Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-10-21
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 octobre 1914 21 octobre 1914
Description : 1914/10/21 (A34,N12127). 1914/10/21 (A34,N12127).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172288t
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
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Le Petit Havre
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LE BLOCUS
DE LA HOLLANDE
La tactique employée par la flotte
allemande et qui consiste à rester à
IVabri des mines dont elle a plus ou
Vwins traîtreusement jalonné les mers,
né nous a pas encore permis d’assister
à de grandes batailles navales où la
flotte anglaise aurait pu donner sa
mesure. Il ne se produit que des opé-
rations partielles dont on ne saisit pas
du premier coup l’importance.
L’attention est cependant attirée
par te fait que ces dernières opéra-
tions ont tontes eu lieu dans lès para•
ges de la côte hollandaise. C’est là,
en particulier, que le 22 septembre
les trois croiseurs cuirassés anglais,
Aboukir, Ilogue et Cressy ont été
malheureusement coulés par un sous-
marin ennemi ; il en a été de même,
le 16 octobre, pour le croiseur Hawke.
C’est là aussi que, par un heureux re-
tour, le croiseur anglais Undaunted,
accompagné des quatre destroyers,
Lance, Lennox, Légion et Loyal, a
Stpulê samedi dernier quatre contre-
torpilleurs allemands.
Il faut donc qu’il y ait un attrait
particulier sur ces côtes de Hollande
pour que l’Angleterre y envoie tant
de navires et pour que des unités nou-
velles allemandes Sortent de leurs re-
paires et se risquent jusque-là. La vé-
rité est que l’Angleterre, sans que ce
soit officiel et sans flaire acte d’hosti-
lité, fait le blocus de la Hollande et
que VAllemagne, seule visée par cette
opération, essaye de s’y opposer.
Ce n’est pas que l’on soupçonne le I
gouvernement hollandais de violer la I
neutralité en facilitant le ravitaille- !
ment économique de VAllemagne ; il T
y a bien en Hollande un flort parti I
allemand qui a des attaches jusqu’à I
la Cour et qui a pu permettre certains
incidents regrettables ; mais le gou-1
^vernement a trop le sens de sa respon-1
sàbilité pour ne pas sentir que le pays I
a tout intérêt à ne pas tomber sous le I
joug du pangermanisme et ses colo- j
nies entre les mains de l’Angleterre, J
par suite de justes et inéluctables re-1
présailles. Il a tenu à donner une I
preuve non équivoque de sa correction I
en se portant acquéreur de tous les I
produits alimentaires importés
Mais il y a des produits qui peu-
vent traverser le territoire hollandais I
sans que les autorités aient le droit
d’exercer le moindre contrôle et c’est I
la raison de l’intervention anglaise ; I
il s’agit des produits qui pénètrent 1
par bateaux par les bouches du Rhin
dont le cours se termine, on le sait, I
en Hollande. La navigation sur le
Rhin est réglée, en effet, par des I
traités qui garantissent à l’Allemagne
la liberté absolue du transit.
L’origine de cette servitude imposéè
. à la Hollande remonte à Napoléon I 01
qui, après avoir annexé les anciens
Pays-Bas. établit le régime de la
liberté de la navigation sur le Rhin.
Quand le royaume des Pays-Bas fut
constitué, en i8iô, ce régime [fut
maintenu en principe par une conven-
tion annexe au traité de Vienne qui 1
stipulait Vuniformité des taxes doua-
nières. Par la suite, la Prusse obtint
un statut plus favorable encore pour
elle ; par l’accord du 13 octobre 1868, \
les taxes étaient complètement sup-
primées pour les marchandises à des-
tination de VAllemagne et la naviga-
tion bénéficiait d’une flranchise abso-
lue à travers le territoire hollandais.
De ce jait là Hollande est donc
complètement désarmée vis-à-vis des
navires étrangers qui essayent de ga-
gner les ports flayiaux allemands et,
qu’elle veuille ou non rester neutre,
elle ne peut empêcher le ravitaille-
ment de nos ennemis par cette voie.
ILjL la moindre velléité contraire, les
Allemands, qui flont peu de cas des
traités lorsqu’il s’agit de la Belgique,
31e manqueraient pas d’ailleurs de
faire payer flort cher aux Hollandais
leur oubli des conventions passées l
Devant cet état de choses,ce sont les
alliés eux-mêàies qui sont obligés
d’exercer le contrôle el c’esl ce qui
amène la flotte anglaise à faire le blo-
cus des Pays-Bas. Dans la lutte sans
merci dans laquelle l’Europe est en-
gagée, le triomphe définitif appar-
tiendra aux peuples qui sauront « te-
nir le coup » le plus longtemps : il est
donc essentiel d’empêcher l’Allemagne
de se ravitailler. Considérées à ce
point de vue les opérations qui se pas-
sent dans les parages de la côte hollan-
daise prennent une importance consi-
dérable.
Nous ne doutons pas malgré la har-
diesse des sous-marins et des torpil-
leurs allemands, la flotte anglaise
dans ce rôle ingrat et dangereux de
gendarme, sera à la hauteur de sa
Vieille, réputation.
CASPAR-JOMUN.
LA GUERRE
! Sommaire des principaux faits relatifs
à la Guerre
SUR LA FRONTIÈRE KQRD-EST
19 Octobre. — En Belgique, violentes
attaques des Allemands sur la ligne de
l’Yser. Combats dans la région d’Ypres.
I Sur la Meuse, nos troupes débouchent
sur la rive droite, dans la presqu’île des
Romains.
I En résumé, progrès de détail sur divers
points du front.
I 20 Octobre. — Efforts des Allemands sur
j toutes les parties du front : à l’extrême
j'Nord ; à La Bassée, où l’offensive fut parti-
I culièrement violente ; au Nord d’Arras ; à
Mametz ; à l’Est de l’Argonne ; sur les
Hauts-de-Meuse.
1 Partout l’ennemi est repoussé.
EH PRUSSE ORIENTALE
20 Octobre. — En Prusse Orientale et
I sur la Vistule, la situation est sans chan-
j gement.
EN OCÉANIE
20 Octobre. — Les Japonais ont occupé
les îles Mariannes, les îles Marshall et les
I Carolines orientales et occidentales appar-
I tenant à l’Allemagne.
SUR NIER
17 Octobre. —• Quatre contre-torpilleurs
| allemands sont coulés, près de la côte hol-
landaise par le croiseur anglais Undaunted
accompagné de quatre destroyers.
19 Octobre. — Un croiseur japonais a
heurté une mine dans la baie de Kiao-
I Tchéou. Il a été coulé.
Les Inscrits Maritimes
Bordeaux, 20 octobre.
Le ministre de la marine a décidé que les
inscrits maritimes, pères de six entants vi-
vants,actuellement sous iesdrapeaux,seront,
s’ils en font la demande, renvoyés dans
leurs foyers. Ils seront alors remis à la dis-
position des commandants des bureaux de
recrutement et pourront être rappelés au
service en même temps que les réservistes
de l’armée territoriale.
L'IMPRESSION M ANGLETERRE
~ Londres, 20 octobre.
UEvening News dit que tout semble bien
marcher pour les alliés dont la campagne se
poursuit suivant le plan soigneusement éla-
boré.
La campagne allemande s’annonça tout
d’abord com me un véritable touruil Ion ;
mais le plus optimiste officier de l’armée du
kaiser est obligé d’admettre qu’elle se dé
roule désormais d’une façon qui paraît de
| moins en moins en rapport avec les forces
allemandes.
Les Engagés Volontaires Anglais
Londr-s, 20 octobre.
Sur un million d’hommes demandé par
lord Kitcheaer, voici deux mois environ,
780,000 se sont déjà engagés.
Lancement de la « Flandre »
Brest, 20 octobre.
I Le cuirassé Flandre, de 28,000 tonnes, a-été
lancé avec plein succès.
TJn Paquebot hollandais saisi
Marseille 17 oelobre.
Le contre-torpilleur Casablanca est rentré
ce matin dans notre port, ayant en remor-
que le paquebot hollandais Koenigin-Emnta.
venant de Batavia avec 4,000 tonnes de mar-
chandises diverses, dont la plus grand,
partie ét it destinée à Hambourg. II y avait
aussi à bord 110 passagers aUetnauds,
Ce paquebot avait été capturé par des
vaisseaux anglais dans la mer des Indes’ el
remis au cont e-torpil!eur français dan? iss
environs de Rizerie, pour être conduit à
Marseille.
