Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-10-09
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 octobre 1914 09 octobre 1914
Description : 1914/10/09 (A34,N12115). 1914/10/09 (A34,N12115).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1722773
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2020
54“ Hnnf* — fl* I2.4IS_ rfanmts — Ce Journal ne peut être crie — S Mmes Vrndreli 9 Octobre 4*44
Administrateur • Délégué - Gérant
O. RANDOLET
AflaiBisiratisa, Impressions it Amtoscas. TEL. 10.17
85. Eue Fontanelle, 35
Adresse Télégraphique : EA1TD0LET Havre
Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
RÉDACTEUR EN CHEF
Ï.-4. CASPAR - JORDAN
Téléphone s 14,80
Secrétaire Général: TH. VALLÈS
Rédaction, 35, rue Fontanelle - Tél. 7.60
AJ
AU HAVRE..... BUREAU DÛ JOURNAL, 112, boni* de Strasoour*.
( L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A PARIS < seule chargée de recevoir les Annonces pour
( le Journal.
Lt PETIT HPTRE est désigné ponr lés Annonces Judiciaires ot légale*
ABONNEMENTS TROIS MOIS .SIX MOIS Un Al
Lie Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure, * 0 r. . u
l’Oise et ta Somme * 6 O Fr. 18 Fr.
Autres Départements..,.....,,.......,.. 6 Fr. MM 5O SS9 m
Union Postale MO » 20 Fr. 40 *
On t'abonne également, SANS FRAIS, dans tous le* Bureaux de Peste de Franee
L’OPTIMISME JUSTIFIÉ
Le rédacteur des communiqués
pourrait paraître à certains' esprits
ïnal faits comme un humoriste qui
s’ignore. Aux journalistes peut-être
anxieux venus aux nouvelles mercredi
soir,, il fit répondre tout simplement
que « sauf aux deux ailes où les at-
taques ont été*repoussées, le calme a
été à peu prés complet sur le front ».
Cet emploi dégage d’une phrase inci-
dente « sauf aux deux ailes... » peut
évidemment nous laisser rêveurs quand
depuis plusieurs jours on n’a cessé de
nous repéter que dans le Nord la
bataille se livrait avec une grande
violence et que l’on nous avait même
prévenu que nous avions dû eéder du
terrain.
Mais la vérité est que le rédacteur
du communiqué à l’âme d’un soldat,
si ce n’est un soldat lui-même, et qu’il
n’a pas songé à nous rassurer par une
ph rase bien tournée pour l’excellente
raison qu’il n’avait nullement partagé
des inquiétudes de certains d’entre
nous. Il sait que l’ensemble de la si-
tuation est bonne pour nous, il a con-
fiance dans nos troupes et il attend
tranquillement l’issue de la lutte.
Quand de nouvelles forces ennemies
apparaissent quelque part, quand la
bataille « chaude », quand nous de-
vons même reculer un moment, il nous
te dit sans se frapper. Quand nous
avons repoussé l’attaque. repris le
terrain perdu, continué à progresser,
il nous le dit de même sans s’exal-
ter, Il réserve ses accents plus cha-
leureux, quoique toujours modérés,
pour la grande victoire qui sera au
bout de ces actions de détail.
Ceux qui, depuis le ministère Mil-
terand, ont suivi attentivement les
communiqués et se sont soumis à leur
discipline, se sont fait aussi une âme
martiale ; mais le malheur est que le
?\ublic, et certains journalistes d’ail-
eurs, prêtent trop complaisamment
l’oreille aux bruits qui courent, au
lieu de s’en tenir aux informations
officielles, ce qui crée un état d’esprit
fiévreux et prompt aux revirements
fâcheux. Si les communiqués de lundi
et de mardi ont déprimé tant de gens
c'est qu'ils avaient Cru, sur la foi
d’une nouvelle venue on ne sait d’où,
que « l’armée allemande était cou-
pée l1 »
Ceux qui, sans nourrir d’illusions,
avaient conservé leur sang-froid, ont
simplement compris qu’il y avait un
moment dur à passer, comme il y en
a déjà tant eu depuis que dure cette
interminable bataille, dite de l’Aisne,
et ils ont attendu avec optimisme que
cela s’arrange comme cela s’est déjà
fait tant de fois également. Et en
effet, suivant la cadence habituelle et
normale des nouvelles officielles, nous
savons maintenant que nous avons re-
pris le terrain que nous avions dû cé-
der dans la région de Roye, que nous
avons refoulé au Nord de Lille la ca-
valerie allemande qui s’était avancée
vers Armentières et que l’action se dé-
goule dans toute cette région « dans
■de bonnes conditions pour nous »,
sans parler des échecs de l’ennemi à
l’autre bout de notre ligne, à l’Est de
fia Meuse,
La position des Allemands dans le
. Nord est maintenant, à vrai dire, à
peu près la même que celle qu’ils oc-
cupaient à la fin d’août, au moment
de leur invasion de néfaste mémoire ;
-mais à part cela, tout est changé.
S'ils occupent de nouveau ces positions
jc’est que nous les y avons refoulés et
ils ont devant eux non plus une ar-
imée qui bat en retraite mais une ar-
guée qui fait front et progresse irré-
sistiblement; enfin et surtout ils ne
Sont plus des vainqueurs ne doutant de
Tien, mais ils sont désespérément aux
prises avec une armée qui a fait ses
preuves et qui porte en elle désormais
pa certitude de la victoire.
GASPAA-JORDAN.
La Répartition des Forces autrichiennes
Les forces autrichiennes forment trois
ùoyanx : La première armée austro-alle-
mande de Cracovie a pour objet d’»rrêter
l’offensive rnsse sur Cracovie ; la seconde
'armée se replie dans la direction de Ja»lo
(Dunkla ; la troisième armée est composée de
, troupes opérant à Przemysl, qui espèrent
paralyser les forces russes pour faciliter 163
{opérations des deux antres armées. Jusqu'à
{présent, tons ces plans ont été efficacement
sdéjoués.
l’Escadre turque pénètre dans la Mer Noire
L’escadre tnrqne, composée dn Goeben, du
’Tiaireddin-Barbarossa, dn Torgut-Reis et de
plusieurs petites unités, a pénétré dans la
{mer Noire.
■ Le vapenr grec Euphrate, venant de Varna
} et allant à Constantinople, a été empêché
• par les autorités ottomanes de pénétrer dans
le Bosphore et a dît rebrousser chemin pour
.Varna.
LA GUERRE
Sommaire des principaux faits relatifs
à la Guerre
SUR LU FRONTIÈRE NORD-EST
8 Octobre. — A notre aile gauche, l'enne-
mi a reculé au Nord d’Arras. Les opérations
de cavalerie s’étendent presque jusqu’à la
mer du Nord.
Sur les Ilauts-de-Meuse, nous avons
avancé. Les attaques de l'ennemi ont échoué
en Woevre.
EN AUTRICHE-HONGRIE
8 Octobre. — Les Russes ont occupé Ma-
ramaros-Siziget, en Hongrie,
DANS LE PACIFIQUE
7 Octobre.— Les Japonais ont occupé Plie
Yap, dans l’archipel des Caroiiues.
Le Vingtième Corps
cité à l'Ordre de l’Armée
Bordeaux, 8 octobre.
Le vingtième corps d’armée est cité à
l’ordre de l’armée pour avoir, depuis le
commencement de la campagne, montré les
plus belles qualités manoeuvrières d’endu-
rance, de vigueur et d’entrain que rien ne
put abattre.
Sur toutes les parties du front où il fut
employé, il progressa toujours et résista
aux plus furieuses attaques.
♦
L’ÉLOGE DE L’ARMÉE FRANÇAISE
L’Opinion de nos Alliés
Le correspondant militaire dn Times, dont
la compétence et l’autorité sont hautement
reconnues, consacre un long article à l’éloge
de la valeur et de la constance de l’armée
française.
Il souligne le sentiment de délicatesse et
d’admirable réserve qui fait que le gouver-
nement français, dans ses commumqités,
évite de mentionner des nwns de comman-
dants de troupes, des régiments qui jour-
nellement accomplissent des prodiges de
stratégie, de vaillance et de ténacité.
Le Times termine ainsi :
Nous pouvons désirer qne le gouverne-
ment français nous fournisse d’autres occa
siens de connaître et d’admirer les qualités
tés et les exploits des troupes françaises.
Mais nous savons qu’à Longwy, au Fort
Trayon, au Camp des Romaine, dans main-
tes positions en Lorraine et ailleurs, les sol-
dats lrangiic ont déployé «ao grande ténacité
en des circonstances difficiles,
Nons sommes fiers de nos aliiés et, dans
le confiant espoir que nous marcherons côte
à côte de victoire en victoire, nous leur en-
voyons les plus chaleureuses félicitations.
