuisants du littoral belge.
» Le gewarai Joffre, toujours circonspect,
adresse au grand-duc Nicolas un message
rédigé Am langage plus confiant. Ceci permet
de nous réjouir pour l’avenir. »
Le Bombardement de Tsing-Tao
- Tokio, S novembre.
Le bombardement de Tsing-Tao se pour-
suit vigoureusement. Les allemands ont fait
des contre-attaques de nnit ie 3 novembre.
LA NEUTRALITÉ DE L’ESPAGNE
Madrid, S novembre.
A la Chambre, M. Dato a présenté un pro-
jet d’amnistie pour les délits politiques. Il a
déclare ensuit* que le gouvernement persô-
vér ra dans l'observaton de la stricte neu-
ir lue maintenant les relations amicales
aveu tous les belligérants.
LE CONFLIT TIRE
L’Etat de Guerre entre
ia France et la Turquie
Birleaax, B novembre.
Le ministre des affaires étrangères com-
mun que la note suivante :
Les actes d’hostilités auxquels la flotte
turque se livra eoDtre un navire de com-
merce français, causant la mort de deux
Français et de graves dommages au bâti-
ment, n’ayant pas été suivis du renvoi des
missions militaire et navale allemandes,
mesure par laquelle la Porte pouvait en-
core dégager sa responsabilité, le gouver-
nement de la République est obligé de
constater que, par le fait du gouvernement
ottoman, l’état de guerre existe entre la
France et la Turquie.
L’Angleterre déclare
la Guerre à la Turquie
Londres, 5 novembre.
Une édition spéciale de la Westm'-nsler
Gazette publie la déclaration de guerre avec
la Turquie.
L’Angleterre a annexé Pile de Chypre.
Suocès russes ea Turquie d’Asie
Bordeaux, S novèmbrô.
Le Temps annonce que les Russes se sont
emparés de Biyaind, de Dia iin, en Turquie
d’Asie, à l’angle de la frontière russo-turco-
persana.
La Neutralité de la Perse
Bordeaux, S novembre.
Le gouvernement persan a proclamé s»
neutralité le 3 nov more.
TROP TARD
Petrograd, 1 novembre.
Le télégramme suivant dn graud-vizir a
été la à. M. Sazonow, ministre des affaire!
étrangères, par te chargé d’affaires o’toman.
Nous envoyons â M. Sazonow lv-xpression de
notre profond regret pour ia ruplure des bonnes
relations entre les aeux puissances, Rupture qui
fut causée par l’acte d’hostilité de la flotte russe.
Vous pouvez donner l’assurance au gouverne-
ment impéri tl rus-e que la Sublim -Pone ne man-
quera pas de donner une solution opportune â
catiè question et prendra toutes les mesures pour
empêcher le renouvellement d’incidents sembla-
bles. „ v ,
“ •Ymrs ponvez (fivelnirr aii mtm’sbe dïë affhro»
étrangères que le gouvernement ottoman a déci-
dé de défendre à ia flotte turque d’entrer dans Ig
mer Noire, et que de notre cô’è nous espérons
.que la flotte russo ne croisera pas trop près de
notre littoral.’
J’espère fermement, dans l'intérêt des deux
pays qne le gouvernement impérial russe moa-
Irera dans celte affaire son habituel esprit de con-
cilation.
Àorès avoir éconté cette lectnre, M. Sazo-
now dit que la fl >tte russe n’avait pas été la
pre oière & ouvrir les hostilités et ajouta qu’à
soQ grand regret ü était trop tard pour en-
gager des pourparlers.
Le ministre déclara que si la Turquie avait
immédiatement expulsé tous les offi fiers al-
lemands, il eût été possible d'entrer eu nê-
gocat'oas dans lé b it d3 donner satisfaction
à ceux qui ont souffert par les actes d’agres-
sion sur ia côte russe.
UN TRAIN SANITAIRE
S’il est arrivé beaucoup de blessés ea no-
tre ville, il n’avait pas encore été donné à
nos concitoyens da se rendre compte des
conditions dans lesquelles sont installes les
■wagODS où sont désormais transportés tes
victimes de la guerre.
Jusqu’alors les trains sanitaires s’arrêtaient
à l’intérieur de la gare où le public n’est
pas admis, et la plup irtdeces trams compor-
taient surtout des wagons aménagés selon
l’ancien système.
Depuis mercredi, on a pu examiner un
train sanitaire, de type tout nouveau. Les
voi ures ont été installées sur les indica-
tions personnelles de M. CFaveille, direc-
teur des Chemins de fer de 1 E’.at.
Ce train, qui stationne à la gare de grou-
pement du quai d’Anvers, se compose da
trente voitures à marchandises récemment
construites. Les panneaux ordinaires ont
été remplacés par nn vitrage.
A l’intérieur, sur l’un des côtés, deux
rangs de traverses soutenues par des res-
sorts permettent de placer six civières.
En face, un châssis métallique, analogue
à ceux que l’on emploie pour les émigrants
dans les paquebots, peut recevoir trois au-
tres couchettes superposées. Neuf tressés
couchés peuvent donc être placés dans cha-
que voiture.
L’angle demeuré libre dans le wagon est
occupé par des bancs fixes le long do la
paroi et destinés soit à l’infirmier, soit à des
blessés pouvant demeurer assis.
