Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-10-18
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 octobre 1914 18 octobre 1914
Description : 1914/10/18 (A34,N12124). 1914/10/18 (A34,N12124).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172285p
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/12/2020
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LES INTELLECTUELS
ALLEMANDS
Le Temps vient de donner la liste
complète des intellectuels allemands
qui ont signé l’appel aux « Nations
civilisées » que nous avons reproduit
mercredi dernier. Tous ceux de nos
compatriotes qui ont étudié en Alle-
magne ou qui ont suivi le mouvement
des sciences, des lettres et des arts
d’outre-Jihin ont retrouvé là des noms
1)ien connus d’eux, des noms non-seu-
lement illustres mais portés par dos |
hommes dont ils estimaient naguère
le libéralisme.
Comme l’écrivait M. Denys Cochin
dans le Figaro d’hier, « c’est un cha-
grin, quand on a profondément ai-
mé la philosophie et la science, quelle
qu’en soi• l origine, de voir signer de
pareils noms une déclaration si pleine
d’inexactitudes. » M. Denys Cochin
est courtois jusqu’au bout, c’est « men-
songes » qu’il voulait dire et encore
ce mot est-il trop doux à l’adresse de
ceux qui ont osé traiter de bandits les
malheureuses victimes belges.
Ce manifeste ôte une dernière illu-
sion à ceux qui craignaient de faire
une généralisation trop hâtive en en-
globant toute l’Allemagne dans une I
réprobation collective ; c’est bien déci-
dément l'Allemagne tout entière qui
se met au ban de la civilisation. Mais
ce manifeste prouve aussi qu’elle se
sent elle-même déshonorée aux veux
des « nations civilisées » et qu'elle fait
un effort désespéré pour nier l’évidence.
Si tous ces savants, ces écrivains,
ces artistes onPaccepté de mettre leur
signature au bas de ce factum dont
la pauvreté égale le cynisme, c’est qu’il
s’agissait d’un service commandé pour
essayer de sauver le prestige allemand
mis en si mauvaise posture. Le titre
d’« excellence » dont la plupart ont
fait suivre leur nom prouve d’ailleurs
qu’ils Se sont souvenus qu’ils n’étaient
pas seulement des intellectuels mais
aussi des fonctionnaires et des courti-
sans. Ils ont marché par ordre, tout
comme de vulgaires incendiaires de
Louvain, qui, eux aussi, devaient
affermir à leur manière le prestige
allemand.
Pauvreté d’argument, c'est, certes,
ce qui caractérise au premier coup
d’oeil ce plaidoyer de gens si capables
qu’ils ne savent pas même se défen-
dre. « Ce n’est pas vrai », voilà toute
l’argumentation qui, en d’autres
temps, ferait hausser les épaules aux
juristes et aux historiens qui se trou-
vent parmi eux.
« Il n'est pas vrai que l’Allemagne
ait provoqué cette guerre » est une j
affirmation vraiment insuffisante pour
justifier comment Guillaume II, choisi
comme arbitre par le tzar dans le dif-
férend entre la Russie et l’Autriche,
ait pour déclarer la guerre à celui
qui lui avait fait confiance, avant
même que le gouvernement autrichien
ait renoncé à négocier avec celui de
Pétrograd.
« Il n'est pas vrai que nous ayons
violé criminellement la neutralité de
la Belgique. Nous avons la preuve I
irrécusable que la France et l’Angle-
terre, sûres de la connivence de la\
Belgique, étaient résolues à violer I
elles-mêmes cette neutralité. De la
part de notre patrie, c’eût été com-
tnettre un suicide que de ne pas pren- I
dre les devants. » C’est là le grand I
argument pour échapper à l’opprobre I
innexpiable de l’attaque de la paisible I
Belgique ; mais ou est-elle donc cette I
preuve irrécusable ? Les nations civi-1
Usées ne se laisseront pas leurrer de I
mots ; elles ont déjà d’ailleurs la I
preuve « irrécusable » pour de bon de I
la pureté de nos intentions. Notre I
échec en Belgique, à la fin 'd’août, a I
prouvé avec trop d’évidence, hélas, que I
nous ne nous étions nullement prépa-1
rés à une action, légitime ou non, de !
ce côté là 1
Le seul argument qui signifie quel- I
que chose c’est celui que les intellec-
tuels allemands ont employé à propos I
de Louvain : « Tout en contestant I
d’être inférieurs à aucune autre nation
dans notre amour de l’art nous refu-
sons énergiquement d’acheter la con- I
servalion d’une oeuvre d’art au prix I
d’une défaite de nos armes. » Voilà
qui est clair, surtout à la lumière des
Incendies allumés partout sur le pas- I
sage des modernes Vandales. Ils écra-
sent tout pourvu qu’ils passent, les
oeuvres d art, les traités internatio-
naux, les populations paisibles. Soit,
la fin justifie les moyens ; mais s’il est I
entendu que tous les tempéraments
que les peuples modernes ont voulu
apporter aux maux de la guerre sont I
lettres mortes, de quel droit, intellec- J
fuels allemands, vous adressez-vous !
aux nations « civilisées » ?
Polir obvier au vide de votre plai-
doyer vous avez beau mettre vos per-
sonnes en avant et dire: cr Vous\
qui nous connaissez, croyez-nous 1 » I
qn ne vous-croira pas, même si vous I
LA GUERRE
I Sommaire des principaux faits relatifs
à la Guerre
« NOTRE «ILE GAUCHE
17 Octobre. — Le front de combat passe
à Ostende,Thourojit, Roulers et Menin.
Sur la rive droite de la Lys nous avons
refoulé l’ennemi au delà de Fleurbaix et
nous approchons des abords 1 d’Armentières.
Les troupes britanniques ont occupé
Fromelles.
Nous avançons toujours dans la région
d’Arras.
A NOTRE «ILE DROITE
17 Octobre. —Nous -progressons dans 1]
la région de Saint-Mihiel.
RUSSIE
17 Octobre. — Sur le cours moyen de la
Vistule les austro-allemands sont réduits à
la défensive. I
Les Russes ont l’avantage devant Prze-
mysl. |
SUR MER
17 Octobre. — Un sous-marin allemand
aurait été coulé sur les côtes d’Ecosse et I
un Zeppelim a été capturé en mer.
Dans l’Adriatique un torpilleur aulri- I
chien a été coulé.
invoquez, en les profanant, les noms
de vos glorieux ancêtres, Goethe,
Beethoven, Kant !
Un des élèves les plus distingués des
fameux « docteurs » allemands, le sa-
vant genevois Edouard Chapuisat, leur
a déjà répondu par la voie du Temps :
« Je sais qui vous êtes, messieurs ; je
sais que l’héritage d’un Goethe, d’un
Beethoven et d’un Kant est pour vous
chose sacrée, mais Goethe, Beethoven
j et Kant ont disparu.et le monde est
debout. Ne permettez pas qu’il les
haïsse en leur faisant endosser, au
travers d’un siècle, les responsabilités
de la mort de tant d'hommes dont les
bras et le cerveau eussent été utiles
au sol, au foyer et à l’esprit. »
Goethe, Beethoven, Kant resteront
les maîtres de l’humanité pensante
| tout entière, mais la responsabilité du
r déshonneur de ^Allemagne et du deuil
de l’Europe pèsera lourdement sur
ceux qui ont livré leur héritage au
militarisme prussien.
CASPAR-JORDAN.
DÉPLACEMENTS MINISTÉRIELS
Paris, 17 octobre.
M. Malvy, ministre de l’intérieur, quittera
Bordeaux dans la soirée, se rendant à Paris
où il restera quelques jours.
Il résoudra sur place les questions concer-
nant son administration.
M. Briand, ministre de la justice, et M. Sar-
rant, ministre de l’instruction publique,
accompagneront M. Malvy, mais ils traverse-
ront seutemeut Paris, car ils doivent se ren-
dre dans plusieurs départements de l’Est.
En Alsace
Une dépêche de Bâle au Daily Mail.dit que
les Français ont réoccupê Attkirch et mena-
cent actuellement Mulhouse.
Le combat a été très violent.Les Allemands
ont éprouvé des pertes si sérieuses qu’ils ont
employé ISO automobiles pour emporter
'leurs blessés.
D’autre part,des nouvelles reçues à Zurich,
jeudi, de la frontière alsacienne font savoir
qu’un récent engagement a eu lieu et que
les troupes françaises occupent d'excellentes
positions.
Notons que depuis quelque temps, nous j
occupons Dannemarie, au Sud d’Altkirch.
Les Allemands en Belgique
Amsterdam^ (S octobre
Suivant la Rotterdamsche Courant un grand
mouvement de troupes allemaùdes a lieu
d’Anvers dans la direction de l’Ouest.