Un Député italien admire nos Troupes
Rome. 5 octobre.
La Tribuna dit qu’un député italien, re-
venu le fi octobre de Bordeaux, déclare que
les troupes françaises au’il vit de près sont
dans d'excellentes conditions d’esprit. Offi-
ciers et soldats ont la certitude de la vic-
toire. . ; , \ .
Le député ajoute ; « La concorde entre le
gouvernement et le pays et entre le pays et
Farinée est admirable. »
Les tronpes indiennes que vit le député
sont merveilleuses et les soldats sénégalais
sont admirables,
CONSEIL DE CABINET
Bordeaux, 8 octobre.
Un Conseil de Cabinet s’est tenn sous la
présidence de M. Viviani qui rendit compte
4e son voyage et témoigna de la satisfaction
complète qu’il a éprouvée en visitant tes
quartiers généraux des armées française et
anglaise. -
Le moral des tronpes, leur endurance,
leur vaillance enjouée sont admirables.
Les populations éprouvées supportent cou-
rageusement le sort que leur fit la guerre.
Eues ont repris avec confiance leurs tra-
vaux, sous les pas mêmes de l'ennemi re-
poussé.
Le Retour de M. Poincaré A Bardeaux
Paris, 8 octobre.
M. Poincaré, accompagné de M. Millerand,
a quitté l’Elysée, ce matin, à 8 heures, allant
à Bordeaux, en automobile.
Bordeaux, 8 octobre.
M. Viviani, de retour de Paris, est arrivé
dans la matinée.
Bordeaux, S octobre.
MM. Poincaré et Miilerand sont rentrés à
Bordeaux à 19 h. 45.
Un Vaillant Français blessé
Paris, 8 octobre,
IA colonel Marchanda été blessé à la jambe
par nn éclat d’obus.
Comment Papeete fut bombardé
Bordeaux, 8 octobre.
Le gouverneur de l’Océanie française con-
firme au ministre des colonies ie bombarde-
ment de ia ville Papeete par deux croiseurs
allemands, Scharnporst et Gneisenau, le 22
septembre.
Les autorités locales, pour éviter la possi-
bilité de ravitaillement de l’ennemi, avaient
brûlé le parc à charbon et pris toutes les
mesures pour interdire l’accès de ia rade
aux croiseurs.
Ceux-ci coalèrent la canonnière Zelée, pré-
cédemment désarmée.
Les Allemands lancèrent sur la ville ISO
obus qui incendièrent le quartier des com-
merçants.
Les dégâts sont purement matériels.
L’attitude énergique de la population, des
marins et d’un détachement d’infanterie co-
loniale, qui firent tous preuve d’un grand
courage, empêcha an débarquement d équi-
pages ennemi»)
Csmiiiniqués du Gouvernement
(£3 OCTOBRE
Paris, 15 heures, reçu à 18 heures,
A notre aile gaucho
flans la liégi&n tint IVor et
L’ennemi n’a progressé nulle part
et a reculé sur certains points, par-
ticulièrement au Nord d’Arras où l’ac-
tion se déroule dans de bonne condi-
tions pour nous. Les opérations des
deux cavaleries se développant main-
tenant presque jusqu'à la mer du
Nord.
Satnttte ci Otam
Dans la région de Roye, l’ennemi est
toujours en force ; mais nous avons
repris la majeure partie des positions
que nous avions dû céder.
Au RfortS de VAbatte
La densité des troupes allemandes
semble avoir diminué.
Au Centre
JEutre Mteitna et la JUeuae
Rien à signaler.
Sur les Hauts-de-la-Meuse, entre
Verdun et Saint-Mihiel, l’ennemi a
reculé au Nord d'Hattonchatel ; il
tient toujours Saint-Mihiel et quel-
ques positions au Nord de Saint-Mi-
hiel, sur la rive droite de la Meuse.
JEtt WVeêvee
Les violentes attaques qu'il a tenté
à l’Ouest d'Appremont ont échoué.
A l’aile dLroit©
En Lorraineet dans les Vosges, pas
4e modification.
RUSSIE
Sur le front de la Prusse orientale,
l'offensive russe continue. Des com-
bats très vifs se livrent sur la fron-
tière à l’Ouest de Suwalki.
La Situation.
Paris, 23 heures, reçu à 1 h. 30 du matin.
Dans l'ensemble, la situation est
stationnaire.
Les positions occupées demeu-
rent les mêmes malgré quelques
violents combats dans la région
de Roye.
LES OPERATIONS
Sur le Territoire belge
" IE BOMBARDEMENT D'ANVERS
Amsterdam, 7 octobre.
Oa mande d’Anvers an Algemeen Hundels-
blad que le corotnaedaBt ma forces aHe-
a asauci que ie bombardement
d’Aaverscommencerait à trois heures du
matin, aujourd'hui.
Anvers est bien fortifié
Londres, 8 octobre.
UEvening Standar dit que l’ennemi ne
prendra pas Anvers comme il a pris Liège et
mmur. „, _
La vtlle est autrement fortifiée. San peint
faible est la présence de nombreux Alle-
mands vivant dans son sein comme com-
merçants et financiers.
La Westminster Gazette publie un article
empreint d'ironie profonde thés lequel ede
fait ressortir qu*après deux mois de guerre
les Allemands assiègent non Faris mais An-
vers.
LES ACTES D’HÉROÏSME
Le Guide du Sergen
C’était un de ces derniers dimanches, ie
sergant Robert Delacroix du 119» régiment
d’infanterie se trouvait au petit jour a*ee sa
compagnie à ... Désigné pour aller exami-
ner la position de l’enuemi qui était proche,
il partit avec deux soldats. Le sergent eut
recours à un habitant connaissant suffisam-
ment les lienx. Au cours de la mission, ce
dernier se trouva blessé.
Le sous-officier lui fit un premier panse-
ment, le laissa dans un immeuble, puis re-
vint dans les ligues françaises où il fonrnit
tous les renseignements voulus.
Le danger avait été grand, mais à ce mo-
ment, le sergent Delacroix estima qu’il n’a-
vait pas fait tout son devoir et qu’il devait
retourner vers le brave habitant, blessé en
le guidant quelques instants auparavant.
Malgré les observations de ses chefs, lui
montrant le danger qu’il courait, Delacroix
retourna avec nn soldat infirmier vers la
maison du civil. Les Allemands n’étaient
qu’à deux cents mètres de là et dirigeaient
un feu violent snr ie pays. Cela n’émut pas
le brave sons-officier qui s'employa avec
l'infirmier à donner tous les soins nécessai-
res à l’habitant.
Le moment était critique, bientôt les vi-
tres de ia maison votaient en éclats, de tou-
tes parts les baltes sifflaient, mais ce ne fut
qne quand le blessé fut tout à fait pansé que'
sergent et infirmier te sortirent.
Ce fut une véritable chasse qui fut donnée
au petit groupe- Gelni-ci pat néanmoins
échapper aux ennemis, non sans avoir frisé
la mort de près. Le sergent Delacroix avait
sa capote criblée de baües. C’est bien par
un miraculeux hasard qu’il ne fat pas at-
teint.
Après avoir parcouru plusieurs kilomè-
tres, il ne put rejoindre sa section qne dans
1e courant de l’après-midi. Quand il revint,
son capitaine le félicita vivement de sa belle
et courageuse condaite et loi dit : « Je ne
vous oublierai jamais. »
Depuis, le sergent a été blessé. Par bon-
heur, les baltes n’oat atteint aucun organe
essentiel et aujourd’hui, après un séjour à
l’hôpital, il vient d’arriver en congé de eon-
vaiescence chez les siens, à Dieppe.
Un Taube dans la région Parisienne
Paris, 8 octobre.
■ Un Taube, survolant dans la matinée la
banlieue parisienne, a laissé tomber deux
bombes, une snr la plaine de Saint-Denis,
où il n’a causé que des dégâts insignifiants,
et une autre sur Auberviïliers, où il blessa
tro's personnes.
Un Aéroplane autrichien tombe à la mer
Rome, 8 octobre.
On mande d'Antivari qu’un aviateur autri-
chien a lancé sar la ville trois bombes qui
restèrent sans effet.
ûn réussit à l'atteindre et .il tomba à la
viuer.