Un poêle est établi dans chaque wagon.
On y troove également des casseroles
pour chauffer les boissons, une caisse à
charbon, un seau hygiénique perfectionné,
et divers ustensiles dont les malades peu-
vent avoir besoin en cours de route. Des
garnitures ont été disposées pour évite* les
courants d’air venant des fissures des por-
tières ou des panneaux d’aération.
Toutes les civières sont pourvues de mate-
las et de couvertures,
A chaque wagon est affecté un infirmier
qui assure des soins sommaires aux blessés
et entretient le matériel.
Au centre du convoi, un wagon de pre-
mière classe, à couloir, e«î aménagé pour la
major, le pharmacie >, l’officier d’adminis-
tration et ie laboratoire pharmaceutique.
Quatre wagôns placés aux extrémités ren-
ferment un matériel complementaire de ci-
vières. couchettes, couvertures pour le cas
où l’affluence des b essés nécessiterait des
aménagements plus importants.
Tout a été amsi combiné pour donner à
nos blessés tout le confortable auquel ils ont
droit.
Le train, qui est actuellement au Havre,
attend un convoi qui doit arriver par mer da
Dunkerque.
Il a fallu, en effet, songer à libérer nos
lignes du Nord de tous les trains à marcha
lente, comme ceux affectés aux blessés, pour
permettre d’assurer, dans cette direction, Ja
dépisc<':nent rapide dès troupes et leur ap«
provRi imement régulier ea vivres et en.
i munitions; A. P. ;
Administrateur • Délégué - Gérant
O. RANDQLET
ifimnisiratiDE, Impressions si Annonces, TU. 10.47
35, Rue Fontenelle, 35
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Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
REDACTEUR EN CHEF
J.-J. CASPAR -JORDAN
Téléphone l 1 i.»o
Secrétaire Général : TH. VALLÉE
Rédaction, 35, rue Fontenelle - Tél. 7.60
ANNONCES
AU HAVRE BUREAU DU JOURNAL, 112, bout* de Strasoourg.
( L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A PARIS j seule chargée de recevoir les Annonces pour
( le Journal.
L» PETIT HA VUE est désigné pour les Annonças judiciaires et légales
 30 SM IM Elifl ENTS JTBOIS MOIS: SIX MOIS C.N A*
Le Havre, la Seine-Inférieure, l'Eure J * ’£• -
l’Oise et la Somme f ) ^ O Fr. fl © Fr.
Autres DéDartements 1 <; g. 1 * « v>; -»-» ,
Onion Postale ...Ixo » !so Fr. 1 4LO *
On s'abonne également, SANS TRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de Francs
LE TÉLÉGRAMME
DU GÉNÉRAL JOFFRE
Le général J offre n'est point ba-
vard, c’est le moindre de ses défauts ;
les communiqués qu'il inspire nous
mettent plutôt à l’épreuve par-leur
collision ; souvent nous voudrions lui
crier fi plus de détails ! » et parjois
nous lili-''Reprochons de nous laisser
apprendre ffail les journaux anglais
les brillants faitst’armes de nos sol-
dats. ■ SjÊyp
Chaque parole qui tonibt> de sa bou-
che mérite donc d'être recueillie avec
soin et méditée avec profit ; pour qïz’il
parle il Jaut que cela vaille vraiment'
la peine. Nous ne trouverons pas dans
ses rares discours des morceaux d’élo-
quence comme sait en produire le gé-
néralissime allemand, Guillaume II;
celui-ci est passé maître dans l’art de
rédiger un ordre du jour à l armée
en jurme de sermon ou les invocations
les plus, mystiques exaltent l’ambition
la plus monstrueuse.
Naguère il se donnait comme l’élu
dé Dieu auquel rien ne devait résister;
tout récemment encore, il promet-
tait à ses troupes « un nouvel empire
plus magnifique qu’aucun de ceux
que le monde ait pu rêver, un nouvel
empire romain-allemand qui gouver-
nera le monde et le rendra heu-
reux. » Le général Joffre. dans son
télégramme au grand-duc Nicolas,
est plus modeste ; il dit simplement
que « par une action énergique et in-
cessante, nous cherchons à détruire les
Jorces ennemies qui nous sont oppo-
sées ». Ce n’est pas de la littérature,
cela ; mais nous y trouvons toute la
saveur du langage précis d'un homme
de guerre et d’un homme sain d’es-
prit.
On sait que le général Joffre a té-
légraphié au grand-duc Nicolas pour
le féliciter de la marche triomphante
, des armées russes au cours de ces
quinze derniers jours ; voilà déjà de
quoi nous réjouir grandement. Les
Allemands qui s’étaient avancés jus-
que vers Varsovie, ont été rejetés « a
proximité de la frontière » et les voilà
réduits à se tenir sur la déjensive;
c’est un double succès pour les alliés,
d’abord parce que l’ennemi est affai-
bli sur son front oriental, et ensuite
parce que, de ce fait, il ne peut en-
voyer des renforts sur son front occi-
dental, c’est-à-dire chez nous et en
Belgique. Déjà plusieurs fois, lorsque
la situation lui paraissait à son avan-
tage en Pologne, il s’était dégarni de
ce côté pour nous attaquer avec des
forces plus considérables ; maintenant
Ce jeu, que lui Jacilitaient ses mul-
tiples voies ferrées en ligne directe,
ne lui sera plus possible, et cela ni
dans un sens ni dans l’autre d’ailleurs.
