Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-08-17
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 août 1914 17 août 1914
Description : 1914/08/17 (A34,N12062). 1914/08/17 (A34,N12062).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172225m
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2020
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LES
URANDES OPÉRATIONS
ET
L’OPINION FRANÇAISE
La mobilisation est terminée on à
peu près, Vheure historique du « grand
choc », dont l’attente fait battre nos
poitrines, va sonner ; le g'ouoernement
lui-même nous en prévient, en même
temps qu’il nous demande de la pa-
tience, encore, du calme et par-dessus
tout de la confiance. Nous lui cédons la
place aujourd'hui, convaincu que son
appel sera entendu et ne voulant pas
affaiblir par un commentaire la portée
de ces paroles brèves et Jortes comme
un ordre du jour avant la bataille.
C.-J.
Au moment où,d’un jour à l’autre,
jsut commencer la bataille d'ar-
mées, c’est-à-dire le grand choc
qui, de Bâle à Maastricht, va mettre
aux prises de formidables masses
d’hommes, il importe que l’opinLn
publique soit fixée sur les condi-
tions dans lesquelles va s’engager,
puis se dérouler, cette lutte sans
précédent dans l’histoire.
Les écrivains militaires allemands
avaient prévu, et Pétat-major enne-
mi avait décidé, une double attaque
brusquée, d’une part sur la Belgî-
due, d’autre part sur Nancy. La
première a lamentablement échoué,
grâce' à l’énergique vaillance des
Belges et à l’active intervention de
notre cavalerie. La seconde n’a pas
été tentée, grâce à la force do notre
couverture.Les Allemands ont ainsi
perdu huit jours, pendant lesquels
notre mobilisation et notre concen-
tration ont pu s’opérer avec une
régularité parfaite, et c’est la tota-
lité de notre armée qui, aidée de
l’armée belge et du corps expédi-
tionnaire anglais, va se trouver aux
prises avec l’armée allemande sur
jin front de 400 kilomètres, tandis
que l’armée russe, dont la mobilisa-
tion a été accélérée, envahira la
Prusse orientale.
Aucune des batailles des guerres
passées ne peut donner une idée de
C A que sera la collision de plusieurs
millions d’hommes, sur une ligne
d’une pareille étendue. Aussi doit-
pn s’attendre à ce que la bataille se
développe pendant plusieurs jours,
une semaine peut-être et plus, et
qu’elle présentera de nombreuses
péripéties avant qu’un résultat dé-
cisif soit obtenu.
Le pays, dans sa sàgesse et sa
Clairvoyance, ne s’attachera donc
pas aux nouvelles de détail, bonnes
ou mauvaises, qui parviendraient
des différents points de ce front
immense; il suivra eveo sang-froid
les phases du grand choc qui, dé-
sormais, ne saurait tarder, et en
attendra avec confiance les résultats
décisifs. (Officiel)
LE BlEiACT
do quinze jours de guerre
Pour que l’opinion puisse avoir une vue
Juste de la situation et ne se perde pas dans
les nouvelles de détail, qui, seules, ont pu
être données jusqa’ici, il convient de préci-
ser les grandes lignes et, sans préjuger de
la suite des événements, enregistrer les
résultats acquis :
1e Echec ds l’attaque brusquée
Ou sait par les déclarations des Allemands
vnx-mèmes (général de Bernhardi, général
lia Faikenhayne,. maréchal von der Goitz,
me.), que leur plan comportait en première
ligne t'attaque brusquée de notre couverture
Au côté de Nancy.
Ou sait également, de façon non douteuse,
qu’une seconde attaque brusquée devait se
produire par la Belgique avec marche imrné-
oiaiesur fa frontière française.
Une preuve décisive de la réalité de ce
double plan se trouvé dans ce fait que nom-
bre de réservistes allemands mobilisables du
au 15» jour de la mobilisation avaient des
foscieules de mobilisation leur enjoignant de
rejoindre dans une ville française Verdun,
Reims, Châlons, etc.
Or .cette double attaque brusquée a échoué.
Celle qui devait être dirigée sur Nancy
s’est à peine dessinée. La force de notre
couvert!, re a déterminé les Allemands à y
renoncer.
Quant à l’attaque brusquée par la Belgique,
en sait qu’elle n’a pas eu un sort meilleur. ,
La résistance das fart3 do Liège, la vaillance
de l’armée belge et l’intervention de notre
cavalerie ont eu pour résultat que depuis
Jiuit jours, les forces allemandes sont ac-
crochées sur la ligne de la Meuse.Donc échec
du pian allemand primitif ; voilà le premier
résultat à enregistrer.
2° Régularité de noire Mobilisation et
de notre Concentration
G^âce à cet échec, notre mobilisation et
notre concentration ont pn se poursuivre
dans une régularité parfaite.
Les hommes ont été transportés an dépôt
fans incidents, armés et équipés dans le dé-
lai minimum. Le» transports de concentra-
tion se sont accomplis dans des conditions
non moins satisfaisantes.
Les craintes souvent et justement ressen-
ties dans les années précédentes au sujet du
trouble qu’une invasion allemande heurense
risquait de jeter dan t notre concentration
sont ainsi définitivement conjurées.
3° Coordination de nos mouvements
avec les armées alliées
Nous avons pu, d’autre part, coordonner
nos mouvements avec les armées alliées.
L'armée belge a joué avec éclat son rôle de
couverture. L’armée anglaise a pu débar-
quer son corps expéditionnaire. Enfin, l’ar-
mée russe, accélérant sa mobilisation, pour-
ra opérer en même temps que les armées
françaises, anglaises et belges.
L’armée serbe, d’autre part, dès mainte-
nant maîtresse de l’Herzégovine, fera hésiter
l’Autriche à continuer les envois de troupes
qu’elle a dirigées depuis huit jours sur ta
Haute-Alsace.
4° Sur mer
Le dernier résultat et non le moindre,
c’est la maîtrise de la mer. Les escadres an-
glaises et françaises ont assuré, dans une
sécurité complété, les transports des trou-
pes d’Angleterre sur le continent et d’Afri-
que en France. Les deux croiseurs allemands
de la Méditerranée sont hors de jeu. Le ravi-
taillement des belligérants alliés de la France
et de la France elle-même est certain et fa-
cile. ?
Tels sont tes résultats indiscutablement
acquis à l’heure présente. Ils sont d’une im-
portance capitale et s’ils ne suffisent pas à
déterminer la décision, ils la préparent
dans les conditions les meilleures.
Appel da grand-duc Nicolas
Saint-Pétersbourg, 13 aofjft.
Le généralissime, grand-duc Nicolas, à
A tresse aux Polonais l’appel suivant :
Polonais, l’heure a sonné où le rêve sa-
cré de vos pères et de vos aïeux peut être
réalisé. Il y a un siècle et demi que le corps
vivant de ta Pologne fut déchire en mor-
ceaux, mais sou âme ne mourut pas ! Elle
vivait de l’espérance que pour le peuple
polonais viendrait l’heure de la résurrec-
tion et sa réconciliation fraternelle avec la
grande Russie. Les troupes russes vous
portent la nouvelle de cette réconcilia ■
tion.
Que le peuple polonais s’unifie sous le
Sceptre du tsar russe. Sous ce sceptre re-
naîtra la Pologne libre dans sa religion,
dans sa langue et dans son autonomie. La
Russie n’attend de vous que le respect des
droits de ees nationalités auxquelles THis-
toire vous a liés. Le coeur ouvert, la main
fraternellement tendue, la grande Russie
vient à votre rencontre.
Le glaive qui frappa les ennemis auprès
de Gruenwald n’est pas encore rouillé. Des
rivages de l’océan Pacifique jusqu’aux mers
septentrionales marchent les : armées rus-
ses.
L’aube d’une nouvelle vie commence
pour vous. Que dans cette aube resplendis-
se le signe de la Croix, le symbole de la
souffrance et de la résurrection des peu-
ples I
La joie des Poissais de Paris
La proclamation du tsar annonçant la
reconstitution de la Pologne a dû produire
sur les habitants de ce malheureux pays
déchiré une immense impression. Il suffit,
pour s’en rendre compte, de constater l’émoi
qu’elle a produit parmi les nombreux Polo-
nais habitant Paris. Un de nos confrères
parisiens en a interrogé plusieurs, et tous
ont eu le même cri de joie, d’espoir et de
gratitude envers le tsar.