L’Occupation d’Osteude
Amsterdam, 17 octobre.
Suivant un télégramme officiel de Berlin,
les Allemands ont occupé CMende.
(Nous pouvons ajouter que cette nouvelle
était déjà connue au Havre depuis vendredi,
cette occupation ayant eu lieu mercredi
dernier).
DEVANT VARSOVIE
Pétrograd, 17 octobre.
Les dernières nouvelles du théâtre de la
guerre en Prusse Orientale confirment caté-'
goriquement que les Allemands furent par-
tout forcés d’abandonner l'offensive pour
prendre la défensive.
Les Russes sont passés déjà eu plusieurs
endroits sur la rive gauche de la Vistule, ce
qui a eu pour effet de ramener le calme com-
plet parmi la population de Varsovie.
S’agit-il du Kaiser ?
Péfrograd, 14 octobre.
Un correspondant du Russkoe Slovo ap-
prend que des préparatifs ont été commen-
cés à Czestochowa pour la réception d’un‘
haut dignitaire allemand. Le bruit court
qu’il s’agit du kaiser ltri-mème.
De nombreux généraux allemands se ren-
dent également à Czestochowa où, suppose-
ra, un iiuoortaat evéueme.at militaire aura
lie*,;
Communiqués du ionsiieinf
(i7 OCTOBRE:)
Paris, 15 heures, reçu à 17 heures.
I Calme relatif sur la majeüre partie
du front.
A notre Gauche
Pas de modifications dans la région
d'Ypres et sur la rive droite de la
Lys.
Les alliés ont occupé Fleurbaix et
les-abords immédiats d’Armentières.
Dans la région d’Arras, nous avons
gagné quelque terrain.
Les troupes allemandes occupant la
Belgique occidentale n’ont pas dé-
passé la ligne Ostçnde-Thourout-Me-
nin.
A notre droite
Dans la région de Saint-Mihiel,
nous avons continué à gagner quelque
terrain,
Russie
Sur le front de la Prusse Orientale,
la situation est sans changement.
Sur le cours moyen de la Vistule,
^es austro-allemands ont été réduits à
là défensive.
Sur tout le front les combats conti-
nuent.
Au Sud de Przemysl, les Russes ont
fait cinq cents prisonniers.
Paris, 23 heures, reçu à 1 h. 35 du matin.
Sur tout le front, simple canno-
nade.
A l’Aile Gauche
Nos progrès continuent.
Les troupes britanniques ont pris
Fromelles, au Nord-Ouest de Lille.
Sur le canal d’Ypres à la mer, les
fusiliers marins français ont repoussé
l’attaque allemande.
Chronique Belge
Manifestation de Sympathie
nu IDaiEHEIEIT EELBE
MM. Mithouard, président du Conseil municipal de
Paris, et Chéret, président du Conseil générai
ds la Seine, sent venus au Nice Havrals
saluer les Ministres de Belgique.
I Une manifestation, dont nous nouions dire le
I caractère de confiante intimité, a eu lieu hier
I après-midi, dans le grand salon de l’Hostellerie
I du Nice Havrais. Ce bel immeuble abrite, on
I lésait, neuf ministres de la nation soeur, tan -
I dis que le corps diplomatique a son siège à
I l’hôtel des Régates.
I Dans le but de manifester leurs sentiments
| de haute sympathie et d’admiration pour le
I peuple belge et ses représentants, MM. Mi-
I thouard, président du Conseil municipal de
I Paris, et Cheret, président du Conseil général
| de la Seine, .étaient venus tout spécialement de
I Paris hier, en automobile.
Le gi and salon de l’Hostellerie, déjà luxueux
I par ses décors, ses tapisseries et son ameuble-
I ment, a été orné, â l’intention de nos amis, de
I superbes plantes vertes et de bronzes d’art
I symboliques, tels « L’Amitié », d’Auguste Mo-
I reau ; « La Gloire », du même auteur, et « Le
I Drapeau », d’Hip. Moreau,
A quatre heures après-midi, se trouvaient
I réunis hier les membres du Conseil des minis-
| très de Belgique : MM. Carton de Wiart, v/ce-
I président du Conseil, garde des sceaux ; Bey-
| r/er, ministre de l’intérieur ; Davignon, minis-
I tre des affaires étrangères ; Segert, ministre
I des chemins de for ; Renkin, ministre des colo-
I nies ; Van de Vyvere, ministre des finances
I Helleputte, ministre des travaux publics ; puis
I les ministres d’Etat, MM. Van den Heuvel, Lié-
I baert, Van der Velde, Paul Hymans et Louis
I Hymans.
I Assistaient encore à cette réunion, MM. P.
I Morgand, maire du Havre ; L. Brindeau, sé-
I nateur ; J. Siegfried et G. Ancel, députés ; J.
I des Gâchons, lieutenant d’Etat-Major en rà-
I serve, directeur du Nice Havrais, adjoint au
I préfet.
I Lorsque les présentations eurent été faites
par M. Hennion, préfet, commissaire du gou-
verment, M. Mithouard, pris la parole.
« Nous avons tenu, dit-il, M. le président du
Conseil général et moi, à vous appo, ter nos
vives sympathies et nos sentiments de bienve-
I nue. Cas sentiments d’amitié sont devenus,dans
I les circonstances terribles que nous traversons,
I quelque chose de si étroit et de si parfait, qu’il
nous semble que nous sommes tous les enfants
d’une même famille. Ces sentiments se résu-
ment tout entier dans l’admiration que nous
éprouvons pour sa Majesté le Roi Albert et pour
sa Majesté la 'Reine, que nous aurions été très
fiers-de saluer ici.
» Nous devons vous dire, au milieu des
épreuves que vous traversez, qu'il nous est
doux de voir nos patries confondues, et Com-
bien nous sommes fiers qu'un morceau du ter-
ritoire français soit devenu momentanément la
patrie Belge..
» Nous conservons aussi un souvenir ému de
| votre grand bourgmestre, de votre très cher
! a mi. M. de Max, qui personnifie si nettement
votre héroïsme.
» L’heure présente doit être consacrée à la
défense de la patrie, mais nous ne serons heu-
reux que lorsque nous mettrons ensemble l’en-
nemi hors de votre territoire, aux Cris de Vive
le Roi Albert, Vive Sa Majesté la Reine. »
M. Cheret, président du Conseil général de
la Seine, parle ensuite et dit :
« J’ai tenu à associer le département de la
Seine à la manifestation faite en votre hon-
neur par M. le Président du Conseil Municipal.
J'ai tenu à me faire, auprès de vous, l’inter-
prète de nos sentiments d’admiration profonde,
et pour votre noble souverain et pour votre
peuplahéroique.mais je vous avoue qu'après
les mots si profondément pensé s que vient de
prononcer mon excellent ami M. Mithouard,
les expressions me manquent. Je repéterai
donc le mot que vous retrouverez à toutes les
lignes de ceux qui se font les interprètes de la
pensée française en oe moment : d’est toujours J
le mot (< admiration » qui revient ; admiration
profonde, jointe à des sentiments de sympathie
que vous pouviez trouver dans la France sym-
pathie qui. n’a pu que s'accroître devant le mar-
tyre que vous avei eu à subir. Mais nous som-
mes persuadés que la Belgique sortira grandie
par ces épreuves et qû’aprè s a voir vu la petite
Belgique hérçïque, nous verrons bientôt la très
grande et très noble Belgique. »
Après ces chaudes .paroles qui allèrent au
'dMSwr PM représentants belges. M Carton de
Wiart, vice-président du Conseil des Ministres,
prononça le discours suivant :
DISCOURS DE ffl. CARTON DE WIART
Vice-président du Conseil des Ministres
« Messieurs,
J » C’est à M. de Broqueville, chef du Cabinet
belge qu’il eut appartenu de répondre à la dé-
marche dont vous avez pris la délicate initia-
tive, Ses fonctions le retiennent en ce moment
auprès de nos troupes. En son absence, au nom
des collègues du gouvernement, je vous remer-
cié cordialement des sentiments que vous venez
d’exprimer avec une aussi affectueuse éloquence.
» Vous avez dit que nous avons fait notre de-
voir. Je vous réponds simplement : Nous le
croyons et nous entendons bien continuer à le
remplir et c’est pourquoi, malgré notre neutra-
lité indignement violée, bien que notre sol soit
imbibé du sang de nos enfants et couvert de la
cendre de nos villes et de nos villages, en dépit
de la nécessité douloureuse qui nous est faite
de nous éloigner pour un temps d'idées et de
choses qui sont des parties de nous-mème,mal-
gré cela nous ne nous plaignons pas.
