Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-08-22
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 août 1914 22 août 1914
Description : 1914/08/22 (A34,N12067). 1914/08/22 (A34,N12067).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1722302
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2020
34- Usèt - .'(P 12,04»? (2 Pages) S fentimes — «TW »11 MATIN — S fantimes (2 Pages| Samafl il Août 1944
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Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
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AU HAVRE. .".TT BUREAU DU JOURNAL, 112, bout 1 de Strasoourg.
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la PETIT NA VUE est désigné pour Tes Annonces judiciaires al légales
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| On s'abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de Frano»
^-tacKgs;ar-irvniTmiBË^iaiaBaaggM-*^jjg; ■nmm.iiMiwTwim».»™ - - 1 ■ ■ ‘ 1
Les Concentrations de Troupes en Belgique
LA SITUATION
Nous commençons à voir plus clair
il nous nous en félicitons, bien que
tout ne soit pas rose dans la situation.
Rien n’est plus pénible que cette at-
tente dans l'ignorance, à laquelle
nous sommes condamnés. On • nous
parle bien chaque jour de menus faits
d’armes, mais à vrai dire cela n’apaise
pas notre soif de savoir quand nous
songeons aux millions d'hommes qui
sont en présence.
Le gouvernement a obéi à de sages
considérations lorsqu’il a interdit tes
correspondants de guerre et s’est char-
gé lui-même de nous renseigner ; le
secret des opérations est certainement
une des conditions primordiales du
succès à notre époque où la guerre est
toute de stratégie. Mais nos gouver-
nants ont entrepris là une lourde tâ-
che car il n’est pas toujours jacile de
faire le départ entre ce qui peut ou non
îêtre dévoilé sans inconvénient, et ce-
pendant le public exige avec raison
d’être exactement tenu au courant des
événements comme on le lai a promis.
En tout cas, nous approuvons com-
plètement M. Georges Clemenceau
lorsqu’il invite le gouvernement à
laisser complètement hors de ses préoc-
cupations la crainte de nous annoncer
des revers. Notre pays a prouvé, au
cours de la mobilisation qui s achevé,
son sang-froid, sa ferme résolution
de faire face avec courage et entrain
à toutes les adversités, sa confiance
inébranlable dans le succès final.
Croire qu’il s’affolerait de quelques
défaites serait lui faire injure. :
On ne nous a pas trompés à l’avan-
cé, nûns, 9ür T état d’èsprît dés Alle-
mands ; nous ne les croyons pas en
pleine révolution ; nous n’avons pas
l’illusion que nous puissions être en
quelques jours à Berlin. Nous savons
au contraire que nous avons affaire à
une des armées les plus redoutables
de l’Europe et que la tâche sera rude.
Nous avons assez de bon sens, d'autre
partj pour penser que sur un front de
JL iA* _ • f i J A*sm éi rln ni-fniTf- A A
bataille qui s’étend de Belfort à An-
vers, il n’est pas humainement possible ,
qu’il n’y ait des hauts et des bas, des
succès et des revers.
En bulletin de victoires trop mono- .
tone finirait par nous paraître sujet à 1
caution ; c’est pourquoi les nouvelles
que nous avons reçues hier nous don- ]
nent satisfaction, malgré ce qu’elles ■
ont, par partie, de préoccupant ; le ,
fait que l’on ne nous cache pas des
succès allemands prouve que l’on nous
dit toute la vérité ; et dès lors nous
devons constater que cette, vérité est
infiniment moins grave qu’elle aurait
pu l’être ; au total, sur cet immense
frolit, dans cette immensemêlée notre
situation reste satisfaisante.
Cette situation la voici : en Alsace,
nous progressons, et nous paraissons
occuper désormais solidement Mu-
lhouse ; en Lorraine, nous avons dû
reculer après noire pointe avancée en
territoire annexé ; mais par contre,
les Allemands ont été chassés de toute
la partie de notre territoire sur la-
quelle ils avaient empiété précédem-
ment, à l’exception d’une légère en-
clave, à Audun-le-Romün, au sud de
Longwy; en Belgique, l’armée belge
s’est repliée sous les forts d’Anvers, ■
Bmxellesest occupée par les Alle-
mands, et le grand choc que nous al-
lons supporter avec les Anglais se pré-
pare sans doute dans la plaine de
\yaterloo marquée.par l’histoire.
- Bruxelles est une ville ouverte im-
possible à défendre, et où les Alle-
mands ne sauraient prendre appui ;
donc son occupation n’a qu’une valeur
d’ostentation et n’est qu’un prétexte à
bluff ; l’armée belge intacte dans An-
vers est cite menace redoutable sur le
flanc de l’armée allemande qui restera
ainsi gravement gênée dans ses mou-
vements, d’autant que les forts de'
Liège et de Namur sont également
intacts.
En résumé,- et en considérant le
principal champ de bataille,' grâce à
ta magnifique -résistance des Belges
soutenue jusqu’à %e jour, au lieu que
les Allemands soient venus en qua-
rante-huit heures, comme ils l’espé-
raient, livrer un foudroyant combat
dans le Nord de notre pars, nous,
avons eu trots semaines pour aller en
force, avec nos amis les Anglais, au
devant d’eux, au point précis choisi
par iios stratèges. C’est dn résultat
de bon augure polir l’avenir, que nous
ne pouvons qu’enregistrer avec joie
çn dépit des ombres du tableau.
CASm-JORDAN.
LES
Héros âe la Bataille âg Disait
AREIVÉS LES BLESSÉS AU HAVES
Un premier convoi «le blessés est arrivé
au Havre dans la nuit de jeudi à vendredi.
Avisés du fait Tes damc3 de ia Croix Rouge
et les codeurs mobilisés s’étaient rendus à
la gare où sont demeurés en permanence
prêts à secourir les victimes de la guerre
et notamment à les alimenter dès leur
arrivée au Havre.
An lever du jour les blessés qui ne jpon-
vaient marcher ont été placés avec des ci-
vières dans les voitures régimentaires, les
vo tures ambulances, ies voitures de démé-
nagement, et les voitures da livraisons des
chemins de fer de l’Etat.
Les plus valides ont pris place dans les
omnibus et les tramways qui avaient été
réquisitionnés à cet effet.
Constitués par grenues qu’accompa-
gnaient les majors, les infirmiers militaires
et des ambulanciers civils, ces véhicules se
sont dirigés vers les divers cliniques et lo-
caux déjà aménagés pour recevoir les bles-
sés.
Dans la journée d’hier, d’autres salles ont
été aménagées dans le même but, notam-
ment au lycée de jeunes filles.
Les blessés arrivés hier appartiennent à
toutes les armes. On remarque parmi eux
plusieurs soldats de nos troupes algérien-
nes. En général, leurs blessures ne sont pas
'très graves. Ces victimes de la guerre pro
viennent tontes du combat qui s’est livré le
15 août autour de Dinant.
■»
* *
Importante au point de vue de ses résul-
tats, la bataille de Dinant emprunte donc
un intérêt nouveau à ce fait que notre ville
hospitalise actuellement ceux qui en furent
ies témoins.
Diuant est une ville forte de la province
de Namur, sur la rive droite de la Meuse.
Elle s’élève au milieu de beaux sites, entre
des rochers escarpés dont le sommet est
couronné par Un cMtéan fort.
C’est cette citadelle qui tut prise par les
Allemands après un combat commencé dès
le matin. Ils y arborèrent leur drapeau à
i h. 1/2 de l’apiès-midi.
Durant toute l’après-midi, dit le correspondant
de l’agence Reuter à Bruxelles, les Allemands di-
rigèrent une fusillade et une canonnade nourries
sur les Iroupes françaises qui se trouvaient au-
dessous. A 7 heures du soir, l’artillerie française
réduisit au silence les batteries allemandes. Les
Allemands se replièrent ; seule la citadelle conti-
nua a tirer sur les Français.
