Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-10-26
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 octobre 1914 26 octobre 1914
Description : 1914/10/26 (A34,N12132). 1914/10/26 (A34,N12132).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1722938
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2020
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Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
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ANNONCES
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Le PETIT HA VUE est désigné peur les Annonças Judiciaires et légales
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On s'abonne également, SANS FIAIS, dans tous les Bureaux de Poste de Franoe 1
Pendant la Guerre
l’Organisation Scolaire
-AU HAVltE
L-a crise douloureuse et terrible, mais
Réconfortante aussi, que noiis traversons,—
fet durant laquelle toutes les forces vives du
pays sont employées à sa défense, à la sau-
vegarde de l’indépendance de la Patrie, —
devait amener des perturbations profondes
dans les services publics tels qu’ils sont
normalement organisés.
Entre tous, les services de l’enseigne-
ment, à tous ses degrés, ont subi le contre
coup des événements actuels. Les profes-
seurs, les instituteurs ont été appelés en
grand nombre. Iis ont donné le plus bel
exemple des vertus civiques. Us sont allés
£n foule sur le front. Us ont considéré, sui-
vant le mot très simple et très héroïque
d’un modeste instituteur, qu’ « une bé-
quille ne va pas mal à un maître d’école. »
Aux leçons de patriotisme qu’ils ensei-
gnaient naguère, ils joignent l’exemple. Et
chaque jour ils s’inscrivent au livre d’or
des blessés et des morts pour la Patrie.
Puis, les établissements scolaires de tou-
tes catégories ont reçu des affectations
diverses, ayant été transformés en casernes,
en ambulances, en infirmeries, en ouvroirs.
En des circonstances aussi exceptionnel-
les, la rentrée des classes, soit qu’il s’agisse
des facultés, des lycées ou des écoles pri-
maires, devenait assez problématique.
Mais, de même qu’il était nécessaire de
(ne point interrompre, autant que possible,
l’activité économique du pays, de même
aussi fadait-il ne point entraver complète-
ment sa vie intellectuelle et l’éducation de
Ja jeunesse.
On y a songé de tontes parts. Et en notre
ville, autant qu’ailleurs, les efforts les plus
généreux, les plus persévérants, les pins
ingénieux ont été accomplis afin de parer
tout ensemble à la diminution temporaire
du personnel et à l’occupation, par les ser-
vices de l’armée, des locaux scolaires.
D’accord avec l’autorité académique, et
grâce à l'active collaboration des chefs de
nos deux établissements secondaires et de
M. Risson, l’inspecteur primaire très distin-
gué auquel on ne saurait trop rendre hom-
mage, la Municipalité de notre ville a réussi
à assurer cette rentrée des classes en des
conditions relativement satisfaisantes.
II n’es't pas sans intérêt de les faire con-
naître.
Tout d’abord, notre enseignement pri-
maire et notre enseignement technique sont
assurés d’un fonctionnement régulier. C’est
ainsi que les sessions d’examens des diffé-
ïents brevets ont eu lieu à leur date fixe..
Buis l’Ecole primaire supérieure de gar-
çons a été ouverte ; l’Ecole primaire supé-
rieure de jeunes filles tient ses cours à
l’Hôtel de Ville; les Ecoles techniques d’ap-
prentissage (garçons et jeunes filles), de
même que l’Ecole des Mécaniciens de la
Marine et l’Ecole Coloniale fonctionnent
normalement. Et, pour ce qui est de l’en-
seignement primaire élémentaire, si, sur
cinquante écoles — dont 16 écoles mater-
nelles — 17 sont encore occupées par les
différents services de l’armée, des disposi-
tions très judicieuses ont été prises pour
que tous les écoliers puissent être accueil-
lis dans les divers établissements devenus
disponibles.
Et comme il importe surtout de se préoc-
cuper de l’instruction des enfants d’âge sco-
laire, — c’est-à-dire âgés” de six à treize
ans, — il a été décidé que certains locaux
d’Ecoles maternelles leur seront exception-
nellement affectés, et que ces Ecoles mater-
nelles elles-mêmes ne recevront que des
enfants dont les mères travaillent en de-
hors de la maison familiale.
Notons ici que tous les enfants de nos
excellents amis les réfugiés belges seront
accueillis dans toutes nos écoles supérieu-
res, techniques ou primaires élémentaires,
au même litre que leurs petits camarades
français. Us bénéficieront, comme eux, de
la gratuité des fournitures scolaires et,
nous l’espérons aussi, de la Caisse des éco-
les. Avec toute la sympathie de leurs cama-
rades, ils peuvent être assurés de la parti-
culière sollicitude de nos instituteurs et
institutrices.
Notre Enseignement secondaire n’est pas
moins assuré. Toutes dispositions ont été
prises en ce qui concerne le Lycée de gar-
çons dont les cours sont établis dans l’hôtel
récemment acquis par iaVille.ruedu Lycée,
et au Cercle des Employés de Commerce
rue de Caligny. Les classes du Lycée de
jeunes filles, transformé en ambulance, ont
été établies en deux locaux voisins, rue de
la Paix et me de l’Orangerie. Le dévoue-
ment éprouvé et inlassable des professeurs,
la bonne volonté des jeunes élèves feront
que la crise actuelle ne causera pas trop de
dommages à la marche régulière des études.
11 est possible, il est probable que les
çours d’Enseignement supérieur, qui ont
lieu chaque annnée, à l’Hôtel de Ville,
chômeront en eet hiver‘£914-1915. Mais les
cours post-scolaires : ceux des mécaniciens
à l’école rue des Etoupières, ceux d’élec-
tricité pratique à l’Ecole technique de la
rue de Tourville, ceux de pêche et de navi-
gation à l’école rue Augustin-Normand
LA GUERRE
Sommaire des principaux faits relatifs
à fa Guerre
SUR U FRONTIÈRE DU NORD-EST
25 Octobre. — A notre aile gauche, les
Allemands franchissent l’Yser, entre Nieu-
portetDixmude. Us sont repoussés à l’Ouest
et au Sud de Lille.
Au centre, nous faisons quelques progrès
au Nord-Oûest de Soissons et dans la région
de Craonne.
A notre aile droite, combats heureux sur
les Hauts-de-Meuse. Notre artillerie lourde
commande toutes les lignes de communica-
tions à Thiaucourt.
SUR LE FRONT RUSSE
25 Octobre. — Les Russes mettent en
pleine retraite, sur Radom, les Allemands
et les Autrichiens.
Sur la ligne du San et au Süd de Prze-
mysl, combats acharnés et les Autrichiens
subissent de graves échecs.
continueront de fonctionner, de même que
les Cours d’adultes.
Ainsi, en notre ville du Havre qui s’était
signalée, il y a près d’un demi-siècle, par
une sorte de renaissance de l’instruction
populaire à tous ses degrés, voici que les
angoisses de l’heure présente n’auront pas
laissé péricliter i’oeuvre nécessaire, indis-
pensable et féconde, autrefois commencée
et depuis lors poursuivie.
Pour un pareil résultat, la gratitude de
notre population est acquise à l’Université
tout entière, à ses dévoués maîtres et à
notre municipalité active et vigilante.
Tife VALLÉE.
VOYAGES MINISTERIELS
Paris, 23 octobre.
M. Malvy qui vient de faire un séjour pro-
longé à Paris est reparti dans l'après-midi
pour Bordeaux.
Belfort, 23 octobre.
MM. Briand, Sarraut et Lucien Poincaré
sont arrivés hier soir. Ils ont visité dans la
matinée les régions que nous occupons en
Haute-Alsace.
SL Poincaré recteur
de l’Université de Glasgow
Glasgow, 25 octobre.
M. Poincaré a été élu à l’nnanimité rec-
teur de l'Université de Glasgow.
Le Colonel Grey serait prisonnier
Borne, 25 octobre.
Le Giornale d’Ualia apprend de Berlin que
le colonel Grey, fi ère du ministre anglais,
aurait atterri à Francfort à la suite d'une
panne d’aéroplane. Il aurait été transféré à
Darmstadt.
m Lettre dn Prolessear Th. RBysssn
M. Th. Ruyssen, le professeur bien connu
de l'Université de Bordeaux, qui dirige avec
M. Charles Richet la revue la Paix par le
droit, qui fit naguère, en Alsace, des con-
férences dont le retentissement fut assez
considérable, et vint même au Havre cette
année, a communiqué au Temps la lettre
qu’il a adressée au célèbre philosophe alle-
mand Wiihem Wuudt.