M. Casimir de Woznicki, directeur de l'a-
gence polonaise à Paris, témoigne d’une
émotion profonde lorsqu’on lui annonce la
proclamation du tsar.
— Quelle immense nouvelle!... a-t-il dit. Je
ne trouve pas de mots pour exprimer les
'sentiments qu’elle suscite en moi. C’est la
fin de la politique d’asservissement et d’op- j
pression inaugurée par Frédéric H, conti-
nuée par Bismarck.
» Et cependant cette nouvelle, je la pres-
sentais un peu I J’avais été frappé, il y a
quelques jours, d’apprendre que Dnsowski, ;
notre Barrés, était appelé à Saint-Péters-
bourg. J’en augurais quelque grand change-
ment qui nous concernait.
» Et puis, hier, j’ai reçu de Varsovie un
télégramme ; les communications télégra-
phiques avec la Russie sont demeurées aussi
régulières qu’en temps ordinaire. Je fus
étonné de voir pour la première fois Var
sovie mentionnée, non plus sous le nom d-
Warsclcaw,mais sons la véritable forme polos
noise, Warszawa.
# Figurez-vous l’impression que ressen-
tira un Alsacien lorsqu’au lieu de Strasbourg
il lira officiellement (èrJL Strasbourg ; au
Heu de Diedenhofen, Tbionville.
» Enfin, la proclamation du général Joffre
aux Alsaciens-Lorrains me semblait en ap-
peler une semblable adressée aux trois par-
ties de la Palogne déchirée. Nous l’avons au-
jourd’hui. C’est tout un droit international
qui commence sur un principe nouveau.
» Les Allemands ont été, dans le passé,
les mauvais génies des Russes. Les Russes se
sont réveillés et leur premier geste est de
libérer des nations opprimées.
— Une question s’impose : Comment les
Polonais d!Autriche et d’AHemsgoe pour-
ront-ils savoir que la tsar a décidé de res-
susci'er leur patrie î
— lis le sauront, n'en doutez pas. L’op-
pression prussienoe nous a appris à fran-
chir les frontières et à faire circuler les pa-
piers interdits. Le cri de liberté eh marche
retentira jusqu’au sein de l’armée alleman-
de. Les 400,000 hommes ijg> notre nation que
là Prusse a incorporés sauront qae le tsar a
promis de les rendre libres. Les Prussiens
auront beau leur jouer, comme ils l’ont tou-
jours fait dans les circonstances tragiques,
nos marchea nationales :
» La Pologne n’est pas morte, ou Dieu pro-
tège la Pologne.
» Leur vaillance ne sera plus dupe.
» Il est un point sur lequel les 23 millions
de Polonais disséminés à travers le monde
n’ont jamais été divisés : c’est celui de l’uni-
té et de lïadénftndaüçe i^r patrie. »
LJA O-XJEKKE
Sommaire des principaux faits relatifs à la guerre, dont les détails se trouvent dans les
Communiqués officiels et les dépêches Havas,
A. LA FRONTIÈRE DS L’EST
14 Août. — Après un combat victorieux, nos troupes occupent l’important point
stratégique du Donon, l’un des hauts sommets des- Vosges, à l’extrême frontière de la.
Meurthe-et-Moselle et du Bas-Rhin.
15 Août. — Une affaire importante s’est engagée dans la région de Blamont, Girey
et Avricourt, sur la frontière, au N.-O. du Donon, contre un corps d’armée bavarois.
Les colonnes allemandes sont obligées de se replier. Nos positions sont aujourd’hui en
avant de la frontière.
— A Haint-Blaise, vallée de la Bruche, au Sud du Donon, et en territoire annexé
un drapeau allemand a été pris dans un combat.
— En Haute-Alsace, Thann est repris par les troupes françaises. Notre situation
stratégique est excellente. Dans la région, les Allemands continuent leurs actes de sau-
vagerie envers les po puktions sans défense,
— Deux avions français, partis de Verdun, survolent Metz, lancent des projectiles
sur Frascati où se trouve le hangar des Zeppelin. Ils reviennent. Le lieutenant Cesari et
le caporal Prudhommeau, revenus sains et saufs, sont cités à l’ordre du jour de l’armée,
pour ce fait d’armes.
EW BELGIQUE
16 Août. — Les Allemands attaquent Dînant. Ce sont des troupes d’élite. Les Alle-
mands sont repoussés avec un admirable élan par la cavalerie française.
— Les Belges se sont emparés du fameux étendard des « Hussards.de la Mort », Il
est déposé à THôteï de Ville de Diest. 1
A LA FRONTIÈRE RUSSO-ALLEMANDE
16 Août.— Les combats se poursuivent dans la région d’Eydkuhnen et sont favora-
bles aux Russes. Ils occupent Qbestko.
EN SERBIE
16 Août. — Le bombardement de Belgrade est poursuivi depuis quelques jours
avec acharnement.
Un combat s’ést engagé sur tout le front entre Obrenovatz et Belgrade. Les Autri
chiens ont subi de grosses pertes.
EN GRÈCE
16 Août. — La Grèce serait décidée à mobiliser, si des explications satisfaisantes
ne lui sont fournies par la Turquie au sujet de la concentration des troupes de cette
puissance sur la frontière de Thrace,
üoiEmonipas mm
16 Août, 8 heures 15.
LES OPÉRATIONS
Une affaire importante a été engagée dans la
région de Blamont, Cirey, Avricourt, où nos
troupes avaient devant elles un des corps d’ar-
mée bavarois. Les villages de Blamont, Cirey
et les hauteurs au delà ont été brillamment
enlevés. Actuellement, les colonnes allemandes
se replient, laissant des morts, des blessés. et
des prisonniers.
Nos troupes continuent à progresser dans
les Hautes Vosges, ou les Allemands reculent.
Dans la Haute-Alsace, Thann a été repris par
nous. Les prisonniers que nous y avons faits
alfirment que le général von DaimJing, qui
commande le 15<> corps et avait son quartier
général à Thann, aurait été blessé. A Saint-
Biaise, dans la vallée de la Bruche, un drapeau
allemand a été pris,
A signaler l’exploit de deux avions français
sortis de Verdun qui, en survolant Metz, ont
jeté deux obus sur les hangars de Frescati où
s’abritent les Zeppelin. Après avoir reçu plus
de 200 coups de canon, nos aviateurs ont pu
regagner Verdun sans dommages, après avoir
accompli leur mission.
Un nouvel aéroplane allemand a été pris près
de Bouillon avec ses deux officiers; le pilote
était blessé.
16 Août, 21 k, 30.
LA DÉFENSE NATIONALE
Les ministres de la Défense Nationale sa sont
réunis ce matin en Conseil à l’Elysée, sous la
présidence de M. Raymond Poincaré. M. Mes-
simy, ministre de la guerre, a fait part des
opérations militaires en eours, qui se poursui-
vent avec le plus grand succès pour nos armes.
M. Noutens, ministre des finances, a indiqué
qu’il avait pris les mesures nécessaires pour
que les plus grandes facilités soient accordées
aux commerçants et aux industriels.
Le « Goeben » et le K Bresiau » se trouvent
toujours dans les Dardanelles, surveillés de
près par les bâtiments anglais.
AUDACIEUX EXPLOIT DE NOS AVIATEURS
A METZ
Voici les détails sur l’exploit magnifique de
nos aviateurs h Metz ; le lieutenant Césari et
le caporal Prudbommeau, seuls à berd de leur
avion, sont partis de Verdun vendredi, à
17 h. 30 avec mission de reconnaître, de dé-
truire si possible, te hangar à dirigeables de
Frascati â Metz. Les deux aviateurs sont arri-
vés au-dessus da la ligne des forts, le lieutenant
à 2,706 mètres d’âltitude et le caporal à 2,200 ;
une canonnade iti internent pue les a aussitôt
accueillis : entourés d’une nuée d’éclatement
de projectiles, iis ont maintenu leur direction ;
un peu avant d’arriver au-dessus du champ de
manoeuvres, le moteur du lieutenant a cessé de
fonctionner. L’aviateur ne voulant pas tomber
sa ns avoir rempli sa mission, se mit en vol
plané et c’est en vol plané qu’il lança son pro-
jectile avec un merveilleux sang-froid ; peu
après, le moteur reprit.