Cette eitadelle est un ouvrage ancien d’une va-
leur militaire nulle, mais difficile à prendre d’as-
saut.
Les clairons français sonnèrent la charge et les
fantassins, baïonnette au canon, commencèrent
à gravir les chemins rocailleux conduisant au
sommet de ia colline, sous une véritable pluie
de mHraiile.
Les yeux fixés sur le drapeau allemand, lès
Français continuèrent à avancer sans se préoecu*
per de leurs pertes. Finalement un obus français
réduisit au silence les mitrailleuses allemandes
et quelques minutes plus tard les soldats fran-
çais enlevèrent le drapeau allemand eî chassèrent
Tes Allemands.
D’autre part, le correspondant du Daily
Mail envoie des détails sut les combats qui
ont en lieu autour de Diuant et confirme
cette première version.
Les Allemands sont entrés à Disant samedi
avant le lever du jour par surprise. A 1 h. 1/4,
les renforts françiis commencèrent à arriver. Les
batteries françaises ouvrirent le f u sur les trou-
pes allemandes qui se trouvaient de l’autre côté
de la Meuse. Bouvigtn s fut ensuite occupée par
un régiment français. Les Français mirent sept
batteries en position et obligèrent les Allemands
à se retirer et à abandonner Disant proprement
dit.
Vers onze heures les troupes allemandes re-
montèrent te fleuve vers Givet et construisirent
un pont do bateaux sur ia Meuse ; mais leurs
troupes commençaient à peine à traverser que les
batteries françaises ouvrirent le feu et démolirent
te pont. Un grand nombre d’Allemands se noyè-
rent. Ceux qui réussirent STrancbir le pont furent
faits prisonniers. Le combat s’arrêla pendant
quelque temps'; à 1 heure, les Allemands repri-
rent l'offensive; mais les Français les repoussè-
rent au moyen de leurs canons à tir rapide.
Les Allemands s’avancèrent ensuite sur la
route conduisant à Seiz ; tes batteries françaises
en position à Sommières les prirent alors à revers
et balayèrent la route.
Ne pouvant poursuivre leur route vers le Nord,
les Allemands rebroussèrent chemin vers le Sud,
mais les batteries françaises continuèrent à les
inquiéter. L’artil-lcrie française, par une série de
manoeuvres habiles, réussit a partir de 3 heures
de l’après-midi à se maintenir constamment ja
d’abri du feu des batteries allemandes.
Le 7* corps allemand fut, au bout de quelque
lemps, coupé en deux, une partie se retirant au
Nord vers Assesse, et l’autre vers Givet.
Dans leur marche sur Assesse, les Allemands
essuyèrent le feu des loris de Namur.
Pendant tous ces combats, les troupes fran-
çaises montrèrent une endurance merveilleuse.
Ce sont de ces braves troupiers qui sont
aujourd'hui nas hôtes. Ils portent des bles-
sures reçues an cours de cette terrible ba-
taille qui se termina par la victoire de nos
couleurs.
«le
Un de nos amis a pu s'entretenir avec uin
de Cès militaires blessés.
Malgré sa douleur, le bravo soldat, dont
le moral reste excellent, lui a fait le réoit
suivant des phases du combat auquel il par-
ticipa :
« Le 13 août, un régiment d’infanterie est
désigné, pour démasquer l’ennemi qui, re-
tranché ou caché dans des maisons, rious
envoie de temps en temps quelques projec-
tiles, , .
» A six heures du matin, notre régiment
français se trouvait aux prises avec une
masse considérable de troupes allemandes
contre laquelle il lutta opiniâtrement jus-
qu’à midi. A cette heure, un autre régiment
fat envoyé avec de l'artillerie.
»La bataille se continue ainsi jusqu’à
cinq heures, et les nôtres eurent alors nette-
ment le dessus. Trois régiments d’artilie-
j rie vinrent précipiter la retraite de l’enne-
LA GUERRE
Sommaire des principaux faits relatifs à la guerre, dont les détails se trouvent dans les
Communiqués officiels et les dépêches Havas.
21 Août. — Le gouvernement français a adressé aux puissances signataires de la
Convention de La Haye une protestation contre lè bombardement de Pont-à-Mousson,
ville ouverte et non défendue.
A Ht A I?)reOIVXXÊ:«E L’EST
21 Août.— Un communiqué officiel constate que l’ennemi n’occupait plus, le matin
même, aucun point du territoire français, sauf une légère enclave à Audun-le-Roman
(Meurthe-et-Moselle), à l’extrême frontière, et à l’Ouest de Thionville.
liïN BELGIQUE
20 Août. — L’armée belge prend contre l’armée allemande, et par rapport au
camp retranché d’Anvers, une position de flâne.
Les forts de Liège tiennent toujours.
— D’importantes colonnes ennemies poursuivent leur mouvement du côté de
Bruxelles. Les forces allemandes continuent de passer la Meuse à Buy, entre Liège et
Namur. _ „
EN SERBIE
21 Août. — Les Serbes repoussent les Autrichiens sur la Drina. et s’emparent d’une
batterie d’artillerie.
Ils détruisent un dépôt de bateaux sur la Moldava.
. AMJ MONTÉNÉGRO
20 Août. — Succès des troupes monténégrines dans la région de Gràhovo, sur la
frontière de lTIerzégovine.
mi, qui, poursuivi par le feu des Français,
fut obligé de se retirer à 20 kilomètres.
» Un des aviateurs allemands, pendant le
combat, tenta des reconnaissances ; mais
quelques coups de fusil lui firent prendre la
faite. !
» Les pertes Allemandes ont été évaluées à
10,000 hommes, et les nôtres sont relative-
ment faibles. »
Les militaires blessés, le sont pour la
plupart aux jambes.
Ils parlent tous de la grande supériorité
de notre artillerie sur celle de l’ennemi. Les
obus, disent-ils, sont très mal dirigés, et de
plus, il arrive fréquemment qu’ils n’éclatent
pas. _ __
- Les AlleroandSjassUPeiît înoore nos braves,
troupiers, n’ont pas l’air habitués à se servir
do la baïonnette. C’e-t ainsi qu’ils répondent
à nos charges en tirant à bout portant, ou,
plus volontiers, en s’entayant.
Lorsque noire ami parla au blessé des
atrocités commises par les Allemands, celui-
ci sursauta et fit signe à son interlocuteur de
s’approcher plus près encoro de son lit et,
d’une voix faible, H lui raconta un fait :
« J’ai vu, dit-il, des Allemands s’emparer
d’an caporal blessé ; après l’avoir traîné sur
le soi, ils lui ont ouvert la gorge et i ont en-
suite pendu à un arbre ».
Imaginez-vous, ajouta-t-il, quelque chose
de plus barbare !
— De leur côté, poursuivit le soldit, ils
ne paraissent pas non pîup respecter leurs
propres blessés.
Pour arrêter ie feu des Français, ils se ca-
chent derrière leurs frères d’armes déjà at-
teints et ils s’en servent comme bouclier. Ils
vont même, !a plupart du temps, jusqu à
achever leurs « camarades » 1
L’esprit ne reste-t-il pas effaré devant tant
d’atrocités froidement commises? On en
voudrait douter encore ! Et pourtant, ce
sont des témoins dont ia bonne foi est hors
de doute, qui viennent noos confirmer l’hor-
reur de ces actes par des déclarations préci-
ses et formelles.
lia Mobilisé Haïrais à Belfort
Voici une letire de mobilisé. Èlie a pour auteur
un de nos concitoyens, ouvrier typographe au
Petit Havre, et elle apporte de Belfort des impres-
sions brèves msis précisés, qui seront lues avec
intérêt Elle témoigne aussi d’un exoellent état
d’esprit et d’une çon(lance qui sont, d’ailleurs,
ceux de toute l’armée française i ,
C’est aujourd’hui dimanche. Nous venons
de manger la soupe et c’est moi qui viens de
faire la vaisselle. Il est midi et demi. Je
panse à vous ; à ce moment, Vous devez
prendre votre repas...
