Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-10-15
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 octobre 1914 15 octobre 1914
Description : 1914/10/15 (A34,N12121). 1914/10/15 (A34,N12121).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172282j
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2020
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LES ROUMAINS
II
Nous avons évoqué dans notre pre-
mier article le triste sort que l’histoire
a réservé jusqu'à aujourd'hui aux
Roumains restés dans leur pays d'ori-
gine, la Transylvanie ancienne Dacie ;
si leurs compatriotes jadis expatriés
en Valachie et en Moldavie ont main-
tenant un sort digne d’envie, pendant
bien des siècles ils connurent aussi le,
fôug de l'oppresseur. Ils ne jouirent
guère, en cjjcl, de l’indépendance que,
pour fuir les Hongrois, ils étaient allés
chercher au delà des Carpathes ; dès
jêju, la Valachie devint tributaire de
la Turquie et un siècle après la Mol-
davie subit le meme sort ; cependant
la Porte, tout en les pressurant, leur
laissa toujours une certaine autono-
mie.
Il Jaut même signaler cette curieuse
particularité que c’est par l’intermé-
diaire du gouvernement turc que> la
langue française pénétra dans ces
principautés ; en effet„ leurs trônes, à
Rucarest et à Iassy, Jurent réservés
comme suprême récompense, à partir
du XVII 0 siècle, aux diplomates grecs
qui servaient la Porte avec toute leur
astuce et leur parfaite connaissance
de la langue Jrançaise seule usitée
dans les cours. A leur imitation, les
nobles roumains et les classes aisées,
se mirent désormais à parler français,
d’autant plus qu’ils retrouvaient une
langue soeur de la leur.
Avec la langue française les idées
françaises pénétrèrent dans les prin-
cipautés ; on y lisait Voltaire et les
Encyclopédistes et à la Jin du XV 11 P
siècle on y sentit passer de nouveau le
souffle de la liberté ; la révolution de
z8tf8 se propagea jusque là ; elle Jut
étouffée, mais elle marqua cependant
l’aurore de l’ordre nouveau qui devait
être établi par la suite.
Les révolutionnaires roumains cher-
chèrent leur salut dans l’exil et se
rendirent à Paris où ils commencèrent
à plaider leur cause devant l’opinion
publique-européenne. Ils trouvèrent
l’appui des plus ~grands écrivcdnsd’ ù,-
lors, Jules Michelet et Edgar Quinet ;
désormais, la question roumaine était
à l’ordre du jour et bientôt la politi-
que des nationalités de Napoléon III
allait permettre de la résoudre, du
moins pour les pays transcarpathiens.
Napoléon 111, complètement gagné
aux idées roumaines, proposa au Con-
grès de Paris de i856 de satisfaire
aux voeux de la nation en réunissant
les deux principautés en un seul Etat
placé sous une dynastie empruntée à
un pays étranger. L’opposition et les
intrigues de la Turquie et de l’Autri-
che, qui ne voulaient pas voir se ren-
forcer les pays roumains, ne permi-
rent pas la réalisation immédiate de
cette restauration, mais du moins elles
ne purent empêcher l’élaboration
d’une constitution à l’abri de laquelle
celte restauration put se faire,
Les Principautés-Unies (litre offi-
ciel), tout en restant sous la suzerai-
neté nominale du sultan, devenaient
complètement autonomes et étaient
admises au régime constitutionnel.
La Moldavie et la Valachie auraient
chacune leur prince national élu, leur
Ministère et leurs Chambres ; leur
union serait représentée par une
Commission centrale élaborant les
lois communes, par une Cour de Cas-
sation unique et une organisation
militaire similaire.
Avec l’appui déclaré de Napoléon 111,
les Roumains tournèrent habilement
le traité de Paris pour arriver com-
plètement à leurs fins. Pour cela, ils
commencèrent par élire le même prin-
ce en Valachie et en Moldavie, tout en
lui laissant ses deux titres séparés ;
le prince Alexandre Couza, qui se
montra admirablement à la hauteur
des circonstances, fit le reste ; dès le
6 février 1862, il avait réussi à unifier
les Chambres, le Ministère et la capi-
tale à Bucarest ; la Roumanie était
fondée et la conférence des ambassa-
deurs,réunie peu après à Paris, ne put
que ratifier cet état défait,
Le prince Couza, nourri des idées
:de la Révolution, était un démocrate
sincère, il introduisit dans son pays
toute la législation française qui y
est encore à honneur et multiplia les
réformes ; mais en ce faisant il avait
porté atteinte à trop de privilèges
pour ne pas être en but à une sourde
hostilité, sans parler de la jalousie
qui a trop longtemps divisé les grandes
familles roumaines. Victime de l’in-
gratitude de ses compatriotes,ce grand
citoyen dut prendre le chemin de l'exil
il la suite du consulat du a3 février
1866.
Les Roumains voulaient un roi d’ori-
gine étrangère qui put mettre fin aux
dissentions intestines et en imposer à
la Porte. Après des hésitations le choix
tomba# on lésait, sur le prince Charles
de hohenzollern-Signlaringen qui
. toffrait le double et rare avantage
d’être non seulement aouarenté au roi
LA GUERRE
Sommaire des principaux faits relatifs
à la Guerre
DANS LE BORD-EST
14 Octobre— Des engagements ont eu
lieu autour de Gand, où l’ennemi est entré.
Au centre, nous progressons vers Craon-
ne.
EN SERBIE
14 Octobre. — Des attaques de l’enne-
mi ont été repoussées. L’artillerie serbe a
jeté la panique dans ses rangs.
SUR MER
14 Octobre. — Deux sous-marins alle-
mands auraient été coulés dans la Balti-
que.
EN RUSSIE
13 Octobre. — Les troupes russes pour-
suivent avec succès les Allemands à l’Ouest
de Varsovie. La bataille de Przemysi con-
tinue.
14 Octobre.— Un Zeppelin a été capturé,
près de Varsovie, par une patrouille de co-
saques.
de Prusse dont l’astre s’élevait au fir-
mament européen, mais aussi à la fa-
mille de Napoléon 111 qui restait l’ar-
bitre des destinées roumaines. Sa
grand’mère maternelle était en effet
Stéphanie de Beauharnais, fille de
l’impératrice Joséphinê et fille adop-
tive de Napoléen P 1' ; elle avait épousé
le prince héritier de Bade qui lui resta
fermement attaché même après la chute
de l’empereur.
Napoléon III, qui était particulière-
ment flatté de ces liens de parenté
avec de vieilles familles princières, ac-
cepta d’emblée la candidature du
prince Charles, tandis qu’au contraire
le roi de Prusse, redoutant à ce mo-
ment des complications du côté de
l’Orient, ne s’y résigna que malgré
lui. Quant à l’Autriche, elle y était
tellement opposée que pour se rendre
à Bucarest ên traversant son terri-
lairc, le futur souverain dût se cacher
sous l’apparence d’un négociant frisfe
voyageant pour ses affaires. L’élé-
vation d’un Hohenzollern au trône de
Roumanie ne paraissait doncpas alors
devoir faire baisser l’influence fran-
çaise au profit de la Prusse et de l’Au-
triche.
Mais les événements de 18jo de-
vaient renverser l’équilibre européen
et du même coup faire pencher la ba-
lance des sentiments du prince Char-
les du côté de son ascendance Hohen-
zollern et le réconcilier, par ricochet,
avec l’empire austro-hongrois qui ac-
cepta son émancipation définitive de
la Turquie, en 18y8, et son élévation
à la dignité de roi en 1881.
Cependant, l’influence germanique
qui se manifesta dès lors en Rouma-
nie fut purement gouvernementale et
commerciale. Si l’Allemagne a acca- 1
paré les marchés du pays, nous gar-
dons toujours son coeur, et son intel-
ligence est toujours formée à l’image
de la nôtre, puisque notre langue y
est plus répandue que jamais. IL faut
reconnaître d'ailleurs que le roi a
toujours évité de froisser les senti-
ments de son peuple à notre endroit
et que la reine, bien connue des let-
trés sous le nom de Carmen Sylva, n’a
cessé de patronner nos littérateurs.
