Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-07-23
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 juillet 1914 23 juillet 1914
Description : 1914/07/23 (A34,N12037). 1914/07/23 (A34,N12037).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172204j
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
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La Vie Artisliqne et Littéraire
Le Calvaire des Statues
Aes fantaisies et les injustices du sort
s’acharnent à poursuivre les gens même
lorsqu’ils ne sont plus.
Il y a des effigies auxquelles la destinée
fit payer deux fois le luxe de la célébrité.
Il y a des gloires éteintes qui n’ont même
fias la faveur de dormir en paix.
Les inégalités et les tribulations n’épar-
gnent pas le monde des statues. Certaines
ü’ont qu’à surgir pour trouver aussitôt une
lionne place, désir respectable que les hom-
mes de bronze et de marbre ont d’ailleurs de
commun avec les hommes de chair et d’os.
Mais il en est d’autres aussi, livrées à
tous les caprices des esprits, à tous les
'aléas des choses, et qui, ballottées par les
événements, livrées au flot des opinions, à
la houle des parti-pris,, désespèrent de lou-
cher enfin le rivage de paix.
Simple image au reste. L’homme de
bronze en instance de socle ignore, à vrai
dire, cës émois ambulants. Il demeure
plutôt dans la demi-nuit d’un magasin qui
ressemble terriblement à un « débarras ».
L’oubli, insensiblement, le prend et l’en-
veloppe. La'poussière met une patine bien-
faisante sur l’amertume de sa détresse. Les
hommes de bronze ne parlent pas, heureu-
sement. Ils diraient trop de mots cruels
sur l’ingratitude des vivants. Mais ils
rêvent sans doute, et leurs rêves doivent
être faits d’une haute philosophie indul-
gente et résignée.
Un des nôtres attend ainsi depuis des an-
nées ques’acquiltent les dettes du souvenir
envers sa mémoire illustre.
Je suis allé un jour lui faire visite.
C’était dans l’intimité d’une baraque eu
planches, dans un coin de chantier. Le
vieux soldat, étendu sur le dos, semblait
jdormir dans le grand silence du lieu. Vers
la toiture, il levait un bras cependant, un
bras qui devait, en attitude normale, indi-
quer à ses troupes la venue de l’ennemi.
iLes choses avaient changé. L’amiral mon-
trait maintenant un angle de sà prison où
tes araignées delà solitude tissaient des
ftoiies symboliques..,
Et les Havrais semblaient bien avoir ou-
blié tout à fait le défenseur et le patriote,
qui peut-être, an jour, auraient éul’âiâë
M’un héros.
Les souvenirs se sont réveillés, et voici
kjue l’on songe aujourd’hui à drésser le
Sbronze. La gloire qui résume de fortes
^vertus a évidemment la vertu de la patien-
ce. Elle sait attendre.
| Il sut être patient, lui aussi, le doux
poète dont on inaugurait, ces jours-ci, la
"statue à Lyon.
; Sa mémoire dut accepter d’autant plus
'aisément tant d’attermoiemeuts et tant de
^retards qu’il affectait de fuir le bruit et les
honneurs. Sa sensibilité aimait à se réfu-
gier dans l’intimité de sa retraite. Il y
nourrissait une émotion discrète, une sorte
fie pudeur et de bonne grâce familière qui
le tinrent toujours à l’écart des manifesta-
tions bruyantes et tirent que sa pensée poé-
tique l’éloigna des périodes tumultueuses
et des images excessives du romantisme.
Il s’appelait Prudhomme, et l’on conte
que des amis le vinrent trouver, au moment
fie la publication de son premier livre, pour
le dissuader de le signer de ce nom.
C’était l’époque où Henri Monnier avait
glissé dans la comédie caricaturale des
bourgeois de son temps une silhouette sa-
voureuse êt bouffonne, celle de M. Pru-
fihomme expert en écriture.
Le poète s’alarma. Il répugna infiniment à
prendre un pseudonyme « pour un motif si
peu élevé ». Il finit pourtant par s’y résou-
dre. Et c’est de ce jour qu’est né Sully
Prudhomme.
« L’histoire est curieuse, a-t-il écrit lui-
même. Ce prénom avait été donné à mon
père dès son enfance, je ne sais pas pour-
quoi. Il mourut quand j’avais deux ans, et
ma mère, qui avait la chère habitude de ce
prénom, me l’a transporté pour ne la point
perdre. Voilà comment je suis appelé de-
puis mon enfance moi-même Sully, pseu-
donyme naturalisé vrai nom par un long
usage ».
Or, des admirateurs et des disciples ont
eu l’idée de rendre hommage à la mémoire
du délicieux poète des Stances eh élevant
sa statue au regard des foules.
Il fut question de la mettre dans Paris,
au square Louvois, d’abord, puis dans le
campo santo du Luxembourg, où elle de-
vait voisiner avec les ombres de Murger,
de Banville, de Ratisbonne. Cet asile lui
fut refusé.
Sully Prudhomme dormait depuis quel-
que temps dans les caves du Grand-Palais
quand la ville de Lyon se souvint que le
poète né à Paris avait passé à Lyon une
grande partie de sa jeunesse... Sully Pru-
dhommô y est revenu, ces jours-ci, pour y
demeurer à jamais.
A jamais? Le sait-on absolument ? Les
statues qui ont parfois tant de mal à naître
meurent parfois aussi avec une facilité re-
marquable. Il suffit d’un vote, d’un doigt
levé. Et peut-être est-il sage qu’il en soit
ainsi.
D’abord parce que l’espèce s’en propage à
notre époque avec une abondance ridicule
et que les célébrités de clocher, coulées
dans le bronze ou dans la fonte économique,
peuvent renouveler assez souvent l’agré-
ment d’un panorama.
Puis, parce qu’il est bon de ne pas décou-
rager les jeunes sculpteurs en leur mon-
trant toutes les places de France envahies
par les grands hommes.
Mais un poète aussi subtil, aussi retenu,
aussi replié sur lui-même que Sully—
Prudhomme n’eut point gardé rancune à
ses contemporains de l’avoir dispensé de
cet honneur et aussi de cette suprême
épreuve.
Son véritable monument, le plus élo-
quent, le plus précieux, le plus digne, ses
lecteurs Pont élevé pour lui. Il est fait de
toute» les -émot ions n uattcées de toute - la.
haute sagesse que le joueur de lyre a dé-
versées dans les âmes, de toute la délica-
tesse d’uu rêveur qui craignit, eu s'aban-
donnant au vertige du lyrisme, de compro-
mettre la sincérité de son attendrissement...
L’effigie n’est que le vase brisé par où
s’égoutte le subtil parfum. Le meilleur
souvenir de l’artiste demeure pour toujours
dans son oeuvre.
ALBERT-HERRENSCIIMIDT.
Le Différend Austro-Serbe
Les dernières dépêches de Vienne mon-
trent qu’une inquiétude grave a été créée.
La remise de la note autrichienne à la
Serbie n’est pins qu’une question de minu-
tes.
Dans cette note, disent les dépêches, l’Au-
triebe va exiger le droit de poursuivre en
territoire serbe son enquête sur le crime de
Serajevo ; elle va exiger encore des mesures
sévères à la frontière serbe et la répression
de toute propagande en faveur de la « Grande
Serbie ».
Le gouvernement de Belgrade est fort heu-
reusement conduit par un hoxnme habile et
ferme, ’M. Patritch, qui saura sans doute
faire comprendre au comte Barchiold que
ses exigences sont une atteinte aux droits
d’un état souverain.
LES TOASTS
DE PETERHOF
: Nous ne voudrions pas dire que le
président de la République et le tzar
n'ont pas le sens de Vactualité, mais
il faut bien avouer qu'ils risquent
d’être peu entendus en parlant de
Peterhof pendant que de la Cour
d’Assises de la Seine montent les ru-
meurs du procès de Mme Caillaux.