Moins heureux que ceux qui sont partis se
battre, noos, les vieux, nous restons à gar- «
der Bai fort et à assurer ie service des aine- ;
rents postes. De ce côté, nous n’avons rien à
craindre : les Allemands n’y viendront pas. i
A ce qu’il parai?, et ta peux en être sûre,,
les troupes de Belfort sont admirables.
A MiUbonse, l’autre jour, elles ont chargé !
à la baïonnette les artilleurs allemands.
Cinq batteries d’artillerie allemande ont
été entièrement anéanties par le régiment
d’artillerie d ttéricourt ; il ne reste rien du
contingent allemand ; nos canons sont bien •
supérieurs aux leurs.
Nous sommes sûrs de ces renseignements,,
car ce sont ceux qui ravitaillent qui nous les
ont donnés. Iis suivent ia marche des co-
lonnes et reviennent chercher des provi-
sions à l’asine où je suis de garde.
Hier, ils céit rapporté quatre sacs de car-
touches, des lances allemandes et, surtout,
des fleurs offertes par les Alsaciennes.
Leurs autos étaient garnies de bouquets. ;
On a rameoéici 130 Milans prisonniers,aie si
qu’un officier allemand gui ôtait blessé.
Quand on a voulu le descendre de voiture, il
a tiré sur le capitaine un coup de revolver, >
mais il h’a pas réussi à l’atteindre.
Ce que je te dis là, tu ie sauras peut être
déjà par les journaux car je ne sais quand
tu recevas ma lettre. Qie veux-tu, ma
chère femme, il y a tant de travail pour
lo is qu’il faut savoir pardonner.
J’espère que vous êtes tousen bonne santé
et que nos chers enfants et toi même nie
souffriront pas trop de mon absence. Quant
à moi, je me porte bien; je né désire qu’one
seule chose, c’est que tu sois courageuse
pour affronter cette séparation de quelque
temps, à cause de nos chers petits qui se-
ront d’antant plus contents de me revoir et
d’entendre des histoires nouvelles.
B...
Communiqués
du Bopernement
Paris, 21 août, 8 heures.
EM ALSACE
Nos troupes ont remporté iin
brillant succès, particulièrement
entre Mulhouse et Altkirch. Les
Allemands sont en retraite sur le
Rhin et ont laissé entre nos mains
de nombreux prisonniers. 24 ca-
nons ont été pris, dont 6 au cours
de la lutte, par notre infanterie.
EN LORRAINE
La journée d'hier a ôté moins heureuse que
les précédentes ; nos avant-gardes se sont heur-
tées a des positions très fortes et prit été rame-
nées par une contre-attaque sur nos gros, qui
se sont solidement établis sur la Seilte-et sur le
canal de la Marne au Rhin.
EN BELGIQUE
La cavalerie allemande a occupé Bruxelles.
D’importantes colonnes poursuivent leur
mouvement de ce côté.
L’armée belge se retire sur Anvers sans avoir
ôté accrochée par l'ennemi.
21août, 18 h. 20.
SUR LE FRONT
Il est agréable de constater que ce matin il
n'y avait plus aucun point du territoire fran-
çais occupépar l’ennemi, sauf une légère en-
clave à Audun-le-Roman. Ainsi, le vingtième
jour de la mobilisation, en dépit de toutes les
assurances allemandes, des écrits de leurs au-
teurs les plus connus et de ceux même du grand
état-major, non seulement ils n’ont pas encore
obtenu les avantages décisifs qu’ils escomp-
taient mais encore, ils n’ont pu porter la guerre
sur notre territoire. Cet avantage dont il con-
vient d’ailleurs de ne pas s’exagérer outre me-
sure l’importance, a néanmoins une valeur mo-
rale qu’il est bon de signaler.
LES ALLEMANDS EN BELGIQUE
Des forces allemandes ont continué de passer
la Meuse aux environs de Huy et une concen-
tration importante est en voie d’exécution.
LA GUERRE AÉRIENNE
Un de nos dirigeables a lancé la nuit dernière
plusieurs projectiles sur deux campements de
cavalerie allemande en Belgique : lès' prejoe-
tiles oiit porté, une vive agilaVon s’est manifes-
tée dans les deux campements, les feux ont été
immédiatement éteints et de nombreux coups
de fusil ont été tires centre le dirigeable qui est
rentré sain et sauf dans nos lignes.
liêÉis Havas
Pour éviter les doubles emplois nous ne pu-
blions parmi les dépêches Havas reçues que
Celles qui complètent le Communiqué officiel ci-
dessus.' ; ' v»":.'"'
EXPLOITS D’AVIATEURS
Paris, 21 août.
Un avion français rencontrant une divi-
sion de cavalerie allemande, jeta sur celle-ci
des projectiles qui mirent dans les rangs le
pins grand désordre.
Les aviateurs et l’appareil rentrèrent sains
et saufs.
Un autre avion dut atterrir après avoir été
canonné dans la région de Belgique,occupée
par les Allemands.
Les deux aviateurs réussirent à se cacher
de huit à vingt heures dans un bois, et re-
gagnèrent Dinant dans la naît.
Le pilote d’un autre appareil fut blessé
par une balle, mais l’observateur réussit à
ramener l'appareil et le pilote.
ATROCITÉS ALLEMANDES
Le Gouvernement proteste contre le Bom-
bardement de Pont-à-Mousson
Paris, 21 août.
Le gouvernement a adressé aux puissances
tignataires de la Convention de La Haye un
mémorandum protestant contre le bombar-
dement de Pont-à-Mousson, ville ouverte et
qui n’est pas détendue.
Ce bombardement a été effectué sans avis
préalable.
li a spécialement porté sur l’hôpital, mo-
nument historique.
Les obus ont tné sept personnes et en ont
blessé huit, toutes tendue* et enfants.
Ce bombardement, qai n’a été suivi d'au-
cune occupation, constitue un acte de
cruauté inutile.
Meurtres et Incendies
Paris, t9 août.
Les rapports des autorités françaises con-
tinuent a signaler de nombreux actes de
brutalité injustifiés de la part des Allemands
envers la population civile dans les commu-
nes de la frontière : meurtre d’habitants, in-
cendies de maisons, etc.
Ce que disent les Blessés
Rennes, 20 août.
Cent vingt blessés, dont sept Allemands,
sont arrivés aujourd’hui.
Les Français blessés au cours d’engage-
ments près de Dinant, racontent qu’un hus-
sard blessé fat attaché- à la queue d’un
cheval et traîné, puis achevé par les Alle-
mands.
Les Allemands à Bruxelles
Bruxelles, 21 août.
Jeudi après-midi, des officiers allemands
ont traversé la ville eu automobile, se ren-
dant à l’Hôtel de plle, tandis que des détar.
chemeftts comnrffhçaiant a traverser la ville
en plusieurs endroits.
On semble croire jusqu’ici que les Alle-
mands ne feront que traverser Bruxelles ou
qu’ils n’y feront pas de long séjours.
Des hussards et des uhlans allemands in- ;
terrogés, auraient déclaré avoir été coupés
du reste de l’armée.
De nombreux habitants quittent Bruxelles
pourGand et Ostende.
ANVERS ET SA DÉFENSE
La Situation de l’armée belge
Anvers, 21 août.
Conformément au plan de défense arrêté
depuis de longues apnées, l’armée de cam-
pagne belge se retira sous le camp retran-
ché d’Anvers, après avoir rempli brillam-
ment diverses missions que lui dictait la
situation stratégique.
La défense vigoureuse, qui continue des
forts constituant ■ la tête de pont de Liège,
a arrêté pendant deux semaines les troupes
allemandes au passage de la Meuse.
L’armée belge prend aujourd’hui, par rap-
port à l’armée allemande qui vient de la dé-
border par ie nombre, une position de flanc
redoutable pour ses adversaires en raison
de la forme du camp retranché d’Anvers et
de la mobilité des troupes belges appuyées
sur cette position.
