Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-10-22
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 octobre 1914 22 octobre 1914
Description : 1914/10/22 (A34,N12128). 1914/10/22 (A34,N12128).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1722896
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/12/2020
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Le Petit Havre
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La Défense
du Sol Natal
Noire journal a le grand honneur
de publier aujourd’hui l’article que
M: Paul Ilymans, député de Bruxel-
les, ministre d’Etat, a bien voulu
écrire à notre intention.
M. P. Hymans, qui est un orateur
de grand talent, est le leader de la
gauche libérale de la Chambre belge.
C'est à ce titre qu’il est entré, sans
portefeuille, dans le ministère au mo-
ment où l’indigne agression allemande
a grçupé toute la nation autour de
son vaillant roi, sans distinction de
parti. On sait qu’en même temps le
comte Goblet d’Alviella, pour le parti
libéral, et M. Vandervelde, pour le
Earli socialiste, ont été également
ommês ministres d'Etat.
M. P. Hymans revient des Elats-
iUnis où, avec MM. Carton de Wiart,
de Sadeleer et Vandervelde, il avait
été délégué pour dénoncer les agisse-
ments de VAllemagne. Il a bien voulu
nous dire que ses collègues et lui
avaient rencontré, dans toutes les
sphères dirigeantes américaines, d’ar-
dentes sympathies dont le reflet s’est
retrouvé jusque dans le discours offi-
ciel que leur a adressé le président
Wilson ; et cela, malgré la propagan-
de intense du comte Bernstorfl, am-
bassadeur d’Allemagne, et de ses
acolytes qui ne jont que se couvrir de
ridicule.
La cause de la Belgique est assez
belle pour se défendre d’elle-même,
mais nos lecteurs verront qu’elle ne
pouvait en tout cas avoir d’avocats
\lus distingués que ceux qui comptent
dans leurs rangs M. P. Hymans.
C.-J.
Voici huit jours déjà que nous sommes
installés ici, sur cette généreuse terre de
France, fraternellement accueillis par le
gouvernement de la République et par la
population du Havre, nous sentant bien
lom dc la pairie et cependant presque chez
BOUS.
De combien d'émotions n’avons-nous pas
tressailli, le 13 octobre, dans cette tragique
journée d’exode, où le matin, nous vîmes
S’éloigner et se fondre dans une brume
dorée les rives aimées du sol natal, où, le soir,
Bous abordions au Havre, passant devant
des quais obscurs, chargés d’une foule
Immense que nous devinions sans la voir, et
d’où s'élevaient dans l’ombre des clameurs
de bienvenue : « Vivent les Belges 1 Vive la
Belgique t »
Là bas, au delà de cette souriante mer
d’automne, c’est l’Angleterre amie ; àu
Nord, tout près d’ici, l’armée belge et le Roi
qui la commande, disputent la Flandre à
l’injuste et brutal envahisseur ; à Calais, à
Rouen, sont les dépôts de nos régiments ; à
Cherbourg nos recrues *et nos volontaires
qui rempliront bientôt les vides creusés
dans les rangs par la mitraille et l’obus.
Cette petite armée, qui vient de fournir
One rude campagne, occupe encore le
champ de bataille. Nous l’avons vue à
Gstende, revenant d’Anvers, fatiguée, dé-
primée par la retraite ; elle nous semblait
avoir besoin de se reposer derrière les
lignes avancées, avant de rentrer en action,
Trois ou quatre jours ont suffi pour la re-
faire. Elle a repris sa place, au front, à côté
des glorieuses troupes alliées. Elle n’est ni
épuisée, ni découragée. Elle a cependant
subi de dures épreuves.
Et d’abord, le premier choc. Nous étions
dans l’angoisse, à Bruxelles, au commence-
ment d’août, Comment nos troupes, qui n’a-
vaient jamais fait la guerre affronteraient-
elles l’approche de l’ennemi, et de quel
ennemi ; le plus redoutable et qui orgueil-
leusement sifllïïrmait invincible ?
Dès le début, on se rassura, et l’on se
sentit très fier. L’armée avait fait simple-
ment, noblement, efficacement son devoir.
EHe avait attendu l’Allemand de pied fer-
me. Et pendant dix jours elle le tint en
échec sur la Meuse. Puis après l’évacua-
tion de Liège, elle résista en pleine campa-
gne, devant Tirlemont et Louvain. À Ilae-
len, elle fit merveille.
Dans un combat violent, elle décima les
forces de cavalerie qui cherchaient à percer
a ligne. On enterra près de 3,000 cadavres
allemands ; les Belges n’eurent que deux
cents morts. B fallut bientôt cependant,
devant la marée ennemie qui menaçait de la
déborder, se replier sur Anvers.
La place d’Anvers, construite en 1839 et
que le gouvernement décida de moderni-
ser en 1908, devait servir de base d’opéra-
tions pour l’armée en campagne, de refuse
et de réduit suprême pour le gouverne-
ment, en cas d’invasion.
Nos troupes, ramenées sous' l’abri des
forts, ne restèrent pas inactives. Elles ten-
tèrent trois opérations importantes. La
première, à la fin du mois d’août, concorda
avec l’offensivè des alliés en Sambre-et-
Meuse. La seconde, au commencement de
septembre, eut pour effet de rejeter les Al-
lemands sur Louvain et faillit amener l’éva-
cuation de Bruxelles. La troisième aboutit
à la reprise d’Alostet de ïermonde. C’est
alors que les Allemands — le 27 septem-
bre — commencèrent le siège des forts
avancés.
LA GUERRE
Sommaire des principaux fails relaiifs
à la Guerre
SUR LA FRONTIÈRE H0RD-E5T
21 Octobre. — A l’aile gauche, de la mer
du Nord jusqu’à La Bassée, violente ba-
taille. Les forces alliées tiennent partout.
Sur les autres poinls du front, aucun
changement.
EN POLOGNE
21 Octobre. — L’armée allemande, aban-
donnant sa marche sur Varsovie, bat préci-
pitamment en retraite, serrée de près par
les Russes et abandonnant ses blessés.
— Dans la région de Kosienice, entre
Varsovie et Lublin, les Russes ont remporté
un grand succès, après huit jours de com-
bat, et se sont fermement établis sur la rive
gauche de la Vistule.
EN PRUSSE ORIENTALE
— On songe, en Prusse orientale, à orga-
niser une guerre de partisans, en prévision
de i’inVasion des armées moscovites.
EN AUTRICHE-HONGRIE
1S Octobre. — Les Serbes ont infligé de
grosses perles aux Autrichiens, sur tout lë
front, en Bosnie,
19 Octobre. — Le bombardement des
forteresses dé Cattaro, par les batteries
franco-monténégrines, se continue avec
violence. Deux navires autrichiens, parti-
cipant à la défense, ont dû s’enfuir.
21 Octobre.— Les Russes ont pris l’of-
fensive et battent les Autrichiens au Sud
de Przemysl.
Enfin, quand la formidable artillerie des
assiégeants eut brisé la première ligne de
défense et que les Allemands, ayant fran-
chi la Nèthe, entreprirent de percer la se-
conde, la retraite sur la rive gauche de
l’Escaut commença. Elle s’exécuta sans
désordre et sans affolement. L’armée attei-
gnit le littoral, harassée, mais sauve. Et elle
-se bat toujours. Le Roi est avec elle et ne
la quittera pas. Le drapeau belge, intact,
est en des mains robustes et braves.
Gôtte armée,, cependant, sort J1 peine
d’une période difficile de réorganisation.
Ce n’est qu’en 1909 que le principe du ser-
vice personnel fut substitué au régime du
remplacement ; ce n’est qu’en 1913 que la
loi généralisa le service, ne soumettant
d’ailleurs à l’incorporation que la moitié
environ de la classe annuelle. Cette loi ne
devait fournir son plein rendement qu’en
1917.
