Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-10-19
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 octobre 1914 19 octobre 1914
Description : 1914/10/19 (A34,N12125). 1914/10/19 (A34,N12125).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1722862
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2020
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Le Petit Havre
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Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
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Autres Départements..... 6 Fr. X X SO £3 » |
Union Postale 10 » î»o gr. ) .40 » !
On s’abonna 6gulamant, SANS FIAIS, dans tous las Buranu, Ha H. a ü
En marge de la guerre
TOMMY ATKINS
LU censure a des rigueurs. Les journa-
' listes s’y sont soumis avec une résignation
d’autant plus empressée qu’ils ne pouvaient
faire autrement. Les hommes libres de-
viennent bien vite des hommes enchaînés,
et quand ccs enchaînés persistent à dire des
choses qu’il ne faut pas dire, même en
ayant recours à la collection anonyme des
initiales, ils passent à Pétai d’hommes vo-
latilisés, pour quelques jours, par le mira-
cle de la saisie.
Le « civil » qui manie une plume et
gagne sa vie à traduire des idées ou à dé-
crire des choses, a donc plus que jamais
aujourd'hui pour devoir de peser scrupu-
. leusement ses mots. 11 risque trop de voir
sa production intellectuelle tout à coup
passée, non plus au bleu, mais au blanc,
par le veto du censeur. Son bratre ami de
fidèle lecteur demeure en suspens au mi-
lieu d’une phrase.
Mais la guerre nous a habitués à ces petits
incidents accessoires et, à vrai dire, inotïen-
sifs. Le blanc qui coupe brutalement une phra-
se aguiche plutôt l’intérêt en piquant le désir
de savoir. Il y a des esprits intrigués qui
cherchent à percer le mystère, à deviner ce
que l’auteur voulut bien écrire de si compro-
mettant.
Comme II ne leur est pas défendu de
supposer que c’étaient de bonnes nouvelles
trop prématurément annoncées, il y a, tout
compte fait, dans ces rigueurs de la cen-
sure des sources latentes d’optimisme.
Mieux vaut qu’il en soit ainsi, même aux
dépens d’une curiosité non satisfaite.
Il fut un temps, pas très lointain, où il
était interdit aux feuilles publiques de la
ville du H... d’imprimer ces deux mots:
«soldats anglais».
On eut pu s’en tirer par la subtilité de
^ingénieuse périphrase, par la transparence
de l’allusion. Déjà le eonfrère à qui l’on ne
permit pas de se servir du vocable « Sois-
sons » pour désigner un lieu de bataille,
avait eu la sagesse de prévenir son lec-
teur qu’il s’agissait d’une ville célèbre à
la fois par uu vase historique „ et des
pois renommés.
Le soldat anglais pouvait, à la rigueur,
se laisser entrevoir par une description
approximative dans cette note ci :
« On remarque en ee moment parmi nous,
en grand nombre d’excursionnistes venus
passer quelques mois de « footing » et de
«camping». Ils présentent cette origina-
lité, qu’ils sont tous habillés dans le même
Style : petit dolman réséda, casquette de
chauffeur, bandes molletières. Ils ont pris
soin de s’armer, probablement dans l’éven-
tualité desmauvaises rencontres ».
Mais on n’a pas songé à user du subter-
fuge, ou mieux, on a pensé, avec M. le cen-
seur, qu’il était préférable de faire autour
des troupes britanniques un silence pru-
dent et patriotique.
Celte ère de réserve excessive est déjà du
passé, et je ne crois pas compromettre les
intérêts supérieurs de la défense nationale
en écrivant que l’occasion me fut donnée,
ÿautre jour, de rencontrer sur la route de
M... un détachement de soldats anglais.
Ils allaient d’un pas alerte et résolu, bien
entraînés par la cadence, avec, dans l’allure,
une légèreté, un air dégagé, et même une
élégance que le brave Tommy Atkins doit
en même temps à la correcte simplicité
de son costume et à son assouplissement
sportif.
La « méprisable petite armée du général
French » a surabondamment montré sur
le champ de bataille ee dont elle sait être
capable. Sa bravoure et son endurance ont
pu surprendre eeux qui la raillaient sans
la connaître ou persistaient à ne la voir
qu’à travers les fantaisies de h caricature
ou le bariolage excessif de sa tenue de
parade.
La vérité est que cet excellent Tommy
s’est révélé à ses ennemis, et que sa freide
erânerie peut marcher de compagnie avec
la souriante intrépidité de nos soldats.
Il fut, vous vous en souvenez, du pre-
mier choc, à nos côtés, quand le flot des
barbares déborda la frontière franco-helge
et que les hordes immenses se répandirent
sur un sel qu’ils détiennent encore en
partie, plus en voleurs qu’en conquérants.
Tommy reçut, ce iour-là, le premier
coup de la guerre. Il le reçut bellement,
^stoïquement, avec l’impassibilité tradition-
nelle. Quand il le fallut, il sut mourir en
héros, auprès des nôtres, pour I’bonueur
de la grande cause.
1 Et tous les camarades, qui le suivirent,
tous les Tommies voués au khaki qui sont
venus le venger, ont bien vite appris l’arti-
fice de la guerre moderne et se sont aussitôt
adaptés à la cruauté de ses obligations
comme à l’ingéniosité honnête de ses ruses.
L’ennemi a eu l’ignominie de lui voler
son uniforme, dans le but de jouer la plus
infâme des comédies et se faire plus
traître encore. Tommy s’est borné à le trai-
ter de | german sausage », et il est allé, au
combat avec une dignité de soldat qui fait
plus noble son sacrifice.
Même transplanté sur notre sol, il est
demeuré très Àngiais, Tommy Atkins, et il
faut l'en féliciter puisqu'il a conservé in-
tactes les meilleures qualités de la race.
Il y a toujours chez iui un savoureux mé-
lange de gravité, de respectabilité, de
samdeur enfantine, qui en font un type tout
a fait sympathique. Il est soldat, mais il sait
être, à tous les degrés de la hiérarchie, un
fentleman. Il est guerrier, mais il est resté
dcle à la tasse de thé, au rasoir, et au foot-
ball.
li s’amuse d’un mot : « Are we down
liearled ? » (Avez-vous le coeur gros T)
C’est la scie anglaise à la mode. Il répond
A la question par des « No 1 No ! No J... »
•tjpi marquent la éadencç du pas.
Afin, .eoflsaie tes nôtres ne* shaimA è»-
LA GUERRE
Sommaire des principaux faits relatifs
à la Guerre
A NOTRE AILE GiUCHB
18 Octobre. — Les Belges ont repoussé
l’ennemi sur l’Tser.
L’avauce des troupes alliées s’accentue.
Elles ont repris Armentières et marchent
vers Lille.
Sur les autres points, nous progressons.
AU CENTRE ET A DROITE
Situation sans changement.. Les Alle-
mands,ayant prononcé deux attaques dans la
région de Saint-Dié, ont été repoussés et
ont eu des pertes sérieuses.
SERBIE
18 Octobre. — Les Autrichiens ont subi
un nouvel échec près de la Drina. Les
Serbes ont anéanti de grosses forces d’in-
fanterie.
GIUC1E
18 Octobre. — Les Russes ont fait de
nombreux prisonniers au cours d’une
charge à la baïonnette au Sud de Przemysl.
Les Autrichiens fortifient les cois des
Garpathes.
route : « It’s a long, long way to Tippe-
rary » admirable insignifiance ou il s’agit
des aventures d’un Irlandais de Tipperary
égaré à Londres et dont Tommy se divertit
avec des exubérances de grand gosse.
Il a appris à siffler la Marseillaise et à
prononcer suffisamment : « Bonnjour, Ma-
demézelle ».
Mais il n’est pas de eeux qui disent
adieu sans regret à la « cup of tea » ni à la
tartine de « marmalade ».
Un des premiers convois d’Anglais parti
du H... pour se rendre sur le front, s’ar-
rêta quelques minutes dans une gare. Tom-
my descend, court trouver le mécanicien
de la locomotive, s’explique de son mieux
et revient avec un seau rempli d’eau chaude
puisée à même la chaudière. Tommy eut non
thé : la journée fut bonne.
C’est le même Atkins qui, à peine débar-
qué, débouche d’un bois et reçoit unegrêle
de ferraille allemande : « What a pity 1...
Je ne vais pas avoir le temps de me faire la
barbe 1 »
Et c’çst encore Tommy qui, l’autre jour,
dans là région de R..., se dégourdissait
les jambes en improvisant une partie de
football devant la tranchée.
