Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-10-29
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 octobre 1914 29 octobre 1914
Description : 1914/10/29 (A34,N12135). 1914/10/29 (A34,N12135).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172296d
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
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Le Petit Havre
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« I
Oeîges et Allemands, -- Les Responsabilités.
La Politique du Roi Albert
Nos lecteurs liront avec intérêt l’im-
portant article qui suit que M. Jean
Mary', président de f’Association des
Journalistes Libéraux de Belgique, a
bien voulu écrire à leur intention et
qui renferme des textes inédits en
France.
Nous sommes heureux de saisir cette
occasion pour saluer en lui, bien cor-
dialement, tous nos confrères de la
presse belge qui ont suivi le gouverne-
ment dans son transfert provisoire en
notre ville.
Aucun journal dé' Belgique n’a
voulu s'exposer à subir la censure al-
lemande ; ils ont donc tous suspendu
leur publication ; de plus, pour que
leurs machines ne servent pas à l’en-
nemi, on les a rendues inutilisables.
Ce sera l’honneur des journalistes
belges d’avoir, par leur exil volon-
taire, pris leur large part des maux
de leur nation.
C.-J.
Il faut savoir ce que l’on dit de nous, à
l’étranger, en Allemagne surtout. Quels en-
seignements nous donne en‘ce moment la
presse germanique, et quelle leçon sera,
pour ceux de nos compatriotes que la four-
berie allemande avait fini par engluer, la
lecture de l’article que voici, publié le
4 octobre dans les Dernières Nouvelles de
Munich. Cet article reproduit et commente
une diatribe de la Gazette de Francfort
aussi audacieuse que calomniatrice.
Il tend à faire passer le roi Albert pour
une sorte de sombre Machiavel jouant en
Europe un rôle néfaste.
Mais voici le morceau, qui ferait hausser
les épaules et sourire en d’autres temps. On
verra que les journalistes allemands et
même bavarois poussent la bravoure et la
galanterie jusqu’à attaquer notre reine vé-
nérée, l'admirable Elisabeth de Bavière
elle-même. L’article est intitulé : « La po-
litique du Roi Albert ».
« Dès avant la guerre on savait parfaite-
ment en Allemagne que le roi des Beges et
son gouvernement s’étaient associés complè-
tement à la politique de la triple entente.
Sur le sol belge, les armées françaises et an-
glaises auraient trouvé tout l’appui désira-
ble. Pas la moindre résistance n’anrait été
ofisrie à une invasion de la Belgique par ces
armées ; au contraire tout était préparé pour
leur Faciliter la lâche.
» Heureusement, le gouvernement alle-
mand savait à quoi s’en tenir quant aux dis
positions des Belges et il a agi avec prompti-
tude et décision à l’égard d’nn voisin qui
jétait prêt à ouvrir sa maison à nos ennemis
«tandis qu’il nou3 interdisait le passage. De
nombreux faits connus depuis lors ont per-
mis de reconnaître le bien fondé du juge
ment porté par l’Allemagne sur la politique
fiëlge. Nous ne citerons que L’appel lait aux
officiers français environ huit jours avant
l’ouverture des hostilités, les préparatifs sur
les voies ferrées et dans les places fortes,
toutes mesures prises pour faciliter la mar-
che de3 Français, et beaucoup d’autres dé-
tails encore.
» Lorsque les Allemands, montant bonne
garde, eurent par leur énergie lait échouer
tous ces préparatifs, faits eu vue d’une atta-
que de flanc contre les troupes impériales,
le roi appela l'Angleterre à l’aide, et offrit
don armée pour marcher contre nous, alors
âae des officiers français et peut-être même
es troupes françaises se trouvaient déjà sur
les lieux. Et l’Angleterre saisit au vol la
« violation de la neutralité beige » comme
prétexte d’une intervention décidée depuis
longtemps.
» La traîtrise et les mensonges passés et
présents de nos ennemis sont excellemment
plis en relief par un article de la Gazette de
Francfort, apparemment rédigé d’après des
documents nouveaux. Voici:
« La Gazette de Francfort reçoit d’une sour-
ce que ses attaches officielles et ses relations
{personnelles permettent de considérer com-
me bien informée des renseignements qui
jettent une lumière nouvelle sur lés agisse
méats du roi des Belges avant et pendant la
«guerre.
» Paris réussit à gagner le roi Albert an
projet franco-anglais. Son confident, dans
ces pourparlers, était le général Jungbluth,
d’origine allemande pourtant mais germano-
phobe avéré Plus tard iutervint aussi lord
Curzoh ex-vice-roi des Indes, dans la pro-
priété duquel se trouvent actuellement les
enfants royaux.
» Aussi bien à Paris qu’à Londres, le roi
avait donné.à entendre qu’il ne partageait
pas les idées de Léopold II quant à l’attitude
de la Belgique à l’égard de la France et de
l’Angleterre, mais qu’il faisait siennes ses
préoccupations en matière coloniale. C’est
tci que commencèrent les pourparlers. Le
roi eut assez de peine à rallier ses ministres
aux idées nouvelles. Il n’y réussit qu’au
printemps 1914 et nne sorte de convention
militaire fat conclue avec la France et l’An-
gleterre.
» En même temps, le roi Albert, comme
agent de la Triple-Entente, essaya de fonder
une Union des petits Etats pour isoler la
ïriplice ou du moins l’Allemagne et l’Autri-
che. Il est curieux de constater que la Hol-
lande fut tout de suite méfiante et cette cir-
u constance fit échouer tout le projet.
» Lorsque, fin juillet, la situation s’aggrava,
le ministère belge recula devant la respon-
sabilité imminente. Sans consulter ses mi-
nistres, le roi Albert envoya au roi d’Angle-
terre la dépêche dunt le texte était déjà con-
venu avec lord Curzon, pour demander que
la neutralité belge fût protégée,
» Depuis le début, la reme était an cou-
rant des plans du roi» Jusqu’ici, elle n’a pas
eu uu mot de blâme pour les terribles mau-
vais traitements infligés notamment à des
jeunes lities allemandes sans défense à
Bruxelles et à Anvers. Par contre, la Reine
a pris sur elle de remettre au ministre Van-
dervelde, qui partait pour l’Amérique, une
lettre autographe destiuée à faire impression
sur le président Wilson. Dans cette lettre,
les « atrocités » commises par les Allemands
en Belgique sont décrites de façon approfon-
die. »
Les Dernières Nouvelles de Munich ajou-
tent :
« Tel est l’article de la Gazette de Francfort.
Si ces renseignements sont exacts dans tous
leurs détails, ie roi des Belges a contrevenu
à ses devoirs de la façon la plus grossière,
devoirs qu’il avait assumés comme souverain
d'nn Etat neutre. Le roi aurait donc tout ie
premier fait boa marché de ia neutralité de
sou pays, en se faisant l’instrument des des-
seins de la triple entente, et eu concluant
même avec elle une convention militaire.
» Comme nous t’avons déjà dit, on savait
avant la guerre que le gouvernement belge
et le roi pratiquaient une politique inspirée
par la triple entente et rAllemagne avait pris
ses mesures en conséquence. Mais si i’on en
est arrivé^ ce point que le roi Albert a asso-
cié sa personne et son pays directement à la
triple entente, comme alliés,il n’existait mê-
me plus l’ombre de la neutralité trompeuse
de la Belgique et pour l’Allemagne, toute rai-
son tombait de s’inquiéter encore de lettres
mortes.
» Avec sa politique, le roi a attiré sur la
Belgique une misère sans fin. Et en fin de
compte, le pays'fourvoyé se trouve là isolé,
ses conseillers ne peuvent plus lui être d’aa-
cune utilité et il est même douteux qu’ils le
veuillent sérieusement. Car pour eux la Bel-
gique n’a été qu’on moyen d’atteindre leur
but, et comme ce but n*a pu être atteint, le
sort de la Belgique est au fond cordialement
indifférent à la digue triple entente. »
En publiant cette infamie, la Gazette de
Francfort s’est simplement souvenue de
cette maxime célèbre : « Mentez ! mentez 1
Il en restera toujours quelque chose».