D’autre part, la question des cadres n’était
pas définitivement réglée. Nous nous trou-
vions donc, au moment des hostilités, dans
une situation transitoire. Et notre outil mi-
litaire était imparfait. On en a tiré le maxi-
mum d’efficacité possible. Le soldat belge
s’est révélé solide, calme, débrouillard,
adroit tireur, résistant, plein de bonne hu-
meur et de sang-froid. Il a été vaincu jus-
qu’ici, mais il n’est ni découragé ni affai-
bli. Pendant deux mois et demi, il a dû re-
culer devant le nombre. Il aspire mainte-
nant à l’offensive et à la revanche.
Grâce à lui, de l’épreuve affreuse infligée
à un peuple qui ne songeait qu’aux tra-
vaux de la paix, et que la guerre aura
trempé, surgira une nation neuve, saine,
purifiée, débarrassée des ferments qui la
rongeaient, et qui se forgera de superbes
destinées.
' Nous restons confiants dans Pissue
finale.
L’ennemi voulait être à Paris le 13 août.
Ii n’a réussi qu’à prendre Anvers le 10
octobre.
Il allait écraser l'Europe. Au bout de
deux mois et demi il n’a pas réussi à dé-
truire l’armée belge.
Par un extraordinaire et monstrueux pa- !
radoxe, dans cette guerre de titans, la seule
victime jusqu’à présent est un petit pays,
pris à là gorge par une formidable puis-
sance militaire qui lui avait juré sa pro-
tection et s’était instituée, par de solennels
traités, garante de sa neutralité et de son
indépendance,
Ce que la Belgique a souffert sera réparé.
Mais l’Histoire ne réparera pas Phonneur
allemand. Elle ne pardonnera pas à l’Alle-
magne d’avoir, abusant de la force, violé
le Droit, les contrats, les serments, la
bonne foi internationale, tout ce qui dans
le monde moderne forme la base et la
structure de la civilisation.
PAUL HYMANS.
L’ALLEMAGNE
et les Mines de Normandie
Le Conseil des ministres s'est réuni à Bor-
deaux, sons la présidence de M. Poincaré.
Le ministre des travaux publics a commu-
niqué au Conseil les résultats de l’enquête à
laquelle ilajait procéder sur les mines de
Normandie. La mine de Diêiette, appartenant
à M. Tbyssen, sujet allemand, devra être mi-
se sous séquestre par application da décret
du 27 septembre et à raison de sa proximité
avec le port de Cherbourg.
Là Société des hauts fourneaux de Caen
(Lechateher-Thyssen) avait des contrats avec
M. Thyssea pour la fourniture du minerai et
le transport des charbons. Ces contrats tom-'
; cront par i’eiïet du décret.
iGDiraipés'È liÉFÈieii
i&±
Paris, 13 heures, reçu à 16 heures.
Dans la journée d’hier, les atta-
ques de l’ennemi ont été particulière-
ment violentes sur Nieuport, Dixmu-
de et La Bassée.
Toutes ont été repoussées avec une
extrême énergie parles armées alliées,
Partout ailleurs, la situation est
sans changement notable.
Paris, 23 heures, reçu à 1 h. 40 du matin.
A l'Aile Gauche
De la mer du Nord jusqu’à La Bas-
sée, sur les fronts de Nieuport à Dix-
mude, d’Ypres à Menin et de Warne-
ton à La Bassée, une violente bataille
a été livrée dans la journée.
Aux dernières nouvelles, les forces
alliées tenaient partout.
Au Centre et h liroite
Rien à signaler.
RUSSIE
L’armée allemande qui s’était por-
tée sur Varsovie a été contrainte à la
retraite précipitée.
L’ennemi abandonne les positions
organisées défensivement.
Les Russes le poursuivent, faisant
de nombreux prisonniers.
Shronipe Belge
UN QUI REVIENT DE LA-BAS
Interviewer un confrère ! C’est une occasion
plutôt rare qui n'est pas sans agrément, surtout
quand l’occasion heureuse vous amène un
confrère qui a vu beaucoup, et sait, par profes-
sion, présenter les choses av60 intérêt. Pour
l’interviewé, cela doit causer l'effet du pho-
tographe qui se fait photographier, ou du coif-
feur qui se fait coiffer. Pour « l’intervieweur »,
c'est un plaisir. Le confrère, sans s'en douter
« parle » son article. Il n’y a qu’à l'écouter, à
noter les mots, à discipliner des phrases aux
tendances « bâtons rompus ».
Et lorsque ce confrère s’appelle M. de Tho-
ran, qu’il est journaliste de talent à Liège, qu’il
a assisté à toute la tragédie du siège, à l’entrée
de l'envahisseur, â l'occupation allemande, qu’il
a suivi le sillage des barbares â travers Ter
monde, Louvain, Bruxelles, qu'il rapporte de
ces lieux de désolation, de ruines et de misère,
des impressions fortes, originales, personnel--
les, on est tenté de lui passer la pluma et de
lui demander de laisser couler sur le papier le
flot des mauvais souvenirs.
Mais il est plus fraternel et plus « camarade »
de se faire son interprète, de tenter de traduir e à
son tour, avec l’émotion vive que cause le récit,
ce que nos amis de la presse liégeoise ont res-
senti.
Elle fut extraordinairement édifiante cette
conversation d'une heure avec notre confrère
de Thoran, pleine de détails curieux, pittores-
ques, fourmillante d’anecdotes iypiques, forte-
ment marquée de l'intérêt capital qui ^s'attache
à des choses vécues.
Même à Liège, où les allées et venues des in-
discrétions allemandes ne passaient point ina-
perçues, la soudaine déclaration de la guerre
causa la plus grosse des surprises. La stupeur
laissait encore les esprits interdits que les
hommes du Kaiser avaient déjà franchi la
Meuse, à cinquante mètres au dessous de Visé.
Et l’opération se fit avec une régularité ma
thématique, comme l’exécution bien réglée d'un
plan minutieusement préparé d'avance.
Ce pont jeté sur la rivière, les Allemands
l’avaient fabriqué depuis deux ans. Ils l’instal-
lèrent au bon endroit, â coup sûr, avec une
précision déconcertante. Les placides pêcheurs
à la ligne qui, le dimanche, allaient par là jeter
l’hameçon, étaient â la fois des industriels en
Belgique et des officiers de réserve en Allema-
gne. C'étaient eux qui avaient découvert le point
stratégique, tout en regardant sautiller le bou-
chon... Les pilot s étaient même posés!... Il
n'y eut qu'à placer dessus le tablier. Les avant-
gardes étaient déjà devant Liège.
Ce que fut la défense de cette place, on l'a
dit, on l'a répété. On ne dira jamais assez l’ad-
mirable exemple d'héroïsme qu’elle inscrit en
lettres d'or sur le grand livre de l'histoire
belge. On ne répétera jamais avec assez' d'en-'
thousiasme la sublime attitude de tous ces vail-
lants, depuis le général Lehman et les com-
mandants de tous les forts jusqu'au plus obscur
de leurs soldats. Tous, avec un courage, un
dévouement, une abnégation sans limites, ils
furent les premiers artisans de la grandeur et
de la noblesse dont rayonne aujourd’hui l’âme
de la chère petite Belgique.
On a déjà longuement écrit sur cette défense
de Liège, on a publié des traits touchants des
incidents tragiques, des erreurs aussi, comme
cette théâtrale intervention des parlementaires
allemands, complètement inexacte.
Ce que Ton sait moins, c'est comment est
tombé le dernier fort, le fort Lonoin, comment
l’ennemi, qui ne réussissait point à'l'abattre de
front, vint Tattaquer par derrière, en tirant
dessus de la ville de Liège même.
A— Oui, me dit M. de Thoran, il me fut donné
da voir ce douloureux et épouvantable specta-
cle. Les Allemands étaient entrés dans Liège,
mais le fort tonnait encore et il importait main-
tenant da le réduire au siienoe en le prenant à
revers. Leur fameux 420 allait se charger de
oette oeuvre de destruction.
» L'ennemi l'amena sur un des grands bou-
levards de la ville et je vois encore s’avancer
l'effrayante machine de guerre,son coripga
plutôt, carie 420 est amené sur place démonté
en plusieurs pièces, chacune d’elle trafnée par
un tracteur à vapeur.
