Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-10-07
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 octobre 1914 07 octobre 1914
Description : 1914/10/07 (A34,N12113). 1914/10/07 (A34,N12113).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172275b
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
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O. RANDOLET
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Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
RÉDACTEUR EN CHEF
J.-J. CASPAR .JORDAN
Téléphone t 14.80
Secrétaire Générais TH. VALLÈS
Rédaction, 35, rue Fontenelle - Tél. 7.60
AU HAVRE.. .N BUREAU DU JOURNAL, 112, bout* de Strasoourg.
( L'AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A PARIS < seule chargée de recevoir les Annonces pour
( le Journal.
Le PETIT HA VUE est désigné peur les Annonces judiciaires et légales
ABONNEMENTS TROIS MOIS SIX MOIS UN AH
|| Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,j AE
l’Oise et la Somme * 50 ® Fr-
|j Autres Départements ...I 6 Fr. Il 50 23 »
[ Union Postale IIO s 20 Fr. »
[| On s'abonne 6gais ment, SANS FRAIS, dans tons Iss Bureaux do Poste de France
LA MORT
DE M. DE MUN
Le monde de la politique, de l'Aca-
démie et de la presse vient de subir
ime grosse perte : M. de Man, député
du Finistère, leader de Z’Echo de
Paris et membre de V Académie fran-
çaise, est mort. Il n'était pas des
nôtres; mais cela ne nous empêche pas
de le juger à sa haute valeur et de
ressentir sa perte qui met en deuil la
France réconciliée d’aujourd’hui.
Arrière-petit-fils du célèbre philoso-
phe matérialiste Helvétius, le comte de
Mun eut cependant pour destinée, on
le sait, de défendre la foi catholique.
Il le fit même sons l’habit militaire
qu’il porta au début de sa carrière ;
il fit, en effet, la guerre de i8yo com-
me officier de cuirassiers, mais par la
suite préféra donner sa démission plu-
tôt que de renoncer à sa propagande
en vue de la fondation de cercles ca-
tholiques d'ouvriers.
Entré à la Chambre en 1836, M. de
Mun siégea toujours à droite, d’abord
parmi les monarchistes purs puis,
après le ralliement, dans le groupe de
l’Action Libérale. On sait ce que nous
pensons de cette politique catholique
çt le moment n’étant pas aux polémi-
ques intestines nous n’y reviendrons
pas; tout,au plus regretterons-nous,
qu’en ces dernières semaines, dans ses
beaux articles de Z’Echo de Paris,
M. de Mun ait parlé trop uniquement
en catholique, oubliant que parmi
tous ceux qui se donnent d’un même
coeur pour la patrie, il en est de toute
croyance et de toute incroyance.
Laissant de côté ce qui divise, re-
connaissons que le député du Finis-
tère s’imposait au respect de tous par
son évidente sincérité,sa droiture et la
dignité desa vie, sonpatriotisme averti
qui l’attachait passionnément aux
choses de l’armée, enfin par son zèle
ardent pour la classe ouvrière. Aucune
question sociale ne lui était étrangère
et ses appels ont souvent ému les
gens de sa classe en général trop éloi-
gnés du peuple qui souffre. Avec des
principes dont-sLaccomoderqient assez.,
mal les sociologues modèrnemt encore
moins les socialistes, il a été, dans
toute l’acception du terme un homme
de bien. Ajoutons que par son talent
oratoire de grand parlementaire il a
honoré la tribune française.
Depuis le début de la guerre. M.
de Man avait assumé la tâche de don-
ner un « sursum corda » quotidien
aux lecteurs de Z’Echo de Paris. Nous
avons dit en quoi ces articles prêtaient
à la critique, mais, sous cette réserve,
nous nous associerons à la multitude
de ceux qui ont trouvé là un réconfort
et un stimulant, à côté d’aperçus lumi-
neux sur la situation de nos troupes.
A toutes ces qualités, l’éminent con-
frère que nous perdons ajoutait celle
d’être, en effet, un journaliste de
grand talent.
Il est mort à sa tâche de journaliste,
de journaliste qui écrit non seulement
de sa main, mais aussi de tout son
coeur. Or il avait le coeur malade et
chez un homme sensible comme lui, le
coeur a été soumis à de rudes épreuves
depuis deux mois. Dans la modeste
sphère où nous agissons, nous savons
bien nous-mêmes ce que c’est que l’at-
tente du communiqué dont il faudra
entretenir ses lecteurs ! '
Ces derniers jours, cette attente se
fait plus fébrile car nous sentons que
Vinstant décisif approche :M. de Mun,
cependant, toujours optimiste, en
éprouvait une émotion particulière,
comme nous le montre son dernier ar-
ticle, paru hier, et dont voici le début
auquel la mort qui a passé donne quel-
que chose de poignant :
II faut être sage, contenir à deux
mains son coeur, attendre à demain.
Tout de môme ce départ officielle-
ment annoncé, du président de la Ré-
publique, du chef du gouvernement,
du ministre de la guerre pour les ar-
mées, c’est quelque chose d’énorme,:
et dont il est impossible de méconnaî-
tre l'importance. Le général en chef
avait, Jhsqu’ici, demandé que ce voya-:
ge fût différé. Il déclare aujourd’hui
que le moment en est venu: Que se
prépare-t-il ? Que se passe-t-il ? 11 n’y
a pas à dire, les rédacteurs de nos
communiqués, s’ils mettent nos nerfs
à une rude épreuve, sont experts dans
Part de doser les émotions.
Ap rès la nouvelle sensationnelle de
ée départ imprévu, le communiqué or-
dinaire ne dit rien, ou presque..,
Ce soir, après avoir écrit ces lignes,
je me coucherai avec l’espoir au coeur.
Quand on les lira, puissé-je me réveil-
ler dans l’enthousiasme.
Le noble patriote qui écrivait ces
lignes lundi soir ne s*est pas réveillé
hier matin, mais nous sommes tenté
d’emprunter les images de sa foi pour
affirmer qu’il se réveillera, en effet,
dans l’enthousiasme, comme tous les
jn&rts qui sont tombés là-bas, éu jour
prochain où le sol de la France sera
délivré/
Sans évoquer les mystères de l’au-
delà, n’est-il pas vrai qu’après la vic-
toire nous ferons revivre par une
commémoration solennelle tous ceux
qui nous l’orit donnée, tous ceux qui
ont défendu la France par les armes
ou parla force vivifiante de leur pen-
sée. Les grands semeurs d'espoirs
comme M. de Mun ont été de ceux-là
et au moment où un communiqué
nous place en présence de nouvelles
difficultés exigeant une nouvelle pa-
tience, nous nous souviendrons de ses
leçons pour attendre avec sang-froid
et conüancële prix promis à la vail-
lance de nos soldats.
CASPAR-JORDAN.
LUS ACTES D’HÉROÏSME
Un Enraie du Chevalier d’Assas
Le sergent Jacobini, du... régiment d’fo-
fanterle, vient de renouveler l’exploit héroï-
que du chevalier d’Assas. En voici la rela-
tion dans une lettre écrite à ses parents par
un soldat de ce régiment :
«pue nuit, le sergent Jacobini était aux
avant-postes avec quinze hommes, lorsqu’il
aperç .t des ombres qui s’approchaient. Il
s'avança seni, pour ne pas exposer ses hom-j
mes à une méprise t c’etaient des Allemands
qui s’avsnçaient dans l’ombre et tentaient
de se faire passer pour des Anglais. Le ser-
gent fut brusquement entouré et désarmé.
Un officier ie menaça de mort s’il donnait
l’éveil an pOsie qu’il voulait surprendre.
Jacobini n’hésita pas ; il cria :
— A moi, les amis 1 Tirez} Ce sont des
Boches 1-
Un fen de salve coucha à terre la plnpart
des Allemands et leur officier... Jacobini,
qui, par mracle, avait été épargné par les
balles françaises, put rejoindre ses hom-
mes. »
La Mort d'un Champion
L’Èxcelsior signale La mort du pedesirian
recordman Jean Bouin, qui est tombé en
criant : « Vive la France 1 Vengez-moi i »
Son caporal a annoncé sa mort en ces
termes :
Je viens vous annoncer une nouvelle qui met-
tra en deuil le monde des sports : Jean Bouin est
mort. H est mort en brave. Il venait de rejoi dre
comme volontaire notre régiment, le 163*, où il
avait été versé dans mon escouade. Notre bataillon
vensit de recevoir i’bi dre d’ader prendre le con-
tact de l’ennemi. Nous avançâmes, sous une geôle
d’otms et de balles, a travers une plaine légère-
ment vallonnée. Le 28 septembre au sjoijùjjtéâssa
Ta nuit aux avànf-postes avec' moi. Tl était très
gai. Au petit ipur, nous allâmes occuper une
crête à 800 mètres des trancheés ennemies ; nous
Ï,_O.US creusâmesà nous aussi'des tranchées. Dès
que le jour parui, le combat s’eagagea, aefitrné
aes deux côtés. Les Allemands occupaient un
bois, d’où iis nous canardaient et faisaient pieu-,
voir des obus sur nos têies. Je venais do com-
mander un feu de salve dans mon escouade, lors-
qu’un obus allemand éclata à que ques mètres au-
dessus de notre tranchée. Bouin fut tue alors
qu’il rechargeait son arme. Il eut encore le temps
de me dire : « Vive la France ! Vengez-moi... »
Nous l’avons vengé, car nous avons pu enlever
la position ennemie Ne le pleurons pas, car sa
mort est digne d'envie. C’est celle que tous nous
attendons.
