Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-08-05
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 août 1914 05 août 1914
Description : 1914/08/05 (A34,N12051). 1914/08/05 (A34,N12051).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172216n
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
Um kmte — f. itm (-<3b Pages) 5 Centimes — tlHTIWf IHl MW —■ S totimes H5fc Pages) tfowMi S h*«t i°M
Administrateur - Délégué - Gérait
O. RANDOLET
idsiaistration. Ianressioas it iu»ees. TEL. 10.17
35, Rue Fontanelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Le Petit H&vre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux ae la Région
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RÉDACTEUR EN CHEF
J.-J. CASPAR - JORDAN
Téléphone s tt.SU
Ssorétaire Général : TH. VALLÉE
Rédaction, 35, rue Fontenelle - Tél. 7.60
ANNONCEE
AU HAVRE BUREAU DU JOURNAL, 11?, bout* de Strasoourg
t L'AGENCE IIAVÀS. 8, place de la Bourse, esi
A PARIS ] seule chargée de recevoir les Annonces poui
( le Journal.
Le PETIT HA VRE est désigné pote, les Annonces Judiciaires et légales
. , - —.--WW.-
ABONNEMENTS TROIS MOIS SIX MOIS UM AH j
f Lo Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure j - Fr - «
il l’Oise et la Somme $ * a ,r n a
j| Autres Départements j G Fr. tl 50’ CS »
j Union Postale... 1X0 » SO Fr. 1 «5.0 » i
|i On s'abonne également, SAHS FRAIS, dans tous tes Bureaux de Rosie de France
rHiiFiipp l mm U PINOT I H PfiiiPP
lililjljulllnullu H ULiuunilJj tun UUiilluli n illnliuL
MESSAGE
È Président de la RépÉiipe
11! SlUT Et 1 LHUIllilIP, MS DEPUTES
Messieurs les Sénateurs, %
Messieurs les Députés,
La France vient d’être l’objet d’une agression brutale et
préméditée qui est uu insolent défi au droit des gens.
Avant qu’une déclaration de guerre nous eut encore été
adressée, avant même que l’ambassadeur d’Allemagne eut de-
mandé ses passeports, notre territoire a été violé, l’Empire d’Al-
lemagne n’a fait hier soir que donner tardivement le nom vérita-
ble à un état de fait qu’il avait déjà créé.
Depuis plus de quarante ans, les Français, dans un sincère
amour de la paix, ont refoulé au fond de leur coeur le désir des
réparations légitimes.
Ils ont donné au monde l’exemple d’une grande Nation qui,
définitivement relevée de la défaite par la volonté, la patience et
le travail, n’a usé de sa force renouvelée et rajeunie que dans
l’intérêt du progrès et pour le bien de l’humanité.
Depuis que l’ultimatum de l’Autriche a ouvert une crise
menaçante pour l’Europe entière, la France est attachée à suivre
et à recommander partout une politique de prudence, de sagesse
et de modération; on no peut lui imputer aucun acte, aucun geste,
aucun mot qui n’ait été pacifique et conciliant.
A l’heure des premiers combats, elle a le-droit de se ren-
dre solennellement cette justice qu’elle a fait jusqu’au dernier
moment les efforts suprêmes pour conjurer la guerre qui vient
d’éclater, et dont l’empire d’Allemagne supportera devant l’His-
toire l’écrasante responsabilité.
Au lendemain même du jour où nos alliés et nous, nous
exprimions publiquement l’espérance de voir se produire pacifi-
quement les négociations engagées sous les auspices du Cabinet
de Londres, l’Allemagne a déclaré subitement la guerre à la
Russie ; elle a envahi le territoire de Luxembourg ; elle a outra-
geusement insulté la noble nation belge, notre voisine et notre
amie, et elle a essayé de nous surprendre traîtreusement en plei-
ne conversation diplomatique.
Mais la France veillait, aussi attentive que pacifique;
elle s’était préparée et nos ennemis vont rencontrer sur leur che-
min nos vaillantes troupes de couverture qui sont à leur poste
de bataille et à l’abri desquelles s’achèvera méthodiquement la
mobilisation de toutes nos forces nationales.
Notre belle et courageuse armée, que la France accompa-
gne aujourd’hui de sa pensée maternelle, s’est levée toute frémis-
sante pour défendre l'honneur du drapeau et le sol de la Patrie.
Le Président de la République, interprète de l’unanimité
du pays, exprime à nos troupes de terre et de mer l’admiration
étja confiance de tous les Français.
Etroitement unie en nn même sentiment, la Nation per-
sévérera dans le sang-froid dont elle a donné, depuis l’ouvertui e
de la crise, la preuve quotidienne.
Elle saura, comme toujours, concilier les plus généreux
élans et les ardeurs les plus enthousiastes, avec cette maîtrise de
soi qui est le signe des énergies durables et la meilleure garantie
de la victoire.
Dam> la guerre qui s’engage, la France aura pour elle le
droit dont les peuples, non plus que les individus, ne sauraient
impunément méconnaître l’éternelle puissance morale.
Elle sera héroïquement défendue par tous ses fils dont rien
ne brisera devant l’ermemi l’union sacrée et qui sont aujourd’hui
fréternellement Assemblés dans une même indignation contre
l’agresseur et dans une même foi patriotique.
Elle est fidèlement secondée par la Russie, son alliée ; elle
est soutenue par la loyale amitié de l’Angleterre, Et déjà, de tous
les points du monde civilisés, viennent à elle les sympathies et
les voeux, car elle représente aujourd’hui, une fois de plus,
devant P univers, la liberté, la justice et la raison.
Eli H GBSP? et ?ii» la Frases 1
Paris, 4 Août 1914.
lt. POINCARÉ.
P‘if *t<:- Présidé!d de la République,
Le Président du Conseil,
René VIVIAN!.