» C’est d’abord un gigantesque rouleau, pa-
reil à ces compresseurs que les villes emoloiont
pour écraser le caillou sur les routes. L'appa-
reil prépare le sol, le nivelle, éprouve sa soli-
dité. Viennent ensuite le tracteur supportant le
bâti, piiis-lè tracteur du canon,proprement dit
lequel est hissé Sur l’affût ; puis le tracteur du
caisson de munitions - -
» L'énorme obus est placé dans une sorte de
berceau que des palans hissent jusqu’à la cu-
lasse, un chariot l'enlève. On pousse le tout. On
ferme. Une étincelle électrique met le feu à la
gargousTse. Et c'est un fracas de tonnerre.
» Après deux coups seulement, le fort Loncin
était en ruines. La résistance de Liège était
vaincue. Mais au prix de quelles pertes d'hom-
mes et de munitions, au prix de quelles peines
et de quels efforts I Ce sera l’immortel hon-
neur de la défense de Liège que d'avoir, en ces
mémorables journées, réduit à néant le plan
allemand. »
Et M.deThoran égrène encore des souvenirs :
l'interminabhdafiledes troupesall :m&ndas à tra-
vers Liège, le pas lourd, martelé, des bottes alle-
mandes, plus angoissant que le bruit du ca-
non ; l'impression douloureuse es urée par l’oc-
cupation de la ville, le drapeau allemand hissé
I à l'Hôtel de Ville devant le petit groupe das haï
biXanrts qui pleuraient, et, après les heures de
mitraille dans quelques rues, l’application sé-
vère des consignes, les portes de chaque mai-
son ouvertes nuit et jour, la lumière aux fenê-
tres dès le crépuscule, la langue française pro-
hibée, toute la correspondance faite en alle-
mand; puis las dures réquisitions, le prélève-
ment immédiat de la plus grande partie des
denrées alimentaires trouvées chez les mar-
chands et immédiatement envoyées « en Alle-
magne ».
Ce sont là des pages émouvantes que Liège
relira un jour, au jour des justes réparations,
quand le triomphe éprouvera le besoin de mê-
ler à sa joie un peu de sa douleur passée.
***
Les journaux de Liègeont naturellement cessé
leur publication dès que la ville fut aux mains
de l’envahisseur. Les Allemands parurent re-
gretter cette disparition de la presse. Une
feuille publique à leur service leur étaitnéces-
saire. Ils invitèrent nos confrères à remettre en
marche leurs rotatives. Le refus fut unanime.
Les journaux liégeois firent valoir qu'ils ne
pouvaient consentir à reparaître, avec le même
titre, sous la domination allemande.
La déclaration fut courtoise et nette. Et le
barbare n’insista plus.
Il alla faire confectionner à Aix-la-Chapelle
un journal rédigé partie en allemand, partie en
français — et quel français ! — et, comme il a,
sans le savoir, le sens de l’ironie lourdement
indigeste, il lui donna un titre affolant: « L’Ami
du Peuple ».
«
* *
Termonde, Louvain, Aershot... M. de Tho-
ran a fait ces dramatiques étapes au moment
où les ruines fumaient encore, dans les râles
des agonisants.
Et toujours, à ses côtés, défilaient les boites,
avec leur bruit sec des semelles ferrées battant
la terre, toujours passaient les wagons Chargés
avec leurs grandes et prétentieuses inscrip-
tions : « Le Kaiser, empereur d'Europe...
L'Allemagne au-dessus de tout » qui, partout
veulent frapper, obséder les esprits des sol-
dats...
Il a suivi pas â pas l’envahisseur, noire
confrère de Thoran, souvent au péril de sa vie
— il fut arrêté aux abords de Louvain et mis
en liberté, ses papiers étant reconnus en règle.
Il a vu les officiers allemands faire placer aux
carrefours des routes des flèches indicatrices :
« Près Louvain !... Près Bruxelles!...» Il y
avait même, toutes préparées, des : « Près Pa-
ris », qu’on posa â la frontière. Mais ces flè-
ches-là sont devenues plutôt cruelles. Les
uhlans en retraite ne les reverront pas.
Un détail en passant :
C’était à Louvain. La soldatesque avinée était
maîtresse de la ville. On pillait les magasins.
Des capotes grises sorta'ent des bijoutiers, les
poches bourrées de montres. Et d’autres s’a-
battaient chez les marchands de comestibles,
tuant, volant tour à tour.
— Je revois encore ce magasin. Les soldats,
après l'avoir dévalisé, y avaient mis le feu. Sur
la porte, un petit chien, un petit chien noir
persistait à vouloir entrer, pour retrouver son
maitro... Les criminels l’aperçurent. A coups
de bnhes de conserves, ils s'amusèrent à l'as-
sommer.
... Un peu plus tard,dans une rue incendiée,
un jeune officier prussien qui tenait un serin sur
le doigt, m’interpelle et m’arrête... Tenez!
Sauvez dono ce canari...
« Etonné, j'ai pris l’oiseau que le lieutenant
m'offrait, ajoute M. de Thoran, je l’ai mis dans
ma casquette et je l’ai donné, par la suite, sur
la roule, à un paysan !. . .
J’éooute encore. L'anecdote suit l’anecdote.
Ce sont autant de tableaux d’horreur et d’é-
pouvante esquissés d’un trait, résumés d’un
mot, des visions atroces où la mort et la vie
vont étroitement de compagnie, sans que Ton
sache vraiment parfois si oette mort h'est pas
la vie, si cette vie ensanglantée n’est pas un
masque de la mort...
Mais non. il y a dans l’âme belge intimement
vivante et comme Tondue dans L’âme française,
des réserves jaillissantes d'espoir et de foi.
El les montent aveotoutes les aspirations,toutes
les ardeurs, toutes les confiances de la race.
L'épreuve que nous traversons ensemble a fait
déjà âmes plus fortes, nos coeurs plus grands.
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
Secours aux familles
des soldais Belges
Bordeaux, 21 oclobre.
Un décret signé par M. Poincaré, accorde les
mômes secours qu'aux familles françaises aux
familles indigentes belges dont un parent est
aopelè, ou rappelé ou engagé sous le drapeau
belge.
Pour les. Unfauts
A Dieppe : Dans sa séance de lundi soir,
le Conseil municipal de Dieppe a décidé de
fourn r gratuitement des livres aux enfants des
familles belges actuellement installées à
Dieppe, et suivant les cours du collège.
Arrivée de Recrues Belges
Un nouveau contingent de recrues beiges,
une centaine environ, est arrivé, hier après-!
midi, à Dieppe. De là gare, ces jeunes gens ont ■
gagné immédiatepient le,quartier Duquesne, *1: \
ils ont rtjû nt les 250 camarades qui y «lie
depuis mardi.
Voyages lisfiis
LI’BJST
Paris, 21 octobre,
MM. Aristide Briand, garde des sceaox, eî
Albert Sarraut, ministre de l’instruction pu-
blique, chargés par le gouvernement de
mission dans les départements de l’Est, sont
allés au grand quartier général hier matin.
Ils sont également a liés à Verdun, où, no-
tamment, ils ont visité les blessés et par-
couru ensuite les communes ravagées et in-
cendiées par les Allemands au cours de com-
bats dans cette région.
Iis ont quitté Verdun dans la matinée,
continuant les tournées dans l’Est, et ont
emporté la meilleure et la plus réconfor-
tante impression.
LA POSTE AUX ARMÉES
Versailles, 19 octobre.
L’autorité militaire vient de charger le
parc d’automobiles légères de Versailles de
transformer 120 doubles phaélons en auto-
mobiles des postes et de la trésorerie.
Le travail a commencé chez deux carros-
siers de la ville. Il sera vraisemblablement
terminé vers la fin da mois.
QUESTIONS * FINANCIÈRES
Londres, 20 octobre.
Sir William Pleuder a été nommé par le
Trésor contrôleur des banques allemandes
et autrichiennes à Londres.