Rien n’égale, en effet, le ridicule de ces
affirmations, sinon leur grossièreté. Si elles
avaient été émises de bonne foi, elles prou-
veraient simplement la prodigieuse igno-
rance et la naïveté de leur auteur, car il ne
ne faut rien connaître des institutions na-
tionales belges pour prêter au roi un rôle
aussi absurdement personnel ; il faut ne
rien savoir de la prudence, de la circons-
pection de notre souverain pour hii attri-
buer des initiatives aussi dangereuses pour,
la Belgique.
Pour avoir une idée exacte de la bonne
foi allemande, il suffit de faire remarquer
que la même Gazette de Francfort, accusait
il y a deux mois le roi Albert de n’être
qu’un soliveau, entièrement sous la
coupe du wallon de Broqueville (1). Si no-
tre confrère voulait bien se mettre d’ac-
cord avec lui-même ?...
Et pour démolir entièrement cet échafau-
dage de mensonges, il suffirait d’ajouter
que l’entente anglo-belge, à en croire les
dernières révélations allemandes basées
sur les fouilles faites dans les dossiers du
Ministère de la guerre, date de 1906, épo-
que à laquelle régnait Léopold II.
Mais reprenons point par point l’article
allemand non pour les Belges, mais pour
tous ceux que les calomnies allemandes
pourraient abuser.
Tout était préparé pour recevoir les ar-
mées anglaises et françaises ? Première
grave « erreur » qu’il est aisé de redresser,
puisque le 5 août, l’Angleterre a offert à la
Belgique de débarquer son corps expédi-
tionnaire à Ostende et à Zee-Brugge, et
que le gouvernement a dû, à son grand re-
gret, décliner l’offre, les ports en question
n’étant pas dragués à profondeur suffisante
pour recevoir les transports. Il fallut plus
de six semaines de travaux de jour et de
nuit pour mettre ces ports eu état. Preuve
évidente qu’il n’y avait aucun accord d’au-
cune sorte.
Du côté français, pas le moindre repro-
che à nous faire non plus. Il est inutile
d’apporter ici le moindre argument, le
monde entier sachant, par les documents
diplomatiques publiés, que la France offrit
dès le premier jour cinq corps d’armée à la
Belgique. Si ces corps d’armée n’arrivèrent
point jusqu’à notre première ligne de dé-
fense Wavre — Hamme-Miile — Tirlemont
— Diest, c’est à la suite de circonstances
sur lesquelles il y aura lieu de revenir plus
tard. Dans tous les cas, si un accord quel-
conque avait existé, qui doute un instant
que les armées allemandes auraient payé
beaucoup plus cher encore le passage de la
Meuse !
L’article parle d’un appel fait, huit jours
avant la guerre, à des officiers français.
Quelle est cette histoire ? Quel est cet
appel ? Qui l’a lancé ? En quels termes ? Oh
demande instamment à connaître cet appel.
Tout le reste ne vaut pas un mot de ri-
poste. Ce n’est pas même fameux au point
de vue de l'imagination et les confrères
allemands qui résidaient à Bruxelles et aux-
quels nous serrions les mains nous dé-
çoivent beaucoup. Ils auraient pu facile-
ment corser un peu leur roman chez la por-
tière.
Pour ce qui est du projet d’une union des
petits Etafs, nous ne savons si le roi Albert
caressa quelque rêve à ce sujet. Celui-cî
fut agité dans la presse belge, il est vrai.
Il est vrai aussi que l’accueil trouvé pas nos
idées ne fut pas très chaleureux, ni en Hol-
lande, ni ailleurs, car les autres Etats neu-
tres se rendaiént parfaitement compte que
nous étions beaucoup plus exposés qu’eux
et que nos risques étaient dix fois plus
grands. Jamais il ny eut cependant, de ce
côté, ni un mot, ni un geste du roi.
Nous ne ferons pas à la Gazette de Franc-
fort l'honneur de répondre à se^ attaques
(i) Notez que M. de Broquéville est vhs fla-
mand pur sang élu par ua arrondissement exclu-
sivement flamand i
LA GUERRE
@Te Jour de Guerre
COMMUNIQUÉS DU GOUVERNEMENT
Paris, 28 Octobre, reçu à 17 heures.
Au cours de la journée d’hier, les
attaques allemandes dans toute la*
région entre Nieuport et Arras onfc
été beaucoup moins violentes .
Nous avons maintenu partout nos
positions.
Nous avons continué à progresser
au Nord et à l’Est de Ypres. Nous
avons égalemenLréalisé quelques pro-
grès entre Cambrin (au Sud-Ouest de
La Bassée) et Arras.
Il se confirme de plus en plus que
les pertes allemandes en tués, blessés
et prisonniers ont été considérables
dans la région du Nord.
Sur la rive droite de l’Aisne, les
Allemands ont tenté, de nuit, une of-
fensive très violente, dans la région
de Graonne, sur les hauteurs du Che-
min-des-Dames : ils ont été repoussés-
En Voëvre: nos troupes ont continué
leur avance dans les bois entre Apre-
mont et Saint-Mihiel, et dans le bois
Le Prêtre,
En Russie
Au Sud de Varsovie, la bataille
s’étend de Rawa au confluent de la
L’Ijanka avec la Vistule, sur un front
de cent kilomètres,
Dans la région au Nord-Est de Raxva,
les Russes ont infligé aux Allemands
de grosses pertes.
Des combats acharnés se produisent
dans les bois entreKozienice etRadom.
En Galicie
Les Russes ont progressé au Sud
de Sambor. Ils ont entouré, dans la
vallée encaissée du Pedbuj, la 38e di-
vision de honved avec des éléments de
Landsturm et les ont décimés com lè-
lement. leur prenant 20 canons et un
nombreux matériel.
Prusse Orientale
Les tentatives partielles de contre-
offensive allemande en Prusse Orien-
tale ont échoué.
Paris, 23 heures, reçu à 1 h. 20 du matin.
En Belgique, deux attaques de nuit
ont été tentées par l’ennemi dans la
région de Dixmude ; elles ont été re-
poussées.
L’effort allemand, sur le front Nieu
port-Dixmude, paraît s’enrayer.
Notre offensive continue au Nord
d* Ypres.
Entre La Bassée et Lens,nous avons
progressé légèrement.
Sur le reste du front, rien à si*
gnaler.
contre la reine bien-aimée des Belges. Mais
quand il dit que des jeunes filles alleman-
des ont été molestées en Belgique, nous ré-
pondons seulement que ce Journal allemand
ment. Nous n’ajouterons rien sur le sort
fàit aux femmes, aux jeunes filles, aux en-
fants de Belgique par les brutes alleman-
des ; ils ont soulevé déjà et soulèveront de-
main davantage encore, quand le voile
pourra être levé complètement, l’horreur et
la colère du monde civilisé.
Si, d’autre part, les journaux allemands
s’imaginent que leurs calomnies vont sépa-
rer le roi Albert du peuple belge, ils se
trompent lourdement, Sans doute, la ven-
geance leur serait chère contre celui à qui
ils attribuent i’échec de leurs armées, et qui'
fut l’âme de la résistance héroïque des Bel-
ges, à qui leur empereur affolé d’orgueil —
cet empereur dont un fils se trouvait au
châlet royal d’Ostende dix jours avant la
déclaration de guerre — se permit d’en-
voyer des télégrammes injurieux. Mais
toute la fourberie allemande s’y emploiera
en vain, de même qu’elle tentera inutile-
ment d’empoisonner les sentiments de re-
connaissance que les Belges doivent à la
France et à l’Angleterre. Le sang .versé a
cimenté l’union du peuple belge et de son
roi et l’entente des nations.
Un seul pays s’est comporté bassement et
n’a reculé devant aucun moyen pour attein-
dre son but orgueilleux : c’est l’Allemagne.
Un seul pays a prémédité, préparé, voulu
la guerre, l’a fait éclater à l’heure choisie
par lui : c’est l’Allemagne, Les documents
diplomatiques publiés prouvent surabon-
damment que, même au dernier moment,
les choses eussent pu s’arranger entre l’Au-
triche et la Russie, mais que Berlin ne vou-
lut pas.
Un seul souverain eut, avec sa camarilla
militaire et ses junkers, une politique de
'domination, de conquête, d’écrasement :
c’est l’empereur d’Allemagne. La politique
du roi Albert fut celle de la nation même:
toute de franchise, de correction, de loyau-
té.
Uu seul peuple s’est conduit ignoble-
ment en faisant la guerre : c’est le peuple
allemand qui est à jamais déshonoré.