[Jean Bouin était le pins célèbre coureur
à pied du monde. Il avait, il y a quelque
temps, battu tous les records de l’heure. Si
performance avait été établie en Suède, sur
ie stadium construit pour lés jeux olympi-
ques. Peu après, ii vint au Havre, où. il fit
une remarquable performance au Havre
Athletic Club, au cours d'une réunion orga-
nisée par le Patronage laïque havrais.J
Héroïques Cyclistes Anglais
Le Daily News cite l’acte suivant accompli
par un sodat-cycliste anglais :
. Les Français et tes Allemands étaient en
présence. Sur la droite des Français, dans
une forêt, les Anglais en force avaient pris
position, mais ils soupçonnaient que, près
des tranchées allemandes dans cette meme
forêt, se trouvait de l’infanterie ennemie
avec mitrailleuses et artillerie de campagne.
Or, des renforts français s’avançaient ie -long
de la route qui longeait la toiêt : si ils
n’étaient pas prévenus, iis allaient an devant
d’une destruction totale. Qui devait les aver-
tir ? Henri Rejet, du S? régiment d’infanterie,
raconte comment la choée a ôté accomplie :
« Tout à co'üp, dit-il. de derrière les arbres
où les Anglais étaient cachés,, s’élança un-
cycliste eu ktaaki: U tombait quelques mè-
tres plus loin. Un autre le suivit qui tomba
à n tour ; mais le troisième, pédalant à
toute vitesse sous un feu infernal, la' tête
baissée sur son guidon, réussit à atteindre
les lignes françaises sans avoir été touché et
les prévint du danger.
» Lecommarjdantfrançaisdescendit de che-
val et, comme au temps des guerres Napo-
léoniennes, il détacha sa croix et l’épingla
sür la poitrine du cycliste anglais : « Eue
m’a été donnée, mon camarade, pour avoir
sauvé ta vie à un homme. C’ci»sa honneur
pour moi de vous la dénneivpour en avoir
sauvé des centaines. »
LE BRAVE PETIT ALSACIEN
Le Oatly-News du 1er octobre rapporte le
tait suivant au sujet d’.ùn soldat qui est â
i’bôpital militaire d’Angers, se remettant de
graves blessures :
Ilan Berger, simple soldat du 2* régiment'
d’infanterie est un volontaire français, d’ori-j
gine alsacienne, âgé de 18 ans. Lui-même
ne veut rien dire, mais voici l’histoire que
racontent ses camarades.
Pendant un des engagements sur la Marner
Berger traversait de nuit le champ de ba-
taille, lorsqu’il trouva son colonel étendu;
par terre et blessa: Ii se mit eà marche pour
ie porter à l’arrière-garde. Un officier an-
glais blessé appela, disant qu’il avait soif,
Berger lui promit de revenir. Ii transporta
son chef en lieu sûr, puis, s’ôtant procure
de la uourriture et une gourde de via, il
retourna auprès de l'officier anglais. Au mo-
ment où il lui soulevait la t;êie pour lui
donner à boire, il eut trois doigts enlevés
par une balte. Berger ne lâcha pas prise et
réussit à porter la gouroe aux lèvres de
l’otficier, mais il fut frappe par une seconde
balle an dessus de l’aine.
Tous deux étaient étendus depuis quelque
, temps lorsqu’ils entendirent les gémisse
JL*A. GUERRE
Sommaire des principaux faits relatifs à la guerre, dont les détails se trouvent dans les
Communiqués officiels et les dépêches Bavas.
klJR 'Su A. FKOXTÏÈKE I»U ÏVOES.D-EhS’X'
6 Octobre. — Le front prend une extension plus grande encore et des formations
de troupes ennemies s’accusent dans la région de Lille.
Au Nord de l’Oise, l’action est de plus en plus violente.
Les Allemands échouent dans une importante attaque à Lassigny, non loin de
Noyon.
Au Nord de Soissons, nous avons avancé légèrement, avec l’aide très efficace des
"troupes britanniques.
Nous avons progressé aussi dans*la région de Berry-au-Bac et dans la partie Nord
des Hauts-de-Meuse.
t'\ BELGIQUE
6 Octobre.— L’armée belge, en avant du camp retranché d’Anvers, occupe solide-
ment la ligne du Rupel et de la Nethe, contre laquelle les attaques des Allemands ont
échoué,
EN JPÏtUSSE ORIENTALE
6 Octobre. — Les Allemands ont éprouvé un très grave échec : 70.000 hommes mis
hors de, combat. Leur retraite se continue sur le front. Us se fortifient sur la ligne de
Wierzbolow à Lynck, le long de la frontière. .
Plus au Sud. les Russes avancent en Prusse, se dirigeant vers Allenstein, point im-
portant de jonction de lignes de chemins de fer, notamment surGraudenz et sur Dantzig.
LES RUSSES EFtf HONGRIE
6 Octobre. — Les Russes, après avoir franchi les défilés des Karpathes, ne sont plus
qu’à ISO kilomètres de Budapest.
ments d’un autre homme près de là... Un
soldat allemand demandait à boire d’une
voix faible. Ils se traînèrent vers l’Allemand
et s’efforcèrent de faire couler un peu de
vin dans sa gorge, mais tons deux s’évanoui-
rent après cette tentative! Lorsqu’ils revin-
rent à eux, l’Allemand était mort. Ils restè-
rent étendus sur le terrain jusqu’au matin,
où la bataille recommença:
Lès Allemands avancèrent et un corps de
uhians passa à cheval. Berger héla t’officier
qui commandait et lui demanda à boire.
L’officier vit le cadavre de son compatriote
et la gourde vide du Français près de iui ; il
fut profondément ému. Il s’agenouilla à côte
des blessés, leur donna de ses propres
mAns ca qu’ils désiraient et les salua en s’é-
loignant.
Pendant presque tonte la journée, les deux
hommes restèrent couchés dans un marais,
tandis que la bataille faisait rage. Us virent
les Allemands se retirer ; mais, à ce mo-
ment-là, l’Anglais commença à délirer. Ber-
ger, maigre ses propres blessa ‘es, s’efforça,
moitié ie traînant, moitié le portant, a’ame-
ner son compagnon d'iafbrtune sur les
lignes des allies. Un convoi de la Croix-
Rouge les rencontra lorsqu’ils avaient pres-
que atteint le but.
Comme on déposait l’officier anglais sur
une civière, il demanda à être porte auprès
du jeune Fiançai'. : « Si jô survis, dh-ii, en
lui serrant la m&in, je.ferai tout au monde
pour que vous receviez la Croix de Victoria.
Si jamais homme l’a meritee, c’est vous. »
La mort du lieutenant de Castelnau
Au Nord de Mai!ly-ie Camp, où quelques
maisons seulement sont détruites, tout ce
qui borde Ja voie ferrée ou la route, dans la
direction de Vury le François, n’est qu’un
monceau de décombres. Go ne sont partout
que murs croulants, éventrés par des éclats,
d’obus, per és de balles et noircis par les in-’
candies. Entre Sompuis et Sorasois, à douze
ou quinze cents mètres au Sud du Meix-Tier-
celm, est une ferme sur laquelle les Alle-
mands, pendant toute une journée, firent
pleuvoir un ouragan de mitralTe,
Le vieux cultivateur qui guide un de nos
confrères montre du doigt une tranchée qui
défend les abords de la ferme. « Il y avait
là, dit-il, une compagnie du n» de ligué.'
Elle était commandée par un lieutenant qui
n’avait guère plus do vingt-ciuq ans et qui
traitait ses hommes en camarade, avec une
gentillesse, une bonne humeur, une gaieté
« qu’ça faisait voir que C’était du bon
» monde. #
J’avais entendu le matin un de ses chefs
lui dire : « Vous resterez là juâqu’à ce qu’on
» vienne vous relever. Ü ta it tenir, et le
» pins longtemps possible. » Il avait répou*
du avec nn bon sourire i « C’est bien, mon
» commandant, nous tiendrons. » El il a
tenu des heures et heures.