On annonce que les succursales de la
« Deutsche Bank », de la « Dresdaer Bank »,
de la « Disconto-Gesellschaft» et .de 11 « Anglo-
Austrian Bank établies en Angleterre, oaie-
ront, après l'expiration du moratorium,
concernant les renouvellements, le montant
total des effets susceptibles d’être renou-
velés.
Le 31 octobre et à partir de cette date, ils
paieront 1 intégralité de leurs autres dettes
lorsqu'elles arriveront à échéance, mais au-
cune somme ne sera payée aux ennemis ni
à leur profit.
Le Kaiser serait malade
Paris, 21 octobre.
Le Temps publie une dépêche de Barcelone
disant qu'on mande de Copenhague au jour-
nal Pobla Cntala que le kaiser serait assez
sérieusement malade.
L’INCIDENT DE FERRETTE
Bâle, 21 octobre.
- L’Allemagne a fait des excuses à la chan-
cellerie de Berne au sujet de l’incident de
Ferrette. m
Le ministre impérial a annoncé, en outre,
que des mesures seraient prises pour qa’un
pareil incident ne se renouvelle pas.
LA PRESSE BELGE
Londres, 2i octobre.
Le journal Métropole qui était publié à An-
vers 'paraîtra demain à Londres, eu français,
et sera encarté dans le journal le Standard.
L’Indépendance belge a para aujoard hui à
Londres pour la première fois et a publié
une lettre dejl. Asqqith, saluant cordiria-
ment l'apparition de 1-'Indépendance en An-
gleterre et formulant l’espoir que sa tâche
courageuse sera couronnée de succès.
M. Asqailh ajoute: « J'ai confiance qu’avant
longtemps l'Inlépandince sera de nouveau
pub iée à Bruxelles. Avec le concours des
a Liés, le vaillant peuple belge sera réinstallé
dans son pays en pleine jouissance de la
liberté ponr laquelle il a fait des sacifices si
splendides et si terribles.
va enrôler 80,000 nouveaux volontaires
Ottawa, 19 octobre.
Un communiqué officiel annonce que le
Canada va enrôler trente mille nouveaux
volontaires qui seront mis en route pour
l’Angleterre dès qu’ils seront équipés.
L’Arrivés des Troupes Canadiennes
Londres, 21 octobre.
Les journaux commentent en termes en-
thousiastes t’arrivée des troupes canadiennes
à Piymouth.
Ils remarquent le port magnifique des Ca-
nadiens oui ont traversé l'Atlantique pour
aider à la défense de l’Empire commun.
Le Daily Mail constate lVsprit de camara-
derie qui règne entre les officiers et les sol-
dats.
Mystérieux Sous-Marins
Copenbaguo, 2i octobre.
Hier après-midi, un sous-marin da natio-
nalité inconnue, a lancé deux torpilles con-
tre le sous-marin danois Havmanlen, battant
pavillon danois, qui manoeuvrait eu surface,
a ta vitesse de cinq noeuds, dans les eaux
internationales entre Nakkehovod, sur la
côte Nord de Soeland et Kule i, en Suède.
Aucune torpille n'a touché le sous-maria.
Un autre sous-mariu, également de natio-
nalité inconnue a été vu hier après-midi, du
phare de Nakkehoyéd.
Une torpille a explosé sur la plage voisine
du phare.
Ces faits ont été portés à la connaissance
des pays belligérants.
Le Bombardement de Cattaro
Gelligné, 20 octobre.
Hier, des batteries franco-monténégrines
ont bombardé vigoureusement avec s accès
i tes forteresses de CUttafo.
j Quelques centaines d’obus atteignirent les
| for:ifications ennemies et les èadommagè-
j fent sérieusement.
L’ailiLIerie autrichienne répondit violem-
! ment, mais vainement.
I Deux navires de guerre autrichiens pre-
| nant part au duel d’artillerie durent s’en-
* fuir.
La IltostB Allemands
RUSSIE
(Communiqué officiel)
Petrogrid, îi octobre.
L’armée allemande, qui s’était pois
tée sur Varsovie, a rencontré une forte
résistance de la part de nos troupes.
Elle commença hier une marche de
retraite qui se fait en hâte.
L’ennemi est serré par nous. Il aban*
donne les blessés et évacue ses posi-
tions.
Nos troupes les chassent à la baïon-
nette et font prisonniers les soldats
allemands répandus dans les forêts.
(Communiqué officiel)
Pelrograd, 2t octobre.
Les troupes allemandes qui occu-
paient les routes conduisant à Varso-
vie, dans la direction de la région
Nord de la rivière Pilica ont été re-
poussées. Elles se replient en pleine
déroute.
Lés Allemands ont abandonné leurs
blessés sur le champ de bataille, ainsi
que leurs positions préalablement for-
tifiées.
Les Russes poussent vigoureuse-
ment l’offensive sur tout le front.
Sur la rive gauche de la Vistule,
au Sud de la Pilica, le rayon de San-
dormir continue à être occupée par
l’ennemi.
Les Russes se défendaient vaillam-
ment depuis une huitaine de jours
dans la région de Kozienice, dans des
conditions les plus défavorables, sup-
portant le feu d’artillerie lourde alle-
mande, ont remporté un grand succès
le 20 octobre.
La situation est maintenant affer-
mie sur la rive gauche de la Vistule.
Les tentatives autrichiennes pour
franchir le San, en aval de Przemysl,
ont été repoussées par les Russes quf
ont passé à l’offensive.
Au Sud de Przemysl, on signais
que des détachements, empruntés
presque tous au corps d’armée autri-
chien ont été battus dans les com-
bats en Galicie.
M RÉSISTANCE DE LA PRUSSE
Fetrograd, 21 octobre.
Le correspondant de la Nor oie Vretnia té-
légraphie que la landsturn en Prusse orien-
tale est rapatriée dans ses villages natals
dans le but d’organiser une guerre de parti-
sans contre les Busses qui ont l’intention
d’envahir la Prusse.
La landsturn aura des effets civils, maii
elle sera bien armée.
LES SUCCÈS SERBES
Nich, 21 octobre.
Les Serbes opérant en Bosnie, ont infligé
le 18 octobre, de grosses pertes à i’eunemi
sur tout le front, en repoussant toutes iss
attaques.
Gêués par la présence des Serbes sur le
territoire autrichien de la rive gauche de la
Save, près de Semba, les Autrichiens s’eflor-
cent continuellement de rejeter les Serbet
sur la rive droits.
L’infanterie et l’artillerie serbes résistent
avec succès, s’assurant ia possession d’un
grand pont sur la Save.
Généraux Blessés
Cattigoé, 21 octobre.
Dans les derniers combats autour de Sara-
jevo quatre généraux monténégrins ont éU
uiesséi.
Le « Postdam » est saui
' Amsterdam, 21 octobre.
On dément que le Postdam ait touché uni
mine dans la Mer du Noid. Ce paquebot sï
trouve actuellement dans lo port ce ltoüer>
dam.
L’ATTITUDE DE L’ESPAGNE
Madrid, 21 octobre.
Le président du Conseil dément tes bruiti
suivant lesquels le Cabinet britannique an
Fait fait pression sur le Cabinet espagnol afit
de le déterminer à intervenir dans la guerr*
en favenr des alliés.
COLLISION DE TRAINS
Un terrible accident de chemin de fer s’est
produit avant-hier soir, à Marquise, près de
Calais. A un coude de la route, un train de
locomotives stationnait. A une centaine de
mètres, sur la même voie, suivait un train
de réfugiés parti de Calais à 5 h. 35-; il conte-
nait aus.i uu certain nombre de soldats bel-
ges expédiés vers Rouen. Un troisième train
survint en vitesse et écrasa plusieurs voitu-
res du train intermédiaire. Ce fut dans la
nuit une scène d’horreur et de détresse in-
descriptible. On nous parle de 50 à 60 morts
et 152 blessés.Les renseignements rnauqo .nt,
nous ne pouvons confirmer ces clnOres. L’ac-
cident s’est produit au passage à in veau de
Wsckinglftïi. - , ' . '
Administrateur • Déléfraé - Gérant
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Le Petit Havre
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On s'abonne également. SANS FRAIS, dans taus tes Rnnann, a. n-.'i. u. c 1
La Défense
du Sol Natal
Noire journal a le grand honneur
de publier aujourd’hui l’article que
M: Paul Ilymans, député de Bruxel-
les, ministre d’Etat, a bien voulu
écrire à notre intention.