Le navire est actuellement saisi et les .pas-
sagers allemands, après avoir été interrogés
par le commissaire maritime, ont été retenus
j usqu’à plus ampie informé.
Steaisï &nÉ»gé pi. uns wm
Ilarwich, 20 octobre.
Le paquebot Postdam, allant do IIôDandî
en Amérique, a touché fine mine dans la
..mer du Nord. Le bâtiment est désemparé.
Leurs communiqués avouent:
1° Attcuu Succès en France
Londres, 19 octobre.
Parmi les nouvelles officielles allemandes
reçues à Londres par le télégraphe sans fil,
il faut remarquer lo passage suivant :
Sur le théâtre de la guerre français aucuns
, succès réels ne peuvent être annoncés.
2° Le Désastre naval
Amsterdam, te octobre.
Un télégramme officiel de Berlin, en date
du 18 ueobre, atmo.ice que, dans l’après-
midi do 17, les torpilleurs allemands S.l 15,
S. 117, S. 118, S. i/P out rencontré le croi-
seur anglais Undaunted et quatre torpilleurs
près de la côte ho landaise.
Selon des nome II s de source anglaise, les tor-
I pilleurs allemands ont été coulés. Trente et im
hommes'de l’équipage ont été sauvés et débarqués
I en Angleterre.
Sigpé : BIÎUNCKE,
| chef de section de V.état-major de la marine.
üaaiiifis È Garnement
(20 OCTOBRE)
Paris, 15 heures, reçu à 16 h. 30.
ISlîgXASCjK’Iü
Malgré de violentes attaques, l’ar-
mée belge se maintient sur la ligne de
l’Yser.
D’autres actions sont engagées dans
la région d’Ypres, entre lçs forces
alliées opérant de ce côté et les forces
ennemies.
A l’Aile Gauche
Les Allemands tiennent toujours
fortement lës avancées de Lille, dans
la direction d’Armentières,de Fournes
et de la Bassée.
SHHP la. Meuse
L’ennemi a essayé vainement de re-
pousser celles de nos troupes, qui ont
débouché sur la rive droite, dans la
presqu’île du camp des Romains.
En résumé, dans la journée du 19,
nous avons fait quelque progrès de
détail sur divers points du front,
En Prusse orientale et sur la Vis-
tule, la situation est sans changement.
Des tentatives au Sud de Przémysl
ont été effectuées dans de bonnes con-
ditions pour les Russes.
; Palis, 23 heures, reçu à 1 h. 45 du. matin.
La journée a été caractérisée par des
efforts allemands sur toutes les par-
ties du front : A l’extrême Nord, où
l’armée belge a tenu remarquable-
ment ; à La Bassée, où les Allemands
ont tenté une offensive particulière-
ment violente ; au Nord d’Arras ; à
Mametz, entre Péronne et Albert ; à
Vauquois, à 1 Est de l’Argonne ; enfin
sur les Hauts-de-Meuse, dans la région
de Champion.
Partout les attaques allemandes ont
été repoussées.
BfMipg Beige
LE R0LE_DU ROI
Ua haut personnage du monde officiel belge a
fait à un rédacteur du Timps les déclarations qui
suivent :
Le roi des Belges, comme vous le savez, est
' resté à la tête de son armée. Il a tenu à rem-
plir jusqu’au bout son double devoir de souve-
rain et de commandant en chef de ses troupes.
Le monde entier lui rend hommage, et c’est
justice. Avec une belle vaillance et une claire
intelligence des faits, il a été constamment g la
hauteur de sâ tâche. Chef du pouvoir exécutif,
le souverain a, dans notre pays, une influence
très grande. Il est directement en rapport avec
tous ses ministres, et ceux-ci sont personnelle-
ment et individuellement responsables devant
j lui— comme devant le Parlement, Il faut en-
tendre par lh qu’entre le roi et ses ministres
aucune autre autorité gouvernementale n’existe,
ni en droit ni en fait. Le titre de président du
Conseil, ou plutôt de chef du Cabinet, a tou-
jours été, en Belgique, de pure forme; il ne
recouvre pas une fonction exécutive, comme
c’est le cas notamment en France C’est le roi
qui, chez nous, préside véritablement le Conseil
des ministres,
Notre souverain, qui est un gentilhomme, at-
tendait une autre façon d’agir de la part d’une
nation avec laquelle le pays avait toujours vécu
en bonne intelligence. Le Conseil se réunit au
palais dans la nuit du 2 au 3 août ; h compre-
nait les ministres à portefeuille et les ministres
d’Etat. Le roi le présidait. En moins d’un quart
d’heure, la réponse négative à 'l’ultimatum alle-
mand fut rédigée, et la décision fut prise à l'u-
nanimité des membres du Conseil. Les délibé-
rations durèrent encore cinq à sot heures, mais
la décision principale était prise irrévocable-
ment.
Cette assemblée des ministres avait lieu, vous
disais-je, dans la nuit dû 2 au 3 août. Le 4 an
matin, les Allemands envahissaient le sol de la
Belgique, au moment même,.pour ainsi dire,où
le roi donnait lecture de son message au Parle-
ment. Cette date du 4 août restera dans la mé-
moire de nos souverains et de leur peuple. Elis
leur était chère, jusque-là, car c'est aussi la date
anniversaire de la naissance de la jeune et gra-
cieuse princesse Marie-Josée, qui a aujourd’hui
huit ans et que toute la Belgique chérit.
Peut-être ne sait-on pas tout de I influence
qu’a exercée le roi sur les destinées du pays,
en ses jours tragiques. C’est à ses instances j
réitérées et aussi au dévouement éclairé de
son ministre de la guerre, M. de Broqueville, —
pour lequel le pays tout entier, sans distinction
d’opinion, a une profonde et reconnaissante ad-
miration, — que la Belgique doit les lois miti
tairës qui ont été votées l’année dernière, et qui
lui ont permis de tenir efficacement tête à l'en-
vahisseur, C’est grâce à l’intervention du roi
que la mobilisation de l’armée belge fut dé ¬
cidée dès le fer août — à la suite de la procla-
mation de l'état desiège en Allemagne, C'ûst le
toi qui voulut qu’on ne se contentât point de
rappeler les quatre classes devant former l'ef-
fectif complet, en temps de paix, de cent mille
h;.rames, mais que dix autres classes fussent
immédiatement et simultanément mobilisées.
Mais l'Histoire enregistrera tout le détail des
événements dramatiques que nous venons de
•vivre. L’ultimatum allemand venait de nous
être jeté comme une injure brutale. Il fallait
qti’avitnt'.dotize heures nous répondîmes à cette
sommation. Notre souverain fut profondément
blessé de la violence de cette menace, g laquelle
on peut bien le dire-, il ne s’attendait point.
Toutes les conversations qu’il avait eues à ce
sujet, « soit dans son royaume, soit au cours de
ses voyages », lui donnaient le droit de penser
qu’on n’agirait point aussi injustement envers
son pays.
L’extraordinaire résistance physique du roi
depuis le commencement de la guerre a pu
étonner. C'est qu’on ne sait point qu'il est un
. soldat accompli. Sorti de l’Ecole militaire, il
(gagna successivement dans l’armée ses épau
lettesde lieutenant, de capitaine, de comman-
dant, de colonel et de général, exerçant effec-
tivement les fonctions de chaque grada. C’est
un vrai officier de carrière Ces derniersUmps,
pressentant que la situation de l'Europe allait
devenir critique, il s’était fait tout spéciale-
ment initier aux problèmes les plus récents de
la tactique militaire. C'est non seulement un
.chef plein de vaillance, mais aussi un savant
capitaine. Enfin, les douceurs de la vie moder-
ne ne lui sont pas indispensables. Causeur char-
mant, d’esprit raffiné, aimant passionnément
les études philosophiques, il est de moeurs et
d’habitudes simples. Il pratique l'alpinisme avec
ardeur. Souvent, parti pour que ques jours dans
les Alpes, H a liait, seul avec son guide, ejtcur-
sionner sur les hauts sommets, couchant n'im-
,porte où, dans la première hutte d’étape venue,
mangeant n’importe quoi. La rude vie qui est
maintenant la sienne ne saurait donc le sur-
I prendre ni amoindrir son énergie.