L’OfFMSIVB RUSSE
SS POURSUIT
Déclarations d’un Cousin du Tsar
Une dépêche de Milan an Daily Chronicle
annonce qu’au cours d’an entretien qu’il a
accordé à nn collaborateur de la Stampa, ie
doc de Lenchtenberg, cousin du tsar, a dé-
claré :
« Avec nos neuf millions de soldats, ras-
ées et atilés, avec te courage des troupes bel-
ges, anglaises et françaises, nous cerneront
P Allemagne et l'Autriche dans un cercle
d’acier qu’elles ne pourront jamais rom-
pre. »
Il conciot en disant : « L’Allemagne et
l’Autriche devront se rendre. »
Le doc de Lenchtenberg dément tous les
bruits relatifs à une trêve jusqu'au prin-
temps.
a Notre tsar, dit-il, a juré avec les alliés
d'anéantir l'Allemagne et l’Autriche. »
D’après lui, les grandes batailles qui déci-
deront du sert de l’Allemagne et de l’Au-
triche seront livrées vers le milieu de l'hi-
ver.
Succès russes en Galicie
Petrograd, 8 octobre.
L’organisation administrative de la région
conquise de Lemberg est complètement
achevée.
Elle a été érigée en province dÿisée en
treize districts.
Les troupes russes avancent lentement,
mais irrésistible ment snr Cracovie, dont la
population est déjà réduite de moitié.
Les critiques militaires constatent qne la
situation des Russes à Cracovie e»t brillante,
même si les forças autrichiennes, décimées
et démoralisées, opéraient leur jonction avec
les Allemands. La situation resterait sans
changement.
Les Russes pénètrent en Hongrie
Paris, 8 octobre.
Une dépêche de source italienne annonce
qu après nn combat acharné qui a doré six
jours, tes Russes ont écrasé on corps autri-
chien et ont occupé en Hongrie la ville de
Karamaros-Siziget.
La Russie maintient ses troupes en Perse
Petrograd, 8 octobre.
Les journaux disent que ia Russie a été
saisie par la Perse d’uae demande tendant
an retrait des tronpes rosses dans l’Azerbeid-
jaa.
Elle refnsa. Les intérêts rosses et celai
des autres étrangers, aurait-ette dit, ne sau-
raient être assurés que par l’occupation
rosse.
La Rassie répète d’ailleurs qu’elle ne dé-
sire s’approprier aucun territoire persan.
(L’Azerbeidjan est an Sud de la Caucasie
Russe).
Généraux récompensés
Petrograd, 8 octobre.
Le tsar a conféré la croix de Saint-Georges
au grand-duc Nicolas et aux généraux Ya-
nouckovitch et Danilow.
IL FAUT DES IIÉÜULLES
On manque, parait-il, de b failles et de
cannes pour nos soldats blessés aux jambes.
Beaucoup, dès qu’ils «ont convalescents,doi-
vent pour faire les quelques pas qni rendent
aux muscles force et souplesse, et gagner ia
cour, la terrasse on te jardin, pour y pren-
dre l’air, s’appuyer snr le bras ou sur tes
épaules des camarades dont les jambes sont
valides.
Le stock des cannes s’épuise rapidement
aussi. Ceux qui s’en vont en congé de conva-
lescence les- emportent pour soulager leur
marche. Vous en avez rencontré, tous, dans
les rues, de nos vaillants petits soldats, allé-
geant leur jambe douloureuse d’un appui sur
quelque modeste iotin.
Tous nous avons chez nous deux on trois
cannes solides qui ne nous servent point et
qni, déposées dans les hôpitaux on dans les
ambulances de la Croix-Rouge, seraient à
coup sûr accueillies avec reconnaissance.
Pourvu que la canne soit solide et la poi-
gnée recourbée, elle sera'précieuse.
La question des béquilles est plus grave.
Si grave qu’il a fallu en improviser de rodl-
des villes de Frange.
LIS HÉROS RI LIÈGE
Un artilleur du fort de BoeceHes, nn des forts
de Liège, a communiqué an Tunes un récit au
jour du jour dsi événements auxquels il a été
mêlé lors de l’attaque dé Lièçe par tes Allemands.
Gè soldat avait été fait prisonnier par l’ennemi,
mais il put s’évader et gagner l’Angleterre où il
est arrivé ces jours-ci :
Voici les feuillets de ce pathétique agenda
On ne les lira pas sans éprouver nos senti-
ment de haute admiration pour ia vaillance
héroïque des soldats belges.
3 Août. — Les Allemands entrant en Bel-
gique. Le général Léman ordonne la des-
truction dn village de Boncella situé à 600
mètres du fort et placé dans la ligne de feu.
Les habitants ont lo minutes pour évacuer.
Panique.
4 Août.— On abat les murs restés debout.
5 Août.— Le travail de ia dynamite conti-
nue. Nous entendons uae soudaine fusillade
venant de ia tarât de Beauregard et le bruit
d’une galopade de chevanx. La retraite des
sapeurs-mineurs a failli être coupé. Le 4«
lanciers a rencontré les troupes allemandes.
Même jour, 10 heures matin. — Les uhlans
sont à Esneux. Quelques coups de fusil bien
dirigés ont jeté la panique parmi l’ennemi
qui s’est vengé surfa population civile. (Ce
sont probablement les premières atrocité*
commises par les troupes allemandes). D
là tes nouvel >es reçues par nos quatre postes
d'observation. Trois de ceux-ci étant enve-
loppés d’Allemands, ordre leur est donné le
se replier sur 1e fort.
A partir de ce moment, le commandant
Lefer et ses trois lieutenants Montoisy, Van
Loo et Anvertus font commencer le feu, ca-
nons et fusils. Les canons tirent toute ia
nuit ; l’obscurité nous empêche de juger de
l’effet produit.
6 Août. 4 heures matin. — L’ennemi est à
460 mètres du fort. Il s’est retranché avec
mitrailleuses.
5 h. 30.— Un drapeau blanc est hissé sur
te champ de bataille. Le commandant Lefer
et le lieutenant Van Loo montent sur les
forts et font casser le feu. Le commandant a
à peine fini de donner l’ordre qu’il est atteint
aux caisses par les banlats allemands
Pen après, 80 Allemands dn 74e 1 égimei-t
dn Hanovre, se rendent et sont dirigés sur
Seraing.
Le feu a maintenant cessé des deux côtés.
Dans notre fort nous comptons neuf tués et
qnarante blessés. Des ordres sont donnés
pour engager das hommes du village voisin
(à raison de 8 francs par joar) pour enterrer
les morts. C’est an terrible spectacle. Les
Allemands sont tombés en masse Oa compte
les médailles d’identité prises snr les cada-
vres : elles ?ont au nombre de 16 000 I
De notre côté, 1,400 Belges ont été tnés en
défendant les intervalles entre les torts. Ils
appartenaient peur la plupart an 1er chas-
seurs et au 9» d’infanterie.
Vers le 9 août, nous avons appris que
notre fort avait été attaqné par 40 000 Alle-
mands venus par la vole de Francorchamps,
Spa, Stonmont, Aywaille et Esneux. Notre
commandant, maigre ses blessures,demeura
dans le fart, donnant ses ordres comme d’ha-
bitude, pendant hait jours.
Jusqu'au 13 août, l’ennemi ne se montra
pas,à l’exception d’un jour où il essayi d’en-
lever nos tranchées à 7 kilométrés de notre
lort, sur le plateau de (Jointe. Quelques pro-
jectiles suffirent pour nettoyer le terrain
instantanément.
Arrivée des Pièces de Siège^
13 Août. — Arrivée de la grosse artillerie
allemande, placée de telle sorte que nous ne
pouvons ni ia voir ni tirer sur elle. Impas-
sible dès lors de porter assistance au fort
Embourg que l’eunemi bombarde.
14 Août, 6 heures soir. — Deux shrapnels
viennent d’exploser au dessus de notre fort,
qui est bombardé jusqu’à 8 heures.
Nos communications téléphoniques étant
rompues et toutes les troupra belges étant
en retraite dams les forts depuis le 7 août,
nous sommes incapables de nous défendre
nous-mêmes. L’ordre est donné de fermer
ieB coupoles et d'attendre tes événements.
Même jour, 8 heures soir. — Deux officiers
allemands nom demandent de BOUS rendre.
Ils s’expriment en français à pen près en ces
termes : & Vous avez pu juger de U formi-
dable puissance de nos canons. Vous avez
été atteints par 278 obus, mais nous avons
encore des canons plus « colossaux » et votre
destruction sera instantanée. Rendez-vous 1»
La réponse de nos officiers est : honneur nons interdit de nous rendre. Nons
restsoerons jusqu’à la fin. »
Toas tes hommes approuvent par accla-
mations.
Uae demi-heure après, le bombardement
de notre fort recommence, mais cette fois de
deux directions. La cheminéede notre cham-
bre, des machines est renversée. Le fen s’y
déclare. La lumière ' électrique cesse. Des
vapeurs suffocantes remplissent les galeries
da fort.
15 Août. Envtron 6 heures matin. Les
chambres où sont nos canons commencent à
tomber. Piusienrs de nos coupoles ne peu-
vent pins tourner.