Le caporal de son côté avait lancé son pro-
jectile ; il ne peut, pas plus que le lieutenant,
observer parmi la fumée des projectiles enne-
mis le point de chute;mais il croit avoir atteint
le but. L’artillerie allemande continuait à faine
rage; il en fut ainsi pendant 10 kilomètres,
plusieurs centaines de projectiles furent tirés
sur les deux aviateurs qui sont rentrés sains et
saufs ; ils ont été cités à l’ordre du jour de
l’armée.
LE SUCCÈS DE BLAMGNT-CIREY
L’affaire ds Biamont-Cirey, signalée dans les
renseignements généraux, a été particulière-
mentbrillante ; c’est vendredi soir qu’une de
nos divisions a commencé l’attaque. L’ennemi
■ était fortement retranché par des ouvrages de
campagne ; en avant de Blamont, ses avant-
postes ont été refoulés et l’attaque s’est arrêtée
à la chute du jour. A l’aube, nous avons repris
l’offensive : une action d’infanterie soutenue
par l'artillerie, a enlevé, dans la matinée, Bla-
mont et Cirey. Les forces allemandes, évaluées
à un corps d’armée bavarois, ont alors occupé
les hauteurs qui dominent au Nord ces deux
localités, mais les forces françaises bot dessiné
un doubla mouvement débordant qui.a déter-
miné le corps bavarois à ramener ses colonnes
en arrière, dans la direction de Sarrebourg.
L’affaire a été chaude et bien conduite, les
Allemands ont subi des partes sérieuses aussi
bien dans la défense de Blamont et de- Cirey
que dans la défense des hauteurs.
Le moral de nos troupes est excellent, on
signale spécialement l’énergie et ia confiance de
nos blessés.
CRIMES ALLEMANDS DANS LA HAUTE ALSACE
On signale que dans les villages de la Haute-
Alsace qu’ils évacuent, les Allemands se sont
livrés à des actes de sauvagerie inouïe; nos
troupes ont trouvé Jes maisons incendiées; les
cadavres des habitants fusillés encombrent les
rues, c’est le cas notamment à Dannemarie.
NOMBREUX PRISONNIERS ALLEMANDS
Au cours dp la journée de vendredi,, nos trou-
pes ont occupé l’important massif de Donon;
elles ont fait un très grand nombre de prison-
niers allemands ; le nombre en dépasse cira;
cents•
Paris, 16 août, 22 h. 40.
LE COMBAT DE DINAN1
Les Allemands ont attaqué Dînant; leurs
forces comprenaient la division de cavalerie de
la garde, la cinquième division de cavalerie
avec un appui d’infanterie de plusieurs ba-
taillons et des compagnies de mitrailleuses.
Notre cavalerie les a repoussées en désordre
sur la rive droite. Au cours de cette poursuite,
nos cavaliers ont pris plusieurs centaines de
chevaux de uhlans ; ces chevaux ont été aus-
sitôt dirigés sur l’arrière, pour servir de re-
monte à notre cavalerie.
' L’élan admirable de nos ti'oupes a enthou-
siasmé les Belges.
NOUVEAUX SUCCÈS EN AVANT DE CIREY
Par un nouveau bond, nos troupes ont fait
reouler lo corps d’armée bavarois, qui déjà,
hier, s’était retiré devant elles. Les positions
que nous occupons sont en avant de la fron-
tière.
INTERROGATOIRE DE PRISONNIERS
Les prisonniers faits après le combat de Man-
giçnnes et celui de Billon déclarent que la lutte
a été des plus chaudes ; le tir précis et nourri
de nos troupes les a démoralises.
Il y a eu dans le 5° chasseurs une véritable
panique : ce bataillon allemand était soutenu
par les 7«, 8e et 21» dragons, un groupe d’artil-
lerie et six compagnies de mitrailleuses.
Malgré l’importance de ces forces, le succès
des Français a été complet. Il y avait parmi les
Allemands des Polonais qui déclarent avoir
cherché à se faire faire prisonniers ; les réser-
vistes, même non Polonais, disent tous qu’ils
jugent la guerre absurde.
Il y a eu dans nombre de villes allemandes
des protestations et des émeutes ; tous se plai-
gnent d’être très mal nourris. Les unités traî-
nent à leur suite de nombreux éclopés,
UN AVEU D’UN LIEUTENANT ALLEMAND
Dans le carnet de notes d’un lieutenant alle-
mand, tué, on relève un aveu intéressant : Il
raconte que l’église de Vilrupt a été incendiée
et que les habitants ont été fusillés. Il ajoute
que la raison donnée c’est que des observateurs
s’étalent réfugiés dans la tour de l’église et que
des coups de fusil avaient été tirés des maisons
sur les Allemands. Mais cela dit, il note sur
son carnet que cela n’est pas vrai et que ceux
qui ont tiré étaient, non des habitants, mais
NOTRE SITUATION EN HAUTE ALSACE
Dans la Haute Alsace, nos troupes tiennent
fortement la pied des Vosges : Notre situation
est excellente.
Avriconrt, petit village ûq 818 habitants, se
trouve exactement à la frontière lorraine, dans le
sud du département de Meurthe-et-Moselle. G’est
la ligne du chemin de fer Paris à Strasbourg qui
y formait la frontière.
Blamont, chef-lieu du canton dont dépend Avri-
court, se trouve à 6 kilomètres de la frontière et
à 30 kilomètres de Lunéville. La ville compte 1.670
habitants et est arrosée par la Yezouze.
Cirey-sur-Vezouze est au sud de Blamont. C’est
par là que, dès le détut des hostilités, les alle-
mands violèrent le territoire français. Chef-lieu
de canton, Cirey compte 2,639 habitants.
Thann, dans la Haute-Alsace, est à 33 kilomè-
tres de Belfort et à il kilomètres de Colmar. C’est
une ville de 7,413 habitants.
Le Donon est une montagne des Vosges â pro-
ximité de la frontière française, qui sépare les
vallées de la Moselle par la Meurthe, et du Rhin
par la Bruche et FI11.
DipMs Haras
Pour éviter les doubles emplois nous ne pu-
blions parmi ies dépêches Havas reçues que
celles qui complètent le Communiqué officiel ci-
dessus. ■
Le Ravitaillement de 1a France
Paris, 16 août.
La Sous-Commission de ravitaillement,qui
se réunit quotidiennement au ministère de
la guerre, a constaté que le stock de blé ac-
tuellement existant en France, indépen-
damment de la récolte dont la rentrée.et le
battage se poursuivent, suffira à ia consom-
mation, de l'armée et de la population civile
pendant de longs mois. Les arrivages de blé
iront aussi en augmentant. La récolte des
Etats Unis permettra de maintenir le stock
abondant.
Les autorités militaires ont pris des me-
sures pour rendre à la consommation civile
les stocks immobilisés par les nécessités de
la mobilisation.
Les stocks de charbon, de sucre, de riz, de
calé et de sel sont également considérables.
Le pei rôle et l’essence ne manqueront pas.
Les arrivages de lait seront normaux ; la
distribution seule présente quelques diffi-
cultés.
Lea Soins ans Blessés
t Paris, 16 août.
Oa a décidé de prendre des mesures pour
installer dans les stations balnéaires, les
blessés des armées alliées et anglaise.
Belfort, 16 août.
Un convoi de blessés,la plupart allemands,
arriva hier.
Un blessé français prodiguait ses soins à
un blessé allemand, pins grièvement atteint
que loi-même, marquant ainsi le contraste
existant avec les procédés des Allemands.
Les Pilleurs allemands
Paris, 16 août,
Un communiqué du ministère de la guerre
signale qu’un, deuxième détachement d’in-
fanterie bavaroise se livra, dans le bassin de
Briey à des actes de pillage et à des violen-
ces contre des Français et des Italiens habi-
tant la région.
Les habitations furent entièrement pil-
lées, les denrées alimentaires enlevées, l’ar-
genterie dérobée.
Le maire de Jarny fut emmené avec plu-
sieurs Italiens, dont un blessé mortelle-
ment.
Le moral des troupes allemandes
Bruxelles, 14 août.
Officiel. — La situation est toujours régu-
lière. Rien d’important ne s’est passé cette
nuit.
Un sergent belge, échappé de Liège, est
rentré à Bruxelles ce matin, Il a constaté la
démoralisation des troupes allemandes. A
Liège, un officier d’état-major s’est suicidé
apres avoir écrit à sa femme que Liège serait
quand même son tombeau. Huit soldats alle-
mands se sont suicidés en se jetant dans la
Meuse.