S <* te Wte 00 ses troupes, 10 roi Albert ne
porte aujourd’hui sur son uniforme qtie deux
décorations : la médaille militaire que lui a
- récemment décernée le président de la Répu-
blique française, et la croix de Saint Georges
que lui a envoyée l'empereur de Russie. De
. toutes ses décorations, c’est à ces deux-là que
Sa Majesté tient lé plus. La croix de Saint-
i Georges lui est encore chère à un autre titre :
; son grand-père, le roi Léopold 1er, qui avait
été l’un des plus brillants généraux de l'em-
pereur Alexandre de Russie, avait lui-même
! reçu cette distinction sur le champ de bataille.
“LECÎWRRIERDEL’ÂBMÉE”
Lo gouvernement belge fait paraître cha-
; que semaine, les mardi, jeudi et samedi,
un journal : Le Courrier de l’Armée (De
| Legerbode), semblable à notre Bulletin des
j AYmèeS.
Il est destiné aux soldat* en campagne.
| Il est rédigé en français et en flamand.
Chaque compagnie, escadron ou batterie
reçoit dix exemplaires de ce journal en l’une
et l’autre langue. Fort bien rédigé, Le Cour-
rier de F Armée comprend e.n outra de cer-
tains documents officiels, une revue des
opérations militaires et des articles excel-
lents. C’est ainsi que le dernier numéro
portant la date du 20 Octobre contient une
relation du transfert du gouvernement
belge au Havre,des considérations fort judi-
cieuses à propos delà prise d’Anvers « qui
ne saurait rien préjuger quant au résultat
final de celte formidable guerre », enfin un
vibrant appel à l’admirable armée belge,
que nous reproduisons ici, et qui sera lu
avec émotion, car il est inspiré par le pa-
triotisme le plus ardent et le plus fier.
Th. V.
Lutte opiniâtre
POUR LA DÉLIVRANCE I
Lors de la séance solennelle des Chambres
législatives tenue à Bruxelles le 4 août dernier,
le\Roi déclarait que l’armée beige opposerait à
l’envahisseur une résistance opiniâtre.
E( il soulignait ces paroles d’un geste éner-
giqtw. L’Assemblée nationale l’appfaudit à tout
rompre.
Et de même, il n’y eut qu’un élan, un cri d s
toutes les poitrines lorsque, quelques instants
plus tard, M.de Broqueville termina son beau
discours par cette exclamation historique :
» La Belgique sera peut-être vaincue. Elle ne
sera jamais soumise. »
Officiers, sous-officiers et soldais, vous avez
répondu noblement à l’appel du Roi et du Gou-
vernement. Votre résistance si vaillante a éton-
né le monde et l’a rempli d’admiration pour la
nation belge Géle-ci, grâce à votre héroïsme,
a grandi aux yeux de l’Univers, et il suffît dès
aujourd’hui de se dire Belge pour sentir autour
de soi une sympathie respectueuse.
Grâce à vous, ce miracle s'est produit : Au
moment où la Belgique à peu près entière est
occupée par les hordes ennemies, elle jouit à
travers les continents d’un prestige peut-être
unique dans les annales de l’histoire ; son indê-
panoe est mieux garantie que jamais.
Officiers, sous-officiers et sodats, vous avez
combattu, pendant plus dé deux mois, avec un
merveilleux courage et une rare énergie. Vous
n'avez pu éviter au pays une invasion odieuse.
Mais la Belgique n'est pas soumise et l’armée
belge n’est pas annihilée. Grâce à la savante ra- |
traite d’Anvars, des forces considérables de-
meurant intactes. L’appoint des recrues et des
volontaires va permettre à l’armée de campagne
de se reconstituer complètement. Elfe Va pou-
voir poursuivra la lutte opiniâtre aux côtés des
armées anglaises et françaises, ses glorieuses
afnées. avec Issquelles-elle va désormais colla-
borer étroitement
Ensemble, les alliés vont reprendre pied a
pied le territoire souillé par l’occupation d’un
ennemi puissant qui avait prémédité la guerre
et réuni contre nous des moyens formidables.
Soldats ! nos villes ont été brûlées : nos cam-
pagnes ont été ravagées ; nos foyers ont été dé-
truits. Le deuil est partout dans notre chère
patrie cniellèmnnt meurtrie par des adversaires
impitoyables. Des maux plus cruels encore
guettent nos compatriotes si vous ne les délivrez
pas d’une engeance infâme. Un devoir impé-
rieux s'/moose donc à vous. Au premier signal
de vos chefs, vous saurez t'accomplir.
Un grand roi de France, en un jour de dé-
faite, écrivait cette hère lettre : « — Tout est
» perdu, fors l’honneur ! » Vous avez couvert
d'honneur votre pairie infortunée. Il faut au-
• jourd hui la faire renaître de ses cendres.
Soldats, U vous reste mieux'que la gloire à
conquérir. Il vous reste à délivrer la patrie
avtc le concours des forces de vos nobles
1 ainetff
L'ATTITUDE JE L'ITALIE
Une Déclaration de M. Salandra
M. Salandra, président dn Conseil des mi-
nistres d’Italie, a pris possession des servi*
ces dn ministère des affaires étrangères,
dont il fait l’intérim.
Le sous-secrétaire d’Etat, JKL Borsarelli, lui
a présenté les fonctionnaires.
M. Salandra lui a répondu en faisant l’é-
loge du marquis dt San Giuiiano, qui était à
tous les points de vue, a-t-il dit, à la hauteur
de sa lâche, comme Font reconnu et les Ita-
liens et les étrangers. 11 donna à la patrie
tout ce qu’il pouvait, jusqu’à son dernier
souffle ; èt il pouvait beaucoup ; la perte du
marquis d* San Giuiiano est pour le pays un
grand malheur.
M. Salandra a ajouté :
Je suis ici pour un temps que j’espère très
court. Ma présence tend surtout a affirmer la
commuuautê de mes intentions avec celles du
marquis di San Giuiiano. Les lignes directrices de
notre politique internationale seront demain ce
qu’elles étaient hier. Pour poursuivre cette poli-
tique, ii faut une inébranlable volonté d’e.prit,
une vision sereine des intérêts réels du pays,
une maturité de réflexion qui n’exclut pas au bev
soin la promptitude de l’action; il faut de la har-
diesse, non de mots, mais d’action il faut un es-
prit libre de toute préoccupation, de tout pi Ajusté,
de tout sentiment qui ne soit pas celui du dévoue-
ment exclusif et Illimité à notre partie et d’un
égoïsme sacré pour l’Italie.
On vient de voir que M. Salandra n’a pas
l'intention de conserver longtemps la charge
directe des affaires étrangères. Il est, en- ef-
fet, déjà question, pour succéder au marquis
di San Giuiiano, du marquis Impérial!, am-
bassadeur à Londres, ancien ambassadeur à
Constantinople.
Fausses Nouvelles
Allemandes démenties
Londres, 2G octobre.
Le Foreign Office déclare absolument faux
le rapport publié par l’Agence Wolff de Ber-
lin et signalant une rébellion dans le Soma-
tlland ainsi que la prise de Berbêra. La
guerre n’a nullement modifié la situation du
Somaliland.
L’Allemagne iMnqne de Soldais
Paris, 20 octobre.
Voici des extraits d'une lettre venant de
Dusseldorf et envoyée à un Allemand aujour-
d’hui prisonnier :
« Chez nous les officiers et les soldats se
font plus rares...
~ » Nous n’avons plus d’homme à la hau-
teur.,.,. ..
» Les volontaires ët les Landwehr partent
tons aujourd’hi (4 octobre)...
» Si tu voyais ces soldats tu détournerais
les regards car on prend tout le monde.
G’est le dernier espoir de l’Allemagne...
» Tous les hommes âgés deviennent sol-
dats et c’est une vraie joie pour ceux qui ne
sont pas pris..,
» As-tu du pain ? Beaucoup se plaignent
de n’6n pas avoir... »
Le Rsi É te part pam la Fiant
Copenhague, 28 oelobre.
La Gazette de Cologne annonce que le roi de
Saxe a quitté Leipzig le 17 octobre, se ren-
flant sur ie Iront occidental.
L’ACTION RUSSE
Petrograd, 19 octobre.