Le rôle d’Anvers dans la défense de la Bel-
gique est double ; il est formidable. Le
camp retranché est organisé suivant les rè-
gles les pius modernes et apte à une défense
indéfinie. Il est aussi une base d’opéra-
tions. . .
De la base d’Anvers, l’année belge peut
menacer le flanc de l’armée allemande pé-
nétrant en Belgique et concourir efficace-
ment aux opérations des armées alliées.
La défense 4’Aavers se compose de trois
ceintures à l’efficacité desquelles s’ajoute ta
possibilité d’inondations importantes. L’en-
ceinte fortifiée de 1839 existe toujours-; elle
fut abattue sur certains points seulement
afin de permettre à la ville de se développer,
mais elle peut encore rendre de grands ser-
vices. Mais les deux autres ceintures suffi-
sent largement à protéger-fa position.
La ceintura intérieure, aujourd’hui l’afi-
cienne peinture extérieure, comprend la rive
gauche de l’Escaut, plusieurs forts cons-
truits de 1863 à 1880 et rajeunis depuis lors,
à écartement restreint, avec communica-
tions bien assurées sur la rive droite de l’Es-
caut. La ceinture comprend des forts très
puissamment outillés, comp’étés par des
redoutes et réunis en 1907 et 1908.
En exécution de la loi de 1906, la troisiè-
me ceinture, dont les éléments sont situés à
une distance de la ville variant de dix à vingt
kilomètres, lut construite ; elle constitue un
des pins formidables camps retranchés.
Sur la rive gauche comme sur la rive
droite de l’Escaut, une trentaine de gros ou-
vrages forment une ceinture que complète
la zone d inondation de plusieurs milliers
d’hectares et qui s’appuie sur les fortes
ligues d’eau de l’Escaut, le Rupel et le Nethe.
Les coupoles d’artillerie, la force motrice
des projecteurs, tout l’armement de ces ou-
vrages est exclusivement moderne.
Dans la direction de Bruxelles, la ceinture
extérieure commande la campagne jusqu’à
Matines.
Pour faire le siège du camp retranché
d’Anvers, il faudrait immobiliser des forces
extrêmement importantes pendant plu-
sieurs mois et amener un matériel de siège
considérable.
Tout permet de croire que les Allemands
n’aborderont pas cette entreprise, qui affai-
blirait sensiblement leurs armées de cam-
pagne. S’ils n’entreprennent pas ie siège,
les Allemands seront forcés de se couvrir
contre les opérations de l’aTmée belge in-
tacte, grâce à un habile repliement, et
grossie de la garnison d’Anvers, qui a toute
liberté pour opérer sur les flancs de l’armée
allemande.
II convient d’ajouter qae les forts de Liège
tiennent toujours et plus encore ; que les
forts de Namur ne furent pas attaqués. Or,
les forts de Namur sont aussi puissants que
ceux de Liège ; ils ont depuis quinze jours
renforoé leurs moyens de défense.
Il résulte de ce qui précède que dans leur
marche en avant, les armées allemandes se-
ront prises entre la position de Namur et la
position d’Anvers qni semblent, à vol d’oi-
seau, être éloignées l’nne de l’autre de
soixante kilomètres seulement.
Si on tient compte du rayon d’action des
forts et que sur la base inattaquable d’An-
vers, l’armée beige pourra s’appuyer pour
faire telles operations qui seront jugées né-
cessaires, la situation est donc difficile pour
les Allemands à qui va manquer ce qu’ils
considéraient comme le postulat de leur
marche par la Belgique, à savoir la libre dis-
position de la route de ia Meuse par Liège
et Namur et l’immobilisation de l’armée
beige.
L’Enquêté belge
Bruxelles, 19 août.
Le Comité d’enquête sur l’observation des
lois et contâmes ae la guerre signale que,
dans ia nuit du 5 au 6 courant, une centaine
de soldats allemands, parvenus à 750 mètres
des tranchées belges, jetèrent les armes et
levèrent les bras en agitant des drapeanx
blancs.
. Le commandant belge fit cesser le feu et
s’avança vers l’ennemi, accompagné de quel-
ques hommes. H avait à peine parcouru une
trentaine de mètres qu’il torilba mortelle-
ment blessé.
En différents endroits, les Allemands,
après le combat, mirent systématiquement
le feu aux fermes et aux moissons avec de
la paille imbibée de pétrole.
De nombreux soldats blessés et désarmés;
ont été maltraités ou achevés par dès sol-
dats allemands.
Perte de deux Zeppelins
Copenhague, 21
Dans les journaux allemands reçus à Co-
penhague, on trouve une iafôrmalion éma-
nant du bureau de ia presse du grand état-,
major allemand et qui convient que deuà
zeppelins ont été détruits avec leurs équi-
pages. .
Prague eu Révolte
Saint-Pétersbourg, 19 août.
Suivant les journaux polonais, les senti-
ments des Polonais autrichiens de Galicie se
sont considérablement modifiés après ta dé-
claration de guerre de l’Allemagne à la
Russie.
Le correspondant à Kiew de la Notdie
Wremia dit qae les résidents tchèques do
cette ville ont reçu des lettres de Bohême
dans lesquelles on leur raconte que les sol-
dats tchèques et polonais fasillèrent leur»
officiers, criant : « A bas Guillaume 1 A bas
l’Autriche ! Vive la Russie I » Pendant un
jour entier Prague fut dans les mains des
rebelles.
Le jour suivant, les Autrichiens ayant reçu
du rentort, réoccupèrent la ville et les re-
présailles furent terribles. Tout Tchèque
rencontré dans les rues était fusillé. Le na-
vire Moldava était rouge de sang tchèqae.Les
plus beaux monuments de la ville turent
détruits. Les Autrichiens pillèrent les maga-
sins et firent subir des violences anx fem-
mes.
La cruauté de la répression provoqua,
deux jours après, une révolte nouvelle qni
fut réprimée plus cruellement encore. On
croit que M. Zhukovsky, consul russe, est
l’un de ceux qui furent exécutés.
Les Victimes de la Guerre
St-Pôlersbourg, 20 août.
Dans tous les combats, les Allemands
laissent sans les enterrer les corps des cosa-
ques tués, disant que les corbeaux mange-
ront leurs cadavres.
À ce propos, la Novoié Vrétnia s’adresse à
tous les cosaques et leur dit : Sachez com-
ment les Allemands traitent leurs ennemis
même morts.
SuocèsBuàsêa
Saiat-Pétersboufg, 20 aoâi
Les troupes rosses ont occupé Gumbin-
nen, dans la Prusse orientale, après avoir re-
poussé les Allemands, auxquels ils ont pris
12 canons et fait de nombreux prisonniers.
Saint-Pétersbourg, 20 août.
Près du village de Toharoukof, à 18 vefstes
de Lutsk, les troupes d’avant-garde rosses
ont bousculé une patrouille autrichienne
qu'ils ont mise en déroute, taant ou bles-
sant 60'hussards et taisant 120 prisonniers.
L’Activité des Femmes russes
Saint-Pétersbourg, 20 août.
Tontes les salles du magnifique Palais
d’IIiver sont transformées en vastes ateliers
et en bureaux improvisés où 600 dames,
dont beaucoup appartenant à la haute so-
ciété, confectionnent da . matin au soir, dis
linge et du matériel de pansement pour les
blessés. Les femmes «les ministres travail-
lent comme de simples ouvrières.
Tentative criminelle
. ; Naples, 20 août.
Près de Poggioreale, une bombe a été lan-
cée de la route sur le train qui était parti it
minuit de Naples pour Rome. Ls bombe pê.
nétra dans un wagon de première ^classe «f
fit explosion. Cinq voyageurs ont été Mes
scs.