Une seule presse, enfin, se montre hai-
neuse et servile en louant tous ces excès,
en trompant effrontément le pays, se con-
duit comme se conduisent les \ alets ren-
voyés en osant insulter l’une des âmes fé-
minines les plus pures de cette époque, et
la plus noble princesse, le plus beau lys
qu’ait donné leur propre sol, notre reine si
absolument, si glorieusement belge, Elisa-
beth.
JEAN BARY..
Pour comMtre les « Taies »
Un nouveau canon anglais, employé ces
jours-ci pour ia première fois, cause la ter-
remr aux aviateurs allemands.
Un T aube survola vendredi (e quartier gé-
nérai de i’état-major britannique, jetant des
bombes qui ne causèrent pas grand mal.
Sa carrière tut cependant interrompue par
un coup ou deux du nouveau canon. L’aéro-
plane atteint ne tomba pas aussitôt, mais il
fit un petit parcours et, désemparé, des-
cendit.
Samedi, un autre aéroplane renouvela la
tentative. Il n’avait pas encore lancé de bom-
bes qu’il était bombardé avec succès et ame-
né dans les lignes ennemies.
CliMipe Belge
AU CONGO BELGE
Brillants Succès des Troupes belges
Lorsque l’Allemagne eut déclaré la guerre à
la Belgique, élis donna immédiatement l’ordre
à ses troupes d’attaquer le Congo Belge, notam-
ment de s’emparer des postes situes sur le lao
de Kivu. Attaqués à /'Improviste par des forces
supérieures nos soldats durent céder.
Ce ne fut pas pour longtemps. Aujourd’hui
nous est arrivés par l’intermédiaire de l’inspec-
teur d’Etat Tombeur, gouverneur général du
K'tangdff, la nouvelle que le commandant
Henry a infligé une sévère défaite aux Alle-
mands à Kistegnié sur le lac Kivu, c’est-à-dire
en territoire allemand.
La partie du Congo Belge que les troupes al-
lemandes avaient envahi ont donc été évacuées,
smon ces troupes sont cernées.
Kissegnié, poste allemand situé à environ une
demi-heure de la frontière belge était fortifié
par un borna ou fortin entouré d'un mur très
épais surmente et précédé de f l de fer barbelé.
Les Allemands étaient précisément en train J
de construire un fort en béton armé à Kisse-
gn'ré, Hs n’auront pas eu le temps de le ter-
miner.
Le commandant Henry qui était à la tê'.e des
troupes belges est un vétéran des campagnes
africaines. C’est lui qui commandait, il y a
une dizaine d’années les troupes qui vinrent à
bout des Batete/os révoltés. L’extrême mobilité
et l’activité prodigieuse dont il fit preuve au
cours de cette campagne lui valut des indigè-
nes le surnom de « Bwana Ndeke a le blanc-
oiseau.
Nos troupes s ont donc bien commandées.
Elles sont aussi remarquablement entraînées.
Nos soldats du Katanga et du Kivu ont presque
tous été au feu. Certaines compagnies du Kivu
ont été en expédition pendant plus d’une année.
Quant aux troupes du Kaxanga elles sont consi -
dérées comme les plus solides et les mieux en-
cadrées de la Colonie.
Presque tous nos hommes ont le fusil Mauser.
Certains ont le Comblain, une arme qu’on peut
comparer au fusil Gras. Elles disposent de plu-
steurs batteries d’artillerie, des Nordenfelt. de
47 principalement ainsi que des mitrailleuses
tirant des balles de 11 mm. et de fusils mitrail-
leuses. Deux compagnies cyclistes font partie
des troupes du Katanga. Il n’y a pas de cavale-
rie, la nature du sol et le manque de routes,
ne permet pas l’usage de chevaux.
Rutshuru, Nya-Lukemba et Uvira, postes-
frontières belges, sont foriifés au moyen de
redoutes avec de l'artillerie
Plusieurs pelotons de volontaires blancs ont
été formés au Katanga. De leur côté, les Alle-
mands ont levé plusieurs compagnies de colons
parmi les résidants blancs, principalement du
Kilimandjaro.
La région du Kivu, qui tire son nom du lao
Kivu, est une des plus pittoresques du monde. Les
huit volcans qui entourent Rutshuru, le chef-lieu
du district, sont admirables. L’un d’entre eux, le
Karîsimbi, s'élève à 4,800 mètres au -dessus du
niveau de la mer. Le Nukeno, extrêmement
tourmenté et qui a la forme d'une racine de
dent, atteint 4,600 mètres et est d’une sauvage-
rie splendide.
Le lao Kivu, lui-même aux bords escarpés,
est à 1,500 mètres d’altitude ; il a 100 kilomè-
tres environ de longueur du Nord au Sud sur
30 de large L’tle belge de Kwidjwi, dans le
lac Kivu, renferme près de 30,500 habitants.
Les populations des environs du lue Kivu
sont dominées par les Watuzis, race guerrière
do très haute taille. On estime que les Watuzis
possèdent environ 2 millions de têtes de gros
bétail,
s
**
Une attaque des Allemands sur Albertville,
tête de ligne du chemin de fer des Grands-Lacs
sur le lac Tanganika, a été facilement repous-
sée par l’artillerie belge qui a bombardé les
troupes allemandes qui occupaient une tle en
face de ce poste.
En Afrique comme en Belgique les troupes
belges se couvrent donc de gloire.
M.
M. POINCARÉ
AE.U2XL AÜJÜfAEISS
Bordeaux, 28 octobre.
Le président de la République délirant
rendre visite à l’armée aussi souvent que les
devoirs de sa charge et la présidence du
Conseil des ministres le lui permettent a
quitté Bordeaux dans la soirée pour retour-
ner au milieu des troupes, accompagné jus-
qu’à Paris par ie ministre des finances et le
ministre des travaux publics.
Il sera rejoint à Paris par le ministre de la
guerre qui se rendra avec lui sur ie Iront.
Le déplacement du président durera sans
doute huit jours.
UNE DÉCLARATION
I>E M.
Bordeaux, 28 octobre.
M. le président Faîtières, interviewé par
un rédacteur, du journal La France du Sud-
Ouest, a déclaré qu’à son avis la guerre sera
très longue et qu’elle ne fait que commen-
cer. Il faudra des mois et des mois pour
abattre l’Allemagne, mais la France n’est
nullement découragée par cette perspective.
Elle a acquis nne vertu nouvelle, la cons-
tance dans les efforts.
« Certes, oui, nous vaincrons, affirme
M. Fallières, car indépendamment dés res-
sources matérielles et moralrs inépuisables
nous avons le concours do la R issie et de
l’Angleterre, dont l'Allemagne éprouvera à
ses dépens la puissance et la ténacité, et
nous avons aussi le concours de la Belgique
et de la Serbie. N.-us avons en outre l’appui
moral de toute l'humanité éprise d’idéai et
de liberté. »
M. le président Fallières exprima son ad-
miration pour les Belges luttant pour l’hot •
neor, pour le respect de la parole donnée.
Quel exemple pour ie monde I dit-il.
Devant cette Allemagne sauvage, et son
kaiser ivre d’orgueil, le Droit ne tombera
pas, la France ne périra pas, dussions-nous
sacrifier te dernier homme, et si i’on doit ap-
peler l’arrière-ban je suis prêt à partir.
Mais pour le pays tout entier il ne peut y
avoir qu’un mot d’ordre : Confiance, con-
fiance absolue 1
Les Correspondances Militaires
Bordeaux, 28 octobre.
Au Conseil des ministres, MM. Briand et
Sarraut, rentrés dans la matinée, ont rendu
compte de leur voyage.
Le gouvernement a envisagé ensuite les
moyens propres à assurer nne pins grande
sûreté dans ta transmission des correspon-
dances militaires. Il projette de confier aux
postier militarisés ie servies depuis le bu-
reau central militaire jusqutaux vaguemes-
tres des régiments.
Les Prisonniers Autrichiens
Pétrograd, 28 octobre.
On mande de Ki&ff que le nombre des
prisonniers autrichiens amenés dans cette
ville depu s le commencement de la guerre
dépassait mardi cent mille hommes.
Les Austro-Hongrois
ont besoin de renforts
Rome, 28 octobre.
Les journaux de Vienne annoncent ia no-
mination probable, après guérison, du gé-
néral Auffiastfeerg an commandement en chef
des opérations contre les Serbo Monténé-
grins.