Un moment avant que les Allemands se
soient repliés, un obus a éclaté sur la trart-
Obée, fauchant six hommes et enlevant le
bras et l’épaule du lieutenant. Q and ou a
pu le retirer de là, il était déjà épuise par une
hémorragie terrible, ruais fl n’avqii pas per-
du connaissance. « Je Suis bien laiblè. dit-il,
» panstz moi I » Et peu à peu, tandis qu’on
le transportait à l'arrière, dans une ambu-
lance, ii s’éieignit, répétant toujours ; « Pan*
» sez-moi. » Ôh, a su depuis que c’était le
fils aîné du général de Caste uau.
La Télégraphie sais fil m 1er
Le ministre de la martne a adressé aux
vice-amiraux une circulaire relative à la té-
légraphie sans fil. Il demander d’abord que
l’tisage eu soit très restreint pendant la du-
rée des ho tilités, afin do ne pas troubler la
réception des ordres d’origine militaire et
ne pas deçéi.er la présence des navires de
commerce. Èa outre, tous les messages, ex*
pédiés ou reçus à la mer par une station
raùlotélégraphiqne du bord, devront rece-
voir un visa avant d'être émis par les appa-
reils de télégraphie sans fil du bâtiment ou
remis aux destinataires après réception.
Le visa sera donné’par ie capitaine du na-
vire lui-même. Tout télégramme relatif dos
mouvements de bâiimems de guerre fran-
çais bu alliés, à des mouvements de navires
affrétés par l’Etat français Su un gouverne-
ment de nation alliée, à des mouvements de
tronpes françaises ou alliées transportées ou :
non par des bâtiments d» commerce, à des
règlements de ports français ou d’un pays
allié et en général à des operations mariti-
mes on militaires françaises ou d’une nation
alliée devra faire l’objet d’un refus de visa.
Il en sera de même pour les communica-
tions chiffrés ou en langage convenu, qui
sont momentanément supprimées.
Ii est egalement interdit de transmettre
les nouvelles de presse, même communi-
qués par les ministères français ou ceux des
pays alliés. Le gouvernement français se ré-
serve en effet la lacune de taire conuaire
par ses stations les nouvelles qu'il croit utile
dè communiquer par la voie radioiélégra-
I phiqug.
Communiqués
É Baugernement
fi Octobre, reçu à 18 h. 45,
A L'AILE GAUCHE
Le front prend une extension de plus en plus
grande. Des masses de cavalerie allemande très
importantes sont signalées aux environs de Lille
précédant des éléments ennemis qui font un
mouvement par la région au Nord de la ligne
Tourcoing Armentières.
Autour d’Arras et sur la rive droite de la
Somme, la situation se maintient sensiblement.
Entre la Somme et l'Oise, il y a eu des atter-
natives d’avance et de recul. Près de Lassignyh
L'ennemi a tenté une attaque importante qui a
échoué.
Sur la rive droite de l’Aisne, au Nord de
Soissons, nous avons avancé légèrement avec fa
coopération très efficace de l’armée britannique.
Nous avons réalisé quelques progrès dans la
région de Berry-au-Bac, *Sur îe reste du front,
rien à signaler,
BELGIQUE.
Les forces belges qui défendent Anvers c/q
occupé solidement la ligne de Rupel et de la
Nethe osntre laquelle les attaques allemandes
ont échoué,
7 Octobre, reçu à 1 h, 30.
Les caractéristiques de la situation restent
les mêmes.
ZI L'AILE GAUCHE
éu Nord de l'Oise, l’action est dephiséfi plus
violente.
AU CENTRE
Le calme est relatif. Un peu dè terrain â été
gagné dans la partie Nord des Hauts-de-Meuse,
Dépêches Diras
Conseil de Cabinet
Bordeaux, 6 octobre.
Lé Conseil de Cabinet s’est préoccupé de
La question des vêtements chauds et des cou-
vertures. M. Briand a donné connaissance
des quantités déjà envoyées aux armées,;
notamment 4,080^000 chaussettes de laine,
980,000 jerseys, un million de chemises de
fLueiles. 1,330,000 de paires de couvertures,
300 000 ceintures de flanelles. D’autres en»
vois échelon- nés vont suivre à bref délai.
Le gouvernement et la délégation du Con-
seil municipal de Paris se sont mis en ac-
cord complet pour le règlement des ques-
tions financières intéressant la ville de Paris,
notamment l’émission des bons munici-
paux.
loi de IL Alitai de Ip
Bordeaux, @ octobre.
M. Albert de Mun, dépoté, membre de
l’Académie, est mort, cètte nuit, à la suite
d’une crise cardiaque.
M. le comte Albert de Mon, était né êa
i8i 1 ; ii avait été capitaine de cavalerie. »
L’affection cardiaque de M. de Mun durait
depuis plusieurs années J elle était aggravée
par les émotions et les fatigues qu’il ! eut
depuis té début de fa guerre. Il 1 avait dîné
hier soir en société ; il paraissait être en
bonne santé. Vers 23 h. 30, il fut pris d’op-
pression } il expira à minuit 13, malgré les
soins qui ini furent immédiatement prodi-
gués.
Les obsèques auront lieu à Bordeaux, pro-
bablement vendredi.
M. Briand s’est inscrit le premier au domi-
cile mortuaire.
Bordeaux, 6 octobre.
Le corps de M. de Mun sera mis en bière
demain matin et transporté à la cathédrale
de Saint-André, où an service sera célébré
samedi.
Le corps sera ensuite transporté à Paris où
auront lien'les obsèques.
MM. Briuiru et ilibot ont présenté cet
après-midi, à la fa rallie du défunt, les condo-
léances du gouvernement.
Ls Général Pau
„ Paris, 6 ôclôbfô.
Le générai Pau, sortant dans la matinée de
son domicile, à paris, accompagne de ooni-
bn-ux officiers, a été longuement acclamé
par une fouie nombreuse, criant i « Vive la
France ta
Le général Pau est parti en automobile,
pour une destination inconnue.
L’Hospitalisation des Blessés
Lausanne, 6 octobre.
La Gazette de Lausanne confirme la déclara-
tion déjà faite officiellement selon laquelle
la Suisse n’a pas l'intention de faire aucune
opposition à ce que les blessés soient hospi-
talisés dans la zone de la Haute-Savoie.
Si les hôpitaux d’Eyian et de Tho'non n’ont
pas encore été utilisés C’est que la France y
renonce spontanément en raison des diffi-
cultés des transports des blessés dans cette
zone.
Ils sont loin !
Berne, 6 octobre
Le Conseil de guerre de Colmar a lancé
des mandats d’amèner contre le dessinateur
Hânsi et Paul Heltner : il ordonna la saisie
de leur biens.
Les Préparatifs de l’Allemagne
Londres, 6 octobre.
On mande dn Cap an Times :
« L’Allemagne faisait des préparatifs de
guerre depuis le 14 juin.
» Le croiseur allem.nd Eber était au Cap
quelques jours avant la déclaration de
guerre. Les antorités interceptèrent nne
lettre destinée au commandant de ce na-
vire, contenant des instructions de Berlin
datées du 14 juin, relatives à des moyens de
ravitaillement dè la flotte allemande en
charbon, au moment où la guerre éclate-
rait.
» Dans ce bat, l’Allemagne avait des
agents particuliers au Cap, à New-York et à
Chicago. »
La physionomie de Vies&e
Londres, 6 octobre.
C’était dimanche dernier la fête de l’em-
pereur et les autorités policières s’attachè
rent à donner an éclat particulier à Cette
manifestation.
Des insignes janne et noir avaient été lar-
gement distribués et quiconque refusait de
les arborer était arrêté.
Les autorités ont aussi donné l’ordre à
maintes associations et clpbs d'adresser à
l’empereur dés adresses « spontanées » à
l’occasion de sa fête.
Toutes les sociétés musicales devaient
jouer dimanche matin l’Hymne impérial.
En cas de refus, elles étaient dissoutes.
Malgré toute cette mise en scène et cet en-
thousiasme superficiel, l’inquiétude se trahit
parmi la population viennoise à la perspec-
tive d’une invasidn rosse.
Un avis officiel a paru, ces jours-ci, dans
tons les journaux interdisant l'excursion
favorite du dimanche dans la forêt qu’en-
toure la ville, et ce, à cause des fortifications
qu’on y doit établir.
Cette noté a causé beaucoup d’émotion et
les doutes augmentent sur la sincérité des
nouvelles officielles de victoires en Galicie.