Communiqué dé l’état-major du gé-
néralissime, 19 octobre :
On ne signale aucun changement
essentiel.
Les troupes russes sont, partie en
contact étroit avec l’ennemi, partie
en combat sur le front de la rivière
Zoura à Stryi et en Prusse orientale.
Les Russes continuent à faire des
prisonniers en masse. Au Sud de
Przémysl, un bataillon autrichien en-
tier a capitulé avec tous ses officiers et
ses mitrailleuses.
les Troupes autrichiennes
en Belgique et en France
Rome, 20 octobre.
Lé Messaggero publie un télégramme de
Venise suivant lequel des lettres de soldats
.autrichiens indiquent que les troupes autri-
chiennes qui furent retirées de ta frontière
du Sudont été envoyées non en Bosnie, mais
eft Belgique et eu France.
L’Avènement dn nonvean
roi de Eonmanie
Nisch, 20 octobre.
L’offièleuss Samouprava salue l’avèaement
du roi F-ri? in an » de Roumanie et ajoute:
« Nous, Sêrb'ss, voisins immédiats des Rou-
mains, nous avons la ferme et inf b auuibfe
confiance que fa profonde sagesse du nou-
veau roi, sou patriotisme ardent et tés
grands espoirs du pays amèneront la Rou-
manie dans les voie s qui l’enrichiront de
nouvelles et immortelles acquisitions. »
L’ACTION JAPONAISE
Tokto, 20 octobre.
Les Japonais Ont occupé, pour des raisons
militaires, les îles Mariannes et Marshall,
et les Carolines orientales et occidentales
allemandes.
UN CROISEUR JAPONAIS COULÉ
Tokio, 20 octobre.
Un croiseur japonais a heurté une mine
daa3 la baie de Kiao Tchsjqu* et U a çoulé.
• Î1 y a eu 27i noyësb
RAPPORT
du Maréchal Freucb
La Gazette spèciale de Londres a publié
deux dépêches du maréchal French relatives
à la période du 28 août au 28 septembre :
La première décrit la retraite de Mous
presque jusqu’à la Seine et l’avance ulté-
rieure jusqu’à la Marne : la seconde décrit !&
bataille de l’Aisne.
Le maréchal French dit que ses forces ta-
rent serrées étroitement dans leur retrait»
par deux colonnes de cavalerie ennemie s»
dirigeant à l’Ouest de Saint-Quentin. La
poursuite allemande se dessina très vigou-
reuse ; cinq on six corps d’armée allemand»
se trouvaient sur ta Somme, eu face du cin-
quième corps français qui, lui-même, se
trouvait sur l’Oise. Le maréchal French ex-
posa anxieusement la position au générât
Jaffré qui, le plus cordialement, décida avec
lui que, lè jour suivant, les forces anglaises
se retireraient à quelques milles au Nord de
la ligne Compiègue Soissons. Le flanc droit
allemand semblant menacer sérieusement
les lignes de communication anglaises avec
le Havre, des ordres furent, en conséquen-
ce, donnés d’établir leur base à Saint-Na-
zaire.
EU dépit dès défaites importantes infligées
aux Allemands par la droite française, la
plaD du général joffre était de ne pas profi-
ter de ces avantages, mais plutôt de s’en te-
nir à sa conception initiale stratégiqne, qui
était d’attirer l’ennemi sur tous les points.
L’armée anglaise contiaua sa retraite jns-
qu’à nne ligue en arrière de la Seine.
Le 8 septembre, le maréchal French se
p ncontra avec le général Joflre qui lui an-
nonça son intention de prendre l’offensive,
l8s conditions générales lui semblant tout à
fait favorables. Le mouvement combiné des
alliés commença le 6 septembre, et, le 10
septembre, les Allemands étaient répoussés
sur ta ligue Soissons-Reitns avec des pertes
énormes, abandonnant des milliers de pri-
sonniers et de nombreux canons et tou»
gons.
C’est alors que l'ennemi sembla avoir aban-
donné son plan initial et l’idée démarcher
sur Paris.
Le 9 septembre.Ies Anglais forçaient le pas-
sage de ia Marne.
Les combats livrés par les Françiis dans
le voisinage de Montmirail ont été très durs.
Quoique les pertes aient été très élevées
dans les différentes actions, le maréchal
French ne les estime pas excessives, en rai-
son du développement immense du front d8
combat et de la démoralisation qui eu ré-
sulta chez l’ennemi.
Du 23 août au 17 septembre, les Anglais
furent constamment engagés sans un senF
jour de halte ou de repos.
Le rapport traite ensuite de la bataille de
i’Aisne, qui commença le 12 septembre.
Malgré la résistance déterminée de l’enne-
mi, sa force numérique, sa ténacité à tenir
des positions particulièrement favorables, il
fut repoussé de ses premières positions par
les Anglais qui réussirent à forcer ia rivière
en lui infligeant de grandes pertes, faisant
en outre 2,000 prisonniers.
Le 11 septembre, de bonne heure, le ma-
tin, la poursuito dé l’ennemi recommença $
trois corps anglais traversèrent i’Oureq,
presque sans opposition, la cavalerie an-
glaise atteignant l’Aisne. An Sud de Soissons,
les Allemands tenaient le mont de Paris
contre la sixième armée française.
Avec l’appui de l’artiilerie du troisième
corps anglais, ies Français repoussèrent les
Allemands à travers ia rivière de Soissous.
L’ennemi détruisit les ponts eu se reti-
rant. . . .
Le 13 septembre, au matin, le mareenas
French ordonna l’avance générale de ses
troupes, qui jetèrent à la hâté neuf ponts ;
sous un feu violent d’artiiierie et maigre
une terrible opposition, les Anglais traver-
sèrent l’Aisne au signal donné.
Le 14 septembre, l’ennemi parvint à s’in-
filtrer- entre le premier et le second corps
anglais, menaçant de couper les lignes de
communication. Le commandant anglais,
qui ne possédait aucune réserve, se trouva
pressé, mais il réussit toutefois, avt c l’aide. .
d’une division de cavalerie, à repousser
l’ennemi en lui infligeant de grandes per-
tes. ...
Le 18 septembre, au matin, il devint evi-
daut que l’ennemi était décidé à opposes 1
une résistance déterminée i le fait fut con-
firmé par ie rapport de l’armée française ses
trou vant à la gauche des troupes anglaises.
Maubenge était tombée depuis quelque*
jirafs, et l’ennemi disposait ainsi d’une gran-
de quantité d’artillerie qu’il amena pour
renforcer ses positions devant le iront
anglais. , .
Le 18 septembre, les obus pouvaient sur
les positions anglaises, lancés par des pièces 1
de 8 pouces, d’une distance d’environ fl kilo-
niètrcs.
Les 17, 18 et 19 septembre, la ligne anglai-
se eatière fat fortement bam bardée, et le
premier corps furieusement menacé ; naaK
gré cela, l'ennemi fat finalement repousse
avec de grandes pertes.
Le 18 septembre, le maréchal French ap-
prit que le général Joffré avait jugé néces-
saire d'élaborer an nouveau plan pour atta-
quer et envelopper le flanc droit allemand.
Dans ce but, la bataille qui durait depuis le
12 septembre, devait se poursuivre quelques
jours de pins jusqu’à ce que cette nouvelle
attaque sa lit sentir. Il devint par consê- ■
quent essentiel d’établir une relève réguliers
dans les tranchées. §§| brigades de réserva
furent amenées alternativement, a cet
du Sud de la rivière, ou se trouvaient les re-
serves générales. .... . .
Le 23 septembre, quatre batteries de si*
pouces, venant de l’Angleterre, furent mise*
en action et donnèrent, durant les jours sui-
vants, un résultat des plus satisfaisants.
Le 23 septembre également, I armée art
général de Castelnau, sur la gauche des a nés,
se développa considérablement et obligea
des forces ennemies importantes à se retires
^Durant6lignait du 27 septembre, lksnneml
tenta, une fois, de plus, une attaque des pmi
déterminées pour s’emparer des tranchée*
de la première division anglaise, cela sans le
moindre succès. . , , . . ,
En terminant sa déueche, le iparéahat
F.encli mentionne les précieux services ren-
dus par ie colonel ViCiOr Huguenet, chet aa.
la mission militaire française au quartier;
général anglais, qui déploya un tact et un.
jugement de la puis haute valeur dans dé®
circonstances très difficiles.