Les événements actuels ont rendu
plus vifs que jamais ces sentiments
populaires indéracinables, d’autant
plus que les Roumains voient en nous
des émancipateurs de peuples qui, vic-
torieux des alliés austro-allemands,
pourront délivrer enfin leurs compa-
triotes de Transylvanie et les faire
i rentrer dans le bercail de la Grande
Roumanie ; aussi brülent-ils du désir
d’entrer dans la sainte coalition des
peuples libres contre le germanisme.
Chaque jour, de grandioses mani-
festations se déroulent dans les rues
de Bucarest au chant de la Marseil-
laise et aux cris de «. Vive la France !
Vivent la Russie et T Angleterre ! Vive
la Grande Roumanie t »
A la fin de septembre, dix mille
Roumains, dont le recteur et les pro-
fesseurs de V Université, se sont réunis
pour inviter le gouvernement à se dé-
clarer contre VAllemagne et l’Au-
triche.
Le roi, vieilli et malade, n’a pu ré-
sister à ce conflit tragique entre ses
sentiments personnels, ses engage-
ments secrets sans doute, et les aspi-
rations impérieuses de son peuple qu’il
a toujours profondément aimé, ren-
dons-lui cette justice. Il est mort, victi-
me lui aussi de la guerre inique dé-
chaînée par osa impérial et criminel
cousin.
La Roumanie a-t-elle les mains li-
bres maintenant ? C'est l’espoir de ses
amis et de tous ceux qui comptent sur
sa belle armée de 65o,ooo hommes
pour hâter la ruine de l’Autriche et
par là l’écrasement tle VAllemagne.
CASPAR-JORDAH.
EISIMBÎIIÉS È immoral
t±"-4L OO'X’OSïï.KÏ
Paris, 15 heures, reçu à 18 heures.
ï&iisiî*» 1s». ïSégtloîi
de Gand
Quelques engagements ont eu lieu'
dans la nuit du 12 au 13 et dans la'
journée du 13.
Des troupes anglo-françaises ont
occupé Ypres.
A notre aile ^anclte
Jusqu’à l’Oise, les opérations se
poursuivent normalement.
An Centre
Les progrès de nos armées dans la
région de Berry-au-Bac et de Craon-
ne sont confirmés.
AE. notre aile droite
Rien de nouveau.
Paris, 23 h. 50, reçu à 1 h. 35.
Les renseignements, d’ailleurs gé-
néraux, reçus dans la soirée n’indi-
quent aucune modification importante
dans la situation.
Unique Belge
Nous avons toujours suivi avec un palpi-
tant intérêt les événements de Belgique,
mais la présence du gouvernement belge
au Havre leur donne plus d’importance que
jamais pour notre ville. Nous leur réserve-
rons donc désormais, dans cette chronique,
une place particulière, heureux de faire
entendre la voix de notre journal en faveur
de nos malheureux mais si vaillants alliés et
amis.
G. J.
Télégrammes de sympathie
Bordeaux, 14 octobre.
Dès qu’il eut connaissance des intentions du
gouvernement belge, M. Poincaré télégraphia
au roi pour lui offrir l’hospitalité d'une cité
française, lui donnant l’assurance que la sou-
veraineté du gouvernement royal y serait as-
surée.
Le roi remercia. Il ajouta : <> Nous attendons
avec une inébranlable confiance l’heure de la
victoire commune. Nos troupes luttent côte
à côte pour une juste cause ; notre courage ne
connaîtra jamais de défaillance. »
M. de Broqueville télégraphia à M. Viviani, lui
exprimant la.gratitude du gouvernement belge
pour l’accueil du gouvernement français. Il
ajouta que la Belgique qui sacrifia tout pour dé-
fendre l’honnêteté, l'honneur et la liberté, ne
regrette rien car elle a confiance dans le devoir
accompli et la certitude du triomphe de la
causé dès,Wtb'M..
Aï.' Viviani répondit : « Le gouvernement de
la République est fier de donner l’hospitalié au
gouvernement de la noble et vaillante nation
qui, sacrifiant tout ah souci de l’honneur et du
devoir, rendit à la cause commune un si écla-
tant service. Je suis sur que l’union intime des
nations alliées assurera le triomphe définitif de
la justice et du droit. »
Ai. de Broqueville adressa d’autre part à Ai
Millerand un télégramme disant que l’armée
belge, acculée à la frontière française après
plus de deux mois de lutte, s’honore et se ré-
jouit à la pensée de reconquérir le sol de la
Patrie en union intime avec les superbes ar-
mées alliées.
Ai. Millerand répondit que les Belges, les
Anglais, les Russes et les Français, indissolu-
blement unis, vaincront parce que leur volonté
est supérieure à toutes les épreuves.
Un point de droit
Le transfert du gouvernement belge en Fran-
ce soulève-t il des difficultés juridiques 1
Le « Figaro » a posé la question à un avocat
au courant du droit international, et qui lui a
répondu :
— La présence en territoire étranger d’un
gouvernement, resté le gouvernement de son
pays, est un cas tout nouveau. Je ne connais
aucun précédent. Mais il ne me semble pas
qu’il y ait lieu de s'inquiéter de difficultés qui
ne se produiront pas, à coup sûr.
» Quand on est d'accord sur le fait, quand
les « parties en causa » sont unies par le désir,
amical de tout régler au mieux d’un intérêt
commun, les juristes, même en droit interna-
tional, n’ont pas h intervenir.
» Le gouvernement belge sa fixe au Havre.
L'hôtel où ii va s'installer sera assimilé à une
ambassade, ou bien.au palais où réside un roi
rendant visite à un autre chef d'Etat. Nos hôtes
souverains ne dirigent-ils pas sans difficulté les
affaires de leur pays pendant leur séjour chez
nousî ■ V .
» Les ministres belges jouiront des droits et
avantages réservés aux agents diplomatiques,
: et qui sont l’inviolabilité de leur demeure, le
droit de correspondre en langage chiffré,
i l’exemption d’impôt et l'exemption de la juri-
diction civile ou criminelle de l'Etat où ils ré-
sident, le droit du protection des nationaux.
» C'est l'ensemble de ces avantages réservés
aux étrangers revêtus d'un caractère national
qu’on appelle les privilèges ..d'exterritorialité.
Le gouvernement belge en jouira. Il aura en
matière télégraphique la priorité et la fran-
chise... Si des difficultés se présentent, on les-
résoudra une à une, facilement, et les senti-
ments que nous inspire à tous la présence de
tels hôteserapêoheront qu’aucune question soule-
vée nécessite l’euvertlire d'aucun traité de droit
internatioual — où, d’ailleurs, j'imagine, on ne
trouverait rien. »
Le Personnel accompagnant
le Gouvernement
Le nombre des personnes qui ont accompa-
gné le gouvernement belge est d’environ 350,
dont 225 fonctionnaires et un détachement de
gendarmerie de 125 hommes.
Le Steamer « Vilîs-d’Anvers »
Un second navire avait été affrété pour le
transfert du personnel attaché au gouverne-
ment belge au Havre. Ce steamer, lefVilte-
d'Anvers », venant d'Ostende, est arrive dans
notre port dans la nuit de mardi à mercredi.
Il avait à bord 1,20/0 rôlugiés belges. ,
Ce navire apportait en outre un grand nom-
bre de colis et de malles contenant les dossiers
des ministères belges,Ces bagages ont été trans-
portés hier à la Bourse par les automobiles et
les camions d’artillerie française, où la répar-
tition en sera faite dans les bureaux des divers
ministères.
Ces opàrations.yeffectuent sous la surveil-
lance des officiers' 1 belges avec le concours de
nos hommes de treuoea
FAUSSES NOUVELLES
Paris, 14 octobre.
Un communiqué dément deux fausses
nouvelles publiée» par certains journaux
allemands.
La première est relative à la prétendue
destruction de deax divisions de cavalerie.
La vérité est qu8 des forces de cavalerie
française et allemande avec soutiens sont
engagées depuis plusieurs jours sur le front
La Bassée-Estaires-Bailleui. La cavalerie al-
lemande progressa très légèrement entre la
Lys et le canal de La Basses, mais elle dut
se replier au Nord de la Lys avec des pertes
aussi sensibles que les nôtres.