En effet, la situation actuelle de
l’ennemi est d’autant plus sérieuse
qu’il ne peut pas non plus dégarnir
son front occidental pour faire un
plus gros effort contre la Russie ; le
général Joffre, en félicitant le grand-
duc Nicolas, lui a annoncé que « de
notre côté nous avons arrêté les fu-
rieuses attaques allemandes » ; de
notre côté aussi les Allemands n’ont
donc qu’à bien se tenir.
« Notre situation est bonne», ajoute
le généralissime, et ces quatre mots
dans sa bouche suffisent pour nous
donner une grande quiétude et une
nouvelle et ample provision de pa-
tience. D’ailleurs, nous serons peut-
être récompensés de notre confiance
plus tôt que nous ne le pensions ; il y
a dans le télégramme de Joffre un
dernier mot que nous devons signaler
et qui a sans doute frappé tous ceux
qui l’ont lu, c’est le mot « bientôt » ;
« nos efforts combinés, dit-il au chef
de l’armée russe, amèneront bientôt,
j’espère, le succès final ».
Tel que nous connaissons notre gé-
néralissime, il n’a pas dû écrire ce
mot sans en mesurer toute la portée ;
sans doute l’« avenir n'est à person-
ne » et il nous en voudrait de donner
à sa parole l’infaillibilité d’une pro-
phétie, mais nous avons certainement
le droit d'y voir l’indice d’une situa-
tion si favorable qu’il n’est pas chimé-
rique d‘Envisager la fin de nos maux.
CASPAR-JORDAN.
LE liMSTERE ITALIEN
Rome, B novembre.
Lu Cabinet est ainsi constitué :
MM. Salandra, president dn Conseil, mi-
nistre de l'Interieur ; Sonnino, Affaires étran-
gères ; Martini, Colonies ; Orlando, Justice ;
Carcano, Trésor ; Cando, Finances ; Ciufelli,
Travaux publics ; Grippo, Instruction pu-
blique ; Cavaso o, Agriculture ; General Ju-
peili, Guerre ; Amiral Viaie, Marine ; Riccio,
Postes et Télégraphes.
Les ministres ont prêté serment hier soir
& six heures.
les Troupes indiennes en action
Bordeaux, B novembre.
, L’ambassade d’Angleterre a communiqué
que les liQupes indiennes ont commencé à
participer aux opéiatioasdu général French.
ü 111 mi LES FU w
La Bataille d’Ypres
L’effort désespéré ds l’ennemi pour pren-
dre Ypres a échoué. Les alliés tiennent tou-
jours la ville. L’infauterie allemande a été
repoussée vers l’Est : l’artillerie est entrée
de nouveau en action. Et les obus tombaient
non loin de la pittoresque et charmante
cité.
Telle était la position le 2 novembre.
Samedi et dimanche, quand la situation fut
critique, des milliers d’habitants avaient
quitte la ville, soit par la route, soit par le
chemin de fer. Il n’est pas encore sûr pour
eux de prendre le chemin du rétour. L’en-
nemi a été repoussé, mais il n’est pas encore
crasé définitivement. Les petits postes des
deux armées adverses sont presque distants
,1’un de i’autre d’an jet de pierre. Nos senti-
nén^s peuvent entendre te gramophone et
leschyuts des soldats allemands dans les
tranchtëesX^
Le champ de. bataille est couvert de ca-
davres allemands^. Dans leur avance, les
troupes alliées furerit'îHîligées de sauter par
dessus ces corps amoncelé!?,
La London Scottish, une formation territo-
riale très populaire parmi nos amisâjidais.a
pris une part active â la bataille de Mêssjnes
et s’est distinguée notamment par nne char-
ge héroïque. Elle dut payer d8 beaucoup de
sang cette page glorieuse ; mais, aux der-
nières nouvelles, ses pertes ne sont point
aussi élevées qu’on le supposait tout d’a-
hord.
L'ennemi s’était précipité en masses sur
lea Ecossais, assaillant les blessés à coups de
baïonnette. Us supportèrent courageusement
le choc, chargèrent à leur tour avec une ar-
deur superbe et entassèrent des cadavres
allemands sur les corps de leurs infortunés
camarades.
Les Allemands chasgent d’objectif
La cessation à peu près complète du com-
bat sur le front belge Nord est due à l’ex-
tension de l’inondatirn de l’Yser, inondation
naturelle et artificielle qui servit à merveille
l’action de l'armee beige.
Toute la contrée, en cette région, est sil-
lonnée de canaux et de « chemins d’eau ».
Les soldMs du génie beige n’ont pas eu
grosse difficulté a la transformer en un im-
mense Jac. Les Allemands ont déguerpi de-
vant cot adversaire inattenda, an point que
t’on disait, ces jours-ci, que Nieuport avait
été évacué.
Arrêtes le long de i'Yser dans leur marche
sur Calais, les ALemands n’ont p \s perdu
de vne l’objectif qu’ils s'étaient, fixe.