M. P. Hymans, qui est un orateur
de grand talent, est le leader de la
gauche libérale de la Chambre belge.
C'est à ce titre qu’il est entré, sans
portefeuille, dans le ministère au mo-
ment où l’indigne agression allemande
a grçupé toute la nation autour de
son vaillant roi, sans distinction de
parti. On sait qu’en même temps le
comte Goblet d’Alviella, pour le parti
libéral, et M. Vandervelde, pour le
Earli socialiste, ont été également
ommês ministres d'Etat.
M. P. Hymans revient des Elats-
iUnis où, avec MM. Carton de Wiart,
de Sadeleer et Vandervelde, il avait
été délégué pour dénoncer les agisse-
ments de VAllemagne. Il a bien voulu
nous dire que ses collègues et lui
avaient rencontré, dans toutes les
sphères dirigeantes américaines, d’ar-
dentes sympathies dont le reflet s’est
retrouvé jusque dans le discours offi-
ciel que leur a adressé le président
Wilson ; et cela, malgré la propagan-
de intense du comte Bernstorfl, am-
bassadeur d’Allemagne, et de ses
acolytes qui ne jont que se couvrir de
ridicule.
La cause de la Belgique est assez
belle pour se défendre d’elle-même,
mais nos lecteurs verront qu’elle ne
pouvait en tout cas avoir d’avocats
\lus distingués que ceux qui comptent
dans leurs rangs M. P. Hymans.
C.-J.
Voici huit jours déjà que nous sommes
installés ici, sur cette généreuse terre de
France, fraternellement accueillis par le
gouvernement de la République et par la
population du Havre, nous sentant bien
lom dc la pairie et cependant presque chez
BOUS.
De combien d'émotions n’avons-nous pas
tressailli, le 13 octobre, dans cette tragique
journée d’exode, où le matin, nous vîmes
S’éloigner et se fondre dans une brume
dorée les rives aimées du sol natal, où, le soir,
Bous abordions au Havre, passant devant
des quais obscurs, chargés d’une foule
Immense que nous devinions sans la voir, et
d’où s'élevaient dans l’ombre des clameurs
de bienvenue : « Vivent les Belges 1 Vive la
Belgique t »
Là bas, au delà de cette souriante mer
d’automne, c’est l’Angleterre amie ; àu
Nord, tout près d’ici, l’armée belge et le Roi
qui la commande, disputent la Flandre à
l’injuste et brutal envahisseur ; à Calais, à
Rouen, sont les dépôts de nos régiments ; à
Cherbourg nos recrues *et nos volontaires
qui rempliront bientôt les vides creusés
dans les rangs par la mitraille et l’obus.
Cette petite armée, qui vient de fournir
One rude campagne, occupe encore le
champ de bataille. Nous l’avons vue à
Gstende, revenant d’Anvers, fatiguée, dé-
primée par la retraite ; elle nous semblait
avoir besoin de se reposer derrière les
lignes avancées, avant de rentrer en action,
Trois ou quatre jours ont suffi pour la re-
faire. Elle a repris sa place, au front, à côté
des glorieuses troupes alliées. Elle n’est ni
épuisée, ni découragée. Elle a cependant
subi de dures épreuves.
Et d’abord, le premier choc. Nous étions
dans l’angoisse, à Bruxelles, au commence-
ment d’août, Comment nos troupes, qui n’a-
vaient jamais fait la guerre affronteraient-
elles l’approche de l’ennemi, et de quel
ennemi ; le plus redoutable et qui orgueil-
leusement sifllïïrmait invincible ?
Dès le début, on se rassura, et l’on se
sentit très fier. L’armée avait fait simple-
ment, noblement, efficacement son devoir.
EHe avait attendu l’Allemand de pied fer-
me. Et pendant dix jours elle le tint en
échec sur la Meuse. Puis après l’évacua-
tion de Liège, elle résista en pleine campa-
gne, devant Tirlemont et Louvain. À Ilae-
len, elle fit merveille.
Dans un combat violent, elle décima les
forces de cavalerie qui cherchaient à percer
a ligne. On enterra près de 3,000 cadavres
allemands ; les Belges n’eurent que deux
cents morts. B fallut bientôt cependant,
devant la marée ennemie qui menaçait de la
déborder, se replier sur Anvers.
La place d’Anvers, construite en 1839 et
que le gouvernement décida de moderni-
ser en 1908, devait servir de base d’opéra-
tions pour l’armée en campagne, de refuse
et de réduit suprême pour le gouverne-
ment, en cas d’invasion.
Nos troupes, ramenées sous' l’abri des
forts, ne restèrent pas inactives. Elles ten-
tèrent trois opérations importantes. La
première, à la fin du mois d’août, concorda
avec l’offensivè des alliés en Sambre-et-
Meuse. La seconde, au commencement de
septembre, eut pour effet de rejeter les Al-
lemands sur Louvain et faillit amener l’éva-
cuation de Bruxelles. La troisième aboutit
à la reprise d’Alostet de ïermonde. C’est
alors que les Allemands — le 27 septem-
bre — commencèrent le siège des forts
avancés.
LA GUERRE
Sommaire des principaux fails relaiifs
à la Guerre
SUR LA FRONTIÈRE H0RD-E5T
21 Octobre. — A l’aile gauche, de la mer
du Nord jusqu’à La Bassée, violente ba-
taille. Les forces alliées tiennent partout.
Sur les autres poinls du front, aucun
changement.
EN POLOGNE
21 Octobre. — L’armée allemande, aban-
donnant sa marche sur Varsovie, bat préci-
pitamment en retraite, serrée de près par
les Russes et abandonnant ses blessés.
— Dans la région de Kosienice, entre
Varsovie et Lublin, les Russes ont remporté
un grand succès, après huit jours de com-
bat, et se sont fermement établis sur la rive
gauche de la Vistule.
EN PRUSSE ORIENTALE
— On songe, en Prusse orientale, à orga-
niser une guerre de partisans, en prévision
de i’inVasion des armées moscovites.
EN AUTRICHE-HONGRIE
1S Octobre. — Les Serbes ont infligé de
grosses perles aux Autrichiens, sur tout lë
front, en Bosnie,
19 Octobre. — Le bombardement des
forteresses dé Cattaro, par les batteries
franco-monténégrines, se continue avec
violence. Deux navires autrichiens, parti-
cipant à la défense, ont dû s’enfuir.
21 Octobre.— Les Russes ont pris l’of-
fensive et battent les Autrichiens au Sud
de Przemysl.
Enfin, quand la formidable artillerie des
assiégeants eut brisé la première ligne de
défense et que les Allemands, ayant fran-
chi la Nèthe, entreprirent de percer la se-
conde, la retraite sur la rive gauche de
l’Escaut commença. Elle s’exécuta sans
désordre et sans affolement. L’armée attei-
gnit le littoral, harassée, mais sauve. Et elle
-se bat toujours. Le Roi est avec elle et ne
la quittera pas. Le drapeau belge, intact,
est en des mains robustes et braves.
Gôtte armée,, cependant, sort J1 peine
d’une période difficile de réorganisation.
Ce n’est qu’en 1909 que le principe du ser-
vice personnel fut substitué au régime du
remplacement ; ce n’est qu’en 1913 que la
loi généralisa le service, ne soumettant
d’ailleurs à l’incorporation que la moitié
environ de la classe annuelle. Cette loi ne
devait fournir son plein rendement qu’en
1917.