8 heures.— Un obus perce le toit et explose
à l’intérieur. Un de nos hommes a la main
arrachée. Deux autres sont sérieusement
blessés. Une résistance pins prolongée appa-
raît inutile ; nos blessés ont besoin de se-
cours.
Entrée des Allemands
Il est alors décidé de se rendre. Trois dra-
peaux blancs sont hissés et, en même temps,
tous les magasins à poudre sont inondés, les
torils et canons brisés (tout cela fut fait en
cinq minutes pendant que les Allemands en-
traient dans le tort.)
On nons ordonna alors de nons tenir snr
trois rangs à l’intérieur du fort. Une centaine
d'Allemands prirent possession des glacis.
En moins de vingt minutes, 10,000 Alle-
mands entouraient le fort, avec nn état-ma-
jor d’officiers, cnisines, ambulance», etc.
Comme nous pardons, nous pûmes voir
qne notre fort n était pins plus qu’un amon-
cellement de raines.
Nous avions tenu 11 jours.
Le Sous-marin mystérieux est retrouvé
Rome, 7 octobre.
Le ministre de ia marine a été informé de
l’arrivée à Bastia (Corse) du sous-marin dont
nous avons signalé hier la disparition.
On se souvient que ce sous-marin avait été
constrnit pour la Russie, à San-Giorgio, et
qu’il prit la mer soas les ordres du lieute-
nant Ballon*, avec un équipage de 15 hom-
mes.
Les Impressions
d'un Officier Allemand
Voici la lettre d’un capitaine allemand à sa
femme, que publie un journal de Berne, ITn-
telügensblatt. Ce témoignage militaire est na
rare document humain. Jamais on n’a fait
encore description plus saisissante des effets
materiels et moraux de notre artillerie snr
l’ennemi.
La scène se passe sur l’un des champs de
bataille de la Marne :
Nous dûmes reculer, car les Anglais essayaient
nn mouvement tournant que nos aviateurs avaient
reconau. Pendam les deux dernières heures, nous
étions continuellement exposés au feu de l’artille-
rie ennemie, car notre artillerie était détruite ou
on retraite et avait cessé de tirer. Tu peux te re-
présenter ce que nous ressentions. Je saisis mes
camarades par 1a mais et nous nous couchâmes
à plat ventre aussi étroitement que pomible, com-
me des harengs, et nous attendîmes la mort. Des
aviateurs ennemis tournaient au-dessus de nous
en décrivant deux cercles, ce qui signifie . ici il
y a de l’infanterie.
Alors ce fut le déchaînement. L’artillerie enne-
mie faucha tout le terrain avec son tir par stries
progressives. En une seule minute je comptai 40
obus ; représente-toi cela I Les shrapnebs fai-
saient explosion de plus en plus près Eclin, Us
arriverait dans nos rangs. Je retournai rapide-
ment ma sacoche sur mon ventre pour le cou»
vrir un peu ; et déjà retentissaient des hurlements
de douleur. Les larmes me venaient aux yeux à
entendre les pauvres diables qui se lameniaienl
ainsi, tandis que les coups succédaient aux coups.
L’air en grondait. La poussière de sable, la fumée
de la poudre et la puameur empêctiaioot de res-
pirer. G’etait de plus en plus terrible. Tous, nous
poussions des clameurs après notre artillerie*
nous ne savions pas qu’eUe avait déjà cédé. En-
fin, après une longue et angoissante attente, le
feu s’éloigna plus loin vers les lignes de derrière*
Le commaademeot retentit : « En finir I » En
nous courbant le plus possible, la sacoche ou le
sac retourné, le fusil en main, en avant, marche 1
Nous devions passer sous le feu de l’ennemi. Les
hommes recommencèrent à tomber comme des
mouches.Dieu soit tous que j'aie pu courir comas
je l’ai fait ! J’é ais à bout de souffle ; mon coeur
menaçait de rompre ; je voulus me jeter à trrre,
ae pouvant pas alter plus loi a. Alors votre image
-e représenta.à moi : teint Bolli ; cela ms pousss
encore plus loin en avant. N->us arrivons enfla à
l'emplacement de nos batteries. Le sol est boule-
versé par. les projectiles ; trois canons «ont en
débris et.les avant-trains et affûts brûlés. Plus
lois, plus, loin ! Nous faisons quelques pas lente-
ment pour repr 1 ndre baleine. Voila de nouveau
des cris appelant au secours. Quelqu'un appelle :
« G morade, ne m’abandonnez pas. .. ma pauvre
femme 1 » Arrive a notre rencontre une voiture,
elle tourne court. On charge le blessé et avec lut
deux hommes qui n’en, peuvem plus.. On fouette
les chevaux ; on les pique à la baïonnette : il faut
en sortir ! Et toujours ees bruits, un sifflement,
P4ik puis boum-krach :. ce sont les. obus. L’un
d’ei* tombe contre fa voiture: Que l’on n’en de-
vienne pas fou, c’est un miracle.
Enfin, après. environ .4 .kilomètres, les projec-
tiles ce nous atteignent plus. Je commande alors:
« Au pas,,rn ordre, par intervalles ». Tout d’un
coup, tout devient obscur devant mes yeux ; je
chancelle, l’homme placé à côté de moi me sou-
tient. Je prie tout haut ; — ne rie/, pas i voua
ne savez pas par quoi nous sommes passés.J’élais
sauvé.
Ensuite commença une terrible marche forcée :
nous avoas m rebé 26 heures avec deux heures
de halle seulement. J’ai la plante dos pieds en
compote.. Si vous pensez a tant de nuits sans
sommeil, vous pouvez vous représenter tes hom-
mes qui, au cours de la marche, tombaient par
rangées et s'endormaient. Et mot, je no fai-
sais que penser tout le temps : « Tu vis, va plus
loin. »
L’ODYSSÉE
D'une Compagnie d'infanterie Française
On a déjà en l’occasion de citer da nom-
breax actes d’héroïsme accomplis par des
patrouilles de cavaliers et de fantassins.
Le nouvel exploit qui parvient aujour-
d'hui à la connaissance da quartier général
mérite d’être raconté dans son entier.
Une compagnie d’irrfanterie a marché pen*
dant quinze jours au milieu des troupes en-
nemies en se battant continuellement et est
arrivée à Verdun presqu’au complet. Voici
dans quelles conditions :
Dans la nuit du 31 août au i« septembre,
cette compagnie qui appartient au 332* régi-
ment de réserve était placée comme soutien
d’un parc d’artillerie.
L’armée se repliait sur la Marne. Le parc
tut dirigé sur Reims, la compagnie forma
l'arrière-garde.
Attaqnée à chaque instant, elle se trouva
coupée de sa division et entourée par des
forces supérieures. Elle parvint pourtant à
s’échapper.
A partir de ce moment, le capitaine gagna
les bois, marchant surtout la nuit, repous-
sant les patrouilles allemandes, cherchant
des cantonnements, s’arrêtant dans les vil-
lages, Ira abandonnant le plus souvent avant
d’avoir pu prendre un moment de repos.
A la division, la compagnie avait été por-
tée comme disparue.
Le 3 septembre, dans la région de Laon,
elle se barricada dans nn village.
Le capitaine envoie ses estafettes qui re-
viennent en disant que l’on est cerné.
La compagnie s’élance bravement contre
le cercle qui l’enserre. Elle le culbute et se
replie sur Reims.
Un Beutenant, qui commande une sec-
tion, ne peut rejoindre. Elle disparaît, on
ne sait si les hommes sont tnés on prison-
niers. Cependant, ie capitaine poursuit sa
marche avec le reste de sa compagnie, ren-
contre des isolés, les incorpore dans sa
vaillante troupe, et ia marche héroïque con-
tinue.
Le 5 septembre, dans la nuit, la petite
troupe se heurte à une colonne allemande..
EUe l’évite, mais doit abandonner ses voitu-
res portant des blessés.
Le 6 septembre, l’ennemi l’oblige à s’ar-
rêter dans le bois de Vauclair, où elle resta
cachée jusqa’au soir.
La nuit, la compagnie reprend sa marche
vers l’Aisne. Elle atteint la rivière, mais les
ponts sont gardés. Le capitaine cherche un
point libre ; il finit par te trouver, et ses sol-
dats passent la rivière en bac. Enfin, ils ga-
gnent Gornicy, où ils s’installent en canton-
nement.
Mais peu après leur installation, des autos
allemandes surgissent. L’alerte est donnée,
le combat s’engage. Chauffeurs et soldats
allemands sont tués; nons avons trois morts,
dix blessés, trois disparus.
La compagnie continue sa retraite.
Le 15 septembre enfin, i’héroïqne petits
troupe rencontre des cavaliers.