Mais il se peut qu’ils l’aient changé pour
Boulogne. . ...
Boulogne, ville ouverte, serait pour eux
d’une milice utilité, dit le Times. Ils n’en
cherchent pas moins plus que jimais à rom-
pre nos lignes, et c’est sur ie canal de la
Bassée que continue ie combat.
Les alliés dans les Flandres s’occupent,
pour le moment, à s’assurer de solides re-
tranchements. Us n’ont pas encore essayé
de reprendre Roulers, mais se sont mainte-
nus dans leurs tranchées qu’ils ont puissam-
ment fortifiées.
Le bombardement de Famés
Deux gros canons allemands ont été placés
dimanche dans les environs deRamscapelle.
Iis ont bombardé Fumes pendant trois
heures environ, causant des dommages
considérables.
La seconde ligne de retraite projetée
Les journalistes hollandais éprouvent des
difficultés croissantes à se rendre en Bel-
gique. Ils passent par Sluis et vont à travers
champs ; mais les allemands veillent pins
que jamais. Seules les religieuses qui ac-
compagnent des enfants venant des dunes
de l’Ouest sont autorisées à pours uivre
I nr voyage en Hollande. Tous les passe-
ports sont exigés.
Oa sait cependant que les Allemands ont
envoyé des renforts importants de Zeebrug-
ge à Dudzeele (7 kilomètres de Bruges) avec
de l’artillerie lourde et un certain nombre
de canons de campagne.
Ils ontaussi tracé une seconde ligne pour
le cas où la retraite deviendrait nécessaire.
Uù millier de marins et de fusiliers sont à
Dudzsele. Des aéroplanes patrouillent vers
le Sud et de nombreux blessés sont amenés
à Bruges.
Continuellement, quoique très lentement,
les Allemands battent en retraite entre
Dixmude et Ostende, qui, en dipit des
bruits mis èn circulation, reste encore aux
mains de l’ennemi.
La position de celni-ci sur la côte semble,
cependant moins favorable, bien qu'il se
soit renforcé largement entre Ostende et
Kaccke. Les troupes allemandes sont toujours
en alerte, logées dans les villages, et mises
en vigilance contre les espions.
Le combat de ces jours derniers se pour-
suit favorablement pour les alliés, sur la
ligne Dixmude-Nienport.
La Situation à Dixmude
La satisfaction des officiers allemands au
sujet de la position prise il y à une semaine
par leurs troupes entre Dixmude et la côte a
été de courte durée.
Leur succès temporaire à Dixmude fut
suivi par la victoire des alliés qui les en
chassa plus rapidement qu’ils n’étaient ve-
nus.
Depuis le 27 octobre, les alliés occupent
Dixmude, mieux que jamais.
Les Allemauds la prirent trois fois et en
furent prestement refoulés.
Jusqu’au 30, les Allemands rentrant du
front étaient fermement convaincus qne
Dixmude était toujours entre leurs mains et
que iears avant-gardes poursuivaient les
alliés en France. Us étaient amenés à le
croire par ce fait que depuis le 27, au soir,
l’artillerie ne combattait plus ; mais les alliés
ne restaient pas pour cela inactifs.
Le 28, ils inondaient la région de l’Yser à
l’endroit où l’ennemi avait forcé un passage
entre Dixmude et Nieuport, Puis iis opé-
raient à quelques kilomètres d Ostende, et
aju-dessus de Dixmude, à L*ke. Les canons
de mariae anglais ont participé de nouveau
au combat depuis vendredi matin; deux de
leurs terribles obus ont causé des domma-
ges sur plusieurs points d’Ostende.
Le combat s'est poursuivi violent, dans la
région boisée ie long dn chemin de fer entre
Ypres et Roulers où les allemands se sont
protégés par des travaux de campagne et des
arbres abattus.
Des trains armés venant d'Ypres ont atta-
qué ces parapets.
LA GUERRE
[texte manquant]
COMMUNIQUÉS OFFICIELS
Paris, 5 novembre, 15 heures.
A notre Gauclie
Les alliés ont progressé légèrement
à l’Est de Nieuport et sur la rive droite
de l’Yser.
De Dixmude à la Lys, les attaques
allemandes se sont renouvelées hier,
mais, sur nombre de points, avec une
moindre énergie, surtout pour l’action
de l’infanterie.
Les lignes franco anglaises ne re-
culèrent nulle part et nos troupes,
passant à l’offensive, progressèrent
notablement dans plusieurs directions.
Entre la région de La Bassée et la
Somme, la journée fut surtout mar-
quée par une lutte d’artillerie.
Dans la région de Roye, nous avons
maintenu notre occupation de Ques-
noy-en-Santerre et nous nous som-
mes avancés sensiblement vers An-
drechy.
Au Centre
Entre l’Oise efcjrja Moselle, on si-
gnale une recrudescence de l’activité
des Allemands, manifestée surtout
par un feu d’artillerie.
Les attaques ennemies sur divers
points de notre iront furent finalement
repoussées, parfois après un combat
qui dura toute la journée.
A l’aile droite
Rien de nouveau.
Paris 23 heures.
Aucun renseignement nouveau sur
les opérations au Nord de la Lys.