Une de ses divisions souffrit particulière-
ment des bombes lancées toute une journée
par nos aviateurs.
D’autre part, les Allemands annoncent
qu’ils procèdent à l’investissement de Ver-
dun, alors qu’ils n'arrivent même pas encore
à se heurter directement à la place de Ver-
dun.
Us firent deux tentatives infructueuses
pour essayer d'envelopper sur une grande
distance nos forces opérant autour de
Verdun.
La première de ces tentatives marquée par
un essai de progresser dans la forêt de l’Ar-
gonne, échoua avec des pertes considérables.
La deuxième tentative laite avec des effec-
tifs beaucoup plus importants fut de fran-
chir la Meuse dans la région de Saint-Mihiel.
Si l’ennemi put atteindre la Meuse snr la
front Maizey-Chauvoucourt, tous ses efforts
pour déboucher échouèrent, car il fut pris
de flanc par celles de nos troupes avançant
du Sud au Nord, dans le Snd des Hauts de
Meuse, et par la Weëvre méridionale.
L’Aéronautique militaire
Bordeaux, 14 octobre.
Le colonel de génie Boultianx, directeur
4a service aéronautique de l'armée, est nom-
mé adjoint à !a direction de l’aéronautique
militaire au ministère de la guerre.
Les Socialistes et le Gouvernement
Paris, 14 octobre.
Le groupe socialiste unifié a entendu les
ministres Sembat et Guesde qui ont parlé
de leur participation à l’oeuvre de la défense
nationale au gouvernement.
Les membres du groupe ont voté, à l’una-
nimité, un ordre du jour exprimant sa
confiance en Guesde et en Sembat pour con-
tinuer leur" action au sein-du gouvernement.
Un Communiqué Eusse
Pelrograd, 14 oetobre (Officiel).
Sur la rive gauche de la Vistule et sur les
routes conduisant de Varsovie à Yvangorod,
tes Russes ont, le 13, pressé avec succès les
trou pes allemandes.
Un régiment russe a pris deux compagnies
allemandes.
An Sud de Przemysi, le combat continue.
Sur les autres points, pas de changements
importants.
UN ZEPPELIN CAPTURÉ
Petrograd, 14 octobre.
Une patrouille de cosaques cachés dans un
bois près de Varsovie, a abattu un Zeppelin,
volant assez bas.
L’équipage est sauf et prisonnier.
Le Zepp3hn est intact.
Il a été amené à Varsovie.
Londres se prépare
à, recevoir les Zeppelins
Lor dres, 14 octobre.
On a été informé depuis plusieurs semai-
nés que les Allemands préparaient à Bru-
xelles de grands raids arec des Zeppelins et
des Taubes.
Gomme le comte Zeppelin a annoncé que
le tour de Londres viendrait irson temps, on
n’a pas attendu les premières expériences
pour prendre les précautions nécessaires.
M. Walter Rusciman a prononcé un dis-
cours à Qingsway-Hall, au cours duquel il a
dit:
— Il m’a été donné de comprendre que
les Allemands daigneront s’occuper de l’An-
gletterre à partir du 31 octobre, et qu’à par-
tir de ce moment leurs armées de terre, de
mer et de l’air seront employées contre
nous. É est inutile de parler de leur marine,
; qui est embouteillée au Nord de l’Allema-
gne ; leur armée est très occupée en France
et en Prusse, et il n’y a guère que leur ar-
mée aérienne qui puisse nous préoccuper
un peu.
» Si cette armée vient, elle ne petUjeler
que des bombes avec l’intauliou d’effrayer
la nation anglaise ; mais là, encodé, i’Alle-
magne mésestime le caractère britannique.
» Ne pënséz pas que les Zeppelins vont
pouvoir faire ce qu’ils voudront, car nous
avons des hommes courageux parmi nos
aviateurs, qui l’ont déjà prouvé en allant at-
taquer les Allemands chez eux, notamment
, à Dusseldorf, x
los Alpins appréciés
par un officier alleiml
Le Temps publie, d’après un journal ba-
dois, le PforzhHmer Anzetger du 27 septem-
bre, d’intéressantes impressions d’un officier
allemand sur le caractère de la guerre ac-
tuelle et spécialement sur notre corps de
chasseurs alpins.
Cet officier adresse ses impressions à unde
ses amis.
« Combats de forêts, combats de monta-
gnes. » Ces mots veulent dire, pour nous :
frayeur et spaetres. La première terreur est
que l’ennemi est toujours invisible ; la
deuxième terreur est qu’il y a dés souri-
cières de tous côtés. Troisième terreur :
nous recevons des coups da feu de tous
côtés ; quatrième terreur : manque de tout
contact. Aucune compagnie ou section ne
sait si elle est sur la même ligne que les
autres, ou déjà au milieu des pelotons en-
nemis.
Maintenant, vient la cinquième et la pins
terrible des frayeurs : la fusillade par nos
propres troupes. Nous prenons les pins gran-
des précautions, mais malgré cela U nous ar-
rive d’avoir un groupe d’ennemis entre deux
des nôtres. Les Français ne nons montrent
jamais pins de 10 à 50 hommes qui sont par-
tout et nulle part. Souvent nous entendons
an cri angoissé : « Eigene Trappen I » (les
nôtres) et nous cessons notre feu pour rece-
voir tout de suite une salve qui nous prouve
que nous avons affaire à des Français. Ce
sont donc eux qui nous ont lancé ce t appel.
U nous arrive aussi souvent, le soir, que
quatre à cinq gaillards se faufilent vers un
bataillon avec des cris de hourra à la ma-
nière des possédés, et lâchent tant de coups
de feu que nous pensons d’abord à nue atta-
que sérieuse. Puis ils disparaissent anssi vite
qu'ils sont venus. Ce genre de guerre serait
notre désespoir si les Français avaient un
uniforme gris-vert. Mais, malgré ceia, avec
leur étoffe sombre, ils ne risquent pas trop
dans la forêt. Les calottes rouges sont peu
visibles, étant couvertes par la Cipote.
A part 1s troupes de ligne, nous avons
principalement des chasseurs alpins comme
adversaires, des gaillards avec des pantalons
biens et des couvre-chefs ronds bien foncé.
C’est nne troupe d’élite, et bien instruite.
Ii faut avoir eu quelques rencontres avec
leurs patrouilles. Cela se faufile à travers les
buissons, sans aucun bruit; très vivement,
avec beaucoup d’iuitiative. On n’entend au-
cun conp de sifflet ou commandements du
chef, et soudain les voilà qui tombent sur
nous comme des bêtes féroces.
Au même instant, des balles nous sifflent
autour de la tête et l’on se demande souvent
si ce ne sont pas des balles allemandes qui
viennent par derrière.
Depuis cette attaque, j’ai encore la terreur
dans tous les membres.Voiià qu’on m’envoie,
tout comme aux manoeuvres, avec 24 hom-i
mes, à un kilomètre pour garder notre com-
pagnie. Il faut ajouter que nous avions
perdu,il y a deux jours, le tiers de la compa-
gnie et tous les officiers, à l’exception d’un.
— <1 Nous sommes perdus, là-dehors, mon
lieutenant, médirent tes soldats. »
Arrivés à Remplacement, je leur montrai
que nous avions bien choisi la place, que
nons étions bien à couvert, avec nn beau
champ de tir devant nous. Je plaçai donc mes
observateurs en large ligne.
Devant nous j’envoyai des patrouilles. Je
gardai six hommes avec moi, et je me sentis
relativement en position sûre. Nous voyions
un bon bout de route devant nous, et voici
que paraît un chasseur. Le gaillard mar-
chait d’un bon pas et courageusement. Il ne
paraissait pas supposer un danger, ni le
.craindre.
C’est aven un sentiment tout nouveau que
j’ordonnai de tirer sur lui. C’est tout antre
chose de faire cela que de se tuer en combat-
tant, mais il est tout aussi nécessaire de tuer
un ennemi isolé, sans quoi on risque de ser-
vir soi-même de cible ensuite.