Légèreté ou non, nous sommes ainsi
faits que tout passe au second plan
devant un pareil événement parisien !
Essayons cependant de nous élever
au-dessus des passions de toutes sortes
que le drame du Figaro réveille par-
mi nous et songeons, pour un instant
au moins, aux destinées de notre pays
et de l’Europe tout entière qui ont
été évoquées dans les toasts solennels
de lundi dernier.
Toasts solennels certes, mais non pas
sensationnels et nous nous en Jélici-
lons car les paroles retentissantes qui
tombent de bouches augustes ne sont-
trop souvent que paroles inquiétante#,
pour la paix du monde.
Le tzar et le .président de la Répu-
blique ont d’abord rappelé, en quel-
ques phrases heureuses, l’un après l’au-
tre, les grands services rendus par
l’alliance déjà vieille de près d’un
quart de siècle ; exactement de vingt-
trois ans. Ce sont ses noces d’argent,
avant la lettre, qui ont été célébrées
officieusement t
Quand on jette un regard en arrière,
on doit se réjouir, en effet, que l’Al-
liance ait atteint un de ses objectifs
essentiels, le rétablissement de l’équi-
libre en Europe, Il y a vingt-cinq ans,
VAllemagne toute gonflée encore de
ses victoires de I8JI et flanquée de ses
satellites, l'Autriche et l’Italie, pouvait
se croire l'arbitre des destinées de
l'Europe ; le fameux o Deutschland
über Ailes » (l’Allemagne au-dessus
de tout) avait encore quelque vraisem-
; blance.
Sans doute l’empire allemand a con-
servé T Alsace-Lorraine, gage de ses
anciens triomphes, mais c’en est fait „
dp sa suprématie. Désormais la Triple-
IStiftcnte que V Alliance a préparée fait
contrepoids à la Triple-Alliance et don-
ne aux Etats européens à la fois
l’obligation et la garantie de se trai-
ter sur pied d’égalité. Et tandis que
l’hégémonie allemande baissait, le pres-
tige moral de la France n’a cessé de
sè relever pendant ce quart de siècle.
Le second thème des discours de
PeterhoJ a été le maintien de là paix
— et avec une insistance telle que le
monde ne peut pas douter des inten-
tions pacifiques des deux gouverne-
ments,
Sans doute le tzar a déclaré que
cette paix « était consacrée par la plé-
nitude de la force » des deux pays, et
le président de la République a ajouté
que « la volonté pacifique des deux
gouvernements était appuyée sur les
armées de terre et de mer », mais
c’est là tout ; nulle allusion à la
« poudre sèche » pu à l’« épée aigui-
sée » qui donnerait un air de menace
à la réorganisation militaire qui se
poursuit dans les deux pays.
A ce propos, il nous faut retenir
une communication du Matin, qui joue
souvent le rôle d’un organe officieux
du gouvernement russe, et d’après la-
quelle là Russie se rend compte que la
France ne peut pas « enrôler un soldat
de plies » et est résolue de y se char-
ger toute seule, dès maintenant, de
neutraliser tout nouvel effort d’aug-
mentation d'effectifs que l’Allemagne
voudra faire ». « Si l’Allemagne aug-
mente ses effectifs de cinquante mille
hommes, ajoute le Matin, la Russie
augmenterait les siens du double ou
du triple, »
Nous ne pouvons que nous féliciter
que l'on arrive enfin à cette concep-
tion militaire de l’Alliance ; que la
France donne, pour la défense com-
mune, son génie, son or, l'entrain
peut-être sans égal de ses troupes,
rien de mieux ; mais quand il s’agit
du nombre, c’est de toute évidence
dans l’intqj'issable réservoir d’hommes
qu’est la Russie qu’il faut puiser.
Souhaitons d’ailleurs que cet effort
militaire fuit de part et d’autre ne
serpe en effet qu’à « assurer la paix ».
Ce voeu n’est peut-être pas hors de
propos, car, si nous sommes convaincus
de la sincérité pacifiste des deux al-
liés, nous ne sommes pas sans inquié-
tude sur ISS agissements de l’Autriche
qui recommence à prendre à partie la
Serbie, à la suite du drame de Sara-
jevo. ' ^ —r «i» r ,.R
CASPAR-JORDAN.
La Crise de TUlster
U CONFÉRENCE DU « HOME ROLE »
Discours du roi George
A la première séance de la conférence da
Il >me Raie, qui a eu lien mardi et dont les
délibérations sont secrètes, le roi George a
prononcé, en ouvrant les travaux, nue allo-
cution dont a été communiqué le texte. Le
souverain s’est exprimé ainsi :
« Mon intervect on à cette heure peut être
considérée par certains comme nne innova-
tion, mais les circonstances exceptionnelles,
à propos desquelles vous êtes appelés ici,
justifie mon action. Depuis des mois, nous
observons avec de protondes appréhensions
la marche des événements en Irlande. Cette
marche s’est graduellement dirigée vers un
appel à la force, et aujourd’hui de cri de
« guère# civile » est sur les lèvres de cer-
tains de mes sujets les plus pondérés d’es-
prit. Y
» Nous nous sommes efforcés dans le.
passé d'être pour ie monde un exemple de
civilisation et, pour moi, comme d'ailleurs
pour vous, j’imagine, il est incroyable que
nous soyons arrivés an point d’une lutte fra-
tricide sur des sujets en apparence si suscep-
tibles d’accommodement que ceux dont
vous avez maintenant à vous occuper, si on '
les envisage dans nn esprit de généreuse
conciliation.
» Les appréhensions qne me font éprouver
la pensée d’un tel conflit sont d’autant plus
grandes-qne je suis profondément attaché à
1 Irlande et que je sympathise avec un peuple
qui m’a toujours accueilli avec des marques
de chaleureuse affection.
» Messieurs, vous'représentez tons, sous
des formes diverses, ia vaste majorité de
mes sujets. Vous avez aussi un intérêt pro-
fond pour mes possessions an-delà des mers
qui sont tout aussi désireuses que la métro-
pole de voir intervenir promptement an ac-
cord amical.
» Je vous considère, dans cette question,
comme garants da l’honnenr et des aspira-
tions de tous. E i réalité, vos responsabilités
sont lourdes. Le temps est court et vous l’u-
tiliserez, je ie sais, ie mieux possible. Vous
vous montrerez patients, honnêtes et conci-
liants, en considération de l’importance des
intérêts en jeu. »
Les conservateurs et les ulslerman veulent
que la région qni jouira de l’autonomie
coo.prenne tOnt ï’Ulsier ; tes libéraux et les
nationalistes irlandais veulent qu’elie ne
comprennent que les comtés où les orangis- ,
tes sont en majorité ; il y en a quatre.
La conférence s’ést ajournée.
ff Gin irai M tes
TROISIÈME AUDIENCE
DÉCLARATION DU PROCUREUR GÉNÉRAL
Les Documents diplomatiques du «Figaro»
contre M. Caillaux étaient des faux.
Les témoins de l’accusation et de la défense déposent tour à tour.
Mma Caillaux chez l’armurier. — Les jurés essayent le revolver.
IMPRESSIONS D’AUDIENCE
Paris, 22 juillet.
An commencement de la séance, le pro-
cureur général Herbaux délivre an certificat
de loyalisme à M. Caillaux. Un incident se
produit entre Me Chenu et M® Labori ; puis
après la déposition de M. Prestat, nouvel in-
uidcot cuire Chenu «t M. Caillaux. AC8
moment, nn rayon de soleil entre dans le
prétoire. Après les torrents d’eau de ce ma-
tin, c’est tout l’émerveillement de l'été qni
vient donner des distractions à l’assistance.
Le président Albanel rêve de villégiature
lointaine, et nous partageons tous son rêve,
cependant qne la voix enrouée de M. Cail-
laux nous parle de la Hongrie et du rôle do,
Figaro dans cette affaire.