» Nous ne nous plaignons pas, certains que
nous sommes qu’une nation qui a souci de
maintenir son rôle dans la civilisation, qui re-
présente la cause môme du droit et qui se dé-
fend courageusement, ne peut pas périr et que
Dieu ne le permettra point.
» Nous ne nous plaignons pas, parce que le
concours des valeureuses armées des nations
alliées achève de nous assurer la certitude du
triomohe final.
» Nous ne nous plaignons pas, parce que les
sympathies que nous rencontrons dans toutes
les intelligences droites et tous les coeurs gé-
néreux sont un bien puissant réconfort.
» Et comment ne compterions nous pas par-
mi les plus précieuses entre ces sympathies,
celles de la Ville de Paris, de cette grande cité
d’où rayonne, à travers le monde, la culture
et i’inffuenoede la France. Votre vi'le Messieurs,
a connu d'innombrables péripéties.Son histoire
est faite d’heurs et de malheurs, de gloire et
de souffrance, mais" vous avez triomphé tou-
jours de toutes les épreuves et sous le vaisseau
symbolique qui briffe dans vos armes, on lit
cette devise fameuse « Fluctuât neo mergitur ».
Notre nef, comme la vôtre, peut connaître
des tempêtes ; elle ne connaîtra pas de nau-
frage. Voici d'ailleurs qu’elle a trouvé abri
dans ce Havre de Grâce dont le nom est, lui
aussi, un symbole. Ici, en vue de cette r&de >
admirable, auprès de ces côtes, le Gouverne-
ment de la République Française, que nous
nous félicitons de voir représenté auprès de
nous par M. le préfet Hennion, nous facilite,
dans le plein exercice de la souveraineté natio-
nale, les conditions d'administration de la Bel-
g!que et de sa grande colonie, en attendant
l'heure lumineuse qui viendra et qui tout
payera.
» Quand elle aura sonné, cette heure de
triomphe définitif, que nous savons certaine et
que nous espérons prochaine, nous prendrons
rendez vous, n'est-ce pas, à Bruxelles, notre
chère capitale reconquise, et nous vous dirons,
mieux que nous ne pouvons le faire aujour-
d’hui, notre gratitude pour l’accueil que vous
nous avez fait et les sympathies dont vous nous
entourez ».
A son tour, et pour clore cette série de dis-
cours, M. Franz Schollaert, ministre d’Etat et
président de la Chambre des députés, s'adres-
sant plus particulièrement à M. Morgand,
maire du Havre, s'exprima en ces termes :
» Nous avons trouvé un morceau de notre
patrie momentanément chez vous et nous vous
sommes parfaitement reconnaissants du cha-
leureux accueil que vous nous avez fait. Il me
serait impossible de vous traduire dans des
termes suffisamment chauds toute la gràtitude
que nous avons pour la nation qui a été si gra-
cieuse et si fraternelle pour nous.
» Nous espérons que l'heure du triomphe est
proche, mais dut elle se faite attendre encore,
nous supporterons nos malheurs avec la certi-
tude d’obtenir la revanche qui nous est due,
parce que nous sommes restés fidèles aux trai-
tés qui, pour nous, sont des choses sacrées.
» Je vous remercie, Messieurs, avec émotion
et du fond du coeur »
Le départ de MM. Mithouard et Cheret fut
salué par un peloton de ^gendarmes belges mas-
sé devant l’Hostellerie, comme l'avait été leur
arrivée.
Les Ambassadeurs
Nous avons donné cas jours-ci un court aperçu
des conditions dans lesquelles les représentants
officiels de la Belgique se trouvaient installés au
Nice Havrais.
Nous avons signalé à ce propos que le corps
diplomatique des nations amies ou neutres a
suivi les membres du gouvernement belge dans
son exil momentané et s'est installé également
à Sainte Adresse.
Tous les membres du corps diplomatique
sont maintenant réunis à l'Hôtel des Régates
qui méritera prochainement la dénomination
plus exacte d'Hôtel des Ambassadeurs ou d'Hôtel
des Légations. Nous avons également désigné
quelques-uns de ces notables personnages,
mais quelques omissions se - sont forcément '
produites. C’est ainsi qu'il nous est particuliè-
rement agréable de mentionner aujourd'hui l»
présence parmi nous des membres de la léga-
tion d’Angleterre, qui naturellement tient une
place primordiale dans l'entourage du gouver-
nement belge.
La légation d’Angleterre possède â sa tête
Son Excellence l’Honorable Sir Francis Hyde
Vi tiers.
Envoyé extraordinaire et Ministre Plénipo-
tentiaire près du roi des Beiges, Sir Francis
occupa le poste, très envié et très délicat de
sous-secrétaire des affaires étrangères, de 1896
à 1905. Après avoir ôté ministre d'Angleterre à
Lisbonnede 1906à 1911,il remplitdepuis 'orsses
mportantes fondions â Bruxelles.
Il n’est pas sans intérêt de dire que ce haut
diplomate est le fils cadet du célèbre lord Cla-
rendon.
A ses côtés, se trouvent comme conseiller de
légation M. G J Kidston et comme attaché de
légation m. web per.
Ces notabilités qui s ont arrivées par bateau
en môme temps que leurs collègues des autres
légations ont été rejoints samedi par M. le co-
lonel W. E. Fairholm». Cet offfoier, qui remplit
les fonctions d’attaché militaire avait quitté
l’ambassade il y a plusieurs jours pour se ren-
dre sur le front de bataille belge. Il a gagné
notre ville en automobile apportant ainsi â son
ministre des appréciations personnelles sur les
événements militaires dont il a ôté le témoin.
Naturellement, malgré ce déplacement rien
n'est changé au fonctionnement des services
diplomatiquse, qui bénéficient du droit d’exter-
ritorialité accordé au gouvernement belge et si
les pavillons mêlent leurs couleurs sur l'« Hôtel
des Légations », les services de divers ambassa-
deurs demeurent indépendants dans la capitale
momentanée de la Belgique.
Les Ministères
Ministres d'Etat : MM. Liebaert, Cooreman
et Madame, Ifan den Heuveh, Huysmans, Ma-
dame et Mademoiselle ; comte Goblet d’Aiviella,
Hymans et Madame, Van der Velde. — 4, place
Frédéric-Sauvage, Sainte-Adresse.
La Cour : Général Jungbluch, adjudant géné-
ral du roi ; M. Ingenbleck, secrétaire du roi.
Villa Maritime.
Fonctionnaires : Baron Van der Eslt, secré-
taire général du département des affaires étran-
gères; baron de Gaifffer, ministre plénipoten-
tiaire, directeur général de la politique.
Ministres à portefeuille : M. Carton de Wiar,
justice ; M. Davignon, affaires étrangères: M.
Van de Ifyvere, finances; M. Berryer, intérieur ;
M. Poulet, sciences et arts ; M. Renkin, colo-
nies; M. Segers, chemin de fer, postes (belle-
mère et femme) ; M Helleputte, travaux publics
(Madame); M.Schsilaert, président de la Cham
bre. — Hostellerie du Nice Havrais, Sainte-
Adresse.
Corps Diplomatique
Angleterre : Sir Francis V;tiers, ministre ;
Lady Villers, Miss Villers ; Hidson, fer secré-
taire : Waber, attaché ; 3 domestiques.
Russie : Prince Koudaoheffe, ministre ; Prin-
cesse Koudacheffe ; 4 domestiques ; M. Behr,
Mme Behr, 2 enfants.
Roumanie : M. Djuvara, ministre, et Mme
Djuvara ; une femme de chambre.
Hollande : Un secrétaire.
Italie : M. Carignani, ministre.
Turquie : M, Vousreb Bey, ministre.
Grèce : M. Levidis, ministre.
Japon : Chargé d’affaires.
Suède : Consul général.
Norwège : Consul général.
Hôtel des Régates, avenue des Régates,
Sainte Adresse.
Réception des Parlementaires
havrais par lè Gouvernement belge
Les membres du gouvernement belge et le
président de la Chambre des représentants ont
reçu, à 5 heures, MM. Louis Brindeau, séna-
teur ; Jules Siegfried et Georges Ancel, dépu-
tés, qui sont venus leur apporter l’expression
des profondes sympathies et de l’admiration de
la population de la région havraise pour la
Belgique, pour S. M. le roi Albert et pour son
armée.
Echange de Télégrammes
M. Carton de Wiart, ministre de la justice de
Belgique, a adressé au président de la Répu-
blique la dépêche suivante :
« Monsieur le Président de la République
française, Bordeaux. —
» Les membres du gouvernement belge et les
ministres d'Etat installés au Havre prient Mon-
sieur le président de la République française
d’agréer l’hommage de leurs sentiments très
respectueux. Ils remercient cordialement le
gouvernement d'avoir bien voulu déléguer M.