La pipe et le rasoir a ont des objets clas-
siques que nos soldats trouvent le moyen
de loger au fond des poches. Le Français
arrive à l’étape fume une vieille bouffarde
et se rase ensuite, quand il en a le temps.
L’Anglais soigne d’abord son épiderme et
bourre ensuite sa pipe de merisier.
Mais la guerre a rapproché ces deux
compagnons de douleur, de dévouement et
de gloire. Elle a fait naître entre eux la
plus effective des solidarités. Dans les loi-
sirs relatifs du cantonnement, Tommy —
il a une bonne lame de Sbeffield — rase
volontiers son ami de France. Et,touchante
fraternité des fumées du tabac et de la ba-
taille, c’est le même paquet qui alimente
les deux pipes.
ALBEwr-HERRENSCHSinyr.
.'Arrivée des Troupes Canadiennes
Les journaux anglais mentionnent t’arri-
vée des premiers contingents venus du Ca-
nada.
C’est à Plymouth que ces troupes ont dé-
barqué au milieu d’un chaleureux entüou-
siasme.
Les ponts de3 transports étaient littérale-
ment couverts.
C’est une entité complète que le Canada
envoie à la mère patrie. Elle comprend de
l’infanterie, de la cavalerie et de Tanitlerie,
Le tout parfaitement équipé et prêt pour le
champ de bataille.
il y a des milliers de chevaux dont le dé-
barquement a commencé aussitôt. Quelques
canons ont été également mis à terre.
Uu premier détachement est parti pour
se rendre à un camp d'entrainement de l’in-
térieur.
Les hommes portent la tenue khaki, avec
l’insigne « Canada » sur tes épaules. La patte
d’épaulette est bleue, jaune ou rouge sui-
vant le bataillon. Ces soldats sont générale-
ment de haute taille, bien campés, le teint
légèrement bronzé.
Ils viennent de toutes les parties du Ca-
nada. Les Canadiens-français paraissent aussi
enchantés de venir combattre pour la mère-
patrie que tes Canadiens d’origine britanni-
que. Aucune distinction de race n’est faite.
Les hommes sont uni3 comme des frères
dans la lâche qu’ils vont remplir.
Uu bon nombre de vétérans, parmi ces
troupes, ont combattu dans la guerre contre
les Boers.
L’ensemble de ces troupes laisse une im-
pression de force, do résistance et de disci-
pline.
L’Ariillerie Aliénais se üéiériore
"Un correspondant dn Diily Ghronicie a fait
une enquête près d'officiers français blessés
et de prisonniers allemands.
Il en résulte que i'arUifei ie allemande se
détériore rapidement : les pertes en canon-
niers sont considérables ; elfes ne provien-
nent pas seulement de la précision du tir
des français, mais aussi des maladies causées
aux servants par les effets traumatismes ré-
sultant de la violence des explosions.
On peut dire que le personnel de l’artille-
rie allemande a été complètement renouvelé
depuis le début de la guerre. Mais ie nou-
veau personnel est loin de valoir l’ancien et
son manque d’entrainement provoque la
détérioration des pièces.
P us k guerre durera et plus diminuera
la Dufesanca efieçjivçfie. A’affiUerte g? fies
|, «anemi*^
CûüMiraip's É Eoummeiit
tAS OCTOBRE)
Paris, 15 heures, reçu à 18 h. 45.
L’armée belge a vigoureusement re-
poussé plusieurs attaques dirigées
par les Allemands contre les points de
passage de l'-Yser.
A notre aile gauche
Au Nord du canal de la Bassée,
les troupes alliées ont occupé le front
Givanchy, Iîlies, Fromelles et repris
Armentières.
Au Nord d’Arras, la journée d’hier a
été marquée par une avance sensible
de notre part.
Entre la région d’Arras et l’Oise,
GhMipe Belge
L’EXODE D’ANVERS
Les journalistes d’Anvers ont subi la loi com-
mune. Ils ont dû fuir, eux aussi, devant l’invasion
allemande et se mettre & l'abri de ses violences,
üa de ces infortunés confrères, M. Ernest Hèn-
rion, du Jfafin, d’Anvers, fut des derniers Belles
qui quittèrent la malheureuse ville déjà ifvfEeà
l’aitsque des obus. M. Ernest Henrion s’est réfu-
gié dans notre ville. Il a fait visite au Petit Havre
et il nous a été donné d’avoir hier avec iui un long
entretien sur les événements qui ont marqué
ks tragiques journées.
On lira avec intérêt ces déclarations précises
d’un témoin oculaire qui a beaucoup vu et fidèle-
ment noté, avec toute sa vigilance et sa conscience
professionnelles :
Ce qui caractérise surtout l'exode d’Anvers,
c'est qu'il fut à la fois soudain et général.
Il tut soudain pour cette raison que, jusqu’au
dernier moment, les habitants demeurèrent
confiants dans la résistance de la place ét que
riàn ne les amenait à supposer que le bombar-
dement fût imminent.
Le s nouvelles officielles belges n’étaient pas
mauvaises ; les bulletins officiels français, de
leur côté, n'étalent certainement pas pessimis-
tes ; les dépêches de Russie restaient bonnes.
En un mot, nous supposions que les Russes,
maîtres des Autrichiens, marchaient en grande
toroe contre les Allemands et obligeaient, par
conséquent, le kaiser à rappeler des troupes
vers la Prusse Orienta!ef ce qui allégeait quel-
que peu la tâche des alliés dans l’Ouest de l’Eu-
rope.
Le mardi 5 octobre, les autorités militaires
et civiles belges adressèrent de chaleureux
appels au patriotisme des citoyens d'Anvar3
« L’heure est grave, disaient-elles, mais nous
devons être à la hauteur de la situation et des
devoirs à remplir. »
Le mardi soir, cependant,le général de Guise, >
commandant la place forte, envoya une lettre à
tous les bourgmestres des communes comprises
à l’intérieur de la position fortifiée pour les in-
viter à engager les habitants à partir le ptus
tôt possible. Cette lettre fut publiée, par nos
journaux le mercredi 7 octobre. En même
temps, les citoyens d'Anvers apprenaient que le
Roi et la Reine avaient quitté la ville et que,
peu après eux, étaient partis les ministres bel
ges qui s’étaient installés au Grand Hôtel, ainsi
que les représentants des puissances étran- ;
gères, qui habitaient à l’Hôtel Saint-Antoine. \
Nous eûmes alors l’impression que des évé-
nements d’une extrême gravité étaient suspen-
dus sur nos têtes. L’esprit de confiance presque
abso'ue se changea aussitôt en panique.
Depuis le mercredi matin, les magasins
étaient demeurés fermés. Les trains en partan-
ce furent pris d’assaut et aussi tous les navires
belges partant pour Ostende, pour la côte de
Belgique ou de Hollande La cité vécut une
journée inoubliable de fièvre et de désespoir.
Les mots ne sauraient décrire la physionomie
d’Anvers en ces heures douloureuses et drama-
tiques.
A minuit, ce sotr-lk, le bombardement «om-
mença.
Nous étions déjà, habitués au son des gros
canons, alors que ces pièces étaient encore à
distance et s’attaquaient à nos premières lignes
de défense. Ce bruit devint plus impression-
nant et plus fort. Les canons étaient maintenant
près de nous. Le sifflement des projectiles que
nous n’avions pas encore perçu et que tes moins
nerveux ont encore dans les oreilles, nous fit
comprendre que nous étions désormais dans la
zone de feu.
Une forte odeur de pétrole enveloppa toute la
vilie Le bombardement devenait de plus en plus
intense. Les shrapnels {tombaient dans les rues
et les bombes incendiaires mettaient le feu aux ;
maisons. Dans les ténèbres, les bâtiments en :
feu dressaient leur sinistre silhouette. Sous la [
mitraille, parmi les cris de douleur et d'êpou- \
vante, les fugitifs fuyaient vers les quais,se pré- :
oipitaient sur les remorqueurs, les stèamei's,
dans un désordre, une ruée inexprimables.
Jamais je n’oublierai cette scène atroce, cette i
fuite dans la nuit embrasée par les incendies,
incendies allumés par le bombardement et aussi
par les Belges, qui avaient songé A détruire les
stocks d’huile et de grains qui avaient été ac-
cumulés dans Anvers en vue d’un long siège.
Sur toutes les routes conduisant à la fron-
tière hollandaise, c’était une interminable et
effarante procession de voitures de foutes sor-
tes circulant difficilement parmi la foule des
fugitifs allant à pied.
Lorsque nous avons célébré le 75® anniver-
saire de notre indépendance en 190&, le kaiser
nous envoya un navire de guerre, « Le Kaiser-
Karl-der-Grosse, parce que Charlemagne, db-
sait-on, était né A Yupiiie, près de Liège.