Cette tactique d’attaque continuelle est ir-
ritante. Défendez vous, mais n’attaquez pas.
Ces hommes politiques décidément sont de
piètres psycholoques. Il était si facile de ra-
conter simplement an jury les transes d’une
femme aimante, troublée dans son loyer,
affolée par une campagne qu’elle ne com-
prend pas, petite bourgeoise, qui prend an
revolver et tue poar sauver l'homme qu’elle
aime. Un jury parisien ne résiste jamais à
une histoire sentimentale, bien contée par
an homme du talent de M. Caillaux.
Le défilé des témoins recommence. M. Der-
vilier étonne fort l’assistance quand il ra-
conte la leçon de tir q n’à prise Mme Cail-
laux chez Gastinne-Reaette, deux heures
avant 1# crime. La princesse Estradèreexcite la
curiosité générale mais la déçoit rapidement.
"Eh femme d’esprit et qui connaît la vie, elle
ne veut rien dire, peut-être parce qu’elle ne
sait rien.
Après nne suspension d’andience, on en-
tend une dame, Mme Chartran, qui n’a rien
vu, rien entendu ; puis M. Isidore de Lara,
musicien réputé, qui fut l’ami de Caimette
et entretint aussi d’excellentes relations avec
Mme Caillaux. M. Isidore de Lara nous révè-
le que Caimette offrit 30,000 francs à Mme
Estradère pour rencontrer Mme Gueydan
chez cette dame,
M. Pierre Mortier, directeur dn G il Bios,
succède à M. de Lara. Blond et rose, un pen
ému, très sympathique, un léger défaut de
prononciation dans ia bouche, M. Pierre
Mortier parle avec feu. 11 estime qne rien
n’est plus déshonorant pour un journaliste
que de publier des documents intimes. On
est venn loi.offrir de combattre M.Caillaux
dans le GU Bios, il a refusé Louons M. Pier-
re Mortier de ne pas avoir consenti à abais-
ser son journal anx besognes de basse polé-
mique, mais reconnaissons qu’il ne nous a
rien appris non plus et que malgré toute son
indignation contre les procédés de Caimette,
il n’arrive pas à excuser l’assassinat. Il y a
en faute, c’est évident, mais le châtiment
reste hors de proportion avec l’acte commis.
On cravache un ennemi qui use de moyens
déloyaux, on ne le tue pas.
D’autres témoins viennent dire quelques
mots sans importance. M. Caillaux leur ré-
pond. Mais qui est donc l'accusé ? Mme Cail-
laux demeure impassible à son banc, Pair
absent. Les spectateurs se demandent pres-
que ce qn’elle tait là. M. Caillaux est seul en
cause, M. Caillaux se défend, M. Caillaux ri-
poste, M. Caillaux attaque. C’est M Caillaux
qui sera condamné oa acquitté samedi.
Et qui donc préside? M. Aibanet reste
muet à sa place. Da temps à autre M* Chenu
pose une question précise, M» Labori pro-
teste on se fâche. Mais le président imite le
silence prndent de Conrart. Peut-être a-t-il
raison et est-ce là la meilleure façon de finir
pins vite.
On entend encore MM. Painlevé et Abel
Bonnard. On pourrait entendre cent person-
nes que nous n’apprendrions rien de plat
qne ce que toas les journaux ont répété. Le
problème reste entier. Pourquoi Mme Cail-
laux a-t-elle tué? A-t-elle prémédité son
crime ?
A cinq heures et demie, l’audience est le-
vée dans le calme.
T. H.
L’audience est ouverte à midi.
Les Docnmeiïts dip!omaliqa; s
Le président t Monsieur le procureur gé*
•aiéral, vous avez la parole.
Le procureur général : Anx observations
que j’ai présentées à ia fin de l'audience
d’hier, au sujet, de ia déposition d’on témoin
visant M. Caillaux, je suis en mesuré d’ajou-
ter quelque chose de pins précis et qui, j’en
sais convaincu, dissipera toute équivoque.
Je Suis en effet autorisé par ie gouvernement
à vous faire la déclaration suivante :
Les pièces qui ont été remises à M. le prési-
dent de la République ne sont que de prétendues
copies de documents qui riexisUnt pas et q a
riont jamais existé. On ne peut donc en aucune
façon tes invoquer en vue de porter atteinte à
l’honneur et au patriotisme de M. Caillaux.
Me Labori : En ce qui me concerne, je
considère l’incident comme clos, Monsieur
le président.
Double Intervention de
M“ Chenu et de IVI° Labori
M8 Chenu . L’incident, en effet, est clos ;
il est clos à la satisfaction de M. Caillaux,
pas à la mienne. Je ne puis, en effet, consi-
dérer l’incident d’hier comme nne superbe
diversion, superbe d’habileté de la part de
M. Caillaux, superbe d’éloquence grâce aux
véhémentes apostrophes de M* Labori, mais
diversion seulement. 11 a plu, en effet, à M.
Caillaux, de venir ici devant la Coor d’assises
de la Seine greffer un procès politique sur
un procès de droit commun, qui n’est que
de droit commun, et il a pris pour juge ie
jury de la Seine qui n’est pas réuni pour ju-
ger un procès politique, mais pour juger
seulement le crime d’assassinat qui est re-
proché à Mme Caillaux.
Et l’ou est arrivé ainsi, au cours de cette
nuit, dans des conditions que j’ignore, à ce
résultat paradoxal, que M. Caillaux va sortir
de cette audience avec un certificat de loya-
lisme natiçinal, car à l’occasion de pièces que
personne ici ne connaît que lui, queperson-
Dernière Heure j
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
I.OMHSES. 22 Juillet. Dépêche ie 4 h. 30
TON COURS HAUSSB BAISSE
CUIVRE >: "
Comptant.. , *60 7 6 -/- 2/6
8 mois.....) *60 15/- -/- 3/9
ETAIN
Comptant .* 143 10/- 10/- -/-
3 mois calme 1145 t0/_ -/-
FER
Comptant. . caime 51/3 l d
JB mois ' 6i/7 % 1 d % -/-
Prix comparés avec ceux de la deuxieme Bourse
du 21 juillet 1)H.
NEW-YORK, 22 JUILLET
Cotons t juillet, baisse 1 point ; août,
baisse 2 points ; octobre, hausse i point ;
janvier, baisse i point. — Soutenu.
Calés < baisse 10 à 14 points.
NEW-YORK, 22 JUILLET
e. n ion t. puenut
Cuivre Standard disp, 13 37 13 37
— septembre.... 13 37 13 37
Amalgamât. Coj»... 69 5 8 69 5 8
ï'er." 14 75 14 75
CHICAGO. 22 JUILLET
C. DU OUR C. PRBGEIi
Blé far Septembre 80 3 4 79 7/8
_ Décembre 83 7 8 82 3 4
Maïs sur..... Septembre 68 1 4 67 7/8 -
— ..... Décembre 67 1 2 66 7/6
lalBéou iar. Septembre 1010 10 16
Octobre..! 1915 1 10 15
IAE VOYAGE
du Président de la Eêpnblique
EN RUSSIE
M. Poincaré à Peterhof
PETERHOF. — Le déjeuner offert par Nico-
las Il au Palais de Peterhof en l’honneur des
officiers de l’escadre française, a été donné
dans la grande salle blanche du palais et
servi sur onze petites tables de douze cou-
verts chacune et ornées de fleurs aax cou-
leurs françaises.
L’empereur et M. Poincaré ont pris place
à la même table. Le président de ia Répu-
blique était assis â la droite et M Viviani à
la gauche de l'empereur. M. Goremybine,
président du Conseil de Russie, était près de
M. Poincaré.
L’amiral Lebris, les ministres des affaires
étrangères et de la marine de Russie ; le
comte Frieddericksz, ministre de la cour im-
périale ; l’ambassadeur de France et ie mi-
nistre de Roumanie étaient également assis
à cette même table.