Augagneur, ministre de la marine, pour les
accueillir au débarquement et leur souhaiter en '
son nom la bienvenue. Ils lui expriment aussi
toute leur gratitude pour les dispositions prises
en vue de leur faciliter ici le libre exercice des
droits et des devoirs de la soiAieraineté natio-
nale belge, en attendant l’heure prochaine où
sonnera le triomphe définitif du droit.
» Jamais ils n’oublieront avec quel empres-
sement la France, garante de notre neutralité,
a voulu joindre au. respect de la parole donnée
le réconfort de l’amitié la plus délicate et la
plus attentive.
« CARTON DE WIART.
» Ministre de la Justice. »
Le président de la République a répondu en
oes termes :
«S. E. Monsieur Carton de Wiart, mi-
nistre de la justice de Belgique,
Le Havre.
» Je vous remercie, vous et vos collègues du
gouvernement royal, des sentiments que vous
voulez bien m’exprimer. La population du Ha
vre s’est faite, par l’accueil qu’elle vous a ré-
servé, l’interorète de la France tout entière.
» Nous étions, en vertu des traités, garants
de la neutralité belge et nous ne sommes pas de
ceux qui désavouent leur signature. Mais l'hé-
roïsme de votre nation et le sang versé en
commun ont rendu notre devoir encore plus
sacré, et nous le remplirons lusqu’au bout avec
toute l’ardeur d'une fraternelle amitié.
» RAYMOND POINCARÉ. »
Les Miliciens
Bordeaux, 17 octobre.
La légation de Belgique communique une
note disant que les miliciens belges de la classe
1914 sont appelés sous le s drapeaux. Les sujets
belges de 18 à 30' ans peuvent contracter des
engagements pour la durée de la guerre.
Cas deux catégories de militaires, ainsi que
les soldats ayant perdu contact avec le gros de
l’armée, doivènt se rendre à Rouen ou . â Bor-
deaux, suivant qu’ils se trouvent â proximité de
l’une ou de Pautre de ces villes.
Le gouvernement français a donné des ins-
tructions aux préfets pour t&çiiftêr la concen-
tration de cee militaires.
■ L’Evacuation des Blessés belges
Ostende, 17 octobre.
Tous les malades et blessés, soignés à Os»
i tende ou aux environs, ont été évacués.
I' ne reste plus actuellement un seul blessi
en Belgique; les uns ont été dirigés en France,
les autres en Angleterre.
Courageuse attitude
de la Reine des Belge#
Paris, 17 octobre.
le « Journal » dit, qu’après le départ des
derniers blessés, la reine Elisabeth est partie
pour l'Angleterre.
D’autre part, le « Matin » reproduit une dé-
claration de M. Huismans, ministre d'Etat, dé-
mentant la déoart de la Baa», an affirmant
qu elle ne voulut pas se séparer de son vaillant
époux, et qu’elle se trouve actuellement a»
grand quartier général.
Adresse de Sympathie aux Belges
Pétrograd, 17 octobre.
Un groupe de femmes russes, sur l'initiative
de la femme de M. Goromykine, président dm
Conseil, et de Mlle Rutzoff, demoiselle d’hon-
neur de l’impératrice Alexandra Feodorovna.
désirant exprimer l'admiration que leur inspi-
rèrent la conduite et le courage de la reine dea
Belges, ainsi que leur sympathie chaleureuse
pour le s femmes de ce pays héroïque, envoie
I adresse suivante aux femmes belges r- \
« C’est â vous, mères, soeurs, épouses, fi/le»
dos héros do LiègOy do Louvain, d’Anvers, qum
les femmes russes, dans un irrésistible élan
d'admiration pour la défense héroïque de le
Belgique, adressent un salut fraternel.
» Au moment suprême de votre lutte contre
les nouveaux barbares qui envahissent le beau
pays des Flandres et de Brabant, et qui dans
un affolement sanguinaire, au mépris des trai-
tés par lui môme signés, oubliant toutes les lois
humaines, foulant au pied toute idée d'huma-
nité, au moment où l'oppresseur allemand fait
irruption en B igique, mettant tout à feu et h
sang, pillant, tuant les femmes et tes enfants,
portant une main sacrilège sur les églises et sur
les foyers, nous voulons être avec vous de coeur,
» Puisant une force invinoib'e dans son droit,
et sous la conduite vaillante de son roi, la Bel-
gique s’est leyéo toute entière contre l’agres-
seur ; elle a provoqué, par sa valeur épique,
l’admiration du monde civilisé.
» Nous adressons au Tout Puissant nos fer-
ventes prières pour le triomphe définitif du
droit sur la force, pour qu’il vous rende 1e
calme et le bonheur dans vos foyers, pour qu’il
vous donne, en attendant, le courage de sup-
porter jusqu'au bout les épreuves terribles par
lesquelles vous passez.
» Nous vous apportons, du fond du coeur, k
vous toutes qui, comme votre reine sublime, si
pleine de courage et d'abnégationr vuus Ata».....
dévouées aux soins des blessés, aux secours
pour les malheureux, notre sincère affection el
notre sympathie les plus ardentes. N JUS tenons
à vous dire, en oe moment d’horreur et d’an-
goisse, que le courage avec l'aide de Dieu triom-
pheront.
Gloire à la Belgique
Dans le « Matin », M. Peilètan fait remarquer
que peu de nations dans l'histoire donnent un
exemple aussi sublime que la natio i belge, qui
marcha sans hésitation au devant du martyre;
dans le seul but de ne pas trahir la foi[ publi-
que et de sauver le monae. L'heure de la re-
vanche va sonner, l'Europe a contracté, â l’é-
gard de la Belgique, une dette sacrée et se dés-
honorerait si elle déposait les armes avant que
le dernier Teuion ait été chassé de la Belgique.
Le monde entier est en marche pour écraser la
domination allemande. La Belgique sera libé-
rée et vengée. Saluons d’avance la grande et
radieuse ressuscitée de demain.
LA LUTTE DES ALLEMANDS ET DES RUSSES
Pétrograd, 17 octobre!
Le Messager de l’Armée écrit que des com-
bats acharnés continuent sur tout le front
prussien où les Allemands, profitant savam-
ment des défilés sylvestres et lacustres et oc-
cupant des positions préalablement prépa-
rées, se défendent furieusement mètre par
mètre.
Cette résistance est uarticulièrement te-
nace dans la région de Wirbalien.
La grosse artillerie allemande tonne sans
répit, produisant cependant un effet plutôt
moral que matériel.
Tous les efforts tentés par les ennemis
pour traverser la Vistule restent infructueux,
les Russes les refoulent chaque foia et dé-
truisent les ponts qu’iis jettent sur le fleuve.
Le Messager de l’Arméeconstate égalé meut
qu’au cours de la bataille d’Augustow, les
Allemands perdirent 40 0/0 de leurs effec-
tifs, Il constate également que l'ennemi lors-
qu’il tombe sous le feu direct de l'artillerie
abuse des emblèmes de la Croix-Bouge.
DIRISEABLE CAPTURÉ
Le correspondant du Times à Hurwich té-
légraphie en date du 16 octobre :
Le capitaine Lawrence, commandant le
vapeur Colchester arrivé au quai de Patkers-
toue cet après-midi, dit avoir rencontré dans
la mer du Nord deux torpilleurs britanni-
ques qui venaient de capturer un dirigeable
et il a été impossible de savoir si le dirigeable
avait été précipité dans tes flots par le mau-
vais temps ou par la canonnade dirigée con-
tre lui ; mais ce qui n’est pas douteux, c’est
qp’il était en la possession des marins an-
glais.
Un sous-marin allemand coulé
Londres, 16 octobre.
D’après le journal Scotsman, le bureau an-
glais de la presse a signalé.sans le confirmer,
un rapport daprès’ lequel un sons-mari#
allemand aurait été coulé, samedi dernier,
au large de la côte orientale d’Ecosse.