Administrateur • Délégué - Gérant
O. RANDOLE1
f flaiaiatratenk iQpessltms et Annonces, TEL. 10.47
85, Rue Fontenelle, 35
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Le Petit Havre
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Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
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Secrétaire Général : TE VALLÈS
Rédaction, 35, rue Fontenelle - Tél. 7.60
ÀNNTON CES
AU HAVRE. .".TT BUREAU DU JOURNAL, 112, bout 1 de Strasoourg.
{ L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A PARIS........ s seule chargée de recevoir les Annonces pour
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la PETIT NA VUE est désigné pour Tes Annonces judiciaires al légales
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Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,| M BO 9 Fr 18 n
l’Oise et la Somme j
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| On s'abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de Frano»
^-tacKgs;ar-irvniTmiBË^iaiaBaaggM-*^jjg; ■nmm.iiMiwTwim».»™ - - 1 ■ ■ ‘ 1
Les Concentrations de Troupes en Belgique
LA SITUATION
Nous commençons à voir plus clair
il nous nous en félicitons, bien que
tout ne soit pas rose dans la situation.
Rien n’est plus pénible que cette at-
tente dans l'ignorance, à laquelle
nous sommes condamnés. On • nous
parle bien chaque jour de menus faits
d’armes, mais à vrai dire cela n’apaise
pas notre soif de savoir quand nous
songeons aux millions d'hommes qui
sont en présence.
Le gouvernement a obéi à de sages
considérations lorsqu’il a interdit tes
correspondants de guerre et s’est char-
gé lui-même de nous renseigner ; le
secret des opérations est certainement
une des conditions primordiales du
succès à notre époque où la guerre est
toute de stratégie. Mais nos gouver-
nants ont entrepris là une lourde tâ-
che car il n’est pas toujours jacile de
faire le départ entre ce qui peut ou non
îêtre dévoilé sans inconvénient, et ce-
pendant le public exige avec raison
d’être exactement tenu au courant des
événements comme on le lai a promis.
En tout cas, nous approuvons com-
plètement M. Georges Clemenceau
lorsqu’il invite le gouvernement à
laisser complètement hors de ses préoc-
cupations la crainte de nous annoncer
des revers. Notre pays a prouvé, au
cours de la mobilisation qui s achevé,
son sang-froid, sa ferme résolution
de faire face avec courage et entrain
à toutes les adversités, sa confiance
inébranlable dans le succès final.
Croire qu’il s’affolerait de quelques
défaites serait lui faire injure. :
On ne nous a pas trompés à l’avan-
cé, nûns, 9ür T état d’èsprît dés Alle-
mands ; nous ne les croyons pas en
pleine révolution ; nous n’avons pas
l’illusion que nous puissions être en
quelques jours à Berlin. Nous savons
au contraire que nous avons affaire à
une des armées les plus redoutables
de l’Europe et que la tâche sera rude.
Nous avons assez de bon sens, d'autre
partj pour penser que sur un front de
JL iA* _ • f i J A*sm éi rln ni-fniTf- A A
bataille qui s’étend de Belfort à An-
vers, il n’est pas humainement possible ,
qu’il n’y ait des hauts et des bas, des
succès et des revers.
En bulletin de victoires trop mono- .
tone finirait par nous paraître sujet à 1
caution ; c’est pourquoi les nouvelles
que nous avons reçues hier nous don- ]
nent satisfaction, malgré ce qu’elles ■
ont, par partie, de préoccupant ; le ,
fait que l’on ne nous cache pas des
succès allemands prouve que l’on nous
dit toute la vérité ; et dès lors nous
devons constater que cette, vérité est
infiniment moins grave qu’elle aurait
pu l’être ; au total, sur cet immense
frolit, dans cette immensemêlée notre
situation reste satisfaisante.
Cette situation la voici : en Alsace,
nous progressons, et nous paraissons
occuper désormais solidement Mu-
lhouse ; en Lorraine, nous avons dû
reculer après noire pointe avancée en
territoire annexé ; mais par contre,
les Allemands ont été chassés de toute
la partie de notre territoire sur la-
quelle ils avaient empiété précédem-
ment, à l’exception d’une légère en-
clave, à Audun-le-Romün, au sud de
Longwy; en Belgique, l’armée belge
s’est repliée sous les forts d’Anvers, ■
Bmxellesest occupée par les Alle-
mands, et le grand choc que nous al-
lons supporter avec les Anglais se pré-
pare sans doute dans la plaine de
\yaterloo marquée.par l’histoire.
- Bruxelles est une ville ouverte im-
possible à défendre, et où les Alle-
mands ne sauraient prendre appui ;
donc son occupation n’a qu’une valeur
d’ostentation et n’est qu’un prétexte à
bluff ; l’armée belge intacte dans An-
vers est cite menace redoutable sur le
flanc de l’armée allemande qui restera
ainsi gravement gênée dans ses mou-
vements, d’autant que les forts de'
Liège et de Namur sont également
intacts.
En résumé,- et en considérant le
principal champ de bataille,' grâce à
ta magnifique -résistance des Belges
soutenue jusqu’à %e jour, au lieu que
les Allemands soient venus en qua-
rante-huit heures, comme ils l’espé-
raient, livrer un foudroyant combat
dans le Nord de notre pars, nous,
avons eu trots semaines pour aller en
force, avec nos amis les Anglais, au
devant d’eux, au point précis choisi
par iios stratèges. C’est dn résultat
de bon augure polir l’avenir, que nous
ne pouvons qu’enregistrer avec joie
çn dépit des ombres du tableau.
CASm-JORDAN.
LES
Héros âe la Bataille âg Disait
AREIVÉS LES BLESSÉS AU HAVES
Un premier convoi «le blessés est arrivé
au Havre dans la nuit de jeudi à vendredi.
Avisés du fait Tes damc3 de ia Croix Rouge
et les codeurs mobilisés s’étaient rendus à
la gare où sont demeurés en permanence
prêts à secourir les victimes de la guerre
et notamment à les alimenter dès leur
arrivée au Havre.
An lever du jour les blessés qui ne jpon-
vaient marcher ont été placés avec des ci-
vières dans les voitures régimentaires, les
vo tures ambulances, ies voitures de démé-
nagement, et les voitures da livraisons des
chemins de fer de l’Etat.
Les plus valides ont pris place dans les
omnibus et les tramways qui avaient été
réquisitionnés à cet effet.
Constitués par grenues qu’accompa-
gnaient les majors, les infirmiers militaires
et des ambulanciers civils, ces véhicules se
sont dirigés vers les divers cliniques et lo-
caux déjà aménagés pour recevoir les bles-
sés.
Dans la journée d’hier, d’autres salles ont
été aménagées dans le même but, notam-
ment au lycée de jeunes filles.
Les blessés arrivés hier appartiennent à
toutes les armes. On remarque parmi eux
plusieurs soldats de nos troupes algérien-
nes. En général, leurs blessures ne sont pas
'très graves. Ces victimes de la guerre pro
viennent tontes du combat qui s’est livré le
15 août autour de Dinant.
■»
* *
Importante au point de vue de ses résul-
tats, la bataille de Dinant emprunte donc
un intérêt nouveau à ce fait que notre ville
hospitalise actuellement ceux qui en furent
ies témoins.
Diuant est une ville forte de la province
de Namur, sur la rive droite de la Meuse.
Elle s’élève au milieu de beaux sites, entre
des rochers escarpés dont le sommet est
couronné par Un cMtéan fort.
C’est cette citadelle qui tut prise par les
Allemands après un combat commencé dès
le matin. Ils y arborèrent leur drapeau à
i h. 1/2 de l’apiès-midi.
Durant toute l’après-midi, dit le correspondant
de l’agence Reuter à Bruxelles, les Allemands di-
rigèrent une fusillade et une canonnade nourries
sur les Iroupes françaises qui se trouvaient au-
dessous. A 7 heures du soir, l’artillerie française
réduisit au silence les batteries allemandes. Les
Allemands se replièrent ; seule la citadelle conti-
nua a tirer sur les Français.