Ils sont entrés à Verdun, deux officiera ot
155 sous-officier» et soldats*
Administrateur • Délégué - Gérant
O. RANDOLET
AflaiBisiratisa, Impressions it Amtoscas. TEL. 10.17
85. Eue Fontanelle, 35
Adresse Télégraphique : EA1TD0LET Havre
Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
RÉDACTEUR EN CHEF
Ï.-4. CASPAR - JORDAN
Téléphone s 14,80
Secrétaire Général: TH. VALLÈS
Rédaction, 35, rue Fontanelle - Tél. 7.60
AJ
AU HAVRE..... BUREAU DÛ JOURNAL, 112, boni* de Strasoour*.
( L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A PARIS < seule chargée de recevoir les Annonces pour
( le Journal.
Lt PETIT HPTRE est désigné ponr lés Annonces Judiciaires ot légale*
ABONNEMENTS TROIS MOIS .SIX MOIS Un Al
Lie Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure, * 0 r. . u
l’Oise et ta Somme * 6 O Fr. 18 Fr.
Autres Départements..,.....,,.......,.. 6 Fr. MM 5O SS9 m
Union Postale MO » 20 Fr. 40 *
On t'abonne également, SANS FRAIS, dans tous le* Bureaux de Peste de Franee
L’OPTIMISME JUSTIFIÉ
Le rédacteur des communiqués
pourrait paraître à certains' esprits
ïnal faits comme un humoriste qui
s’ignore. Aux journalistes peut-être
anxieux venus aux nouvelles mercredi
soir,, il fit répondre tout simplement
que « sauf aux deux ailes où les at-
taques ont été*repoussées, le calme a
été à peu prés complet sur le front ».
Cet emploi dégage d’une phrase inci-
dente « sauf aux deux ailes... » peut
évidemment nous laisser rêveurs quand
depuis plusieurs jours on n’a cessé de
nous repéter que dans le Nord la
bataille se livrait avec une grande
violence et que l’on nous avait même
prévenu que nous avions dû eéder du
terrain.
Mais la vérité est que le rédacteur
du communiqué à l’âme d’un soldat,
si ce n’est un soldat lui-même, et qu’il
n’a pas songé à nous rassurer par une
ph rase bien tournée pour l’excellente
raison qu’il n’avait nullement partagé
des inquiétudes de certains d’entre
nous. Il sait que l’ensemble de la si-
tuation est bonne pour nous, il a con-
fiance dans nos troupes et il attend
tranquillement l’issue de la lutte.
Quand de nouvelles forces ennemies
apparaissent quelque part, quand la
bataille « chaude », quand nous de-
vons même reculer un moment, il nous
te dit sans se frapper. Quand nous
avons repoussé l’attaque. repris le
terrain perdu, continué à progresser,
il nous le dit de même sans s’exal-
ter, Il réserve ses accents plus cha-
leureux, quoique toujours modérés,
pour la grande victoire qui sera au
bout de ces actions de détail.
Ceux qui, depuis le ministère Mil-
terand, ont suivi attentivement les
communiqués et se sont soumis à leur
discipline, se sont fait aussi une âme
martiale ; mais le malheur est que le
?\ublic, et certains journalistes d’ail-
eurs, prêtent trop complaisamment
l’oreille aux bruits qui courent, au
lieu de s’en tenir aux informations
officielles, ce qui crée un état d’esprit
fiévreux et prompt aux revirements
fâcheux. Si les communiqués de lundi
et de mardi ont déprimé tant de gens
c'est qu'ils avaient Cru, sur la foi
d’une nouvelle venue on ne sait d’où,
que « l’armée allemande était cou-
pée l1 »
Ceux qui, sans nourrir d’illusions,
avaient conservé leur sang-froid, ont
simplement compris qu’il y avait un
moment dur à passer, comme il y en
a déjà tant eu depuis que dure cette
interminable bataille, dite de l’Aisne,
et ils ont attendu avec optimisme que
cela s’arrange comme cela s’est déjà
fait tant de fois également. Et en
effet, suivant la cadence habituelle et
normale des nouvelles officielles, nous
savons maintenant que nous avons re-
pris le terrain que nous avions dû cé-
der dans la région de Roye, que nous
avons refoulé au Nord de Lille la ca-
valerie allemande qui s’était avancée
vers Armentières et que l’action se dé-
goule dans toute cette région « dans
■de bonnes conditions pour nous »,
sans parler des échecs de l’ennemi à
l’autre bout de notre ligne, à l’Est de
fia Meuse,
La position des Allemands dans le
. Nord est maintenant, à vrai dire, à
peu près la même que celle qu’ils oc-
cupaient à la fin d’août, au moment
de leur invasion de néfaste mémoire ;
-mais à part cela, tout est changé.
S'ils occupent de nouveau ces positions
jc’est que nous les y avons refoulés et
ils ont devant eux non plus une ar-
imée qui bat en retraite mais une ar-
guée qui fait front et progresse irré-
sistiblement; enfin et surtout ils ne
Sont plus des vainqueurs ne doutant de
Tien, mais ils sont désespérément aux
prises avec une armée qui a fait ses
preuves et qui porte en elle désormais
pa certitude de la victoire.
GASPAA-JORDAN.
La Répartition des Forces autrichiennes
Les forces autrichiennes forment trois
ùoyanx : La première armée austro-alle-
mande de Cracovie a pour objet d’»rrêter
l’offensive rnsse sur Cracovie ; la seconde
'armée se replie dans la direction de Ja»lo
(Dunkla ; la troisième armée est composée de
, troupes opérant à Przemysl, qui espèrent
paralyser les forces russes pour faciliter 163
{opérations des deux antres armées. Jusqu'à
{présent, tons ces plans ont été efficacement
sdéjoués.
l’Escadre turque pénètre dans la Mer Noire
L’escadre tnrqne, composée dn Goeben, du
’Tiaireddin-Barbarossa, dn Torgut-Reis et de
plusieurs petites unités, a pénétré dans la
{mer Noire.
■ Le vapenr grec Euphrate, venant de Varna
} et allant à Constantinople, a été empêché
• par les autorités ottomanes de pénétrer dans
le Bosphore et a dît rebrousser chemin pour
.Varna.
LA GUERRE
Sommaire des principaux faits relatifs
à la Guerre
SUR LU FRONTIÈRE NORD-EST
8 Octobre. — A notre aile gauche, l'enne-
mi a reculé au Nord d’Arras. Les opérations
de cavalerie s’étendent presque jusqu’à la
mer du Nord.
Sur les Ilauts-de-Meuse, nous avons
avancé. Les attaques de l'ennemi ont échoué
en Woevre.
EN AUTRICHE-HONGRIE
8 Octobre. — Les Russes ont occupé Ma-
ramaros-Siziget, en Hongrie,
DANS LE PACIFIQUE
7 Octobre.— Les Japonais ont occupé Plie
Yap, dans l’archipel des Caroiiues.
Le Vingtième Corps
cité à l'Ordre de l’Armée
Bordeaux, 8 octobre.
Le vingtième corps d’armée est cité à
l’ordre de l’armée pour avoir, depuis le
commencement de la campagne, montré les
plus belles qualités manoeuvrières d’endu-
rance, de vigueur et d’entrain que rien ne
put abattre.
Sur toutes les parties du front où il fut
employé, il progressa toujours et résista
aux plus furieuses attaques.
♦
L’ÉLOGE DE L’ARMÉE FRANÇAISE
L’Opinion de nos Alliés
Le correspondant militaire dn Times, dont
la compétence et l’autorité sont hautement
reconnues, consacre un long article à l’éloge
de la valeur et de la constance de l’armée
française.
Il souligne le sentiment de délicatesse et
d’admirable réserve qui fait que le gouver-
nement français, dans ses commumqités,
évite de mentionner des nwns de comman-
dants de troupes, des régiments qui jour-
nellement accomplissent des prodiges de
stratégie, de vaillance et de ténacité.
Le Times termine ainsi :
Nous pouvons désirer qne le gouverne-
ment français nous fournisse d’autres occa
siens de connaître et d’admirer les qualités
tés et les exploits des troupes françaises.
Mais nous savons qu’à Longwy, au Fort
Trayon, au Camp des Romaine, dans main-
tes positions en Lorraine et ailleurs, les sol-
dats lrangiic ont déployé «ao grande ténacité
en des circonstances difficiles,
Nons sommes fiers de nos aliiés et, dans
le confiant espoir que nous marcherons côte
à côte de victoire en victoire, nous leur en-
voyons les plus chaleureuses félicitations.
Un Député italien admire nos Troupes
Rome. 5 octobre.
La Tribuna dit qu’un député italien, re-
venu le fi octobre de Bordeaux, déclare que
les troupes françaises au’il vit de près sont
dans d'excellentes conditions d’esprit. Offi-
ciers et soldats ont la certitude de la vic-
toire. . ; , \ .