En voici quelques passages :
U n’y a, Monsieur, qu’un point de votre lettre
que je ne contesterai pas. Vous assurez que la ci-
vilisation allemande est solidaire de votre milita-
risme, que sans ce dernier celle-là périrait. Vous
en êtes meilleur juge que moi. A vrai dire, j'esti-
mais assez haut la culture allemande pour lacroiie
capable de durer par sa propre vitalité... Je me
suis trompé, je m’en excuse. -Donc il est désor-
mais bien avéré que lés penseurs allemands, pour
philosopher, les philologues pour vérifier les tex-
tes, les chimistes pour sonder la matière ont be-
soin des E-upp, dès Deimling.des von Fcerstuer et
des von Reulter ; il leur faut le pas de parada, la
brutalité des sous officiers et la morgue de ces
chefs qui s’indignent, dans nos hôpitaux, quffnd
ou tes soigne dans là même salie que leurs sol-
dats.
C’est l’Allemagne intellectuelle qui l’affirme ;
soit. Après tout, cela explique bien des choses ;
cela explique ce je no sais quoi de guindé, d’uni-
forme qu’on retrouve chez un si grand nombre
d’écrivains allemands et surtout le déclin saisis-
sant de cet iadividurirsme allemand, qui a fait
de si grandes choses dans le passé et qui a fourni
au monde, depuis un demi siècle, si peu d'idées
vraiment nouvelles èt vraiment fécondes.
Pour moi, je m’é'ais fait une autre idée de
l’Allemagne... Vous m’apprenez que je me suis
trompé. Vous m’assurez que l’Allemagne de la
pensée est inséparable de l’Allemagne pour qui
« la force prime le droit». Tant pis pour l’huma-
nité et tant pis surtout pour l’Allemagne 1
M. Th. Ruyssen exprime d'ailleurs l’espoir
qu’un jour l'Allemagne désavouera les
mauvais bergers qui la conduisent aux
abîmes. '
■ ' ♦ ——»
Les Honoraires de Chirurgien
Peu d'opérations chirurgicales furent,
même par des milliardaires à des maîtres
illustres, payées 175.000 francs. C’est exacte-
ment le prix fixé par un praticien d’Epernay,
M. le docteur Véron. Malgré sa science et sein
habileté bien connues, il n'eût jamais ré-
clamé de pareils honoraires sans l’invasion
allemande.
Quand les troupes ennemies occupaient la
ville où elles vidèrent tant de bouteilles de
champagne, le dncde Mecklembourg y amena
son neveu, grièvement blessé d’ufieballeà
l’intestin. Le médecin français-qhi inspirait,
légitimement, la pins grande confiance au
duc, le docteur Véron, n’accepta.(T’intervenir
qu’aux -trois conditions suivantes : restitu-
tion, pour honoraires, de la contribution de
175,000 francs imposée à Epernay ; respect
des personnésetdes monuments et maisons ;
châtiment de soldats allemands coupables
de violences.
La somme fat versée en or, la ville épar-
gnée èt 'es soldats furent fusillé*
Communiqués du ütnenmcat
(ss OGXOSTFÎE:)
Parts, J 5 heures, reçu à 17 heures.
Aucun changement à signaler ent re
la mer et là région autour d’Arras,.
Dans l’Argonne, notre situation s’éfet
maintenue dans les conditions annon-
cées hier.
Dans les Hauts-de-Meuse, notre ar-
tillerie de campagne a détruit trois
nouvelles batteries allemandes, dont
une de gros calibre.
Paris, 23. heures, reçu à 1 h. 45 du matin.
A. notre ni le gauche
L’action a continué dans les mêmes
conditions que les journées précé-
dentes.
La bataille est très violente entre
Nieuport et la Lys.
Des forces allemandes ont pu fran-
chir l’Yser entre Nieuport et Dixmude.
A l’Ouest et au Sud de Lille, de vives
attaques ennemies ont été repoussées.
AE u Ceutce
. Entre l'Oise et l’Argonne rien à si-
gnaler, sauf quelques légers progrès
de nos troupes au Nord-Ouest de Sois-
sons et dans la région de Craonne.
A notre aile droite
Sur les Hauts-de-Meuse, un combat
d’artillerie est engagé.
En Woevre l’artillerie lourde fran-
çaise tient aujourd'hui sous son feu
la route de Thiaucourt-Nonsard-
Bruxevilles-Woinville qui est une des
principales lignes de communications
allemandes vers Saint-Mihiel.
On signale qu’hier, en Argonne, un
régiment d’infanterie allemande en-
tier a été anéanti pendant les opéra-
tions qui se déroulèrent d^ns le bois
au Nord de Chalade.
Ëhronipe Beige
L’Opinion américaine
et le sac de Louvain
Le sac de Louvain a révolté le monde civilisé
contre la barbarie allemande. D'autant que le
premier mouvement de la presse allemande,
aussitôt les détails de l'incendie et du carnage
rendus publics, a été de se réjouir. La « Deut-
cheZeitung » et la « Kreuzzentung » notamment,
ont applaudi aux atrocités de Louvain dans des
termes dignes d’une tribu de sauvages dansant
autour d’une victime attachée au poteau d’exé-
cution. Il s’est d’ailleurs trouvé un journal aller
mand pour leur faire la leçon. « Nous ne con-
cevons pas qu’il se trouve des journaux pour se
réjouir d’évenements aussi tristes » a osé écrire
le « Vorwaerts », organe du parti socialiste
allemand.
Puis la réflexion est venue. L’indignation du
monde civilisé a conseillé la prudence à ces
échevelés. D’aucuns ont essayé de diminuer
l’étendue et d’atténuer l’horreur du crime. La
presse belge a exagéré, disaient ces bons apô-
tres ; l’Hôtel de Ville de Louvain a été respec-
té !....
Comme si ce n’était pas assez d’une magnifi-
que église détruite, des halles universitaires et
de la bibliothèque réduite en cendres, de plus
de cent maisons incendiées et pillées !
D’autres ont essayé d’excuser la soldatesque
allemande en alléguant que la population de
Louvain avait tiré sur les soldats allemands.
Outre qu’aucun semblant de preuves n’a été
apporté à l’appui de cette invention, une foule
de témoins oculaires, honorables et de bonne
foi, se sont levés pour répondre. Pas un coup
de fusil n’a été tiré, à Louvain, par les habi-
tants. Le peuple ef la petite bourgeoisie vivaient
en bons, termes, particulièrement au Vieux
Marché, où furent allumés les premiers incen-
dies, avec le corps d’occupation. Un soir, pris
de boisson, les soldats allemands échangèrent
des coups de fusil. Plusieurs d’entre eux furent
tués. Leurs officiers redoutant les responsabili-
tés, imaginèrent d’accuser la' population. On
sait ce qui suivit. Le monde entier est mainte-
nant convaincu de leur infamie et de l’inno-
cence de la population de Louvain.
Particulièrement aux Etats Unis, l’indigna-
tion a été profonde. Toutes les Universités de
la Grande République ont ressenti comme un
malheur personnel, l’incendie de la bibliothè-
que de Louvain. Les arguties des avocats sti-
pendiés de l’ambassade d’Allemagne, qui s’em-
ployèrent, dans les journaux, à excuser les
incendiaires en décrivant les soi disants com-
bats de rue livrés par la population de Louvain
aux soldats allemands n’ontconvaincu ni ébranlé
personne.
A Vera-Cruz, la population civile a tiré sur
les soldats américains, ont répondu plusieurs
grands journaux de New York ; nos soldats, ce-
pendant, n’ont pas incendié une seule maison j
ni fusillé un seul homme
Voilé qui s’appelle opposer la question préa-
lable !
Devant l’opinion américaine, l’Allemagne est
convaincue d’avoir, en violant la neutralité
d’une petite et pacifique nation qu’elle s’était
engagée à défendre, manqué à la foi jurée, dé-
chiré un traité solennel, insulté à un droit et
à la civilisation. Elle est convaincue également
d’avoir livré une ville entière, une admirable
église et une bibliothèque précieuse, pour ven-
ger la mort de quelques soldats ivres, à l’in-
cendie et au pillage.
Devant l’opinion américaine, l’Allemagne est
tombée au rang d’un peuple de sauvages
Les Réfugiés
Les réfugiés belges qui arriveront par paque-
bots à la Pallie e seront répartis comme , suit
dans les départements ci-après :
Ariège, 4,000 ; Charente, 2.000 ; Dordogne,
2,000 ; Haute Garonne, 2,000 ; Gers, 1,000 ;
Gironde, 1,000 ; Landes, 2,000 ; Lot-et-Ga-
ronne, 2 000 ; Hautes Pyrénées, 10,000 ; Bas-
ses-Pyrénées, 5,000 ; Deux-Sèvres. 3,000 ;
Tarn, 5.000 ; Tarn et-Garonne, 3,000 : Ven-
dée; 3,000 ; Vienne, 2,000 : Haute- Vienne,
2,000.