PETERHOF. — Au cours de la visite que le
président de la République a faite hier ma-
tin à l’empereur et à l’impératrice, il a remis
au grand-duc héritier Alexis le grand cordon
de la Légion-d’Honueur.
La Grande Levas
KRASNOIE SELO. — Hier après-midi, l’empe-
reur, l’impératrice, leurs entants, le pr .ai-
dent de la République, les grands-ducs et
les autres membres de la famille impériale
se sont rendus au camp de Krasnoie-Selo où
se trouvaient réunis 60,000 hommes.
L'inspection a doré une heure et demie.
Pendant ce temps, M. Viviani s’est longue-
ment entretenu avec les ministres.
Quand la visite a été terminée, le cortège
s’est arrêté devant la tente Impériale. L’em-
pereur s’est placé à quelque distance de Feu-
trée et a reçu le rapport du sergent des pre-
mières compagnies des régiments présents,
dites compagnies de l'empereur.
Plusieurs officiers se sout avancés vers
l’impératrice et loi ont remis le rapport écrit
des régiments portant son nom.
Cette remise a été suivie d’une demi-heure
de repos au cours de laquelle des orchestres
se sont fait entendre.
Cinq aéroplanes ont volé an-dessus du
camp.
A 6 heures et demie a eu lieu l’imposante
cérémonie de la prière du soir.
Cette cérémonie n’a duré qne quelques
minutes.
Le tzar, le président et les membres de la
familie impériale ont alors quitté le camp.
*
* *
M. Poincaré a dîné chez le Grand duc Ni-
colas, puis il a assisté à nne représentation
donnée au théâtre de Krasnoie Selo.
Les Toasts du Tzar et de M. Poincaré
KRASNOIE SELO. — On s’entretient dans les
cercles franco-russes da la phrase des toasts
du diuer de gala de lundi dans laquelle les
deux chefs d’Etat ont dit que la double
alliance s’appuie sur des amitiés com-
munes.
C'est effectivement la première fois qne
dans les toasts prononcés par l’empèreur de
Russie et le président de la République fran-
çaise, il est ainsi fait allusion à l’amitié de
l’Angleterre et cette allusion, malgré sa dis-
créiion, est relevée comme marquant l’en-
trée dans une nouvelle phase de ia double
alliance.
Représentation de Sala
KRASNOIE-SELO . — Rompant avec la tradi-
tion qui veutquel'empereur et l’impératrice,
le jour de la Z ma, dînent en famille, dans
l’intimité, les souverains ont tenu hier soir,
en l'honneur do M. Poincaré, â assister avec
leurs filles les graades-duebesses Olga et
Tatiana, au dîner oflert par le grand-duc Ni-
colas.
A l’issue dn dîner, l’impératrice est ren-
trée à Saint-Pétersbourg.
Le tzar et M. Poincaré ont assisté au théâ-
tre du camp à une représentation de gala.
Ls ont pris place an premier rang des fau-
teuils d’orchestre, ayant à leurs cotés tous
les Grands ducs.
L’avant-scèae impériale de droite, ornée de
tentures bieu clair et de dentelles,était occu-
pée par les Grandes duchesses Olga et Tatia-
na, en toilette rose pâle, avec un bouquet de
fleurs piqué à la taille, et les Grandes du- -
cbesses Maria Pavlovna, Victoria, Anastasie,
Müitzâ, Vera.Olga Afexandrovna.
A l’entrée dn tsar, de M. Poincaré et de la
famille impériale, l’orchestre a joué la Mar-
seillaise qui zélé écoutée debout par toute
l’assistance.
Toutes les places du théâtre, étaient occu-
pées par une assistance des plus brillantes
composée eu majeure partie des officiers de
Krasnoie-Selo et des dames de la haute so-
ciété en toilettes de soirée très élégantes.
Les officiers de la division navale française
avaient été spécialement invités.
Le spectacle comprenait le deuxième acte
de Lakmé, joué par les artistes des théâtres
impériaux ; ie ballet le Spectre de la Rose et
plusieurs danses exécutées par tes plus célè-
bres ballerines du corps de ballet.
Le spectacle a obtenu ie plus vif succès.
Le tsar et M. Poincaré ont souvent donné
le signal des applaudissements.
EN ALSACE-LORRAINE
STRASBOURG^ — On'annonce que le général
commandant le 15« corps d’armée a interdit
à nouveau aux soldats faisant partie du
corps d’armée alsacien, l’emploi dj la langue
française dans les lieux pub'ics.
DES AVIATEURS TOMBENT EN MER
LONDRES. — L’aviateur Louis Noël et Miss
Davies sont tombés â ia mer alors qu’ils es-
sayaient d’atterrir à Sandgate.
On a pu les sauver à temps et ramener
t leur monoplan sur le rivage.
LWAI1JPETTB
Une Manifestation
A la sortie de la Cour d’assises, une petite
bagarre s’est produite sur le Pont-Neuf, près
de la statue de Henri-IV. '
Des coups de canne ont été échangés et-
quelques personnes ont été légèrement bles-
sées. , 4
Une arrestation a été opérée, mais n a pas
été maintenue.
Eu quittant la Cour d’assises, MM. Çaillanx
et Ceccaldi se sont rendus à la Conciergerie
où ils ont eu une entrevue, avec Mme Cail-
laux, puis Us sont repartis à 6 h. 10, sans
incident.
LA PLUIE
CHAMBÉRY. — Depuis quarante-huit heures,
la piute tombe sans discontinuer en Savoie.
De nombreux torrents ont débordé.
A Modaue, le Charmaix qui a déjà causé
nn accident, a emporté ua pont, hier soir,
et a ainsi coupé la ligne de chemin de fer.
Les communications avec l’Italie sont
complètement interrompnes.
GAP. — Une trombe d'eau s’est abattue
hier après-midi sur Gap, de midi à cinq
heures.
Plusieurs rues ont été envahies par les
eaux. L’usine électrique de Saint-Firmin qni
alimente Gap a eu son canal emporté.
De nombreux pylônes ont été détruits.
La ville de Gap sera privée de lumière
pendant deux à trois jours.
UNE RAFLE
M. Valette, commissa re de police, s’est
rendu dans un établissement situé rue de
Bruxelles et a mis en état d’arrestation trente
et un individus suspects. Six de ces indivi-
dus ont été gardés. Parmi enx se trouvent
des expulsés, des interdits de séjour et un
nommé Durions, évadé depuis 1910 de la
Guvaae.
L'AFFAIRE DE L'ABBE ADAM
THIONVILLE. — Le ministère public vient
d’interjeter appel du jugement acquittant
l’abbé Adam, vicaire à Algrange. du chef
d’offense à l’armée allemande et de détério-
ration d’objets militaires dans sa cellule à
Magdebourg.
INONDATIONS EN BULGARIE
SOFIA. — Les pluies torrentielles qui sont
tombées pendant ces derniers jours ont
cansé l’inondation de certaines localités.
Jusqu'ici, on a retiré des eaux plus de
cent cadavres. _
LES GRÈVES EN RUSSIE
SAINT PÉTERSBOURG.— Dans le quartier de
Viborg, des bagarres se sont encore pro-
duites entre grévistes et agents de police.
Plusieurs agents de police ont été blessés ;
un ouvrier a été également blessé.
Derrière les barrières de New.ky, tous les
magasins ont fermé leurs portes.
Les ouvriers menacent de les démolir.
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Le Tout de France Cycliste
L’Etape Bslfort-Longwy
Voici le classement :
1. François Fa ber, sur Wolber, en 10 h. 30
m. 44 s. ; 2. Pélissier, sur Wolber, en 10 h.
34 m. 2 s. ; 3. Alavoine, sur Wolber; 4. Tliyv
sur Wolber ; 5. Rossius ; 6. Tiberghten ; 7.