POUR
L’ALSACE=LORRAINE
« Peut-être au moment où nous
écrivons ces lignes, M. de Sehoen s’etd- ,
il décidé de prendre la porte » disions
nous dans notre article d’hier — or.
en effet,quelques instants auparavant,
exactement à dix heures dix Infïdi
soir, l’ambassadeur d’Allemagne ctvéit
pris le train pour Berlin.
Il avait fini par dire à M. Viviaiii,
dans un dernier entretien, (ni une
note de son gouvernement Vavait cfub-
gé de déclarer à la France « qu’il se
*considérait comnfé'’erî étàYÜè guerre & <
L’ambassadeur allemand en se reti-
rant, a naturellement essayé de dé-
cocher à noire ministre le coup de pied
de l’âne en prétendant que c’était nous
qui avions commis des actes d’agres-
sion et de violation de territoire. Au
point où nous en sommes, un peu ptis
de mauvaise Joi n’étonne plus et'^ie
compte plus. L’Europe est fixée iet
l’Histoire marquera d’an fer rouge
sur les épaules allemandes la respon-
sabilité des événements sacrilèges
qu’elle va enregistrer.
Donc, cette fois, la guerre fran-
co-allemande existe pour de bon ; les
Allemands ont même déjà remporté
une première victoire qui nous serre
le coeur : ils ont fusillé a Metz M. Sa-
main, l’ancien président du « Souve-
nir Français » et de la « Lorraine
Sportive ». Le vent de folie qui souffle
sur eux Jait qu’ils ne peuvent commet-
tre que des actes qui soulèvent la ré-
probation universelle. Aprçsjji ruptu-
re brutale et gfossièré âveCta Tîdssié*
après l'occupation du Luxembourg,
après la violation de nos Jrontières
sans déclaration de guerre, cest l’as-
sassinat qui marque leur entrée en
campagne.
Qu’ils ne s’imaginent pas cependant
avoir tué en Samain l’espoir patrioti-
que des Alsaciens-Lorrains ; nous pen-
sons plutôt qu’ils ont surexcité au plus
haut degre les passions longtemps
contenues dans les coeurs et qu’ils
vont rencontrer une redoutable résis-
tance dans les pays annexés qui, au
bruit de nos armes, tressaillent du
désir de redevenir français.
Si par l’assassinat de Samain, les
Allemands ont voulu nous faire sentir
plus vivement, au milieu de celte
guerre colossale où les intérêts de
toute l’Europe et l’avenir de toute l’hu-
manité sont en jeu, que notre vieille
querelle avec eux porte sur l'Alsace-
Lorraine, ils y ont réussi. Oui, ce
n’est pas seulement pour le dr oit violé
en Serbie, ce n’est pas seulement pour
la déjense de la liberté dans le monde
que nous luttons, c’est, aussi pour re-
dresser l’iniquité commise à nos dé-
pens en 18yi, et rendre à nos frères,
un moment séparés, leur indépen-
dance nationale. Par amour de la
paix, nous avions patienté jusqu'à ce
jour, mais puisqu’on veut la guerre,
nous ne la cesserons que lorsque
Metz et Strasbourg seront redevenues
libres de leurs destinées.
La mort de Samain est une belle
mort qui sert magnifiquement la cau-
se de la patrie cai rien ne pouvait
rendre plus sensible au coeur de la
masse de nos soldats que VAlsace-
Lorraine est toujours française, qu’elle
nous attend, et cette pensée redouble-
ra encore leur élan /
CASPAR-JORDAN.
Nous lisons dans le Progrès d’hier,
sous ce titre a La Nation est en dan-
ger — Faisons notre devoir » ces mots
qui sont à l’honneur des socialistes
havrais.
a Veillons au salut de la France et
de la République car elle est la gran-
de lumière que personne n’éteindra
■ sans passer sur nos corps t »
iwniMMpigjpwwwjngpwwMwiwwBjfiwiawwwpii
Poe imposante laniMiioii
à Paris
(De notre Correspondant particulier)
Paris, 3 août.
Jamais ou n’avait TU de manifeatation
semblable à celie qui vient de ae produire,
vers sept heures du soir, sur les grands
boulevards.
Pins de trois mille femmes, en ordre par-
fait, la plupart ouvrières fort convenables,
ont défilé en chantant la Marseillaise ou an-
tres chants patriotiques.
Elles ne priaient pas : « A Berlin t » mais
elles poussaient le cri de : * Vire L France U
Beaucoup de spectateurs pleurs lent.
GomimWs
y—-TT**^*!b
Officiels
Paris, 4 août, 14 h. 30
L’ambassadeur d’Allemagne a ré-
clamé hier ses passeports et a
quitté Paris après avoir déclaré la
Guerre à la France.
On annonce que dès l’ouverture
des hostilités les Allemands ont fu-
sillé SH. Samain, président du Sou-
vènir Français en Alsace.
Une fusillade a eu lieu aux avant-
postes cette nuit.
Un croiseur allemand en Méditer-
ranée a lancé quelques obus sur
Bôna et Phiiippeviilé. Les Dégâts
sont de peu d’importance.
Salué parlés applaudissements de
la Chambre des Communes anglai-
se, le ministre de3 affaires étran-
gères, Sir Edward Grey a fait une
déclaration qui se résume dans la
double affirmation que la flotte an-
glaise garantit la France contre la
flotte allemande et que la Grande
Bretagne, appelée par le roi des Bel-
ges se prononce très fortement pour
la neutralité de la Belgique, a ajou-
té que la neutralité étant violée,
l’Angletèrre devait user de toutes
ses forces pour la faire respecter.
En conséquence, ta mobilisation
Sattççt la mobilisation de l’armée
anglaises auraient Heu à minuit.
L’armée allemande a violé la neu-
tralité des territoires hollandais et
beiges dans la journée d’hier.
Le curé de Moinevilla a été fu-
sillé par des soldats allemands.