Les2.000 réfugiés, arrivés jeudi soir par le
paquebot « Amiral-Magon », venant de Calais,
sont partis après avoir, pris un repas chaud
abondamment servi, 1,000pour Cahors et 1,000
pour Mont-de-Marsan.
Le tsar et l’impératrice Alexandra Feodo-
rowna ont donné une somme de 10,000 rou-
bles au Comité de secours aux Belges à Peiro-
grad. D’autre part, la municipalité de Moscou a
voté un crédit de 100,000 roubles pour secourir
la population éprouvée de Belgique.
Dans les pays Scandinaves, on constate un
grand élan en faveur des malheureuses popu-
lations belges. A Copenhague, le plus ancien
journal danois, le « Berlingske Tidende », a
ouvert une souscription pour les réfugiés bel-
ges, qui obtient H o0‘s grand succès.
Nos Aviateurs
ne sont pas inactifs
Par les déclarations de prisonniers et les
carnets tombés entre nos mains nous savons,
d’une façon précise, que l’aviateur français
est particulièrement redouté par les Alle-
mands ; ponr s’eu convaincre, il nous suffira
de citer les faits suivants :
Septembre (extrait d’un carnet de sous-offi-
cier) : Tonte la journée passent des avions
français sur notre terrain de débarquement;
nons tirons dessus, mêmeavec de l’ariiiierie,
mais sans résultat. A Corrobert, un aviateur
a blessé plusieurs hommes de mon équipe.
Septembre (carnet de notes du s*rgent-avia-
teür) : La 7e compagnie du 3e régiment de la
garde a été survolée danslarégion de Vertus
par un avion français qui a lancé deux bom-
bes : résultat, 8 hommes tués et 22 blessés.
Ssptmbre (carnet d’un soldât) : Un sous-
officier nous montre le manteau complète-
ment déchiqueté de l’un des soixaute blessés
que viennent de faire les projectiles lancés
par un avion français.
Septembre (carnet d’un sous-officier) : Upe
bombe lancée par un avion français blesse
plusieurs hommes du 73« régiment d’infan-
terie, dans la région de Reims.
Octobre (renseignement d’un prisonnier) :
Une bombe a abattu quatre chevaux d’une
batterie.
Octobre (renseignement d'un prisonnier) ;
Le résnltat d’une bombe lancée sur un ras-
semblement de cavalerie a été : 30 hommes
et 50 chevaux tués.
Octobre (renseignement d’un prisonnier,
près de Neuville) : Une bombe lancée sur un
cenvoi de munirions a eu pour résultat 4
hommes tués, 6 blessés et de nombreux
chevaux tués.
Ces citations établissent surabondamment
les services rendus par nos aviateurs, aussi
par les aviateurs anglais, qui font preuve de
beaucoup de courage. Nous nous bornerons
à ajouter que leurs exploits ont obligé ré-
cemment un état-morior de divisioi ennemi
à se déptacer. Aussi les, Allemands ont-ils
pris nne série de mesures préservatrices. Ils
ont installé sur des automobiles, ou simple-
ment sur deux roues, des canons spéciaux
qui tirent verticalement sur les avions.
.......
LES BLESSÉS ALLEMANDS
Amsterdam, 25 octobre.
On mande de Siui3 que les convois de
blessés allemands arrivent en si grand nom-
bre à Broges, qu’il est impossible da les
loger et que les médecins et les médica-
ments manquent.
■nn ■ . i .4^1 n—
Un Sons-Marin allemand conlé
Londres, 25 octobre (officiel).
Le contre-torpilleur Badger a coulé un
sous marin allemand près de la côte hollan-
daise.
La proue du liadjer a élé légèrement en-
dommagée.
LES SOIS-MiRWS DANS LA BALTIQUE
Copenhague, 25 octobre.
Le ministre danois à Petrograd a télégra-
phié au ministre des affaires étrangères à Co-
penhague que le gouvernement russe lui a
déclaré qu’aucun sous-marin russe n’était
dans les parages du Danemark.
-Aéroplanes au-dessus de Varsovie
Varsovie, 21 octobre.
Des aéroplanes ennemis ont jeté des bom-
bes sur Varsovie.
44 personnes, dont 35 civils, ont élé tués
ou blessés en une journée.
MANIFESTATIONS MSSOPIIILE!
Rome, 2î octobre.
L’offre du tsar de libérer les Italiens pri-
sonniers des Russes a provoqué hier soir à
Milan des manifestations enthousiastes de
sympathie à l’égard de la Russie.
Des centaines de personnes ont acclamé
le consul russe.
La police a dispersé les manifestants sans
aucune arrestation.
Les Opérations en Bosn'é
Nich, 21 octobre.
Après des combats qui infligèrent à i’enne-
mi des pertes considérables, les Sorbes opé-
ranfren Bosnie se sont retirés sur des posi-
tions à l’Ouest de Visegrad, par soite de la
retraite dès Monténégrins opérant pins au
Sud.
Néanmoins, la situation des Serbes en
•■Bosnie est très favorable.
LA RETRAITE
Austro-Allemande
Petrograd, 23 octobre.
Les 23 et 24 octobre, les Russes ont in-
fligé plusieurs défaites aux arrière-gardes
allemandes qui tenaient à se maintenir sur
les positions le long des rivières Ravka,
Skerneoka et Kylka.
Loviez, Skernovice et Rava ont été en-
levées à la baïonnette.
Les Autrichiens et les Allemands se sont
retirés en retraite sur les chemins condui-
sant à Radom.
Ayant reçu des renforts et tirant parti
de la région boisée et accidentée, ils ont
opposé une résistance opiniâtre à l’offensive
russe qui progresse.
Le combat a pris des proportions consi-
dérables. A plus de cent endroits les russes
ont fait de nombreux prisonniers et se sont
emparés de mitrailleuses-et des canons sûr
les rives du San.
Au Sud de Przemysl les combats conti-
nuent avec acharnement. La tentative de»
Autrichiens pour tourner l’aile gauche
russe, a échoué.
Les Autrichiens ont subi de grosses
pertes.
Une colonne autrichienne descendant les
Carpathes vers Doliva a été défaite et mise,
en déroute.
i—■■■■■ni fjfr ■■■»■• ——
L’OCCUPATION ALLEMANDE
A CHALONS
Du 3 an 12 septembre, Châlons-sur-Marne
et la station d'aviation de Mourmelon ont été
occupées par les Allemands.
Le 3 septembre, un Tmbe survola la ville
et jeta trois bombes. La première tomba sur
l’Hôtel de Ville, la seconda mit le feu à l’Hô-
pital, la troisième causa une certaine pa-
nique dans la gare où elle blessa un cuiras-
sier.
Le lendemain, à deax heures du matin, iî|
y eut une terrible explosion. C’étaient les
Français qui venaient de faire sauter le pont
de l’Estacade.
Un duel d’artülerie très violent suivit et
dura pendant vingt minâtes.
Le député-maire, M. Ssrvas, et un groupe
de courageux citoyens demeurèrent a Cha-
tons, préparés à recevoir les envahisseurs.
Il y eut un léger engagement entre les
éclaireurs allemands et les cuirassiers fran-
çais, après lequel ceux-ci se retirèrent de-
vant le nombre supérieur des forces.
Le bombardement de la ville commença
alors et dura deux heures.
Les Allemands pénétrèrent ensuite dans
Châlons et M. Servas, accompagné par nn
habitant, M. Pâtit, tut appelé au quartier gé-
néral où le général Von Seydewitz réclama
une garantie de 500,000 francs et garda com-
me otages MM. Servas et Petit.
Le général allemand reçut ces deux Fran-
çais, ie revolver à la main, et à plusieurs re-
prises lés menaça.
Il renouvela ces menaces lorsque M. Ser-
vas lui dit son impossibilité de réunir immé-
diatement 500,000 francs.
Après une discussion assez vive et dans la-
quelle le maire de Châlons fit preuve d’un
grand courage civique, le général allemand
consentit à accepter 500,000 francs en billets
de banque et 6,000 francs en espèces.
Le prêtre d'tm asile local fut également
pris comme otage.
La maire eut alors à signer nne proclama-
tion aux habitants dans laquelle ceux-ci
étaient invités à donner anx soldats alle-
mands dn café, du pain et du beurre pour
ieur déjeuner dn matin, deux plats, viande
et légumes avec soupe dans la journée.
Ces formalités ayant été réglées, les trou-
pes allemandes, musique en tête, pénétrè-
rent dans la ville.
Dans la matinée du 5, les officiers alle-
mands se rassemblèrent à SÜEôtèl de Ville et
exigèrent un grand nombre d’objets.