Comment le lieutenant Bruyant gagna
sa crois
Nancy, 13 août.
On sait que le général J offre a nommé cheva-
lier dè la Légion d’Honnear le lieutenant de dra-
gons Bruyant : « Cet officier, dit le texte de la no-
mination, n’ayant pas hésité, accompagné de sept
cavaliers, à charger un peloton d’une trentaine Se
«Mans, à tuer de sa main l’officier ennemi et à
mettre en déroute le peloton allemand en lui in-
fligeant des pertes sérieuses. »
Un des acteurs de ce brillant fait donnes, qui
s’est déroulé à Réméréville (Meurthe-et-Moselle),
en a fait le récit suivant :
Vers 3 h. 30 de l’après-midi,Te lieutenant
Bruyant, avec sept hommes, dont le sous-of-
ficier Portée, deux brigadiers et quatre cava-
liers, faisait une reconnaissance dans tes en-
virons d’Erbéviller. Soudain, il aperçut une
patrouille allemande du 14e uhlans.
Son premier mouvement fat de foncer
sur eux. Mais la distance était encore trop
grande, et la force de la patrouille alle-
mande était bien supérieure en nombre —
on compta vingt-sept cavaliers, dont un
officier, le lieutenant Dickmann,
La prudence s’imposait. L’officier français
dut empêcher ses hommes de charger tout
de suite, sabre au clair.
Un premier contact eut lieu, nn cavalier
allemand tomba. Les autres s’enfuirent. Au
lieu de faire face, quatre contre un, ils com-
mencèrent par se défiler sous bois.
Nos cavaliers les serrèrent de près. Quand
notre groupe de braves prit le galop, les
Allemands prirent le galop. Quand il partit
au trot, puis au trot allongé, les uhlans fi-
rent de même.
Enfin, les Allemands s’engagèrent dans
une tranchée qui mène de Rèméréville à
Velaine-sous-Amanee. Ifs cherchèrent à ga-
gner le bois, pour mettre entre eux et les
nôtres un obstacle infranchissable. Il était
temps d’agir.
— Chargez ! commanda le lieutenant Bru-
yant.
Et nos sept cavaliers partirent comme une
trombe.
Les Allemands s’étaient de leur côté mis
La mêlée fat courte... D’an coup de sabre
sous le ceinturon, le lieutenant Bruyant dé-
sarçonna le lieutenant allemand, qni s’ap-
prêtait à lui brûler la cervelle avec son re-
volver.
Un dragon tuait un nhlan d’on coup da
lance. Six autres Allemands, désarçonnés et
blessés, craignant d’être achevés, comme iis
l’ont avoué, s’apprêtaient, à se servir de leur
carabine, tandis que leur vingt autres' ca-
marades battaient en retraite à toute bride.
Les blessés furent mis dans l’impossibilité
de continuer la résistance.
Le lieutenant Bruyant prit les papiers du
lieutenant allemand mort, pour les remet-
tre à l’état-major, et emporta aussi son eas-
que, son manteau, sa jumelle et sa carte.
Casque et jumelle lui ont été laissés com-
me souvenir, mais il a beaucoup de peine à
conserver intact ce glorieux trophée, tant
sont nombreuses et pressantes les convoi-
tises.
Les Etrangers au Maroc
Paris, 16 août.
Un communiqué officiel de dix heures ce
matin annonce l’expulsion de tous les su-
jets allemands et autrichiens établis au
Maroc.
Manifestation francophile
Nice, 16 août.
Trois mille Italiens revenant dans leur
pays sont passés par la gare de Nice ; iis ont
salué ia France par des acclamations fréné-
tiques tandis qu’ils manifestaient des senti-
ments violemment hostiles à l’égard de
l’Autriche.
Les Italiens rentrent chez eux
Perpignan, 13 août.
Six mille émigrants italiens se sont em-
barqués à Port-Vendres sur des bateaux ita-
liens, à destination de l’Italie èn présence de
leur consul. Leur ravitaillement avait été
assuré par le gouvernement français. An dé-
part, ces Italiens se sont livrés à une mani-
festation francophile enthousiaste.
Six mille autres émigrants italiens doivent
incessamment s’embarquer.
La Supériorité des Artilleries
Françaises et Belges
Londres, 16 août.
Le bureau de la presse dit que des nou-
velles de sonree officielle indiquent que i’ar-
tiilerie française et l’artillerie belge sont su-
périeures à l’artillerie allemande. L’infante-
rie allemande ne tient pas devant les baïon-
nettes.
Les derniers combats en Haute-Alsace ont
démontré l’intériorité de l’artillerie alle-
mande, dont le pointage est défectueux et
dont de nombreux obus n’éclatent pas.
L’artillerie française causa, par contre, des
ravages terribles dans les rangs allemands.
Un seul obus de 73 tua seize Allemands
dans une tranchée.
La Bresse censurée
Bruxelles, 13 août.
Le gouvernement militaire du Brabant a
décidé que chaque journal publierait désor-
mais une .seule édition quotidienne dont on
devrait soumettre les épreuves à l’autorité
militaire.
L’Etendard des Hussards de la Mort
pris par les Belges
Londres, 16 août.
On mande de Diest au Daily Telegraph que
les Belges ont réussi à s'emparer du fameux
étendard des Hussards de la Mort, qui est
maintenant déposé à l’Hôtel de Yale de
Diest.
La Situation en Russie
Saint-Pétersbourg, 13 août.
La nouvelle du Berliner Tageblatt répandue
par une agence allemande officielle et sui-
vant laquelle, à Moscou, tous les magasins
et établissements appartenant à des sujets
allemands auraient été détruits et le consu-
lat allemand incendié, n’est qu’une inven-
tion mensongère. Non seulement aucun ma-
gasin, aucun établissement appartenant à
des sujets allemands et moins encore le con-
sulat allemand n’ont été détruits, mais en-
core il n’y a eu aucune tentative pour pro-
voquer des actes hostiles, quels qu’ils soient,
contre un immeuble d'un sujet allemand.
C’est ce que peut confirmer chaque sujet
allemand habitant Moscou et ce qui est con-
firmé par la résolution de la mairie de Saint-
Pétersbourg d’accorder toute sa protection
aux familles des sujets allemands et austro-
hongrois déclarés prisonniers de guerre.
Quant à l’édifice du consulat allemand à
Moscou, il est oonstaté qu’il est intact, tel
qu’il se trouvait quand ie quitta le consul
allemand.
Par ces inventions mensongères, dénuées
de tout fondement, les Allemands ne réussi-
rent pas à effacer l’impression accablante
que produit, dans la Russie entière, je trai-
tement inhumain, parfois brutal qu’ils ont
fait subir à de nombreux sujets russes sur-
pris dans les’limités de l’Empire allemand
par la déclaration de guerre, traitement qui
ne fut pas même épargné à de hautes per-
sonnalités, par exempte à la femme du vice-
roi du Caucase, comtesse Woronzow-Dasch-
kow. C8 dernier tait provoqua au Caucase,
parmi la population, une profonde indigna-
tion en raison de la popularité énorme dont
jouit la comtesse grâce à sa grande bienfai-
sance.
De nombreux représentants de toutes les
nationalités du Caucase adressant au vice-
roi des prières urgentes pour être, admjs
comme volontaires dansJ’armée active, mais
le gouvernement russe est dans l'impossi-
bilité d’admettre tous ceux qui voudraient
se ranger sous ses drapeaux.
Les Allemands refoulés par les Russes
Saint-Pétersbourg, 13 août.
Un communiqué annonce que le 12 août,
les iroupes russes ont détruit, sur onz»
points, le chemin de fer èt la ligne télégra-
phique entre Tilsitt et Schmalenninkon. Vers
l'ouest de Wischmil, la chaussée de Tilsilt à
Schmanlennîuken a été endommagée par
les troupes allemandes.
Entre Sehirwïnky et Kouzman, à Karmôn-
chinen, on a aperçu des détachements des
régiments allemands, le I2« lanciers et le 9*
chasseurs à cheval, avec des canons revol-
vers. Les troupes allemandes évitant le com-
bat ont batta en retraite vers le nord-ouest.