Nous ne voyions et n’entendions plus
rien. Moi seul, j’aperçus tout à coup une
ombre mouvante, c’était à gauche, où j avais
placé,A cause du taillis plus épais, à 40 mè-
tres de noos, quelques observateurs.
Au même moment, nous essuyons une
dizaine da coups de feu. Le premier coup
s’enfonce devant moi, dans ie sable, et sans
mon lorgnon j’aurais été éborgné- ,Nous ré-
pondons par des coups da fusil, mais je
crois que pas un de nous n’a entrevu un
eonmi.
Comme je venais, cinq minutes avant, de
recevoir l’ordre de me retirer, et comme je
supposais avoir affaire à un ennemi supé-
rieur en nombre, je donnai l’ordre de se re-
plier et je rentrai avec mes hommes satns
et sauf à notre compagnie.
C’est ainsi que nous combattons tous les
jours.
A peine lève-t-on la tête, pan ! un coup de
fusil, et c’est ainsi toute la journée. Nous
sommes toujours sur le qui-vive.
CAMPS DE PRISONNIERS
Genève, U octobre.
DÔUX camps de concentration da prison-
niers de guerre ont été établis en Hasse et
Nassau.
VICTOIRES SERBES
Nieîi, 9 octobre.
Hier sur le front Zvornik-Lozaitza, l’enne-
mi a ouvert un feu violent d’artillerie à
l’aile droite.
D'artillerie serbe le réduisit rapidement
au silence.
Nich, 9 octobre.
Les Serbes ont rencontré l’ennemi avec
succès en Bosnie et se sont emparés de plu-
sieurs mitrailleuses.
Le même jour, l’ennemi a ouvert un faible
feu d’artillerie sur une forteresse de Bel-
grade et les quais du Danube,
Nich, 10 octobre.
Sur le front Zvornik-Loznitza, les troupes
serbes ont remporté des succès dans plu-
sieurs escarmouches.
Sur le reste du front, lien d’important.
Nich, Î3 octobre.
L’ennemi a tenté à deux reprises, à l’ex-
trême aile droite du front Zvornik-Loznitza
des attaques qui ont été repoussées avec de
grosses pertes.
U a tenté ensuite des attaques sur la rive
gauche de la Save et, a encore été repoussé.
Le tir précis de l’artillerie serbe a jeté la
[ panique dans ses rang»
isüesjitiijts
Veut-on avoir un échantillon des histoire*
extraordinaires avec lesquelles le gouver-
nement allemand berce la quiétude dit
peuple ?
Empruntons-le au communiqué officiel al-
lemand du 12 octobre.
Nous le traduisons littéralement, d'après
t texte qui a été reçu par les stations de té-
légraphie sans fil.
« Le comte Baroldinngen, de Potsdam,
dont la mère est Américaine, après avoir
endossé le pardessus d’un officier anglais,
s’avança à travers les lignes françaises et de- ,
manda à êire conduit devant qaeiqu’un par-
lant anglais.
». Il fut amené devant le général com-
mandant et dit : « Je sais adjudant-major
anglais. Quand vous proposez-vous d’atta-
quer ? De quel côté attaquerez vous ? Quels
sont vos plans ? »
» Il faisait sombre et le général ne remar-
qua pas que sons le pardessus anglais était
1 uniforme d’an officier prussien. Il donna
tous les renseignements qu’on lui deman-
dait (i).
» Le comte regagna les lignes allemandes
et communiqua l’information qn’il avait re-
cueillie à son chef qui reconnut la vérité du
récit. Les Allemands attaquèrent alors et
remportèrent la bataille.
» Le comte Baroldinngen a été pour ce
fait récompensé de la croix de fer. »
Le même communiqué mentionne, l’attri-
bution d’une croix de fer au comte Schwerin,
pour un antre fait aussi glorieux.
Traduisons non moins fidèlement :
« Pendant qn’il effectuait nne reconnais-
sance, le comte Schwerin a’aperçut qu’il
s’était aventuré dans les lignes françaises. II
se présenta alors à un officier français et lui
dit en anglais : « Voulez-vous m’aider à re-
gagner les lignes anglaises, - j’ai perdn mon
chemin et je suis trempé jusqu’aux os. J’ai
été obligé d’échanger mes vetements avec
ceux d’un officier prussien mort et je re-
doute maintenant de regagner les lignes an-
glaises, craignant d’être fusillé.
» L’officier français fut trompé par l’ai-
sance avec laquelle le comte pariait anglais
e), se souvenant de ce -que les Français
avaient précédemment fusillé par erreur
plusieurs officiers anglais qui présentaient
une ressemblance avec les prussiens, il offrit
de reconduire le comte aux lignes anglaises.
» Le comte Schwerin pressa" son cheval,
et qr.and son guide s’aperçut de son erreur,
il fit fea sur lui, mais le cheval trébucha et
les balles passèrent an-dessus de la tête dix
comte qui regagna les lignes allemandes
sans avoir été blessé.
» Pour ce trait, il a été récompensé de la
Croix de fer ».
Et voilà les sornettes ridicules que le gou-
vernement conte sérieusement an peuple, i
Gand occupé par les Allemands.
Amsterdam, 14 octobre.
On annonce que les Allemands sont entrés
à Gand, le 12, après de violents combats, sa-
medi et dimanche, dans le voisinage de
Qoatrecht et de Melle.
Un petit détachement de ublans arriva
d’abord, puis se retira.
Quelque temps après, l’infanterie alle-
mande pénétra de tous côtés, occupa i’Hôtei
de Ville et campa dans les rues.
Us Réfugiés Belges e» Angleterre
Fôikestone, 14 octobre.
Dans un élan admirable de générosité, les
Anglais s’efforcent de soigner ae nombreux 1
réfugiés belges arrivés à Londres et sur tout
le- littoral méridional de l’Angleterre par
Osîende et Folkestone.
Leé réfugiés ont enduré de grandes misè-
res et racontent des faits dépassant toute
imagination sur les atrocités allemandes.
La maison de convalescence française de
Brighton a recueilli autant de réfugiés qu’elle
en peut contenir.
DIÏÏI SOUS-MARINS 1 COULÉS
Petrograd, 14 octobre.
Uu communiqué de l’état-major naval dit
qne les croiseurs qui ont été attaqués par,
des sous-marins le 10 et ie 11 octobre,, en ont
coulé deux.
LE PARLEMENT ESPAGNOL
Madrid, 14 octobre.
Le Parlement réouvrira le 30 octobre.
La Santé de M. de San Giuiiano
Rome, 14 octobre.
Le bulletin de santé de M. de San Giniiano
rédigé à sept heures du soir porte :
« Ministre passa une journée tranquille.
Il ressent un plus grand soulagement, sans
crise ni faiblesse. Les conditions da coeur
sont un peu meilleures." Attaque de goutte
au genou droit. Température 36, pouls 114,
respiration 26.
Les « Taiilbe »
A Amiens, dimanche, l'aviateur allemand*
dans sa randonnée aérienne, ne s’est pal
contenté d’observer les monuments dans la
ville ; il a aussi lancé deux bombes.
L’uue d’elles, jetée exactement à midi 40,
est tombée à cent mètres du terminus du
tramway de Saint-Achenl, dans un jardin.
Elle n’a pas éclaté. La deuxième a explosé,
quelques secondes plus tard, à nne centaine
de mètres de là, au milieu de la chaussée.
Elle a malheureusement fait plusieurs victi-
mUn wattman de tramway a été criblé de
mitraille;une femme s’rst affaissée* la cuisse
basée par un éclat de bombe. Ces deux
blessés ont été transportés à l’hôpital. A cin-
quante mètres du lieu où la ~ bombe avait
éclaté, un gendarme a également été atieint,
mais peu grièvement, par un éclat.