Une violente offensive Allemande a
eu lieu au Nord d’Arras où quelques
tranchées d’abord perdues ont été re-
prises.
En Argonne. dans la région de Saint-
Hubert, toutes les attaques alleman-
des ont été repoussées.
Sur le reste du front rien à signaler.
COMMUNIQUÉ BELGE
Le Havre, 4 novembre, 22 h. 15.
Les détachements avancés poussés vers
Lombartzyde et vers la digue de l’Yser, en-
tre Saint-Georges et Tervaete, n’ont pu
progresser que lentement, à cause des
difficultés de Ja marche résultant de l’inon-
1 dation et à cause du feu de l’infanterie et
des mitrailleuses ennemies.
Entre Saint-Georges et Tervaete, l'en-
jiemi occupe encore Saint-Georges et les
termes situées sur la rive gauche de l’Yser,
aux environs de Schoorbakke et de Ter.
vaeté. g
Out-Stuyveke,nskerke a été réoccupé par
les fusiliers marins*
Au Sud de Dixmude, les Allemands ont
attaqué, mardi soir, daifè la direction du
pont de Bixschoote ; ils oni échoué dans
leur tentative et ont été obligés, mercredi,
d’évacuer complètement le village <3À‘ Bixs-
choote, au Sud de Zandvoorde. L’aôS^r-
saire a continué aujourd’hui à attaquer
avec la plus grande violence le front des
alliés, entre flollebeke et Messines. Toutes
les positions ont été maintenues et en cer-
tains points on a même progressé, notam-
ment vers Hollebeke et Wytschaete. Dans
la région d’Armentières et au Sud de la
Lys, la situation ne s’est pas modifiée.
COMMUNIQUÉ ALLEMAND
(NOMS ne publions les communiqués allemands
qu’à titre documentaire et sous toutes réserves —
nos lecteurs les redresseront d’eux-mêmes à l’aide
d s communiqués français et belges).
Brl n, 3 novembre.
Nos opérations au Sad de Nieuport sont
rendues impossibles pir suite des inondi-
lions, l’eau atteint sue certaines parties la
hauteur d’un homme. Nos trompes ont battu
en retraite dans les régions submergées sans
perte aucune ni en hommes, chevapx, ca-
nons ni en voitures.
Nos attaques sur Ypres ont progressé. Plus
de 3,300 prisonniers ont été faits, principale-
.msntdes Anglais, et plusieurs mitrailleuses
ont été prise» dam ta régi'jn de Roye. Un
violent combat a eu lieu, causant de grosses
pertes des deux côtés sans affecter la si-
tuation.
Nous avons perdu dans un cpmbat autour
d;un village quelques centaines d'hommes;
qui furent faits prisonniers, et deux ca-
nons.
N is attaques sur l’Aisne ont eu de bons
résultats.
A l’Est de Ver ion, nos troupes ont pris, en
dépit d’une très vive résistance de l’ennemi,
plusieurs positions fortement fortifiées et
pris aussi Ch.tvoune et Soupir.
Plus de 1,000 Français ont été faits prison-
niers ; trois canons et quatre mitrailleuses
ont été pris.
Les Françiis ont installé nne batterie
lourde sur le côté de 1a cathédrale de Sois-
sons ; d’autre part, des postes d’observation
ont été constatés sur la tonr de la cathédrale.
L’effet de ceite tac «que est évident.
Entre Verdun et Tool, plusieurs attaques
françdses furent repoussées, quelques sol-
dats français portaient d s casques et des
manteaux allemands. D.ns les Vosges et
dans les environs de Maikirch, une attaqué
française a été repoussée et nos troupes ont
commencé une contre-attaque de ce cô o.
Les opérations dans l’Est se développant
encore bien qu’il n’y ait eu aucun engage-
dans la journée d’hier.
CMp Help
La Situation à Bruxelles
On nous écrit :
Des journaux ont publié au sujet de la situa-
tion à Bruxelles sous l’occupation allemande
des informations qui ont dû alarmer les nom-
breux Belges qui habitent actuellement à l’é-
tranger et qui ont laissé là-bas des parents et
des amis, '
La situation de la capitale belge serait deve-
nue très grave. Les vivres y seraient d’un prix
inabordable. La famine y sévirait. Les menaces
des Allemands se feraient de plus en o lus me-
naçantes. Les monuments publics, des quartiers
entiers seraient minés et l’on pourrait s’atten-
dre à voir l’un de ces jours la ville subir le sort
de Louvain ou de Disant.
Ayant continué à habiter Bruxelles jusqu’au
28 septembre, en ayant reçu encore des nou-
velles tout récemment, je crois être suffisam-
ment bien informé pour pouvoir calmer des in-
quiétudes et des angoisses que je ne crois pas
justifiées.
Je ne rechercherai pas quel but poursuivent
ceux qui, dans la presse, s'ingénient â répandre
de ces faussas nouvelles sans songer à tout le
mal qu’ils font souffrir à tant de pauvres gens.
C'est en ces temps surtout que le goût du sen-
sationnel devrait être banni des journaux. La
réalité n'est-elle pas suffisamment terrible ?
Je crois connaître exactement la situation
qui est faite à Bruxelles depuis le 20 août,c'est-
à dire depuis l’entrée des troupes allemandes.