Au grand banquet, auquel assistèrent tous
les ministres de Belgique, Herr von Wallivitz,
ministre d’Allemagne à Bruxelles, donna l’as-
surance que « les Belge s n’avaient pas de
meilleurs amis que les Allemands ».
Nous avions donc confiance en eux. La sou-
daine invasion de la Belgique, en août dernier,
plongea la population d’Anvers dans une colère
indignée qui trouva son expression violente
dans le pillage de s cafés allemands d’Anvers.
Pourquoi l’exode fut-ll général ou presque 7
direz-vous.
Je vous répondrai ; Pur la seule crainte afes
\refir6sailiQaf/
nous avons légèrement progressé sur
certains points,
Au centre
et à notre aile droite
La situation est stationnaire.
Taris, 23 heures, reçu à 1 h. 20 diematin.
La nuit dernière deux violentes atta-
ques ont été tentées par les Allemands
au Nord et à l’Est de Saint-Dié.
Elles ont été repoussées avec des per-
tes sérieuses pour l’ennemi.
Aucun autre renseignement impor-
tant n’est encore parvenu sur les opé-
rations de la journée.
Depuis de nombreuses années, la population
d’Anvers avait fait aux Allemands le plus cor-
dial accueil, A tel point qu’en Belgique — on a
-pu le dire en Europe — Anvers fut regardée
-comme la ville allemande par excellence située
-au de!A de la frontière de l’Empire du Kaiser.
réalité, la réception que nous avions faite
i«ux Allemands ôtait en rapport avec notre ca-
ractère, cosmopolite par une tradition ancienne
jpuisqu’elle remonte plus loin que l’époque de
iJa Hanse.
Durant les vingt dernières années, cependant,
les Allemands qui occupaient des situations im-
portantes dans le monde commercial, mariti-
me et financier d’Anvers s’infiltrèrent de plus
■en plus dans notre vie nationale.
Et alors, vous savez la suite. Le bombarde-
ment commença, la prise de la ville parut im-
minente. Tous les esprits n’avaient plus qu’une
pensée en tête : « Jusqu’à quels excès les Al-
lemands vont-ils aller pour S6 venger de ceux
qu’ils croyaient leurs meilleurs amis et étaient
maintenant devenus leurs p'us ardents enne-
mis dans toute la Belgique 7 o Les événements
de Liège, de Mons, de Gharieroi, de Louvain,
a'Aerschot et d'ailleurs ne laissaient que trop
pressentir leur rage aveugle. C’est la crainte
des terribles représailles qui a fait l’exode
| presque général.
| a*.® avec une tristesse infinie qui dit toute la dou-
1 leur de i’dm8 belge cruellement et injustement
frappée, notre confrère ajoute au moment de
Ë prendre congé :
— Nous ne savons que trop -aujourd'hui ce
qu’il faut penser de l'amitié qui nous fut si
bruyamment —- et si hypocritement — témoi-
gnée.
A. H.
Le Boulevard des Belges
Les sentiments de reconnaissance et d'admi-
! ration suscités dans tous les coeurs français par
l’héroïsme de la Belgique ont ôté exprimég
■ vendredi au Conseil municipal de Rouen dans
'les meilleurs termes, par M. G. Robert, adjoint
au maire, qui présidait la séance.
Le Conseil a applaudi l’hommage rendu A la
vaillante petite nation et a approuvé à l’unani-
mité la conclusion du rapport de K/l. G. Robert,
tendant à donner au boulevard Cauchoise le
nom de « Boulevard des Belges ».
Le rapport se termine ainsi :
« Ainsi, avec la date mémorable de 1914, se
perpétuera, à travers les générations, dans la
capitale de la Normandie, toujours admiratrice
des actes sublimes, le nom d’un fier petit peu-
ple voisin et ami qui osa, le premier, se me-
surer avec le colosse germanique et, glorieux
martyr du droit, ne cesse de donner l’exemple
des plus hautes vertus civiquesle mépris de
la mort pour la défense d’une mission sacrée,
le fervent amour de la Patrie.
» L’exode parmi nous de son gouvernement
ne peut que le Couvrir encore d’une nouvelle
auréole. Puisse cette noble attitude donner A
tous ceux qui luttent avec lui pour la plus
juste, pour la plus sainte des causes, l'élan de
la victoire ! a
Après l’adoption de la proposition de M. Ro-
bert, M. J.-B. Morel fait la déclaration sui-
vante ;.
« L'administration se propose de faire noti-
fier au gouvernement belge, récemment installé
au Havre, la décision du Conseil municipal A
titre d’hommage du chef-lieu du département.»
(Assentiment.)
Le Concours financier des Colonies
anglaises v
La Chambre des députés australienne vient do
voter une somme de 2,500,000 francs pour
venir en aisfe au peuple belge.
Le gouvernement canadien envoie de son
côté 250,000 francs dans le même but.
M. ?mmi VISITE LES HÔPITAUX
Bordeaux, 18 octobre.
M. Poincaré a visité cet après-midi les hô-
pitaux de Striai-Genes et de MareiUac.
LIS PERÏTAUJMDES
Suivant les dires d’un officier belge, on
estime à 75,000 le nombre des hommes que
les Allemands ont dû perdre dans leur atta-
que des forts et des villages de Belgique, de
Liège à Anvers.
Il semble apparaître que la traversée de là
frontière hollandaise par une partie des
troupes de la défense d’Anvers, lors de la
retraite de ces troupes, est surtout due au
temps.
H pleuvait, la huit était noire. Un mau-
vais chemin fut pris à proximité de la fron-
tière : il conduisit les troupes britanniques
sur le territoire hol andais oü elles furent,
comme on le sait, désarmées.
Pour rendre l’Escaut inaccessible
Amsterdam, 17 octobre.
Les Allemands immergent de3 mines dans
l’E?caut à partir de l’extrémité Sud-Est (Ut
Jiuvekud méridional
LILLE SERAIT REPRISE
Une dépêche publiée par le Daily MaH
annonea, à la date de vendredi, que tas Al-
lemands ont été délogés de Lille.
©n nous fait savoir d’autre part que les
treupes françaises seraient entrées a Lille
mer matin.
ta Situation d’après la Pressa anglaise
Du Daily Math
La note du communiqué français est opti-
miste et les b®ns espoirs de Paris s'affer-
missent.
Les dépôts français sont maintenant rem-
plis de réservistes et de poissants renforts
anglais entrent en eampagne.
L’artillerie lourde française a été large-
ment renforcée.
La situation est complètement différente
de ce qu’eWe était en août, au moment où
les aUiés livraient leurs premiers combats
dans les Flandres.
Graduellement l’ennemi a été repoussé
vers le Nord et ie point essentiel de la ba-
taille a été reporté à près de 150 milles au
Nord de Paris.
METS LA RÉOEÎ02T DU 1TQRD
Londres, 18 octobre.
Le correspondant du Daily Mail en France
annonce la capture d'un avion ellemaud
que les forts de Dunkerque ont descendu,
au moment où il survolait la ville.
Un des aviateurs a été grièvement blessé
et l’autre est prisonnier.
Le même correspondant dit qu’en essayant
d’étendre leur ligne de côté jusqu’à Ypres,
les Allemands se sont mis dans une situation
périlleuse.
Un combat acharné a eu lieu dans la ré-
gion d’Ypres et de Courtrai, le là, où les for-
ces allemandes de Belgique essaient d’opérer
leur jonction avec l’armée principale.
Plusieurs attaques dej’ennemi ont été re-
poussées avee des pertes considérables.
M. BASLY MIS EN LIBERTÉ
Hszebrouck, 18 octobre.
D’après les dernières informations reçues
ici de ia région de Lens, M. Basly, député
maire de Lens, aurait été mis en liberté par
les Allemands.
Pendant tout le temps qu’a duré l’occupa
tion de la ville par les Allemands, M. Basly
a fait preuve d’un -sang-froid et d’un
courage admirables. Ou assure que M. Basly
fut arrêté parce gu’ii je refusait à faire ver
ser par la ville l’indemnité exigée par l’en-
nemi. Celui-ci a dû relâcher son prisonnier
sans avoir ébranlé sa résolution.
Un Âlfsmand fabriquai! en France
du matériel de guerre
Saint-Etienne, 17 octobre.
390 prisonniers allemands ont été internés
dans le champ d’aViation de Bouthéon, près
de Saint-Galmier. Parmi ces prisonniers,
certains connaissaient le champ d’aviation
de Bouthéon. Un réserviste du 10® territo-
rial, chargé de surveiller un groupe d’Alle-
mands, ne fut pas peu surpris de s'entendre
appeler par son nom. Ii reconnut parmi les
prisonniers deux ouvriers qui travaillaient
dernièrement avec lui à l’Usine Leflaive, à
Saint-Etienne (ateliers de la Cbaléassière).
qui fabrique du matériel de guerre pour
l’Etat.