Deux bataillons avec six canons sont partis
vers Fillioow; l’ennemi a été repoussé par
les troupes russes vers le sud-ouest. A Mark-
Adminislraleur - Délégué - Gérant
O. RANDOLET
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LES
URANDES OPÉRATIONS
ET
L’OPINION FRANÇAISE
La mobilisation est terminée on à
peu près, Vheure historique du « grand
choc », dont l’attente fait battre nos
poitrines, va sonner ; le g'ouoernement
lui-même nous en prévient, en même
temps qu’il nous demande de la pa-
tience, encore, du calme et par-dessus
tout de la confiance. Nous lui cédons la
place aujourd'hui, convaincu que son
appel sera entendu et ne voulant pas
affaiblir par un commentaire la portée
de ces paroles brèves et Jortes comme
un ordre du jour avant la bataille.
C.-J.
Au moment où,d’un jour à l’autre,
jsut commencer la bataille d'ar-
mées, c’est-à-dire le grand choc
qui, de Bâle à Maastricht, va mettre
aux prises de formidables masses
d’hommes, il importe que l’opinLn
publique soit fixée sur les condi-
tions dans lesquelles va s’engager,
puis se dérouler, cette lutte sans
précédent dans l’histoire.
Les écrivains militaires allemands
avaient prévu, et Pétat-major enne-
mi avait décidé, une double attaque
brusquée, d’une part sur la Belgî-
due, d’autre part sur Nancy. La
première a lamentablement échoué,
grâce' à l’énergique vaillance des
Belges et à l’active intervention de
notre cavalerie. La seconde n’a pas
été tentée, grâce à la force do notre
couverture.Les Allemands ont ainsi
perdu huit jours, pendant lesquels
notre mobilisation et notre concen-
tration ont pu s’opérer avec une
régularité parfaite, et c’est la tota-
lité de notre armée qui, aidée de
l’armée belge et du corps expédi-
tionnaire anglais, va se trouver aux
prises avec l’armée allemande sur
jin front de 400 kilomètres, tandis
que l’armée russe, dont la mobilisa-
tion a été accélérée, envahira la
Prusse orientale.
Aucune des batailles des guerres
passées ne peut donner une idée de
C A que sera la collision de plusieurs
millions d’hommes, sur une ligne
d’une pareille étendue. Aussi doit-
pn s’attendre à ce que la bataille se
développe pendant plusieurs jours,
une semaine peut-être et plus, et
qu’elle présentera de nombreuses
péripéties avant qu’un résultat dé-
cisif soit obtenu.
Le pays, dans sa sàgesse et sa
Clairvoyance, ne s’attachera donc
pas aux nouvelles de détail, bonnes
ou mauvaises, qui parviendraient
des différents points de ce front
immense; il suivra eveo sang-froid
les phases du grand choc qui, dé-
sormais, ne saurait tarder, et en
attendra avec confiance les résultats
décisifs. (Officiel)
LE BlEiACT
do quinze jours de guerre
Pour que l’opinion puisse avoir une vue
Juste de la situation et ne se perde pas dans
les nouvelles de détail, qui, seules, ont pu
être données jusqa’ici, il convient de préci-
ser les grandes lignes et, sans préjuger de
la suite des événements, enregistrer les
résultats acquis :
1e Echec ds l’attaque brusquée
Ou sait par les déclarations des Allemands
vnx-mèmes (général de Bernhardi, général
lia Faikenhayne,. maréchal von der Goitz,
me.), que leur plan comportait en première
ligne t'attaque brusquée de notre couverture
Au côté de Nancy.
Ou sait également, de façon non douteuse,
qu’une seconde attaque brusquée devait se
produire par la Belgique avec marche imrné-
oiaiesur fa frontière française.
Une preuve décisive de la réalité de ce
double plan se trouvé dans ce fait que nom-
bre de réservistes allemands mobilisables du
au 15» jour de la mobilisation avaient des
foscieules de mobilisation leur enjoignant de
rejoindre dans une ville française Verdun,
Reims, Châlons, etc.
Or .cette double attaque brusquée a échoué.
Celle qui devait être dirigée sur Nancy
s’est à peine dessinée. La force de notre
couvert!, re a déterminé les Allemands à y
renoncer.
Quant à l’attaque brusquée par la Belgique,
en sait qu’elle n’a pas eu un sort meilleur. ,
La résistance das fart3 do Liège, la vaillance
de l’armée belge et l’intervention de notre
cavalerie ont eu pour résultat que depuis
Jiuit jours, les forces allemandes sont ac-
crochées sur la ligne de la Meuse.Donc échec
du pian allemand primitif ; voilà le premier
résultat à enregistrer.
2° Régularité de noire Mobilisation et
de notre Concentration
G^âce à cet échec, notre mobilisation et
notre concentration ont pn se poursuivre
dans une régularité parfaite.
Les hommes ont été transportés an dépôt
fans incidents, armés et équipés dans le dé-
lai minimum. Le» transports de concentra-
tion se sont accomplis dans des conditions
non moins satisfaisantes.
Les craintes souvent et justement ressen-
ties dans les années précédentes au sujet du
trouble qu’une invasion allemande heurense
risquait de jeter dan t notre concentration
sont ainsi définitivement conjurées.
3° Coordination de nos mouvements
avec les armées alliées
Nous avons pu, d’autre part, coordonner
nos mouvements avec les armées alliées.
L'armée belge a joué avec éclat son rôle de
couverture. L’armée anglaise a pu débar-
quer son corps expéditionnaire. Enfin, l’ar-
mée russe, accélérant sa mobilisation, pour-
ra opérer en même temps que les armées
françaises, anglaises et belges.
L’armée serbe, d’autre part, dès mainte-
nant maîtresse de l’Herzégovine, fera hésiter
l’Autriche à continuer les envois de troupes
qu’elle a dirigées depuis huit jours sur ta
Haute-Alsace.
4° Sur mer
Le dernier résultat et non le moindre,
c’est la maîtrise de la mer. Les escadres an-
glaises et françaises ont assuré, dans une
sécurité complété, les transports des trou-
pes d’Angleterre sur le continent et d’Afri-
que en France. Les deux croiseurs allemands
de la Méditerranée sont hors de jeu. Le ravi-
taillement des belligérants alliés de la France
et de la France elle-même est certain et fa-
cile. ?
Tels sont tes résultats indiscutablement
acquis à l’heure présente. Ils sont d’une im-
portance capitale et s’ils ne suffisent pas à
déterminer la décision, ils la préparent
dans les conditions les meilleures.
Appel da grand-duc Nicolas
Saint-Pétersbourg, 13 aofjft.
Le généralissime, grand-duc Nicolas, à
A tresse aux Polonais l’appel suivant :
Polonais, l’heure a sonné où le rêve sa-
cré de vos pères et de vos aïeux peut être
réalisé. Il y a un siècle et demi que le corps
vivant de ta Pologne fut déchire en mor-
ceaux, mais sou âme ne mourut pas ! Elle
vivait de l’espérance que pour le peuple
polonais viendrait l’heure de la résurrec-
tion et sa réconciliation fraternelle avec la
grande Russie. Les troupes russes vous
portent la nouvelle de cette réconcilia ■
tion.
Que le peuple polonais s’unifie sous le
Sceptre du tsar russe. Sous ce sceptre re-
naîtra la Pologne libre dans sa religion,
dans sa langue et dans son autonomie. La
Russie n’attend de vous que le respect des
droits de ees nationalités auxquelles THis-
toire vous a liés. Le coeur ouvert, la main
fraternellement tendue, la grande Russie
vient à votre rencontre.
Le glaive qui frappa les ennemis auprès
de Gruenwald n’est pas encore rouillé. Des
rivages de l’océan Pacifique jusqu’aux mers
septentrionales marchent les : armées rus-
ses.
L’aube d’une nouvelle vie commence
pour vous. Que dans cette aube resplendis-
se le signe de la Croix, le symbole de la
souffrance et de la résurrection des peu-
ples I
La joie des Poissais de Paris
La proclamation du tsar annonçant la
reconstitution de la Pologne a dû produire
sur les habitants de ce malheureux pays
déchiré une immense impression. Il suffit,
pour s’en rendre compte, de constater l’émoi
qu’elle a produit parmi les nombreux Polo-
nais habitant Paris. Un de nos confrères
parisiens en a interrogé plusieurs, et tous
ont eu le même cri de joie, d’espoir et de
gratitude envers le tsar.