Ils étaient arrogants, impérieux, et leurs
manières insolentes furent aussitôt copiées
par leurs soldats.
Dans l’après-midi, le général ordonna que
tous les magasins fussent ouverts.
C’est en vain que le maire essaya d’expo-
ser que les boutiquiers avaient fui. Le géné-
ral entra dans nne violente colère ; il ordon-
na l’ouverture des magasins et de tontes les
maisons qui avaient été fermées. Pendant
plusieurs heures, tes troupes allemandes tu-
rent autorisées à piller. Des scènes de désor-
dre et d’orgies se déroulèrent alors.
Le 6, le général allemand reconnaissant
que ses troupes n’avaient pas été molestées
restitua les 500,000 trancs et déclara que les
otages seraient rendus à la liberté. Mais à
neuf heures du matin, de nouvelles scènes
de violence eurent lieu. Certains établisse-
ments qui avaient été ouvert furent sacca-
gés. Toutes sortes de marchandises, depuis
les souliers, les jouets, jusqu’au café, au riz
et au linge, furent placées dans des voitures
et enlevées.
Le Comité municipal tnt informé que Châ-
lons aurait à payer une contribution de
guerre de 8 millions.
L’évèque de Châlons tenta une démarche
auprès ou prince de Saxe qui se trouvait
dans la ville.
Sur cette intervention, les allemands ré-
duisirent leurs exactions. Il fut décidé que
les hnitvmilliqns demandés étaient une part
des trente millions exigés du département
de la Marnei Mais le représentant fiscal ac-
cepta en compte les premiers 500.000 francs
et donna un reçu.
Dans les journées des 8 et 9, le canon ne
cessa de tonner, mais ie 9 au soir, les Alle-
mands donnèrent des signes de retraite. Ils
devenaient anxieux et ne dissimulaient pas
que la bataille allait contre eux. Ils perdirent
aussitôt toute ieur indolence et plusieurs
d’entre eux confessèrent que la marché sur
Paris venait d’éprouver un sérieux échec.
Durant la nuit, le nombre des blessés
apportés fut tel qu’on ne trouva plus de
place pour les recevoir ; il y eu avait dans
la cour et sur les marches de l’Hôtel de
Ville.
Le H septembre, on les évacua avec pré-
cipitation.
Le lendemain 12, les troupes françaises
ré^uuoaient la ville, i
Autour de la Guerre
LA LETTRE DU SOLDAT
Reconstituons la scène. La chose est aisée.
Des correspondances nous ont déjà décrit la
vie de nos soldats en campagne. Nous le»
voyons par la pensée échelonnés dans la
zone iaterdkè aux curiosités civiles, mais où
habitent, nous le savons, la bravoure, IÂL»
duraace, l'entrain, ie joli dédain de la mort
et le fier espoir de la vie cire.
Les hommes se sont construits des abri»
avec ce qu’ils ont pu trouver, des huttes de
paille, des réduits improvisés au moyeu de
ce qui reste d’une poti 1, d’une voiture,d’une
table, parmi les véstigesN d’un village en
ruines.
Les autres, les « taupiers », sont en avant»
dans les tranchées. Depuis quatre semaine» '
que les braves sont nichés là, à quelques
centaines de mètres des lignes allemandes,
la vie a pris un confortable relatif mais pré-
cieux. Des bouts de bois jouent Je rôle de
plancher. Une caisse renversée tient lieu de
table.
« Je la mets sur le côté, m’écrit un lieute-
nant, et j’ai l’ilusion d’une bibliothèque...
C est charmant I »
•
Le décor se comp ète par les allées et ver-
nues des obus français et allemands qui
passent- au-dessus des têtes. Des coups de
sifflits lointains se rapprochent et devien-
nent plus^gusrüa brait dé rafale, de tour-
billon interrompu tout à coup par un fra-
cis terrible : l’txpiosion.
Les hommes de la tranchée risquent un
oeil et même deux. Tout va bien. Le Taube
a mal renseigné. Au suivant :
Or, voici qae ce soir, est venue sur le»
lignes une corvée qui n’était ni ceiie de la
soupe, ni celle des munitions, ni celle des
ambulances. Elle a apporté une collection
de petits paquets enveloppés de papier bleu,
avec une belle étiquette encadrée de trico-
lore : « Les Havraises à leurs chers périt»
soldais ». Et chacun a eu le sien qu’il s’est
empressé d’ouvrir.
Imaginez un peu cette joie et cette sur-
prise. Rappelez-vous celle qu’ils avaient na-
guère, ces grands enfants, en découvrant
«a s la cheminée, l’envoi dn Bonhomme
Noël. Et considérez qu’à vingt ans d8 distan-
ce ce sont un peu — dans un cadre bien diffé-
rent hélas ! — les mêmes émotions naïves
•qui se renouvellent.
Ce souvenir qui leur tombe du ciel prend
nn prix fabuleux par le temps qui caurt :
une chemise, nn caleçon de laine, un mou-
'choir, un passe-montagne, des chaussettes.
Mais c’est presque un trousseau de jeuae
marié. L’agreable se joint â l’indispensable.
Utile dulci t clame un .ancien‘étudiant de-
vant un brave gas des champs, son cama-
rade, son trêve d’épreuves, qui ne comprend
pas, mais qui admire.
Utile dulci 1. Le dulci est représenté par un
morceau de savon parfumé, une pipe, du
tabac, quelques tablettes de chocolat, du pa-
pier à lettres, des cartes postales, des
crayons.
- Et c’est une idée doublement charmante,
puisqu’elle va permettre au petit soldat de
traduire son plaisir et sa gratitude. Vous ie
voyez d’ici, n’esv-ce pas ?
Les Allemands font trêve un instant. I! a
pris nne belle feuille blanche. La crosse de
son fasil lui sert de pupitre. Il écrit, un pea
embarrassé tout de même, car cette leltre-là
n’est pas une lettre ordinaire aux parents
où les mots viennent d’eux-mêmes, n’im-
porte comment et sans façon.
C’est une lettre de hmie tenue adressés
aux « bons coeurs » inconnus qui ont eu la
« chouerie idée » de penser à lui.
Alors, il hésite, il cherche des phrases, il
voudrait trouver quelque chose de « bien
tapé » pour exprimer sa joie comme il la
ressent Çi y est. 11 a découvert le moyen ; il
dira le merci simplement, sincèrement,
comme il le pense.
Et, sans s’en douter, notre petit soldat il
écrit des choses exquises.
Mmes Siagiried et Benoist ont bien voulu
me permettrede jeter un coup d’oeil sur cette
correspondance. Elle arrive journellement à-
la sous-prétecture, accusant réception des
envois.
l’armi ces biüels griffonnés entre deux
coups de feu, je prends au hasard deux let-
tres. Elles donnent bien le ton de ces écrits
fleuris d’une petite pointe émue et senti-
mentale :
J’ai le plaisir de vous faire savoir que voir» ,
colis a élé distribué parmi les camarades de moa
escouade.
Aussi combien je vous remercie de votre géné-
rosité envers les défenseurs do la Patrie qui bien-
tôt auront le bonheur de sortir viciorieux decott#
attaque.
Si D,eu me préserve de cette mêlée, j'espère
pouvoir aller vous remercier de vive voix.
En attendant cet heureux jour, que le. Comité
reçoive, avec n s remercîmenis, ('expression d«
nos sentiments les plus dévoués.
Voire très reconnaissant caporal,
EUGÈNE GOUES.V4RD.
129% 3* comp.
Le caporal His, de la « troisième », exuitt
aussi de reconnaissance :
Environs de Reims.
C'est avec plaisir que je constate votre box
coeur. Recevez donc mes plus grands remerd-
ments. Nous ne manquons de rien. Le temps est
assez favorable. Avec plusieurs bons coeurs com-
me les vôtres, Mesdames, tous mes camarades
seront bien couverts.
Recevez mes plus grands respects.
Caporal nie.
129».
Et le caporal His a repris son crayon pouf
ajouter ce post-scriptum :
« Vive la France 1 A bientôt la paix. Vous
pouvez compter sur notre courage et notr*
bon coeur 1 » .
Ils sont tout simplement admirables, nos
soldats.
ALBERT-IlERRENSCliMlOT.
—" O ■ ' ■■■—*'
La Marée rejette sur la Grève
les cadavres allemandi
La bataille livrée à l’exlrême-droiie d#
l'aiie allemande, dans la région de Nieuport
tut d’une extraordinaire violence. Les Bel-
ges, avec l’appui des bateaux anglais massa-
crèrent littéralement les Allemands qui es-
sayaient de poussar leurs colonnes ver*
Dunkerque.
Les Belges blessés qui sont revenus dé-
clarent qu’à la marée haute les vague reje-
taient sur la grève dos monceaux de cada-
vres.