Trois jours avant la mobilisation, un chef
de service de t'usine disparut. Eu décache-
tant son courrier, on découvrit un ordre
d’appel du recrutement allemand. B>.en ren-
seigné et plein de zèle, le chet de service
n’avait pas attendu et était déjà parti rejoin-
dre son poste et rapporter sans doute quel-
ques documents intéressants.
L’Amiral von Tirpitz à Anvers
Amsterdam, 18 octobre.
Le Tekgraaf annonce que l’amiral von
TirpUz se trouve à Anvers, où ii est arrivé
aussitôt après ia prise de la forteresse.
LES OPERATIONS RUSSES
Petrograd, 18 octobre (officiel).
Le front russe de la Prusse orientale à la
Vistule n’a subi aucun changement.
Les tentatives autrichiennes pour traver-
ser le San ont échoué.
Au Sud de Przemysl, le combat continue.
Sur plusieurs fronts ont eu lien des atta-
ques à la baïonnette au cours desquelles les
Russes ont tait prisonniers 15 officiers autri-
chiens et plus de mille soldats.
On signale que les autrichiens ont ren-
forcé tous les cols des Garpathes.
M ALBANIE
Brindisi, 18 octobre.
Assad Pacha a informé le gouvernement
serbe qu’il a été élu président du Sénat alba-
nais et nommé commandant en chef des
trou® s.
Il a assuré la Serbie de ses bonnes dispo-
sitions, déclarant qu il prenait sou3 sa pro-
tection les Serbes résidant en Albanie.
Les Espagnols s’enrôlent
Perpignan, 17 octobre.
Six cents Espagnols sont arrivés à Perpi-
gnan pour contracter un engagement dans
la légion étrangère pendant la durée de là
guerre. D’aaîres vont arriver incessamment.
Les Funérailles ds M. de San Giuliano
Rome, 18 octobre.
Les fnnérailles du marquis di San Giuliano
viennent d’être célébrées ; elles ont été ira-
po antes,
Le col lège s’es! déroulé sous une triai*»
«kauauta.
Un Complot dans
l’Affique du Sud
L’état de siégé a été proclamé sur tout le
territoire de l’Union Sud-Atricaine, à la date
du 12 octobre 1914, à la suite de la trahison
du lieutenant-colonel Mariiz, commandant
dos forces de l’Union dans le district Nord-
(Nestde fa côionie du Gap.
Un télégramme r«çu par le ministère des
colonisa du gouverneur général de i’Urioû
Su^-Aï ioiine expose les faits de ia bçori
suivante : „
Depuis la démission du général Beyers,
commandant général de la milice, on avait
j remarqué certaines défectuosités dans l’or-
ganisation d s troupes du Nord-Ouest de I»
province du Cap placées soua le comman-
dement dn lieutenant-colonel Mariiz. Le gou-
vernement avait, en conséquence, décidé do
remplacer le colonel M-.riu par le colonel
Conrafed Briis.
Le 8 du courant, le colonel Brits fit de-
mander à Mariiz de sé présenter à lui. Mariiz
répondit de la façon la pius insolente qu’il
ne ferait rien de la sorte ; il ne demandait
que sen licenciement ; en conséquence, i®
eolonei Brits devait venir iui-n.ême et pren-
dre ie commandement. Le colonel Brits en-
voya alors le commandant Bouwef poux
prendre le commandement des troupes do
Mariiz. A son arrivée au camp de ce der-
nier, le commandant Bouwer fut fait pri-
sonnier avec les hommes qui l'accompa-
gnaient, mais il fut ensuite remis en liberté
et renvoyé avec un ultimatum de Maritz an
gouvernement de l’Uuiou, déclarant que si
le gouvernement ne lui donnait pas avant le
dimanche 11 octobre, dix heures du matin,,
l’assurance que les généraux Hertsog,Dewet,
Beyers, Kaernpf et Muller seraient autorisé®
à se rencontrer avec lui, Mariiz, afin qu'it
puisse recevoir leurs instrucuons, il atta-
querait immédiatement les forces du colo-
nel Brits et envahirait le territoire de
i’Union.
Le commandant Bonwer annonça que Ma-
ritz avait en sa possession plusieurs canons
appartenant aux Allemands. B avait sous ses
ordres, outre son propre commando de
rebelles, an détachement allemand et avait
ie rang de général commandaut les troupes
allemandes ; il avait arrêté tous ceux de ses
officiers et de ses hommes qui avaieui refusé
de se joindre aux Allemands et les avaient
envoyés comme prisonniers dans t’Guest
africain allemand.
Le commandant Bouwer a eu entre les
mains nn accord conclu entre Mariiz et le
gouvernement de l’uuest africain allemand,
garantissant l’indépenduice de l'Union,
comme république, cédant W*lfi«h-Bay et
plusieurs autres parties de l’Union aux Alle-
mands et contenant l’engagement des Alle-
mands de n’envahir l’Union que sur l’invita-
tion de Mariiz. Le commandant Bouwer a, en
Outre, vu do nombreux télégrammes et mes-
sages héliographiques daiant du commen-
cement de septembre. Maritz se vantait)
d’avoir reçu des Al ernands un grand nom-
bre de canons, de fusils, de munitions, ainsi
que des sommes importantes d'argent. H
déclarait qu'il envahirait toute l’Afrique du
Sud.
Le télégramme du gouverneur général de j
l’Union ajoute que le gouvernement a pris,
les mesures les plus rigoureuses pour briser
ia révolte et pour punir comme il convient
les rebelles et les traîtres.
Maritz est un Hollandaisqoi après la gaerre
sud africaine prit du service avec les Alle-
mands et combattit durant la révolte des
Herreros ; ap ès quoi, il revint dans ie sud
de l’Afrique où il exprima avec ostentation
son ressentiment de la façon dont il avait
été traité par les Allemands;
Lorsque la guerre éclata, il offrit ses ser-
vices au généra! B >iha et reçut la comman-
dement a’un corps irrégulier dans la, di-
recrion duquel sa connaissance du terri-
toire allemand promettait d’être d’une grande
utilité. .
11 convient d’ajouter, sur la foi des télé-
grammes du sud de l’Afrique, que la trahi-
son de Maritz aura l’effet imprévu pour son>
auteur de raffermir énormément ia situation
du gouvernement.
Les dépêches reçues à Londres, de l’Afri-
que du Sud, déclarent que le commando du
iieutenant-colonel Maritz ne compte guère
pius de 5C0 hommes, y compris les Alle-
mands.
Le général Botha, qui dirige les opérations,
a envoyé contre eux des forces importantes.
Le colonel Maritz,qui ee trouve prèsd’UpiDg-
ton, a un grand nombre de canons alle-
mands, des fusils, des munirions et des ap-
provisionnements.
Ce que disent les Allemands
Le communiqué officiel allemand de ven-
dredi énumérait ie burin des Aliëmands à-
Anvers.
Aucun navire belge ou anglais n’était dans
le port, par contre trente-quatre steamers
allemands (et trois voiriers) immobilisés
dans le port depuis le commencement de la
guerre firent trouvés — à l'exception a*un
ie Qneis>mu — mais les machines de tous ces
navires avaient été détruites.
Le communiqué précise que les allemands
ont huit corps d’année devant Varsovie.
.’Angieierre dispose acfuêüement
de 1,20Û,00D hommes
Au sujet d’nn article de la Franckfurler
Zeitung, disant que k Grande-Bretagne ne
peut lever que 600,000 recrues, le rédacteur
militaire du Times dit :
« Nous disposons actuellement, rien qu®
dans les Iles-BritanniqueSjde 1,800 000 hom-
mes, et ce nombre âttgmrinte sans cesse.
Nous avons l’habituée, comme les Etats-
lk>s, de ne commencer à lever nos armée»
qu’après qué la guerre a éclaté et de conti-
nuer à les lever jusqu’à ce que notre but
soit atteint. G’est ce que nous faisons actuel- '
iement.
» Nous avons envoyé en France une parti®
de notre g irde avancée. Nous enverrons 1®
reste bientôt et le gros de notre armée, n’y
arrivera que plus tard.
» Nous ne sommes pas pressés. N03 alliés
sauront attendre.