Sans l'Etat-Major Allemand
Bâle, 6 octobre.
Le général Damorgen est nommé com-
mandant des troupes de la Prusse orientale,
en remplacement de von Hindènbourg.
Le général Eborharit est nommé gouver-
neur de Strasbourg.
Le général von Gerck est nommé gouver-
neur d’Uim.
Le générai Indinghansen, dit l’agence
Wolff, est nommé commandant de la place
de Cobienz, en remplacement du général de
Locksald-.
La Retraite des Allemands
en fruste Orientale
Pclrograd, 6 octobre (officielle),
La retraita des Allemands continue sur le
front de ia Prusse orientale. Ils ont fait une
tentative pour se maintenir sur leurs posi-
tions qu’ils fortifièrent le long de la frontiè-
re, entre Wierzboloz et Lynck,
La Victoire Russô
Rome, 6 octobre,
Les journaux de Rome disent que l’am-
bassade de Russie annonce ta défaite com-
plète des troupes allemandes. Deux armées
russes se dirigent sur Allenstein ; nne pro-
venance de roussi et l’autre du Sud.
Les pertes allemandes sont évaluées à
70,000 hommes hors de combat.
La Presse anglaise et les Succès russes
Londres, 6 octobre,
L’Ëveninÿ Standard écrit i « Nous devons
énormément à la Russie pour l’aide qu’ap-
porte sa nouvelle victoire. Les Russes ont
droit à notre gratitude, non seulement pour
ce qu’ils ont tait, mais encore pour la ma-
nière dont ils Ônt accompli leurs faits
d’armés. »
Sur la frontière âe la Prusse orientale
Petrôgrad, 6 octobre,
Le généralissime annonce que les gares
voisines de la frontière de Prusse orientale
sont encombrées de trains, l’ennemi se re-
pliant dans ia direction de ia Prnsse orien-
tale. U a reçu des renforts de la garnison de
Koenigsberg,
Ses positions fortifiées à la frontière sont
appuyées par le feu d’üne nombreuse artil-
lerie de siège.
L’offensive russe continue.
Les combats, particulièrement acharnés
sont engagés dans les environs de Bakaiar-
zew.
Une reconnaissance aérienne a établi qu’il
existe un mouvement ininterrompu vers
l'Ouest de trains allemands qui se dirigent
au-delà de la frontière,
x Dysenterie et Choléra
Rome, 6 octobre.
ôn mande de Vienne qu’une épidémie de
dysenterie est signalée en Bohême et en Mo-
ravie.
On signale quelques cas dé choléra à
Brunn.
— O ■ * —
LES PERTES CAUSÉES PAR LA GUERRE
Selon le Figaro, une communication laite
à la Société d'ECOnomié politique a essayé
de dresser le bilan des pertes imposées au
monde entier par la guerre. Pour une pé-
riode de six mois, on arriva au chiffre de
88 miiiurdsi ,
LA DESTRUCTION D’ALBERT
La petite ville d’Albert a éfé détruite à I»
suite d’une tentative désespérée et infruc-
tueuse des Allemands pour faire une trouée
dans le iront dés alliés.
Les Allemands avaient rassemblé à cet
effet des forces considérables d’artillerie qui
arrêtèrent la marche des Français. Mais
ceux-ci ayant, par la suite, amené sur le
Iront de nombreuses mitrailleuses, l’avance
allemande fut enrayée par nu feu meur-
trier.
Au cours de cette bataille, qui dura près
de quatre jours, les batteries françaises
étaient disp sées en demi cercle amour de
la petite ville d’Albert, mais aucune ne s®
trouvait à moins de 1,6’00 mètres de la ville.
Le dernier jour de la bataille, à quatre
heures de l’après-midi, un « Taubs » fit un®
«connaissance an-dessus des batteries tran-
-çàises, à une altitude d’environ 2.500 mètres.
A S h. 10, les obus allemands commençaient
à pleuvoir, mais au lieu d’être dirigés contre
les batteries françaises, iis tombèrent dans
la ville.
Un témoin qui se trouvait sur une * colline
dominante raconte ce qui suit :
« Tout le long de la route, on nous avait
recommandé d être prudents. Nous vîmes
bientôt une longue théorie d’habitants qui
sortaient de la ville ; mais rien d'extraordi-
naire ne survint jusqu’à 5 h. 10. A ce mo-
ment, nous entendîmes nn brait puissant
tout à fait différent de celui produit par les
canons de campagne, et un obus de très gros
calibre tomba dans la ville.
« L’immeuble Atteint par le projectile s’efi
fondra iitiéralement comme un château de
cartes. D’antres obus suivirent, atteignant
tantôt l’Hôîel de Ville, tantôt nn groupe de
cottages. Les bâtiments tombaient exacte-
ment comme si un mèçànismë iés faisait
s’effondrer.' Il fallait un certain effort d’ima-
gination pour se rendre compte que l’oa
assistait au bombardement réel d'une véri-
table ville, car ce bombardement ressemblait 1
plutôt à des tirs .d’expérience de quelque
nouvel explosif sur une ville artificielle. »
Ici s’arrête le récit du témoin, qui s’eru
alla avec quelques biessés ramenés de la
ville.
Il est alors six heures. La route de... est 1
encombrés dé fugitifs de fout âge. Des vieil-
lards, trop faibles pour marcher, sont por-,
tés dans des charrettes. On voit de nom-
breuses voitures d’enfants.
A six heures et demie s’allument dans la
direction dn Nord des incendies qui illumi-
nent toute la campagne.
Albert achève de s’effondrer dans les flam-
mes.
Le Cas du Général Perein
Le général d’Amade a écrit au général PercinTf’
lettre suivante :
Mon général,
Les rumeurs malveillantes et mensongère®"
auxquelles vous faites allusion, dans votre
lettre du 28 août, sont en effet parvenues ici.
On a fait courir le bruit que vous vous se-
riez suicidé et, comme cela ne suffisait pas,
on vous aprait en outre fusillé.
Ai-je besoin de vous dire que personne, doe.
moins personne de sensé, n’a accordé la,
moindre crédit à de pareilles sottises.
Elles donnent plutôt la mesure du déver-
gondage d’imagination et de la méchanceté
de ceux qui tes répandent dans la public ;
elles donneraient aussi la mesure de lat
bêtise de ceux qui les croient. Enfin, elles
désignent au mépris public ceux qui veulent
profiter des événements actuels pour faire
renaître, entre Français, de vieilles querelles
éteintes.
Je vous ai vu plusieurs lois à Arras ou k
Lille. Ce fut toujours pour rendre hommage
à votre dévouement et à l’esprit de devoir,
patriotique qui vous avait ramené sous lest
drapeaux.
Votre bonne volonté dépassait même vos
forces physiques, et vos 68 ans pouvaient,
être uuo difficulté, pour l’accomplissement
d’une tâche devant laquelle de plus jeunes
auraient reculé.
Au moment où je préparais la défense
de Lille et faisais affluer dans cette viller
tous les dépôts armés de la région, j'aie
fait venir de Douai le général Herment. Ca*
lui ci exerça, BOUS vos ordres, les fonctions
spéciales de commandant de ia défense d®.
Lille.
Ensuite, faisant appel à votre haute com-
pétence technique, M. Te ministre de la
guerre vous désigna, avec votre agrément
et après m’avoir chargé de vous consulter
pour éxercèr les fonctions d'inspecteur gé-
néral des formations d'artillerie de la réserva
et de l’armée territoriale. Voilà toute l’histo-
rique de vos fonctions, pendant ma période
de commandement.
A aucun moment, la moindre défaillance
n’a pu vous être reprbehée. Je le proclama
bien haut, et cette affirmation doit mettre
vos légitimes scrupules en paix absolue, vi3-î
à-vis du devoir accompli.
Général A. d’AMADE.
A MS LECTEURS
La guerre a, pendant plusieurs semaines^
désorganisé notre service d’informations,
comme celui de tous les journaux. Il sem-
blait cependant que les journaux de Pariî
fussent plus favorisés et c’est qui explique
ia vogue dont ils ont joui.
Aucun effort ne nous a coûté pour remé-
dier à la situation et nous avons maintenant
obtenu satisfaction, du moins dans une
large mesure. Nos lecteurs savent que nous
recevons de nouveau les nouvelles de la
nuit qui nous permettent de les tenir exec-
tement au courant des événements, sous la
seule réserve de la censure officielle devant
laquelle, toute la presse s’incline avec une
résignation patriotique.
Nous n’avons pas besoin d’insister sur la
fait que notre journal, qui s’imprime après
trois heures du matin, est nécessairement
mieux informé que Tes éditions de province
des journaux de Paris qui, pour être mises
en vente au Havre dans ia matinée, doivent
litre tirées la veille dans l’après-midi.