Des avions français donnèrent la chasse
au « Taqbe » qui aurait été abattu, w-0i>- ;
■ orès d’Abbeville.
mm aj«jP^j^^^a^sasSE&-i^agsBtegB3ai8!SaaaBiEaaaei»sags3iBâiaaaiflimasiiaaBisgae3^^ ,...., __ . J l * " VLIWUIC 1 •’1Z6
JJ. ■,. , H. ■■'■■*t^»WMWrwggp«aa^lllBB«U.ll5|aa^^roBèaM4BaBgega—WHBMBHBBmMBBMMaMa—
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LES ROUMAINS
II
Nous avons évoqué dans notre pre-
mier article le triste sort que l’histoire
a réservé jusqu'à aujourd'hui aux
Roumains restés dans leur pays d'ori-
gine, la Transylvanie ancienne Dacie ;
si leurs compatriotes jadis expatriés
en Valachie et en Moldavie ont main-
tenant un sort digne d’envie, pendant
bien des siècles ils connurent aussi le,
fôug de l'oppresseur. Ils ne jouirent
guère, en cjjcl, de l’indépendance que,
pour fuir les Hongrois, ils étaient allés
chercher au delà des Carpathes ; dès
jêju, la Valachie devint tributaire de
la Turquie et un siècle après la Mol-
davie subit le meme sort ; cependant
la Porte, tout en les pressurant, leur
laissa toujours une certaine autono-
mie.
Il Jaut même signaler cette curieuse
particularité que c’est par l’intermé-
diaire du gouvernement turc que> la
langue française pénétra dans ces
principautés ; en effet„ leurs trônes, à
Rucarest et à Iassy, Jurent réservés
comme suprême récompense, à partir
du XVII 0 siècle, aux diplomates grecs
qui servaient la Porte avec toute leur
astuce et leur parfaite connaissance
de la langue Jrançaise seule usitée
dans les cours. A leur imitation, les
nobles roumains et les classes aisées,
se mirent désormais à parler français,
d’autant plus qu’ils retrouvaient une
langue soeur de la leur.
Avec la langue française les idées
françaises pénétrèrent dans les prin-
cipautés ; on y lisait Voltaire et les
Encyclopédistes et à la Jin du XV 11 P
siècle on y sentit passer de nouveau le
souffle de la liberté ; la révolution de
z8tf8 se propagea jusque là ; elle Jut
étouffée, mais elle marqua cependant
l’aurore de l’ordre nouveau qui devait
être établi par la suite.
Les révolutionnaires roumains cher-
chèrent leur salut dans l’exil et se
rendirent à Paris où ils commencèrent
à plaider leur cause devant l’opinion
publique-européenne. Ils trouvèrent
l’appui des plus ~grands écrivcdnsd’ ù,-
lors, Jules Michelet et Edgar Quinet ;
désormais, la question roumaine était
à l’ordre du jour et bientôt la politi-
que des nationalités de Napoléon III
allait permettre de la résoudre, du
moins pour les pays transcarpathiens.
Napoléon 111, complètement gagné
aux idées roumaines, proposa au Con-
grès de Paris de i856 de satisfaire
aux voeux de la nation en réunissant
les deux principautés en un seul Etat
placé sous une dynastie empruntée à
un pays étranger. L’opposition et les
intrigues de la Turquie et de l’Autri-
che, qui ne voulaient pas voir se ren-
forcer les pays roumains, ne permi-
rent pas la réalisation immédiate de
cette restauration, mais du moins elles
ne purent empêcher l’élaboration
d’une constitution à l’abri de laquelle
celte restauration put se faire,
Les Principautés-Unies (litre offi-
ciel), tout en restant sous la suzerai-
neté nominale du sultan, devenaient
complètement autonomes et étaient
admises au régime constitutionnel.
La Moldavie et la Valachie auraient
chacune leur prince national élu, leur
Ministère et leurs Chambres ; leur
union serait représentée par une
Commission centrale élaborant les
lois communes, par une Cour de Cas-
sation unique et une organisation
militaire similaire.
Avec l’appui déclaré de Napoléon 111,
les Roumains tournèrent habilement
le traité de Paris pour arriver com-
plètement à leurs fins. Pour cela, ils
commencèrent par élire le même prin-
ce en Valachie et en Moldavie, tout en
lui laissant ses deux titres séparés ;
le prince Alexandre Couza, qui se
montra admirablement à la hauteur
des circonstances, fit le reste ; dès le
6 février 1862, il avait réussi à unifier
les Chambres, le Ministère et la capi-
tale à Bucarest ; la Roumanie était
fondée et la conférence des ambassa-
deurs,réunie peu après à Paris, ne put
que ratifier cet état défait,
Le prince Couza, nourri des idées
:de la Révolution, était un démocrate
sincère, il introduisit dans son pays
toute la législation française qui y
est encore à honneur et multiplia les
réformes ; mais en ce faisant il avait
porté atteinte à trop de privilèges
pour ne pas être en but à une sourde
hostilité, sans parler de la jalousie
qui a trop longtemps divisé les grandes
familles roumaines. Victime de l’in-
gratitude de ses compatriotes,ce grand
citoyen dut prendre le chemin de l'exil
il la suite du consulat du a3 février
1866.
Les Roumains voulaient un roi d’ori-
gine étrangère qui put mettre fin aux
dissentions intestines et en imposer à
la Porte. Après des hésitations le choix
tomba# on lésait, sur le prince Charles
de hohenzollern-Signlaringen qui
. toffrait le double et rare avantage
d’être non seulement aouarenté au roi
LA GUERRE
Sommaire des principaux faits relatifs
à la Guerre
DANS LE BORD-EST
14 Octobre— Des engagements ont eu
lieu autour de Gand, où l’ennemi est entré.
Au centre, nous progressons vers Craon-
ne.
EN SERBIE
14 Octobre. — Des attaques de l’enne-
mi ont été repoussées. L’artillerie serbe a
jeté la panique dans ses rangs.
SUR MER
14 Octobre. — Deux sous-marins alle-
mands auraient été coulés dans la Balti-
que.
EN RUSSIE
13 Octobre. — Les troupes russes pour-
suivent avec succès les Allemands à l’Ouest
de Varsovie. La bataille de Przemysi con-
tinue.
14 Octobre.— Un Zeppelin a été capturé,
près de Varsovie, par une patrouille de co-
saques.
de Prusse dont l’astre s’élevait au fir-
mament européen, mais aussi à la fa-
mille de Napoléon 111 qui restait l’ar-
bitre des destinées roumaines. Sa
grand’mère maternelle était en effet
Stéphanie de Beauharnais, fille de
l’impératrice Joséphinê et fille adop-
tive de Napoléen P 1' ; elle avait épousé
le prince héritier de Bade qui lui resta
fermement attaché même après la chute
de l’empereur.
Napoléon III, qui était particulière-
ment flatté de ces liens de parenté
avec de vieilles familles princières, ac-
cepta d’emblée la candidature du
prince Charles, tandis qu’au contraire
le roi de Prusse, redoutant à ce mo-
ment des complications du côté de
l’Orient, ne s’y résigna que malgré
lui. Quant à l’Autriche, elle y était
tellement opposée que pour se rendre
à Bucarest ên traversant son terri-
lairc, le futur souverain dût se cacher
sous l’apparence d’un négociant frisfe
voyageant pour ses affaires. L’élé-
vation d’un Hohenzollern au trône de
Roumanie ne paraissait doncpas alors
devoir faire baisser l’influence fran-
çaise au profit de la Prusse et de l’Au-
triche.
Mais les événements de 18jo de-
vaient renverser l’équilibre européen
et du même coup faire pencher la ba-
lance des sentiments du prince Char-
les du côté de son ascendance Hohen-
zollern et le réconcilier, par ricochet,
avec l’empire austro-hongrois qui ac-
cepta son émancipation définitive de
la Turquie, en 18y8, et son élévation
à la dignité de roi en 1881.
Cependant, l’influence germanique
qui se manifesta dès lors en Rouma-
nie fut purement gouvernementale et
commerciale. Si l’Allemagne a acca- 1
paré les marchés du pays, nous gar-
dons toujours son coeur, et son intel-
ligence est toujours formée à l’image
de la nôtre, puisque notre langue y
est plus répandue que jamais. IL faut
reconnaître d'ailleurs que le roi a
toujours évité de froisser les senti-
ments de son peuple à notre endroit
et que la reine, bien connue des let-
trés sous le nom de Carmen Sylva, n’a
cessé de patronner nos littérateurs.