Administrateur - Délégué - Gerant
O. RANDOLET
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35, Rue Fontenelle, 35
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LE BLOCUS
DE LA HOLLANDE
La tactique employée par la flotte
allemande et qui consiste à rester à
IVabri des mines dont elle a plus ou
Vwins traîtreusement jalonné les mers,
né nous a pas encore permis d’assister
à de grandes batailles navales où la
flotte anglaise aurait pu donner sa
mesure. Il ne se produit que des opé-
rations partielles dont on ne saisit pas
du premier coup l’importance.
L’attention est cependant attirée
par te fait que ces dernières opéra-
tions ont tontes eu lieu dans lès para•
ges de la côte hollandaise. C’est là,
en particulier, que le 22 septembre
les trois croiseurs cuirassés anglais,
Aboukir, Ilogue et Cressy ont été
malheureusement coulés par un sous-
marin ennemi ; il en a été de même,
le 16 octobre, pour le croiseur Hawke.
C’est là aussi que, par un heureux re-
tour, le croiseur anglais Undaunted,
accompagné des quatre destroyers,
Lance, Lennox, Légion et Loyal, a
Stpulê samedi dernier quatre contre-
torpilleurs allemands.
Il faut donc qu’il y ait un attrait
particulier sur ces côtes de Hollande
pour que l’Angleterre y envoie tant
de navires et pour que des unités nou-
velles allemandes Sortent de leurs re-
paires et se risquent jusque-là. La vé-
rité est que l’Angleterre, sans que ce
soit officiel et sans flaire acte d’hosti-
lité, fait le blocus de la Hollande et
que VAllemagne, seule visée par cette
opération, essaye de s’y opposer.
Ce n’est pas que l’on soupçonne le I
gouvernement hollandais de violer la I
neutralité en facilitant le ravitaille- !
ment économique de VAllemagne ; il T
y a bien en Hollande un flort parti I
allemand qui a des attaches jusqu’à I
la Cour et qui a pu permettre certains
incidents regrettables ; mais le gou-1
^vernement a trop le sens de sa respon-1
sàbilité pour ne pas sentir que le pays I
a tout intérêt à ne pas tomber sous le I
joug du pangermanisme et ses colo- j
nies entre les mains de l’Angleterre, J
par suite de justes et inéluctables re-1
présailles. Il a tenu à donner une I
preuve non équivoque de sa correction I
en se portant acquéreur de tous les I
produits alimentaires importés
Mais il y a des produits qui peu-
vent traverser le territoire hollandais I
sans que les autorités aient le droit
d’exercer le moindre contrôle et c’est I
la raison de l’intervention anglaise ; I
il s’agit des produits qui pénètrent 1
par bateaux par les bouches du Rhin
dont le cours se termine, on le sait, I
en Hollande. La navigation sur le
Rhin est réglée, en effet, par des I
traités qui garantissent à l’Allemagne
la liberté absolue du transit.
L’origine de cette servitude imposéè
. à la Hollande remonte à Napoléon I 01
qui, après avoir annexé les anciens
Pays-Bas. établit le régime de la
liberté de la navigation sur le Rhin.
Quand le royaume des Pays-Bas fut
constitué, en i8iô, ce régime [fut
maintenu en principe par une conven-
tion annexe au traité de Vienne qui 1
stipulait Vuniformité des taxes doua-
nières. Par la suite, la Prusse obtint
un statut plus favorable encore pour
elle ; par l’accord du 13 octobre 1868, \
les taxes étaient complètement sup-
primées pour les marchandises à des-
tination de VAllemagne et la naviga-
tion bénéficiait d’une flranchise abso-
lue à travers le territoire hollandais.
De ce jait là Hollande est donc
complètement désarmée vis-à-vis des
navires étrangers qui essayent de ga-
gner les ports flayiaux allemands et,
qu’elle veuille ou non rester neutre,
elle ne peut empêcher le ravitaille-
ment de nos ennemis par cette voie.
ILjL la moindre velléité contraire, les
Allemands, qui flont peu de cas des
traités lorsqu’il s’agit de la Belgique,
31e manqueraient pas d’ailleurs de
faire payer flort cher aux Hollandais
leur oubli des conventions passées l
Devant cet état de choses,ce sont les
alliés eux-mêàies qui sont obligés
d’exercer le contrôle el c’esl ce qui
amène la flotte anglaise à faire le blo-
cus des Pays-Bas. Dans la lutte sans
merci dans laquelle l’Europe est en-
gagée, le triomphe définitif appar-
tiendra aux peuples qui sauront « te-
nir le coup » le plus longtemps : il est
donc essentiel d’empêcher l’Allemagne
de se ravitailler. Considérées à ce
point de vue les opérations qui se pas-
sent dans les parages de la côte hollan-
daise prennent une importance consi-
dérable.
Nous ne doutons pas malgré la har-
diesse des sous-marins et des torpil-
leurs allemands, la flotte anglaise
dans ce rôle ingrat et dangereux de
gendarme, sera à la hauteur de sa
Vieille, réputation.
CASPAR-JOMUN.
LA GUERRE
! Sommaire des principaux faits relatifs
à la Guerre
SUR LA FRONTIÈRE KQRD-EST
19 Octobre. — En Belgique, violentes
attaques des Allemands sur la ligne de
l’Yser. Combats dans la région d’Ypres.
I Sur la Meuse, nos troupes débouchent
sur la rive droite, dans la presqu’île des
Romains.
I En résumé, progrès de détail sur divers
points du front.
I 20 Octobre. — Efforts des Allemands sur
j toutes les parties du front : à l’extrême
j'Nord ; à La Bassée, où l’offensive fut parti-
I culièrement violente ; au Nord d’Arras ; à
Mametz ; à l’Est de l’Argonne ; sur les
Hauts-de-Meuse.
1 Partout l’ennemi est repoussé.
EH PRUSSE ORIENTALE
20 Octobre. — En Prusse Orientale et
I sur la Vistule, la situation est sans chan-
j gement.
EN OCÉANIE
20 Octobre. — Les Japonais ont occupé
les îles Mariannes, les îles Marshall et les
I Carolines orientales et occidentales appar-
I tenant à l’Allemagne.
SUR NIER
17 Octobre. —• Quatre contre-torpilleurs
| allemands sont coulés, près de la côte hol-
landaise par le croiseur anglais Undaunted
accompagné de quatre destroyers.
19 Octobre. — Un croiseur japonais a
heurté une mine dans la baie de Kiao-
I Tchéou. Il a été coulé.
Les Inscrits Maritimes
Bordeaux, 20 octobre.
Le ministre de la marine a décidé que les
inscrits maritimes, pères de six entants vi-
vants,actuellement sous iesdrapeaux,seront,
s’ils en font la demande, renvoyés dans
leurs foyers. Ils seront alors remis à la dis-
position des commandants des bureaux de
recrutement et pourront être rappelés au
service en même temps que les réservistes
de l’armée territoriale.
L'IMPRESSION M ANGLETERRE
~ Londres, 20 octobre.
UEvening News dit que tout semble bien
marcher pour les alliés dont la campagne se
poursuit suivant le plan soigneusement éla-
boré.
La campagne allemande s’annonça tout
d’abord com me un véritable touruil Ion ;
mais le plus optimiste officier de l’armée du
kaiser est obligé d’admettre qu’elle se dé
roule désormais d’une façon qui paraît de
| moins en moins en rapport avec les forces
allemandes.
Les Engagés Volontaires Anglais
Londr-s, 20 octobre.
Sur un million d’hommes demandé par
lord Kitcheaer, voici deux mois environ,
780,000 se sont déjà engagés.
Lancement de la « Flandre »
Brest, 20 octobre.
I Le cuirassé Flandre, de 28,000 tonnes, a-été
lancé avec plein succès.
TJn Paquebot hollandais saisi
Marseille 17 oelobre.
Le contre-torpilleur Casablanca est rentré
ce matin dans notre port, ayant en remor-
que le paquebot hollandais Koenigin-Emnta.
venant de Batavia avec 4,000 tonnes de mar-
chandises diverses, dont la plus grand,
partie ét it destinée à Hambourg. II y avait
aussi à bord 110 passagers aUetnauds,
Ce paquebot avait été capturé par des
vaisseaux anglais dans la mer des Indes’ el
remis au cont e-torpil!eur français dan? iss
environs de Rizerie, pour être conduit à
Marseille.