En Russie, la mobilisation s’opè-
re sur tout le territoire de l’empire
avec un ordre parfait et un merveil-
leux élan patriotique.
I,J\. GUERRE
FMiCO - ALUEBAIBE
La D&larationde Guerre
de l'Sileinape à ia France
L’Ambassadeur, H. de Sehoen, demande
ses Passeports
Paris, i août, matin.
FA. de Sehoen, ambassadeur
d’Allemagne à Paris, a demandé
ses passeports.
II a ensuite remis au Gouverne-
ment français une note déclarant
que le Gouvernement allemand se
considérait comme en état de
guerre aveo la France. {Havas.)
La Corasalta ils I. Viviani
aise M. de SCIIÜSO
A 5 h. 45 du soir, M. de Sehoen, ambas-
sadeur d’Allemagne à Paris, s’est rendu au
ministères des affaires étrangères.
Il a été reçu par M. Yiviani, président du
Conseil et ministre des affaires étrangères,
en présence de M. de Margerie, directeur
politique.
M. de Schoen s'est montré très ému.
Il a commencé par dire qu’il constatait
avec le plus vif regret i’échee de ses efforts
qui avaient eu pour but, pendant de nom-
breuses années, d’améliorer les relations
de ta France et de l’Allemagne.
Il a déclaré avoir consacré à cette oeuvre
le plus grand dévouement et la plus sincère
activité.
II a ajouté éprouver une grande douleur
à constater que sa situation à Paris était
devenue impossible.
Son gouvernement l’avait chargé de dé-
cia er au gouvernement de la République
que des aviateurs français avaient survolé
la Belgique, que d’autres aviateurs fran-
çais avaient survolé l’Allemagne, fait tom-
ber des bombes jusqu'à Nuremberg, et que
; qes,faits constituaient un acte d’agression,
- de violation du territoire allemand.
Le passage des aviateurs français et leurs
actes au-dessus de la frontière al lemande
et belge obligeaient l’Allemagne, a dit for
mellement l’ambassadeur,
à se déclarer en élat de giu-rre avec la France
M. de Schoen a ensuite dit qu'il tenait à
porter à la connaissance du président du
Conseil un fait d’ordre personnel.
Comme il se rendait au ministère, deux
individus étaient montés sur le marchepied
de son automobile et l’avaient injurié.
M. Yiviani et M. de Margerie ont écouté
en silence les déclarations de l’ambassa-
deur d’Allemagne.
Lorsque M. de Schoen eut terminé, M.
Viviani a répondu qu’il était entièrement
faux que des aviateurs français eussent
survolé l’Allemagne et la Belgique et fait,
tomber des bombes.
Il a rappelé à M. de Schoen que, dans la
note qu’il lui avait remise hier, le gouver-
nement de la République avait protesté
contre la violation du territoire français, à
laquelle s’étaient livrés, en plusieurs en-
droits, des détachements allemands, com-
mandés par des officiers allemands, et con-
tre le meurtre d’un caporal français.
11 lui a rappelé que, de plus, le gouver-
nement français, dans le nul d’éviter des
incidents de frontière, avait donné l’ordre à
ses troupes de rester à dix kilomètres de la
frontière allemande, que des détachements
allemands, s’étant livrés à des actes d’a-
gression sur les Iroupes.françaises, avaient
franchi cet intervalle de dix kilomètres et
pénétré jusqu’à onze kilomètres en territoi-
re français. Ces faits-là étaient précis,
exacts,-incontestés, et constituaient nette-
ment une agression allemande sur territoire
fiançais.
M. de Schoen, toujours extrêmement
ému, a pris congé de M. Viviani et de M.
de Margerie, qui l’ont conduit jusqu’au
perron du ministère des affaires étran-
gères.
L’ambassadeur d’Allemagne salua à plu-
sieurs reprises le président du Conseil et le
directeur politique des affaires étrangères.,:
Puis ii monta dans l’automobile qui le ra-:
menait à l’ambassade d’Allemagne.
Immédiatement après cette entrevue, M.
Viviani a fuit télégraphier à M. Jules (jam-
bon, l’ambassadeur de France à Berlin, et
l’a chargé de demander immédiatement ses
passeports au gouvernement allemand et de
consigner dans une note que M. Cambon
remettrait, en même temps que sa demande
de passeports, la protestation de la France
contre la violation du Luxembourg, occupé
par l’Allemagne sous le prétexte que la
France avaiü’intenlion d’envahir le Luxem-
bourg. M. Viviani a invité également notre
ambassadeur à Berlin à protester contre
l’ultimatum envoyé à la Belgique, par le-
quel le gouvernement impérial demandait
des facilités pour des opérations militaires
en territoire belge, operations qui étaient
« dirigées contre la France », parce que,
d’après le gouvernement allemand, la Fran-
ce avait l’intention d’occuper Namur et
d’autres endroits du territoire belge,
M. Cambon quittera Berlin aujourd’hui.
L’Allemagne a donc déclaré la guerre à
la France le 3 août, à 5 h. 45 du soir.
tVOVAE OFFlCttSSjg.JE
L’ambassadeur d’Allemagne a remis au
gouvernement français une note dans la-
quelle son gouvernement l’avait chargé de
déclarer à la France qu’il se considérait
comme en état de guerre.
L’ambassadeur d’Ailemagne n’a invoqué
que des faits mensongers pour donner une
raison à la détermination de son gouverne-
ment. entre autres que quelques aviateurs
français auraient survolé Nuremberg.
le Départ de MassaÉai
d’Allemagne
Depuis 8 heures du soir, à Paris, la rue de
' Lille, entre le boul vartl Saint-Germain et la
rue de Snlf. rmo, était herméuquement gar-
dée aux d JOX bouts.