Depuis quelques jours, on'se doutait qu’nn
ou plusieurs sous-marins allemands étaient
en action, à une distance éloignée do leur
base. L’un de ces sous-marins avait, à trois
reprises, lancé des torpilles sur les vais*
seaux effectuant des patrouilles le long de ia, 1
côte. - - * - v
« La manière dont a délogé l’ennemi, dé-
clare le Scotsman, n’a pas besoin d’être dé-
crite. Ce fut une scéhe pittoresque dont ont
pu être témoins sur la côte de nombreux
spectateurs. Le sous-marin fut forcé par ses
assaillants de monter à la surface. Il y eut
une salve d’artillerie et le vaisseau e.nnemi
V^onla, •
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LES INTELLECTUELS
ALLEMANDS
Le Temps vient de donner la liste
complète des intellectuels allemands
qui ont signé l’appel aux « Nations
civilisées » que nous avons reproduit
mercredi dernier. Tous ceux de nos
compatriotes qui ont étudié en Alle-
magne ou qui ont suivi le mouvement
des sciences, des lettres et des arts
d’outre-Jihin ont retrouvé là des noms
1)ien connus d’eux, des noms non-seu-
lement illustres mais portés par dos |
hommes dont ils estimaient naguère
le libéralisme.
Comme l’écrivait M. Denys Cochin
dans le Figaro d’hier, « c’est un cha-
grin, quand on a profondément ai-
mé la philosophie et la science, quelle
qu’en soi• l origine, de voir signer de
pareils noms une déclaration si pleine
d’inexactitudes. » M. Denys Cochin
est courtois jusqu’au bout, c’est « men-
songes » qu’il voulait dire et encore
ce mot est-il trop doux à l’adresse de
ceux qui ont osé traiter de bandits les
malheureuses victimes belges.
Ce manifeste ôte une dernière illu-
sion à ceux qui craignaient de faire
une généralisation trop hâtive en en-
globant toute l’Allemagne dans une I
réprobation collective ; c’est bien déci-
dément l'Allemagne tout entière qui
se met au ban de la civilisation. Mais
ce manifeste prouve aussi qu’elle se
sent elle-même déshonorée aux veux
des « nations civilisées » et qu'elle fait
un effort désespéré pour nier l’évidence.
Si tous ces savants, ces écrivains,
ces artistes onPaccepté de mettre leur
signature au bas de ce factum dont
la pauvreté égale le cynisme, c’est qu’il
s’agissait d’un service commandé pour
essayer de sauver le prestige allemand
mis en si mauvaise posture. Le titre
d’« excellence » dont la plupart ont
fait suivre leur nom prouve d’ailleurs
qu’ils Se sont souvenus qu’ils n’étaient
pas seulement des intellectuels mais
aussi des fonctionnaires et des courti-
sans. Ils ont marché par ordre, tout
comme de vulgaires incendiaires de
Louvain, qui, eux aussi, devaient
affermir à leur manière le prestige
allemand.
Pauvreté d’argument, c'est, certes,
ce qui caractérise au premier coup
d’oeil ce plaidoyer de gens si capables
qu’ils ne savent pas même se défen-
dre. « Ce n’est pas vrai », voilà toute
l’argumentation qui, en d’autres
temps, ferait hausser les épaules aux
juristes et aux historiens qui se trou-
vent parmi eux.
« Il n'est pas vrai que l’Allemagne
ait provoqué cette guerre » est une j
affirmation vraiment insuffisante pour
justifier comment Guillaume II, choisi
comme arbitre par le tzar dans le dif-
férend entre la Russie et l’Autriche,
ait pour déclarer la guerre à celui
qui lui avait fait confiance, avant
même que le gouvernement autrichien
ait renoncé à négocier avec celui de
Pétrograd.
« Il n'est pas vrai que nous ayons
violé criminellement la neutralité de
la Belgique. Nous avons la preuve I
irrécusable que la France et l’Angle-
terre, sûres de la connivence de la\
Belgique, étaient résolues à violer I
elles-mêmes cette neutralité. De la
part de notre patrie, c’eût été com-
tnettre un suicide que de ne pas pren- I
dre les devants. » C’est là le grand I
argument pour échapper à l’opprobre I
innexpiable de l’attaque de la paisible I
Belgique ; mais ou est-elle donc cette I
preuve irrécusable ? Les nations civi-1
Usées ne se laisseront pas leurrer de I
mots ; elles ont déjà d’ailleurs la I
preuve « irrécusable » pour de bon de I
la pureté de nos intentions. Notre I
échec en Belgique, à la fin 'd’août, a I
prouvé avec trop d’évidence, hélas, que I
nous ne nous étions nullement prépa-1
rés à une action, légitime ou non, de !
ce côté là 1
Le seul argument qui signifie quel- I
que chose c’est celui que les intellec-
tuels allemands ont employé à propos I
de Louvain : « Tout en contestant I
d’être inférieurs à aucune autre nation
dans notre amour de l’art nous refu-
sons énergiquement d’acheter la con- I
servalion d’une oeuvre d’art au prix I
d’une défaite de nos armes. » Voilà
qui est clair, surtout à la lumière des
Incendies allumés partout sur le pas- I
sage des modernes Vandales. Ils écra-
sent tout pourvu qu’ils passent, les
oeuvres d art, les traités internatio-
naux, les populations paisibles. Soit,
la fin justifie les moyens ; mais s’il est I
entendu que tous les tempéraments
que les peuples modernes ont voulu
apporter aux maux de la guerre sont I
lettres mortes, de quel droit, intellec- J
fuels allemands, vous adressez-vous !
aux nations « civilisées » ?
Polir obvier au vide de votre plai-
doyer vous avez beau mettre vos per-
sonnes en avant et dire: cr Vous\
qui nous connaissez, croyez-nous 1 » I
qn ne vous-croira pas, même si vous I
LA GUERRE
I Sommaire des principaux faits relatifs
à la Guerre
« NOTRE «ILE GAUCHE
17 Octobre. — Le front de combat passe
à Ostende,Thourojit, Roulers et Menin.
Sur la rive droite de la Lys nous avons
refoulé l’ennemi au delà de Fleurbaix et
nous approchons des abords 1 d’Armentières.
Les troupes britanniques ont occupé
Fromelles.
Nous avançons toujours dans la région
d’Arras.
A NOTRE «ILE DROITE
17 Octobre. —Nous -progressons dans 1]
la région de Saint-Mihiel.
RUSSIE
17 Octobre. — Sur le cours moyen de la
Vistule les austro-allemands sont réduits à
la défensive. I
Les Russes ont l’avantage devant Prze-
mysl. |
SUR MER
17 Octobre. — Un sous-marin allemand
aurait été coulé sur les côtes d’Ecosse et I
un Zeppelim a été capturé en mer.
Dans l’Adriatique un torpilleur aulri- I
chien a été coulé.
invoquez, en les profanant, les noms
de vos glorieux ancêtres, Goethe,
Beethoven, Kant !
Un des élèves les plus distingués des
fameux « docteurs » allemands, le sa-
vant genevois Edouard Chapuisat, leur
a déjà répondu par la voie du Temps :
« Je sais qui vous êtes, messieurs ; je
sais que l’héritage d’un Goethe, d’un
Beethoven et d’un Kant est pour vous
chose sacrée, mais Goethe, Beethoven
j et Kant ont disparu.et le monde est
debout. Ne permettez pas qu’il les
haïsse en leur faisant endosser, au
travers d’un siècle, les responsabilités
de la mort de tant d'hommes dont les
bras et le cerveau eussent été utiles
au sol, au foyer et à l’esprit. »
Goethe, Beethoven, Kant resteront
les maîtres de l’humanité pensante
| tout entière, mais la responsabilité du
r déshonneur de ^Allemagne et du deuil
de l’Europe pèsera lourdement sur
ceux qui ont livré leur héritage au
militarisme prussien.
CASPAR-JORDAN.
DÉPLACEMENTS MINISTÉRIELS
Paris, 17 octobre.
M. Malvy, ministre de l’intérieur, quittera
Bordeaux dans la soirée, se rendant à Paris
où il restera quelques jours.
Il résoudra sur place les questions concer-
nant son administration.
M. Briand, ministre de la justice, et M. Sar-
rant, ministre de l’instruction publique,
accompagneront M. Malvy, mais ils traverse-
ront seutemeut Paris, car ils doivent se ren-
dre dans plusieurs départements de l’Est.
En Alsace
Une dépêche de Bâle au Daily Mail.dit que
les Français ont réoccupê Attkirch et mena-
cent actuellement Mulhouse.
Le combat a été très violent.Les Allemands
ont éprouvé des pertes si sérieuses qu’ils ont
employé ISO automobiles pour emporter
'leurs blessés.
D’autre part,des nouvelles reçues à Zurich,
jeudi, de la frontière alsacienne font savoir
qu’un récent engagement a eu lieu et que
les troupes françaises occupent d'excellentes
positions.
Notons que depuis quelque temps, nous j
occupons Dannemarie, au Sud d’Altkirch.
Les Allemands en Belgique
Amsterdam^ (S octobre
Suivant la Rotterdamsche Courant un grand
mouvement de troupes allemaùdes a lieu
d’Anvers dans la direction de l’Ouest.