Je suis resté, comme je l'ai dit, dans la ville
jusqu’au 28 septembre et il y a deux jours, j’ai
encore reçu des nouvelles de la bas.
Je puis résumer mon opinion en d’sant que
Bruxelles est de toutes les villes de Belgique
celle où jusqu'à présent, on s’est trouvé le plus
en sécurité.
Je n’ai pas besoin de dire à quel point la
présence des Allemands est odieuse à la popu-
lation. Quand leurs troupes sont entrées dans la
ville le 20 août, musique en tôie, marchant au
pas de parade, chantant leur « Wacht am
R hein » ,j'ai vu bien des gens se serrer les poings’
et verser des larmes de rage. Et il y en avait !
Elles passèrent plusieurs jours et plusieurs
nuits presque sans discontinuer, les uns chas-
sant les autres. Elles bivouaquèrent sur nos pla-
ces publiques et nos boulevards. Les premiers
jours, les soldats logèrent ohez les habitants,
puis plus tard dans les casernes, les éco/ss, au
Palais de Justice et jusque dans les musées.
Les Bruxellois se sentent d-s vaincus, mais
des vaincus que ni le courage, ni la bonne hu-
meur, ni l’espoir n’ont abandonné. -Malgré les
mesurés extraordinaires prises par les autorités
allemandes, les journaux, Us bonnes nouvelles
filtrent quand même et la vérité se fait jour.
Devant les communiqués officiels annonçant in-
variablement d^s victoires des so'datsdu kaiser,
ils haussent les épaules, se livrent à des com-
mentaires fort irrévérencieux pour la gloire des
armées allemandes et se moquent à haute voix
du bluff teuton,
Il y a a Bruxelles un quartier appelé les Ma-
rottes où les concours des pigeons sont fort en
honneur. Le gouverneur militaire ayant confis-
qué tous .les pigeons voyageurs, une affiche ma-
nuscrite fut placardée sur les murs du quartier.
Elle disait en substance : « Si l'on touche à un
seul cheVeu de Max —le bourgmestre qui venait
d’être arrêté — ou â une seule plume d'un de
nos pigeons, nos armées marcheront immédia-
tement sur Berlin » Signé : « Le gouverneur
militaire des Marolles ». Les Allemands, au lieu
de rire de cette innocente plaisanterie comme
l’eussent fait des gens d’esprit, firent passer les
petites affiches au caviar.
Dans les rues, les gosses jouent à la guerre du
matin au soir. Le rôle de Boohes n'est pas fort
recherché. On met une carotte à travers le
cas que en papier pour imiter la pointe du
casque prussien. On ne se figure.pas le nombre
de défaites que ces pauvres Boches subissent en
une seule journée.
Les Bruxellois entendaient très souvent le ca-
non pendant le temps que j'habitais la ville. Ils
ne s'en effrayaient nullement. Au contraire I
Pius fort on l’entendaii, la canonnade, plus on
se réjouissait, disant.: « Ce sont les nôtres qui
attaquent 1 »
Le 12 septembre, l’armée belge avait fait recu-
ler l'ennemi jusqu'à 17 kilomètres de la ville. Je
vous raconterai un autre jour à quel incident
fortuit les AJemands durent de ne pas subir une
défaite écrasante, de ne pas être obligés a’aban-
donner la capitale. A Bruxelles, ils avaient déjà
fait leurs malles.
Pour le surplus, il faut reconnaître que les
Allemands ne se montrèrent en général ni trop
exigeants ni trop arrogants en comparaison
bien entendu de ce que fut leur attitude dans
d’autres villes. Les Bruxellois circulent libre-
ment et, bien que les vivres aient renchéri et
que le pain se fasse rare, le ravitaillement se
fait assez régulièrement. Le chômage est certes
à peu près général, mais grâce aux mesures
prises par les administrations communales ds
l'agglomération, la taxation des denrées, l'or-
ganisation des cantines et des secours, etc,
grâce aussi à l’action des organisations ouvriè-
res. les travailleurs de la capitale ont sûrement
moins souffert des privations que la population
des autres régions du pays.
Par deux fois, cependant, on put craindre
que les choses allaient se gâter. C’était, la pre-
mière fois, un dimanche. Toute la journée le
canon avait tonné dans la direction du Nord-
Ouest. Le soir, les Allemands ramenèrent,douze
prisonniers be'ges. Nos pauvres soldats avaient
les mains liées. Chaussée de Gand, la fouie se
mit à huer les Allemands, les entoura, et finit
par délivrer cinq prisonniers Les Allemands
tirèrent en l’air et purent ainsi continuer leur
route Arrivés sur les boulevards, qui étaient
noirs de monde, les huées recommencèrent et
se renouvelèrent jusqu’à la Grand'Place où deux
autres prisonniers parvinrent â s’échapper. Les
Allemands mirent la foule en joue. La tranquil-
lité ne reprit que font tard dans la nuit.
Il parait que, depuis mon déoart, les ATe-
mands recoururent à cette même odieuse pro-
vocation de promener des prisonniers à travers
la ville.