La grande porte d* assaJe est ouver-
te à deux battants. Toute la coor est som-
bre. An fond seulement, ia marquise de
verre est illuminée. La cour est pleine de
voitures sur lesquelles on lit : « Service des
chemins de fer de l'Etat. » Sur le siège de
chaque voiture, un gardien de la paix est
assis à côté du conducteur, Dans l’obscurité,
une foule s’agite. Tous les rangs sont confon-
dus : les serviteurs, la livrée, ies membres
de l’ambassade.
Les uns après les autres, les omnibus atte-
lés de chevaux sortent et prennent à droite,
du côté dé la Concorde. Le désarroi est
grand. On sent qu’une nouvelle imprévue a
surpris tout le monde et bâté l’heure du dé-
part, que l’on croyait plus lointaine.
L’ambassadeur sort le dernier vers 9 h. t/2
dans une voitnre automobile. Ses- cheveux
blancs le trahissent snr le fond de la voiture
où il s’entonca. Bien que la rue soit vide, d-
toutes les fenêtres des mauons qui font laite
on regarde. C'est un soulagement universel.
Dimanche dernier, l'ambassadeur d’Abema-
gue n'a pas parcouru moins de quatorze fois
la rue de Lille dans toute sa longueur, eu se
dirigeant du côté du palais d’Orsay.
Le sentiment général était qu'il cherchait
une injure ou un outrage ; mais ia po ice
n’était pas seule à veiller. Pans n'a pas per-
mis que la f .U't* irreparab'e sût commise.
. *%
Le* voUur—i's'engage it snr le qnal d’Or-
say, sc dirigent vers l'Etoile par les a* nues
Marceau et des Champs-Elysées, travftcaçnt
l’immense place où des gronoes s'empres-
sent autour des vendeurs cb-joui naux M ‘S,
là, nul ne so doute que c'est l'exode défi fieu
de l’ambassade allemande dont ie ch ' va.,
tout à l’heure, suivie dans son auioiuouiie
le même chemin.
Aussi inaperçue d’ailleurs va passer l’arri-
vée des voiture, à la gare du B>is-de Bo do-
gue, choisie pour ie départ. La p me. main-
tenant, tombe à torrents. Daus ie ha tree. quelques commissaires de L Sù.-ete ge-
n Ta;e circulent. En bas,:-devant le quai de
ia voie, longeant le boulevard Lamies, un
train est sous pression. Entraxes fourgons à
bag ges accroches a chaque cxtrémi é, trois
longs w gons de première cl -sse et on wa-
gon-salon le composent exclusivement. Et
pendant un long moment c’est le si enoieux
empressement du d-ipart. Tandis que ta do-
mesticité surveille l’embarq .ement dès ba-
gages dans 10s fourgons, les membres ae
i umbtïsade et leurs f mUes se di,posent
pour le voyage. Sur le quai, deux représen-
tants do la direction des enamius de ter de
l'E'at vont et viennent, adressant une (Lr-
niô-e recommandation aux employés qui
vont accompagner le convoi.
To >t est prêt maintenant pour le départ.
Li-liaut, devant la gare, une uouvebe au-
tomobi e vient de s’arrêter. Deux hommes
en d .-sceodont.
C’est l’arabassadenr d’Allemagne et son
premier secrétai: 0,
M. William Martin, chef du protocole, les
attend à l’cntree du ho 11.
Et tous les trois, après l’échange d’on
simple salut, se dirigent vers l’escalier con-
duisant au quai, arrivent devant le w gon-
saion auprès duquel se tiennent les repré-
sentants de la Lompagnie’deu’Eut.
M. de Schoen, son premier secrétaire et
M William Martin sont arrêtés m intenant
devant la portière ouverte uu wagon-sa‘on.
Un lourd siionc-) impressionnant, q .e
tr >uble seulement le halètement de la ma-
chine et aussi le bruit de l’averse qui cingle
en rafales le vitrage de la toiture, pèse sur
ce quai, où se déroule en ce moment uns
des scèaes historiques du drame engagé.
Quelques secondes s’écoulent ainsi.
M. de Schoen tend ta main à M. Wiibam
Martin.
— Je vous remercie, monsieur.
Sans un mot, M. William Martin reçoit le
serrrmeat de mainsuivi de son premier sejbréian-e. n-nè’> e dans
le w ,gou do il ia portière se referm -.
Un coup de siffl.-t reteniit. Le traiu s’é-
branla vers ia gare d’Aubervil fiers d où tl
doit être dirigé sur l’Allèmague par la I ou-
nè e beige.
Il est exactement 10 h. 10 du soir.
LA MORT DE M. SAMAIN
Les Allemands eut !« ! l’anciee
President ia Soaisair français
Les Allemands ont bien Jébmé.Ils ont
fusillé Alexis Samain, président du Sou
venir français en Alsace-Lorraine et em-
prisonné tous les membres du Souvenir
français.
Comme leur premier acte donne tout de
suite sa signification à la guerre 1 11 faut
que l’Alsace meure, n’est-ce pas ?
— Ou qu’elle vive française... Elle vi-
vra.
Petit-neveu de cette femme de Metz que
M Maurice Barrés, dans (Melle Baudoche.
-appelle Mlle Aubortin la France. Alexis
Samain avait fondé à Metz en '1900 une
Société de gymnastique la « Lorraine spor-
tive ».
La création de cette Société déplut vive
ment aux autorités. L’uniforme des gym-
nastes groupés par Alexis Samain avait un
aspect trop français.
La « Lorraine sportive » donna un grand
concert à l’hôtel Terminus de Metz ie 8 jan-
vier 1911. Conformément à la loi allemande
les invitations avait été faite par écrit. Deux
personnes se trouvaient réunies. A peine
le concert avait-il commencé qu’un com-
missaire de police pénétrait dans ia salle et
ordonnait aux exécutants de cesser de
jouer.