« ÎOU3 les Anglais qui ont l’âge militaire
dé-irent ardemment combattre. Les volon-
taires sont si nombreux que lord Kiicheuer
a dû imposer pour les engagements des COU»
Ciiions physiques très sévères. »
idssiiiistratear-Délégué - Gérant
O. RA N DO LET
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36, Rue Fontanelle, 35
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Autres Départements..... 6 Fr. X X SO £3 » |
Union Postale 10 » î»o gr. ) .40 » !
On s’abonna 6gulamant, SANS FIAIS, dans tous las Buranu, Ha H. a ü
En marge de la guerre
TOMMY ATKINS
LU censure a des rigueurs. Les journa-
' listes s’y sont soumis avec une résignation
d’autant plus empressée qu’ils ne pouvaient
faire autrement. Les hommes libres de-
viennent bien vite des hommes enchaînés,
et quand ccs enchaînés persistent à dire des
choses qu’il ne faut pas dire, même en
ayant recours à la collection anonyme des
initiales, ils passent à Pétai d’hommes vo-
latilisés, pour quelques jours, par le mira-
cle de la saisie.
Le « civil » qui manie une plume et
gagne sa vie à traduire des idées ou à dé-
crire des choses, a donc plus que jamais
aujourd'hui pour devoir de peser scrupu-
. leusement ses mots. 11 risque trop de voir
sa production intellectuelle tout à coup
passée, non plus au bleu, mais au blanc,
par le veto du censeur. Son bratre ami de
fidèle lecteur demeure en suspens au mi-
lieu d’une phrase.
Mais la guerre nous a habitués à ces petits
incidents accessoires et, à vrai dire, inotïen-
sifs. Le blanc qui coupe brutalement une phra-
se aguiche plutôt l’intérêt en piquant le désir
de savoir. Il y a des esprits intrigués qui
cherchent à percer le mystère, à deviner ce
que l’auteur voulut bien écrire de si compro-
mettant.
Comme II ne leur est pas défendu de
supposer que c’étaient de bonnes nouvelles
trop prématurément annoncées, il y a, tout
compte fait, dans ces rigueurs de la cen-
sure des sources latentes d’optimisme.
Mieux vaut qu’il en soit ainsi, même aux
dépens d’une curiosité non satisfaite.
Il fut un temps, pas très lointain, où il
était interdit aux feuilles publiques de la
ville du H... d’imprimer ces deux mots:
«soldats anglais».
On eut pu s’en tirer par la subtilité de
^ingénieuse périphrase, par la transparence
de l’allusion. Déjà le eonfrère à qui l’on ne
permit pas de se servir du vocable « Sois-
sons » pour désigner un lieu de bataille,
avait eu la sagesse de prévenir son lec-
teur qu’il s’agissait d’une ville célèbre à
la fois par uu vase historique „ et des
pois renommés.
Le soldat anglais pouvait, à la rigueur,
se laisser entrevoir par une description
approximative dans cette note ci :
« On remarque en ee moment parmi nous,
en grand nombre d’excursionnistes venus
passer quelques mois de « footing » et de
«camping». Ils présentent cette origina-
lité, qu’ils sont tous habillés dans le même
Style : petit dolman réséda, casquette de
chauffeur, bandes molletières. Ils ont pris
soin de s’armer, probablement dans l’éven-
tualité desmauvaises rencontres ».
Mais on n’a pas songé à user du subter-
fuge, ou mieux, on a pensé, avec M. le cen-
seur, qu’il était préférable de faire autour
des troupes britanniques un silence pru-
dent et patriotique.
Celte ère de réserve excessive est déjà du
passé, et je ne crois pas compromettre les
intérêts supérieurs de la défense nationale
en écrivant que l’occasion me fut donnée,
ÿautre jour, de rencontrer sur la route de
M... un détachement de soldats anglais.
Ils allaient d’un pas alerte et résolu, bien
entraînés par la cadence, avec, dans l’allure,
une légèreté, un air dégagé, et même une
élégance que le brave Tommy Atkins doit
en même temps à la correcte simplicité
de son costume et à son assouplissement
sportif.
La « méprisable petite armée du général
French » a surabondamment montré sur
le champ de bataille ee dont elle sait être
capable. Sa bravoure et son endurance ont
pu surprendre eeux qui la raillaient sans
la connaître ou persistaient à ne la voir
qu’à travers les fantaisies de h caricature
ou le bariolage excessif de sa tenue de
parade.
La vérité est que cet excellent Tommy
s’est révélé à ses ennemis, et que sa freide
erânerie peut marcher de compagnie avec
la souriante intrépidité de nos soldats.
Il fut, vous vous en souvenez, du pre-
mier choc, à nos côtés, quand le flot des
barbares déborda la frontière franco-helge
et que les hordes immenses se répandirent
sur un sel qu’ils détiennent encore en
partie, plus en voleurs qu’en conquérants.
Tommy reçut, ce iour-là, le premier
coup de la guerre. Il le reçut bellement,
^stoïquement, avec l’impassibilité tradition-
nelle. Quand il le fallut, il sut mourir en
héros, auprès des nôtres, pour I’bonueur
de la grande cause.
1 Et tous les camarades, qui le suivirent,
tous les Tommies voués au khaki qui sont
venus le venger, ont bien vite appris l’arti-
fice de la guerre moderne et se sont aussitôt
adaptés à la cruauté de ses obligations
comme à l’ingéniosité honnête de ses ruses.
L’ennemi a eu l’ignominie de lui voler
son uniforme, dans le but de jouer la plus
infâme des comédies et se faire plus
traître encore. Tommy s’est borné à le trai-
ter de | german sausage », et il est allé, au
combat avec une dignité de soldat qui fait
plus noble son sacrifice.
Même transplanté sur notre sol, il est
demeuré très Àngiais, Tommy Atkins, et il
faut l'en féliciter puisqu'il a conservé in-
tactes les meilleures qualités de la race.
Il y a toujours chez iui un savoureux mé-
lange de gravité, de respectabilité, de
samdeur enfantine, qui en font un type tout
a fait sympathique. Il est soldat, mais il sait
être, à tous les degrés de la hiérarchie, un
fentleman. Il est guerrier, mais il est resté
dcle à la tasse de thé, au rasoir, et au foot-
ball.
li s’amuse d’un mot : « Are we down
liearled ? » (Avez-vous le coeur gros T)
C’est la scie anglaise à la mode. Il répond
A la question par des « No 1 No ! No J... »
•tjpi marquent la éadencç du pas.
Afin, .eoflsaie tes nôtres ne* shaimA è»-
LA GUERRE
Sommaire des principaux faits relatifs
à la Guerre
A NOTRE AILE GiUCHB
18 Octobre. — Les Belges ont repoussé
l’ennemi sur l’Tser.
L’avauce des troupes alliées s’accentue.
Elles ont repris Armentières et marchent
vers Lille.
Sur les autres points, nous progressons.
AU CENTRE ET A DROITE
Situation sans changement.. Les Alle-
mands,ayant prononcé deux attaques dans la
région de Saint-Dié, ont été repoussés et
ont eu des pertes sérieuses.
SERBIE
18 Octobre. — Les Autrichiens ont subi
un nouvel échec près de la Drina. Les
Serbes ont anéanti de grosses forces d’in-
fanterie.
GIUC1E
18 Octobre. — Les Russes ont fait de
nombreux prisonniers au cours d’une
charge à la baïonnette au Sud de Przemysl.
Les Autrichiens fortifient les cois des
Garpathes.
route : « It’s a long, long way to Tippe-
rary » admirable insignifiance ou il s’agit
des aventures d’un Irlandais de Tipperary
égaré à Londres et dont Tommy se divertit
avec des exubérances de grand gosse.
Il a appris à siffler la Marseillaise et à
prononcer suffisamment : « Bonnjour, Ma-
demézelle ».
Mais il n’est pas de eeux qui disent
adieu sans regret à la « cup of tea » ni à la
tartine de « marmalade ».
Un des premiers convois d’Anglais parti
du H... pour se rendre sur le front, s’ar-
rêta quelques minutes dans une gare. Tom-
my descend, court trouver le mécanicien
de la locomotive, s’explique de son mieux
et revient avec un seau rempli d’eau chaude
puisée à même la chaudière. Tommy eut non
thé : la journée fut bonne.
C’est le même Atkins qui, à peine débar-
qué, débouche d’un bois et reçoit unegrêle
de ferraille allemande : « What a pity 1...
Je ne vais pas avoir le temps de me faire la
barbe 1 »
Et c’çst encore Tommy qui, l’autre jour,
dans là région de R..., se dégourdissait
les jambes en improvisant une partie de
football devant la tranchée.
La pipe et le rasoir a ont des objets clas-
siques que nos soldats trouvent le moyen
de loger au fond des poches. Le Français
arrive à l’étape fume une vieille bouffarde
et se rase ensuite, quand il en a le temps.