Le navire est actuellement saisi et les .pas-
sagers allemands, après avoir été interrogés
par le commissaire maritime, ont été retenus
j usqu’à plus ampie informé.
Steaisï &nÉ»gé pi. uns wm
Ilarwich, 20 octobre.
Le paquebot Postdam, allant do IIôDandî
en Amérique, a touché fine mine dans la
..mer du Nord. Le bâtiment est désemparé.
Leurs communiqués avouent:
1° Attcuu Succès en France
Londres, 19 octobre.
Parmi les nouvelles officielles allemandes
reçues à Londres par le télégraphe sans fil,
il faut remarquer lo passage suivant :
Sur le théâtre de la guerre français aucuns
, succès réels ne peuvent être annoncés.
2° Le Désastre naval
Amsterdam, te octobre.
Un télégramme officiel de Berlin, en date
du 18 ueobre, atmo.ice que, dans l’après-
midi do 17, les torpilleurs allemands S.l 15,
S. 117, S. 118, S. i/P out rencontré le croi-
seur anglais Undaunted et quatre torpilleurs
près de la côte ho landaise.
Selon des nome II s de source anglaise, les tor-
I pilleurs allemands ont été coulés. Trente et im
hommes'de l’équipage ont été sauvés et débarqués
I en Angleterre.
Sigpé : BIÎUNCKE,
| chef de section de V.état-major de la marine.
üaaiiifis È Garnement
(20 OCTOBRE)
Paris, 15 heures, reçu à 16 h. 30.
ISlîgXASCjK’Iü
Malgré de violentes attaques, l’ar-
mée belge se maintient sur la ligne de
l’Yser.
D’autres actions sont engagées dans
la région d’Ypres, entre lçs forces
alliées opérant de ce côté et les forces
ennemies.
A l’Aile Gauche
Les Allemands tiennent toujours
fortement lës avancées de Lille, dans
la direction d’Armentières,de Fournes
et de la Bassée.
SHHP la. Meuse
L’ennemi a essayé vainement de re-
pousser celles de nos troupes, qui ont
débouché sur la rive droite, dans la
presqu’île du camp des Romains.
En résumé, dans la journée du 19,
nous avons fait quelque progrès de
détail sur divers points du front,
En Prusse orientale et sur la Vis-
tule, la situation est sans changement.
Des tentatives au Sud de Przémysl
ont été effectuées dans de bonnes con-
ditions pour les Russes.
; Palis, 23 heures, reçu à 1 h. 45 du. matin.
La journée a été caractérisée par des
efforts allemands sur toutes les par-
ties du front : A l’extrême Nord, où
l’armée belge a tenu remarquable-
ment ; à La Bassée, où les Allemands
ont tenté une offensive particulière-
ment violente ; au Nord d’Arras ; à
Mametz, entre Péronne et Albert ; à
Vauquois, à 1 Est de l’Argonne ; enfin
sur les Hauts-de-Meuse, dans la région
de Champion.
Partout les attaques allemandes ont
été repoussées.
BfMipg Beige
LE R0LE_DU ROI
Ua haut personnage du monde officiel belge a
fait à un rédacteur du Timps les déclarations qui
suivent :
Le roi des Belges, comme vous le savez, est
' resté à la tête de son armée. Il a tenu à rem-
plir jusqu’au bout son double devoir de souve-
rain et de commandant en chef de ses troupes.
Le monde entier lui rend hommage, et c’est
justice. Avec une belle vaillance et une claire
intelligence des faits, il a été constamment g la
hauteur de sâ tâche. Chef du pouvoir exécutif,
le souverain a, dans notre pays, une influence
très grande. Il est directement en rapport avec
tous ses ministres, et ceux-ci sont personnelle-
ment et individuellement responsables devant
j lui— comme devant le Parlement, Il faut en-
tendre par lh qu’entre le roi et ses ministres
aucune autre autorité gouvernementale n’existe,
ni en droit ni en fait. Le titre de président du
Conseil, ou plutôt de chef du Cabinet, a tou-
jours été, en Belgique, de pure forme; il ne
recouvre pas une fonction exécutive, comme
c’est le cas notamment en France C’est le roi
qui, chez nous, préside véritablement le Conseil
des ministres,
Notre souverain, qui est un gentilhomme, at-
tendait une autre façon d’agir de la part d’une
nation avec laquelle le pays avait toujours vécu
en bonne intelligence. Le Conseil se réunit au
palais dans la nuit du 2 au 3 août ; h compre-
nait les ministres à portefeuille et les ministres
d’Etat. Le roi le présidait. En moins d’un quart
d’heure, la réponse négative à 'l’ultimatum alle-
mand fut rédigée, et la décision fut prise à l'u-
nanimité des membres du Conseil. Les délibé-
rations durèrent encore cinq à sot heures, mais
la décision principale était prise irrévocable-
ment.
Cette assemblée des ministres avait lieu, vous
disais-je, dans la nuit dû 2 au 3 août. Le 4 an
matin, les Allemands envahissaient le sol de la
Belgique, au moment même,.pour ainsi dire,où
le roi donnait lecture de son message au Parle-
ment. Cette date du 4 août restera dans la mé-
moire de nos souverains et de leur peuple. Elis
leur était chère, jusque-là, car c'est aussi la date
anniversaire de la naissance de la jeune et gra-
cieuse princesse Marie-Josée, qui a aujourd’hui
huit ans et que toute la Belgique chérit.
Peut-être ne sait-on pas tout de I influence
qu’a exercée le roi sur les destinées du pays,
en ses jours tragiques. C’est à ses instances j
réitérées et aussi au dévouement éclairé de
son ministre de la guerre, M. de Broqueville, —
pour lequel le pays tout entier, sans distinction
d’opinion, a une profonde et reconnaissante ad-
miration, — que la Belgique doit les lois miti
tairës qui ont été votées l’année dernière, et qui
lui ont permis de tenir efficacement tête à l'en-
vahisseur, C’est grâce à l’intervention du roi
que la mobilisation de l’armée belge fut dé ¬
cidée dès le fer août — à la suite de la procla-
mation de l'état desiège en Allemagne, C'ûst le
toi qui voulut qu’on ne se contentât point de
rappeler les quatre classes devant former l'ef-
fectif complet, en temps de paix, de cent mille
h;.rames, mais que dix autres classes fussent
immédiatement et simultanément mobilisées.
Mais l'Histoire enregistrera tout le détail des
événements dramatiques que nous venons de
•vivre. L’ultimatum allemand venait de nous
être jeté comme une injure brutale. Il fallait
qti’avitnt'.dotize heures nous répondîmes à cette
sommation. Notre souverain fut profondément
blessé de la violence de cette menace, g laquelle
on peut bien le dire-, il ne s’attendait point.
Toutes les conversations qu’il avait eues à ce
sujet, « soit dans son royaume, soit au cours de
ses voyages », lui donnaient le droit de penser
qu’on n’agirait point aussi injustement envers
son pays.
L’extraordinaire résistance physique du roi
depuis le commencement de la guerre a pu
étonner. C'est qu’on ne sait point qu'il est un
. soldat accompli. Sorti de l’Ecole militaire, il
(gagna successivement dans l’armée ses épau
lettesde lieutenant, de capitaine, de comman-
dant, de colonel et de général, exerçant effec-
tivement les fonctions de chaque grada. C’est
un vrai officier de carrière Ces derniersUmps,
pressentant que la situation de l'Europe allait
devenir critique, il s’était fait tout spéciale-
ment initier aux problèmes les plus récents de
la tactique militaire. C'est non seulement un
.chef plein de vaillance, mais aussi un savant
capitaine. Enfin, les douceurs de la vie moder-
ne ne lui sont pas indispensables. Causeur char-
mant, d’esprit raffiné, aimant passionnément
les études philosophiques, il est de moeurs et
d’habitudes simples. Il pratique l'alpinisme avec
ardeur. Souvent, parti pour que ques jours dans
les Alpes, H a liait, seul avec son guide, ejtcur-
sionner sur les hauts sommets, couchant n'im-
,porte où, dans la première hutte d’étape venue,
mangeant n’importe quoi. La rude vie qui est
maintenant la sienne ne saurait donc le sur-
I prendre ni amoindrir son énergie.