L’Occupation d’Osteude
Amsterdam, 17 octobre.
Suivant un télégramme officiel de Berlin,
les Allemands ont occupé CMende.
(Nous pouvons ajouter que cette nouvelle
était déjà connue au Havre depuis vendredi,
cette occupation ayant eu lieu mercredi
dernier).
DEVANT VARSOVIE
Pétrograd, 17 octobre.
Les dernières nouvelles du théâtre de la
guerre en Prusse Orientale confirment caté-'
goriquement que les Allemands furent par-
tout forcés d’abandonner l'offensive pour
prendre la défensive.
Les Russes sont passés déjà eu plusieurs
endroits sur la rive gauche de la Vistule, ce
qui a eu pour effet de ramener le calme com-
plet parmi la population de Varsovie.
S’agit-il du Kaiser ?
Péfrograd, 14 octobre.
Un correspondant du Russkoe Slovo ap-
prend que des préparatifs ont été commen-
cés à Czestochowa pour la réception d’un‘
haut dignitaire allemand. Le bruit court
qu’il s’agit du kaiser ltri-mème.
De nombreux généraux allemands se ren-
dent également à Czestochowa où, suppose-
ra, un iiuoortaat evéueme.at militaire aura
lie*,;
Communiqués du ionsiieinf
(i7 OCTOBRE:)
Paris, 15 heures, reçu à 17 heures.
I Calme relatif sur la majeüre partie
du front.
A notre Gauche
Pas de modifications dans la région
d'Ypres et sur la rive droite de la
Lys.
Les alliés ont occupé Fleurbaix et
les-abords immédiats d’Armentières.
Dans la région d’Arras, nous avons
gagné quelque terrain.
Les troupes allemandes occupant la
Belgique occidentale n’ont pas dé-
passé la ligne Ostçnde-Thourout-Me-
nin.
A notre droite
Dans la région de Saint-Mihiel,
nous avons continué à gagner quelque
terrain,
Russie
Sur le front de la Prusse Orientale,
la situation est sans changement.
Sur le cours moyen de la Vistule,
^es austro-allemands ont été réduits à
là défensive.
Sur tout le front les combats conti-
nuent.
Au Sud de Przemysl, les Russes ont
fait cinq cents prisonniers.
Paris, 23 heures, reçu à 1 h. 35 du matin.
Sur tout le front, simple canno-
nade.
A l’Aile Gauche
Nos progrès continuent.
Les troupes britanniques ont pris
Fromelles, au Nord-Ouest de Lille.
Sur le canal d’Ypres à la mer, les
fusiliers marins français ont repoussé
l’attaque allemande.
Chronique Belge
Manifestation de Sympathie
nu IDaiEHEIEIT EELBE
MM. Mithouard, président du Conseil municipal de
Paris, et Chéret, président du Conseil générai
ds la Seine, sent venus au Nice Havrals
saluer les Ministres de Belgique.
I Une manifestation, dont nous nouions dire le
I caractère de confiante intimité, a eu lieu hier
I après-midi, dans le grand salon de l’Hostellerie
I du Nice Havrais. Ce bel immeuble abrite, on
I lésait, neuf ministres de la nation soeur, tan -
I dis que le corps diplomatique a son siège à
I l’hôtel des Régates.
I Dans le but de manifester leurs sentiments
| de haute sympathie et d’admiration pour le
I peuple belge et ses représentants, MM. Mi-
I thouard, président du Conseil municipal de
I Paris, et Cheret, président du Conseil général
| de la Seine, .étaient venus tout spécialement de
I Paris hier, en automobile.
Le gi and salon de l’Hostellerie, déjà luxueux
I par ses décors, ses tapisseries et son ameuble-
I ment, a été orné, â l’intention de nos amis, de
I superbes plantes vertes et de bronzes d’art
I symboliques, tels « L’Amitié », d’Auguste Mo-
I reau ; « La Gloire », du même auteur, et « Le
I Drapeau », d’Hip. Moreau,
A quatre heures après-midi, se trouvaient
I réunis hier les membres du Conseil des minis-
| très de Belgique : MM. Carton de Wiart, v/ce-
I président du Conseil, garde des sceaux ; Bey-
| r/er, ministre de l’intérieur ; Davignon, minis-
I tre des affaires étrangères ; Segert, ministre
I des chemins de for ; Renkin, ministre des colo-
I nies ; Van de Vyvere, ministre des finances
I Helleputte, ministre des travaux publics ; puis
I les ministres d’Etat, MM. Van den Heuvel, Lié-
I baert, Van der Velde, Paul Hymans et Louis
I Hymans.
I Assistaient encore à cette réunion, MM. P.
I Morgand, maire du Havre ; L. Brindeau, sé-
I nateur ; J. Siegfried et G. Ancel, députés ; J.
I des Gâchons, lieutenant d’Etat-Major en rà-
I serve, directeur du Nice Havrais, adjoint au
I préfet.
I Lorsque les présentations eurent été faites
par M. Hennion, préfet, commissaire du gou-
verment, M. Mithouard, pris la parole.
« Nous avons tenu, dit-il, M. le président du
Conseil général et moi, à vous appo, ter nos
vives sympathies et nos sentiments de bienve-
I nue. Cas sentiments d’amitié sont devenus,dans
I les circonstances terribles que nous traversons,
I quelque chose de si étroit et de si parfait, qu’il
nous semble que nous sommes tous les enfants
d’une même famille. Ces sentiments se résu-
ment tout entier dans l’admiration que nous
éprouvons pour sa Majesté le Roi Albert et pour
sa Majesté la 'Reine, que nous aurions été très
fiers-de saluer ici.
» Nous devons vous dire, au milieu des
épreuves que vous traversez, qu'il nous est
doux de voir nos patries confondues, et Com-
bien nous sommes fiers qu'un morceau du ter-
ritoire français soit devenu momentanément la
patrie Belge..
» Nous conservons aussi un souvenir ému de
| votre grand bourgmestre, de votre très cher
! a mi. M. de Max, qui personnifie si nettement
votre héroïsme.
» L’heure présente doit être consacrée à la
défense de la patrie, mais nous ne serons heu-
reux que lorsque nous mettrons ensemble l’en-
nemi hors de votre territoire, aux Cris de Vive
le Roi Albert, Vive Sa Majesté la Reine. »
M. Cheret, président du Conseil général de
la Seine, parle ensuite et dit :
« J’ai tenu à associer le département de la
Seine à la manifestation faite en votre hon-
neur par M. le Président du Conseil Municipal.
J'ai tenu à me faire, auprès de vous, l’inter-
prète de nos sentiments d’admiration profonde,
et pour votre noble souverain et pour votre
peuplahéroique.mais je vous avoue qu'après
les mots si profondément pensé s que vient de
prononcer mon excellent ami M. Mithouard,
les expressions me manquent. Je repéterai
donc le mot que vous retrouverez à toutes les
lignes de ceux qui se font les interprètes de la
pensée française en oe moment : d’est toujours J
le mot (< admiration » qui revient ; admiration
profonde, jointe à des sentiments de sympathie
que vous pouviez trouver dans la France sym-
pathie qui. n’a pu que s'accroître devant le mar-
tyre que vous avei eu à subir. Mais nous som-
mes persuadés que la Belgique sortira grandie
par ces épreuves et qû’aprè s a voir vu la petite
Belgique hérçïque, nous verrons bientôt la très
grande et très noble Belgique. »
Après ces chaudes .paroles qui allèrent au
'dMSwr PM représentants belges. M Carton de
Wiart, vice-président du Conseil des Ministres,
prononça le discours suivant :
DISCOURS DE ffl. CARTON DE WIART
Vice-président du Conseil des Ministres
« Messieurs,
J » C’est à M. de Broqueville, chef du Cabinet
belge qu’il eut appartenu de répondre à la dé-
marche dont vous avez pris la délicate initia-
tive, Ses fonctions le retiennent en ce moment
auprès de nos troupes. En son absence, au nom
des collègues du gouvernement, je vous remer-
cié cordialement des sentiments que vous venez
d’exprimer avec une aussi affectueuse éloquence.
» Vous avez dit que nous avons fait notre de-
voir. Je vous réponds simplement : Nous le
croyons et nous entendons bien continuer à le
remplir et c’est pourquoi, malgré notre neutra-
lité indignement violée, bien que notre sol soit
imbibé du sang de nos enfants et couvert de la
cendre de nos villes et de nos villages, en dépit
de la nécessité douloureuse qui nous est faite
de nous éloigner pour un temps d'idées et de
choses qui sont des parties de nous-mème,mal-
gré cela nous ne nous plaignons pas.