Mais il n’est pas vrai que l’Hôtel de Ville et
les monuments publics ont été minés. Je ne
dis pas que les intentions de nos baroares
soient absolument pures. Mais je doute qu'iis
osent faire dans la capitale ce qu’ils se sont
permis ailleurs Ils sont très impressionnés
par les protestations contre leurs brigandages
qui se sont él-vées de partout, a preuve les
nombreux articles de Jours journaux où ils
cherchent â se défendrè contre l'accusation de
vandalisme.
Et puis, à Bruxelles, il y a les légations de s
Etals Unis et des autres puissances neutres
qui observent. Cela surtout les rend prudents.
C’est pourquoi ja pense pouvo r conclure
que la capitale pourra être préservée de leur
fureur.
Mais qu'on ne l’oublie pas, cette situation
privilégiée est tout à fait exceptionnelle et due
£ des circonstances spéciales. Partout ailleurs
où il? contrôle ne pouvait s’exerçer et où les
barbares? étaient assurés de l’impunité, leur
rage de destruction, leurs passions criminelles
se sont donnée? libre cours. Quand on fera le
bilan, la liste de» atrocités allemandes en Bel-
gique paraîtra effroyaiiJe.
LE VOYAGE DE K. POINCARÉ
Paris, S novembre.
M Poincaré, apoelé pour quelques jours à
Bordeaux par la nécessité de présider le
Conseil des ministres et de s’entretenir des
affaires extérieures avec ie gouvernement, a
^quitté Paris dans la soirée.
Il a l’intention de revenir très prochaine-
ment visiter les armées de l’Est, non encore
visitées. Ii s'arrêtera en même temps dans
les parties de ia Champagne et de ta Lor-
raine qui ont été occupées et ravagées par
l’ennemi.
Paris, S novembre.
Au cours de sa visite aux armées du Nord,
M. Poiocaré a remis sur le champ de ba-
taille la croix de commandeur au général
Urbet.
M. Poincaré s’est entretenu longuement
avec les généraux Foch, Maudhay et de
Castelnau, et les félicita chaudement, leur
exprimant pour eux et leurs troupes hé-
roïques toute son admiration et sârcoiv-
funce.
Iilogi È loldat français
M. Poincaré a écrit à M. Millerand
que nos armées et les troupes alliées
ayant réussi à repousser les attaques
désespérées de l'ennemi ont fait preu-
ve, dans cette nouvelle phase de la
guerre, de qualités aussi admirables
que dans la victoire de la Marne.
Le soldat français, sans rien perdre
de son ardeur et de sa bravoure ac-
quiert de plus en plus une pa’ ience et
une ténacité. On est émerveillé quand
on est au milieu des troupes, par l’abo-
lition totale de son intérêt personnel,
son glorieux anonymat, son courage,
sa grandeur d’âme collective où se
fondent tous les espoirs de la race.
Il conclut en félicitant les chefs et
les soldats qu’il enveloppe dans une
même admiration. L'armée est digne
du pays comme le pays est digne de
son armée.
La France est invincible parce qu’elle
a foi dans son immortalité.
M. Millerand a transmis au généra-
lissime cette lettre en y joignant l’ex-
pression de son admiration.
MftRT DE DEUX AVIATEURS
Issy-les-Moulineaux, S novembre.
Les capiiaines aviateurs Faure et Remy
ont péri à la suite de ta chute de leur appa-
reil. La cause de l’accident est inconnue.
Les deux officiers laissent li sou venir d'une
habileté et d’un courage à toute épreuve.
Le Roi d’Espagne en France
Madrid, B novembre.
Le roi partira demain pour Bordeaux.
L’OPINION DE LA PRESSE ANGLAISE
Londres, 6 novembre. |
La Westminster Gazette écrit : « Nous com-
mençons enfin à y voir clair à travers les
combats épuisants du littoral belge.
» Le gewarai Joffre, toujours circonspect,
adresse au grand-duc Nicolas un message
rédigé Am langage plus confiant. Ceci permet
de nous réjouir pour l’avenir. »
Le Bombardement de Tsing-Tao
- Tokio, S novembre.
Le bombardement de Tsing-Tao se pour-
suit vigoureusement. Les allemands ont fait
des contre-attaques de nnit ie 3 novembre.
LA NEUTRALITÉ DE L’ESPAGNE
Madrid, S novembre.
A la Chambre, M. Dato a présenté un pro-
jet d’amnistie pour les délits politiques. Il a
déclare ensuit* que le gouvernement persô-
vér ra dans l'observaton de la stricte neu-
ir lue maintenant les relations amicales
aveu tous les belligérants.
LE CONFLIT TIRE
L’Etat de Guerre entre
ia France et la Turquie
Birleaax, B novembre.
Le ministre des affaires étrangères com-
mun que la note suivante :
Les actes d’hostilités auxquels la flotte
turque se livra eoDtre un navire de com-
merce français, causant la mort de deux
Français et de graves dommages au bâti-
ment, n’ayant pas été suivis du renvoi des
missions militaire et navale allemandes,
mesure par laquelle la Porte pouvait en-
core dégager sa responsabilité, le gouver-
nement de la République est obligé de
constater que, par le fait du gouvernement
ottoman, l’état de guerre existe entre la
France et la Turquie.
L’Angleterre déclare
la Guerre à la Turquie
Londres, 5 novembre.