Le député ajoute ; « La concorde entre le
gouvernement et le pays et entre le pays et
Farinée est admirable. »
Les tronpes indiennes que vit le député
sont merveilleuses et les soldats sénégalais
sont admirables,
CONSEIL DE CABINET
Bordeaux, 8 octobre.
Un Conseil de Cabinet s’est tenn sous la
présidence de M. Viviani qui rendit compte
4e son voyage et témoigna de la satisfaction
complète qu’il a éprouvée en visitant tes
quartiers généraux des armées française et
anglaise. -
Le moral des tronpes, leur endurance,
leur vaillance enjouée sont admirables.
Les populations éprouvées supportent cou-
rageusement le sort que leur fit la guerre.
Eues ont repris avec confiance leurs tra-
vaux, sous les pas mêmes de l'ennemi re-
poussé.
Le Retour de M. Poincaré A Bardeaux
Paris, 8 octobre.
M. Poincaré, accompagné de M. Millerand,
a quitté l’Elysée, ce matin, à 8 heures, allant
à Bordeaux, en automobile.
Bordeaux, 8 octobre.
M. Viviani, de retour de Paris, est arrivé
dans la matinée.
Bordeaux, S octobre.
MM. Poincaré et Miilerand sont rentrés à
Bordeaux à 19 h. 45.
Un Vaillant Français blessé
Paris, 8 octobre,
IA colonel Marchanda été blessé à la jambe
par nn éclat d’obus.
Comment Papeete fut bombardé
Bordeaux, 8 octobre.
Le gouverneur de l’Océanie française con-
firme au ministre des colonies ie bombarde-
ment de ia ville Papeete par deux croiseurs
allemands, Scharnporst et Gneisenau, le 22
septembre.
Les autorités locales, pour éviter la possi-
bilité de ravitaillement de l’ennemi, avaient
brûlé le parc à charbon et pris toutes les
mesures pour interdire l’accès de ia rade
aux croiseurs.
Ceux-ci coalèrent la canonnière Zelée, pré-
cédemment désarmée.
Les Allemands lancèrent sur la ville ISO
obus qui incendièrent le quartier des com-
merçants.
Les dégâts sont purement matériels.
L’attitude énergique de la population, des
marins et d’un détachement d’infanterie co-
loniale, qui firent tous preuve d’un grand
courage, empêcha an débarquement d équi-
pages ennemi»)
Csmiiiniqués du Gouvernement
(£3 OCTOBRE
Paris, 15 heures, reçu à 18 heures,
A notre aile gaucho
flans la liégi&n tint IVor et
L’ennemi n’a progressé nulle part
et a reculé sur certains points, par-
ticulièrement au Nord d’Arras où l’ac-
tion se déroule dans de bonne condi-
tions pour nous. Les opérations des
deux cavaleries se développant main-
tenant presque jusqu'à la mer du
Nord.
Satnttte ci Otam
Dans la région de Roye, l’ennemi est
toujours en force ; mais nous avons
repris la majeure partie des positions
que nous avions dû céder.
Au RfortS de VAbatte
La densité des troupes allemandes
semble avoir diminué.
Au Centre
JEutre Mteitna et la JUeuae
Rien à signaler.
Sur les Hauts-de-la-Meuse, entre
Verdun et Saint-Mihiel, l’ennemi a
reculé au Nord d'Hattonchatel ; il
tient toujours Saint-Mihiel et quel-
ques positions au Nord de Saint-Mi-
hiel, sur la rive droite de la Meuse.
JEtt WVeêvee
Les violentes attaques qu'il a tenté
à l’Ouest d'Appremont ont échoué.
A l’aile dLroit©
En Lorraineet dans les Vosges, pas
4e modification.
RUSSIE
Sur le front de la Prusse orientale,
l'offensive russe continue. Des com-
bats très vifs se livrent sur la fron-
tière à l’Ouest de Suwalki.
La Situation.
Paris, 23 heures, reçu à 1 h. 30 du matin.
Dans l'ensemble, la situation est
stationnaire.
Les positions occupées demeu-
rent les mêmes malgré quelques
violents combats dans la région
de Roye.
LES OPERATIONS
Sur le Territoire belge
" IE BOMBARDEMENT D'ANVERS
Amsterdam, 7 octobre.
Oa mande d’Anvers an Algemeen Hundels-
blad que le corotnaedaBt ma forces aHe-
a asauci que ie bombardement
d’Aaverscommencerait à trois heures du
matin, aujourd'hui.
Anvers est bien fortifié
Londres, 8 octobre.
UEvening Standar dit que l’ennemi ne
prendra pas Anvers comme il a pris Liège et
mmur. „, _
La vtlle est autrement fortifiée. San peint
faible est la présence de nombreux Alle-
mands vivant dans son sein comme com-
merçants et financiers.
La Westminster Gazette publie un article
empreint d'ironie profonde thés lequel ede
fait ressortir qu*après deux mois de guerre
les Allemands assiègent non Faris mais An-
vers.
LES ACTES D’HÉROÏSME
Le Guide du Sergen
C’était un de ces derniers dimanches, ie
sergant Robert Delacroix du 119» régiment
d’infanterie se trouvait au petit jour a*ee sa
compagnie à ... Désigné pour aller exami-
ner la position de l’enuemi qui était proche,
il partit avec deux soldats. Le sergent eut
recours à un habitant connaissant suffisam-
ment les lienx. Au cours de la mission, ce
dernier se trouva blessé.
Le sous-officier lui fit un premier panse-
ment, le laissa dans un immeuble, puis re-
vint dans les ligues françaises où il fonrnit
tous les renseignements voulus.
Le danger avait été grand, mais à ce mo-
ment, le sergent Delacroix estima qu’il n’a-
vait pas fait tout son devoir et qu’il devait
retourner vers le brave habitant, blessé en
le guidant quelques instants auparavant.
Malgré les observations de ses chefs, lui
montrant le danger qu’il courait, Delacroix
retourna avec nn soldat infirmier vers la
maison du civil. Les Allemands n’étaient
qu’à deux cents mètres de là et dirigeaient
un feu violent snr ie pays. Cela n’émut pas
le brave sons-officier qui s'employa avec
l'infirmier à donner tous les soins nécessai-
res à l’habitant.
Le moment était critique, bientôt les vi-
tres de ia maison votaient en éclats, de tou-
tes parts les baltes sifflaient, mais ce ne fut
qne quand le blessé fut tout à fait pansé que'
sergent et infirmier te sortirent.
Ce fut une véritable chasse qui fut donnée
au petit groupe- Gelni-ci pat néanmoins
échapper aux ennemis, non sans avoir frisé
la mort de près. Le sergent Delacroix avait
sa capote criblée de baües. C’est bien par
un miraculeux hasard qu’il ne fat pas at-
teint.
Après avoir parcouru plusieurs kilomè-
tres, il ne put rejoindre sa section qne dans
1e courant de l’après-midi. Quand il revint,
son capitaine le félicita vivement de sa belle
et courageuse condaite et loi dit : « Je ne
vous oublierai jamais. »
Depuis, le sergent a été blessé. Par bon-
heur, les baltes n’oat atteint aucun organe
essentiel et aujourd’hui, après un séjour à
l’hôpital, il vient d’arriver en congé de eon-
vaiescence chez les siens, à Dieppe.
Un Taube dans la région Parisienne
Paris, 8 octobre.
■ Un Taube, survolant dans la matinée la
banlieue parisienne, a laissé tomber deux
bombes, une snr la plaine de Saint-Denis,
où il n’a causé que des dégâts insignifiants,
et une autre sur Auberviïliers, où il blessa
tro's personnes.
Un Aéroplane autrichien tombe à la mer
Rome, 8 octobre.
On mande d'Antivari qu’un aviateur autri-
chien a lancé sar la ville trois bombes qui
restèrent sans effet.
ûn réussit à l'atteindre et .il tomba à la
viuer.
L’OfFMSIVB RUSSE
SS POURSUIT
Déclarations d’un Cousin du Tsar
Une dépêche de Milan an Daily Chronicle
annonce qu’au cours d’an entretien qu’il a
accordé à nn collaborateur de la Stampa, ie
doc de Lenchtenberg, cousin du tsar, a dé-
claré :
« Avec nos neuf millions de soldats, ras-
ées et atilés, avec te courage des troupes bel-
ges, anglaises et françaises, nous cerneront
P Allemagne et l'Autriche dans un cercle
d’acier qu’elles ne pourront jamais rom-
pre. »
Il conciot en disant : « L’Allemagne et
l’Autriche devront se rendre. »
Le doc de Lenchtenberg dément tous les
bruits relatifs à une trêve jusqu'au prin-
temps.
a Notre tsar, dit-il, a juré avec les alliés
d'anéantir l'Allemagne et l’Autriche. »
D’après lui, les grandes batailles qui déci-
deront du sert de l’Allemagne et de l’Au-
triche seront livrées vers le milieu de l'hi-
ver.