S <* te Wte 00 ses troupes, 10 roi Albert ne
porte aujourd’hui sur son uniforme qtie deux
décorations : la médaille militaire que lui a
- récemment décernée le président de la Répu-
blique française, et la croix de Saint Georges
que lui a envoyée l'empereur de Russie. De
. toutes ses décorations, c’est à ces deux-là que
Sa Majesté tient lé plus. La croix de Saint-
i Georges lui est encore chère à un autre titre :
; son grand-père, le roi Léopold 1er, qui avait
été l’un des plus brillants généraux de l'em-
pereur Alexandre de Russie, avait lui-même
! reçu cette distinction sur le champ de bataille.
“LECÎWRRIERDEL’ÂBMÉE”
Lo gouvernement belge fait paraître cha-
; que semaine, les mardi, jeudi et samedi,
un journal : Le Courrier de l’Armée (De
| Legerbode), semblable à notre Bulletin des
j AYmèeS.
Il est destiné aux soldat* en campagne.
| Il est rédigé en français et en flamand.
Chaque compagnie, escadron ou batterie
reçoit dix exemplaires de ce journal en l’une
et l’autre langue. Fort bien rédigé, Le Cour-
rier de F Armée comprend e.n outra de cer-
tains documents officiels, une revue des
opérations militaires et des articles excel-
lents. C’est ainsi que le dernier numéro
portant la date du 20 Octobre contient une
relation du transfert du gouvernement
belge au Havre,des considérations fort judi-
cieuses à propos delà prise d’Anvers « qui
ne saurait rien préjuger quant au résultat
final de celte formidable guerre », enfin un
vibrant appel à l’admirable armée belge,
que nous reproduisons ici, et qui sera lu
avec émotion, car il est inspiré par le pa-
triotisme le plus ardent et le plus fier.
Th. V.
Lutte opiniâtre
POUR LA DÉLIVRANCE I
Lors de la séance solennelle des Chambres
législatives tenue à Bruxelles le 4 août dernier,
le\Roi déclarait que l’armée beige opposerait à
l’envahisseur une résistance opiniâtre.
E( il soulignait ces paroles d’un geste éner-
giqtw. L’Assemblée nationale l’appfaudit à tout
rompre.
Et de même, il n’y eut qu’un élan, un cri d s
toutes les poitrines lorsque, quelques instants
plus tard, M.de Broqueville termina son beau
discours par cette exclamation historique :
» La Belgique sera peut-être vaincue. Elle ne
sera jamais soumise. »
Officiers, sous-officiers et soldais, vous avez
répondu noblement à l’appel du Roi et du Gou-
vernement. Votre résistance si vaillante a éton-
né le monde et l’a rempli d’admiration pour la
nation belge Géle-ci, grâce à votre héroïsme,
a grandi aux yeux de l’Univers, et il suffît dès
aujourd’hui de se dire Belge pour sentir autour
de soi une sympathie respectueuse.
Grâce à vous, ce miracle s'est produit : Au
moment où la Belgique à peu près entière est
occupée par les hordes ennemies, elle jouit à
travers les continents d’un prestige peut-être
unique dans les annales de l’histoire ; son indê-
panoe est mieux garantie que jamais.
Officiers, sous-officiers et sodats, vous avez
combattu, pendant plus dé deux mois, avec un
merveilleux courage et une rare énergie. Vous
n'avez pu éviter au pays une invasion odieuse.
Mais la Belgique n'est pas soumise et l’armée
belge n’est pas annihilée. Grâce à la savante ra- |
traite d’Anvars, des forces considérables de-
meurant intactes. L’appoint des recrues et des
volontaires va permettre à l’armée de campagne
de se reconstituer complètement. Elfe Va pou-
voir poursuivra la lutte opiniâtre aux côtés des
armées anglaises et françaises, ses glorieuses
afnées. avec Issquelles-elle va désormais colla-
borer étroitement
Ensemble, les alliés vont reprendre pied a
pied le territoire souillé par l’occupation d’un
ennemi puissant qui avait prémédité la guerre
et réuni contre nous des moyens formidables.
Soldats ! nos villes ont été brûlées : nos cam-
pagnes ont été ravagées ; nos foyers ont été dé-
truits. Le deuil est partout dans notre chère
patrie cniellèmnnt meurtrie par des adversaires
impitoyables. Des maux plus cruels encore
guettent nos compatriotes si vous ne les délivrez
pas d’une engeance infâme. Un devoir impé-
rieux s'/moose donc à vous. Au premier signal
de vos chefs, vous saurez t'accomplir.
Un grand roi de France, en un jour de dé-
faite, écrivait cette hère lettre : « — Tout est
» perdu, fors l’honneur ! » Vous avez couvert
d'honneur votre pairie infortunée. Il faut au-
• jourd hui la faire renaître de ses cendres.
Soldats, U vous reste mieux'que la gloire à
conquérir. Il vous reste à délivrer la patrie
avtc le concours des forces de vos nobles
1 ainetff
L'ATTITUDE JE L'ITALIE
Une Déclaration de M. Salandra
M. Salandra, président dn Conseil des mi-
nistres d’Italie, a pris possession des servi*
ces dn ministère des affaires étrangères,
dont il fait l’intérim.
Le sous-secrétaire d’Etat, JKL Borsarelli, lui
a présenté les fonctionnaires.
M. Salandra lui a répondu en faisant l’é-
loge du marquis dt San Giuiiano, qui était à
tous les points de vue, a-t-il dit, à la hauteur
de sa lâche, comme Font reconnu et les Ita-
liens et les étrangers. 11 donna à la patrie
tout ce qu’il pouvait, jusqu’à son dernier
souffle ; èt il pouvait beaucoup ; la perte du
marquis d* San Giuiiano est pour le pays un
grand malheur.
M. Salandra a ajouté :
Je suis ici pour un temps que j’espère très
court. Ma présence tend surtout a affirmer la
commuuautê de mes intentions avec celles du
marquis di San Giuiiano. Les lignes directrices de
notre politique internationale seront demain ce
qu’elles étaient hier. Pour poursuivre cette poli-
tique, ii faut une inébranlable volonté d’e.prit,
une vision sereine des intérêts réels du pays,
une maturité de réflexion qui n’exclut pas au bev
soin la promptitude de l’action; il faut de la har-
diesse, non de mots, mais d’action il faut un es-
prit libre de toute préoccupation, de tout pi Ajusté,
de tout sentiment qui ne soit pas celui du dévoue-
ment exclusif et Illimité à notre partie et d’un
égoïsme sacré pour l’Italie.
On vient de voir que M. Salandra n’a pas
l'intention de conserver longtemps la charge
directe des affaires étrangères. Il est, en- ef-
fet, déjà question, pour succéder au marquis
di San Giuiiano, du marquis Impérial!, am-
bassadeur à Londres, ancien ambassadeur à
Constantinople.
Fausses Nouvelles
Allemandes démenties
Londres, 2G octobre.
Le Foreign Office déclare absolument faux
le rapport publié par l’Agence Wolff de Ber-
lin et signalant une rébellion dans le Soma-
tlland ainsi que la prise de Berbêra. La
guerre n’a nullement modifié la situation du
Somaliland.
L’Allemagne iMnqne de Soldais
Paris, 20 octobre.
Voici des extraits d'une lettre venant de
Dusseldorf et envoyée à un Allemand aujour-
d’hui prisonnier :
« Chez nous les officiers et les soldats se
font plus rares...
~ » Nous n’avons plus d’homme à la hau-
teur.,.,. ..
» Les volontaires ët les Landwehr partent
tons aujourd’hi (4 octobre)...
» Si tu voyais ces soldats tu détournerais
les regards car on prend tout le monde.
G’est le dernier espoir de l’Allemagne...
» Tous les hommes âgés deviennent sol-
dats et c’est une vraie joie pour ceux qui ne
sont pas pris..,
» As-tu du pain ? Beaucoup se plaignent
de n’6n pas avoir... »
Le Rsi É te part pam la Fiant
Copenhague, 28 oelobre.
La Gazette de Cologne annonce que le roi de
Saxe a quitté Leipzig le 17 octobre, se ren-
flant sur ie Iront occidental.
L’ACTION RUSSE
Petrograd, 19 octobre.
Communiqué dé l’état-major du gé-
néralissime, 19 octobre :
On ne signale aucun changement
essentiel.