Alexis Samain expliqua au commissaire
que la réunion était privée et le pria de
vider les lieux. La musique salua la sortie
du trouble-fête par la marche de Saoibrs et
Meuse.
A la suite de ces incidents. Alexis Sa-
main fut arrêté. On l’accusait d'avoir incité
la foule à la rébellion contre la force ar-
mée. Cette mesure causa une vive indigna-
tion à Metz.
Les autorités se résignèrent à meure Sa-
main en liberté- Bientôt Alexis Sainaisi et
la « Lorraine sportive » étaient mêlés à un
autre incident. La « Lorraine sportive *' et
son président sont mis en accusation, On
leur reproche d’entretenir une agitation
subversive. Alexis Humain est condamné à
six semaines de prison.
Le il décembre 1911, Alexis Samain et
son frère Paul se trouvaient de nouveau
impliqués dans une grave affaire Bris à
partie par un sergent nomme Maasch, dans
une rue de Mèiz, Paul Samain lut attaqué
par lui. Alexis Saulain, voaiant iniervenir,
lut renversé d’un coup de poing. Aiors.i uu
de ses amis, uommé Martin, fit feu sur le
sergent'et le tua.
Les deux frères Samain furent arrêtés.
Enfin on reconnut qu'ils n’étaù'ot pour rien
dans la mort de M iî'S<;h. Le ii mars sui-
vant iis étaient acquittes.
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réparations légitimes.
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définitivement relevée de la défaite par la volonté, la patience et
le travail, n’a usé de sa force renouvelée et rajeunie que dans
l’intérêt du progrès et pour le bien de l’humanité.
Depuis que l’ultimatum de l’Autriche a ouvert une crise
menaçante pour l’Europe entière, la France est attachée à suivre
et à recommander partout une politique de prudence, de sagesse
et de modération; on no peut lui imputer aucun acte, aucun geste,
aucun mot qui n’ait été pacifique et conciliant.
A l’heure des premiers combats, elle a le-droit de se ren-
dre solennellement cette justice qu’elle a fait jusqu’au dernier
moment les efforts suprêmes pour conjurer la guerre qui vient
d’éclater, et dont l’empire d’Allemagne supportera devant l’His-
toire l’écrasante responsabilité.
Au lendemain même du jour où nos alliés et nous, nous
exprimions publiquement l’espérance de voir se produire pacifi-
quement les négociations engagées sous les auspices du Cabinet
de Londres, l’Allemagne a déclaré subitement la guerre à la
Russie ; elle a envahi le territoire de Luxembourg ; elle a outra-
geusement insulté la noble nation belge, notre voisine et notre
amie, et elle a essayé de nous surprendre traîtreusement en plei-
ne conversation diplomatique.
Mais la France veillait, aussi attentive que pacifique;
elle s’était préparée et nos ennemis vont rencontrer sur leur che-
min nos vaillantes troupes de couverture qui sont à leur poste
de bataille et à l’abri desquelles s’achèvera méthodiquement la
mobilisation de toutes nos forces nationales.
Notre belle et courageuse armée, que la France accompa-
gne aujourd’hui de sa pensée maternelle, s’est levée toute frémis-
sante pour défendre l'honneur du drapeau et le sol de la Patrie.
Le Président de la République, interprète de l’unanimité
du pays, exprime à nos troupes de terre et de mer l’admiration
étja confiance de tous les Français.
Etroitement unie en nn même sentiment, la Nation per-
sévérera dans le sang-froid dont elle a donné, depuis l’ouvertui e
de la crise, la preuve quotidienne.
Elle saura, comme toujours, concilier les plus généreux
élans et les ardeurs les plus enthousiastes, avec cette maîtrise de
soi qui est le signe des énergies durables et la meilleure garantie
de la victoire.
Dam> la guerre qui s’engage, la France aura pour elle le
droit dont les peuples, non plus que les individus, ne sauraient
impunément méconnaître l’éternelle puissance morale.
Elle sera héroïquement défendue par tous ses fils dont rien
ne brisera devant l’ermemi l’union sacrée et qui sont aujourd’hui
fréternellement Assemblés dans une même indignation contre
l’agresseur et dans une même foi patriotique.
Elle est fidèlement secondée par la Russie, son alliée ; elle
est soutenue par la loyale amitié de l’Angleterre, Et déjà, de tous
les points du monde civilisés, viennent à elle les sympathies et
les voeux, car elle représente aujourd’hui, une fois de plus,
devant P univers, la liberté, la justice et la raison.
Eli H GBSP? et ?ii» la Frases 1
Paris, 4 Août 1914.
lt. POINCARÉ.
P‘if *t<:- Présidé!d de la République,
Le Président du Conseil,
René VIVIAN!.
POUR
L’ALSACE=LORRAINE
« Peut-être au moment où nous
écrivons ces lignes, M. de Sehoen s’etd- ,
il décidé de prendre la porte » disions
nous dans notre article d’hier — or.
en effet,quelques instants auparavant,
exactement à dix heures dix Infïdi
soir, l’ambassadeur d’Allemagne ctvéit
pris le train pour Berlin.
Il avait fini par dire à M. Viviaiii,
dans un dernier entretien, (ni une
note de son gouvernement Vavait cfub-
gé de déclarer à la France « qu’il se
*considérait comnfé'’erî étàYÜè guerre & <
L’ambassadeur allemand en se reti-
rant, a naturellement essayé de dé-
cocher à noire ministre le coup de pied
de l’âne en prétendant que c’était nous
qui avions commis des actes d’agres-
sion et de violation de territoire. Au
point où nous en sommes, un peu ptis
de mauvaise Joi n’étonne plus et'^ie
compte plus. L’Europe est fixée iet
l’Histoire marquera d’an fer rouge
sur les épaules allemandes la respon-
sabilité des événements sacrilèges
qu’elle va enregistrer.