Cette eitadelle est un ouvrage ancien d’une va-
leur militaire nulle, mais difficile à prendre d’as-
saut.
Les clairons français sonnèrent la charge et les
fantassins, baïonnette au canon, commencèrent
à gravir les chemins rocailleux conduisant au
sommet de ia colline, sous une véritable pluie
de mHraiile.
Les yeux fixés sur le drapeau allemand, lès
Français continuèrent à avancer sans se préoecu*
per de leurs pertes. Finalement un obus français
réduisit au silence les mitrailleuses allemandes
et quelques minutes plus tard les soldats fran-
çais enlevèrent le drapeau allemand eî chassèrent
Tes Allemands.
D’autre part, le correspondant du Daily
Mail envoie des détails sut les combats qui
ont en lieu autour de Diuant et confirme
cette première version.
Les Allemands sont entrés à Disant samedi
avant le lever du jour par surprise. A 1 h. 1/4,
les renforts françiis commencèrent à arriver. Les
batteries françaises ouvrirent le f u sur les trou-
pes allemandes qui se trouvaient de l’autre côté
de la Meuse. Bouvigtn s fut ensuite occupée par
un régiment français. Les Français mirent sept
batteries en position et obligèrent les Allemands
à se retirer et à abandonner Disant proprement
dit.
Vers onze heures les troupes allemandes re-
montèrent te fleuve vers Givet et construisirent
un pont do bateaux sur ia Meuse ; mais leurs
troupes commençaient à peine à traverser que les
batteries françaises ouvrirent le feu et démolirent
te pont. Un grand nombre d’Allemands se noyè-
rent. Ceux qui réussirent STrancbir le pont furent
faits prisonniers. Le combat s’arrêla pendant
quelque temps'; à 1 heure, les Allemands repri-
rent l'offensive; mais les Français les repoussè-
rent au moyen de leurs canons à tir rapide.
Les Allemands s’avancèrent ensuite sur la
route conduisant à Seiz ; tes batteries françaises
en position à Sommières les prirent alors à revers
et balayèrent la route.
Ne pouvant poursuivre leur route vers le Nord,
les Allemands rebroussèrent chemin vers le Sud,
mais les batteries françaises continuèrent à les
inquiéter. L’artil-lcrie française, par une série de
manoeuvres habiles, réussit a partir de 3 heures
de l’après-midi à se maintenir constamment ja
d’abri du feu des batteries allemandes.
Le 7* corps allemand fut, au bout de quelque
lemps, coupé en deux, une partie se retirant au
Nord vers Assesse, et l’autre vers Givet.
Dans leur marche sur Assesse, les Allemands
essuyèrent le feu des loris de Namur.
Pendant tous ces combats, les troupes fran-
çaises montrèrent une endurance merveilleuse.
Ce sont de ces braves troupiers qui sont
aujourd'hui nas hôtes. Ils portent des bles-
sures reçues an cours de cette terrible ba-
taille qui se termina par la victoire de nos
couleurs.
«le
Un de nos amis a pu s'entretenir avec uin
de Cès militaires blessés.
Malgré sa douleur, le bravo soldat, dont
le moral reste excellent, lui a fait le réoit
suivant des phases du combat auquel il par-
ticipa :
« Le 13 août, un régiment d’infanterie est
désigné, pour démasquer l’ennemi qui, re-
tranché ou caché dans des maisons, rious
envoie de temps en temps quelques projec-
tiles, , .
» A six heures du matin, notre régiment
français se trouvait aux prises avec une
masse considérable de troupes allemandes
contre laquelle il lutta opiniâtrement jus-
qu’à midi. A cette heure, un autre régiment
fat envoyé avec de l'artillerie.
»La bataille se continue ainsi jusqu’à
cinq heures, et les nôtres eurent alors nette-
ment le dessus. Trois régiments d’artilie-
j rie vinrent précipiter la retraite de l’enne-
LA GUERRE
Sommaire des principaux faits relatifs à la guerre, dont les détails se trouvent dans les
Communiqués officiels et les dépêches Havas.
21 Août. — Le gouvernement français a adressé aux puissances signataires de la
Convention de La Haye une protestation contre lè bombardement de Pont-à-Mousson,
ville ouverte et non défendue.
A Ht A I?)reOIVXXÊ:«E L’EST
21 Août.— Un communiqué officiel constate que l’ennemi n’occupait plus, le matin
même, aucun point du territoire français, sauf une légère enclave à Audun-le-Roman
(Meurthe-et-Moselle), à l’extrême frontière, et à l’Ouest de Thionville.
liïN BELGIQUE
20 Août. — L’armée belge prend contre l’armée allemande, et par rapport au
camp retranché d’Anvers, une position de flâne.
Les forts de Liège tiennent toujours.
— D’importantes colonnes ennemies poursuivent leur mouvement du côté de
Bruxelles. Les forces allemandes continuent de passer la Meuse à Buy, entre Liège et
Namur. _ „
EN SERBIE
21 Août. — Les Serbes repoussent les Autrichiens sur la Drina. et s’emparent d’une
batterie d’artillerie.
Ils détruisent un dépôt de bateaux sur la Moldava.
. AMJ MONTÉNÉGRO
20 Août. — Succès des troupes monténégrines dans la région de Gràhovo, sur la
frontière de lTIerzégovine.
mi, qui, poursuivi par le feu des Français,
fut obligé de se retirer à 20 kilomètres.
» Un des aviateurs allemands, pendant le
combat, tenta des reconnaissances ; mais
quelques coups de fusil lui firent prendre la
faite. !
» Les pertes Allemandes ont été évaluées à
10,000 hommes, et les nôtres sont relative-
ment faibles. »
Les militaires blessés, le sont pour la
plupart aux jambes.
Ils parlent tous de la grande supériorité
de notre artillerie sur celle de l’ennemi. Les
obus, disent-ils, sont très mal dirigés, et de
plus, il arrive fréquemment qu’ils n’éclatent
pas. _ __
- Les AlleroandSjassUPeiît înoore nos braves,
troupiers, n’ont pas l’air habitués à se servir
do la baïonnette. C’e-t ainsi qu’ils répondent
à nos charges en tirant à bout portant, ou,
plus volontiers, en s’entayant.
Lorsque noire ami parla au blessé des
atrocités commises par les Allemands, celui-
ci sursauta et fit signe à son interlocuteur de
s’approcher plus près encoro de son lit et,
d’une voix faible, H lui raconta un fait :
« J’ai vu, dit-il, des Allemands s’emparer
d’an caporal blessé ; après l’avoir traîné sur
le soi, ils lui ont ouvert la gorge et i ont en-
suite pendu à un arbre ».
Imaginez-vous, ajouta-t-il, quelque chose
de plus barbare !
— De leur côté, poursuivit le soldit, ils
ne paraissent pas non pîup respecter leurs
propres blessés.
Pour arrêter ie feu des Français, ils se ca-
chent derrière leurs frères d’armes déjà at-
teints et ils s’en servent comme bouclier. Ils
vont même, !a plupart du temps, jusqu à
achever leurs « camarades » 1
L’esprit ne reste-t-il pas effaré devant tant
d’atrocités froidement commises? On en
voudrait douter encore ! Et pourtant, ce
sont des témoins dont ia bonne foi est hors
de doute, qui viennent noos confirmer l’hor-
reur de ces actes par des déclarations préci-
ses et formelles.
lia Mobilisé Haïrais à Belfort
Voici une letire de mobilisé. Èlie a pour auteur
un de nos concitoyens, ouvrier typographe au
Petit Havre, et elle apporte de Belfort des impres-
sions brèves msis précisés, qui seront lues avec
intérêt Elle témoigne aussi d’un exoellent état
d’esprit et d’une çon(lance qui sont, d’ailleurs,
ceux de toute l’armée française i ,
C’est aujourd’hui dimanche. Nous venons
de manger la soupe et c’est moi qui viens de
faire la vaisselle. Il est midi et demi. Je
panse à vous ; à ce moment, Vous devez
prendre votre repas...