Si la nomination du généra! Aoffmbérg
est confirmée, ce serait certainement le si-
gne que l’aotorrté militaire austro-hongroise
projette an changement radical dans la con-
duite des opérations en Bosnie.
Des renforts seront demandés à l’Allema-
gne sur le Iront rosse afin de distraire des
iorces pour les employer sur le théâtre mé-
ridional de la guerre.
U PROPAGANDE ALLEMANDE
Bâle, 28 ociobre.
A la suite de la protestation des inteljec
iueis allemands, nne ligne a été tondéa à
Berlin sons ie nom de « Kulturbund », c’est-
à dire « Ligne de ia civilisation». El le compte
parmi ses membres les p;us éminents re-
présentants de la science et des arts de
PALetnagos. Son objet est de répandre dans
les pays neutres des nouvelles sur la guerre
favorables à l’Allemagne.
Un Navire français devant Ostende
Londres, 26 octobre.
Un destroyer français approchant d’Os-
tende a été brusquement attaqué par des
mitrailleuses allemandes installées sur ia
côte. Le contre-torpilleur répondit par quel-
ques obus, dont un se logea au rez-de-chaus-
sée de l’hôtel Mo j es tic. Trois officiers alle-
mands furent tués.
Ayant terminé sa reconnaissance, le con-
tre-torpilienr s’éloigna.
Le commandant allemand à Ostende ar-
rêta aussitôt le personnel de l’hôtel. Majes-
bc, sous prétexte qu'il avait fait des signaux,
et placarda nne affiche ordonnant à tous
les Anglais de quitter la ville immédiate-
ment.
L’ATTITUDE DE LA GRÈCE
Rome, 28 ociobre.
Le Corriere délia Sera a interviewé M. Ve-
nizelos. Le ministre affi>'me que la Grèce dé-
sire rester absolument neutre. Toutefois
l’alliance avec la Serbie l’oblige, si un casus
ftderis se présentait, à une assistance armée.
Dans une telle éventualité, la Grèce tiendrait
loyalement ses engagements.
Alhènes, 28 octobre.
On annonce que toutes les puissances ont
reconnu le bien fondé des raisons imposant
an gouvernement hellénique la réoccona-
tip,'.du Nord de IWf»,
JAIT DISRIS
Communiqué officiel
Pelrograd. 28 octobre.
Dans nn combat de quatre jours, au Sud
de la Pilica, dans les forêts, tes Russes ont
défait complètement les Austm-Al ernands.
En tre la PPica et Glovatcboff, U s Russes
ont rompu défi Hivernent, le 26 octobre, la
résistance du 20e corps et la reserve de la
garde allemande.
Au centre, après des combats extrême-
ment acharné», les Russes se sont établis
solidement.
A l'aile gauche, les Russes -ont pris d’as-
saut les positions défens ves organisées à
Pohtchna, enveloppant nne partie des tram
p -s autrich ennes.
Dans la nuit du 27 octobre, l’ennemi recu-
lait en dé-ordre vers la ligne Edlimk R dom,
abandonnant aux Russes des prisonniers et
des canons.
E» Galicie, la bataille est engagée sur tout
le front.
Au Sud de Przemysl, les Russes ont pro-
gressé.
En Prusse orientale, l’ennemi a bombardé
violemment les positions russes et a opéré,
dans la région de Ë kaiavjevo, des attaques
réitérées qui ont tomes été repoussées.
Les succès russes sur la Ptiica ont nne
i m portance considérable.
riiRMTfil”
est iebsss prés de Biilepi
Il avait rencontré nne mine dans la
Manche. — 2,:00 Réfugiés du
Nord étaient à bord.
La nouvelle a couru an Havre, mardi, que
le steamer Amiral-Gantmume, de la Compa-
gnie des Chargeurs Réunis, naviguant ac-
tuellement pour le compte de l'Etat, avait
été torpillé et s’était perdu daus la Manche.
Cette nouvelle n’ètait pas l’expression delà
vérité, car \’Amiral G nUeaume se trouve ac-
tuellement échoué sur ia côte près de Boulo-
gne.
Le steamer avait à bord 2,500 réfugiés qu'il
transportait de Calais au Havre, lorsque,
lundi après-midi, à 12 milles du Cap Gris
Nez. il rencontra nne mine flottante qui lui
occasionna nne forte voie d’eau.
' L’Amiral Ganteaume fut alors rencontré à
ce moment par le steamer Queen, de la South
Ess*ern and Chatham Company.
Affo'ôs, de nombreux passagers s’étaient
déjà j8tés à la mer. Une quinzaine se noyè-
rent, tandis que d’antres turent écrasés en-
tre le steamer en perdition et le Queen, lors-
que celui-ci accosta.
Voici d’aillénrs un récit de ce naufrage re-
cueilli par M. Donald Wayleo, du Datly Mail,
qui se trouvait à bord du Queen :
« Nous avions quitté Boulogne à 4 heures,
lorsqu'une demi heure après nous aperçû-
mes le steamer français qui faisait des si-
gnaux de détresse. Des hommes et des finî-
mes montaient dans les mâts et le gréement
pour faire des appels. Lorsque nous appro-
châmes, nous entendîmes les cris d’effroi de
tous ces malheureux qui se croyaient voués
à la mort. Aussi la panique était grande paiv
mi eux. Plusieurs se jetèrent à ia mer à no-
tre approche pour venir veis nous Six hom-
mes avaient réussi à mettre un petit canot i
la mer, mais les lames le firent chavirer.
Trots des occupants furent noyés sous mes
yeux.
» Avec difficulté nous réussîmes à accoster
et cette manoeuvre produisît même un heurt
assez violent entre les deux navires. Une
agitation extraordinaire régnait »ur le pont
du navire français, où! les 2,500 passagers
étaient entassés poussant des cris. Ceux
qui n’avaient pas attendu l’accostage, une
quinzaine environ, furent victimes de leur
imprudence.
» De nombreux passagers, au risque de
se rompre le cou, sautèrent à bord du Queen,
tombant les uns sur les autres, pêie-raèie, à
moitié fous de frayeur. Dans cette bouscu-
lade il y eut de nombreux blessés.
» L’équipage et les passagers du Qu en se
mirent a l’oeuvre pour sauver ces inaihen-
réux et leur donner des soins. Nous réussî-
mes, en outre, à rattraper huit personnes
tombées à I’ean.
» Ayant transbordé tous les réfugiés à bord
do Queen, nous fîmes route pour Fo k 'stoue
où uoas arrivâmes à 7 heures. Le capitaine
et l’équipage de i'Anvral-Ganteaume étaient
restés à leur bord Ayant la certitude que !e
steamer pouvait flouer au moins deux heu-
res encore, ils avaient l’intention de le met-
tre à la côte.
» Les blessés ont été débarqués à Fo lkestone
et hospitalisés au Pavillon Hôtel. Un ving-
taine sont gravement atteints. On sera dans
l’obligation de couper la jambe de l’un
d’eux, tandis qu’nn autre aura les deux bras
amputés.
«Tous les réfugiés qui pouvaient supporte*
le voyage ont été dirigés sur Londres. »
TOMMY ATKINS
Au sujet de l’origine du nom de « Tommy
Atkins » pour désigner le troupier anglais
un correspondant écrit au Times :
« C’est à 1857 que remonte ce sobriquet
donné à nos soldats. Au moment de la ré-
bellion de l’Inde, tons les Européens de
Lncknow se réfugièrent à la résidence. En
s’y rendant, ils rencontrèrent un soldat da
32e régiment (infanterie légère du duc de
Cornouailles), placé en sentinelle avancée.
Ils pressèrent ce soldat de 89 réfugier avec
eux dans l’enceinte du palais du gouverneur,
mais il refusa et demeura à son poste. Or,
ce brave se nommait Thomas Atkins et, pen-
dant toute la campagne da ia rébellion, si un
soldat aejomplissait un acte courageux, on
disait couramment do lui : « Ah 1 C’est ua
vrai Tommy Atkins 1 »
»!■■■-- - - I ! ■■■.VW*’
MORT D’UN PRINCE
Le prince Maurice de BiUemlv*rg est dé-
cédé à la suite de blessures A’/uea sur II
champ de bataille,
Adoeinislrat«nr • Délégué - G érant
O. RAJNjDOL-ET
iftsisistratisii. Impressicss et iano&eas. TEL. 10.(1
85, Rue Fontenelle, 35
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Qu s’abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux ie Poste ie Franee
« I
Oeîges et Allemands, -- Les Responsabilités.