M. Casimir de Woznicki, directeur de l'a-
gence polonaise à Paris, témoigne d’une
émotion profonde lorsqu’on lui annonce la
proclamation du tsar.
— Quelle immense nouvelle!... a-t-il dit. Je
ne trouve pas de mots pour exprimer les
'sentiments qu’elle suscite en moi. C’est la
fin de la politique d’asservissement et d’op- j
pression inaugurée par Frédéric H, conti-
nuée par Bismarck.
» Et cependant cette nouvelle, je la pres-
sentais un peu I J’avais été frappé, il y a
quelques jours, d’apprendre que Dnsowski, ;
notre Barrés, était appelé à Saint-Péters-
bourg. J’en augurais quelque grand change-
ment qui nous concernait.
» Et puis, hier, j’ai reçu de Varsovie un
télégramme ; les communications télégra-
phiques avec la Russie sont demeurées aussi
régulières qu’en temps ordinaire. Je fus
étonné de voir pour la première fois Var
sovie mentionnée, non plus sous le nom d-
Warsclcaw,mais sons la véritable forme polos
noise, Warszawa.
# Figurez-vous l’impression que ressen-
tira un Alsacien lorsqu’au lieu de Strasbourg
il lira officiellement (èrJL Strasbourg ; au
Heu de Diedenhofen, Tbionville.
» Enfin, la proclamation du général Joffre
aux Alsaciens-Lorrains me semblait en ap-
peler une semblable adressée aux trois par-
ties de la Palogne déchirée. Nous l’avons au-
jourd’hui. C’est tout un droit international
qui commence sur un principe nouveau.
» Les Allemands ont été, dans le passé,
les mauvais génies des Russes. Les Russes se
sont réveillés et leur premier geste est de
libérer des nations opprimées.
— Une question s’impose : Comment les
Polonais d!Autriche et d’AHemsgoe pour-
ront-ils savoir que la tsar a décidé de res-
susci'er leur patrie î
— lis le sauront, n'en doutez pas. L’op-
pression prussienoe nous a appris à fran-
chir les frontières et à faire circuler les pa-
piers interdits. Le cri de liberté eh marche
retentira jusqu’au sein de l’armée alleman-
de. Les 400,000 hommes ijg> notre nation que
là Prusse a incorporés sauront qae le tsar a
promis de les rendre libres. Les Prussiens
auront beau leur jouer, comme ils l’ont tou-
jours fait dans les circonstances tragiques,
nos marchea nationales :
» La Pologne n’est pas morte, ou Dieu pro-
tège la Pologne.
» Leur vaillance ne sera plus dupe.
» Il est un point sur lequel les 23 millions
de Polonais disséminés à travers le monde
n’ont jamais été divisés : c’est celui de l’uni-
té et de lïadénftndaüçe i^r patrie. »
LJA O-XJEKKE
Sommaire des principaux faits relatifs à la guerre, dont les détails se trouvent dans les
Communiqués officiels et les dépêches Havas,
A. LA FRONTIÈRE DS L’EST
14 Août. — Après un combat victorieux, nos troupes occupent l’important point
stratégique du Donon, l’un des hauts sommets des- Vosges, à l’extrême frontière de la.
Meurthe-et-Moselle et du Bas-Rhin.
15 Août. — Une affaire importante s’est engagée dans la région de Blamont, Girey
et Avricourt, sur la frontière, au N.-O. du Donon, contre un corps d’armée bavarois.
Les colonnes allemandes sont obligées de se replier. Nos positions sont aujourd’hui en
avant de la frontière.
— A Haint-Blaise, vallée de la Bruche, au Sud du Donon, et en territoire annexé
un drapeau allemand a été pris dans un combat.
— En Haute-Alsace, Thann est repris par les troupes françaises. Notre situation
stratégique est excellente. Dans la région, les Allemands continuent leurs actes de sau-
vagerie envers les po puktions sans défense,
— Deux avions français, partis de Verdun, survolent Metz, lancent des projectiles
sur Frascati où se trouve le hangar des Zeppelin. Ils reviennent. Le lieutenant Cesari et
le caporal Prudhommeau, revenus sains et saufs, sont cités à l’ordre du jour de l’armée,
pour ce fait d’armes.
EW BELGIQUE
16 Août. — Les Allemands attaquent Dînant. Ce sont des troupes d’élite. Les Alle-
mands sont repoussés avec un admirable élan par la cavalerie française.
— Les Belges se sont emparés du fameux étendard des « Hussards.de la Mort », Il
est déposé à THôteï de Ville de Diest. 1
A LA FRONTIÈRE RUSSO-ALLEMANDE
16 Août.— Les combats se poursuivent dans la région d’Eydkuhnen et sont favora-
bles aux Russes. Ils occupent Qbestko.
EN SERBIE
16 Août. — Le bombardement de Belgrade est poursuivi depuis quelques jours
avec acharnement.
Un combat s’ést engagé sur tout le front entre Obrenovatz et Belgrade. Les Autri
chiens ont subi de grosses pertes.
EN GRÈCE
16 Août. — La Grèce serait décidée à mobiliser, si des explications satisfaisantes
ne lui sont fournies par la Turquie au sujet de la concentration des troupes de cette
puissance sur la frontière de Thrace,
üoiEmonipas mm
16 Août, 8 heures 15.
LES OPÉRATIONS
Une affaire importante a été engagée dans la
région de Blamont, Cirey, Avricourt, où nos
troupes avaient devant elles un des corps d’ar-
mée bavarois. Les villages de Blamont, Cirey
et les hauteurs au delà ont été brillamment
enlevés. Actuellement, les colonnes allemandes
se replient, laissant des morts, des blessés. et
des prisonniers.
Nos troupes continuent à progresser dans
les Hautes Vosges, ou les Allemands reculent.
Dans la Haute-Alsace, Thann a été repris par
nous. Les prisonniers que nous y avons faits
alfirment que le général von DaimJing, qui
commande le 15<> corps et avait son quartier
général à Thann, aurait été blessé. A Saint-
Biaise, dans la vallée de la Bruche, un drapeau
allemand a été pris,
A signaler l’exploit de deux avions français
sortis de Verdun qui, en survolant Metz, ont
jeté deux obus sur les hangars de Frescati où
s’abritent les Zeppelin. Après avoir reçu plus
de 200 coups de canon, nos aviateurs ont pu
regagner Verdun sans dommages, après avoir
accompli leur mission.
Un nouvel aéroplane allemand a été pris près
de Bouillon avec ses deux officiers; le pilote
était blessé.
16 Août, 21 k, 30.
LA DÉFENSE NATIONALE
Les ministres de la Défense Nationale sa sont
réunis ce matin en Conseil à l’Elysée, sous la
présidence de M. Raymond Poincaré. M. Mes-
simy, ministre de la guerre, a fait part des
opérations militaires en eours, qui se poursui-
vent avec le plus grand succès pour nos armes.
M. Noutens, ministre des finances, a indiqué
qu’il avait pris les mesures nécessaires pour
que les plus grandes facilités soient accordées
aux commerçants et aux industriels.
Le « Goeben » et le K Bresiau » se trouvent
toujours dans les Dardanelles, surveillés de
près par les bâtiments anglais.
AUDACIEUX EXPLOIT DE NOS AVIATEURS
A METZ
Voici les détails sur l’exploit magnifique de
nos aviateurs h Metz ; le lieutenant Césari et
le caporal Prudbommeau, seuls à berd de leur
avion, sont partis de Verdun vendredi, à
17 h. 30 avec mission de reconnaître, de dé-
truire si possible, te hangar à dirigeables de
Frascati â Metz. Les deux aviateurs sont arri-
vés au-dessus da la ligne des forts, le lieutenant
à 2,706 mètres d’âltitude et le caporal à 2,200 ;
une canonnade iti internent pue les a aussitôt
accueillis : entourés d’une nuée d’éclatement
de projectiles, iis ont maintenu leur direction ;
un peu avant d’arriver au-dessus du champ de
manoeuvres, le moteur du lieutenant a cessé de
fonctionner. L’aviateur ne voulant pas tomber
sa ns avoir rempli sa mission, se mit en vol
plané et c’est en vol plané qu’il lança son pro-
jectile avec un merveilleux sang-froid ; peu
après, le moteur reprit.