Ces cadavres ont été charriés par la rivière
Yaer dans laquelle les treunes allemande»
furent culbutées
Administrateur • Délésué - Gérant
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Pendant la Guerre
l’Organisation Scolaire
-AU HAVltE
L-a crise douloureuse et terrible, mais
Réconfortante aussi, que noiis traversons,—
fet durant laquelle toutes les forces vives du
pays sont employées à sa défense, à la sau-
vegarde de l’indépendance de la Patrie, —
devait amener des perturbations profondes
dans les services publics tels qu’ils sont
normalement organisés.
Entre tous, les services de l’enseigne-
ment, à tous ses degrés, ont subi le contre
coup des événements actuels. Les profes-
seurs, les instituteurs ont été appelés en
grand nombre. Iis ont donné le plus bel
exemple des vertus civiques. Us sont allés
£n foule sur le front. Us ont considéré, sui-
vant le mot très simple et très héroïque
d’un modeste instituteur, qu’ « une bé-
quille ne va pas mal à un maître d’école. »
Aux leçons de patriotisme qu’ils ensei-
gnaient naguère, ils joignent l’exemple. Et
chaque jour ils s’inscrivent au livre d’or
des blessés et des morts pour la Patrie.
Puis, les établissements scolaires de tou-
tes catégories ont reçu des affectations
diverses, ayant été transformés en casernes,
en ambulances, en infirmeries, en ouvroirs.
En des circonstances aussi exceptionnel-
les, la rentrée des classes, soit qu’il s’agisse
des facultés, des lycées ou des écoles pri-
maires, devenait assez problématique.
Mais, de même qu’il était nécessaire de
(ne point interrompre, autant que possible,
l’activité économique du pays, de même
aussi fadait-il ne point entraver complète-
ment sa vie intellectuelle et l’éducation de
Ja jeunesse.
On y a songé de tontes parts. Et en notre
ville, autant qu’ailleurs, les efforts les plus
généreux, les plus persévérants, les pins
ingénieux ont été accomplis afin de parer
tout ensemble à la diminution temporaire
du personnel et à l’occupation, par les ser-
vices de l’armée, des locaux scolaires.
D’accord avec l’autorité académique, et
grâce à l'active collaboration des chefs de
nos deux établissements secondaires et de
M. Risson, l’inspecteur primaire très distin-
gué auquel on ne saurait trop rendre hom-
mage, la Municipalité de notre ville a réussi
à assurer cette rentrée des classes en des
conditions relativement satisfaisantes.
II n’es't pas sans intérêt de les faire con-
naître.
Tout d’abord, notre enseignement pri-
maire et notre enseignement technique sont
assurés d’un fonctionnement régulier. C’est
ainsi que les sessions d’examens des diffé-
ïents brevets ont eu lieu à leur date fixe..
Buis l’Ecole primaire supérieure de gar-
çons a été ouverte ; l’Ecole primaire supé-
rieure de jeunes filles tient ses cours à
l’Hôtel de Ville; les Ecoles techniques d’ap-
prentissage (garçons et jeunes filles), de
même que l’Ecole des Mécaniciens de la
Marine et l’Ecole Coloniale fonctionnent
normalement. Et, pour ce qui est de l’en-
seignement primaire élémentaire, si, sur
cinquante écoles — dont 16 écoles mater-
nelles — 17 sont encore occupées par les
différents services de l’armée, des disposi-
tions très judicieuses ont été prises pour
que tous les écoliers puissent être accueil-
lis dans les divers établissements devenus
disponibles.
Et comme il importe surtout de se préoc-
cuper de l’instruction des enfants d’âge sco-
laire, — c’est-à-dire âgés” de six à treize
ans, — il a été décidé que certains locaux
d’Ecoles maternelles leur seront exception-
nellement affectés, et que ces Ecoles mater-
nelles elles-mêmes ne recevront que des
enfants dont les mères travaillent en de-
hors de la maison familiale.
Notons ici que tous les enfants de nos
excellents amis les réfugiés belges seront
accueillis dans toutes nos écoles supérieu-
res, techniques ou primaires élémentaires,
au même litre que leurs petits camarades
français. Us bénéficieront, comme eux, de
la gratuité des fournitures scolaires et,
nous l’espérons aussi, de la Caisse des éco-
les. Avec toute la sympathie de leurs cama-
rades, ils peuvent être assurés de la parti-
culière sollicitude de nos instituteurs et
institutrices.
Notre Enseignement secondaire n’est pas
moins assuré. Toutes dispositions ont été
prises en ce qui concerne le Lycée de gar-
çons dont les cours sont établis dans l’hôtel
récemment acquis par iaVille.ruedu Lycée,
et au Cercle des Employés de Commerce
rue de Caligny. Les classes du Lycée de
jeunes filles, transformé en ambulance, ont
été établies en deux locaux voisins, rue de
la Paix et me de l’Orangerie. Le dévoue-
ment éprouvé et inlassable des professeurs,
la bonne volonté des jeunes élèves feront
que la crise actuelle ne causera pas trop de
dommages à la marche régulière des études.
11 est possible, il est probable que les
çours d’Enseignement supérieur, qui ont
lieu chaque annnée, à l’Hôtel de Ville,
chômeront en eet hiver‘£914-1915. Mais les
cours post-scolaires : ceux des mécaniciens
à l’école rue des Etoupières, ceux d’élec-
tricité pratique à l’Ecole technique de la
rue de Tourville, ceux de pêche et de navi-
gation à l’école rue Augustin-Normand
LA GUERRE
Sommaire des principaux faits relatifs
à fa Guerre
SUR U FRONTIÈRE DU NORD-EST
25 Octobre. — A notre aile gauche, les
Allemands franchissent l’Yser, entre Nieu-
portetDixmude. Us sont repoussés à l’Ouest
et au Sud de Lille.
Au centre, nous faisons quelques progrès
au Nord-Oûest de Soissons et dans la région
de Craonne.
A notre aile droite, combats heureux sur
les Hauts-de-Meuse. Notre artillerie lourde
commande toutes les lignes de communica-
tions à Thiaucourt.
SUR LE FRONT RUSSE
25 Octobre. — Les Russes mettent en
pleine retraite, sur Radom, les Allemands
et les Autrichiens.
Sur la ligne du San et au Süd de Prze-
mysl, combats acharnés et les Autrichiens
subissent de graves échecs.
continueront de fonctionner, de même que
les Cours d’adultes.
Ainsi, en notre ville du Havre qui s’était
signalée, il y a près d’un demi-siècle, par
une sorte de renaissance de l’instruction
populaire à tous ses degrés, voici que les
angoisses de l’heure présente n’auront pas
laissé péricliter i’oeuvre nécessaire, indis-
pensable et féconde, autrefois commencée
et depuis lors poursuivie.
Pour un pareil résultat, la gratitude de
notre population est acquise à l’Université
tout entière, à ses dévoués maîtres et à
notre municipalité active et vigilante.
Tife VALLÉE.
VOYAGES MINISTERIELS
Paris, 23 octobre.
M. Malvy qui vient de faire un séjour pro-
longé à Paris est reparti dans l'après-midi
pour Bordeaux.
Belfort, 23 octobre.
MM. Briand, Sarraut et Lucien Poincaré
sont arrivés hier soir. Ils ont visité dans la
matinée les régions que nous occupons en
Haute-Alsace.
SL Poincaré recteur
de l’Université de Glasgow
Glasgow, 25 octobre.
M. Poincaré a été élu à l’nnanimité rec-
teur de l'Université de Glasgow.
Le Colonel Grey serait prisonnier
Borne, 25 octobre.
Le Giornale d’Ualia apprend de Berlin que
le colonel Grey, fi ère du ministre anglais,
aurait atterri à Francfort à la suite d'une
panne d’aéroplane. Il aurait été transféré à
Darmstadt.
m Lettre dn Prolessear Th. RBysssn
M. Th. Ruyssen, le professeur bien connu
de l'Université de Bordeaux, qui dirige avec
M. Charles Richet la revue la Paix par le
droit, qui fit naguère, en Alsace, des con-
férences dont le retentissement fut assez
considérable, et vint même au Havre cette
année, a communiqué au Temps la lettre
qu’il a adressée au célèbre philosophe alle-
mand Wiihem Wuudt.