L’Anglais soigne d’abord son épiderme et
bourre ensuite sa pipe de merisier.
Mais la guerre a rapproché ces deux
compagnons de douleur, de dévouement et
de gloire. Elle a fait naître entre eux la
plus effective des solidarités. Dans les loi-
sirs relatifs du cantonnement, Tommy —
il a une bonne lame de Sbeffield — rase
volontiers son ami de France. Et,touchante
fraternité des fumées du tabac et de la ba-
taille, c’est le même paquet qui alimente
les deux pipes.
ALBEwr-HERRENSCHSinyr.
.'Arrivée des Troupes Canadiennes
Les journaux anglais mentionnent t’arri-
vée des premiers contingents venus du Ca-
nada.
C’est à Plymouth que ces troupes ont dé-
barqué au milieu d’un chaleureux entüou-
siasme.
Les ponts de3 transports étaient littérale-
ment couverts.
C’est une entité complète que le Canada
envoie à la mère patrie. Elle comprend de
l’infanterie, de la cavalerie et de Tanitlerie,
Le tout parfaitement équipé et prêt pour le
champ de bataille.
il y a des milliers de chevaux dont le dé-
barquement a commencé aussitôt. Quelques
canons ont été également mis à terre.
Uu premier détachement est parti pour
se rendre à un camp d'entrainement de l’in-
térieur.
Les hommes portent la tenue khaki, avec
l’insigne « Canada » sur tes épaules. La patte
d’épaulette est bleue, jaune ou rouge sui-
vant le bataillon. Ces soldats sont générale-
ment de haute taille, bien campés, le teint
légèrement bronzé.
Ils viennent de toutes les parties du Ca-
nada. Les Canadiens-français paraissent aussi
enchantés de venir combattre pour la mère-
patrie que tes Canadiens d’origine britanni-
que. Aucune distinction de race n’est faite.
Les hommes sont uni3 comme des frères
dans la lâche qu’ils vont remplir.
Uu bon nombre de vétérans, parmi ces
troupes, ont combattu dans la guerre contre
les Boers.
L’ensemble de ces troupes laisse une im-
pression de force, do résistance et de disci-
pline.
L’Ariillerie Aliénais se üéiériore
"Un correspondant dn Diily Ghronicie a fait
une enquête près d'officiers français blessés
et de prisonniers allemands.
Il en résulte que i'arUifei ie allemande se
détériore rapidement : les pertes en canon-
niers sont considérables ; elfes ne provien-
nent pas seulement de la précision du tir
des français, mais aussi des maladies causées
aux servants par les effets traumatismes ré-
sultant de la violence des explosions.
On peut dire que le personnel de l’artille-
rie allemande a été complètement renouvelé
depuis le début de la guerre. Mais ie nou-
veau personnel est loin de valoir l’ancien et
son manque d’entrainement provoque la
détérioration des pièces.
P us k guerre durera et plus diminuera
la Dufesanca efieçjivçfie. A’affiUerte g? fies
|, «anemi*^
CûüMiraip's É Eoummeiit
tAS OCTOBRE)
Paris, 15 heures, reçu à 18 h. 45.
L’armée belge a vigoureusement re-
poussé plusieurs attaques dirigées
par les Allemands contre les points de
passage de l'-Yser.
A notre aile gauche
Au Nord du canal de la Bassée,
les troupes alliées ont occupé le front
Givanchy, Iîlies, Fromelles et repris
Armentières.
Au Nord d’Arras, la journée d’hier a
été marquée par une avance sensible
de notre part.
Entre la région d’Arras et l’Oise,
GhMipe Belge
L’EXODE D’ANVERS
Les journalistes d’Anvers ont subi la loi com-
mune. Ils ont dû fuir, eux aussi, devant l’invasion
allemande et se mettre & l'abri de ses violences,
üa de ces infortunés confrères, M. Ernest Hèn-
rion, du Jfafin, d’Anvers, fut des derniers Belles
qui quittèrent la malheureuse ville déjà ifvfEeà
l’aitsque des obus. M. Ernest Henrion s’est réfu-
gié dans notre ville. Il a fait visite au Petit Havre
et il nous a été donné d’avoir hier avec iui un long
entretien sur les événements qui ont marqué
ks tragiques journées.
On lira avec intérêt ces déclarations précises
d’un témoin oculaire qui a beaucoup vu et fidèle-
ment noté, avec toute sa vigilance et sa conscience
professionnelles :
Ce qui caractérise surtout l'exode d’Anvers,
c'est qu'il fut à la fois soudain et général.
Il tut soudain pour cette raison que, jusqu’au
dernier moment, les habitants demeurèrent
confiants dans la résistance de la place ét que
riàn ne les amenait à supposer que le bombar-
dement fût imminent.
Le s nouvelles officielles belges n’étaient pas
mauvaises ; les bulletins officiels français, de
leur côté, n'étalent certainement pas pessimis-
tes ; les dépêches de Russie restaient bonnes.
En un mot, nous supposions que les Russes,
maîtres des Autrichiens, marchaient en grande
toroe contre les Allemands et obligeaient, par
conséquent, le kaiser à rappeler des troupes
vers la Prusse Orienta!ef ce qui allégeait quel-
que peu la tâche des alliés dans l’Ouest de l’Eu-
rope.
Le mardi 5 octobre, les autorités militaires
et civiles belges adressèrent de chaleureux
appels au patriotisme des citoyens d'Anvar3
« L’heure est grave, disaient-elles, mais nous
devons être à la hauteur de la situation et des
devoirs à remplir. »
Le mardi soir, cependant,le général de Guise, >
commandant la place forte, envoya une lettre à
tous les bourgmestres des communes comprises
à l’intérieur de la position fortifiée pour les in-
viter à engager les habitants à partir le ptus
tôt possible. Cette lettre fut publiée, par nos
journaux le mercredi 7 octobre. En même
temps, les citoyens d'Anvers apprenaient que le
Roi et la Reine avaient quitté la ville et que,
peu après eux, étaient partis les ministres bel
ges qui s’étaient installés au Grand Hôtel, ainsi
que les représentants des puissances étran- ;
gères, qui habitaient à l’Hôtel Saint-Antoine. \
Nous eûmes alors l’impression que des évé-
nements d’une extrême gravité étaient suspen-
dus sur nos têtes. L’esprit de confiance presque
abso'ue se changea aussitôt en panique.
Depuis le mercredi matin, les magasins
étaient demeurés fermés. Les trains en partan-
ce furent pris d’assaut et aussi tous les navires
belges partant pour Ostende, pour la côte de
Belgique ou de Hollande La cité vécut une
journée inoubliable de fièvre et de désespoir.
Les mots ne sauraient décrire la physionomie
d’Anvers en ces heures douloureuses et drama-
tiques.
A minuit, ce sotr-lk, le bombardement «om-
mença.
Nous étions déjà, habitués au son des gros
canons, alors que ces pièces étaient encore à
distance et s’attaquaient à nos premières lignes
de défense. Ce bruit devint plus impression-
nant et plus fort. Les canons étaient maintenant
près de nous. Le sifflement des projectiles que
nous n’avions pas encore perçu et que tes moins
nerveux ont encore dans les oreilles, nous fit
comprendre que nous étions désormais dans la
zone de feu.
Une forte odeur de pétrole enveloppa toute la
vilie Le bombardement devenait de plus en plus
intense. Les shrapnels {tombaient dans les rues
et les bombes incendiaires mettaient le feu aux ;
maisons. Dans les ténèbres, les bâtiments en :
feu dressaient leur sinistre silhouette. Sous la [
mitraille, parmi les cris de douleur et d'êpou- \
vante, les fugitifs fuyaient vers les quais,se pré- :
oipitaient sur les remorqueurs, les stèamei's,
dans un désordre, une ruée inexprimables.
Jamais je n’oublierai cette scène atroce, cette i
fuite dans la nuit embrasée par les incendies,
incendies allumés par le bombardement et aussi
par les Belges, qui avaient songé A détruire les
stocks d’huile et de grains qui avaient été ac-
cumulés dans Anvers en vue d’un long siège.
Sur toutes les routes conduisant à la fron-
tière hollandaise, c’était une interminable et
effarante procession de voitures de foutes sor-
tes circulant difficilement parmi la foule des
fugitifs allant à pied.
Lorsque nous avons célébré le 75® anniver-
saire de notre indépendance en 190&, le kaiser
nous envoya un navire de guerre, « Le Kaiser-
Karl-der-Grosse, parce que Charlemagne, db-
sait-on, était né A Yupiiie, près de Liège.