Charron; 8. Duboc; 9. Kirchkam; 10. Geor-
get ; 11, La m bot et 12. Garrigou, avec la
même trmp i ; 13. B minier, en 10 h. 39 m.
17 s.; 14. Nempon ; 15. Spiessens ; 16 Petit-
jean, en 10 h. 39 m. 50 s. ; 17. Erba et Ména-
ger, en 10 h. 43 m. ; 19. Rottie, Scieur, Van?
aenberghe, Ernest Paul et Christophe, en
10h. 56 m. 59 s.; 24.Th. Bertharelli, en 10 h»,
56 m. 59 s.; 25. Dévroye.CQOmans etGuyOO,
\en il b. fim. 65 s»
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La Vie Artisliqne et Littéraire
Le Calvaire des Statues
Aes fantaisies et les injustices du sort
s’acharnent à poursuivre les gens même
lorsqu’ils ne sont plus.
Il y a des effigies auxquelles la destinée
fit payer deux fois le luxe de la célébrité.
Il y a des gloires éteintes qui n’ont même
fias la faveur de dormir en paix.
Les inégalités et les tribulations n’épar-
gnent pas le monde des statues. Certaines
ü’ont qu’à surgir pour trouver aussitôt une
lionne place, désir respectable que les hom-
mes de bronze et de marbre ont d’ailleurs de
commun avec les hommes de chair et d’os.
Mais il en est d’autres aussi, livrées à
tous les caprices des esprits, à tous les
'aléas des choses, et qui, ballottées par les
événements, livrées au flot des opinions, à
la houle des parti-pris,, désespèrent de lou-
cher enfin le rivage de paix.
Simple image au reste. L’homme de
bronze en instance de socle ignore, à vrai
dire, cës émois ambulants. Il demeure
plutôt dans la demi-nuit d’un magasin qui
ressemble terriblement à un « débarras ».
L’oubli, insensiblement, le prend et l’en-
veloppe. La'poussière met une patine bien-
faisante sur l’amertume de sa détresse. Les
hommes de bronze ne parlent pas, heureu-
sement. Ils diraient trop de mots cruels
sur l’ingratitude des vivants. Mais ils
rêvent sans doute, et leurs rêves doivent
être faits d’une haute philosophie indul-
gente et résignée.
Un des nôtres attend ainsi depuis des an-
nées ques’acquiltent les dettes du souvenir
envers sa mémoire illustre.
Je suis allé un jour lui faire visite.
C’était dans l’intimité d’une baraque eu
planches, dans un coin de chantier. Le
vieux soldat, étendu sur le dos, semblait
jdormir dans le grand silence du lieu. Vers
la toiture, il levait un bras cependant, un
bras qui devait, en attitude normale, indi-
quer à ses troupes la venue de l’ennemi.
iLes choses avaient changé. L’amiral mon-
trait maintenant un angle de sà prison où
tes araignées delà solitude tissaient des
ftoiies symboliques..,
Et les Havrais semblaient bien avoir ou-
blié tout à fait le défenseur et le patriote,
qui peut-être, an jour, auraient éul’âiâë
M’un héros.
Les souvenirs se sont réveillés, et voici
kjue l’on songe aujourd’hui à drésser le
Sbronze. La gloire qui résume de fortes
^vertus a évidemment la vertu de la patien-
ce. Elle sait attendre.
| Il sut être patient, lui aussi, le doux
poète dont on inaugurait, ces jours-ci, la
"statue à Lyon.
; Sa mémoire dut accepter d’autant plus
'aisément tant d’attermoiemeuts et tant de
^retards qu’il affectait de fuir le bruit et les
honneurs. Sa sensibilité aimait à se réfu-
gier dans l’intimité de sa retraite. Il y
nourrissait une émotion discrète, une sorte
fie pudeur et de bonne grâce familière qui
le tinrent toujours à l’écart des manifesta-
tions bruyantes et tirent que sa pensée poé-
tique l’éloigna des périodes tumultueuses
et des images excessives du romantisme.
Il s’appelait Prudhomme, et l’on conte
que des amis le vinrent trouver, au moment
fie la publication de son premier livre, pour
le dissuader de le signer de ce nom.
C’était l’époque où Henri Monnier avait
glissé dans la comédie caricaturale des
bourgeois de son temps une silhouette sa-
voureuse êt bouffonne, celle de M. Pru-
fihomme expert en écriture.
Le poète s’alarma. Il répugna infiniment à
prendre un pseudonyme « pour un motif si
peu élevé ». Il finit pourtant par s’y résou-
dre. Et c’est de ce jour qu’est né Sully
Prudhomme.
« L’histoire est curieuse, a-t-il écrit lui-
même. Ce prénom avait été donné à mon
père dès son enfance, je ne sais pas pour-
quoi. Il mourut quand j’avais deux ans, et
ma mère, qui avait la chère habitude de ce
prénom, me l’a transporté pour ne la point
perdre. Voilà comment je suis appelé de-
puis mon enfance moi-même Sully, pseu-
donyme naturalisé vrai nom par un long
usage ».
Or, des admirateurs et des disciples ont
eu l’idée de rendre hommage à la mémoire
du délicieux poète des Stances eh élevant
sa statue au regard des foules.
Il fut question de la mettre dans Paris,
au square Louvois, d’abord, puis dans le
campo santo du Luxembourg, où elle de-
vait voisiner avec les ombres de Murger,
de Banville, de Ratisbonne. Cet asile lui
fut refusé.
Sully Prudhomme dormait depuis quel-
que temps dans les caves du Grand-Palais
quand la ville de Lyon se souvint que le
poète né à Paris avait passé à Lyon une
grande partie de sa jeunesse... Sully Pru-
dhommô y est revenu, ces jours-ci, pour y
demeurer à jamais.
A jamais? Le sait-on absolument ? Les
statues qui ont parfois tant de mal à naître
meurent parfois aussi avec une facilité re-
marquable. Il suffit d’un vote, d’un doigt
levé. Et peut-être est-il sage qu’il en soit
ainsi.
D’abord parce que l’espèce s’en propage à
notre époque avec une abondance ridicule
et que les célébrités de clocher, coulées
dans le bronze ou dans la fonte économique,
peuvent renouveler assez souvent l’agré-
ment d’un panorama.
Puis, parce qu’il est bon de ne pas décou-
rager les jeunes sculpteurs en leur mon-
trant toutes les places de France envahies
par les grands hommes.
Mais un poète aussi subtil, aussi retenu,
aussi replié sur lui-même que Sully—
Prudhomme n’eut point gardé rancune à
ses contemporains de l’avoir dispensé de
cet honneur et aussi de cette suprême
épreuve.
Son véritable monument, le plus élo-
quent, le plus précieux, le plus digne, ses
lecteurs Pont élevé pour lui. Il est fait de
toute» les -émot ions n uattcées de toute - la.
haute sagesse que le joueur de lyre a dé-
versées dans les âmes, de toute la délica-
tesse d’uu rêveur qui craignit, eu s'aban-
donnant au vertige du lyrisme, de compro-
mettre la sincérité de son attendrissement...
L’effigie n’est que le vase brisé par où
s’égoutte le subtil parfum. Le meilleur
souvenir de l’artiste demeure pour toujours
dans son oeuvre.
ALBERT-HERRENSCIIMIDT.
Le Différend Austro-Serbe
Les dernières dépêches de Vienne mon-
trent qu’une inquiétude grave a été créée.
La remise de la note autrichienne à la
Serbie n’est pins qu’une question de minu-
tes.
Dans cette note, disent les dépêches, l’Au-
triebe va exiger le droit de poursuivre en
territoire serbe son enquête sur le crime de
Serajevo ; elle va exiger encore des mesures
sévères à la frontière serbe et la répression
de toute propagande en faveur de la « Grande
Serbie ».