Les événements actuels ont rendu
plus vifs que jamais ces sentiments
populaires indéracinables, d’autant
plus que les Roumains voient en nous
des émancipateurs de peuples qui, vic-
torieux des alliés austro-allemands,
pourront délivrer enfin leurs compa-
triotes de Transylvanie et les faire
i rentrer dans le bercail de la Grande
Roumanie ; aussi brülent-ils du désir
d’entrer dans la sainte coalition des
peuples libres contre le germanisme.
Chaque jour, de grandioses mani-
festations se déroulent dans les rues
de Bucarest au chant de la Marseil-
laise et aux cris de «. Vive la France !
Vivent la Russie et T Angleterre ! Vive
la Grande Roumanie t »
A la fin de septembre, dix mille
Roumains, dont le recteur et les pro-
fesseurs de V Université, se sont réunis
pour inviter le gouvernement à se dé-
clarer contre VAllemagne et l’Au-
triche.
Le roi, vieilli et malade, n’a pu ré-
sister à ce conflit tragique entre ses
sentiments personnels, ses engage-
ments secrets sans doute, et les aspi-
rations impérieuses de son peuple qu’il
a toujours profondément aimé, ren-
dons-lui cette justice. Il est mort, victi-
me lui aussi de la guerre inique dé-
chaînée par osa impérial et criminel
cousin.
La Roumanie a-t-elle les mains li-
bres maintenant ? C'est l’espoir de ses
amis et de tous ceux qui comptent sur
sa belle armée de 65o,ooo hommes
pour hâter la ruine de l’Autriche et
par là l’écrasement tle VAllemagne.
CASPAR-JORDAH.
EISIMBÎIIÉS È immoral
t±"-4L OO'X’OSïï.KÏ
Paris, 15 heures, reçu à 18 heures.
ï&iisiî*» 1s». ïSégtloîi
de Gand
Quelques engagements ont eu lieu'
dans la nuit du 12 au 13 et dans la'
journée du 13.
Des troupes anglo-françaises ont
occupé Ypres.
A notre aile ^anclte
Jusqu’à l’Oise, les opérations se
poursuivent normalement.
An Centre
Les progrès de nos armées dans la
région de Berry-au-Bac et de Craon-
ne sont confirmés.
AE. notre aile droite
Rien de nouveau.
Paris, 23 h. 50, reçu à 1 h. 35.
Les renseignements, d’ailleurs gé-
néraux, reçus dans la soirée n’indi-
quent aucune modification importante
dans la situation.
Unique Belge
Nous avons toujours suivi avec un palpi-
tant intérêt les événements de Belgique,
mais la présence du gouvernement belge
au Havre leur donne plus d’importance que
jamais pour notre ville. Nous leur réserve-
rons donc désormais, dans cette chronique,
une place particulière, heureux de faire
entendre la voix de notre journal en faveur
de nos malheureux mais si vaillants alliés et
amis.
G. J.
Télégrammes de sympathie
Bordeaux, 14 octobre.
Dès qu’il eut connaissance des intentions du
gouvernement belge, M. Poincaré télégraphia
au roi pour lui offrir l’hospitalité d'une cité
française, lui donnant l’assurance que la sou-
veraineté du gouvernement royal y serait as-
surée.
Le roi remercia. Il ajouta : <> Nous attendons
avec une inébranlable confiance l’heure de la
victoire commune. Nos troupes luttent côte
à côte pour une juste cause ; notre courage ne
connaîtra jamais de défaillance. »
M. de Broqueville télégraphia à M. Viviani, lui
exprimant la.gratitude du gouvernement belge
pour l’accueil du gouvernement français. Il
ajouta que la Belgique qui sacrifia tout pour dé-
fendre l’honnêteté, l'honneur et la liberté, ne
regrette rien car elle a confiance dans le devoir
accompli et la certitude du triomphe de la
causé dès,Wtb'M..
Aï.' Viviani répondit : « Le gouvernement de
la République est fier de donner l’hospitalié au
gouvernement de la noble et vaillante nation
qui, sacrifiant tout ah souci de l’honneur et du
devoir, rendit à la cause commune un si écla-
tant service. Je suis sur que l’union intime des
nations alliées assurera le triomphe définitif de
la justice et du droit. »
Ai. de Broqueville adressa d’autre part à Ai
Millerand un télégramme disant que l’armée
belge, acculée à la frontière française après
plus de deux mois de lutte, s’honore et se ré-
jouit à la pensée de reconquérir le sol de la
Patrie en union intime avec les superbes ar-
mées alliées.
Ai. Millerand répondit que les Belges, les
Anglais, les Russes et les Français, indissolu-
blement unis, vaincront parce que leur volonté
est supérieure à toutes les épreuves.
Un point de droit
Le transfert du gouvernement belge en Fran-
ce soulève-t il des difficultés juridiques 1
Le « Figaro » a posé la question à un avocat
au courant du droit international, et qui lui a
répondu :
— La présence en territoire étranger d’un
gouvernement, resté le gouvernement de son
pays, est un cas tout nouveau. Je ne connais
aucun précédent. Mais il ne me semble pas
qu’il y ait lieu de s'inquiéter de difficultés qui
ne se produiront pas, à coup sûr.
» Quand on est d'accord sur le fait, quand
les « parties en causa » sont unies par le désir,
amical de tout régler au mieux d’un intérêt
commun, les juristes, même en droit interna-
tional, n’ont pas h intervenir.
» Le gouvernement belge sa fixe au Havre.
L'hôtel où ii va s'installer sera assimilé à une
ambassade, ou bien.au palais où réside un roi
rendant visite à un autre chef d'Etat. Nos hôtes
souverains ne dirigent-ils pas sans difficulté les
affaires de leur pays pendant leur séjour chez
nousî ■ V .
» Les ministres belges jouiront des droits et
avantages réservés aux agents diplomatiques,
: et qui sont l’inviolabilité de leur demeure, le
droit de correspondre en langage chiffré,
i l’exemption d’impôt et l'exemption de la juri-
diction civile ou criminelle de l'Etat où ils ré-
sident, le droit du protection des nationaux.
» C'est l'ensemble de ces avantages réservés
aux étrangers revêtus d'un caractère national
qu’on appelle les privilèges ..d'exterritorialité.
Le gouvernement belge en jouira. Il aura en
matière télégraphique la priorité et la fran-
chise... Si des difficultés se présentent, on les-
résoudra une à une, facilement, et les senti-
ments que nous inspire à tous la présence de
tels hôteserapêoheront qu’aucune question soule-
vée nécessite l’euvertlire d'aucun traité de droit
internatioual — où, d’ailleurs, j'imagine, on ne
trouverait rien. »
Le Personnel accompagnant
le Gouvernement
Le nombre des personnes qui ont accompa-
gné le gouvernement belge est d’environ 350,
dont 225 fonctionnaires et un détachement de
gendarmerie de 125 hommes.
Le Steamer « Vilîs-d’Anvers »
Un second navire avait été affrété pour le
transfert du personnel attaché au gouverne-
ment belge au Havre. Ce steamer, lefVilte-
d'Anvers », venant d'Ostende, est arrive dans
notre port dans la nuit de mardi à mercredi.
Il avait à bord 1,20/0 rôlugiés belges. ,
Ce navire apportait en outre un grand nom-
bre de colis et de malles contenant les dossiers
des ministères belges,Ces bagages ont été trans-
portés hier à la Bourse par les automobiles et
les camions d’artillerie française, où la répar-
tition en sera faite dans les bureaux des divers
ministères.
Ces opàrations.yeffectuent sous la surveil-
lance des officiers' 1 belges avec le concours de
nos hommes de treuoea
FAUSSES NOUVELLES
Paris, 14 octobre.
Un communiqué dément deux fausses
nouvelles publiée» par certains journaux
allemands.
La première est relative à la prétendue
destruction de deax divisions de cavalerie.