La Politique du Roi Albert
Nos lecteurs liront avec intérêt l’im-
portant article qui suit que M. Jean
Mary', président de f’Association des
Journalistes Libéraux de Belgique, a
bien voulu écrire à leur intention et
qui renferme des textes inédits en
France.
Nous sommes heureux de saisir cette
occasion pour saluer en lui, bien cor-
dialement, tous nos confrères de la
presse belge qui ont suivi le gouverne-
ment dans son transfert provisoire en
notre ville.
Aucun journal dé' Belgique n’a
voulu s'exposer à subir la censure al-
lemande ; ils ont donc tous suspendu
leur publication ; de plus, pour que
leurs machines ne servent pas à l’en-
nemi, on les a rendues inutilisables.
Ce sera l’honneur des journalistes
belges d’avoir, par leur exil volon-
taire, pris leur large part des maux
de leur nation.
C.-J.
Il faut savoir ce que l’on dit de nous, à
l’étranger, en Allemagne surtout. Quels en-
seignements nous donne en‘ce moment la
presse germanique, et quelle leçon sera,
pour ceux de nos compatriotes que la four-
berie allemande avait fini par engluer, la
lecture de l’article que voici, publié le
4 octobre dans les Dernières Nouvelles de
Munich. Cet article reproduit et commente
une diatribe de la Gazette de Francfort
aussi audacieuse que calomniatrice.
Il tend à faire passer le roi Albert pour
une sorte de sombre Machiavel jouant en
Europe un rôle néfaste.
Mais voici le morceau, qui ferait hausser
les épaules et sourire en d’autres temps. On
verra que les journalistes allemands et
même bavarois poussent la bravoure et la
galanterie jusqu’à attaquer notre reine vé-
nérée, l'admirable Elisabeth de Bavière
elle-même. L’article est intitulé : « La po-
litique du Roi Albert ».
« Dès avant la guerre on savait parfaite-
ment en Allemagne que le roi des Beges et
son gouvernement s’étaient associés complè-
tement à la politique de la triple entente.
Sur le sol belge, les armées françaises et an-
glaises auraient trouvé tout l’appui désira-
ble. Pas la moindre résistance n’anrait été
ofisrie à une invasion de la Belgique par ces
armées ; au contraire tout était préparé pour
leur Faciliter la lâche.
» Heureusement, le gouvernement alle-
mand savait à quoi s’en tenir quant aux dis
positions des Belges et il a agi avec prompti-
tude et décision à l’égard d’nn voisin qui
jétait prêt à ouvrir sa maison à nos ennemis
«tandis qu’il nou3 interdisait le passage. De
nombreux faits connus depuis lors ont per-
mis de reconnaître le bien fondé du juge
ment porté par l’Allemagne sur la politique
fiëlge. Nous ne citerons que L’appel lait aux
officiers français environ huit jours avant
l’ouverture des hostilités, les préparatifs sur
les voies ferrées et dans les places fortes,
toutes mesures prises pour faciliter la mar-
che de3 Français, et beaucoup d’autres dé-
tails encore.
» Lorsque les Allemands, montant bonne
garde, eurent par leur énergie lait échouer
tous ces préparatifs, faits eu vue d’une atta-
que de flanc contre les troupes impériales,
le roi appela l'Angleterre à l’aide, et offrit
don armée pour marcher contre nous, alors
âae des officiers français et peut-être même
es troupes françaises se trouvaient déjà sur
les lieux. Et l’Angleterre saisit au vol la
« violation de la neutralité beige » comme
prétexte d’une intervention décidée depuis
longtemps.
» La traîtrise et les mensonges passés et
présents de nos ennemis sont excellemment
plis en relief par un article de la Gazette de
Francfort, apparemment rédigé d’après des
documents nouveaux. Voici:
« La Gazette de Francfort reçoit d’une sour-
ce que ses attaches officielles et ses relations
{personnelles permettent de considérer com-
me bien informée des renseignements qui
jettent une lumière nouvelle sur lés agisse
méats du roi des Belges avant et pendant la
«guerre.
» Paris réussit à gagner le roi Albert an
projet franco-anglais. Son confident, dans
ces pourparlers, était le général Jungbluth,
d’origine allemande pourtant mais germano-
phobe avéré Plus tard iutervint aussi lord
Curzoh ex-vice-roi des Indes, dans la pro-
priété duquel se trouvent actuellement les
enfants royaux.
» Aussi bien à Paris qu’à Londres, le roi
avait donné.à entendre qu’il ne partageait
pas les idées de Léopold II quant à l’attitude
de la Belgique à l’égard de la France et de
l’Angleterre, mais qu’il faisait siennes ses
préoccupations en matière coloniale. C’est
tci que commencèrent les pourparlers. Le
roi eut assez de peine à rallier ses ministres
aux idées nouvelles. Il n’y réussit qu’au
printemps 1914 et nne sorte de convention
militaire fat conclue avec la France et l’An-
gleterre.
» En même temps, le roi Albert, comme
agent de la Triple-Entente, essaya de fonder
une Union des petits Etats pour isoler la
ïriplice ou du moins l’Allemagne et l’Autri-
che. Il est curieux de constater que la Hol-
lande fut tout de suite méfiante et cette cir-
u constance fit échouer tout le projet.
» Lorsque, fin juillet, la situation s’aggrava,
le ministère belge recula devant la respon-
sabilité imminente. Sans consulter ses mi-
nistres, le roi Albert envoya au roi d’Angle-
terre la dépêche dunt le texte était déjà con-
venu avec lord Curzon, pour demander que
la neutralité belge fût protégée,
» Depuis le début, la reme était an cou-
rant des plans du roi» Jusqu’ici, elle n’a pas
eu uu mot de blâme pour les terribles mau-
vais traitements infligés notamment à des
jeunes lities allemandes sans défense à
Bruxelles et à Anvers. Par contre, la Reine
a pris sur elle de remettre au ministre Van-
dervelde, qui partait pour l’Amérique, une
lettre autographe destiuée à faire impression
sur le président Wilson. Dans cette lettre,
les « atrocités » commises par les Allemands
en Belgique sont décrites de façon approfon-
die. »
Les Dernières Nouvelles de Munich ajou-
tent :
« Tel est l’article de la Gazette de Francfort.
Si ces renseignements sont exacts dans tous
leurs détails, ie roi des Belges a contrevenu
à ses devoirs de la façon la plus grossière,
devoirs qu’il avait assumés comme souverain
d'nn Etat neutre. Le roi aurait donc tout ie
premier fait boa marché de ia neutralité de
sou pays, en se faisant l’instrument des des-
seins de la triple entente, et eu concluant
même avec elle une convention militaire.
» Comme nous t’avons déjà dit, on savait
avant la guerre que le gouvernement belge
et le roi pratiquaient une politique inspirée
par la triple entente et rAllemagne avait pris
ses mesures en conséquence. Mais si i’on en
est arrivé^ ce point que le roi Albert a asso-
cié sa personne et son pays directement à la
triple entente, comme alliés,il n’existait mê-
me plus l’ombre de la neutralité trompeuse
de la Belgique et pour l’Allemagne, toute rai-
son tombait de s’inquiéter encore de lettres
mortes.
» Avec sa politique, le roi a attiré sur la
Belgique une misère sans fin. Et en fin de
compte, le pays'fourvoyé se trouve là isolé,
ses conseillers ne peuvent plus lui être d’aa-
cune utilité et il est même douteux qu’ils le
veuillent sérieusement. Car pour eux la Bel-
gique n’a été qu’on moyen d’atteindre leur
but, et comme ce but n*a pu être atteint, le
sort de la Belgique est au fond cordialement
indifférent à la digue triple entente. »
En publiant cette infamie, la Gazette de
Francfort s’est simplement souvenue de
cette maxime célèbre : « Mentez ! mentez 1
Il en restera toujours quelque chose».