» Nous ne nous plaignons pas, certains que
nous sommes qu’une nation qui a souci de
maintenir son rôle dans la civilisation, qui re-
présente la cause môme du droit et qui se dé-
fend courageusement, ne peut pas périr et que
Dieu ne le permettra point.
» Nous ne nous plaignons pas, parce que le
concours des valeureuses armées des nations
alliées achève de nous assurer la certitude du
triomohe final.
» Nous ne nous plaignons pas, parce que les
sympathies que nous rencontrons dans toutes
les intelligences droites et tous les coeurs gé-
néreux sont un bien puissant réconfort.
» Et comment ne compterions nous pas par-
mi les plus précieuses entre ces sympathies,
celles de la Ville de Paris, de cette grande cité
d’où rayonne, à travers le monde, la culture
et i’inffuenoede la France. Votre vi'le Messieurs,
a connu d'innombrables péripéties.Son histoire
est faite d’heurs et de malheurs, de gloire et
de souffrance, mais" vous avez triomphé tou-
jours de toutes les épreuves et sous le vaisseau
symbolique qui briffe dans vos armes, on lit
cette devise fameuse « Fluctuât neo mergitur ».
Notre nef, comme la vôtre, peut connaître
des tempêtes ; elle ne connaîtra pas de nau-
frage. Voici d'ailleurs qu’elle a trouvé abri
dans ce Havre de Grâce dont le nom est, lui
aussi, un symbole. Ici, en vue de cette r&de >
admirable, auprès de ces côtes, le Gouverne-
ment de la République Française, que nous
nous félicitons de voir représenté auprès de
nous par M. le préfet Hennion, nous facilite,
dans le plein exercice de la souveraineté natio-
nale, les conditions d'administration de la Bel-
g!que et de sa grande colonie, en attendant
l'heure lumineuse qui viendra et qui tout
payera.
» Quand elle aura sonné, cette heure de
triomphe définitif, que nous savons certaine et
que nous espérons prochaine, nous prendrons
rendez vous, n'est-ce pas, à Bruxelles, notre
chère capitale reconquise, et nous vous dirons,
mieux que nous ne pouvons le faire aujour-
d’hui, notre gratitude pour l’accueil que vous
nous avez fait et les sympathies dont vous nous
entourez ».
A son tour, et pour clore cette série de dis-
cours, M. Franz Schollaert, ministre d’Etat et
président de la Chambre des députés, s'adres-
sant plus particulièrement à M. Morgand,
maire du Havre, s'exprima en ces termes :
» Nous avons trouvé un morceau de notre
patrie momentanément chez vous et nous vous
sommes parfaitement reconnaissants du cha-
leureux accueil que vous nous avez fait. Il me
serait impossible de vous traduire dans des
termes suffisamment chauds toute la gràtitude
que nous avons pour la nation qui a été si gra-
cieuse et si fraternelle pour nous.
» Nous espérons que l'heure du triomphe est
proche, mais dut elle se faite attendre encore,
nous supporterons nos malheurs avec la certi-
tude d’obtenir la revanche qui nous est due,
parce que nous sommes restés fidèles aux trai-
tés qui, pour nous, sont des choses sacrées.
» Je vous remercie, Messieurs, avec émotion
et du fond du coeur »
Le départ de MM. Mithouard et Cheret fut
salué par un peloton de ^gendarmes belges mas-
sé devant l’Hostellerie, comme l'avait été leur
arrivée.
Les Ambassadeurs
Nous avons donné cas jours-ci un court aperçu
des conditions dans lesquelles les représentants
officiels de la Belgique se trouvaient installés au
Nice Havrais.
Nous avons signalé à ce propos que le corps
diplomatique des nations amies ou neutres a
suivi les membres du gouvernement belge dans
son exil momentané et s'est installé également
à Sainte Adresse.
Tous les membres du corps diplomatique
sont maintenant réunis à l'Hôtel des Régates
qui méritera prochainement la dénomination
plus exacte d'Hôtel des Ambassadeurs ou d'Hôtel
des Légations. Nous avons également désigné
quelques-uns de ces notables personnages,
mais quelques omissions se - sont forcément '
produites. C’est ainsi qu'il nous est particuliè-
rement agréable de mentionner aujourd'hui l»
présence parmi nous des membres de la léga-
tion d’Angleterre, qui naturellement tient une
place primordiale dans l'entourage du gouver-
nement belge.
La légation d’Angleterre possède â sa tête
Son Excellence l’Honorable Sir Francis Hyde
Vi tiers.
Envoyé extraordinaire et Ministre Plénipo-
tentiaire près du roi des Beiges, Sir Francis
occupa le poste, très envié et très délicat de
sous-secrétaire des affaires étrangères, de 1896
à 1905. Après avoir ôté ministre d'Angleterre à
Lisbonnede 1906à 1911,il remplitdepuis 'orsses
mportantes fondions â Bruxelles.
Il n’est pas sans intérêt de dire que ce haut
diplomate est le fils cadet du célèbre lord Cla-
rendon.
A ses côtés, se trouvent comme conseiller de
légation M. G J Kidston et comme attaché de
légation m. web per.
Ces notabilités qui s ont arrivées par bateau
en môme temps que leurs collègues des autres
légations ont été rejoints samedi par M. le co-
lonel W. E. Fairholm». Cet offfoier, qui remplit
les fonctions d’attaché militaire avait quitté
l’ambassade il y a plusieurs jours pour se ren-
dre sur le front de bataille belge. Il a gagné
notre ville en automobile apportant ainsi â son
ministre des appréciations personnelles sur les
événements militaires dont il a ôté le témoin.
Naturellement, malgré ce déplacement rien
n'est changé au fonctionnement des services
diplomatiquse, qui bénéficient du droit d’exter-
ritorialité accordé au gouvernement belge et si
les pavillons mêlent leurs couleurs sur l'« Hôtel
des Légations », les services de divers ambassa-
deurs demeurent indépendants dans la capitale
momentanée de la Belgique.
Les Ministères
Ministres d'Etat : MM. Liebaert, Cooreman
et Madame, Ifan den Heuveh, Huysmans, Ma-
dame et Mademoiselle ; comte Goblet d’Aiviella,
Hymans et Madame, Van der Velde. — 4, place
Frédéric-Sauvage, Sainte-Adresse.
La Cour : Général Jungbluch, adjudant géné-
ral du roi ; M. Ingenbleck, secrétaire du roi.
Villa Maritime.
Fonctionnaires : Baron Van der Eslt, secré-
taire général du département des affaires étran-
gères; baron de Gaifffer, ministre plénipoten-
tiaire, directeur général de la politique.
Ministres à portefeuille : M. Carton de Wiar,
justice ; M. Davignon, affaires étrangères: M.
Van de Ifyvere, finances; M. Berryer, intérieur ;
M. Poulet, sciences et arts ; M. Renkin, colo-
nies; M. Segers, chemin de fer, postes (belle-
mère et femme) ; M Helleputte, travaux publics
(Madame); M.Schsilaert, président de la Cham
bre. — Hostellerie du Nice Havrais, Sainte-
Adresse.
Corps Diplomatique
Angleterre : Sir Francis V;tiers, ministre ;
Lady Villers, Miss Villers ; Hidson, fer secré-
taire : Waber, attaché ; 3 domestiques.
Russie : Prince Koudaoheffe, ministre ; Prin-
cesse Koudacheffe ; 4 domestiques ; M. Behr,
Mme Behr, 2 enfants.
Roumanie : M. Djuvara, ministre, et Mme
Djuvara ; une femme de chambre.
Hollande : Un secrétaire.
Italie : M. Carignani, ministre.
Turquie : M, Vousreb Bey, ministre.
Grèce : M. Levidis, ministre.
Japon : Chargé d’affaires.
Suède : Consul général.
Norwège : Consul général.
Hôtel des Régates, avenue des Régates,
Sainte Adresse.
Réception des Parlementaires
havrais par lè Gouvernement belge
Les membres du gouvernement belge et le
président de la Chambre des représentants ont
reçu, à 5 heures, MM. Louis Brindeau, séna-
teur ; Jules Siegfried et Georges Ancel, dépu-
tés, qui sont venus leur apporter l’expression
des profondes sympathies et de l’admiration de
la population de la région havraise pour la
Belgique, pour S. M. le roi Albert et pour son
armée.
Echange de Télégrammes
M. Carton de Wiart, ministre de la justice de
Belgique, a adressé au président de la Répu-
blique la dépêche suivante :
« Monsieur le Président de la République
française, Bordeaux. —
» Les membres du gouvernement belge et les
ministres d'Etat installés au Havre prient Mon-
sieur le président de la République française
d’agréer l’hommage de leurs sentiments très
respectueux. Ils remercient cordialement le
gouvernement d'avoir bien voulu déléguer M.