O. RANDOLET
MmMstraüsn, Impressions BÎ innsncas, TEL. 10.47
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
RÉDACTEUR EN CHEF
J.-J. CASPAR .JORDAN
Téléphone t 14.80
Secrétaire Générais TH. VALLÈS
Rédaction, 35, rue Fontenelle - Tél. 7.60
AU HAVRE.. .N BUREAU DU JOURNAL, 112, bout* de Strasoourg.
( L'AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A PARIS < seule chargée de recevoir les Annonces pour
( le Journal.
Le PETIT HA VUE est désigné peur les Annonces judiciaires et légales
ABONNEMENTS TROIS MOIS SIX MOIS UN AH
|| Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,j AE
l’Oise et la Somme * 50 ® Fr-
|j Autres Départements ...I 6 Fr. Il 50 23 »
[ Union Postale IIO s 20 Fr. »
[| On s'abonne 6gais ment, SANS FRAIS, dans tons Iss Bureaux do Poste de France
LA MORT
DE M. DE MUN
Le monde de la politique, de l'Aca-
démie et de la presse vient de subir
ime grosse perte : M. de Man, député
du Finistère, leader de Z’Echo de
Paris et membre de V Académie fran-
çaise, est mort. Il n'était pas des
nôtres; mais cela ne nous empêche pas
de le juger à sa haute valeur et de
ressentir sa perte qui met en deuil la
France réconciliée d’aujourd’hui.
Arrière-petit-fils du célèbre philoso-
phe matérialiste Helvétius, le comte de
Mun eut cependant pour destinée, on
le sait, de défendre la foi catholique.
Il le fit même sons l’habit militaire
qu’il porta au début de sa carrière ;
il fit, en effet, la guerre de i8yo com-
me officier de cuirassiers, mais par la
suite préféra donner sa démission plu-
tôt que de renoncer à sa propagande
en vue de la fondation de cercles ca-
tholiques d'ouvriers.
Entré à la Chambre en 1836, M. de
Mun siégea toujours à droite, d’abord
parmi les monarchistes purs puis,
après le ralliement, dans le groupe de
l’Action Libérale. On sait ce que nous
pensons de cette politique catholique
çt le moment n’étant pas aux polémi-
ques intestines nous n’y reviendrons
pas; tout,au plus regretterons-nous,
qu’en ces dernières semaines, dans ses
beaux articles de Z’Echo de Paris,
M. de Mun ait parlé trop uniquement
en catholique, oubliant que parmi
tous ceux qui se donnent d’un même
coeur pour la patrie, il en est de toute
croyance et de toute incroyance.
Laissant de côté ce qui divise, re-
connaissons que le député du Finis-
tère s’imposait au respect de tous par
son évidente sincérité,sa droiture et la
dignité desa vie, sonpatriotisme averti
qui l’attachait passionnément aux
choses de l’armée, enfin par son zèle
ardent pour la classe ouvrière. Aucune
question sociale ne lui était étrangère
et ses appels ont souvent ému les
gens de sa classe en général trop éloi-
gnés du peuple qui souffre. Avec des
principes dont-sLaccomoderqient assez.,
mal les sociologues modèrnemt encore
moins les socialistes, il a été, dans
toute l’acception du terme un homme
de bien. Ajoutons que par son talent
oratoire de grand parlementaire il a
honoré la tribune française.
Depuis le début de la guerre. M.
de Man avait assumé la tâche de don-
ner un « sursum corda » quotidien
aux lecteurs de Z’Echo de Paris. Nous
avons dit en quoi ces articles prêtaient
à la critique, mais, sous cette réserve,
nous nous associerons à la multitude
de ceux qui ont trouvé là un réconfort
et un stimulant, à côté d’aperçus lumi-
neux sur la situation de nos troupes.
A toutes ces qualités, l’éminent con-
frère que nous perdons ajoutait celle
d’être, en effet, un journaliste de
grand talent.
Il est mort à sa tâche de journaliste,
de journaliste qui écrit non seulement
de sa main, mais aussi de tout son
coeur. Or il avait le coeur malade et
chez un homme sensible comme lui, le
coeur a été soumis à de rudes épreuves
depuis deux mois. Dans la modeste
sphère où nous agissons, nous savons
bien nous-mêmes ce que c’est que l’at-
tente du communiqué dont il faudra
entretenir ses lecteurs ! '
Ces derniers jours, cette attente se
fait plus fébrile car nous sentons que
Vinstant décisif approche :M. de Mun,
cependant, toujours optimiste, en
éprouvait une émotion particulière,
comme nous le montre son dernier ar-
ticle, paru hier, et dont voici le début
auquel la mort qui a passé donne quel-
que chose de poignant :
II faut être sage, contenir à deux
mains son coeur, attendre à demain.
Tout de môme ce départ officielle-
ment annoncé, du président de la Ré-
publique, du chef du gouvernement,
du ministre de la guerre pour les ar-
mées, c’est quelque chose d’énorme,:
et dont il est impossible de méconnaî-
tre l'importance. Le général en chef
avait, Jhsqu’ici, demandé que ce voya-:
ge fût différé. Il déclare aujourd’hui
que le moment en est venu: Que se
prépare-t-il ? Que se passe-t-il ? 11 n’y
a pas à dire, les rédacteurs de nos
communiqués, s’ils mettent nos nerfs
à une rude épreuve, sont experts dans
Part de doser les émotions.
Ap rès la nouvelle sensationnelle de
ée départ imprévu, le communiqué or-
dinaire ne dit rien, ou presque..,
Ce soir, après avoir écrit ces lignes,
je me coucherai avec l’espoir au coeur.
Quand on les lira, puissé-je me réveil-
ler dans l’enthousiasme.
Le noble patriote qui écrivait ces
lignes lundi soir ne s*est pas réveillé
hier matin, mais nous sommes tenté
d’emprunter les images de sa foi pour
affirmer qu’il se réveillera, en effet,
dans l’enthousiasme, comme tous les
jn&rts qui sont tombés là-bas, éu jour
prochain où le sol de la France sera
délivré/
Sans évoquer les mystères de l’au-
delà, n’est-il pas vrai qu’après la vic-
toire nous ferons revivre par une
commémoration solennelle tous ceux
qui nous l’orit donnée, tous ceux qui
ont défendu la France par les armes
ou parla force vivifiante de leur pen-
sée. Les grands semeurs d'espoirs
comme M. de Mun ont été de ceux-là
et au moment où un communiqué
nous place en présence de nouvelles
difficultés exigeant une nouvelle pa-
tience, nous nous souviendrons de ses
leçons pour attendre avec sang-froid
et conüancële prix promis à la vail-
lance de nos soldats.
CASPAR-JORDAN.
LUS ACTES D’HÉROÏSME
Un Enraie du Chevalier d’Assas
Le sergent Jacobini, du... régiment d’fo-
fanterle, vient de renouveler l’exploit héroï-
que du chevalier d’Assas. En voici la rela-
tion dans une lettre écrite à ses parents par
un soldat de ce régiment :
«pue nuit, le sergent Jacobini était aux
avant-postes avec quinze hommes, lorsqu’il
aperç .t des ombres qui s’approchaient. Il
s'avança seni, pour ne pas exposer ses hom-j
mes à une méprise t c’etaient des Allemands
qui s’avsnçaient dans l’ombre et tentaient
de se faire passer pour des Anglais. Le ser-
gent fut brusquement entouré et désarmé.
Un officier ie menaça de mort s’il donnait
l’éveil an pOsie qu’il voulait surprendre.
Jacobini n’hésita pas ; il cria :
— A moi, les amis 1 Tirez} Ce sont des
Boches 1-
Un fen de salve coucha à terre la plnpart
des Allemands et leur officier... Jacobini,
qui, par mracle, avait été épargné par les
balles françaises, put rejoindre ses hom-
mes. »
La Mort d'un Champion
L’Èxcelsior signale La mort du pedesirian
recordman Jean Bouin, qui est tombé en
criant : « Vive la France 1 Vengez-moi i »
Son caporal a annoncé sa mort en ces
termes :
Je viens vous annoncer une nouvelle qui met-
tra en deuil le monde des sports : Jean Bouin est
mort. H est mort en brave. Il venait de rejoi dre
comme volontaire notre régiment, le 163*, où il
avait été versé dans mon escouade. Notre bataillon
vensit de recevoir i’bi dre d’ader prendre le con-
tact de l’ennemi. Nous avançâmes, sous une geôle
d’otms et de balles, a travers une plaine légère-
ment vallonnée. Le 28 septembre au sjoijùjjtéâssa
Ta nuit aux avànf-postes avec' moi. Tl était très
gai. Au petit ipur, nous allâmes occuper une
crête à 800 mètres des trancheés ennemies ; nous
Ï,_O.US creusâmesà nous aussi'des tranchées. Dès
que le jour parui, le combat s’eagagea, aefitrné
aes deux côtés. Les Allemands occupaient un
bois, d’où iis nous canardaient et faisaient pieu-,
voir des obus sur nos têies. Je venais do com-
mander un feu de salve dans mon escouade, lors-
qu’un obus allemand éclata à que ques mètres au-
dessus de notre tranchée. Bouin fut tue alors
qu’il rechargeait son arme. Il eut encore le temps
de me dire : « Vive la France ! Vengez-moi... »
Nous l’avons vengé, car nous avons pu enlever
la position ennemie Ne le pleurons pas, car sa
mort est digne d'envie. C’est celle que tous nous
attendons.