Le gouvernement de Belgrade est fort heu-
reusement conduit par un hoxnme habile et
ferme, ’M. Patritch, qui saura sans doute
faire comprendre au comte Barchiold que
ses exigences sont une atteinte aux droits
d’un état souverain.
LES TOASTS
DE PETERHOF
: Nous ne voudrions pas dire que le
président de la République et le tzar
n'ont pas le sens de Vactualité, mais
il faut bien avouer qu'ils risquent
d’être peu entendus en parlant de
Peterhof pendant que de la Cour
d’Assises de la Seine montent les ru-
meurs du procès de Mme Caillaux.
Légèreté ou non, nous sommes ainsi
faits que tout passe au second plan
devant un pareil événement parisien !
Essayons cependant de nous élever
au-dessus des passions de toutes sortes
que le drame du Figaro réveille par-
mi nous et songeons, pour un instant
au moins, aux destinées de notre pays
et de l’Europe tout entière qui ont
été évoquées dans les toasts solennels
de lundi dernier.
Toasts solennels certes, mais non pas
sensationnels et nous nous en Jélici-
lons car les paroles retentissantes qui
tombent de bouches augustes ne sont-
trop souvent que paroles inquiétante#,
pour la paix du monde.
Le tzar et le .président de la Répu-
blique ont d’abord rappelé, en quel-
ques phrases heureuses, l’un après l’au-
tre, les grands services rendus par
l’alliance déjà vieille de près d’un
quart de siècle ; exactement de vingt-
trois ans. Ce sont ses noces d’argent,
avant la lettre, qui ont été célébrées
officieusement t
Quand on jette un regard en arrière,
on doit se réjouir, en effet, que l’Al-
liance ait atteint un de ses objectifs
essentiels, le rétablissement de l’équi-
libre en Europe, Il y a vingt-cinq ans,
VAllemagne toute gonflée encore de
ses victoires de I8JI et flanquée de ses
satellites, l'Autriche et l’Italie, pouvait
se croire l'arbitre des destinées de
l'Europe ; le fameux o Deutschland
über Ailes » (l’Allemagne au-dessus
de tout) avait encore quelque vraisem-
; blance.
Sans doute l’empire allemand a con-
servé T Alsace-Lorraine, gage de ses
anciens triomphes, mais c’en est fait „
dp sa suprématie. Désormais la Triple-
IStiftcnte que V Alliance a préparée fait
contrepoids à la Triple-Alliance et don-
ne aux Etats européens à la fois
l’obligation et la garantie de se trai-
ter sur pied d’égalité. Et tandis que
l’hégémonie allemande baissait, le pres-
tige moral de la France n’a cessé de
sè relever pendant ce quart de siècle.
Le second thème des discours de
PeterhoJ a été le maintien de là paix
— et avec une insistance telle que le
monde ne peut pas douter des inten-
tions pacifiques des deux gouverne-
ments,
Sans doute le tzar a déclaré que
cette paix « était consacrée par la plé-
nitude de la force » des deux pays, et
le président de la République a ajouté
que « la volonté pacifique des deux
gouvernements était appuyée sur les
armées de terre et de mer », mais
c’est là tout ; nulle allusion à la
« poudre sèche » pu à l’« épée aigui-
sée » qui donnerait un air de menace
à la réorganisation militaire qui se
poursuit dans les deux pays.
A ce propos, il nous faut retenir
une communication du Matin, qui joue
souvent le rôle d’un organe officieux
du gouvernement russe, et d’après la-
quelle là Russie se rend compte que la
France ne peut pas « enrôler un soldat
de plies » et est résolue de y se char-
ger toute seule, dès maintenant, de
neutraliser tout nouvel effort d’aug-
mentation d'effectifs que l’Allemagne
voudra faire ». « Si l’Allemagne aug-
mente ses effectifs de cinquante mille
hommes, ajoute le Matin, la Russie
augmenterait les siens du double ou
du triple, »
Nous ne pouvons que nous féliciter
que l'on arrive enfin à cette concep-
tion militaire de l’Alliance ; que la
France donne, pour la défense com-
mune, son génie, son or, l'entrain
peut-être sans égal de ses troupes,
rien de mieux ; mais quand il s’agit
du nombre, c’est de toute évidence
dans l’intqj'issable réservoir d’hommes
qu’est la Russie qu’il faut puiser.
Souhaitons d’ailleurs que cet effort
militaire fuit de part et d’autre ne
serpe en effet qu’à « assurer la paix ».
Ce voeu n’est peut-être pas hors de
propos, car, si nous sommes convaincus
de la sincérité pacifiste des deux al-
liés, nous ne sommes pas sans inquié-
tude sur ISS agissements de l’Autriche
qui recommence à prendre à partie la
Serbie, à la suite du drame de Sara-
jevo. ' ^ —r «i» r ,.R
CASPAR-JORDAN.
La Crise de TUlster
U CONFÉRENCE DU « HOME ROLE »
Discours du roi George
A la première séance de la conférence da
Il >me Raie, qui a eu lien mardi et dont les
délibérations sont secrètes, le roi George a
prononcé, en ouvrant les travaux, nue allo-
cution dont a été communiqué le texte. Le
souverain s’est exprimé ainsi :
« Mon intervect on à cette heure peut être
considérée par certains comme nne innova-
tion, mais les circonstances exceptionnelles,
à propos desquelles vous êtes appelés ici,
justifie mon action. Depuis des mois, nous
observons avec de protondes appréhensions
la marche des événements en Irlande. Cette
marche s’est graduellement dirigée vers un
appel à la force, et aujourd’hui de cri de
« guère# civile » est sur les lèvres de cer-
tains de mes sujets les plus pondérés d’es-
prit. Y
» Nous nous sommes efforcés dans le.
passé d'être pour ie monde un exemple de
civilisation et, pour moi, comme d'ailleurs
pour vous, j’imagine, il est incroyable que
nous soyons arrivés an point d’une lutte fra-
tricide sur des sujets en apparence si suscep-
tibles d’accommodement que ceux dont
vous avez maintenant à vous occuper, si on '
les envisage dans nn esprit de généreuse
conciliation.
» Les appréhensions qne me font éprouver
la pensée d’un tel conflit sont d’autant plus
grandes-qne je suis profondément attaché à
1 Irlande et que je sympathise avec un peuple
qui m’a toujours accueilli avec des marques
de chaleureuse affection.
» Messieurs, vous'représentez tons, sous
des formes diverses, ia vaste majorité de
mes sujets. Vous avez aussi un intérêt pro-
fond pour mes possessions an-delà des mers
qui sont tout aussi désireuses que la métro-
pole de voir intervenir promptement an ac-
cord amical.
» Je vous considère, dans cette question,
comme garants da l’honnenr et des aspira-
tions de tous. E i réalité, vos responsabilités
sont lourdes. Le temps est court et vous l’u-
tiliserez, je ie sais, ie mieux possible. Vous
vous montrerez patients, honnêtes et conci-
liants, en considération de l’importance des
intérêts en jeu. »
Les conservateurs et les ulslerman veulent
que la région qni jouira de l’autonomie
coo.prenne tOnt ï’Ulsier ; tes libéraux et les
nationalistes irlandais veulent qu’elie ne
comprennent que les comtés où les orangis- ,
tes sont en majorité ; il y en a quatre.
La conférence s’ést ajournée.
ff Gin irai M tes
TROISIÈME AUDIENCE
DÉCLARATION DU PROCUREUR GÉNÉRAL
Les Documents diplomatiques du «Figaro»
contre M. Caillaux étaient des faux.
Les témoins de l’accusation et de la défense déposent tour à tour.
Mma Caillaux chez l’armurier. — Les jurés essayent le revolver.
IMPRESSIONS D’AUDIENCE
Paris, 22 juillet.