Moins heureux que ceux qui sont partis se
battre, noos, les vieux, nous restons à gar- «
der Bai fort et à assurer ie service des aine- ;
rents postes. De ce côté, nous n’avons rien à
craindre : les Allemands n’y viendront pas. i
A ce qu’il parai?, et ta peux en être sûre,,
les troupes de Belfort sont admirables.
A MiUbonse, l’autre jour, elles ont chargé !
à la baïonnette les artilleurs allemands.
Cinq batteries d’artillerie allemande ont
été entièrement anéanties par le régiment
d’artillerie d ttéricourt ; il ne reste rien du
contingent allemand ; nos canons sont bien •
supérieurs aux leurs.
Nous sommes sûrs de ces renseignements,,
car ce sont ceux qui ravitaillent qui nous les
ont donnés. Iis suivent ia marche des co-
lonnes et reviennent chercher des provi-
sions à l’asine où je suis de garde.
Hier, ils céit rapporté quatre sacs de car-
touches, des lances allemandes et, surtout,
des fleurs offertes par les Alsaciennes.
Leurs autos étaient garnies de bouquets. ;
On a rameoéici 130 Milans prisonniers,aie si
qu’un officier allemand gui ôtait blessé.
Quand on a voulu le descendre de voiture, il
a tiré sur le capitaine un coup de revolver, >
mais il h’a pas réussi à l’atteindre.
Ce que je te dis là, tu ie sauras peut être
déjà par les journaux car je ne sais quand
tu recevas ma lettre. Qie veux-tu, ma
chère femme, il y a tant de travail pour
lo is qu’il faut savoir pardonner.
J’espère que vous êtes tousen bonne santé
et que nos chers enfants et toi même nie
souffriront pas trop de mon absence. Quant
à moi, je me porte bien; je né désire qu’one
seule chose, c’est que tu sois courageuse
pour affronter cette séparation de quelque
temps, à cause de nos chers petits qui se-
ront d’antant plus contents de me revoir et
d’entendre des histoires nouvelles.
B...
Communiqués
du Bopernement
Paris, 21 août, 8 heures.
EM ALSACE
Nos troupes ont remporté iin
brillant succès, particulièrement
entre Mulhouse et Altkirch. Les
Allemands sont en retraite sur le
Rhin et ont laissé entre nos mains
de nombreux prisonniers. 24 ca-
nons ont été pris, dont 6 au cours
de la lutte, par notre infanterie.
EN LORRAINE
La journée d'hier a ôté moins heureuse que
les précédentes ; nos avant-gardes se sont heur-
tées a des positions très fortes et prit été rame-
nées par une contre-attaque sur nos gros, qui
se sont solidement établis sur la Seilte-et sur le
canal de la Marne au Rhin.
EN BELGIQUE
La cavalerie allemande a occupé Bruxelles.
D’importantes colonnes poursuivent leur
mouvement de ce côté.
L’armée belge se retire sur Anvers sans avoir
ôté accrochée par l'ennemi.
21août, 18 h. 20.
SUR LE FRONT
Il est agréable de constater que ce matin il
n'y avait plus aucun point du territoire fran-
çais occupépar l’ennemi, sauf une légère en-
clave à Audun-le-Roman. Ainsi, le vingtième
jour de la mobilisation, en dépit de toutes les
assurances allemandes, des écrits de leurs au-
teurs les plus connus et de ceux même du grand
état-major, non seulement ils n’ont pas encore
obtenu les avantages décisifs qu’ils escomp-
taient mais encore, ils n’ont pu porter la guerre
sur notre territoire. Cet avantage dont il con-
vient d’ailleurs de ne pas s’exagérer outre me-
sure l’importance, a néanmoins une valeur mo-
rale qu’il est bon de signaler.
LES ALLEMANDS EN BELGIQUE
Des forces allemandes ont continué de passer
la Meuse aux environs de Huy et une concen-
tration importante est en voie d’exécution.
LA GUERRE AÉRIENNE
Un de nos dirigeables a lancé la nuit dernière
plusieurs projectiles sur deux campements de
cavalerie allemande en Belgique : lès' prejoe-
tiles oiit porté, une vive agilaVon s’est manifes-
tée dans les deux campements, les feux ont été
immédiatement éteints et de nombreux coups
de fusil ont été tires centre le dirigeable qui est
rentré sain et sauf dans nos lignes.
liêÉis Havas
Pour éviter les doubles emplois nous ne pu-
blions parmi les dépêches Havas reçues que
Celles qui complètent le Communiqué officiel ci-
dessus.' ; ' v»":.'"'
EXPLOITS D’AVIATEURS
Paris, 21 août.
Un avion français rencontrant une divi-
sion de cavalerie allemande, jeta sur celle-ci
des projectiles qui mirent dans les rangs le
pins grand désordre.
Les aviateurs et l’appareil rentrèrent sains
et saufs.
Un autre avion dut atterrir après avoir été
canonné dans la région de Belgique,occupée
par les Allemands.
Les deux aviateurs réussirent à se cacher
de huit à vingt heures dans un bois, et re-
gagnèrent Dinant dans la naît.
Le pilote d’un autre appareil fut blessé
par une balle, mais l’observateur réussit à
ramener l'appareil et le pilote.
ATROCITÉS ALLEMANDES
Le Gouvernement proteste contre le Bom-
bardement de Pont-à-Mousson
Paris, 21 août.
Le gouvernement a adressé aux puissances
tignataires de la Convention de La Haye un
mémorandum protestant contre le bombar-
dement de Pont-à-Mousson, ville ouverte et
qui n’est pas détendue.
Ce bombardement a été effectué sans avis
préalable.
li a spécialement porté sur l’hôpital, mo-
nument historique.
Les obus ont tné sept personnes et en ont
blessé huit, toutes tendue* et enfants.
Ce bombardement, qai n’a été suivi d'au-
cune occupation, constitue un acte de
cruauté inutile.
Meurtres et Incendies
Paris, t9 août.
Les rapports des autorités françaises con-
tinuent a signaler de nombreux actes de
brutalité injustifiés de la part des Allemands
envers la population civile dans les commu-
nes de la frontière : meurtre d’habitants, in-
cendies de maisons, etc.
Ce que disent les Blessés
Rennes, 20 août.
Cent vingt blessés, dont sept Allemands,
sont arrivés aujourd’hui.
Les Français blessés au cours d’engage-
ments près de Dinant, racontent qu’un hus-
sard blessé fat attaché- à la queue d’un
cheval et traîné, puis achevé par les Alle-
mands.
Les Allemands à Bruxelles
Bruxelles, 21 août.
Jeudi après-midi, des officiers allemands
ont traversé la ville eu automobile, se ren-
dant à l’Hôtel de plle, tandis que des détar.
chemeftts comnrffhçaiant a traverser la ville
en plusieurs endroits.
On semble croire jusqu’ici que les Alle-
mands ne feront que traverser Bruxelles ou
qu’ils n’y feront pas de long séjours.
Des hussards et des uhlans allemands in- ;
terrogés, auraient déclaré avoir été coupés
du reste de l’armée.
De nombreux habitants quittent Bruxelles
pourGand et Ostende.
ANVERS ET SA DÉFENSE
La Situation de l’armée belge
Anvers, 21 août.
Conformément au plan de défense arrêté
depuis de longues apnées, l’armée de cam-
pagne belge se retira sous le camp retran-
ché d’Anvers, après avoir rempli brillam-
ment diverses missions que lui dictait la
situation stratégique.
La défense vigoureuse, qui continue des
forts constituant ■ la tête de pont de Liège,
a arrêté pendant deux semaines les troupes
allemandes au passage de la Meuse.