[Jean Bouin était le pins célèbre coureur
à pied du monde. Il avait, il y a quelque
temps, battu tous les records de l’heure. Si
performance avait été établie en Suède, sur
ie stadium construit pour lés jeux olympi-
ques. Peu après, ii vint au Havre, où. il fit
une remarquable performance au Havre
Athletic Club, au cours d'une réunion orga-
nisée par le Patronage laïque havrais.J
Héroïques Cyclistes Anglais
Le Daily News cite l’acte suivant accompli
par un sodat-cycliste anglais :
. Les Français et tes Allemands étaient en
présence. Sur la droite des Français, dans
une forêt, les Anglais en force avaient pris
position, mais ils soupçonnaient que, près
des tranchées allemandes dans cette meme
forêt, se trouvait de l’infanterie ennemie
avec mitrailleuses et artillerie de campagne.
Or, des renforts français s’avançaient ie -long
de la route qui longeait la toiêt : si ils
n’étaient pas prévenus, iis allaient an devant
d’une destruction totale. Qui devait les aver-
tir ? Henri Rejet, du S? régiment d’infanterie,
raconte comment la choée a ôté accomplie :
« Tout à co'üp, dit-il. de derrière les arbres
où les Anglais étaient cachés,, s’élança un-
cycliste eu ktaaki: U tombait quelques mè-
tres plus loin. Un autre le suivit qui tomba
à n tour ; mais le troisième, pédalant à
toute vitesse sous un feu infernal, la' tête
baissée sur son guidon, réussit à atteindre
les lignes françaises sans avoir été touché et
les prévint du danger.
» Lecommarjdantfrançaisdescendit de che-
val et, comme au temps des guerres Napo-
léoniennes, il détacha sa croix et l’épingla
sür la poitrine du cycliste anglais : « Eue
m’a été donnée, mon camarade, pour avoir
sauvé ta vie à un homme. C’ci»sa honneur
pour moi de vous la dénneivpour en avoir
sauvé des centaines. »
LE BRAVE PETIT ALSACIEN
Le Oatly-News du 1er octobre rapporte le
tait suivant au sujet d’.ùn soldat qui est â
i’bôpital militaire d’Angers, se remettant de
graves blessures :
Ilan Berger, simple soldat du 2* régiment'
d’infanterie est un volontaire français, d’ori-j
gine alsacienne, âgé de 18 ans. Lui-même
ne veut rien dire, mais voici l’histoire que
racontent ses camarades.
Pendant un des engagements sur la Marner
Berger traversait de nuit le champ de ba-
taille, lorsqu’il trouva son colonel étendu;
par terre et blessa: Ii se mit eà marche pour
ie porter à l’arrière-garde. Un officier an-
glais blessé appela, disant qu’il avait soif,
Berger lui promit de revenir. Ii transporta
son chef en lieu sûr, puis, s’ôtant procure
de la uourriture et une gourde de via, il
retourna auprès de l'officier anglais. Au mo-
ment où il lui soulevait la t;êie pour lui
donner à boire, il eut trois doigts enlevés
par une balte. Berger ne lâcha pas prise et
réussit à porter la gouroe aux lèvres de
l’otficier, mais il fut frappe par une seconde
balle an dessus de l’aine.
Tous deux étaient étendus depuis quelque
, temps lorsqu’ils entendirent les gémisse
JL*A. GUERRE
Sommaire des principaux faits relatifs à la guerre, dont les détails se trouvent dans les
Communiqués officiels et les dépêches Bavas.
klJR 'Su A. FKOXTÏÈKE I»U ÏVOES.D-EhS’X'
6 Octobre. — Le front prend une extension plus grande encore et des formations
de troupes ennemies s’accusent dans la région de Lille.
Au Nord de l’Oise, l’action est de plus en plus violente.
Les Allemands échouent dans une importante attaque à Lassigny, non loin de
Noyon.
Au Nord de Soissons, nous avons avancé légèrement, avec l’aide très efficace des
"troupes britanniques.
Nous avons progressé aussi dans*la région de Berry-au-Bac et dans la partie Nord
des Hauts-de-Meuse.
t'\ BELGIQUE
6 Octobre.— L’armée belge, en avant du camp retranché d’Anvers, occupe solide-
ment la ligne du Rupel et de la Nethe, contre laquelle les attaques des Allemands ont
échoué,
EN JPÏtUSSE ORIENTALE
6 Octobre. — Les Allemands ont éprouvé un très grave échec : 70.000 hommes mis
hors de, combat. Leur retraite se continue sur le front. Us se fortifient sur la ligne de
Wierzbolow à Lynck, le long de la frontière. .
Plus au Sud. les Russes avancent en Prusse, se dirigeant vers Allenstein, point im-
portant de jonction de lignes de chemins de fer, notamment surGraudenz et sur Dantzig.
LES RUSSES EFtf HONGRIE
6 Octobre. — Les Russes, après avoir franchi les défilés des Karpathes, ne sont plus
qu’à ISO kilomètres de Budapest.
ments d’un autre homme près de là... Un
soldat allemand demandait à boire d’une
voix faible. Ils se traînèrent vers l’Allemand
et s’efforcèrent de faire couler un peu de
vin dans sa gorge, mais tons deux s’évanoui-
rent après cette tentative! Lorsqu’ils revin-
rent à eux, l’Allemand était mort. Ils restè-
rent étendus sur le terrain jusqu’au matin,
où la bataille recommença:
Lès Allemands avancèrent et un corps de
uhians passa à cheval. Berger héla t’officier
qui commandait et lui demanda à boire.
L’officier vit le cadavre de son compatriote
et la gourde vide du Français près de iui ; il
fut profondément ému. Il s’agenouilla à côte
des blessés, leur donna de ses propres
mAns ca qu’ils désiraient et les salua en s’é-
loignant.
Pendant presque tonte la journée, les deux
hommes restèrent couchés dans un marais,
tandis que la bataille faisait rage. Us virent
les Allemands se retirer ; mais, à ce mo-
ment-là, l’Anglais commença à délirer. Ber-
ger, maigre ses propres blessa ‘es, s’efforça,
moitié ie traînant, moitié le portant, a’ame-
ner son compagnon d'iafbrtune sur les
lignes des allies. Un convoi de la Croix-
Rouge les rencontra lorsqu’ils avaient pres-
que atteint le but.
Comme on déposait l’officier anglais sur
une civière, il demanda à être porte auprès
du jeune Fiançai'. : « Si jô survis, dh-ii, en
lui serrant la m&in, je.ferai tout au monde
pour que vous receviez la Croix de Victoria.
Si jamais homme l’a meritee, c’est vous. »
La mort du lieutenant de Castelnau
Au Nord de Mai!ly-ie Camp, où quelques
maisons seulement sont détruites, tout ce
qui borde Ja voie ferrée ou la route, dans la
direction de Vury le François, n’est qu’un
monceau de décombres. Go ne sont partout
que murs croulants, éventrés par des éclats,
d’obus, per és de balles et noircis par les in-’
candies. Entre Sompuis et Sorasois, à douze
ou quinze cents mètres au Sud du Meix-Tier-
celm, est une ferme sur laquelle les Alle-
mands, pendant toute une journée, firent
pleuvoir un ouragan de mitralTe,
Le vieux cultivateur qui guide un de nos
confrères montre du doigt une tranchée qui
défend les abords de la ferme. « Il y avait
là, dit-il, une compagnie du n» de ligué.'
Elle était commandée par un lieutenant qui
n’avait guère plus do vingt-ciuq ans et qui
traitait ses hommes en camarade, avec une
gentillesse, une bonne humeur, une gaieté
« qu’ça faisait voir que C’était du bon
» monde. #
J’avais entendu le matin un de ses chefs
lui dire : « Vous resterez là juâqu’à ce qu’on
» vienne vous relever. Ü ta it tenir, et le
» pins longtemps possible. » Il avait répou*
du avec nn bon sourire i « C’est bien, mon
» commandant, nous tiendrons. » El il a
tenu des heures et heures.