Rien n’égale, en effet, le ridicule de ces
affirmations, sinon leur grossièreté. Si elles
avaient été émises de bonne foi, elles prou-
veraient simplement la prodigieuse igno-
rance et la naïveté de leur auteur, car il ne
ne faut rien connaître des institutions na-
tionales belges pour prêter au roi un rôle
aussi absurdement personnel ; il faut ne
rien savoir de la prudence, de la circons-
pection de notre souverain pour hii attri-
buer des initiatives aussi dangereuses pour,
la Belgique.
Pour avoir une idée exacte de la bonne
foi allemande, il suffit de faire remarquer
que la même Gazette de Francfort, accusait
il y a deux mois le roi Albert de n’être
qu’un soliveau, entièrement sous la
coupe du wallon de Broqueville (1). Si no-
tre confrère voulait bien se mettre d’ac-
cord avec lui-même ?...
Et pour démolir entièrement cet échafau-
dage de mensonges, il suffirait d’ajouter
que l’entente anglo-belge, à en croire les
dernières révélations allemandes basées
sur les fouilles faites dans les dossiers du
Ministère de la guerre, date de 1906, épo-
que à laquelle régnait Léopold II.
Mais reprenons point par point l’article
allemand non pour les Belges, mais pour
tous ceux que les calomnies allemandes
pourraient abuser.
Tout était préparé pour recevoir les ar-
mées anglaises et françaises ? Première
grave « erreur » qu’il est aisé de redresser,
puisque le 5 août, l’Angleterre a offert à la
Belgique de débarquer son corps expédi-
tionnaire à Ostende et à Zee-Brugge, et
que le gouvernement a dû, à son grand re-
gret, décliner l’offre, les ports en question
n’étant pas dragués à profondeur suffisante
pour recevoir les transports. Il fallut plus
de six semaines de travaux de jour et de
nuit pour mettre ces ports eu état. Preuve
évidente qu’il n’y avait aucun accord d’au-
cune sorte.
Du côté français, pas le moindre repro-
che à nous faire non plus. Il est inutile
d’apporter ici le moindre argument, le
monde entier sachant, par les documents
diplomatiques publiés, que la France offrit
dès le premier jour cinq corps d’armée à la
Belgique. Si ces corps d’armée n’arrivèrent
point jusqu’à notre première ligne de dé-
fense Wavre — Hamme-Miile — Tirlemont
— Diest, c’est à la suite de circonstances
sur lesquelles il y aura lieu de revenir plus
tard. Dans tous les cas, si un accord quel-
conque avait existé, qui doute un instant
que les armées allemandes auraient payé
beaucoup plus cher encore le passage de la
Meuse !
L’article parle d’un appel fait, huit jours
avant la guerre, à des officiers français.
Quelle est cette histoire ? Quel est cet
appel ? Qui l’a lancé ? En quels termes ? Oh
demande instamment à connaître cet appel.
Tout le reste ne vaut pas un mot de ri-
poste. Ce n’est pas même fameux au point
de vue de l'imagination et les confrères
allemands qui résidaient à Bruxelles et aux-
quels nous serrions les mains nous dé-
çoivent beaucoup. Ils auraient pu facile-
ment corser un peu leur roman chez la por-
tière.
Pour ce qui est du projet d’une union des
petits Etafs, nous ne savons si le roi Albert
caressa quelque rêve à ce sujet. Celui-cî
fut agité dans la presse belge, il est vrai.
Il est vrai aussi que l’accueil trouvé pas nos
idées ne fut pas très chaleureux, ni en Hol-
lande, ni ailleurs, car les autres Etats neu-
tres se rendaiént parfaitement compte que
nous étions beaucoup plus exposés qu’eux
et que nos risques étaient dix fois plus
grands. Jamais il ny eut cependant, de ce
côté, ni un mot, ni un geste du roi.
Nous ne ferons pas à la Gazette de Franc-
fort l'honneur de répondre à se^ attaques
(i) Notez que M. de Broquéville est vhs fla-
mand pur sang élu par ua arrondissement exclu-
sivement flamand i
LA GUERRE
@Te Jour de Guerre
COMMUNIQUÉS DU GOUVERNEMENT
Paris, 28 Octobre, reçu à 17 heures.
Au cours de la journée d’hier, les
attaques allemandes dans toute la*
région entre Nieuport et Arras onfc
été beaucoup moins violentes .
Nous avons maintenu partout nos
positions.
Nous avons continué à progresser
au Nord et à l’Est de Ypres. Nous
avons égalemenLréalisé quelques pro-
grès entre Cambrin (au Sud-Ouest de
La Bassée) et Arras.
Il se confirme de plus en plus que
les pertes allemandes en tués, blessés
et prisonniers ont été considérables
dans la région du Nord.
Sur la rive droite de l’Aisne, les
Allemands ont tenté, de nuit, une of-
fensive très violente, dans la région
de Graonne, sur les hauteurs du Che-
min-des-Dames : ils ont été repoussés-
En Voëvre: nos troupes ont continué
leur avance dans les bois entre Apre-
mont et Saint-Mihiel, et dans le bois
Le Prêtre,
En Russie
Au Sud de Varsovie, la bataille
s’étend de Rawa au confluent de la
L’Ijanka avec la Vistule, sur un front
de cent kilomètres,
Dans la région au Nord-Est de Raxva,
les Russes ont infligé aux Allemands
de grosses pertes.
Des combats acharnés se produisent
dans les bois entreKozienice etRadom.
En Galicie
Les Russes ont progressé au Sud
de Sambor. Ils ont entouré, dans la
vallée encaissée du Pedbuj, la 38e di-
vision de honved avec des éléments de
Landsturm et les ont décimés com lè-
lement. leur prenant 20 canons et un
nombreux matériel.
Prusse Orientale
Les tentatives partielles de contre-
offensive allemande en Prusse Orien-
tale ont échoué.
Paris, 23 heures, reçu à 1 h. 20 du matin.
En Belgique, deux attaques de nuit
ont été tentées par l’ennemi dans la
région de Dixmude ; elles ont été re-
poussées.
L’effort allemand, sur le front Nieu
port-Dixmude, paraît s’enrayer.
Notre offensive continue au Nord
d* Ypres.
Entre La Bassée et Lens,nous avons
progressé légèrement.
Sur le reste du front, rien à si*
gnaler.
contre la reine bien-aimée des Belges. Mais
quand il dit que des jeunes filles alleman-
des ont été molestées en Belgique, nous ré-
pondons seulement que ce Journal allemand
ment. Nous n’ajouterons rien sur le sort
fàit aux femmes, aux jeunes filles, aux en-
fants de Belgique par les brutes alleman-
des ; ils ont soulevé déjà et soulèveront de-
main davantage encore, quand le voile
pourra être levé complètement, l’horreur et
la colère du monde civilisé.
Si, d’autre part, les journaux allemands
s’imaginent que leurs calomnies vont sépa-
rer le roi Albert du peuple belge, ils se
trompent lourdement, Sans doute, la ven-
geance leur serait chère contre celui à qui
ils attribuent i’échec de leurs armées, et qui'
fut l’âme de la résistance héroïque des Bel-
ges, à qui leur empereur affolé d’orgueil —
cet empereur dont un fils se trouvait au
châlet royal d’Ostende dix jours avant la
déclaration de guerre — se permit d’en-
voyer des télégrammes injurieux. Mais
toute la fourberie allemande s’y emploiera
en vain, de même qu’elle tentera inutile-
ment d’empoisonner les sentiments de re-
connaissance que les Belges doivent à la
France et à l’Angleterre. Le sang .versé a
cimenté l’union du peuple belge et de son
roi et l’entente des nations.
Un seul pays s’est comporté bassement et
n’a reculé devant aucun moyen pour attein-
dre son but orgueilleux : c’est l’Allemagne.
Un seul pays a prémédité, préparé, voulu
la guerre, l’a fait éclater à l’heure choisie
par lui : c’est l’Allemagne, Les documents
diplomatiques publiés prouvent surabon-
damment que, même au dernier moment,
les choses eussent pu s’arranger entre l’Au-
triche et la Russie, mais que Berlin ne vou-
lut pas.
Un seul souverain eut, avec sa camarilla
militaire et ses junkers, une politique de
'domination, de conquête, d’écrasement :
c’est l’empereur d’Allemagne. La politique
du roi Albert fut celle de la nation même:
toute de franchise, de correction, de loyau-
té.
Uu seul peuple s’est conduit ignoble-
ment en faisant la guerre : c’est le peuple
allemand qui est à jamais déshonoré.