Le caporal de son côté avait lancé son pro-
jectile ; il ne peut, pas plus que le lieutenant,
observer parmi la fumée des projectiles enne-
mis le point de chute;mais il croit avoir atteint
le but. L’artillerie allemande continuait à faine
rage; il en fut ainsi pendant 10 kilomètres,
plusieurs centaines de projectiles furent tirés
sur les deux aviateurs qui sont rentrés sains et
saufs ; ils ont été cités à l’ordre du jour de
l’armée.
LE SUCCÈS DE BLAMGNT-CIREY
L’affaire ds Biamont-Cirey, signalée dans les
renseignements généraux, a été particulière-
mentbrillante ; c’est vendredi soir qu’une de
nos divisions a commencé l’attaque. L’ennemi
■ était fortement retranché par des ouvrages de
campagne ; en avant de Blamont, ses avant-
postes ont été refoulés et l’attaque s’est arrêtée
à la chute du jour. A l’aube, nous avons repris
l’offensive : une action d’infanterie soutenue
par l'artillerie, a enlevé, dans la matinée, Bla-
mont et Cirey. Les forces allemandes, évaluées
à un corps d’armée bavarois, ont alors occupé
les hauteurs qui dominent au Nord ces deux
localités, mais les forces françaises bot dessiné
un doubla mouvement débordant qui.a déter-
miné le corps bavarois à ramener ses colonnes
en arrière, dans la direction de Sarrebourg.
L’affaire a été chaude et bien conduite, les
Allemands ont subi des partes sérieuses aussi
bien dans la défense de Blamont et de- Cirey
que dans la défense des hauteurs.
Le moral de nos troupes est excellent, on
signale spécialement l’énergie et ia confiance de
nos blessés.
CRIMES ALLEMANDS DANS LA HAUTE ALSACE
On signale que dans les villages de la Haute-
Alsace qu’ils évacuent, les Allemands se sont
livrés à des actes de sauvagerie inouïe; nos
troupes ont trouvé Jes maisons incendiées; les
cadavres des habitants fusillés encombrent les
rues, c’est le cas notamment à Dannemarie.
NOMBREUX PRISONNIERS ALLEMANDS
Au cours dp la journée de vendredi,, nos trou-
pes ont occupé l’important massif de Donon;
elles ont fait un très grand nombre de prison-
niers allemands ; le nombre en dépasse cira;
cents•
Paris, 16 août, 22 h. 40.
LE COMBAT DE DINAN1
Les Allemands ont attaqué Dînant; leurs
forces comprenaient la division de cavalerie de
la garde, la cinquième division de cavalerie
avec un appui d’infanterie de plusieurs ba-
taillons et des compagnies de mitrailleuses.
Notre cavalerie les a repoussées en désordre
sur la rive droite. Au cours de cette poursuite,
nos cavaliers ont pris plusieurs centaines de
chevaux de uhlans ; ces chevaux ont été aus-
sitôt dirigés sur l’arrière, pour servir de re-
monte à notre cavalerie.
' L’élan admirable de nos ti'oupes a enthou-
siasmé les Belges.
NOUVEAUX SUCCÈS EN AVANT DE CIREY
Par un nouveau bond, nos troupes ont fait
reouler lo corps d’armée bavarois, qui déjà,
hier, s’était retiré devant elles. Les positions
que nous occupons sont en avant de la fron-
tière.
INTERROGATOIRE DE PRISONNIERS
Les prisonniers faits après le combat de Man-
giçnnes et celui de Billon déclarent que la lutte
a été des plus chaudes ; le tir précis et nourri
de nos troupes les a démoralises.
Il y a eu dans le 5° chasseurs une véritable
panique : ce bataillon allemand était soutenu
par les 7«, 8e et 21» dragons, un groupe d’artil-
lerie et six compagnies de mitrailleuses.
Malgré l’importance de ces forces, le succès
des Français a été complet. Il y avait parmi les
Allemands des Polonais qui déclarent avoir
cherché à se faire faire prisonniers ; les réser-
vistes, même non Polonais, disent tous qu’ils
jugent la guerre absurde.
Il y a eu dans nombre de villes allemandes
des protestations et des émeutes ; tous se plai-
gnent d’être très mal nourris. Les unités traî-
nent à leur suite de nombreux éclopés,
UN AVEU D’UN LIEUTENANT ALLEMAND
Dans le carnet de notes d’un lieutenant alle-
mand, tué, on relève un aveu intéressant : Il
raconte que l’église de Vilrupt a été incendiée
et que les habitants ont été fusillés. Il ajoute
que la raison donnée c’est que des observateurs
s’étalent réfugiés dans la tour de l’église et que
des coups de fusil avaient été tirés des maisons
sur les Allemands. Mais cela dit, il note sur
son carnet que cela n’est pas vrai et que ceux
qui ont tiré étaient, non des habitants, mais
NOTRE SITUATION EN HAUTE ALSACE
Dans la Haute Alsace, nos troupes tiennent
fortement la pied des Vosges : Notre situation
est excellente.
Avriconrt, petit village ûq 818 habitants, se
trouve exactement à la frontière lorraine, dans le
sud du département de Meurthe-et-Moselle. G’est
la ligne du chemin de fer Paris à Strasbourg qui
y formait la frontière.
Blamont, chef-lieu du canton dont dépend Avri-
court, se trouve à 6 kilomètres de la frontière et
à 30 kilomètres de Lunéville. La ville compte 1.670
habitants et est arrosée par la Yezouze.
Cirey-sur-Vezouze est au sud de Blamont. C’est
par là que, dès le détut des hostilités, les alle-
mands violèrent le territoire français. Chef-lieu
de canton, Cirey compte 2,639 habitants.
Thann, dans la Haute-Alsace, est à 33 kilomè-
tres de Belfort et à il kilomètres de Colmar. C’est
une ville de 7,413 habitants.
Le Donon est une montagne des Vosges â pro-
ximité de la frontière française, qui sépare les
vallées de la Moselle par la Meurthe, et du Rhin
par la Bruche et FI11.
DipMs Haras
Pour éviter les doubles emplois nous ne pu-
blions parmi ies dépêches Havas reçues que
celles qui complètent le Communiqué officiel ci-
dessus. ■
Le Ravitaillement de 1a France
Paris, 16 août.
La Sous-Commission de ravitaillement,qui
se réunit quotidiennement au ministère de
la guerre, a constaté que le stock de blé ac-
tuellement existant en France, indépen-
damment de la récolte dont la rentrée.et le
battage se poursuivent, suffira à ia consom-
mation, de l'armée et de la population civile
pendant de longs mois. Les arrivages de blé
iront aussi en augmentant. La récolte des
Etats Unis permettra de maintenir le stock
abondant.
Les autorités militaires ont pris des me-
sures pour rendre à la consommation civile
les stocks immobilisés par les nécessités de
la mobilisation.
Les stocks de charbon, de sucre, de riz, de
calé et de sel sont également considérables.
Le pei rôle et l’essence ne manqueront pas.
Les arrivages de lait seront normaux ; la
distribution seule présente quelques diffi-
cultés.
Lea Soins ans Blessés
t Paris, 16 août.
Oa a décidé de prendre des mesures pour
installer dans les stations balnéaires, les
blessés des armées alliées et anglaise.
Belfort, 16 août.
Un convoi de blessés,la plupart allemands,
arriva hier.
Un blessé français prodiguait ses soins à
un blessé allemand, pins grièvement atteint
que loi-même, marquant ainsi le contraste
existant avec les procédés des Allemands.
Les Pilleurs allemands
Paris, 16 août,
Un communiqué du ministère de la guerre
signale qu’un, deuxième détachement d’in-
fanterie bavaroise se livra, dans le bassin de
Briey à des actes de pillage et à des violen-
ces contre des Français et des Italiens habi-
tant la région.
Les habitations furent entièrement pil-
lées, les denrées alimentaires enlevées, l’ar-
genterie dérobée.
Le maire de Jarny fut emmené avec plu-
sieurs Italiens, dont un blessé mortelle-
ment.
Le moral des troupes allemandes
Bruxelles, 14 août.
Officiel. — La situation est toujours régu-
lière. Rien d’important ne s’est passé cette
nuit.
Un sergent belge, échappé de Liège, est
rentré à Bruxelles ce matin, Il a constaté la
démoralisation des troupes allemandes. A
Liège, un officier d’état-major s’est suicidé
apres avoir écrit à sa femme que Liège serait
quand même son tombeau. Huit soldats alle-
mands se sont suicidés en se jetant dans la
Meuse.