D’autre part, la question des cadres n’était
pas définitivement réglée. Nous nous trou-
vions donc, au moment des hostilités, dans
une situation transitoire. Et notre outil mi-
litaire était imparfait. On en a tiré le maxi-
mum d’efficacité possible. Le soldat belge
s’est révélé solide, calme, débrouillard,
adroit tireur, résistant, plein de bonne hu-
meur et de sang-froid. Il a été vaincu jus-
qu’ici, mais il n’est ni découragé ni affai-
bli. Pendant deux mois et demi, il a dû re-
culer devant le nombre. Il aspire mainte-
nant à l’offensive et à la revanche.
Grâce à lui, de l’épreuve affreuse infligée
à un peuple qui ne songeait qu’aux tra-
vaux de la paix, et que la guerre aura
trempé, surgira une nation neuve, saine,
purifiée, débarrassée des ferments qui la
rongeaient, et qui se forgera de superbes
destinées.
' Nous restons confiants dans Pissue
finale.
L’ennemi voulait être à Paris le 13 août.
Ii n’a réussi qu’à prendre Anvers le 10
octobre.
Il allait écraser l'Europe. Au bout de
deux mois et demi il n’a pas réussi à dé-
truire l’armée belge.
Par un extraordinaire et monstrueux pa- !
radoxe, dans cette guerre de titans, la seule
victime jusqu’à présent est un petit pays,
pris à là gorge par une formidable puis-
sance militaire qui lui avait juré sa pro-
tection et s’était instituée, par de solennels
traités, garante de sa neutralité et de son
indépendance,
Ce que la Belgique a souffert sera réparé.
Mais l’Histoire ne réparera pas Phonneur
allemand. Elle ne pardonnera pas à l’Alle-
magne d’avoir, abusant de la force, violé
le Droit, les contrats, les serments, la
bonne foi internationale, tout ce qui dans
le monde moderne forme la base et la
structure de la civilisation.
PAUL HYMANS.
L’ALLEMAGNE
et les Mines de Normandie
Le Conseil des ministres s'est réuni à Bor-
deaux, sons la présidence de M. Poincaré.
Le ministre des travaux publics a commu-
niqué au Conseil les résultats de l’enquête à
laquelle ilajait procéder sur les mines de
Normandie. La mine de Diêiette, appartenant
à M. Tbyssen, sujet allemand, devra être mi-
se sous séquestre par application da décret
du 27 septembre et à raison de sa proximité
avec le port de Cherbourg.
Là Société des hauts fourneaux de Caen
(Lechateher-Thyssen) avait des contrats avec
M. Thyssea pour la fourniture du minerai et
le transport des charbons. Ces contrats tom-'
; cront par i’eiïet du décret.
iGDiraipés'È liÉFÈieii
i&±
Paris, 13 heures, reçu à 16 heures.
Dans la journée d’hier, les atta-
ques de l’ennemi ont été particulière-
ment violentes sur Nieuport, Dixmu-
de et La Bassée.
Toutes ont été repoussées avec une
extrême énergie parles armées alliées,
Partout ailleurs, la situation est
sans changement notable.
Paris, 23 heures, reçu à 1 h. 40 du matin.
A l'Aile Gauche
De la mer du Nord jusqu’à La Bas-
sée, sur les fronts de Nieuport à Dix-
mude, d’Ypres à Menin et de Warne-
ton à La Bassée, une violente bataille
a été livrée dans la journée.
Aux dernières nouvelles, les forces
alliées tenaient partout.
Au Centre et h liroite
Rien à signaler.
RUSSIE
L’armée allemande qui s’était por-
tée sur Varsovie a été contrainte à la
retraite précipitée.
L’ennemi abandonne les positions
organisées défensivement.
Les Russes le poursuivent, faisant
de nombreux prisonniers.
Shronipe Belge
UN QUI REVIENT DE LA-BAS
Interviewer un confrère ! C’est une occasion
plutôt rare qui n'est pas sans agrément, surtout
quand l’occasion heureuse vous amène un
confrère qui a vu beaucoup, et sait, par profes-
sion, présenter les choses av60 intérêt. Pour
l’interviewé, cela doit causer l'effet du pho-
tographe qui se fait photographier, ou du coif-
feur qui se fait coiffer. Pour « l’intervieweur »,
c'est un plaisir. Le confrère, sans s'en douter
« parle » son article. Il n’y a qu’à l'écouter, à
noter les mots, à discipliner des phrases aux
tendances « bâtons rompus ».
Et lorsque ce confrère s’appelle M. de Tho-
ran, qu’il est journaliste de talent à Liège, qu’il
a assisté à toute la tragédie du siège, à l’entrée
de l'envahisseur, â l'occupation allemande, qu’il
a suivi le sillage des barbares â travers Ter
monde, Louvain, Bruxelles, qu'il rapporte de
ces lieux de désolation, de ruines et de misère,
des impressions fortes, originales, personnel--
les, on est tenté de lui passer la pluma et de
lui demander de laisser couler sur le papier le
flot des mauvais souvenirs.
Mais il est plus fraternel et plus « camarade »
de se faire son interprète, de tenter de traduir e à
son tour, avec l’émotion vive que cause le récit,
ce que nos amis de la presse liégeoise ont res-
senti.
Elle fut extraordinairement édifiante cette
conversation d'une heure avec notre confrère
de Thoran, pleine de détails curieux, pittores-
ques, fourmillante d’anecdotes iypiques, forte-
ment marquée de l'intérêt capital qui ^s'attache
à des choses vécues.
Même à Liège, où les allées et venues des in-
discrétions allemandes ne passaient point ina-
perçues, la soudaine déclaration de la guerre
causa la plus grosse des surprises. La stupeur
laissait encore les esprits interdits que les
hommes du Kaiser avaient déjà franchi la
Meuse, à cinquante mètres au dessous de Visé.
Et l’opération se fit avec une régularité ma
thématique, comme l’exécution bien réglée d'un
plan minutieusement préparé d'avance.
Ce pont jeté sur la rivière, les Allemands
l’avaient fabriqué depuis deux ans. Ils l’instal-
lèrent au bon endroit, â coup sûr, avec une
précision déconcertante. Les placides pêcheurs
à la ligne qui, le dimanche, allaient par là jeter
l’hameçon, étaient â la fois des industriels en
Belgique et des officiers de réserve en Allema-
gne. C'étaient eux qui avaient découvert le point
stratégique, tout en regardant sautiller le bou-
chon... Les pilot s étaient même posés!... Il
n'y eut qu'à placer dessus le tablier. Les avant-
gardes étaient déjà devant Liège.
Ce que fut la défense de cette place, on l'a
dit, on l'a répété. On ne dira jamais assez l’ad-
mirable exemple d'héroïsme qu’elle inscrit en
lettres d'or sur le grand livre de l'histoire
belge. On ne répétera jamais avec assez' d'en-'
thousiasme la sublime attitude de tous ces vail-
lants, depuis le général Lehman et les com-
mandants de tous les forts jusqu'au plus obscur
de leurs soldats. Tous, avec un courage, un
dévouement, une abnégation sans limites, ils
furent les premiers artisans de la grandeur et
de la noblesse dont rayonne aujourd’hui l’âme
de la chère petite Belgique.
On a déjà longuement écrit sur cette défense
de Liège, on a publié des traits touchants des
incidents tragiques, des erreurs aussi, comme
cette théâtrale intervention des parlementaires
allemands, complètement inexacte.
Ce que Ton sait moins, c'est comment est
tombé le dernier fort, le fort Lonoin, comment
l’ennemi, qui ne réussissait point à'l'abattre de
front, vint Tattaquer par derrière, en tirant
dessus de la ville de Liège même.
A— Oui, me dit M. de Thoran, il me fut donné
da voir ce douloureux et épouvantable specta-
cle. Les Allemands étaient entrés dans Liège,
mais le fort tonnait encore et il importait main-
tenant da le réduire au siienoe en le prenant à
revers. Leur fameux 420 allait se charger de
oette oeuvre de destruction.
» L'ennemi l'amena sur un des grands bou-
levards de la ville et je vois encore s’avancer
l'effrayante machine de guerre,son coripga
plutôt, carie 420 est amené sur place démonté
en plusieurs pièces, chacune d’elle trafnée par
un tracteur à vapeur.