Une édition spéciale de la Westm'-nsler
Gazette publie la déclaration de guerre avec
la Turquie.
L’Angleterre a annexé Pile de Chypre.
Suocès russes ea Turquie d’Asie
Bordeaux, S novèmbrô.
Le Temps annonce que les Russes se sont
emparés de Biyaind, de Dia iin, en Turquie
d’Asie, à l’angle de la frontière russo-turco-
persana.
La Neutralité de la Perse
Bordeaux, S novembre.
Le gouvernement persan a proclamé s»
neutralité le 3 nov more.
TROP TARD
Petrograd, 1 novembre.
Le télégramme suivant dn graud-vizir a
été la à. M. Sazonow, ministre des affaire!
étrangères, par te chargé d’affaires o’toman.
Nous envoyons â M. Sazonow lv-xpression de
notre profond regret pour ia ruplure des bonnes
relations entre les aeux puissances, Rupture qui
fut causée par l’acte d’hostilité de la flotte russe.
Vous pouvez donner l’assurance au gouverne-
ment impéri tl rus-e que la Sublim -Pone ne man-
quera pas de donner une solution opportune â
catiè question et prendra toutes les mesures pour
empêcher le renouvellement d’incidents sembla-
bles. „ v ,
“ •Ymrs ponvez (fivelnirr aii mtm’sbe dïë affhro»
étrangères que le gouvernement ottoman a déci-
dé de défendre à ia flotte turque d’entrer dans Ig
mer Noire, et que de notre cô’è nous espérons
.que la flotte russo ne croisera pas trop près de
notre littoral.’
J’espère fermement, dans l'intérêt des deux
pays qne le gouvernement impérial russe moa-
Irera dans celte affaire son habituel esprit de con-
cilation.
Àorès avoir éconté cette lectnre, M. Sazo-
now dit que la fl >tte russe n’avait pas été la
pre oière & ouvrir les hostilités et ajouta qu’à
soQ grand regret ü était trop tard pour en-
gager des pourparlers.
Le ministre déclara que si la Turquie avait
immédiatement expulsé tous les offi fiers al-
lemands, il eût été possible d'entrer eu nê-
gocat'oas dans lé b it d3 donner satisfaction
à ceux qui ont souffert par les actes d’agres-
sion sur ia côte russe.
UN TRAIN SANITAIRE
S’il est arrivé beaucoup de blessés ea no-
tre ville, il n’avait pas encore été donné à
nos concitoyens da se rendre compte des
conditions dans lesquelles sont installes les
■wagODS où sont désormais transportés tes
victimes de la guerre.
Jusqu’alors les trains sanitaires s’arrêtaient
à l’intérieur de la gare où le public n’est
pas admis, et la plup irtdeces trams compor-
taient surtout des wagons aménagés selon
l’ancien système.
Depuis mercredi, on a pu examiner un
train sanitaire, de type tout nouveau. Les
voi ures ont été installées sur les indica-
tions personnelles de M. CFaveille, direc-
teur des Chemins de fer de 1 E’.at.
Ce train, qui stationne à la gare de grou-
pement du quai d’Anvers, se compose da
trente voitures à marchandises récemment
construites. Les panneaux ordinaires ont
été remplacés par nn vitrage.
A l’intérieur, sur l’un des côtés, deux
rangs de traverses soutenues par des res-
sorts permettent de placer six civières.
En face, un châssis métallique, analogue
à ceux que l’on emploie pour les émigrants
dans les paquebots, peut recevoir trois au-
tres couchettes superposées. Neuf tressés
couchés peuvent donc être placés dans cha-
que voiture.
L’angle demeuré libre dans le wagon est
occupé par des bancs fixes le long do la
paroi et destinés soit à l’infirmier, soit à des
blessés pouvant demeurer assis.
Un poêle est établi dans chaque wagon.
On y troove également des casseroles
pour chauffer les boissons, une caisse à
charbon, un seau hygiénique perfectionné,
et divers ustensiles dont les malades peu-
vent avoir besoin en cours de route. Des
garnitures ont été disposées pour évite* les
courants d’air venant des fissures des por-
tières ou des panneaux d’aération.
Toutes les civières sont pourvues de mate-
las et de couvertures,
A chaque wagon est affecté un infirmier
qui assure des soins sommaires aux blessés
et entretient le matériel.
Au centre du convoi, un wagon de pre-
mière classe, à couloir, e«î aménagé pour la
major, le pharmacie >, l’officier d’adminis-
tration et ie laboratoire pharmaceutique.
Quatre wagôns placés aux extrémités ren-
ferment un matériel complementaire de ci-
vières. couchettes, couvertures pour le cas
où l’affluence des b essés nécessiterait des
aménagements plus importants.
Tout a été amsi combiné pour donner à
nos blessés tout le confortable auquel ils ont
droit.
Le train, qui est actuellement au Havre,
attend un convoi qui doit arriver par mer da
Dunkerque.
Il a fallu, en effet, songer à libérer nos
lignes du Nord de tous les trains à marcha
lente, comme ceux affectés aux blessés, pour
permettre d’assurer, dans cette direction, Ja
dépisc<':nent rapide dès troupes et leur ap«
provRi imement régulier ea vivres et en.
i munitions; A. P. ;
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