Comment le lieutenant Bruyant gagna
sa crois
Nancy, 13 août.
On sait que le général J offre a nommé cheva-
lier dè la Légion d’Honnear le lieutenant de dra-
gons Bruyant : « Cet officier, dit le texte de la no-
mination, n’ayant pas hésité, accompagné de sept
cavaliers, à charger un peloton d’une trentaine Se
«Mans, à tuer de sa main l’officier ennemi et à
mettre en déroute le peloton allemand en lui in-
fligeant des pertes sérieuses. »
Un des acteurs de ce brillant fait donnes, qui
s’est déroulé à Réméréville (Meurthe-et-Moselle),
en a fait le récit suivant :
Vers 3 h. 30 de l’après-midi,Te lieutenant
Bruyant, avec sept hommes, dont le sous-of-
ficier Portée, deux brigadiers et quatre cava-
liers, faisait une reconnaissance dans tes en-
virons d’Erbéviller. Soudain, il aperçut une
patrouille allemande du 14e uhlans.
Son premier mouvement fat de foncer
sur eux. Mais la distance était encore trop
grande, et la force de la patrouille alle-
mande était bien supérieure en nombre —
on compta vingt-sept cavaliers, dont un
officier, le lieutenant Dickmann,
La prudence s’imposait. L’officier français
dut empêcher ses hommes de charger tout
de suite, sabre au clair.
Un premier contact eut lieu, nn cavalier
allemand tomba. Les autres s’enfuirent. Au
lieu de faire face, quatre contre un, ils com-
mencèrent par se défiler sous bois.
Nos cavaliers les serrèrent de près. Quand
notre groupe de braves prit le galop, les
Allemands prirent le galop. Quand il partit
au trot, puis au trot allongé, les uhlans fi-
rent de même.
Enfin, les Allemands s’engagèrent dans
une tranchée qui mène de Rèméréville à
Velaine-sous-Amanee. Ifs cherchèrent à ga-
gner le bois, pour mettre entre eux et les
nôtres un obstacle infranchissable. Il était
temps d’agir.
— Chargez ! commanda le lieutenant Bru-
yant.
Et nos sept cavaliers partirent comme une
trombe.
Les Allemands s’étaient de leur côté mis
La mêlée fat courte... D’an coup de sabre
sous le ceinturon, le lieutenant Bruyant dé-
sarçonna le lieutenant allemand, qni s’ap-
prêtait à lui brûler la cervelle avec son re-
volver.
Un dragon tuait un nhlan d’on coup da
lance. Six autres Allemands, désarçonnés et
blessés, craignant d’être achevés, comme iis
l’ont avoué, s’apprêtaient, à se servir de leur
carabine, tandis que leur vingt autres' ca-
marades battaient en retraite à toute bride.
Les blessés furent mis dans l’impossibilité
de continuer la résistance.
Le lieutenant Bruyant prit les papiers du
lieutenant allemand mort, pour les remet-
tre à l’état-major, et emporta aussi son eas-
que, son manteau, sa jumelle et sa carte.
Casque et jumelle lui ont été laissés com-
me souvenir, mais il a beaucoup de peine à
conserver intact ce glorieux trophée, tant
sont nombreuses et pressantes les convoi-
tises.
Les Etrangers au Maroc
Paris, 16 août.
Un communiqué officiel de dix heures ce
matin annonce l’expulsion de tous les su-
jets allemands et autrichiens établis au
Maroc.
Manifestation francophile
Nice, 16 août.
Trois mille Italiens revenant dans leur
pays sont passés par la gare de Nice ; iis ont
salué ia France par des acclamations fréné-
tiques tandis qu’ils manifestaient des senti-
ments violemment hostiles à l’égard de
l’Autriche.
Les Italiens rentrent chez eux
Perpignan, 13 août.
Six mille émigrants italiens se sont em-
barqués à Port-Vendres sur des bateaux ita-
liens, à destination de l’Italie èn présence de
leur consul. Leur ravitaillement avait été
assuré par le gouvernement français. An dé-
part, ces Italiens se sont livrés à une mani-
festation francophile enthousiaste.
Six mille autres émigrants italiens doivent
incessamment s’embarquer.
La Supériorité des Artilleries
Françaises et Belges
Londres, 16 août.
Le bureau de la presse dit que des nou-
velles de sonree officielle indiquent que i’ar-
tiilerie française et l’artillerie belge sont su-
périeures à l’artillerie allemande. L’infante-
rie allemande ne tient pas devant les baïon-
nettes.
Les derniers combats en Haute-Alsace ont
démontré l’intériorité de l’artillerie alle-
mande, dont le pointage est défectueux et
dont de nombreux obus n’éclatent pas.
L’artillerie française causa, par contre, des
ravages terribles dans les rangs allemands.
Un seul obus de 73 tua seize Allemands
dans une tranchée.
La Bresse censurée
Bruxelles, 13 août.
Le gouvernement militaire du Brabant a
décidé que chaque journal publierait désor-
mais une .seule édition quotidienne dont on
devrait soumettre les épreuves à l’autorité
militaire.
L’Etendard des Hussards de la Mort
pris par les Belges
Londres, 16 août.
On mande de Diest au Daily Telegraph que
les Belges ont réussi à s'emparer du fameux
étendard des Hussards de la Mort, qui est
maintenant déposé à l’Hôtel de Yale de
Diest.
La Situation en Russie
Saint-Pétersbourg, 13 août.
La nouvelle du Berliner Tageblatt répandue
par une agence allemande officielle et sui-
vant laquelle, à Moscou, tous les magasins
et établissements appartenant à des sujets
allemands auraient été détruits et le consu-
lat allemand incendié, n’est qu’une inven-
tion mensongère. Non seulement aucun ma-
gasin, aucun établissement appartenant à
des sujets allemands et moins encore le con-
sulat allemand n’ont été détruits, mais en-
core il n’y a eu aucune tentative pour pro-
voquer des actes hostiles, quels qu’ils soient,
contre un immeuble d'un sujet allemand.
C’est ce que peut confirmer chaque sujet
allemand habitant Moscou et ce qui est con-
firmé par la résolution de la mairie de Saint-
Pétersbourg d’accorder toute sa protection
aux familles des sujets allemands et austro-
hongrois déclarés prisonniers de guerre.
Quant à l’édifice du consulat allemand à
Moscou, il est oonstaté qu’il est intact, tel
qu’il se trouvait quand ie quitta le consul
allemand.
Par ces inventions mensongères, dénuées
de tout fondement, les Allemands ne réussi-
rent pas à effacer l’impression accablante
que produit, dans la Russie entière, je trai-
tement inhumain, parfois brutal qu’ils ont
fait subir à de nombreux sujets russes sur-
pris dans les’limités de l’Empire allemand
par la déclaration de guerre, traitement qui
ne fut pas même épargné à de hautes per-
sonnalités, par exempte à la femme du vice-
roi du Caucase, comtesse Woronzow-Dasch-
kow. C8 dernier tait provoqua au Caucase,
parmi la population, une profonde indigna-
tion en raison de la popularité énorme dont
jouit la comtesse grâce à sa grande bienfai-
sance.
De nombreux représentants de toutes les
nationalités du Caucase adressant au vice-
roi des prières urgentes pour être, admjs
comme volontaires dansJ’armée active, mais
le gouvernement russe est dans l'impossi-
bilité d’admettre tous ceux qui voudraient
se ranger sous ses drapeaux.
Les Allemands refoulés par les Russes
Saint-Pétersbourg, 13 août.
Un communiqué annonce que le 12 août,
les iroupes russes ont détruit, sur onz»
points, le chemin de fer èt la ligne télégra-
phique entre Tilsitt et Schmalenninkon. Vers
l'ouest de Wischmil, la chaussée de Tilsilt à
Schmanlennîuken a été endommagée par
les troupes allemandes.
Entre Sehirwïnky et Kouzman, à Karmôn-
chinen, on a aperçu des détachements des
régiments allemands, le I2« lanciers et le 9*
chasseurs à cheval, avec des canons revol-
vers. Les troupes allemandes évitant le com-
bat ont batta en retraite vers le nord-ouest.
Deux bataillons avec six canons sont partis
vers Fillioow; l’ennemi a été repoussé par
les troupes russes vers le sud-ouest. A Mark-
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