» C’est d’abord un gigantesque rouleau, pa-
reil à ces compresseurs que les villes emoloiont
pour écraser le caillou sur les routes. L'appa-
reil prépare le sol, le nivelle, éprouve sa soli-
dité. Viennent ensuite le tracteur supportant le
bâti, piiis-lè tracteur du canon,proprement dit
lequel est hissé Sur l’affût ; puis le tracteur du
caisson de munitions - -
» L'énorme obus est placé dans une sorte de
berceau que des palans hissent jusqu’à la cu-
lasse, un chariot l'enlève. On pousse le tout. On
ferme. Une étincelle électrique met le feu à la
gargousTse. Et c'est un fracas de tonnerre.
» Après deux coups seulement, le fort Loncin
était en ruines. La résistance de Liège était
vaincue. Mais au prix de quelles pertes d'hom-
mes et de munitions, au prix de quelles peines
et de quels efforts I Ce sera l’immortel hon-
neur de la défense de Liège que d'avoir, en ces
mémorables journées, réduit à néant le plan
allemand. »
Et M.deThoran égrène encore des souvenirs :
l'interminabhdafiledes troupesall :m&ndas à tra-
vers Liège, le pas lourd, martelé, des bottes alle-
mandes, plus angoissant que le bruit du ca-
non ; l'impression douloureuse es urée par l’oc-
cupation de la ville, le drapeau allemand hissé
I à l'Hôtel de Ville devant le petit groupe das haï
biXanrts qui pleuraient, et, après les heures de
mitraille dans quelques rues, l’application sé-
vère des consignes, les portes de chaque mai-
son ouvertes nuit et jour, la lumière aux fenê-
tres dès le crépuscule, la langue française pro-
hibée, toute la correspondance faite en alle-
mand; puis las dures réquisitions, le prélève-
ment immédiat de la plus grande partie des
denrées alimentaires trouvées chez les mar-
chands et immédiatement envoyées « en Alle-
magne ».
Ce sont là des pages émouvantes que Liège
relira un jour, au jour des justes réparations,
quand le triomphe éprouvera le besoin de mê-
ler à sa joie un peu de sa douleur passée.
***
Les journaux de Liègeont naturellement cessé
leur publication dès que la ville fut aux mains
de l’envahisseur. Les Allemands parurent re-
gretter cette disparition de la presse. Une
feuille publique à leur service leur étaitnéces-
saire. Ils invitèrent nos confrères à remettre en
marche leurs rotatives. Le refus fut unanime.
Les journaux liégeois firent valoir qu'ils ne
pouvaient consentir à reparaître, avec le même
titre, sous la domination allemande.
La déclaration fut courtoise et nette. Et le
barbare n’insista plus.
Il alla faire confectionner à Aix-la-Chapelle
un journal rédigé partie en allemand, partie en
français — et quel français ! — et, comme il a,
sans le savoir, le sens de l’ironie lourdement
indigeste, il lui donna un titre affolant: « L’Ami
du Peuple ».
«
* *
Termonde, Louvain, Aershot... M. de Tho-
ran a fait ces dramatiques étapes au moment
où les ruines fumaient encore, dans les râles
des agonisants.
Et toujours, à ses côtés, défilaient les boites,
avec leur bruit sec des semelles ferrées battant
la terre, toujours passaient les wagons Chargés
avec leurs grandes et prétentieuses inscrip-
tions : « Le Kaiser, empereur d'Europe...
L'Allemagne au-dessus de tout » qui, partout
veulent frapper, obséder les esprits des sol-
dats...
Il a suivi pas â pas l’envahisseur, noire
confrère de Thoran, souvent au péril de sa vie
— il fut arrêté aux abords de Louvain et mis
en liberté, ses papiers étant reconnus en règle.
Il a vu les officiers allemands faire placer aux
carrefours des routes des flèches indicatrices :
« Près Louvain !... Près Bruxelles!...» Il y
avait même, toutes préparées, des : « Près Pa-
ris », qu’on posa â la frontière. Mais ces flè-
ches-là sont devenues plutôt cruelles. Les
uhlans en retraite ne les reverront pas.
Un détail en passant :
C’était à Louvain. La soldatesque avinée était
maîtresse de la ville. On pillait les magasins.
Des capotes grises sorta'ent des bijoutiers, les
poches bourrées de montres. Et d’autres s’a-
battaient chez les marchands de comestibles,
tuant, volant tour à tour.
— Je revois encore ce magasin. Les soldats,
après l'avoir dévalisé, y avaient mis le feu. Sur
la porte, un petit chien, un petit chien noir
persistait à vouloir entrer, pour retrouver son
maitro... Les criminels l’aperçurent. A coups
de bnhes de conserves, ils s'amusèrent à l'as-
sommer.
... Un peu plus tard,dans une rue incendiée,
un jeune officier prussien qui tenait un serin sur
le doigt, m’interpelle et m’arrête... Tenez!
Sauvez dono ce canari...
« Etonné, j'ai pris l’oiseau que le lieutenant
m'offrait, ajoute M. de Thoran, je l’ai mis dans
ma casquette et je l’ai donné, par la suite, sur
la roule, à un paysan !. . .
J’éooute encore. L'anecdote suit l’anecdote.
Ce sont autant de tableaux d’horreur et d’é-
pouvante esquissés d’un trait, résumés d’un
mot, des visions atroces où la mort et la vie
vont étroitement de compagnie, sans que Ton
sache vraiment parfois si oette mort h'est pas
la vie, si cette vie ensanglantée n’est pas un
masque de la mort...
Mais non. il y a dans l’âme belge intimement
vivante et comme Tondue dans L’âme française,
des réserves jaillissantes d'espoir et de foi.
El les montent aveotoutes les aspirations,toutes
les ardeurs, toutes les confiances de la race.
L'épreuve que nous traversons ensemble a fait
déjà âmes plus fortes, nos coeurs plus grands.
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
Secours aux familles
des soldais Belges
Bordeaux, 21 oclobre.
Un décret signé par M. Poincaré, accorde les
mômes secours qu'aux familles françaises aux
familles indigentes belges dont un parent est
aopelè, ou rappelé ou engagé sous le drapeau
belge.
Pour les. Unfauts
A Dieppe : Dans sa séance de lundi soir,
le Conseil municipal de Dieppe a décidé de
fourn r gratuitement des livres aux enfants des
familles belges actuellement installées à
Dieppe, et suivant les cours du collège.
Arrivée de Recrues Belges
Un nouveau contingent de recrues beiges,
une centaine environ, est arrivé, hier après-!
midi, à Dieppe. De là gare, ces jeunes gens ont ■
gagné immédiatepient le,quartier Duquesne, *1: \
ils ont rtjû nt les 250 camarades qui y «lie
depuis mardi.
Voyages lisfiis
LI’BJST
Paris, 21 octobre,
MM. Aristide Briand, garde des sceaox, eî
Albert Sarraut, ministre de l’instruction pu-
blique, chargés par le gouvernement de
mission dans les départements de l’Est, sont
allés au grand quartier général hier matin.
Ils sont également a liés à Verdun, où, no-
tamment, ils ont visité les blessés et par-
couru ensuite les communes ravagées et in-
cendiées par les Allemands au cours de com-
bats dans cette région.
Iis ont quitté Verdun dans la matinée,
continuant les tournées dans l’Est, et ont
emporté la meilleure et la plus réconfor-
tante impression.
LA POSTE AUX ARMÉES
Versailles, 19 octobre.
L’autorité militaire vient de charger le
parc d’automobiles légères de Versailles de
transformer 120 doubles phaélons en auto-
mobiles des postes et de la trésorerie.
Le travail a commencé chez deux carros-
siers de la ville. Il sera vraisemblablement
terminé vers la fin da mois.
QUESTIONS * FINANCIÈRES
Londres, 20 octobre.
Sir William Pleuder a été nommé par le
Trésor contrôleur des banques allemandes
et autrichiennes à Londres.