An commencement de la séance, le pro-
cureur général Herbaux délivre an certificat
de loyalisme à M. Caillaux. Un incident se
produit entre Me Chenu et M® Labori ; puis
après la déposition de M. Prestat, nouvel in-
uidcot cuire Chenu «t M. Caillaux. AC8
moment, nn rayon de soleil entre dans le
prétoire. Après les torrents d’eau de ce ma-
tin, c’est tout l’émerveillement de l'été qni
vient donner des distractions à l’assistance.
Le président Albanel rêve de villégiature
lointaine, et nous partageons tous son rêve,
cependant qne la voix enrouée de M. Cail-
laux nous parle de la Hongrie et du rôle do,
Figaro dans cette affaire.
Cette tactique d’attaque continuelle est ir-
ritante. Défendez vous, mais n’attaquez pas.
Ces hommes politiques décidément sont de
piètres psycholoques. Il était si facile de ra-
conter simplement an jury les transes d’une
femme aimante, troublée dans son loyer,
affolée par une campagne qu’elle ne com-
prend pas, petite bourgeoise, qui prend an
revolver et tue poar sauver l'homme qu’elle
aime. Un jury parisien ne résiste jamais à
une histoire sentimentale, bien contée par
an homme du talent de M. Caillaux.
Le défilé des témoins recommence. M. Der-
vilier étonne fort l’assistance quand il ra-
conte la leçon de tir q n’à prise Mme Cail-
laux chez Gastinne-Reaette, deux heures
avant 1# crime. La princesse Estradèreexcite la
curiosité générale mais la déçoit rapidement.
"Eh femme d’esprit et qui connaît la vie, elle
ne veut rien dire, peut-être parce qu’elle ne
sait rien.
Après nne suspension d’andience, on en-
tend une dame, Mme Chartran, qui n’a rien
vu, rien entendu ; puis M. Isidore de Lara,
musicien réputé, qui fut l’ami de Caimette
et entretint aussi d’excellentes relations avec
Mme Caillaux. M. Isidore de Lara nous révè-
le que Caimette offrit 30,000 francs à Mme
Estradère pour rencontrer Mme Gueydan
chez cette dame,
M. Pierre Mortier, directeur dn G il Bios,
succède à M. de Lara. Blond et rose, un pen
ému, très sympathique, un léger défaut de
prononciation dans ia bouche, M. Pierre
Mortier parle avec feu. 11 estime qne rien
n’est plus déshonorant pour un journaliste
que de publier des documents intimes. On
est venn loi.offrir de combattre M.Caillaux
dans le GU Bios, il a refusé Louons M. Pier-
re Mortier de ne pas avoir consenti à abais-
ser son journal anx besognes de basse polé-
mique, mais reconnaissons qu’il ne nous a
rien appris non plus et que malgré toute son
indignation contre les procédés de Caimette,
il n’arrive pas à excuser l’assassinat. Il y a
en faute, c’est évident, mais le châtiment
reste hors de proportion avec l’acte commis.
On cravache un ennemi qui use de moyens
déloyaux, on ne le tue pas.
D’autres témoins viennent dire quelques
mots sans importance. M. Caillaux leur ré-
pond. Mais qui est donc l'accusé ? Mme Cail-
laux demeure impassible à son banc, Pair
absent. Les spectateurs se demandent pres-
que ce qn’elle tait là. M. Caillaux est seul en
cause, M. Caillaux se défend, M. Caillaux ri-
poste, M. Caillaux attaque. C’est M Caillaux
qui sera condamné oa acquitté samedi.
Et qui donc préside? M. Aibanet reste
muet à sa place. Da temps à autre M* Chenu
pose une question précise, M» Labori pro-
teste on se fâche. Mais le président imite le
silence prndent de Conrart. Peut-être a-t-il
raison et est-ce là la meilleure façon de finir
pins vite.
On entend encore MM. Painlevé et Abel
Bonnard. On pourrait entendre cent person-
nes que nous n’apprendrions rien de plat
qne ce que toas les journaux ont répété. Le
problème reste entier. Pourquoi Mme Cail-
laux a-t-elle tué? A-t-elle prémédité son
crime ?
A cinq heures et demie, l’audience est le-
vée dans le calme.
T. H.
L’audience est ouverte à midi.
Les Docnmeiïts dip!omaliqa; s
Le président t Monsieur le procureur gé*
•aiéral, vous avez la parole.
Le procureur général : Anx observations
que j’ai présentées à ia fin de l'audience
d’hier, au sujet, de ia déposition d’on témoin
visant M. Caillaux, je suis en mesuré d’ajou-
ter quelque chose de pins précis et qui, j’en
sais convaincu, dissipera toute équivoque.
Je Suis en effet autorisé par ie gouvernement
à vous faire la déclaration suivante :
Les pièces qui ont été remises à M. le prési-
dent de la République ne sont que de prétendues
copies de documents qui riexisUnt pas et q a
riont jamais existé. On ne peut donc en aucune
façon tes invoquer en vue de porter atteinte à
l’honneur et au patriotisme de M. Caillaux.
Me Labori : En ce qui me concerne, je
considère l’incident comme clos, Monsieur
le président.
Double Intervention de
M“ Chenu et de IVI° Labori
M8 Chenu . L’incident, en effet, est clos ;
il est clos à la satisfaction de M. Caillaux,
pas à la mienne. Je ne puis, en effet, consi-
dérer l’incident d’hier comme nne superbe
diversion, superbe d’habileté de la part de
M. Caillaux, superbe d’éloquence grâce aux
véhémentes apostrophes de M* Labori, mais
diversion seulement. 11 a plu, en effet, à M.
Caillaux, de venir ici devant la Coor d’assises
de la Seine greffer un procès politique sur
un procès de droit commun, qui n’est que
de droit commun, et il a pris pour juge ie
jury de la Seine qui n’est pas réuni pour ju-
ger un procès politique, mais pour juger
seulement le crime d’assassinat qui est re-
proché à Mme Caillaux.
Et l’ou est arrivé ainsi, au cours de cette
nuit, dans des conditions que j’ignore, à ce
résultat paradoxal, que M. Caillaux va sortir
de cette audience avec un certificat de loya-
lisme natiçinal, car à l’occasion de pièces que
personne ici ne connaît que lui, queperson-
Dernière Heure j
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
I.OMHSES. 22 Juillet. Dépêche ie 4 h. 30
TON COURS HAUSSB BAISSE
CUIVRE >: "
Comptant.. , *60 7 6 -/- 2/6
8 mois.....) *60 15/- -/- 3/9
ETAIN
Comptant .* 143 10/- 10/- -/-
3 mois calme 1145 t0/_ -/-
FER
Comptant. . caime 51/3 l d
JB mois ' 6i/7 % 1 d % -/-
Prix comparés avec ceux de la deuxieme Bourse
du 21 juillet 1)H.
NEW-YORK, 22 JUILLET
Cotons t juillet, baisse 1 point ; août,
baisse 2 points ; octobre, hausse i point ;
janvier, baisse i point. — Soutenu.
Calés < baisse 10 à 14 points.
NEW-YORK, 22 JUILLET
e. n ion t. puenut
Cuivre Standard disp, 13 37 13 37
— septembre.... 13 37 13 37
Amalgamât. Coj»... 69 5 8 69 5 8
ï'er." 14 75 14 75
CHICAGO. 22 JUILLET
C. DU OUR C. PRBGEIi
Blé far Septembre 80 3 4 79 7/8
_ Décembre 83 7 8 82 3 4
Maïs sur..... Septembre 68 1 4 67 7/8 -
— ..... Décembre 67 1 2 66 7/6
lalBéou iar. Septembre 1010 10 16
Octobre..! 1915 1 10 15
IAE VOYAGE
du Président de la Eêpnblique
EN RUSSIE
M. Poincaré à Peterhof
PETERHOF. — Le déjeuner offert par Nico-
las Il au Palais de Peterhof en l’honneur des
officiers de l’escadre française, a été donné
dans la grande salle blanche du palais et
servi sur onze petites tables de douze cou-
verts chacune et ornées de fleurs aax cou-
leurs françaises.