Au grand banquet, auquel assistèrent tous
les ministres de Belgique, Herr von Wallivitz,
ministre d’Allemagne à Bruxelles, donna l’as-
surance que « les Belge s n’avaient pas de
meilleurs amis que les Allemands ».
Nous avions donc confiance en eux. La sou-
daine invasion de la Belgique, en août dernier,
plongea la population d’Anvers dans une colère
indignée qui trouva son expression violente
dans le pillage de s cafés allemands d’Anvers.
Pourquoi l’exode fut-ll général ou presque 7
direz-vous.
Je vous répondrai ; Pur la seule crainte afes
\refir6sailiQaf/
nous avons légèrement progressé sur
certains points,
Au centre
et à notre aile droite
La situation est stationnaire.
Taris, 23 heures, reçu à 1 h. 20 diematin.
La nuit dernière deux violentes atta-
ques ont été tentées par les Allemands
au Nord et à l’Est de Saint-Dié.
Elles ont été repoussées avec des per-
tes sérieuses pour l’ennemi.
Aucun autre renseignement impor-
tant n’est encore parvenu sur les opé-
rations de la journée.
Depuis de nombreuses années, la population
d’Anvers avait fait aux Allemands le plus cor-
dial accueil, A tel point qu’en Belgique — on a
-pu le dire en Europe — Anvers fut regardée
-comme la ville allemande par excellence située
-au de!A de la frontière de l’Empire du Kaiser.
réalité, la réception que nous avions faite
i«ux Allemands ôtait en rapport avec notre ca-
ractère, cosmopolite par une tradition ancienne
jpuisqu’elle remonte plus loin que l’époque de
iJa Hanse.
Durant les vingt dernières années, cependant,
les Allemands qui occupaient des situations im-
portantes dans le monde commercial, mariti-
me et financier d’Anvers s’infiltrèrent de plus
■en plus dans notre vie nationale.
Et alors, vous savez la suite. Le bombarde-
ment commença, la prise de la ville parut im-
minente. Tous les esprits n’avaient plus qu’une
pensée en tête : « Jusqu’à quels excès les Al-
lemands vont-ils aller pour S6 venger de ceux
qu’ils croyaient leurs meilleurs amis et étaient
maintenant devenus leurs p'us ardents enne-
mis dans toute la Belgique 7 o Les événements
de Liège, de Mons, de Gharieroi, de Louvain,
a'Aerschot et d'ailleurs ne laissaient que trop
pressentir leur rage aveugle. C’est la crainte
des terribles représailles qui a fait l’exode
| presque général.
| a*.® avec une tristesse infinie qui dit toute la dou-
1 leur de i’dm8 belge cruellement et injustement
frappée, notre confrère ajoute au moment de
Ë prendre congé :
— Nous ne savons que trop -aujourd'hui ce
qu’il faut penser de l'amitié qui nous fut si
bruyamment —- et si hypocritement — témoi-
gnée.
A. H.
Le Boulevard des Belges
Les sentiments de reconnaissance et d'admi-
! ration suscités dans tous les coeurs français par
l’héroïsme de la Belgique ont ôté exprimég
■ vendredi au Conseil municipal de Rouen dans
'les meilleurs termes, par M. G. Robert, adjoint
au maire, qui présidait la séance.
Le Conseil a applaudi l’hommage rendu A la
vaillante petite nation et a approuvé à l’unani-
mité la conclusion du rapport de K/l. G. Robert,
tendant à donner au boulevard Cauchoise le
nom de « Boulevard des Belges ».
Le rapport se termine ainsi :
« Ainsi, avec la date mémorable de 1914, se
perpétuera, à travers les générations, dans la
capitale de la Normandie, toujours admiratrice
des actes sublimes, le nom d’un fier petit peu-
ple voisin et ami qui osa, le premier, se me-
surer avec le colosse germanique et, glorieux
martyr du droit, ne cesse de donner l’exemple
des plus hautes vertus civiquesle mépris de
la mort pour la défense d’une mission sacrée,
le fervent amour de la Patrie.
» L’exode parmi nous de son gouvernement
ne peut que le Couvrir encore d’une nouvelle
auréole. Puisse cette noble attitude donner A
tous ceux qui luttent avec lui pour la plus
juste, pour la plus sainte des causes, l'élan de
la victoire ! a
Après l’adoption de la proposition de M. Ro-
bert, M. J.-B. Morel fait la déclaration sui-
vante ;.
« L'administration se propose de faire noti-
fier au gouvernement belge, récemment installé
au Havre, la décision du Conseil municipal A
titre d’hommage du chef-lieu du département.»
(Assentiment.)
Le Concours financier des Colonies
anglaises v
La Chambre des députés australienne vient do
voter une somme de 2,500,000 francs pour
venir en aisfe au peuple belge.
Le gouvernement canadien envoie de son
côté 250,000 francs dans le même but.
M. ?mmi VISITE LES HÔPITAUX
Bordeaux, 18 octobre.
M. Poincaré a visité cet après-midi les hô-
pitaux de Striai-Genes et de MareiUac.
LIS PERÏTAUJMDES
Suivant les dires d’un officier belge, on
estime à 75,000 le nombre des hommes que
les Allemands ont dû perdre dans leur atta-
que des forts et des villages de Belgique, de
Liège à Anvers.
Il semble apparaître que la traversée de là
frontière hollandaise par une partie des
troupes de la défense d’Anvers, lors de la
retraite de ces troupes, est surtout due au
temps.
H pleuvait, la huit était noire. Un mau-
vais chemin fut pris à proximité de la fron-
tière : il conduisit les troupes britanniques
sur le territoire hol andais oü elles furent,
comme on le sait, désarmées.
Pour rendre l’Escaut inaccessible
Amsterdam, 17 octobre.
Les Allemands immergent de3 mines dans
l’E?caut à partir de l’extrémité Sud-Est (Ut
Jiuvekud méridional
LILLE SERAIT REPRISE
Une dépêche publiée par le Daily MaH
annonea, à la date de vendredi, que tas Al-
lemands ont été délogés de Lille.
©n nous fait savoir d’autre part que les
treupes françaises seraient entrées a Lille
mer matin.
ta Situation d’après la Pressa anglaise
Du Daily Math
La note du communiqué français est opti-
miste et les b®ns espoirs de Paris s'affer-
missent.
Les dépôts français sont maintenant rem-
plis de réservistes et de poissants renforts
anglais entrent en eampagne.
L’artillerie lourde française a été large-
ment renforcée.
La situation est complètement différente
de ce qu’eWe était en août, au moment où
les aUiés livraient leurs premiers combats
dans les Flandres.
Graduellement l’ennemi a été repoussé
vers le Nord et ie point essentiel de la ba-
taille a été reporté à près de 150 milles au
Nord de Paris.
METS LA RÉOEÎ02T DU 1TQRD
Londres, 18 octobre.
Le correspondant du Daily Mail en France
annonce la capture d'un avion ellemaud
que les forts de Dunkerque ont descendu,
au moment où il survolait la ville.
Un des aviateurs a été grièvement blessé
et l’autre est prisonnier.
Le même correspondant dit qu’en essayant
d’étendre leur ligne de côté jusqu’à Ypres,
les Allemands se sont mis dans une situation
périlleuse.
Un combat acharné a eu lieu dans la ré-
gion d’Ypres et de Courtrai, le là, où les for-
ces allemandes de Belgique essaient d’opérer
leur jonction avec l’armée principale.
Plusieurs attaques dej’ennemi ont été re-
poussées avee des pertes considérables.
M. BASLY MIS EN LIBERTÉ
Hszebrouck, 18 octobre.
D’après les dernières informations reçues
ici de ia région de Lens, M. Basly, député
maire de Lens, aurait été mis en liberté par
les Allemands.
Pendant tout le temps qu’a duré l’occupa
tion de la ville par les Allemands, M. Basly
a fait preuve d’un -sang-froid et d’un
courage admirables. Ou assure que M. Basly
fut arrêté parce gu’ii je refusait à faire ver
ser par la ville l’indemnité exigée par l’en-
nemi. Celui-ci a dû relâcher son prisonnier
sans avoir ébranlé sa résolution.
Un Âlfsmand fabriquai! en France
du matériel de guerre
Saint-Etienne, 17 octobre.
390 prisonniers allemands ont été internés
dans le champ d’aViation de Bouthéon, près
de Saint-Galmier. Parmi ces prisonniers,
certains connaissaient le champ d’aviation
de Bouthéon. Un réserviste du 10® territo-
rial, chargé de surveiller un groupe d’Alle-
mands, ne fut pas peu surpris de s'entendre
appeler par son nom. Ii reconnut parmi les
prisonniers deux ouvriers qui travaillaient
dernièrement avec lui à l’Usine Leflaive, à
Saint-Etienne (ateliers de la Cbaléassière).
qui fabrique du matériel de guerre pour
l’Etat.