La vérité est qu8 des forces de cavalerie
française et allemande avec soutiens sont
engagées depuis plusieurs jours sur le front
La Bassée-Estaires-Bailleui. La cavalerie al-
lemande progressa très légèrement entre la
Lys et le canal de La Basses, mais elle dut
se replier au Nord de la Lys avec des pertes
aussi sensibles que les nôtres.
Une de ses divisions souffrit particulière-
ment des bombes lancées toute une journée
par nos aviateurs.
D’autre part, les Allemands annoncent
qu’ils procèdent à l’investissement de Ver-
dun, alors qu’ils n'arrivent même pas encore
à se heurter directement à la place de Ver-
dun.
Us firent deux tentatives infructueuses
pour essayer d'envelopper sur une grande
distance nos forces opérant autour de
Verdun.
La première de ces tentatives marquée par
un essai de progresser dans la forêt de l’Ar-
gonne, échoua avec des pertes considérables.
La deuxième tentative laite avec des effec-
tifs beaucoup plus importants fut de fran-
chir la Meuse dans la région de Saint-Mihiel.
Si l’ennemi put atteindre la Meuse snr la
front Maizey-Chauvoucourt, tous ses efforts
pour déboucher échouèrent, car il fut pris
de flanc par celles de nos troupes avançant
du Sud au Nord, dans le Snd des Hauts de
Meuse, et par la Weëvre méridionale.
L’Aéronautique militaire
Bordeaux, 14 octobre.
Le colonel de génie Boultianx, directeur
4a service aéronautique de l'armée, est nom-
mé adjoint à !a direction de l’aéronautique
militaire au ministère de la guerre.
Les Socialistes et le Gouvernement
Paris, 14 octobre.
Le groupe socialiste unifié a entendu les
ministres Sembat et Guesde qui ont parlé
de leur participation à l’oeuvre de la défense
nationale au gouvernement.
Les membres du groupe ont voté, à l’una-
nimité, un ordre du jour exprimant sa
confiance en Guesde et en Sembat pour con-
tinuer leur" action au sein-du gouvernement.
Un Communiqué Eusse
Pelrograd, 14 oetobre (Officiel).
Sur la rive gauche de la Vistule et sur les
routes conduisant de Varsovie à Yvangorod,
tes Russes ont, le 13, pressé avec succès les
trou pes allemandes.
Un régiment russe a pris deux compagnies
allemandes.
An Sud de Przemysi, le combat continue.
Sur les autres points, pas de changements
importants.
UN ZEPPELIN CAPTURÉ
Petrograd, 14 octobre.
Une patrouille de cosaques cachés dans un
bois près de Varsovie, a abattu un Zeppelin,
volant assez bas.
L’équipage est sauf et prisonnier.
Le Zepp3hn est intact.
Il a été amené à Varsovie.
Londres se prépare
à, recevoir les Zeppelins
Lor dres, 14 octobre.
On a été informé depuis plusieurs semai-
nés que les Allemands préparaient à Bru-
xelles de grands raids arec des Zeppelins et
des Taubes.
Gomme le comte Zeppelin a annoncé que
le tour de Londres viendrait irson temps, on
n’a pas attendu les premières expériences
pour prendre les précautions nécessaires.
M. Walter Rusciman a prononcé un dis-
cours à Qingsway-Hall, au cours duquel il a
dit:
— Il m’a été donné de comprendre que
les Allemands daigneront s’occuper de l’An-
gletterre à partir du 31 octobre, et qu’à par-
tir de ce moment leurs armées de terre, de
mer et de l’air seront employées contre
nous. É est inutile de parler de leur marine,
; qui est embouteillée au Nord de l’Allema-
gne ; leur armée est très occupée en France
et en Prusse, et il n’y a guère que leur ar-
mée aérienne qui puisse nous préoccuper
un peu.
» Si cette armée vient, elle ne petUjeler
que des bombes avec l’intauliou d’effrayer
la nation anglaise ; mais là, encodé, i’Alle-
magne mésestime le caractère britannique.
» Ne pënséz pas que les Zeppelins vont
pouvoir faire ce qu’ils voudront, car nous
avons des hommes courageux parmi nos
aviateurs, qui l’ont déjà prouvé en allant at-
taquer les Allemands chez eux, notamment
, à Dusseldorf, x
los Alpins appréciés
par un officier alleiml
Le Temps publie, d’après un journal ba-
dois, le PforzhHmer Anzetger du 27 septem-
bre, d’intéressantes impressions d’un officier
allemand sur le caractère de la guerre ac-
tuelle et spécialement sur notre corps de
chasseurs alpins.
Cet officier adresse ses impressions à unde
ses amis.
« Combats de forêts, combats de monta-
gnes. » Ces mots veulent dire, pour nous :
frayeur et spaetres. La première terreur est
que l’ennemi est toujours invisible ; la
deuxième terreur est qu’il y a dés souri-
cières de tous côtés. Troisième terreur :
nous recevons des coups da feu de tous
côtés ; quatrième terreur : manque de tout
contact. Aucune compagnie ou section ne
sait si elle est sur la même ligne que les
autres, ou déjà au milieu des pelotons en-
nemis.
Maintenant, vient la cinquième et la pins
terrible des frayeurs : la fusillade par nos
propres troupes. Nous prenons les pins gran-
des précautions, mais malgré cela U nous ar-
rive d’avoir un groupe d’ennemis entre deux
des nôtres. Les Français ne nons montrent
jamais pins de 10 à 50 hommes qui sont par-
tout et nulle part. Souvent nous entendons
an cri angoissé : « Eigene Trappen I » (les
nôtres) et nous cessons notre feu pour rece-
voir tout de suite une salve qui nous prouve
que nous avons affaire à des Français. Ce
sont donc eux qui nous ont lancé ce t appel.
U nous arrive aussi souvent, le soir, que
quatre à cinq gaillards se faufilent vers un
bataillon avec des cris de hourra à la ma-
nière des possédés, et lâchent tant de coups
de feu que nous pensons d’abord à nue atta-
que sérieuse. Puis ils disparaissent anssi vite
qu'ils sont venus. Ce genre de guerre serait
notre désespoir si les Français avaient un
uniforme gris-vert. Mais, malgré ceia, avec
leur étoffe sombre, ils ne risquent pas trop
dans la forêt. Les calottes rouges sont peu
visibles, étant couvertes par la Cipote.
A part 1s troupes de ligne, nous avons
principalement des chasseurs alpins comme
adversaires, des gaillards avec des pantalons
biens et des couvre-chefs ronds bien foncé.
C’est nne troupe d’élite, et bien instruite.
Ii faut avoir eu quelques rencontres avec
leurs patrouilles. Cela se faufile à travers les
buissons, sans aucun bruit; très vivement,
avec beaucoup d’iuitiative. On n’entend au-
cun conp de sifflet ou commandements du
chef, et soudain les voilà qui tombent sur
nous comme des bêtes féroces.
Au même instant, des balles nous sifflent
autour de la tête et l’on se demande souvent
si ce ne sont pas des balles allemandes qui
viennent par derrière.
Depuis cette attaque, j’ai encore la terreur
dans tous les membres.Voiià qu’on m’envoie,
tout comme aux manoeuvres, avec 24 hom-i
mes, à un kilomètre pour garder notre com-
pagnie. Il faut ajouter que nous avions
perdu,il y a deux jours, le tiers de la compa-
gnie et tous les officiers, à l’exception d’un.
— <1 Nous sommes perdus, là-dehors, mon
lieutenant, médirent tes soldats. »
Arrivés à Remplacement, je leur montrai
que nous avions bien choisi la place, que
nons étions bien à couvert, avec nn beau
champ de tir devant nous. Je plaçai donc mes
observateurs en large ligne.
Devant nous j’envoyai des patrouilles. Je
gardai six hommes avec moi, et je me sentis
relativement en position sûre. Nous voyions
un bon bout de route devant nous, et voici
que paraît un chasseur. Le gaillard mar-
chait d’un bon pas et courageusement. Il ne
paraissait pas supposer un danger, ni le
.craindre.