Une seule presse, enfin, se montre hai-
neuse et servile en louant tous ces excès,
en trompant effrontément le pays, se con-
duit comme se conduisent les \ alets ren-
voyés en osant insulter l’une des âmes fé-
minines les plus pures de cette époque, et
la plus noble princesse, le plus beau lys
qu’ait donné leur propre sol, notre reine si
absolument, si glorieusement belge, Elisa-
beth.
JEAN BARY..
Pour comMtre les « Taies »
Un nouveau canon anglais, employé ces
jours-ci pour ia première fois, cause la ter-
remr aux aviateurs allemands.
Un T aube survola vendredi (e quartier gé-
nérai de i’état-major britannique, jetant des
bombes qui ne causèrent pas grand mal.
Sa carrière tut cependant interrompue par
un coup ou deux du nouveau canon. L’aéro-
plane atteint ne tomba pas aussitôt, mais il
fit un petit parcours et, désemparé, des-
cendit.
Samedi, un autre aéroplane renouvela la
tentative. Il n’avait pas encore lancé de bom-
bes qu’il était bombardé avec succès et ame-
né dans les lignes ennemies.
CliMipe Belge
AU CONGO BELGE
Brillants Succès des Troupes belges
Lorsque l’Allemagne eut déclaré la guerre à
la Belgique, élis donna immédiatement l’ordre
à ses troupes d’attaquer le Congo Belge, notam-
ment de s’emparer des postes situes sur le lao
de Kivu. Attaqués à /'Improviste par des forces
supérieures nos soldats durent céder.
Ce ne fut pas pour longtemps. Aujourd’hui
nous est arrivés par l’intermédiaire de l’inspec-
teur d’Etat Tombeur, gouverneur général du
K'tangdff, la nouvelle que le commandant
Henry a infligé une sévère défaite aux Alle-
mands à Kistegnié sur le lac Kivu, c’est-à-dire
en territoire allemand.
La partie du Congo Belge que les troupes al-
lemandes avaient envahi ont donc été évacuées,
smon ces troupes sont cernées.
Kissegnié, poste allemand situé à environ une
demi-heure de la frontière belge était fortifié
par un borna ou fortin entouré d'un mur très
épais surmente et précédé de f l de fer barbelé.
Les Allemands étaient précisément en train J
de construire un fort en béton armé à Kisse-
gn'ré, Hs n’auront pas eu le temps de le ter-
miner.
Le commandant Henry qui était à la tê'.e des
troupes belges est un vétéran des campagnes
africaines. C’est lui qui commandait, il y a
une dizaine d’années les troupes qui vinrent à
bout des Batete/os révoltés. L’extrême mobilité
et l’activité prodigieuse dont il fit preuve au
cours de cette campagne lui valut des indigè-
nes le surnom de « Bwana Ndeke a le blanc-
oiseau.
Nos troupes s ont donc bien commandées.
Elles sont aussi remarquablement entraînées.
Nos soldats du Katanga et du Kivu ont presque
tous été au feu. Certaines compagnies du Kivu
ont été en expédition pendant plus d’une année.
Quant aux troupes du Kaxanga elles sont consi -
dérées comme les plus solides et les mieux en-
cadrées de la Colonie.
Presque tous nos hommes ont le fusil Mauser.
Certains ont le Comblain, une arme qu’on peut
comparer au fusil Gras. Elles disposent de plu-
steurs batteries d’artillerie, des Nordenfelt. de
47 principalement ainsi que des mitrailleuses
tirant des balles de 11 mm. et de fusils mitrail-
leuses. Deux compagnies cyclistes font partie
des troupes du Katanga. Il n’y a pas de cavale-
rie, la nature du sol et le manque de routes,
ne permet pas l’usage de chevaux.
Rutshuru, Nya-Lukemba et Uvira, postes-
frontières belges, sont foriifés au moyen de
redoutes avec de l'artillerie
Plusieurs pelotons de volontaires blancs ont
été formés au Katanga. De leur côté, les Alle-
mands ont levé plusieurs compagnies de colons
parmi les résidants blancs, principalement du
Kilimandjaro.
La région du Kivu, qui tire son nom du lao
Kivu, est une des plus pittoresques du monde. Les
huit volcans qui entourent Rutshuru, le chef-lieu
du district, sont admirables. L’un d’entre eux, le
Karîsimbi, s'élève à 4,800 mètres au -dessus du
niveau de la mer. Le Nukeno, extrêmement
tourmenté et qui a la forme d'une racine de
dent, atteint 4,600 mètres et est d’une sauvage-
rie splendide.
Le lao Kivu, lui-même aux bords escarpés,
est à 1,500 mètres d’altitude ; il a 100 kilomè-
tres environ de longueur du Nord au Sud sur
30 de large L’tle belge de Kwidjwi, dans le
lac Kivu, renferme près de 30,500 habitants.
Les populations des environs du lue Kivu
sont dominées par les Watuzis, race guerrière
do très haute taille. On estime que les Watuzis
possèdent environ 2 millions de têtes de gros
bétail,
s
**
Une attaque des Allemands sur Albertville,
tête de ligne du chemin de fer des Grands-Lacs
sur le lac Tanganika, a été facilement repous-
sée par l’artillerie belge qui a bombardé les
troupes allemandes qui occupaient une tle en
face de ce poste.
En Afrique comme en Belgique les troupes
belges se couvrent donc de gloire.
M.
M. POINCARÉ
AE.U2XL AÜJÜfAEISS
Bordeaux, 28 octobre.
Le président de la République délirant
rendre visite à l’armée aussi souvent que les
devoirs de sa charge et la présidence du
Conseil des ministres le lui permettent a
quitté Bordeaux dans la soirée pour retour-
ner au milieu des troupes, accompagné jus-
qu’à Paris par ie ministre des finances et le
ministre des travaux publics.
Il sera rejoint à Paris par le ministre de la
guerre qui se rendra avec lui sur ie Iront.
Le déplacement du président durera sans
doute huit jours.
UNE DÉCLARATION
I>E M.
Bordeaux, 28 octobre.
M. le président Faîtières, interviewé par
un rédacteur, du journal La France du Sud-
Ouest, a déclaré qu’à son avis la guerre sera
très longue et qu’elle ne fait que commen-
cer. Il faudra des mois et des mois pour
abattre l’Allemagne, mais la France n’est
nullement découragée par cette perspective.
Elle a acquis nne vertu nouvelle, la cons-
tance dans les efforts.
« Certes, oui, nous vaincrons, affirme
M. Fallières, car indépendamment dés res-
sources matérielles et moralrs inépuisables
nous avons le concours do la R issie et de
l’Angleterre, dont l'Allemagne éprouvera à
ses dépens la puissance et la ténacité, et
nous avons aussi le concours de la Belgique
et de la Serbie. N.-us avons en outre l’appui
moral de toute l'humanité éprise d’idéai et
de liberté. »
M. le président Fallières exprima son ad-
miration pour les Belges luttant pour l’hot •
neor, pour le respect de la parole donnée.
Quel exemple pour ie monde I dit-il.
Devant cette Allemagne sauvage, et son
kaiser ivre d’orgueil, le Droit ne tombera
pas, la France ne périra pas, dussions-nous
sacrifier te dernier homme, et si i’on doit ap-
peler l’arrière-ban je suis prêt à partir.
Mais pour le pays tout entier il ne peut y
avoir qu’un mot d’ordre : Confiance, con-
fiance absolue 1
Les Correspondances Militaires
Bordeaux, 28 octobre.
Au Conseil des ministres, MM. Briand et
Sarraut, rentrés dans la matinée, ont rendu
compte de leur voyage.
Le gouvernement a envisagé ensuite les
moyens propres à assurer nne pins grande
sûreté dans ta transmission des correspon-
dances militaires. Il projette de confier aux
postier militarisés ie servies depuis le bu-
reau central militaire jusqutaux vaguemes-
tres des régiments.
Les Prisonniers Autrichiens
Pétrograd, 28 octobre.
On mande de Ki&ff que le nombre des
prisonniers autrichiens amenés dans cette
ville depu s le commencement de la guerre
dépassait mardi cent mille hommes.
Les Austro-Hongrois
ont besoin de renforts
Rome, 28 octobre.