Augagneur, ministre de la marine, pour les
accueillir au débarquement et leur souhaiter en '
son nom la bienvenue. Ils lui expriment aussi
toute leur gratitude pour les dispositions prises
en vue de leur faciliter ici le libre exercice des
droits et des devoirs de la soiAieraineté natio-
nale belge, en attendant l’heure prochaine où
sonnera le triomphe définitif du droit.
» Jamais ils n’oublieront avec quel empres-
sement la France, garante de notre neutralité,
a voulu joindre au. respect de la parole donnée
le réconfort de l’amitié la plus délicate et la
plus attentive.
« CARTON DE WIART.
» Ministre de la Justice. »
Le président de la République a répondu en
oes termes :
«S. E. Monsieur Carton de Wiart, mi-
nistre de la justice de Belgique,
Le Havre.
» Je vous remercie, vous et vos collègues du
gouvernement royal, des sentiments que vous
voulez bien m’exprimer. La population du Ha
vre s’est faite, par l’accueil qu’elle vous a ré-
servé, l’interorète de la France tout entière.
» Nous étions, en vertu des traités, garants
de la neutralité belge et nous ne sommes pas de
ceux qui désavouent leur signature. Mais l'hé-
roïsme de votre nation et le sang versé en
commun ont rendu notre devoir encore plus
sacré, et nous le remplirons lusqu’au bout avec
toute l’ardeur d'une fraternelle amitié.
» RAYMOND POINCARÉ. »
Les Miliciens
Bordeaux, 17 octobre.
La légation de Belgique communique une
note disant que les miliciens belges de la classe
1914 sont appelés sous le s drapeaux. Les sujets
belges de 18 à 30' ans peuvent contracter des
engagements pour la durée de la guerre.
Cas deux catégories de militaires, ainsi que
les soldats ayant perdu contact avec le gros de
l’armée, doivènt se rendre à Rouen ou . â Bor-
deaux, suivant qu’ils se trouvent â proximité de
l’une ou de Pautre de ces villes.
Le gouvernement français a donné des ins-
tructions aux préfets pour t&çiiftêr la concen-
tration de cee militaires.
■ L’Evacuation des Blessés belges
Ostende, 17 octobre.
Tous les malades et blessés, soignés à Os»
i tende ou aux environs, ont été évacués.
I' ne reste plus actuellement un seul blessi
en Belgique; les uns ont été dirigés en France,
les autres en Angleterre.
Courageuse attitude
de la Reine des Belge#
Paris, 17 octobre.
le « Journal » dit, qu’après le départ des
derniers blessés, la reine Elisabeth est partie
pour l'Angleterre.
D’autre part, le « Matin » reproduit une dé-
claration de M. Huismans, ministre d'Etat, dé-
mentant la déoart de la Baa», an affirmant
qu elle ne voulut pas se séparer de son vaillant
époux, et qu’elle se trouve actuellement a»
grand quartier général.
Adresse de Sympathie aux Belges
Pétrograd, 17 octobre.
Un groupe de femmes russes, sur l'initiative
de la femme de M. Goromykine, président dm
Conseil, et de Mlle Rutzoff, demoiselle d’hon-
neur de l’impératrice Alexandra Feodorovna.
désirant exprimer l'admiration que leur inspi-
rèrent la conduite et le courage de la reine dea
Belges, ainsi que leur sympathie chaleureuse
pour le s femmes de ce pays héroïque, envoie
I adresse suivante aux femmes belges r- \
« C’est â vous, mères, soeurs, épouses, fi/le»
dos héros do LiègOy do Louvain, d’Anvers, qum
les femmes russes, dans un irrésistible élan
d'admiration pour la défense héroïque de le
Belgique, adressent un salut fraternel.
» Au moment suprême de votre lutte contre
les nouveaux barbares qui envahissent le beau
pays des Flandres et de Brabant, et qui dans
un affolement sanguinaire, au mépris des trai-
tés par lui môme signés, oubliant toutes les lois
humaines, foulant au pied toute idée d'huma-
nité, au moment où l'oppresseur allemand fait
irruption en B igique, mettant tout à feu et h
sang, pillant, tuant les femmes et tes enfants,
portant une main sacrilège sur les églises et sur
les foyers, nous voulons être avec vous de coeur,
» Puisant une force invinoib'e dans son droit,
et sous la conduite vaillante de son roi, la Bel-
gique s’est leyéo toute entière contre l’agres-
seur ; elle a provoqué, par sa valeur épique,
l’admiration du monde civilisé.
» Nous adressons au Tout Puissant nos fer-
ventes prières pour le triomphe définitif du
droit sur la force, pour qu’il vous rende 1e
calme et le bonheur dans vos foyers, pour qu’il
vous donne, en attendant, le courage de sup-
porter jusqu'au bout les épreuves terribles par
lesquelles vous passez.
» Nous vous apportons, du fond du coeur, k
vous toutes qui, comme votre reine sublime, si
pleine de courage et d'abnégationr vuus Ata».....
dévouées aux soins des blessés, aux secours
pour les malheureux, notre sincère affection el
notre sympathie les plus ardentes. N JUS tenons
à vous dire, en oe moment d’horreur et d’an-
goisse, que le courage avec l'aide de Dieu triom-
pheront.
Gloire à la Belgique
Dans le « Matin », M. Peilètan fait remarquer
que peu de nations dans l'histoire donnent un
exemple aussi sublime que la natio i belge, qui
marcha sans hésitation au devant du martyre;
dans le seul but de ne pas trahir la foi[ publi-
que et de sauver le monae. L'heure de la re-
vanche va sonner, l'Europe a contracté, â l’é-
gard de la Belgique, une dette sacrée et se dés-
honorerait si elle déposait les armes avant que
le dernier Teuion ait été chassé de la Belgique.
Le monde entier est en marche pour écraser la
domination allemande. La Belgique sera libé-
rée et vengée. Saluons d’avance la grande et
radieuse ressuscitée de demain.
LA LUTTE DES ALLEMANDS ET DES RUSSES
Pétrograd, 17 octobre!
Le Messager de l’Armée écrit que des com-
bats acharnés continuent sur tout le front
prussien où les Allemands, profitant savam-
ment des défilés sylvestres et lacustres et oc-
cupant des positions préalablement prépa-
rées, se défendent furieusement mètre par
mètre.
Cette résistance est uarticulièrement te-
nace dans la région de Wirbalien.
La grosse artillerie allemande tonne sans
répit, produisant cependant un effet plutôt
moral que matériel.
Tous les efforts tentés par les ennemis
pour traverser la Vistule restent infructueux,
les Russes les refoulent chaque foia et dé-
truisent les ponts qu’iis jettent sur le fleuve.
Le Messager de l’Arméeconstate égalé meut
qu’au cours de la bataille d’Augustow, les
Allemands perdirent 40 0/0 de leurs effec-
tifs, Il constate également que l'ennemi lors-
qu’il tombe sous le feu direct de l'artillerie
abuse des emblèmes de la Croix-Bouge.
DIRISEABLE CAPTURÉ
Le correspondant du Times à Hurwich té-
légraphie en date du 16 octobre :
Le capitaine Lawrence, commandant le
vapeur Colchester arrivé au quai de Patkers-
toue cet après-midi, dit avoir rencontré dans
la mer du Nord deux torpilleurs britanni-
ques qui venaient de capturer un dirigeable
et il a été impossible de savoir si le dirigeable
avait été précipité dans tes flots par le mau-
vais temps ou par la canonnade dirigée con-
tre lui ; mais ce qui n’est pas douteux, c’est
qp’il était en la possession des marins an-
glais.
Un sous-marin allemand coulé
Londres, 16 octobre.
D’après le journal Scotsman, le bureau an-
glais de la presse a signalé.sans le confirmer,
un rapport daprès’ lequel un sons-mari#
allemand aurait été coulé, samedi dernier,
au large de la côte orientale d’Ecosse.
Depuis quelques jours, on'se doutait qu’nn
ou plusieurs sous-marins allemands étaient
en action, à une distance éloignée do leur
base. L’un de ces sous-marins avait, à trois
reprises, lancé des torpilles sur les vais*
seaux effectuant des patrouilles le long de ia, 1
côte. - - * - v
« La manière dont a délogé l’ennemi, dé-
clare le Scotsman, n’a pas besoin d’être dé-
crite. Ce fut une scéhe pittoresque dont ont
pu être témoins sur la côte de nombreux
spectateurs. Le sous-marin fut forcé par ses
assaillants de monter à la surface. Il y eut
une salve d’artillerie et le vaisseau e.nnemi
V^onla, •
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