Un moment avant que les Allemands se
soient repliés, un obus a éclaté sur la trart-
Obée, fauchant six hommes et enlevant le
bras et l’épaule du lieutenant. Q and ou a
pu le retirer de là, il était déjà épuise par une
hémorragie terrible, ruais fl n’avqii pas per-
du connaissance. « Je Suis bien laiblè. dit-il,
» panstz moi I » Et peu à peu, tandis qu’on
le transportait à l'arrière, dans une ambu-
lance, ii s’éieignit, répétant toujours ; « Pan*
» sez-moi. » Ôh, a su depuis que c’était le
fils aîné du général de Caste uau.
La Télégraphie sais fil m 1er
Le ministre de la martne a adressé aux
vice-amiraux une circulaire relative à la té-
légraphie sans fil. Il demander d’abord que
l’tisage eu soit très restreint pendant la du-
rée des ho tilités, afin do ne pas troubler la
réception des ordres d’origine militaire et
ne pas deçéi.er la présence des navires de
commerce. Èa outre, tous les messages, ex*
pédiés ou reçus à la mer par une station
raùlotélégraphiqne du bord, devront rece-
voir un visa avant d'être émis par les appa-
reils de télégraphie sans fil du bâtiment ou
remis aux destinataires après réception.
Le visa sera donné’par ie capitaine du na-
vire lui-même. Tout télégramme relatif dos
mouvements de bâiimems de guerre fran-
çais bu alliés, à des mouvements de navires
affrétés par l’Etat français Su un gouverne-
ment de nation alliée, à des mouvements de
tronpes françaises ou alliées transportées ou :
non par des bâtiments d» commerce, à des
règlements de ports français ou d’un pays
allié et en général à des operations mariti-
mes on militaires françaises ou d’une nation
alliée devra faire l’objet d’un refus de visa.
Il en sera de même pour les communica-
tions chiffrés ou en langage convenu, qui
sont momentanément supprimées.
Ii est egalement interdit de transmettre
les nouvelles de presse, même communi-
qués par les ministères français ou ceux des
pays alliés. Le gouvernement français se ré-
serve en effet la lacune de taire conuaire
par ses stations les nouvelles qu'il croit utile
dè communiquer par la voie radioiélégra-
I phiqug.
Communiqués
É Baugernement
fi Octobre, reçu à 18 h. 45,
A L'AILE GAUCHE
Le front prend une extension de plus en plus
grande. Des masses de cavalerie allemande très
importantes sont signalées aux environs de Lille
précédant des éléments ennemis qui font un
mouvement par la région au Nord de la ligne
Tourcoing Armentières.
Autour d’Arras et sur la rive droite de la
Somme, la situation se maintient sensiblement.
Entre la Somme et l'Oise, il y a eu des atter-
natives d’avance et de recul. Près de Lassignyh
L'ennemi a tenté une attaque importante qui a
échoué.
Sur la rive droite de l’Aisne, au Nord de
Soissons, nous avons avancé légèrement avec fa
coopération très efficace de l’armée britannique.
Nous avons réalisé quelques progrès dans la
région de Berry-au-Bac, *Sur îe reste du front,
rien à signaler,
BELGIQUE.
Les forces belges qui défendent Anvers c/q
occupé solidement la ligne de Rupel et de la
Nethe osntre laquelle les attaques allemandes
ont échoué,
7 Octobre, reçu à 1 h, 30.
Les caractéristiques de la situation restent
les mêmes.
ZI L'AILE GAUCHE
éu Nord de l'Oise, l’action est dephiséfi plus
violente.
AU CENTRE
Le calme est relatif. Un peu dè terrain â été
gagné dans la partie Nord des Hauts-de-Meuse,
Dépêches Diras
Conseil de Cabinet
Bordeaux, 6 octobre.
Lé Conseil de Cabinet s’est préoccupé de
La question des vêtements chauds et des cou-
vertures. M. Briand a donné connaissance
des quantités déjà envoyées aux armées,;
notamment 4,080^000 chaussettes de laine,
980,000 jerseys, un million de chemises de
fLueiles. 1,330,000 de paires de couvertures,
300 000 ceintures de flanelles. D’autres en»
vois échelon- nés vont suivre à bref délai.
Le gouvernement et la délégation du Con-
seil municipal de Paris se sont mis en ac-
cord complet pour le règlement des ques-
tions financières intéressant la ville de Paris,
notamment l’émission des bons munici-
paux.
loi de IL Alitai de Ip
Bordeaux, @ octobre.
M. Albert de Mun, dépoté, membre de
l’Académie, est mort, cètte nuit, à la suite
d’une crise cardiaque.
M. le comte Albert de Mon, était né êa
i8i 1 ; ii avait été capitaine de cavalerie. »
L’affection cardiaque de M. de Mun durait
depuis plusieurs années J elle était aggravée
par les émotions et les fatigues qu’il ! eut
depuis té début de fa guerre. Il 1 avait dîné
hier soir en société ; il paraissait être en
bonne santé. Vers 23 h. 30, il fut pris d’op-
pression } il expira à minuit 13, malgré les
soins qui ini furent immédiatement prodi-
gués.
Les obsèques auront lieu à Bordeaux, pro-
bablement vendredi.
M. Briand s’est inscrit le premier au domi-
cile mortuaire.
Bordeaux, 6 octobre.
Le corps de M. de Mun sera mis en bière
demain matin et transporté à la cathédrale
de Saint-André, où an service sera célébré
samedi.
Le corps sera ensuite transporté à Paris où
auront lien'les obsèques.
MM. Briuiru et ilibot ont présenté cet
après-midi, à la fa rallie du défunt, les condo-
léances du gouvernement.
Ls Général Pau
„ Paris, 6 ôclôbfô.
Le générai Pau, sortant dans la matinée de
son domicile, à paris, accompagne de ooni-
bn-ux officiers, a été longuement acclamé
par une fouie nombreuse, criant i « Vive la
France ta
Le général Pau est parti en automobile,
pour une destination inconnue.
L’Hospitalisation des Blessés
Lausanne, 6 octobre.
La Gazette de Lausanne confirme la déclara-
tion déjà faite officiellement selon laquelle
la Suisse n’a pas l'intention de faire aucune
opposition à ce que les blessés soient hospi-
talisés dans la zone de la Haute-Savoie.
Si les hôpitaux d’Eyian et de Tho'non n’ont
pas encore été utilisés C’est que la France y
renonce spontanément en raison des diffi-
cultés des transports des blessés dans cette
zone.
Ils sont loin !
Berne, 6 octobre
Le Conseil de guerre de Colmar a lancé
des mandats d’amèner contre le dessinateur
Hânsi et Paul Heltner : il ordonna la saisie
de leur biens.
Les Préparatifs de l’Allemagne
Londres, 6 octobre.
On mande dn Cap an Times :
« L’Allemagne faisait des préparatifs de
guerre depuis le 14 juin.
» Le croiseur allem.nd Eber était au Cap
quelques jours avant la déclaration de
guerre. Les antorités interceptèrent nne
lettre destinée au commandant de ce na-
vire, contenant des instructions de Berlin
datées du 14 juin, relatives à des moyens de
ravitaillement dè la flotte allemande en
charbon, au moment où la guerre éclate-
rait.
» Dans ce bat, l’Allemagne avait des
agents particuliers au Cap, à New-York et à
Chicago. »
La physionomie de Vies&e
Londres, 6 octobre.
C’était dimanche dernier la fête de l’em-
pereur et les autorités policières s’attachè
rent à donner an éclat particulier à Cette
manifestation.
Des insignes janne et noir avaient été lar-
gement distribués et quiconque refusait de
les arborer était arrêté.
Les autorités ont aussi donné l’ordre à
maintes associations et clpbs d'adresser à
l’empereur dés adresses « spontanées » à
l’occasion de sa fête.
Toutes les sociétés musicales devaient
jouer dimanche matin l’Hymne impérial.
En cas de refus, elles étaient dissoutes.
Malgré toute cette mise en scène et cet en-
thousiasme superficiel, l’inquiétude se trahit
parmi la population viennoise à la perspec-
tive d’une invasidn rosse.
Un avis officiel a paru, ces jours-ci, dans
tons les journaux interdisant l'excursion
favorite du dimanche dans la forêt qu’en-
toure la ville, et ce, à cause des fortifications
qu’on y doit établir.
Cette noté a causé beaucoup d’émotion et
les doutes augmentent sur la sincérité des
nouvelles officielles de victoires en Galicie.
Sans l'Etat-Major Allemand
Bâle, 6 octobre.