En voici quelques passages :
U n’y a, Monsieur, qu’un point de votre lettre
que je ne contesterai pas. Vous assurez que la ci-
vilisation allemande est solidaire de votre milita-
risme, que sans ce dernier celle-là périrait. Vous
en êtes meilleur juge que moi. A vrai dire, j'esti-
mais assez haut la culture allemande pour lacroiie
capable de durer par sa propre vitalité... Je me
suis trompé, je m’en excuse. -Donc il est désor-
mais bien avéré que lés penseurs allemands, pour
philosopher, les philologues pour vérifier les tex-
tes, les chimistes pour sonder la matière ont be-
soin des E-upp, dès Deimling.des von Fcerstuer et
des von Reulter ; il leur faut le pas de parada, la
brutalité des sous officiers et la morgue de ces
chefs qui s’indignent, dans nos hôpitaux, quffnd
ou tes soigne dans là même salie que leurs sol-
dats.
C’est l’Allemagne intellectuelle qui l’affirme ;
soit. Après tout, cela explique bien des choses ;
cela explique ce je no sais quoi de guindé, d’uni-
forme qu’on retrouve chez un si grand nombre
d’écrivains allemands et surtout le déclin saisis-
sant de cet iadividurirsme allemand, qui a fait
de si grandes choses dans le passé et qui a fourni
au monde, depuis un demi siècle, si peu d'idées
vraiment nouvelles èt vraiment fécondes.
Pour moi, je m’é'ais fait une autre idée de
l’Allemagne... Vous m’apprenez que je me suis
trompé. Vous m’assurez que l’Allemagne de la
pensée est inséparable de l’Allemagne pour qui
« la force prime le droit». Tant pis pour l’huma-
nité et tant pis surtout pour l’Allemagne 1
M. Th. Ruyssen exprime d'ailleurs l’espoir
qu’un jour l'Allemagne désavouera les
mauvais bergers qui la conduisent aux
abîmes. '
■ ' ♦ ——»
Les Honoraires de Chirurgien
Peu d'opérations chirurgicales furent,
même par des milliardaires à des maîtres
illustres, payées 175.000 francs. C’est exacte-
ment le prix fixé par un praticien d’Epernay,
M. le docteur Véron. Malgré sa science et sein
habileté bien connues, il n'eût jamais ré-
clamé de pareils honoraires sans l’invasion
allemande.
Quand les troupes ennemies occupaient la
ville où elles vidèrent tant de bouteilles de
champagne, le dncde Mecklembourg y amena
son neveu, grièvement blessé d’ufieballeà
l’intestin. Le médecin français-qhi inspirait,
légitimement, la pins grande confiance au
duc, le docteur Véron, n’accepta.(T’intervenir
qu’aux -trois conditions suivantes : restitu-
tion, pour honoraires, de la contribution de
175,000 francs imposée à Epernay ; respect
des personnésetdes monuments et maisons ;
châtiment de soldats allemands coupables
de violences.
La somme fat versée en or, la ville épar-
gnée èt 'es soldats furent fusillé*
Communiqués du ütnenmcat
(ss OGXOSTFÎE:)
Parts, J 5 heures, reçu à 17 heures.
Aucun changement à signaler ent re
la mer et là région autour d’Arras,.
Dans l’Argonne, notre situation s’éfet
maintenue dans les conditions annon-
cées hier.
Dans les Hauts-de-Meuse, notre ar-
tillerie de campagne a détruit trois
nouvelles batteries allemandes, dont
une de gros calibre.
Paris, 23. heures, reçu à 1 h. 45 du matin.
A. notre ni le gauche
L’action a continué dans les mêmes
conditions que les journées précé-
dentes.
La bataille est très violente entre
Nieuport et la Lys.
Des forces allemandes ont pu fran-
chir l’Yser entre Nieuport et Dixmude.
A l’Ouest et au Sud de Lille, de vives
attaques ennemies ont été repoussées.
AE u Ceutce
. Entre l'Oise et l’Argonne rien à si-
gnaler, sauf quelques légers progrès
de nos troupes au Nord-Ouest de Sois-
sons et dans la région de Craonne.
A notre aile droite
Sur les Hauts-de-Meuse, un combat
d’artillerie est engagé.
En Woevre l’artillerie lourde fran-
çaise tient aujourd'hui sous son feu
la route de Thiaucourt-Nonsard-
Bruxevilles-Woinville qui est une des
principales lignes de communications
allemandes vers Saint-Mihiel.
On signale qu’hier, en Argonne, un
régiment d’infanterie allemande en-
tier a été anéanti pendant les opéra-
tions qui se déroulèrent d^ns le bois
au Nord de Chalade.
Ëhronipe Beige
L’Opinion américaine
et le sac de Louvain
Le sac de Louvain a révolté le monde civilisé
contre la barbarie allemande. D'autant que le
premier mouvement de la presse allemande,
aussitôt les détails de l'incendie et du carnage
rendus publics, a été de se réjouir. La « Deut-
cheZeitung » et la « Kreuzzentung » notamment,
ont applaudi aux atrocités de Louvain dans des
termes dignes d’une tribu de sauvages dansant
autour d’une victime attachée au poteau d’exé-
cution. Il s’est d’ailleurs trouvé un journal aller
mand pour leur faire la leçon. « Nous ne con-
cevons pas qu’il se trouve des journaux pour se
réjouir d’évenements aussi tristes » a osé écrire
le « Vorwaerts », organe du parti socialiste
allemand.
Puis la réflexion est venue. L’indignation du
monde civilisé a conseillé la prudence à ces
échevelés. D’aucuns ont essayé de diminuer
l’étendue et d’atténuer l’horreur du crime. La
presse belge a exagéré, disaient ces bons apô-
tres ; l’Hôtel de Ville de Louvain a été respec-
té !....
Comme si ce n’était pas assez d’une magnifi-
que église détruite, des halles universitaires et
de la bibliothèque réduite en cendres, de plus
de cent maisons incendiées et pillées !
D’autres ont essayé d’excuser la soldatesque
allemande en alléguant que la population de
Louvain avait tiré sur les soldats allemands.
Outre qu’aucun semblant de preuves n’a été
apporté à l’appui de cette invention, une foule
de témoins oculaires, honorables et de bonne
foi, se sont levés pour répondre. Pas un coup
de fusil n’a été tiré, à Louvain, par les habi-
tants. Le peuple ef la petite bourgeoisie vivaient
en bons, termes, particulièrement au Vieux
Marché, où furent allumés les premiers incen-
dies, avec le corps d’occupation. Un soir, pris
de boisson, les soldats allemands échangèrent
des coups de fusil. Plusieurs d’entre eux furent
tués. Leurs officiers redoutant les responsabili-
tés, imaginèrent d’accuser la' population. On
sait ce qui suivit. Le monde entier est mainte-
nant convaincu de leur infamie et de l’inno-
cence de la population de Louvain.
Particulièrement aux Etats Unis, l’indigna-
tion a été profonde. Toutes les Universités de
la Grande République ont ressenti comme un
malheur personnel, l’incendie de la bibliothè-
que de Louvain. Les arguties des avocats sti-
pendiés de l’ambassade d’Allemagne, qui s’em-
ployèrent, dans les journaux, à excuser les
incendiaires en décrivant les soi disants com-
bats de rue livrés par la population de Louvain
aux soldats allemands n’ontconvaincu ni ébranlé
personne.
A Vera-Cruz, la population civile a tiré sur
les soldats américains, ont répondu plusieurs
grands journaux de New York ; nos soldats, ce-
pendant, n’ont pas incendié une seule maison j
ni fusillé un seul homme
Voilé qui s’appelle opposer la question préa-
lable !
Devant l’opinion américaine, l’Allemagne est
convaincue d’avoir, en violant la neutralité
d’une petite et pacifique nation qu’elle s’était
engagée à défendre, manqué à la foi jurée, dé-
chiré un traité solennel, insulté à un droit et
à la civilisation. Elle est convaincue également
d’avoir livré une ville entière, une admirable
église et une bibliothèque précieuse, pour ven-
ger la mort de quelques soldats ivres, à l’in-
cendie et au pillage.
Devant l’opinion américaine, l’Allemagne est
tombée au rang d’un peuple de sauvages
Les Réfugiés
Les réfugiés belges qui arriveront par paque-
bots à la Pallie e seront répartis comme , suit
dans les départements ci-après :
Ariège, 4,000 ; Charente, 2.000 ; Dordogne,
2,000 ; Haute Garonne, 2,000 ; Gers, 1,000 ;
Gironde, 1,000 ; Landes, 2,000 ; Lot-et-Ga-
ronne, 2 000 ; Hautes Pyrénées, 10,000 ; Bas-
ses-Pyrénées, 5,000 ; Deux-Sèvres. 3,000 ;
Tarn, 5.000 ; Tarn et-Garonne, 3,000 : Ven-
dée; 3,000 ; Vienne, 2,000 : Haute- Vienne,
2,000.