Les journaux de Vienne annoncent ia no-
mination probable, après guérison, du gé-
néral Auffiastfeerg an commandement en chef
des opérations contre les Serbo Monténé-
grins.
Si la nomination du généra! Aoffmbérg
est confirmée, ce serait certainement le si-
gne que l’aotorrté militaire austro-hongroise
projette an changement radical dans la con-
duite des opérations en Bosnie.
Des renforts seront demandés à l’Allema-
gne sur le Iront rosse afin de distraire des
iorces pour les employer sur le théâtre mé-
ridional de la guerre.
U PROPAGANDE ALLEMANDE
Bâle, 28 ociobre.
A la suite de la protestation des inteljec
iueis allemands, nne ligne a été tondéa à
Berlin sons ie nom de « Kulturbund », c’est-
à dire « Ligne de ia civilisation». El le compte
parmi ses membres les p;us éminents re-
présentants de la science et des arts de
PALetnagos. Son objet est de répandre dans
les pays neutres des nouvelles sur la guerre
favorables à l’Allemagne.
Un Navire français devant Ostende
Londres, 26 octobre.
Un destroyer français approchant d’Os-
tende a été brusquement attaqué par des
mitrailleuses allemandes installées sur ia
côte. Le contre-torpilleur répondit par quel-
ques obus, dont un se logea au rez-de-chaus-
sée de l’hôtel Mo j es tic. Trois officiers alle-
mands furent tués.
Ayant terminé sa reconnaissance, le con-
tre-torpilienr s’éloigna.
Le commandant allemand à Ostende ar-
rêta aussitôt le personnel de l’hôtel. Majes-
bc, sous prétexte qu'il avait fait des signaux,
et placarda nne affiche ordonnant à tous
les Anglais de quitter la ville immédiate-
ment.
L’ATTITUDE DE LA GRÈCE
Rome, 28 ociobre.
Le Corriere délia Sera a interviewé M. Ve-
nizelos. Le ministre affi>'me que la Grèce dé-
sire rester absolument neutre. Toutefois
l’alliance avec la Serbie l’oblige, si un casus
ftderis se présentait, à une assistance armée.
Dans une telle éventualité, la Grèce tiendrait
loyalement ses engagements.
Alhènes, 28 octobre.
On annonce que toutes les puissances ont
reconnu le bien fondé des raisons imposant
an gouvernement hellénique la réoccona-
tip,'.du Nord de IWf»,
JAIT DISRIS
Communiqué officiel
Pelrograd. 28 octobre.
Dans nn combat de quatre jours, au Sud
de la Pilica, dans les forêts, tes Russes ont
défait complètement les Austm-Al ernands.
En tre la PPica et Glovatcboff, U s Russes
ont rompu défi Hivernent, le 26 octobre, la
résistance du 20e corps et la reserve de la
garde allemande.
Au centre, après des combats extrême-
ment acharné», les Russes se sont établis
solidement.
A l'aile gauche, les Russes -ont pris d’as-
saut les positions défens ves organisées à
Pohtchna, enveloppant nne partie des tram
p -s autrich ennes.
Dans la nuit du 27 octobre, l’ennemi recu-
lait en dé-ordre vers la ligne Edlimk R dom,
abandonnant aux Russes des prisonniers et
des canons.
E» Galicie, la bataille est engagée sur tout
le front.
Au Sud de Przemysl, les Russes ont pro-
gressé.
En Prusse orientale, l’ennemi a bombardé
violemment les positions russes et a opéré,
dans la région de Ë kaiavjevo, des attaques
réitérées qui ont tomes été repoussées.
Les succès russes sur la Ptiica ont nne
i m portance considérable.
riiRMTfil”
est iebsss prés de Biilepi
Il avait rencontré nne mine dans la
Manche. — 2,:00 Réfugiés du
Nord étaient à bord.
La nouvelle a couru an Havre, mardi, que
le steamer Amiral-Gantmume, de la Compa-
gnie des Chargeurs Réunis, naviguant ac-
tuellement pour le compte de l'Etat, avait
été torpillé et s’était perdu daus la Manche.
Cette nouvelle n’ètait pas l’expression delà
vérité, car \’Amiral G nUeaume se trouve ac-
tuellement échoué sur ia côte près de Boulo-
gne.
Le steamer avait à bord 2,500 réfugiés qu'il
transportait de Calais au Havre, lorsque,
lundi après-midi, à 12 milles du Cap Gris
Nez. il rencontra nne mine flottante qui lui
occasionna nne forte voie d’eau.
' L’Amiral Ganteaume fut alors rencontré à
ce moment par le steamer Queen, de la South
Ess*ern and Chatham Company.
Affo'ôs, de nombreux passagers s’étaient
déjà j8tés à la mer. Une quinzaine se noyè-
rent, tandis que d’antres turent écrasés en-
tre le steamer en perdition et le Queen, lors-
que celui-ci accosta.
Voici d’aillénrs un récit de ce naufrage re-
cueilli par M. Donald Wayleo, du Datly Mail,
qui se trouvait à bord du Queen :
« Nous avions quitté Boulogne à 4 heures,
lorsqu'une demi heure après nous aperçû-
mes le steamer français qui faisait des si-
gnaux de détresse. Des hommes et des finî-
mes montaient dans les mâts et le gréement
pour faire des appels. Lorsque nous appro-
châmes, nous entendîmes les cris d’effroi de
tous ces malheureux qui se croyaient voués
à la mort. Aussi la panique était grande paiv
mi eux. Plusieurs se jetèrent à ia mer à no-
tre approche pour venir veis nous Six hom-
mes avaient réussi à mettre un petit canot i
la mer, mais les lames le firent chavirer.
Trots des occupants furent noyés sous mes
yeux.
» Avec difficulté nous réussîmes à accoster
et cette manoeuvre produisît même un heurt
assez violent entre les deux navires. Une
agitation extraordinaire régnait »ur le pont
du navire français, où! les 2,500 passagers
étaient entassés poussant des cris. Ceux
qui n’avaient pas attendu l’accostage, une
quinzaine environ, furent victimes de leur
imprudence.
» De nombreux passagers, au risque de
se rompre le cou, sautèrent à bord du Queen,
tombant les uns sur les autres, pêie-raèie, à
moitié fous de frayeur. Dans cette bouscu-
lade il y eut de nombreux blessés.
» L’équipage et les passagers du Qu en se
mirent a l’oeuvre pour sauver ces inaihen-
réux et leur donner des soins. Nous réussî-
mes, en outre, à rattraper huit personnes
tombées à I’ean.
» Ayant transbordé tous les réfugiés à bord
do Queen, nous fîmes route pour Fo k 'stoue
où uoas arrivâmes à 7 heures. Le capitaine
et l’équipage de i'Anvral-Ganteaume étaient
restés à leur bord Ayant la certitude que !e
steamer pouvait flouer au moins deux heu-
res encore, ils avaient l’intention de le met-
tre à la côte.
» Les blessés ont été débarqués à Fo lkestone
et hospitalisés au Pavillon Hôtel. Un ving-
taine sont gravement atteints. On sera dans
l’obligation de couper la jambe de l’un
d’eux, tandis qu’nn autre aura les deux bras
amputés.
«Tous les réfugiés qui pouvaient supporte*
le voyage ont été dirigés sur Londres. »
TOMMY ATKINS
Au sujet de l’origine du nom de « Tommy
Atkins » pour désigner le troupier anglais
un correspondant écrit au Times :
« C’est à 1857 que remonte ce sobriquet
donné à nos soldats. Au moment de la ré-
bellion de l’Inde, tons les Européens de
Lncknow se réfugièrent à la résidence. En
s’y rendant, ils rencontrèrent un soldat da
32e régiment (infanterie légère du duc de
Cornouailles), placé en sentinelle avancée.
Ils pressèrent ce soldat de 89 réfugier avec
eux dans l’enceinte du palais du gouverneur,
mais il refusa et demeura à son poste. Or,
ce brave se nommait Thomas Atkins et, pen-
dant toute la campagne da ia rébellion, si un
soldat aejomplissait un acte courageux, on
disait couramment do lui : « Ah 1 C’est ua
vrai Tommy Atkins 1 »
»!■■■-- - - I ! ■■■.VW*’
MORT D’UN PRINCE
Le prince Maurice de BiUemlv*rg est dé-
cédé à la suite de blessures A’/uea sur II
champ de bataille,
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