Le général Damorgen est nommé com-
mandant des troupes de la Prusse orientale,
en remplacement de von Hindènbourg.
Le général Eborharit est nommé gouver-
neur de Strasbourg.
Le général von Gerck est nommé gouver-
neur d’Uim.
Le générai Indinghansen, dit l’agence
Wolff, est nommé commandant de la place
de Cobienz, en remplacement du général de
Locksald-.
La Retraite des Allemands
en fruste Orientale
Pclrograd, 6 octobre (officielle),
La retraita des Allemands continue sur le
front de ia Prusse orientale. Ils ont fait une
tentative pour se maintenir sur leurs posi-
tions qu’ils fortifièrent le long de la frontiè-
re, entre Wierzboloz et Lynck,
La Victoire Russô
Rome, 6 octobre,
Les journaux de Rome disent que l’am-
bassade de Russie annonce ta défaite com-
plète des troupes allemandes. Deux armées
russes se dirigent sur Allenstein ; nne pro-
venance de roussi et l’autre du Sud.
Les pertes allemandes sont évaluées à
70,000 hommes hors de combat.
La Presse anglaise et les Succès russes
Londres, 6 octobre,
L’Ëveninÿ Standard écrit i « Nous devons
énormément à la Russie pour l’aide qu’ap-
porte sa nouvelle victoire. Les Russes ont
droit à notre gratitude, non seulement pour
ce qu’ils ont tait, mais encore pour la ma-
nière dont ils Ônt accompli leurs faits
d’armés. »
Sur la frontière âe la Prusse orientale
Petrôgrad, 6 octobre,
Le généralissime annonce que les gares
voisines de la frontière de Prusse orientale
sont encombrées de trains, l’ennemi se re-
pliant dans ia direction de ia Prnsse orien-
tale. U a reçu des renforts de la garnison de
Koenigsberg,
Ses positions fortifiées à la frontière sont
appuyées par le feu d’üne nombreuse artil-
lerie de siège.
L’offensive russe continue.
Les combats, particulièrement acharnés
sont engagés dans les environs de Bakaiar-
zew.
Une reconnaissance aérienne a établi qu’il
existe un mouvement ininterrompu vers
l'Ouest de trains allemands qui se dirigent
au-delà de la frontière,
x Dysenterie et Choléra
Rome, 6 octobre.
ôn mande de Vienne qu’une épidémie de
dysenterie est signalée en Bohême et en Mo-
ravie.
On signale quelques cas dé choléra à
Brunn.
— O ■ * —
LES PERTES CAUSÉES PAR LA GUERRE
Selon le Figaro, une communication laite
à la Société d'ECOnomié politique a essayé
de dresser le bilan des pertes imposées au
monde entier par la guerre. Pour une pé-
riode de six mois, on arriva au chiffre de
88 miiiurdsi ,
LA DESTRUCTION D’ALBERT
La petite ville d’Albert a éfé détruite à I»
suite d’une tentative désespérée et infruc-
tueuse des Allemands pour faire une trouée
dans le iront dés alliés.
Les Allemands avaient rassemblé à cet
effet des forces considérables d’artillerie qui
arrêtèrent la marche des Français. Mais
ceux-ci ayant, par la suite, amené sur le
Iront de nombreuses mitrailleuses, l’avance
allemande fut enrayée par nu feu meur-
trier.
Au cours de cette bataille, qui dura près
de quatre jours, les batteries françaises
étaient disp sées en demi cercle amour de
la petite ville d’Albert, mais aucune ne s®
trouvait à moins de 1,6’00 mètres de la ville.
Le dernier jour de la bataille, à quatre
heures de l’après-midi, un « Taubs » fit un®
«connaissance an-dessus des batteries tran-
-çàises, à une altitude d’environ 2.500 mètres.
A S h. 10, les obus allemands commençaient
à pleuvoir, mais au lieu d’être dirigés contre
les batteries françaises, iis tombèrent dans
la ville.
Un témoin qui se trouvait sur une * colline
dominante raconte ce qui suit :
« Tout le long de la route, on nous avait
recommandé d être prudents. Nous vîmes
bientôt une longue théorie d’habitants qui
sortaient de la ville ; mais rien d'extraordi-
naire ne survint jusqu’à 5 h. 10. A ce mo-
ment, nous entendîmes nn brait puissant
tout à fait différent de celui produit par les
canons de campagne, et un obus de très gros
calibre tomba dans la ville.
« L’immeuble Atteint par le projectile s’efi
fondra iitiéralement comme un château de
cartes. D’antres obus suivirent, atteignant
tantôt l’Hôîel de Ville, tantôt nn groupe de
cottages. Les bâtiments tombaient exacte-
ment comme si un mèçànismë iés faisait
s’effondrer.' Il fallait un certain effort d’ima-
gination pour se rendre compte que l’oa
assistait au bombardement réel d'une véri-
table ville, car ce bombardement ressemblait 1
plutôt à des tirs .d’expérience de quelque
nouvel explosif sur une ville artificielle. »
Ici s’arrête le récit du témoin, qui s’eru
alla avec quelques biessés ramenés de la
ville.
Il est alors six heures. La route de... est 1
encombrés dé fugitifs de fout âge. Des vieil-
lards, trop faibles pour marcher, sont por-,
tés dans des charrettes. On voit de nom-
breuses voitures d’enfants.
A six heures et demie s’allument dans la
direction dn Nord des incendies qui illumi-
nent toute la campagne.
Albert achève de s’effondrer dans les flam-
mes.
Le Cas du Général Perein
Le général d’Amade a écrit au général PercinTf’
lettre suivante :
Mon général,
Les rumeurs malveillantes et mensongère®"
auxquelles vous faites allusion, dans votre
lettre du 28 août, sont en effet parvenues ici.
On a fait courir le bruit que vous vous se-
riez suicidé et, comme cela ne suffisait pas,
on vous aprait en outre fusillé.
Ai-je besoin de vous dire que personne, doe.
moins personne de sensé, n’a accordé la,
moindre crédit à de pareilles sottises.
Elles donnent plutôt la mesure du déver-
gondage d’imagination et de la méchanceté
de ceux qui tes répandent dans la public ;
elles donneraient aussi la mesure de lat
bêtise de ceux qui les croient. Enfin, elles
désignent au mépris public ceux qui veulent
profiter des événements actuels pour faire
renaître, entre Français, de vieilles querelles
éteintes.
Je vous ai vu plusieurs lois à Arras ou k
Lille. Ce fut toujours pour rendre hommage
à votre dévouement et à l’esprit de devoir,
patriotique qui vous avait ramené sous lest
drapeaux.
Votre bonne volonté dépassait même vos
forces physiques, et vos 68 ans pouvaient,
être uuo difficulté, pour l’accomplissement
d’une tâche devant laquelle de plus jeunes
auraient reculé.
Au moment où je préparais la défense
de Lille et faisais affluer dans cette viller
tous les dépôts armés de la région, j'aie
fait venir de Douai le général Herment. Ca*
lui ci exerça, BOUS vos ordres, les fonctions
spéciales de commandant de ia défense d®.
Lille.
Ensuite, faisant appel à votre haute com-
pétence technique, M. Te ministre de la
guerre vous désigna, avec votre agrément
et après m’avoir chargé de vous consulter
pour éxercèr les fonctions d'inspecteur gé-
néral des formations d'artillerie de la réserva
et de l’armée territoriale. Voilà toute l’histo-
rique de vos fonctions, pendant ma période
de commandement.
A aucun moment, la moindre défaillance
n’a pu vous être reprbehée. Je le proclama
bien haut, et cette affirmation doit mettre
vos légitimes scrupules en paix absolue, vi3-î
à-vis du devoir accompli.
Général A. d’AMADE.
A MS LECTEURS
La guerre a, pendant plusieurs semaines^
désorganisé notre service d’informations,
comme celui de tous les journaux. Il sem-
blait cependant que les journaux de Pariî
fussent plus favorisés et c’est qui explique
ia vogue dont ils ont joui.
Aucun effort ne nous a coûté pour remé-
dier à la situation et nous avons maintenant
obtenu satisfaction, du moins dans une
large mesure. Nos lecteurs savent que nous
recevons de nouveau les nouvelles de la
nuit qui nous permettent de les tenir exec-
tement au courant des événements, sous la
seule réserve de la censure officielle devant
laquelle, toute la presse s’incline avec une
résignation patriotique.
Nous n’avons pas besoin d’insister sur la
fait que notre journal, qui s’imprime après
trois heures du matin, est nécessairement
mieux informé que Tes éditions de province
des journaux de Paris qui, pour être mises
en vente au Havre dans ia matinée, doivent
litre tirées la veille dans l’après-midi.
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