C’est aven un sentiment tout nouveau que
j’ordonnai de tirer sur lui. C’est tout antre
chose de faire cela que de se tuer en combat-
tant, mais il est tout aussi nécessaire de tuer
un ennemi isolé, sans quoi on risque de ser-
vir soi-même de cible ensuite.
Nous ne voyions et n’entendions plus
rien. Moi seul, j’aperçus tout à coup une
ombre mouvante, c’était à gauche, où j avais
placé,A cause du taillis plus épais, à 40 mè-
tres de noos, quelques observateurs.
Au même moment, nous essuyons une
dizaine da coups de feu. Le premier coup
s’enfonce devant moi, dans ie sable, et sans
mon lorgnon j’aurais été éborgné- ,Nous ré-
pondons par des coups da fusil, mais je
crois que pas un de nous n’a entrevu un
eonmi.
Comme je venais, cinq minutes avant, de
recevoir l’ordre de me retirer, et comme je
supposais avoir affaire à un ennemi supé-
rieur en nombre, je donnai l’ordre de se re-
plier et je rentrai avec mes hommes satns
et sauf à notre compagnie.
C’est ainsi que nous combattons tous les
jours.
A peine lève-t-on la tête, pan ! un coup de
fusil, et c’est ainsi toute la journée. Nous
sommes toujours sur le qui-vive.
CAMPS DE PRISONNIERS
Genève, U octobre.
DÔUX camps de concentration da prison-
niers de guerre ont été établis en Hasse et
Nassau.
VICTOIRES SERBES
Nieîi, 9 octobre.
Hier sur le front Zvornik-Lozaitza, l’enne-
mi a ouvert un feu violent d’artillerie à
l’aile droite.
D'artillerie serbe le réduisit rapidement
au silence.
Nich, 9 octobre.
Les Serbes ont rencontré l’ennemi avec
succès en Bosnie et se sont emparés de plu-
sieurs mitrailleuses.
Le même jour, l’ennemi a ouvert un faible
feu d’artillerie sur une forteresse de Bel-
grade et les quais du Danube,
Nich, 10 octobre.
Sur le front Zvornik-Loznitza, les troupes
serbes ont remporté des succès dans plu-
sieurs escarmouches.
Sur le reste du front, lien d’important.
Nich, Î3 octobre.
L’ennemi a tenté à deux reprises, à l’ex-
trême aile droite du front Zvornik-Loznitza
des attaques qui ont été repoussées avec de
grosses pertes.
U a tenté ensuite des attaques sur la rive
gauche de la Save et, a encore été repoussé.
Le tir précis de l’artillerie serbe a jeté la
[ panique dans ses rang»
isüesjitiijts
Veut-on avoir un échantillon des histoire*
extraordinaires avec lesquelles le gouver-
nement allemand berce la quiétude dit
peuple ?
Empruntons-le au communiqué officiel al-
lemand du 12 octobre.
Nous le traduisons littéralement, d'après
t texte qui a été reçu par les stations de té-
légraphie sans fil.
« Le comte Baroldinngen, de Potsdam,
dont la mère est Américaine, après avoir
endossé le pardessus d’un officier anglais,
s’avança à travers les lignes françaises et de- ,
manda à êire conduit devant qaeiqu’un par-
lant anglais.
». Il fut amené devant le général com-
mandant et dit : « Je sais adjudant-major
anglais. Quand vous proposez-vous d’atta-
quer ? De quel côté attaquerez vous ? Quels
sont vos plans ? »
» Il faisait sombre et le général ne remar-
qua pas que sons le pardessus anglais était
1 uniforme d’an officier prussien. Il donna
tous les renseignements qu’on lui deman-
dait (i).
» Le comte regagna les lignes allemandes
et communiqua l’information qn’il avait re-
cueillie à son chef qui reconnut la vérité du
récit. Les Allemands attaquèrent alors et
remportèrent la bataille.
» Le comte Baroldinngen a été pour ce
fait récompensé de la croix de fer. »
Le même communiqué mentionne, l’attri-
bution d’une croix de fer au comte Schwerin,
pour un antre fait aussi glorieux.
Traduisons non moins fidèlement :
« Pendant qn’il effectuait nne reconnais-
sance, le comte Schwerin a’aperçut qu’il
s’était aventuré dans les lignes françaises. II
se présenta alors à un officier français et lui
dit en anglais : « Voulez-vous m’aider à re-
gagner les lignes anglaises, - j’ai perdn mon
chemin et je suis trempé jusqu’aux os. J’ai
été obligé d’échanger mes vetements avec
ceux d’un officier prussien mort et je re-
doute maintenant de regagner les lignes an-
glaises, craignant d’être fusillé.
» L’officier français fut trompé par l’ai-
sance avec laquelle le comte pariait anglais
e), se souvenant de ce -que les Français
avaient précédemment fusillé par erreur
plusieurs officiers anglais qui présentaient
une ressemblance avec les prussiens, il offrit
de reconduire le comte aux lignes anglaises.
» Le comte Schwerin pressa" son cheval,
et qr.and son guide s’aperçut de son erreur,
il fit fea sur lui, mais le cheval trébucha et
les balles passèrent an-dessus de la tête dix
comte qui regagna les lignes allemandes
sans avoir été blessé.
» Pour ce trait, il a été récompensé de la
Croix de fer ».
Et voilà les sornettes ridicules que le gou-
vernement conte sérieusement an peuple, i
Gand occupé par les Allemands.
Amsterdam, 14 octobre.
On annonce que les Allemands sont entrés
à Gand, le 12, après de violents combats, sa-
medi et dimanche, dans le voisinage de
Qoatrecht et de Melle.
Un petit détachement de ublans arriva
d’abord, puis se retira.
Quelque temps après, l’infanterie alle-
mande pénétra de tous côtés, occupa i’Hôtei
de Ville et campa dans les rues.
Us Réfugiés Belges e» Angleterre
Fôikestone, 14 octobre.
Dans un élan admirable de générosité, les
Anglais s’efforcent de soigner ae nombreux 1
réfugiés belges arrivés à Londres et sur tout
le- littoral méridional de l’Angleterre par
Osîende et Folkestone.
Leé réfugiés ont enduré de grandes misè-
res et racontent des faits dépassant toute
imagination sur les atrocités allemandes.
La maison de convalescence française de
Brighton a recueilli autant de réfugiés qu’elle
en peut contenir.
DIÏÏI SOUS-MARINS 1 COULÉS
Petrograd, 14 octobre.
Uu communiqué de l’état-major naval dit
qne les croiseurs qui ont été attaqués par,
des sous-marins le 10 et ie 11 octobre,, en ont
coulé deux.
LE PARLEMENT ESPAGNOL
Madrid, 14 octobre.
Le Parlement réouvrira le 30 octobre.
La Santé de M. de San Giuiiano
Rome, 14 octobre.
Le bulletin de santé de M. de San Giniiano
rédigé à sept heures du soir porte :
« Ministre passa une journée tranquille.
Il ressent un plus grand soulagement, sans
crise ni faiblesse. Les conditions da coeur
sont un peu meilleures." Attaque de goutte
au genou droit. Température 36, pouls 114,
respiration 26.
Les « Taiilbe »
A Amiens, dimanche, l'aviateur allemand*
dans sa randonnée aérienne, ne s’est pal
contenté d’observer les monuments dans la
ville ; il a aussi lancé deux bombes.
L’uue d’elles, jetée exactement à midi 40,
est tombée à cent mètres du terminus du
tramway de Saint-Achenl, dans un jardin.
Elle n’a pas éclaté. La deuxième a explosé,
quelques secondes plus tard, à nne centaine
de mètres de là, au milieu de la chaussée.
Elle a malheureusement fait plusieurs victi-
mUn wattman de tramway a été criblé de
mitraille;une femme s’rst affaissée* la cuisse
basée par un éclat de bombe. Ces deux
blessés ont été transportés à l’hôpital. A cin-
quante mètres du lieu où la ~ bombe avait
éclaté, un gendarme a également été atieint,
mais peu grièvement, par un éclat.
Des avions français donnèrent la chasse
au « Taqbe » qui aurait été abattu, w-0i>- ;
■ orès d’Abbeville.
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