On annonce que les succursales de la
« Deutsche Bank », de la « Dresdaer Bank »,
de la « Disconto-Gesellschaft» et .de 11 « Anglo-
Austrian Bank établies en Angleterre, oaie-
ront, après l'expiration du moratorium,
concernant les renouvellements, le montant
total des effets susceptibles d’être renou-
velés.
Le 31 octobre et à partir de cette date, ils
paieront 1 intégralité de leurs autres dettes
lorsqu'elles arriveront à échéance, mais au-
cune somme ne sera payée aux ennemis ni
à leur profit.
Le Kaiser serait malade
Paris, 21 octobre.
Le Temps publie une dépêche de Barcelone
disant qu'on mande de Copenhague au jour-
nal Pobla Cntala que le kaiser serait assez
sérieusement malade.
L’INCIDENT DE FERRETTE
Bâle, 21 octobre.
- L’Allemagne a fait des excuses à la chan-
cellerie de Berne au sujet de l’incident de
Ferrette. m
Le ministre impérial a annoncé, en outre,
que des mesures seraient prises pour qa’un
pareil incident ne se renouvelle pas.
LA PRESSE BELGE
Londres, 2i octobre.
Le journal Métropole qui était publié à An-
vers 'paraîtra demain à Londres, eu français,
et sera encarté dans le journal le Standard.
L’Indépendance belge a para aujoard hui à
Londres pour la première fois et a publié
une lettre dejl. Asqqith, saluant cordiria-
ment l'apparition de 1-'Indépendance en An-
gleterre et formulant l’espoir que sa tâche
courageuse sera couronnée de succès.
M. Asqailh ajoute: « J'ai confiance qu’avant
longtemps l'Inlépandince sera de nouveau
pub iée à Bruxelles. Avec le concours des
a Liés, le vaillant peuple belge sera réinstallé
dans son pays en pleine jouissance de la
liberté ponr laquelle il a fait des sacifices si
splendides et si terribles.
va enrôler 80,000 nouveaux volontaires
Ottawa, 19 octobre.
Un communiqué officiel annonce que le
Canada va enrôler trente mille nouveaux
volontaires qui seront mis en route pour
l’Angleterre dès qu’ils seront équipés.
L’Arrivés des Troupes Canadiennes
Londres, 21 octobre.
Les journaux commentent en termes en-
thousiastes t’arrivée des troupes canadiennes
à Piymouth.
Ils remarquent le port magnifique des Ca-
nadiens oui ont traversé l'Atlantique pour
aider à la défense de l’Empire commun.
Le Daily Mail constate lVsprit de camara-
derie qui règne entre les officiers et les sol-
dats.
Mystérieux Sous-Marins
Copenbaguo, 2i octobre.
Hier après-midi, un sous-marin da natio-
nalité inconnue, a lancé deux torpilles con-
tre le sous-marin danois Havmanlen, battant
pavillon danois, qui manoeuvrait eu surface,
a ta vitesse de cinq noeuds, dans les eaux
internationales entre Nakkehovod, sur la
côte Nord de Soeland et Kule i, en Suède.
Aucune torpille n'a touché le sous-maria.
Un autre sous-mariu, également de natio-
nalité inconnue a été vu hier après-midi, du
phare de Nakkehoyéd.
Une torpille a explosé sur la plage voisine
du phare.
Ces faits ont été portés à la connaissance
des pays belligérants.
Le Bombardement de Cattaro
Gelligné, 20 octobre.
Hier, des batteries franco-monténégrines
ont bombardé vigoureusement avec s accès
i tes forteresses de CUttafo.
j Quelques centaines d’obus atteignirent les
| for:ifications ennemies et les èadommagè-
j fent sérieusement.
L’ailiLIerie autrichienne répondit violem-
! ment, mais vainement.
I Deux navires de guerre autrichiens pre-
| nant part au duel d’artillerie durent s’en-
* fuir.
La IltostB Allemands
RUSSIE
(Communiqué officiel)
Petrogrid, îi octobre.
L’armée allemande, qui s’était pois
tée sur Varsovie, a rencontré une forte
résistance de la part de nos troupes.
Elle commença hier une marche de
retraite qui se fait en hâte.
L’ennemi est serré par nous. Il aban*
donne les blessés et évacue ses posi-
tions.
Nos troupes les chassent à la baïon-
nette et font prisonniers les soldats
allemands répandus dans les forêts.
(Communiqué officiel)
Pelrograd, 2t octobre.
Les troupes allemandes qui occu-
paient les routes conduisant à Varso-
vie, dans la direction de la région
Nord de la rivière Pilica ont été re-
poussées. Elles se replient en pleine
déroute.
Lés Allemands ont abandonné leurs
blessés sur le champ de bataille, ainsi
que leurs positions préalablement for-
tifiées.
Les Russes poussent vigoureuse-
ment l’offensive sur tout le front.
Sur la rive gauche de la Vistule,
au Sud de la Pilica, le rayon de San-
dormir continue à être occupée par
l’ennemi.
Les Russes se défendaient vaillam-
ment depuis une huitaine de jours
dans la région de Kozienice, dans des
conditions les plus défavorables, sup-
portant le feu d’artillerie lourde alle-
mande, ont remporté un grand succès
le 20 octobre.
La situation est maintenant affer-
mie sur la rive gauche de la Vistule.
Les tentatives autrichiennes pour
franchir le San, en aval de Przemysl,
ont été repoussées par les Russes quf
ont passé à l’offensive.
Au Sud de Przemysl, on signais
que des détachements, empruntés
presque tous au corps d’armée autri-
chien ont été battus dans les com-
bats en Galicie.
M RÉSISTANCE DE LA PRUSSE
Fetrograd, 21 octobre.
Le correspondant de la Nor oie Vretnia té-
légraphie que la landsturn en Prusse orien-
tale est rapatriée dans ses villages natals
dans le but d’organiser une guerre de parti-
sans contre les Busses qui ont l’intention
d’envahir la Prusse.
La landsturn aura des effets civils, maii
elle sera bien armée.
LES SUCCÈS SERBES
Nich, 21 octobre.
Les Serbes opérant en Bosnie, ont infligé
le 18 octobre, de grosses pertes à i’eunemi
sur tout le front, en repoussant toutes iss
attaques.
Gêués par la présence des Serbes sur le
territoire autrichien de la rive gauche de la
Save, près de Semba, les Autrichiens s’eflor-
cent continuellement de rejeter les Serbet
sur la rive droits.
L’infanterie et l’artillerie serbes résistent
avec succès, s’assurant ia possession d’un
grand pont sur la Save.
Généraux Blessés
Cattigoé, 21 octobre.
Dans les derniers combats autour de Sara-
jevo quatre généraux monténégrins ont éU
uiesséi.
Le « Postdam » est saui
' Amsterdam, 21 octobre.
On dément que le Postdam ait touché uni
mine dans la Mer du Noid. Ce paquebot sï
trouve actuellement dans lo port ce ltoüer>
dam.
L’ATTITUDE DE L’ESPAGNE
Madrid, 21 octobre.
Le président du Conseil dément tes bruiti
suivant lesquels le Cabinet britannique an
Fait fait pression sur le Cabinet espagnol afit
de le déterminer à intervenir dans la guerr*
en favenr des alliés.
COLLISION DE TRAINS
Un terrible accident de chemin de fer s’est
produit avant-hier soir, à Marquise, près de
Calais. A un coude de la route, un train de
locomotives stationnait. A une centaine de
mètres, sur la même voie, suivait un train
de réfugiés parti de Calais à 5 h. 35-; il conte-
nait aus.i uu certain nombre de soldats bel-
ges expédiés vers Rouen. Un troisième train
survint en vitesse et écrasa plusieurs voitu-
res du train intermédiaire. Ce fut dans la
nuit une scène d’horreur et de détresse in-
descriptible. On nous parle de 50 à 60 morts
et 152 blessés.Les renseignements rnauqo .nt,
nous ne pouvons confirmer ces clnOres. L’ac-
cident s’est produit au passage à in veau de
Wsckinglftïi. - , ' . '
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