Succès russes en Galicie
Petrograd, 8 octobre.
L’organisation administrative de la région
conquise de Lemberg est complètement
achevée.
Elle a été érigée en province dÿisée en
treize districts.
Les troupes russes avancent lentement,
mais irrésistible ment snr Cracovie, dont la
population est déjà réduite de moitié.
Les critiques militaires constatent qne la
situation des Russes à Cracovie e»t brillante,
même si les forças autrichiennes, décimées
et démoralisées, opéraient leur jonction avec
les Allemands. La situation resterait sans
changement.
Les Russes pénètrent en Hongrie
Paris, 8 octobre.
Une dépêche de source italienne annonce
qu après nn combat acharné qui a doré six
jours, tes Russes ont écrasé on corps autri-
chien et ont occupé en Hongrie la ville de
Karamaros-Siziget.
La Russie maintient ses troupes en Perse
Petrograd, 8 octobre.
Les journaux disent que ia Russie a été
saisie par la Perse d’uae demande tendant
an retrait des tronpes rosses dans l’Azerbeid-
jaa.
Elle refnsa. Les intérêts rosses et celai
des autres étrangers, aurait-ette dit, ne sau-
raient être assurés que par l’occupation
rosse.
La Rassie répète d’ailleurs qu’elle ne dé-
sire s’approprier aucun territoire persan.
(L’Azerbeidjan est an Sud de la Caucasie
Russe).
Généraux récompensés
Petrograd, 8 octobre.
Le tsar a conféré la croix de Saint-Georges
au grand-duc Nicolas et aux généraux Ya-
nouckovitch et Danilow.
IL FAUT DES IIÉÜULLES
On manque, parait-il, de b failles et de
cannes pour nos soldats blessés aux jambes.
Beaucoup, dès qu’ils «ont convalescents,doi-
vent pour faire les quelques pas qni rendent
aux muscles force et souplesse, et gagner ia
cour, la terrasse on te jardin, pour y pren-
dre l’air, s’appuyer snr le bras ou sur tes
épaules des camarades dont les jambes sont
valides.
Le stock des cannes s’épuise rapidement
aussi. Ceux qui s’en vont en congé de conva-
lescence les- emportent pour soulager leur
marche. Vous en avez rencontré, tous, dans
les rues, de nos vaillants petits soldats, allé-
geant leur jambe douloureuse d’un appui sur
quelque modeste iotin.
Tous nous avons chez nous deux on trois
cannes solides qui ne nous servent point et
qni, déposées dans les hôpitaux on dans les
ambulances de la Croix-Rouge, seraient à
coup sûr accueillies avec reconnaissance.
Pourvu que la canne soit solide et la poi-
gnée recourbée, elle sera'précieuse.
La question des béquilles est plus grave.
Si grave qu’il a fallu en improviser de rodl-
des villes de Frange.
LIS HÉROS RI LIÈGE
Un artilleur du fort de BoeceHes, nn des forts
de Liège, a communiqué an Tunes un récit au
jour du jour dsi événements auxquels il a été
mêlé lors de l’attaque dé Lièçe par tes Allemands.
Gè soldat avait été fait prisonnier par l’ennemi,
mais il put s’évader et gagner l’Angleterre où il
est arrivé ces jours-ci :
Voici les feuillets de ce pathétique agenda
On ne les lira pas sans éprouver nos senti-
ment de haute admiration pour ia vaillance
héroïque des soldats belges.
3 Août. — Les Allemands entrant en Bel-
gique. Le général Léman ordonne la des-
truction dn village de Boncella situé à 600
mètres du fort et placé dans la ligne de feu.
Les habitants ont lo minutes pour évacuer.
Panique.
4 Août.— On abat les murs restés debout.
5 Août.— Le travail de ia dynamite conti-
nue. Nous entendons uae soudaine fusillade
venant de ia tarât de Beauregard et le bruit
d’une galopade de chevanx. La retraite des
sapeurs-mineurs a failli être coupé. Le 4«
lanciers a rencontré les troupes allemandes.
Même jour, 10 heures matin. — Les uhlans
sont à Esneux. Quelques coups de fusil bien
dirigés ont jeté la panique parmi l’ennemi
qui s’est vengé surfa population civile. (Ce
sont probablement les premières atrocité*
commises par les troupes allemandes). D
là tes nouvel >es reçues par nos quatre postes
d'observation. Trois de ceux-ci étant enve-
loppés d’Allemands, ordre leur est donné le
se replier sur 1e fort.
A partir de ce moment, le commandant
Lefer et ses trois lieutenants Montoisy, Van
Loo et Anvertus font commencer le feu, ca-
nons et fusils. Les canons tirent toute ia
nuit ; l’obscurité nous empêche de juger de
l’effet produit.
6 Août. 4 heures matin. — L’ennemi est à
460 mètres du fort. Il s’est retranché avec
mitrailleuses.
5 h. 30.— Un drapeau blanc est hissé sur
te champ de bataille. Le commandant Lefer
et le lieutenant Van Loo montent sur les
forts et font casser le feu. Le commandant a
à peine fini de donner l’ordre qu’il est atteint
aux caisses par les banlats allemands
Pen après, 80 Allemands dn 74e 1 égimei-t
dn Hanovre, se rendent et sont dirigés sur
Seraing.
Le feu a maintenant cessé des deux côtés.
Dans notre fort nous comptons neuf tués et
qnarante blessés. Des ordres sont donnés
pour engager das hommes du village voisin
(à raison de 8 francs par joar) pour enterrer
les morts. C’est an terrible spectacle. Les
Allemands sont tombés en masse Oa compte
les médailles d’identité prises snr les cada-
vres : elles ?ont au nombre de 16 000 I
De notre côté, 1,400 Belges ont été tnés en
défendant les intervalles entre les torts. Ils
appartenaient peur la plupart an 1er chas-
seurs et au 9» d’infanterie.
Vers le 9 août, nous avons appris que
notre fort avait été attaqné par 40 000 Alle-
mands venus par la vole de Francorchamps,
Spa, Stonmont, Aywaille et Esneux. Notre
commandant, maigre ses blessures,demeura
dans le fart, donnant ses ordres comme d’ha-
bitude, pendant hait jours.
Jusqu'au 13 août, l’ennemi ne se montra
pas,à l’exception d’un jour où il essayi d’en-
lever nos tranchées à 7 kilométrés de notre
lort, sur le plateau de (Jointe. Quelques pro-
jectiles suffirent pour nettoyer le terrain
instantanément.
Arrivée des Pièces de Siège^
13 Août. — Arrivée de la grosse artillerie
allemande, placée de telle sorte que nous ne
pouvons ni ia voir ni tirer sur elle. Impas-
sible dès lors de porter assistance au fort
Embourg que l’eunemi bombarde.
14 Août, 6 heures soir. — Deux shrapnels
viennent d’exploser au dessus de notre fort,
qui est bombardé jusqu’à 8 heures.
Nos communications téléphoniques étant
rompues et toutes les troupra belges étant
en retraite dams les forts depuis le 7 août,
nous sommes incapables de nous défendre
nous-mêmes. L’ordre est donné de fermer
ieB coupoles et d'attendre tes événements.
Même jour, 8 heures soir. — Deux officiers
allemands nom demandent de BOUS rendre.
Ils s’expriment en français à pen près en ces
termes : & Vous avez pu juger de U formi-
dable puissance de nos canons. Vous avez
été atteints par 278 obus, mais nous avons
encore des canons plus « colossaux » et votre
destruction sera instantanée. Rendez-vous 1»
La réponse de nos officiers est :
restsoerons jusqu’à la fin. »
Toas tes hommes approuvent par accla-
mations.
Uae demi-heure après, le bombardement
de notre fort recommence, mais cette fois de
deux directions. La cheminéede notre cham-
bre, des machines est renversée. Le fen s’y
déclare. La lumière ' électrique cesse. Des
vapeurs suffocantes remplissent les galeries
da fort.
15 Août. Envtron 6 heures matin. Les
chambres où sont nos canons commencent à
tomber. Piusienrs de nos coupoles ne peu-
vent pins tourner.
8 heures.— Un obus perce le toit et explose
à l’intérieur. Un de nos hommes a la main
arrachée. Deux autres sont sérieusement
blessés. Une résistance pins prolongée appa-
raît inutile ; nos blessés ont besoin de se-
cours.
Entrée des Allemands
Il est alors décidé de se rendre. Trois dra-
peaux blancs sont hissés et, en même temps,
tous les magasins à poudre sont inondés, les
torils et canons brisés (tout cela fut fait en
cinq minutes pendant que les Allemands en-
traient dans le tort.)