Les2.000 réfugiés, arrivés jeudi soir par le
paquebot « Amiral-Magon », venant de Calais,
sont partis après avoir, pris un repas chaud
abondamment servi, 1,000pour Cahors et 1,000
pour Mont-de-Marsan.
Le tsar et l’impératrice Alexandra Feodo-
rowna ont donné une somme de 10,000 rou-
bles au Comité de secours aux Belges à Peiro-
grad. D’autre part, la municipalité de Moscou a
voté un crédit de 100,000 roubles pour secourir
la population éprouvée de Belgique.
Dans les pays Scandinaves, on constate un
grand élan en faveur des malheureuses popu-
lations belges. A Copenhague, le plus ancien
journal danois, le « Berlingske Tidende », a
ouvert une souscription pour les réfugiés bel-
ges, qui obtient H o0‘s grand succès.
Nos Aviateurs
ne sont pas inactifs
Par les déclarations de prisonniers et les
carnets tombés entre nos mains nous savons,
d’une façon précise, que l’aviateur français
est particulièrement redouté par les Alle-
mands ; ponr s’eu convaincre, il nous suffira
de citer les faits suivants :
Septembre (extrait d’un carnet de sous-offi-
cier) : Tonte la journée passent des avions
français sur notre terrain de débarquement;
nons tirons dessus, mêmeavec de l’ariiiierie,
mais sans résultat. A Corrobert, un aviateur
a blessé plusieurs hommes de mon équipe.
Septembre (carnet de notes du s*rgent-avia-
teür) : La 7e compagnie du 3e régiment de la
garde a été survolée danslarégion de Vertus
par un avion français qui a lancé deux bom-
bes : résultat, 8 hommes tués et 22 blessés.
Ssptmbre (carnet d’un soldât) : Un sous-
officier nous montre le manteau complète-
ment déchiqueté de l’un des soixaute blessés
que viennent de faire les projectiles lancés
par un avion français.
Septembre (carnet d’un sous-officier) : Upe
bombe lancée par un avion français blesse
plusieurs hommes du 73« régiment d’infan-
terie, dans la région de Reims.
Octobre (renseignement d’un prisonnier) :
Une bombe a abattu quatre chevaux d’une
batterie.
Octobre (renseignement d'un prisonnier) ;
Le résnltat d’une bombe lancée sur un ras-
semblement de cavalerie a été : 30 hommes
et 50 chevaux tués.
Octobre (renseignement d’un prisonnier,
près de Neuville) : Une bombe lancée sur un
cenvoi de munirions a eu pour résultat 4
hommes tués, 6 blessés et de nombreux
chevaux tués.
Ces citations établissent surabondamment
les services rendus par nos aviateurs, aussi
par les aviateurs anglais, qui font preuve de
beaucoup de courage. Nous nous bornerons
à ajouter que leurs exploits ont obligé ré-
cemment un état-morior de divisioi ennemi
à se déptacer. Aussi les, Allemands ont-ils
pris nne série de mesures préservatrices. Ils
ont installé sur des automobiles, ou simple-
ment sur deux roues, des canons spéciaux
qui tirent verticalement sur les avions.
.......
LES BLESSÉS ALLEMANDS
Amsterdam, 25 octobre.
On mande de Siui3 que les convois de
blessés allemands arrivent en si grand nom-
bre à Broges, qu’il est impossible da les
loger et que les médecins et les médica-
ments manquent.
■nn ■ . i .4^1 n—
Un Sons-Marin allemand conlé
Londres, 25 octobre (officiel).
Le contre-torpilleur Badger a coulé un
sous marin allemand près de la côte hollan-
daise.
La proue du liadjer a élé légèrement en-
dommagée.
LES SOIS-MiRWS DANS LA BALTIQUE
Copenhague, 25 octobre.
Le ministre danois à Petrograd a télégra-
phié au ministre des affaires étrangères à Co-
penhague que le gouvernement russe lui a
déclaré qu’aucun sous-marin russe n’était
dans les parages du Danemark.
-Aéroplanes au-dessus de Varsovie
Varsovie, 21 octobre.
Des aéroplanes ennemis ont jeté des bom-
bes sur Varsovie.
44 personnes, dont 35 civils, ont élé tués
ou blessés en une journée.
MANIFESTATIONS MSSOPIIILE!
Rome, 2î octobre.
L’offre du tsar de libérer les Italiens pri-
sonniers des Russes a provoqué hier soir à
Milan des manifestations enthousiastes de
sympathie à l’égard de la Russie.
Des centaines de personnes ont acclamé
le consul russe.
La police a dispersé les manifestants sans
aucune arrestation.
Les Opérations en Bosn'é
Nich, 21 octobre.
Après des combats qui infligèrent à i’enne-
mi des pertes considérables, les Sorbes opé-
ranfren Bosnie se sont retirés sur des posi-
tions à l’Ouest de Visegrad, par soite de la
retraite dès Monténégrins opérant pins au
Sud.
Néanmoins, la situation des Serbes en
•■Bosnie est très favorable.
LA RETRAITE
Austro-Allemande
Petrograd, 23 octobre.
Les 23 et 24 octobre, les Russes ont in-
fligé plusieurs défaites aux arrière-gardes
allemandes qui tenaient à se maintenir sur
les positions le long des rivières Ravka,
Skerneoka et Kylka.
Loviez, Skernovice et Rava ont été en-
levées à la baïonnette.
Les Autrichiens et les Allemands se sont
retirés en retraite sur les chemins condui-
sant à Radom.
Ayant reçu des renforts et tirant parti
de la région boisée et accidentée, ils ont
opposé une résistance opiniâtre à l’offensive
russe qui progresse.
Le combat a pris des proportions consi-
dérables. A plus de cent endroits les russes
ont fait de nombreux prisonniers et se sont
emparés de mitrailleuses-et des canons sûr
les rives du San.
Au Sud de Przemysl les combats conti-
nuent avec acharnement. La tentative de»
Autrichiens pour tourner l’aile gauche
russe, a échoué.
Les Autrichiens ont subi de grosses
pertes.
Une colonne autrichienne descendant les
Carpathes vers Doliva a été défaite et mise,
en déroute.
i—■■■■■ni fjfr ■■■»■• ——
L’OCCUPATION ALLEMANDE
A CHALONS
Du 3 an 12 septembre, Châlons-sur-Marne
et la station d'aviation de Mourmelon ont été
occupées par les Allemands.
Le 3 septembre, un Tmbe survola la ville
et jeta trois bombes. La première tomba sur
l’Hôtel de Ville, la seconda mit le feu à l’Hô-
pital, la troisième causa une certaine pa-
nique dans la gare où elle blessa un cuiras-
sier.
Le lendemain, à deax heures du matin, iî|
y eut une terrible explosion. C’étaient les
Français qui venaient de faire sauter le pont
de l’Estacade.
Un duel d’artülerie très violent suivit et
dura pendant vingt minâtes.
Le député-maire, M. Ssrvas, et un groupe
de courageux citoyens demeurèrent a Cha-
tons, préparés à recevoir les envahisseurs.
Il y eut un léger engagement entre les
éclaireurs allemands et les cuirassiers fran-
çais, après lequel ceux-ci se retirèrent de-
vant le nombre supérieur des forces.
Le bombardement de la ville commença
alors et dura deux heures.
Les Allemands pénétrèrent ensuite dans
Châlons et M. Servas, accompagné par nn
habitant, M. Pâtit, tut appelé au quartier gé-
néral où le général Von Seydewitz réclama
une garantie de 500,000 francs et garda com-
me otages MM. Servas et Petit.
Le général allemand reçut ces deux Fran-
çais, ie revolver à la main, et à plusieurs re-
prises lés menaça.
Il renouvela ces menaces lorsque M. Ser-
vas lui dit son impossibilité de réunir immé-
diatement 500,000 francs.
Après une discussion assez vive et dans la-
quelle le maire de Châlons fit preuve d’un
grand courage civique, le général allemand
consentit à accepter 500,000 francs en billets
de banque et 6,000 francs en espèces.
Le prêtre d'tm asile local fut également
pris comme otage.
La maire eut alors à signer nne proclama-
tion aux habitants dans laquelle ceux-ci
étaient invités à donner anx soldats alle-
mands dn café, du pain et du beurre pour
ieur déjeuner dn matin, deux plats, viande
et légumes avec soupe dans la journée.
Ces formalités ayant été réglées, les trou-
pes allemandes, musique en tête, pénétrè-
rent dans la ville.
Dans la matinée du 5, les officiers alle-
mands se rassemblèrent à SÜEôtèl de Ville et
exigèrent un grand nombre d’objets.
Ils étaient arrogants, impérieux, et leurs
manières insolentes furent aussitôt copiées
par leurs soldats.
Dans l’après-midi, le général ordonna que
tous les magasins fussent ouverts.