Les troupes russes sont, partie en
contact étroit avec l’ennemi, partie
en combat sur le front de la rivière
Zoura à Stryi et en Prusse orientale.
Les Russes continuent à faire des
prisonniers en masse. Au Sud de
Przémysl, un bataillon autrichien en-
tier a capitulé avec tous ses officiers et
ses mitrailleuses.
les Troupes autrichiennes
en Belgique et en France
Rome, 20 octobre.
Lé Messaggero publie un télégramme de
Venise suivant lequel des lettres de soldats
.autrichiens indiquent que les troupes autri-
chiennes qui furent retirées de ta frontière
du Sudont été envoyées non en Bosnie, mais
eft Belgique et eu France.
L’Avènement dn nonvean
roi de Eonmanie
Nisch, 20 octobre.
L’offièleuss Samouprava salue l’avèaement
du roi F-ri? in an » de Roumanie et ajoute:
« Nous, Sêrb'ss, voisins immédiats des Rou-
mains, nous avons la ferme et inf b auuibfe
confiance que fa profonde sagesse du nou-
veau roi, sou patriotisme ardent et tés
grands espoirs du pays amèneront la Rou-
manie dans les voie s qui l’enrichiront de
nouvelles et immortelles acquisitions. »
L’ACTION JAPONAISE
Tokto, 20 octobre.
Les Japonais Ont occupé, pour des raisons
militaires, les îles Mariannes et Marshall,
et les Carolines orientales et occidentales
allemandes.
UN CROISEUR JAPONAIS COULÉ
Tokio, 20 octobre.
Un croiseur japonais a heurté une mine
daa3 la baie de Kiao Tchsjqu* et U a çoulé.
• Î1 y a eu 27i noyësb
RAPPORT
du Maréchal Freucb
La Gazette spèciale de Londres a publié
deux dépêches du maréchal French relatives
à la période du 28 août au 28 septembre :
La première décrit la retraite de Mous
presque jusqu’à la Seine et l’avance ulté-
rieure jusqu’à la Marne : la seconde décrit !&
bataille de l’Aisne.
Le maréchal French dit que ses forces ta-
rent serrées étroitement dans leur retrait»
par deux colonnes de cavalerie ennemie s»
dirigeant à l’Ouest de Saint-Quentin. La
poursuite allemande se dessina très vigou-
reuse ; cinq on six corps d’armée allemand»
se trouvaient sur ta Somme, eu face du cin-
quième corps français qui, lui-même, se
trouvait sur l’Oise. Le maréchal French ex-
posa anxieusement la position au générât
Jaffré qui, le plus cordialement, décida avec
lui que, lè jour suivant, les forces anglaises
se retireraient à quelques milles au Nord de
la ligne Compiègue Soissons. Le flanc droit
allemand semblant menacer sérieusement
les lignes de communication anglaises avec
le Havre, des ordres furent, en conséquen-
ce, donnés d’établir leur base à Saint-Na-
zaire.
EU dépit dès défaites importantes infligées
aux Allemands par la droite française, la
plaD du général joffre était de ne pas profi-
ter de ces avantages, mais plutôt de s’en te-
nir à sa conception initiale stratégiqne, qui
était d’attirer l’ennemi sur tous les points.
L’armée anglaise contiaua sa retraite jns-
qu’à nne ligue en arrière de la Seine.
Le 8 septembre, le maréchal French se
p ncontra avec le général Joflre qui lui an-
nonça son intention de prendre l’offensive,
l8s conditions générales lui semblant tout à
fait favorables. Le mouvement combiné des
alliés commença le 6 septembre, et, le 10
septembre, les Allemands étaient répoussés
sur ta ligue Soissons-Reitns avec des pertes
énormes, abandonnant des milliers de pri-
sonniers et de nombreux canons et tou»
gons.
C’est alors que l'ennemi sembla avoir aban-
donné son plan initial et l’idée démarcher
sur Paris.
Le 9 septembre.Ies Anglais forçaient le pas-
sage de ia Marne.
Les combats livrés par les Françiis dans
le voisinage de Montmirail ont été très durs.
Quoique les pertes aient été très élevées
dans les différentes actions, le maréchal
French ne les estime pas excessives, en rai-
son du développement immense du front d8
combat et de la démoralisation qui eu ré-
sulta chez l’ennemi.
Du 23 août au 17 septembre, les Anglais
furent constamment engagés sans un senF
jour de halte ou de repos.
Le rapport traite ensuite de la bataille de
i’Aisne, qui commença le 12 septembre.
Malgré la résistance déterminée de l’enne-
mi, sa force numérique, sa ténacité à tenir
des positions particulièrement favorables, il
fut repoussé de ses premières positions par
les Anglais qui réussirent à forcer ia rivière
en lui infligeant de grandes pertes, faisant
en outre 2,000 prisonniers.
Le 11 septembre, de bonne heure, le ma-
tin, la poursuito dé l’ennemi recommença $
trois corps anglais traversèrent i’Oureq,
presque sans opposition, la cavalerie an-
glaise atteignant l’Aisne. An Sud de Soissons,
les Allemands tenaient le mont de Paris
contre la sixième armée française.
Avec l’appui de l’artiilerie du troisième
corps anglais, ies Français repoussèrent les
Allemands à travers ia rivière de Soissous.
L’ennemi détruisit les ponts eu se reti-
rant. . . .
Le 13 septembre, au matin, le mareenas
French ordonna l’avance générale de ses
troupes, qui jetèrent à la hâté neuf ponts ;
sous un feu violent d’artiiierie et maigre
une terrible opposition, les Anglais traver-
sèrent l’Aisne au signal donné.
Le 14 septembre, l’ennemi parvint à s’in-
filtrer- entre le premier et le second corps
anglais, menaçant de couper les lignes de
communication. Le commandant anglais,
qui ne possédait aucune réserve, se trouva
pressé, mais il réussit toutefois, avt c l’aide. .
d’une division de cavalerie, à repousser
l’ennemi en lui infligeant de grandes per-
tes. ...
Le 18 septembre, au matin, il devint evi-
daut que l’ennemi était décidé à opposes 1
une résistance déterminée i le fait fut con-
firmé par ie rapport de l’armée française ses
trou vant à la gauche des troupes anglaises.
Maubenge était tombée depuis quelque*
jirafs, et l’ennemi disposait ainsi d’une gran-
de quantité d’artillerie qu’il amena pour
renforcer ses positions devant le iront
anglais. , .
Le 18 septembre, les obus pouvaient sur
les positions anglaises, lancés par des pièces 1
de 8 pouces, d’une distance d’environ fl kilo-
niètrcs.
Les 17, 18 et 19 septembre, la ligne anglai-
se eatière fat fortement bam bardée, et le
premier corps furieusement menacé ; naaK
gré cela, l'ennemi fat finalement repousse
avec de grandes pertes.
Le 18 septembre, le maréchal French ap-
prit que le général Joffré avait jugé néces-
saire d'élaborer an nouveau plan pour atta-
quer et envelopper le flanc droit allemand.
Dans ce but, la bataille qui durait depuis le
12 septembre, devait se poursuivre quelques
jours de pins jusqu’à ce que cette nouvelle
attaque sa lit sentir. Il devint par consê- ■
quent essentiel d’établir une relève réguliers
dans les tranchées. §§| brigades de réserva
furent amenées alternativement, a cet
du Sud de la rivière, ou se trouvaient les re-
serves générales. .... . .
Le 23 septembre, quatre batteries de si*
pouces, venant de l’Angleterre, furent mise*
en action et donnèrent, durant les jours sui-
vants, un résultat des plus satisfaisants.
Le 23 septembre également, I armée art
général de Castelnau, sur la gauche des a nés,
se développa considérablement et obligea
des forces ennemies importantes à se retires
^Durant6lignait du 27 septembre, lksnneml
tenta, une fois, de plus, une attaque des pmi
déterminées pour s’emparer des tranchée*
de la première division anglaise, cela sans le
moindre succès. . , , . . ,
En terminant sa déueche, le iparéahat
F.encli mentionne les précieux services ren-
dus par ie colonel ViCiOr Huguenet, chet aa.
la mission militaire française au quartier;
général anglais, qui déploya un tact et un.
jugement de la puis haute valeur dans dé®
circonstances très difficiles.
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