Donc, cette fois, la guerre fran-
co-allemande existe pour de bon ; les
Allemands ont même déjà remporté
une première victoire qui nous serre
le coeur : ils ont fusillé a Metz M. Sa-
main, l’ancien président du « Souve-
nir Français » et de la « Lorraine
Sportive ». Le vent de folie qui souffle
sur eux Jait qu’ils ne peuvent commet-
tre que des actes qui soulèvent la ré-
probation universelle. Aprçsjji ruptu-
re brutale et gfossièré âveCta Tîdssié*
après l'occupation du Luxembourg,
après la violation de nos Jrontières
sans déclaration de guerre, cest l’as-
sassinat qui marque leur entrée en
campagne.
Qu’ils ne s’imaginent pas cependant
avoir tué en Samain l’espoir patrioti-
que des Alsaciens-Lorrains ; nous pen-
sons plutôt qu’ils ont surexcité au plus
haut degre les passions longtemps
contenues dans les coeurs et qu’ils
vont rencontrer une redoutable résis-
tance dans les pays annexés qui, au
bruit de nos armes, tressaillent du
désir de redevenir français.
Si par l’assassinat de Samain, les
Allemands ont voulu nous faire sentir
plus vivement, au milieu de celte
guerre colossale où les intérêts de
toute l’Europe et l’avenir de toute l’hu-
manité sont en jeu, que notre vieille
querelle avec eux porte sur l'Alsace-
Lorraine, ils y ont réussi. Oui, ce
n’est pas seulement pour le dr oit violé
en Serbie, ce n’est pas seulement pour
la déjense de la liberté dans le monde
que nous luttons, c’est, aussi pour re-
dresser l’iniquité commise à nos dé-
pens en 18yi, et rendre à nos frères,
un moment séparés, leur indépen-
dance nationale. Par amour de la
paix, nous avions patienté jusqu'à ce
jour, mais puisqu’on veut la guerre,
nous ne la cesserons que lorsque
Metz et Strasbourg seront redevenues
libres de leurs destinées.
La mort de Samain est une belle
mort qui sert magnifiquement la cau-
se de la patrie cai rien ne pouvait
rendre plus sensible au coeur de la
masse de nos soldats que VAlsace-
Lorraine est toujours française, qu’elle
nous attend, et cette pensée redouble-
ra encore leur élan /
CASPAR-JORDAN.
Nous lisons dans le Progrès d’hier,
sous ce titre a La Nation est en dan-
ger — Faisons notre devoir » ces mots
qui sont à l’honneur des socialistes
havrais.
a Veillons au salut de la France et
de la République car elle est la gran-
de lumière que personne n’éteindra
■ sans passer sur nos corps t »
iwniMMpigjpwwwjngpwwMwiwwBjfiwiawwwpii
Poe imposante laniMiioii
à Paris
(De notre Correspondant particulier)
Paris, 3 août.
Jamais ou n’avait TU de manifeatation
semblable à celie qui vient de ae produire,
vers sept heures du soir, sur les grands
boulevards.
Pins de trois mille femmes, en ordre par-
fait, la plupart ouvrières fort convenables,
ont défilé en chantant la Marseillaise ou an-
tres chants patriotiques.
Elles ne priaient pas : « A Berlin t » mais
elles poussaient le cri de : * Vire L France U
Beaucoup de spectateurs pleurs lent.
GomimWs
y—-TT**^*!b
Officiels
Paris, 4 août, 14 h. 30
L’ambassadeur d’Allemagne a ré-
clamé hier ses passeports et a
quitté Paris après avoir déclaré la
Guerre à la France.
On annonce que dès l’ouverture
des hostilités les Allemands ont fu-
sillé SH. Samain, président du Sou-
vènir Français en Alsace.
Une fusillade a eu lieu aux avant-
postes cette nuit.
Un croiseur allemand en Méditer-
ranée a lancé quelques obus sur
Bôna et Phiiippeviilé. Les Dégâts
sont de peu d’importance.
Salué parlés applaudissements de
la Chambre des Communes anglai-
se, le ministre de3 affaires étran-
gères, Sir Edward Grey a fait une
déclaration qui se résume dans la
double affirmation que la flotte an-
glaise garantit la France contre la
flotte allemande et que la Grande
Bretagne, appelée par le roi des Bel-
ges se prononce très fortement pour
la neutralité de la Belgique, a ajou-
té que la neutralité étant violée,
l’Angletèrre devait user de toutes
ses forces pour la faire respecter.
En conséquence, ta mobilisation
Sattççt la mobilisation de l’armée
anglaises auraient Heu à minuit.
L’armée allemande a violé la neu-
tralité des territoires hollandais et
beiges dans la journée d’hier.
Le curé de Moinevilla a été fu-
sillé par des soldats allemands.
En Russie, la mobilisation s’opè-
re sur tout le territoire de l’empire
avec un ordre parfait et un merveil-
leux élan patriotique.
I,J\. GUERRE
FMiCO - ALUEBAIBE
La D&larationde Guerre
de l'Sileinape à ia France
L’Ambassadeur, H. de Sehoen, demande
ses Passeports
Paris, i août, matin.
FA. de Sehoen, ambassadeur
d’Allemagne à Paris, a demandé
ses passeports.
II a ensuite remis au Gouverne-
ment français une note déclarant
que le Gouvernement allemand se
considérait comme en état de
guerre aveo la France. {Havas.)
La Corasalta ils I. Viviani
aise M. de SCIIÜSO
A 5 h. 45 du soir, M. de Sehoen, ambas-
sadeur d’Allemagne à Paris, s’est rendu au
ministères des affaires étrangères.
Il a été reçu par M. Yiviani, président du
Conseil et ministre des affaires étrangères,
en présence de M. de Margerie, directeur
politique.
M. de Schoen s'est montré très ému.
Il a commencé par dire qu’il constatait
avec le plus vif regret i’échee de ses efforts
qui avaient eu pour but, pendant de nom-
breuses années, d’améliorer les relations
de ta France et de l’Allemagne.