Trois jours avant la mobilisation, un chef
de service de t'usine disparut. Eu décache-
tant son courrier, on découvrit un ordre
d’appel du recrutement allemand. B>.en ren-
seigné et plein de zèle, le chet de service
n’avait pas attendu et était déjà parti rejoin-
dre son poste et rapporter sans doute quel-
ques documents intéressants.
L’Amiral von Tirpitz à Anvers
Amsterdam, 18 octobre.
Le Tekgraaf annonce que l’amiral von
TirpUz se trouve à Anvers, où ii est arrivé
aussitôt après ia prise de la forteresse.
LES OPERATIONS RUSSES
Petrograd, 18 octobre (officiel).
Le front russe de la Prusse orientale à la
Vistule n’a subi aucun changement.
Les tentatives autrichiennes pour traver-
ser le San ont échoué.
Au Sud de Przemysl, le combat continue.
Sur plusieurs fronts ont eu lien des atta-
ques à la baïonnette au cours desquelles les
Russes ont tait prisonniers 15 officiers autri-
chiens et plus de mille soldats.
On signale que les autrichiens ont ren-
forcé tous les cols des Garpathes.
M ALBANIE
Brindisi, 18 octobre.
Assad Pacha a informé le gouvernement
serbe qu’il a été élu président du Sénat alba-
nais et nommé commandant en chef des
trou® s.
Il a assuré la Serbie de ses bonnes dispo-
sitions, déclarant qu il prenait sou3 sa pro-
tection les Serbes résidant en Albanie.
Les Espagnols s’enrôlent
Perpignan, 17 octobre.
Six cents Espagnols sont arrivés à Perpi-
gnan pour contracter un engagement dans
la légion étrangère pendant la durée de là
guerre. D’aaîres vont arriver incessamment.
Les Funérailles ds M. de San Giuliano
Rome, 18 octobre.
Les fnnérailles du marquis di San Giuliano
viennent d’être célébrées ; elles ont été ira-
po antes,
Le col lège s’es! déroulé sous une triai*»
«kauauta.
Un Complot dans
l’Affique du Sud
L’état de siégé a été proclamé sur tout le
territoire de l’Union Sud-Atricaine, à la date
du 12 octobre 1914, à la suite de la trahison
du lieutenant-colonel Mariiz, commandant
dos forces de l’Union dans le district Nord-
(Nestde fa côionie du Gap.
Un télégramme r«çu par le ministère des
colonisa du gouverneur général de i’Urioû
Su^-Aï ioiine expose les faits de ia bçori
suivante : „
Depuis la démission du général Beyers,
commandant général de la milice, on avait
j remarqué certaines défectuosités dans l’or-
ganisation d s troupes du Nord-Ouest de I»
province du Cap placées soua le comman-
dement dn lieutenant-colonel Mariiz. Le gou-
vernement avait, en conséquence, décidé do
remplacer le colonel M-.riu par le colonel
Conrafed Briis.
Le 8 du courant, le colonel Brits fit de-
mander à Mariiz de sé présenter à lui. Mariiz
répondit de la façon la pius insolente qu’il
ne ferait rien de la sorte ; il ne demandait
que sen licenciement ; en conséquence, i®
eolonei Brits devait venir iui-n.ême et pren-
dre ie commandement. Le colonel Brits en-
voya alors le commandant Bouwef poux
prendre le commandement des troupes do
Mariiz. A son arrivée au camp de ce der-
nier, le commandant Bouwer fut fait pri-
sonnier avec les hommes qui l'accompa-
gnaient, mais il fut ensuite remis en liberté
et renvoyé avec un ultimatum de Maritz an
gouvernement de l’Uuiou, déclarant que si
le gouvernement ne lui donnait pas avant le
dimanche 11 octobre, dix heures du matin,,
l’assurance que les généraux Hertsog,Dewet,
Beyers, Kaernpf et Muller seraient autorisé®
à se rencontrer avec lui, Mariiz, afin qu'it
puisse recevoir leurs instrucuons, il atta-
querait immédiatement les forces du colo-
nel Brits et envahirait le territoire de
i’Union.
Le commandant Bonwer annonça que Ma-
ritz avait en sa possession plusieurs canons
appartenant aux Allemands. B avait sous ses
ordres, outre son propre commando de
rebelles, an détachement allemand et avait
ie rang de général commandaut les troupes
allemandes ; il avait arrêté tous ceux de ses
officiers et de ses hommes qui avaieui refusé
de se joindre aux Allemands et les avaient
envoyés comme prisonniers dans t’Guest
africain allemand.
Le commandant Bouwer a eu entre les
mains nn accord conclu entre Mariiz et le
gouvernement de l’uuest africain allemand,
garantissant l’indépenduice de l'Union,
comme république, cédant W*lfi«h-Bay et
plusieurs autres parties de l’Union aux Alle-
mands et contenant l’engagement des Alle-
mands de n’envahir l’Union que sur l’invita-
tion de Mariiz. Le commandant Bouwer a, en
Outre, vu do nombreux télégrammes et mes-
sages héliographiques daiant du commen-
cement de septembre. Maritz se vantait)
d’avoir reçu des Al ernands un grand nom-
bre de canons, de fusils, de munitions, ainsi
que des sommes importantes d'argent. H
déclarait qu'il envahirait toute l’Afrique du
Sud.
Le télégramme du gouverneur général de j
l’Union ajoute que le gouvernement a pris,
les mesures les plus rigoureuses pour briser
ia révolte et pour punir comme il convient
les rebelles et les traîtres.
Maritz est un Hollandaisqoi après la gaerre
sud africaine prit du service avec les Alle-
mands et combattit durant la révolte des
Herreros ; ap ès quoi, il revint dans ie sud
de l’Afrique où il exprima avec ostentation
son ressentiment de la façon dont il avait
été traité par les Allemands;
Lorsque la guerre éclata, il offrit ses ser-
vices au généra! B >iha et reçut la comman-
dement a’un corps irrégulier dans la, di-
recrion duquel sa connaissance du terri-
toire allemand promettait d’être d’une grande
utilité. .
11 convient d’ajouter, sur la foi des télé-
grammes du sud de l’Afrique, que la trahi-
son de Maritz aura l’effet imprévu pour son>
auteur de raffermir énormément ia situation
du gouvernement.
Les dépêches reçues à Londres, de l’Afri-
que du Sud, déclarent que le commando du
iieutenant-colonel Maritz ne compte guère
pius de 5C0 hommes, y compris les Alle-
mands.
Le général Botha, qui dirige les opérations,
a envoyé contre eux des forces importantes.
Le colonel Maritz,qui ee trouve prèsd’UpiDg-
ton, a un grand nombre de canons alle-
mands, des fusils, des munirions et des ap-
provisionnements.
Ce que disent les Allemands
Le communiqué officiel allemand de ven-
dredi énumérait ie burin des Aliëmands à-
Anvers.
Aucun navire belge ou anglais n’était dans
le port, par contre trente-quatre steamers
allemands (et trois voiriers) immobilisés
dans le port depuis le commencement de la
guerre firent trouvés — à l'exception a*un
ie Qneis>mu — mais les machines de tous ces
navires avaient été détruites.
Le communiqué précise que les allemands
ont huit corps d’année devant Varsovie.
.’Angieierre dispose acfuêüement
de 1,20Û,00D hommes
Au sujet d’nn article de la Franckfurler
Zeitung, disant que k Grande-Bretagne ne
peut lever que 600,000 recrues, le rédacteur
militaire du Times dit :
« Nous disposons actuellement, rien qu®
dans les Iles-BritanniqueSjde 1,800 000 hom-
mes, et ce nombre âttgmrinte sans cesse.
Nous avons l’habituée, comme les Etats-
lk>s, de ne commencer à lever nos armée»
qu’après qué la guerre a éclaté et de conti-
nuer à les lever jusqu’à ce que notre but
soit atteint. G’est ce que nous faisons actuel- '
iement.
» Nous avons envoyé en France une parti®
de notre g irde avancée. Nous enverrons 1®
reste bientôt et le gros de notre armée, n’y
arrivera que plus tard.
» Nous ne sommes pas pressés. N03 alliés
sauront attendre.
« ÎOU3 les Anglais qui ont l’âge militaire
dé-irent ardemment combattre. Les volon-
taires sont si nombreux que lord Kiicheuer
a dû imposer pour les engagements des COU»
Ciiions physiques très sévères. »
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