C’est en vain que le maire essaya d’expo-
ser que les boutiquiers avaient fui. Le géné-
ral entra dans nne violente colère ; il ordon-
na l’ouverture des magasins et de tontes les
maisons qui avaient été fermées. Pendant
plusieurs heures, tes troupes allemandes tu-
rent autorisées à piller. Des scènes de désor-
dre et d’orgies se déroulèrent alors.
Le 6, le général allemand reconnaissant
que ses troupes n’avaient pas été molestées
restitua les 500,000 trancs et déclara que les
otages seraient rendus à la liberté. Mais à
neuf heures du matin, de nouvelles scènes
de violence eurent lieu. Certains établisse-
ments qui avaient été ouvert furent sacca-
gés. Toutes sortes de marchandises, depuis
les souliers, les jouets, jusqu’au café, au riz
et au linge, furent placées dans des voitures
et enlevées.
Le Comité municipal tnt informé que Châ-
lons aurait à payer une contribution de
guerre de 8 millions.
L’évèque de Châlons tenta une démarche
auprès ou prince de Saxe qui se trouvait
dans la ville.
Sur cette intervention, les allemands ré-
duisirent leurs exactions. Il fut décidé que
les hnitvmilliqns demandés étaient une part
des trente millions exigés du département
de la Marnei Mais le représentant fiscal ac-
cepta en compte les premiers 500.000 francs
et donna un reçu.
Dans les journées des 8 et 9, le canon ne
cessa de tonner, mais ie 9 au soir, les Alle-
mands donnèrent des signes de retraite. Ils
devenaient anxieux et ne dissimulaient pas
que la bataille allait contre eux. Ils perdirent
aussitôt toute ieur indolence et plusieurs
d’entre eux confessèrent que la marché sur
Paris venait d’éprouver un sérieux échec.
Durant la nuit, le nombre des blessés
apportés fut tel qu’on ne trouva plus de
place pour les recevoir ; il y eu avait dans
la cour et sur les marches de l’Hôtel de
Ville.
Le H septembre, on les évacua avec pré-
cipitation.
Le lendemain 12, les troupes françaises
ré^uuoaient la ville, i
Autour de la Guerre
LA LETTRE DU SOLDAT
Reconstituons la scène. La chose est aisée.
Des correspondances nous ont déjà décrit la
vie de nos soldats en campagne. Nous le»
voyons par la pensée échelonnés dans la
zone iaterdkè aux curiosités civiles, mais où
habitent, nous le savons, la bravoure, IÂL»
duraace, l'entrain, ie joli dédain de la mort
et le fier espoir de la vie cire.
Les hommes se sont construits des abri»
avec ce qu’ils ont pu trouver, des huttes de
paille, des réduits improvisés au moyeu de
ce qui reste d’une poti 1, d’une voiture,d’une
table, parmi les véstigesN d’un village en
ruines.
Les autres, les « taupiers », sont en avant»
dans les tranchées. Depuis quatre semaine» '
que les braves sont nichés là, à quelques
centaines de mètres des lignes allemandes,
la vie a pris un confortable relatif mais pré-
cieux. Des bouts de bois jouent Je rôle de
plancher. Une caisse renversée tient lieu de
table.
« Je la mets sur le côté, m’écrit un lieute-
nant, et j’ai l’ilusion d’une bibliothèque...
C est charmant I »
•
Le décor se comp ète par les allées et ver-
nues des obus français et allemands qui
passent- au-dessus des têtes. Des coups de
sifflits lointains se rapprochent et devien-
nent plus^gusrüa brait dé rafale, de tour-
billon interrompu tout à coup par un fra-
cis terrible : l’txpiosion.
Les hommes de la tranchée risquent un
oeil et même deux. Tout va bien. Le Taube
a mal renseigné. Au suivant :
Or, voici qae ce soir, est venue sur le»
lignes une corvée qui n’était ni ceiie de la
soupe, ni celle des munitions, ni celle des
ambulances. Elle a apporté une collection
de petits paquets enveloppés de papier bleu,
avec une belle étiquette encadrée de trico-
lore : « Les Havraises à leurs chers périt»
soldais ». Et chacun a eu le sien qu’il s’est
empressé d’ouvrir.
Imaginez un peu cette joie et cette sur-
prise. Rappelez-vous celle qu’ils avaient na-
guère, ces grands enfants, en découvrant
«a s la cheminée, l’envoi dn Bonhomme
Noël. Et considérez qu’à vingt ans d8 distan-
ce ce sont un peu — dans un cadre bien diffé-
rent hélas ! — les mêmes émotions naïves
•qui se renouvellent.
Ce souvenir qui leur tombe du ciel prend
nn prix fabuleux par le temps qui caurt :
une chemise, nn caleçon de laine, un mou-
'choir, un passe-montagne, des chaussettes.
Mais c’est presque un trousseau de jeuae
marié. L’agreable se joint â l’indispensable.
Utile dulci t clame un .ancien‘étudiant de-
vant un brave gas des champs, son cama-
rade, son trêve d’épreuves, qui ne comprend
pas, mais qui admire.
Utile dulci 1. Le dulci est représenté par un
morceau de savon parfumé, une pipe, du
tabac, quelques tablettes de chocolat, du pa-
pier à lettres, des cartes postales, des
crayons.
- Et c’est une idée doublement charmante,
puisqu’elle va permettre au petit soldat de
traduire son plaisir et sa gratitude. Vous ie
voyez d’ici, n’esv-ce pas ?
Les Allemands font trêve un instant. I! a
pris nne belle feuille blanche. La crosse de
son fasil lui sert de pupitre. Il écrit, un pea
embarrassé tout de même, car cette leltre-là
n’est pas une lettre ordinaire aux parents
où les mots viennent d’eux-mêmes, n’im-
porte comment et sans façon.
C’est une lettre de hmie tenue adressés
aux « bons coeurs » inconnus qui ont eu la
« chouerie idée » de penser à lui.
Alors, il hésite, il cherche des phrases, il
voudrait trouver quelque chose de « bien
tapé » pour exprimer sa joie comme il la
ressent Çi y est. 11 a découvert le moyen ; il
dira le merci simplement, sincèrement,
comme il le pense.
Et, sans s’en douter, notre petit soldat il
écrit des choses exquises.
Mmes Siagiried et Benoist ont bien voulu
me permettrede jeter un coup d’oeil sur cette
correspondance. Elle arrive journellement à-
la sous-prétecture, accusant réception des
envois.
l’armi ces biüels griffonnés entre deux
coups de feu, je prends au hasard deux let-
tres. Elles donnent bien le ton de ces écrits
fleuris d’une petite pointe émue et senti-
mentale :
J’ai le plaisir de vous faire savoir que voir» ,
colis a élé distribué parmi les camarades de moa
escouade.
Aussi combien je vous remercie de votre géné-
rosité envers les défenseurs do la Patrie qui bien-
tôt auront le bonheur de sortir viciorieux decott#
attaque.
Si D,eu me préserve de cette mêlée, j'espère
pouvoir aller vous remercier de vive voix.
En attendant cet heureux jour, que le. Comité
reçoive, avec n s remercîmenis, ('expression d«
nos sentiments les plus dévoués.
Voire très reconnaissant caporal,
EUGÈNE GOUES.V4RD.
129% 3* comp.
Le caporal His, de la « troisième », exuitt
aussi de reconnaissance :
Environs de Reims.
C'est avec plaisir que je constate votre box
coeur. Recevez donc mes plus grands remerd-
ments. Nous ne manquons de rien. Le temps est
assez favorable. Avec plusieurs bons coeurs com-
me les vôtres, Mesdames, tous mes camarades
seront bien couverts.
Recevez mes plus grands respects.
Caporal nie.
129».
Et le caporal His a repris son crayon pouf
ajouter ce post-scriptum :
« Vive la France 1 A bientôt la paix. Vous
pouvez compter sur notre courage et notr*
bon coeur 1 » .
Ils sont tout simplement admirables, nos
soldats.
ALBERT-IlERRENSCliMlOT.
—" O ■ ' ■■■—*'
La Marée rejette sur la Grève
les cadavres allemandi
La bataille livrée à l’exlrême-droiie d#
l'aiie allemande, dans la région de Nieuport
tut d’une extraordinaire violence. Les Bel-
ges, avec l’appui des bateaux anglais massa-
crèrent littéralement les Allemands qui es-
sayaient de poussar leurs colonnes ver*
Dunkerque.
Les Belges blessés qui sont revenus dé-
clarent qu’à la marée haute les vague reje-
taient sur la grève dos monceaux de cada-
vres.
Ces cadavres ont été charriés par la rivière
Yaer dans laquelle les treunes allemande»
furent culbutées
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