Il a déclaré avoir consacré à cette oeuvre
le plus grand dévouement et la plus sincère
activité.
II a ajouté éprouver une grande douleur
à constater que sa situation à Paris était
devenue impossible.
Son gouvernement l’avait chargé de dé-
cia er au gouvernement de la République
que des aviateurs français avaient survolé
la Belgique, que d’autres aviateurs fran-
çais avaient survolé l’Allemagne, fait tom-
ber des bombes jusqu'à Nuremberg, et que
; qes,faits constituaient un acte d’agression,
- de violation du territoire allemand.
Le passage des aviateurs français et leurs
actes au-dessus de la frontière al lemande
et belge obligeaient l’Allemagne, a dit for
mellement l’ambassadeur,
à se déclarer en élat de giu-rre avec la France
M. de Schoen a ensuite dit qu'il tenait à
porter à la connaissance du président du
Conseil un fait d’ordre personnel.
Comme il se rendait au ministère, deux
individus étaient montés sur le marchepied
de son automobile et l’avaient injurié.
M. Yiviani et M. de Margerie ont écouté
en silence les déclarations de l’ambassa-
deur d’Allemagne.
Lorsque M. de Schoen eut terminé, M.
Viviani a répondu qu’il était entièrement
faux que des aviateurs français eussent
survolé l’Allemagne et la Belgique et fait,
tomber des bombes.
Il a rappelé à M. de Schoen que, dans la
note qu’il lui avait remise hier, le gouver-
nement de la République avait protesté
contre la violation du territoire français, à
laquelle s’étaient livrés, en plusieurs en-
droits, des détachements allemands, com-
mandés par des officiers allemands, et con-
tre le meurtre d’un caporal français.
11 lui a rappelé que, de plus, le gouver-
nement français, dans le nul d’éviter des
incidents de frontière, avait donné l’ordre à
ses troupes de rester à dix kilomètres de la
frontière allemande, que des détachements
allemands, s’étant livrés à des actes d’a-
gression sur les Iroupes.françaises, avaient
franchi cet intervalle de dix kilomètres et
pénétré jusqu’à onze kilomètres en territoi-
re français. Ces faits-là étaient précis,
exacts,-incontestés, et constituaient nette-
ment une agression allemande sur territoire
fiançais.
M. de Schoen, toujours extrêmement
ému, a pris congé de M. Viviani et de M.
de Margerie, qui l’ont conduit jusqu’au
perron du ministère des affaires étran-
gères.
L’ambassadeur d’Allemagne salua à plu-
sieurs reprises le président du Conseil et le
directeur politique des affaires étrangères.,:
Puis ii monta dans l’automobile qui le ra-:
menait à l’ambassade d’Allemagne.
Immédiatement après cette entrevue, M.
Viviani a fuit télégraphier à M. Jules (jam-
bon, l’ambassadeur de France à Berlin, et
l’a chargé de demander immédiatement ses
passeports au gouvernement allemand et de
consigner dans une note que M. Cambon
remettrait, en même temps que sa demande
de passeports, la protestation de la France
contre la violation du Luxembourg, occupé
par l’Allemagne sous le prétexte que la
France avaiü’intenlion d’envahir le Luxem-
bourg. M. Viviani a invité également notre
ambassadeur à Berlin à protester contre
l’ultimatum envoyé à la Belgique, par le-
quel le gouvernement impérial demandait
des facilités pour des opérations militaires
en territoire belge, operations qui étaient
« dirigées contre la France », parce que,
d’après le gouvernement allemand, la Fran-
ce avait l’intention d’occuper Namur et
d’autres endroits du territoire belge,
M. Cambon quittera Berlin aujourd’hui.
L’Allemagne a donc déclaré la guerre à
la France le 3 août, à 5 h. 45 du soir.
tVOVAE OFFlCttSSjg.JE
L’ambassadeur d’Allemagne a remis au
gouvernement français une note dans la-
quelle son gouvernement l’avait chargé de
déclarer à la France qu’il se considérait
comme en état de guerre.
L’ambassadeur d’Ailemagne n’a invoqué
que des faits mensongers pour donner une
raison à la détermination de son gouverne-
ment. entre autres que quelques aviateurs
français auraient survolé Nuremberg.
le Départ de MassaÉai
d’Allemagne
Depuis 8 heures du soir, à Paris, la rue de
' Lille, entre le boul vartl Saint-Germain et la
rue de Snlf. rmo, était herméuquement gar-
dée aux d JOX bouts.
La grande porte d* assaJe est ouver-
te à deux battants. Toute la coor est som-
bre. An fond seulement, ia marquise de
verre est illuminée. La cour est pleine de
voitures sur lesquelles on lit : « Service des
chemins de fer de l'Etat. » Sur le siège de
chaque voiture, un gardien de la paix est
assis à côté du conducteur, Dans l’obscurité,
une foule s’agite. Tous les rangs sont confon-
dus : les serviteurs, la livrée, ies membres
de l’ambassade.
Les uns après les autres, les omnibus atte-
lés de chevaux sortent et prennent à droite,
du côté dé la Concorde. Le désarroi est
grand. On sent qu’une nouvelle imprévue a
surpris tout le monde et bâté l’heure du dé-
part, que l’on croyait plus lointaine.
L’ambassadeur sort le dernier vers 9 h. t/2
dans une voitnre automobile. Ses- cheveux
blancs le trahissent snr le fond de la voiture
où il s’entonca. Bien que la rue soit vide, d-
toutes les fenêtres des mauons qui font laite
on regarde. C'est un soulagement universel.
Dimanche dernier, l'ambassadeur d’Abema-
gue n'a pas parcouru moins de quatorze fois
la rue de Lille dans toute sa longueur, eu se
dirigeant du côté du palais d’Orsay.