On nons ordonna alors de nons tenir snr
trois rangs à l’intérieur du fort. Une centaine
d'Allemands prirent possession des glacis.
En moins de vingt minutes, 10,000 Alle-
mands entouraient le fort, avec nn état-ma-
jor d’officiers, cnisines, ambulance», etc.
Comme nous pardons, nous pûmes voir
qne notre fort n était pins plus qu’un amon-
cellement de raines.
Nous avions tenu 11 jours.
Le Sous-marin mystérieux est retrouvé
Rome, 7 octobre.
Le ministre de ia marine a été informé de
l’arrivée à Bastia (Corse) du sous-marin dont
nous avons signalé hier la disparition.
On se souvient que ce sous-marin avait été
constrnit pour la Russie, à San-Giorgio, et
qu’il prit la mer soas les ordres du lieute-
nant Ballon*, avec un équipage de 15 hom-
mes.
Les Impressions
d'un Officier Allemand
Voici la lettre d’un capitaine allemand à sa
femme, que publie un journal de Berne, ITn-
telügensblatt. Ce témoignage militaire est na
rare document humain. Jamais on n’a fait
encore description plus saisissante des effets
materiels et moraux de notre artillerie snr
l’ennemi.
La scène se passe sur l’un des champs de
bataille de la Marne :
Nous dûmes reculer, car les Anglais essayaient
nn mouvement tournant que nos aviateurs avaient
reconau. Pendam les deux dernières heures, nous
étions continuellement exposés au feu de l’artille-
rie ennemie, car notre artillerie était détruite ou
on retraite et avait cessé de tirer. Tu peux te re-
présenter ce que nous ressentions. Je saisis mes
camarades par 1a mais et nous nous couchâmes
à plat ventre aussi étroitement que pomible, com-
me des harengs, et nous attendîmes la mort. Des
aviateurs ennemis tournaient au-dessus de nous
en décrivant deux cercles, ce qui signifie . ici il
y a de l’infanterie.
Alors ce fut le déchaînement. L’artillerie enne-
mie faucha tout le terrain avec son tir par stries
progressives. En une seule minute je comptai 40
obus ; représente-toi cela I Les shrapnebs fai-
saient explosion de plus en plus près Eclin, Us
arriverait dans nos rangs. Je retournai rapide-
ment ma sacoche sur mon ventre pour le cou»
vrir un peu ; et déjà retentissaient des hurlements
de douleur. Les larmes me venaient aux yeux à
entendre les pauvres diables qui se lameniaienl
ainsi, tandis que les coups succédaient aux coups.
L’air en grondait. La poussière de sable, la fumée
de la poudre et la puameur empêctiaioot de res-
pirer. G’etait de plus en plus terrible. Tous, nous
poussions des clameurs après notre artillerie*
nous ne savions pas qu’eUe avait déjà cédé. En-
fin, après une longue et angoissante attente, le
feu s’éloigna plus loin vers les lignes de derrière*
Le commaademeot retentit : « En finir I » En
nous courbant le plus possible, la sacoche ou le
sac retourné, le fusil en main, en avant, marche 1
Nous devions passer sous le feu de l’ennemi. Les
hommes recommencèrent à tomber comme des
mouches.Dieu soit tous que j'aie pu courir comas
je l’ai fait ! J’é ais à bout de souffle ; mon coeur
menaçait de rompre ; je voulus me jeter à trrre,
ae pouvant pas alter plus loi a. Alors votre image
-e représenta.à moi : teint Bolli ; cela ms pousss
encore plus loin en avant. N->us arrivons enfla à
l'emplacement de nos batteries. Le sol est boule-
versé par. les projectiles ; trois canons «ont en
débris et.les avant-trains et affûts brûlés. Plus
lois, plus, loin ! Nous faisons quelques pas lente-
ment pour repr 1 ndre baleine. Voila de nouveau
des cris appelant au secours. Quelqu'un appelle :
« G morade, ne m’abandonnez pas. .. ma pauvre
femme 1 » Arrive a notre rencontre une voiture,
elle tourne court. On charge le blessé et avec lut
deux hommes qui n’en, peuvem plus.. On fouette
les chevaux ; on les pique à la baïonnette : il faut
en sortir ! Et toujours ees bruits, un sifflement,
P4ik puis boum-krach :. ce sont les. obus. L’un
d’ei* tombe contre fa voiture: Que l’on n’en de-
vienne pas fou, c’est un miracle.
Enfin, après. environ .4 .kilomètres, les projec-
tiles ce nous atteignent plus. Je commande alors:
« Au pas,,rn ordre, par intervalles ». Tout d’un
coup, tout devient obscur devant mes yeux ; je
chancelle, l’homme placé à côté de moi me sou-
tient. Je prie tout haut ; — ne rie/, pas i voua
ne savez pas par quoi nous sommes passés.J’élais
sauvé.
Ensuite commença une terrible marche forcée :
nous avoas m rebé 26 heures avec deux heures
de halle seulement. J’ai la plante dos pieds en
compote.. Si vous pensez a tant de nuits sans
sommeil, vous pouvez vous représenter tes hom-
mes qui, au cours de la marche, tombaient par
rangées et s'endormaient. Et mot, je no fai-
sais que penser tout le temps : « Tu vis, va plus
loin. »
L’ODYSSÉE
D'une Compagnie d'infanterie Française
On a déjà en l’occasion de citer da nom-
breax actes d’héroïsme accomplis par des
patrouilles de cavaliers et de fantassins.
Le nouvel exploit qui parvient aujour-
d'hui à la connaissance da quartier général
mérite d’être raconté dans son entier.
Une compagnie d’irrfanterie a marché pen*
dant quinze jours au milieu des troupes en-
nemies en se battant continuellement et est
arrivée à Verdun presqu’au complet. Voici
dans quelles conditions :
Dans la nuit du 31 août au i« septembre,
cette compagnie qui appartient au 332* régi-
ment de réserve était placée comme soutien
d’un parc d’artillerie.
L’armée se repliait sur la Marne. Le parc
tut dirigé sur Reims, la compagnie forma
l'arrière-garde.
Attaqnée à chaque instant, elle se trouva
coupée de sa division et entourée par des
forces supérieures. Elle parvint pourtant à
s’échapper.
A partir de ce moment, le capitaine gagna
les bois, marchant surtout la nuit, repous-
sant les patrouilles allemandes, cherchant
des cantonnements, s’arrêtant dans les vil-
lages, Ira abandonnant le plus souvent avant
d’avoir pu prendre un moment de repos.
A la division, la compagnie avait été por-
tée comme disparue.
Le 3 septembre, dans la région de Laon,
elle se barricada dans nn village.
Le capitaine envoie ses estafettes qui re-
viennent en disant que l’on est cerné.
La compagnie s’élance bravement contre
le cercle qui l’enserre. Elle le culbute et se
replie sur Reims.
Un Beutenant, qui commande une sec-
tion, ne peut rejoindre. Elle disparaît, on
ne sait si les hommes sont tnés on prison-
niers. Cependant, ie capitaine poursuit sa
marche avec le reste de sa compagnie, ren-
contre des isolés, les incorpore dans sa
vaillante troupe, et ia marche héroïque con-
tinue.
Le 5 septembre, dans la nuit, la petite
troupe se heurte à une colonne allemande..
EUe l’évite, mais doit abandonner ses voitu-
res portant des blessés.
Le 6 septembre, l’ennemi l’oblige à s’ar-
rêter dans le bois de Vauclair, où elle resta
cachée jusqa’au soir.
La nuit, la compagnie reprend sa marche
vers l’Aisne. Elle atteint la rivière, mais les
ponts sont gardés. Le capitaine cherche un
point libre ; il finit par te trouver, et ses sol-
dats passent la rivière en bac. Enfin, ils ga-
gnent Gornicy, où ils s’installent en canton-
nement.
Mais peu après leur installation, des autos
allemandes surgissent. L’alerte est donnée,
le combat s’engage. Chauffeurs et soldats
allemands sont tués; nons avons trois morts,
dix blessés, trois disparus.
La compagnie continue sa retraite.
Le 15 septembre enfin, i’héroïqne petits
troupe rencontre des cavaliers.
Ils sont entrés à Verdun, deux officiera ot
155 sous-officier» et soldats*
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.42%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.42%.
- Collections numériques similaires Fénoux Hippolyte Fénoux Hippolyte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Fénoux Hippolyte" or dc.contributor adj "Fénoux Hippolyte")
- Auteurs similaires Fénoux Hippolyte Fénoux Hippolyte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Fénoux Hippolyte" or dc.contributor adj "Fénoux Hippolyte")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/2
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k1722773/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k1722773/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k1722773/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k1722773
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k1722773