L’armée belge prend aujourd’hui, par rap-
port à l’armée allemande qui vient de la dé-
border par ie nombre, une position de flanc
redoutable pour ses adversaires en raison
de la forme du camp retranché d’Anvers et
de la mobilité des troupes belges appuyées
sur cette position.
Le rôle d’Anvers dans la défense de la Bel-
gique est double ; il est formidable. Le
camp retranché est organisé suivant les rè-
gles les pius modernes et apte à une défense
indéfinie. Il est aussi une base d’opéra-
tions. . .
De la base d’Anvers, l’année belge peut
menacer le flanc de l’armée allemande pé-
nétrant en Belgique et concourir efficace-
ment aux opérations des armées alliées.
La défense 4’Aavers se compose de trois
ceintures à l’efficacité desquelles s’ajoute ta
possibilité d’inondations importantes. L’en-
ceinte fortifiée de 1839 existe toujours-; elle
fut abattue sur certains points seulement
afin de permettre à la ville de se développer,
mais elle peut encore rendre de grands ser-
vices. Mais les deux autres ceintures suffi-
sent largement à protéger-fa position.
La ceintura intérieure, aujourd’hui l’afi-
cienne peinture extérieure, comprend la rive
gauche de l’Escaut, plusieurs forts cons-
truits de 1863 à 1880 et rajeunis depuis lors,
à écartement restreint, avec communica-
tions bien assurées sur la rive droite de l’Es-
caut. La ceinture comprend des forts très
puissamment outillés, comp’étés par des
redoutes et réunis en 1907 et 1908.
En exécution de la loi de 1906, la troisiè-
me ceinture, dont les éléments sont situés à
une distance de la ville variant de dix à vingt
kilomètres, lut construite ; elle constitue un
des pins formidables camps retranchés.
Sur la rive gauche comme sur la rive
droite de l’Escaut, une trentaine de gros ou-
vrages forment une ceinture que complète
la zone d inondation de plusieurs milliers
d’hectares et qui s’appuie sur les fortes
ligues d’eau de l’Escaut, le Rupel et le Nethe.
Les coupoles d’artillerie, la force motrice
des projecteurs, tout l’armement de ces ou-
vrages est exclusivement moderne.
Dans la direction de Bruxelles, la ceinture
extérieure commande la campagne jusqu’à
Matines.
Pour faire le siège du camp retranché
d’Anvers, il faudrait immobiliser des forces
extrêmement importantes pendant plu-
sieurs mois et amener un matériel de siège
considérable.
Tout permet de croire que les Allemands
n’aborderont pas cette entreprise, qui affai-
blirait sensiblement leurs armées de cam-
pagne. S’ils n’entreprennent pas ie siège,
les Allemands seront forcés de se couvrir
contre les opérations de l’aTmée belge in-
tacte, grâce à un habile repliement, et
grossie de la garnison d’Anvers, qui a toute
liberté pour opérer sur les flancs de l’armée
allemande.
II convient d’ajouter qae les forts de Liège
tiennent toujours et plus encore ; que les
forts de Namur ne furent pas attaqués. Or,
les forts de Namur sont aussi puissants que
ceux de Liège ; ils ont depuis quinze jours
renforoé leurs moyens de défense.
Il résulte de ce qui précède que dans leur
marche en avant, les armées allemandes se-
ront prises entre la position de Namur et la
position d’Anvers qni semblent, à vol d’oi-
seau, être éloignées l’nne de l’autre de
soixante kilomètres seulement.
Si on tient compte du rayon d’action des
forts et que sur la base inattaquable d’An-
vers, l’armée beige pourra s’appuyer pour
faire telles operations qui seront jugées né-
cessaires, la situation est donc difficile pour
les Allemands à qui va manquer ce qu’ils
considéraient comme le postulat de leur
marche par la Belgique, à savoir la libre dis-
position de la route de ia Meuse par Liège
et Namur et l’immobilisation de l’armée
beige.
L’Enquêté belge
Bruxelles, 19 août.
Le Comité d’enquête sur l’observation des
lois et contâmes ae la guerre signale que,
dans ia nuit du 5 au 6 courant, une centaine
de soldats allemands, parvenus à 750 mètres
des tranchées belges, jetèrent les armes et
levèrent les bras en agitant des drapeanx
blancs.
. Le commandant belge fit cesser le feu et
s’avança vers l’ennemi, accompagné de quel-
ques hommes. H avait à peine parcouru une
trentaine de mètres qu’il torilba mortelle-
ment blessé.
En différents endroits, les Allemands,
après le combat, mirent systématiquement
le feu aux fermes et aux moissons avec de
la paille imbibée de pétrole.
De nombreux soldats blessés et désarmés;
ont été maltraités ou achevés par dès sol-
dats allemands.
Perte de deux Zeppelins
Copenhague, 21
Dans les journaux allemands reçus à Co-
penhague, on trouve une iafôrmalion éma-
nant du bureau de ia presse du grand état-,
major allemand et qui convient que deuà
zeppelins ont été détruits avec leurs équi-
pages. .
Prague eu Révolte
Saint-Pétersbourg, 19 août.
Suivant les journaux polonais, les senti-
ments des Polonais autrichiens de Galicie se
sont considérablement modifiés après ta dé-
claration de guerre de l’Allemagne à la
Russie.
Le correspondant à Kiew de la Notdie
Wremia dit qae les résidents tchèques do
cette ville ont reçu des lettres de Bohême
dans lesquelles on leur raconte que les sol-
dats tchèques et polonais fasillèrent leur»
officiers, criant : « A bas Guillaume 1 A bas
l’Autriche ! Vive la Russie I » Pendant un
jour entier Prague fut dans les mains des
rebelles.
Le jour suivant, les Autrichiens ayant reçu
du rentort, réoccupèrent la ville et les re-
présailles furent terribles. Tout Tchèque
rencontré dans les rues était fusillé. Le na-
vire Moldava était rouge de sang tchèqae.Les
plus beaux monuments de la ville turent
détruits. Les Autrichiens pillèrent les maga-
sins et firent subir des violences anx fem-
mes.
La cruauté de la répression provoqua,
deux jours après, une révolte nouvelle qni
fut réprimée plus cruellement encore. On
croit que M. Zhukovsky, consul russe, est
l’un de ceux qui furent exécutés.
Les Victimes de la Guerre
St-Pôlersbourg, 20 août.
Dans tous les combats, les Allemands
laissent sans les enterrer les corps des cosa-
ques tués, disant que les corbeaux mange-
ront leurs cadavres.
À ce propos, la Novoié Vrétnia s’adresse à
tous les cosaques et leur dit : Sachez com-
ment les Allemands traitent leurs ennemis
même morts.
SuocèsBuàsêa
Saiat-Pétersboufg, 20 aoâi
Les troupes rosses ont occupé Gumbin-
nen, dans la Prusse orientale, après avoir re-
poussé les Allemands, auxquels ils ont pris
12 canons et fait de nombreux prisonniers.
Saint-Pétersbourg, 20 août.
Près du village de Toharoukof, à 18 vefstes
de Lutsk, les troupes d’avant-garde rosses
ont bousculé une patrouille autrichienne
qu'ils ont mise en déroute, taant ou bles-
sant 60'hussards et taisant 120 prisonniers.
L’Activité des Femmes russes
Saint-Pétersbourg, 20 août.
Tontes les salles du magnifique Palais
d’IIiver sont transformées en vastes ateliers
et en bureaux improvisés où 600 dames,
dont beaucoup appartenant à la haute so-
ciété, confectionnent da . matin au soir, dis
linge et du matériel de pansement pour les
blessés. Les femmes «les ministres travail-
lent comme de simples ouvrières.
Tentative criminelle
. ; Naples, 20 août.
Près de Poggioreale, une bombe a été lan-
cée de la route sur le train qui était parti it
minuit de Naples pour Rome. Ls bombe pê.
nétra dans un wagon de première ^classe «f
fit explosion. Cinq voyageurs ont été Mes
scs.
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