Le sentiment général était qu'il cherchait
une injure ou un outrage ; mais ia po ice
n’était pas seule à veiller. Pans n'a pas per-
mis que la f .U't* irreparab'e sût commise.
. *%
Le* voUur—i's'engage it snr le qnal d’Or-
say, sc dirigent vers l'Etoile par les a* nues
Marceau et des Champs-Elysées, travftcaçnt
l’immense place où des gronoes s'empres-
sent autour des vendeurs cb-joui naux M ‘S,
là, nul ne so doute que c'est l'exode défi fieu
de l’ambassade allemande dont ie ch ' va.,
tout à l’heure, suivie dans son auioiuouiie
le même chemin.
Aussi inaperçue d’ailleurs va passer l’arri-
vée des voiture, à la gare du B>is-de Bo do-
gue, choisie pour ie départ. La p me. main-
tenant, tombe à torrents. Daus ie ha
n Ta;e circulent. En bas,:-devant le quai de
ia voie, longeant le boulevard Lamies, un
train est sous pression. Entraxes fourgons à
bag ges accroches a chaque cxtrémi é, trois
longs w gons de première cl -sse et on wa-
gon-salon le composent exclusivement. Et
pendant un long moment c’est le si enoieux
empressement du d-ipart. Tandis que ta do-
mesticité surveille l’embarq .ement dès ba-
gages dans 10s fourgons, les membres ae
i umbtïsade et leurs f mUes se di,posent
pour le voyage. Sur le quai, deux représen-
tants do la direction des enamius de ter de
l'E'at vont et viennent, adressant une (Lr-
niô-e recommandation aux employés qui
vont accompagner le convoi.
To >t est prêt maintenant pour le départ.
Li-liaut, devant la gare, une uouvebe au-
tomobi e vient de s’arrêter. Deux hommes
en d .-sceodont.
C’est l’arabassadenr d’Allemagne et son
premier secrétai: 0,
M. William Martin, chef du protocole, les
attend à l’cntree du ho 11.
Et tous les trois, après l’échange d’on
simple salut, se dirigent vers l’escalier con-
duisant au quai, arrivent devant le w gon-
saion auprès duquel se tiennent les repré-
sentants de la Lompagnie’deu’Eut.
M. de Schoen, son premier secrétaire et
M William Martin sont arrêtés m intenant
devant la portière ouverte uu wagon-sa‘on.
Un lourd siionc-) impressionnant, q .e
tr >uble seulement le halètement de la ma-
chine et aussi le bruit de l’averse qui cingle
en rafales le vitrage de la toiture, pèse sur
ce quai, où se déroule en ce moment uns
des scèaes historiques du drame engagé.
Quelques secondes s’écoulent ainsi.
M. de Schoen tend ta main à M. Wiibam
Martin.
— Je vous remercie, monsieur.
Sans un mot, M. William Martin reçoit le
serrrmeat de main
le w ,gou do il ia portière se referm -.
Un coup de siffl.-t reteniit. Le traiu s’é-
branla vers ia gare d’Aubervil fiers d où tl
doit être dirigé sur l’Allèmague par la I ou-
nè e beige.
Il est exactement 10 h. 10 du soir.
LA MORT DE M. SAMAIN
Les Allemands eut !« ! l’anciee
President ia Soaisair français
Les Allemands ont bien Jébmé.Ils ont
fusillé Alexis Samain, président du Sou
venir français en Alsace-Lorraine et em-
prisonné tous les membres du Souvenir
français.
Comme leur premier acte donne tout de
suite sa signification à la guerre 1 11 faut
que l’Alsace meure, n’est-ce pas ?
— Ou qu’elle vive française... Elle vi-
vra.
Petit-neveu de cette femme de Metz que
M Maurice Barrés, dans (Melle Baudoche.
-appelle Mlle Aubortin la France. Alexis
Samain avait fondé à Metz en '1900 une
Société de gymnastique la « Lorraine spor-
tive ».
La création de cette Société déplut vive
ment aux autorités. L’uniforme des gym-
nastes groupés par Alexis Samain avait un
aspect trop français.
La « Lorraine sportive » donna un grand
concert à l’hôtel Terminus de Metz ie 8 jan-
vier 1911. Conformément à la loi allemande
les invitations avait été faite par écrit. Deux
personnes se trouvaient réunies. A peine
le concert avait-il commencé qu’un com-
missaire de police pénétrait dans ia salle et
ordonnait aux exécutants de cesser de
jouer.
Alexis Samain expliqua au commissaire
que la réunion était privée et le pria de
vider les lieux. La musique salua la sortie
du trouble-fête par la marche de Saoibrs et
Meuse.
A la suite de ces incidents. Alexis Sa-
main fut arrêté. On l’accusait d'avoir incité
la foule à la rébellion contre la force ar-
mée. Cette mesure causa une vive indigna-
tion à Metz.
Les autorités se résignèrent à meure Sa-
main en liberté- Bientôt Alexis Sainaisi et
la « Lorraine sportive » étaient mêlés à un
autre incident. La « Lorraine sportive *' et
son président sont mis en accusation, On
leur reproche d’entretenir une agitation
subversive. Alexis Humain est condamné à
six semaines de prison.
Le il décembre 1911, Alexis Samain et
son frère Paul se trouvaient de nouveau
impliqués dans une grave affaire Bris à
partie par un sergent nomme Maasch, dans
une rue de Mèiz, Paul Samain lut attaqué
par lui. Alexis Saulain, voaiant iniervenir,
lut renversé d’un coup de poing. Aiors.i uu
de ses amis, uommé Martin, fit feu sur le
sergent'et le tua.
Les deux frères Samain furent arrêtés.
Enfin on reconnut qu'ils n’étaù'ot pour rien
dans la mort de M iî'S<;h. Le ii mars sui-
vant iis étaient acquittes.
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