L’empereur et M. Poincaré ont pris place
à la même table. Le président de ia Répu-
blique était assis â la droite et M Viviani à
la gauche de l'empereur. M. Goremybine,
président du Conseil de Russie, était près de
M. Poincaré.
L’amiral Lebris, les ministres des affaires
étrangères et de la marine de Russie ; le
comte Frieddericksz, ministre de la cour im-
périale ; l’ambassadeur de France et ie mi-
nistre de Roumanie étaient également assis
à cette même table.
PETERHOF. — Au cours de la visite que le
président de la République a faite hier ma-
tin à l’empereur et à l’impératrice, il a remis
au grand-duc héritier Alexis le grand cordon
de la Légion-d’Honueur.
La Grande Levas
KRASNOIE SELO. — Hier après-midi, l’empe-
reur, l’impératrice, leurs entants, le pr .ai-
dent de la République, les grands-ducs et
les autres membres de la famille impériale
se sont rendus au camp de Krasnoie-Selo où
se trouvaient réunis 60,000 hommes.
L'inspection a doré une heure et demie.
Pendant ce temps, M. Viviani s’est longue-
ment entretenu avec les ministres.
Quand la visite a été terminée, le cortège
s’est arrêté devant la tente Impériale. L’em-
pereur s’est placé à quelque distance de Feu-
trée et a reçu le rapport du sergent des pre-
mières compagnies des régiments présents,
dites compagnies de l'empereur.
Plusieurs officiers se sout avancés vers
l’impératrice et loi ont remis le rapport écrit
des régiments portant son nom.
Cette remise a été suivie d’une demi-heure
de repos au cours de laquelle des orchestres
se sont fait entendre.
Cinq aéroplanes ont volé an-dessus du
camp.
A 6 heures et demie a eu lieu l’imposante
cérémonie de la prière du soir.
Cette cérémonie n’a duré qne quelques
minutes.
Le tzar, le président et les membres de la
familie impériale ont alors quitté le camp.
*
* *
M. Poincaré a dîné chez le Grand duc Ni-
colas, puis il a assisté à nne représentation
donnée au théâtre de Krasnoie Selo.
Les Toasts du Tzar et de M. Poincaré
KRASNOIE SELO. — On s’entretient dans les
cercles franco-russes da la phrase des toasts
du diuer de gala de lundi dans laquelle les
deux chefs d’Etat ont dit que la double
alliance s’appuie sur des amitiés com-
munes.
C'est effectivement la première fois qne
dans les toasts prononcés par l’empèreur de
Russie et le président de la République fran-
çaise, il est ainsi fait allusion à l’amitié de
l’Angleterre et cette allusion, malgré sa dis-
créiion, est relevée comme marquant l’en-
trée dans une nouvelle phase de ia double
alliance.
Représentation de Sala
KRASNOIE-SELO . — Rompant avec la tradi-
tion qui veutquel'empereur et l’impératrice,
le jour de la Z ma, dînent en famille, dans
l’intimité, les souverains ont tenu hier soir,
en l'honneur do M. Poincaré, â assister avec
leurs filles les graades-duebesses Olga et
Tatiana, au dîner oflert par le grand-duc Ni-
colas.
A l’issue dn dîner, l’impératrice est ren-
trée à Saint-Pétersbourg.
Le tzar et M. Poincaré ont assisté au théâ-
tre du camp à une représentation de gala.
Ls ont pris place an premier rang des fau-
teuils d’orchestre, ayant à leurs cotés tous
les Grands ducs.
L’avant-scèae impériale de droite, ornée de
tentures bieu clair et de dentelles,était occu-
pée par les Grandes duchesses Olga et Tatia-
na, en toilette rose pâle, avec un bouquet de
fleurs piqué à la taille, et les Grandes du- -
cbesses Maria Pavlovna, Victoria, Anastasie,
Müitzâ, Vera.Olga Afexandrovna.
A l’entrée dn tsar, de M. Poincaré et de la
famille impériale, l’orchestre a joué la Mar-
seillaise qui zélé écoutée debout par toute
l’assistance.
Toutes les places du théâtre, étaient occu-
pées par une assistance des plus brillantes
composée eu majeure partie des officiers de
Krasnoie-Selo et des dames de la haute so-
ciété en toilettes de soirée très élégantes.
Les officiers de la division navale française
avaient été spécialement invités.
Le spectacle comprenait le deuxième acte
de Lakmé, joué par les artistes des théâtres
impériaux ; ie ballet le Spectre de la Rose et
plusieurs danses exécutées par tes plus célè-
bres ballerines du corps de ballet.
Le spectacle a obtenu ie plus vif succès.
Le tsar et M. Poincaré ont souvent donné
le signal des applaudissements.
EN ALSACE-LORRAINE
STRASBOURG^ — On'annonce que le général
commandant le 15« corps d’armée a interdit
à nouveau aux soldats faisant partie du
corps d’armée alsacien, l’emploi dj la langue
française dans les lieux pub'ics.
DES AVIATEURS TOMBENT EN MER
LONDRES. — L’aviateur Louis Noël et Miss
Davies sont tombés â ia mer alors qu’ils es-
sayaient d’atterrir à Sandgate.
On a pu les sauver à temps et ramener
t leur monoplan sur le rivage.
LWAI1JPETTB
Une Manifestation
A la sortie de la Cour d’assises, une petite
bagarre s’est produite sur le Pont-Neuf, près
de la statue de Henri-IV. '
Des coups de canne ont été échangés et-
quelques personnes ont été légèrement bles-
sées. , 4
Une arrestation a été opérée, mais n a pas
été maintenue.
Eu quittant la Cour d’assises, MM. Çaillanx
et Ceccaldi se sont rendus à la Conciergerie
où ils ont eu une entrevue, avec Mme Cail-
laux, puis Us sont repartis à 6 h. 10, sans
incident.
LA PLUIE
CHAMBÉRY. — Depuis quarante-huit heures,
la piute tombe sans discontinuer en Savoie.
De nombreux torrents ont débordé.
A Modaue, le Charmaix qui a déjà causé
nn accident, a emporté ua pont, hier soir,
et a ainsi coupé la ligne de chemin de fer.
Les communications avec l’Italie sont
complètement interrompnes.
GAP. — Une trombe d'eau s’est abattue
hier après-midi sur Gap, de midi à cinq
heures.
Plusieurs rues ont été envahies par les
eaux. L’usine électrique de Saint-Firmin qni
alimente Gap a eu son canal emporté.
De nombreux pylônes ont été détruits.
La ville de Gap sera privée de lumière
pendant deux à trois jours.
UNE RAFLE
M. Valette, commissa re de police, s’est
rendu dans un établissement situé rue de
Bruxelles et a mis en état d’arrestation trente
et un individus suspects. Six de ces indivi-
dus ont été gardés. Parmi enx se trouvent
des expulsés, des interdits de séjour et un
nommé Durions, évadé depuis 1910 de la
Guvaae.
L'AFFAIRE DE L'ABBE ADAM
THIONVILLE. — Le ministère public vient
d’interjeter appel du jugement acquittant
l’abbé Adam, vicaire à Algrange. du chef
d’offense à l’armée allemande et de détério-
ration d’objets militaires dans sa cellule à
Magdebourg.
INONDATIONS EN BULGARIE
SOFIA. — Les pluies torrentielles qui sont
tombées pendant ces derniers jours ont
cansé l’inondation de certaines localités.
Jusqu'ici, on a retiré des eaux plus de
cent cadavres. _
LES GRÈVES EN RUSSIE
SAINT PÉTERSBOURG.— Dans le quartier de
Viborg, des bagarres se sont encore pro-
duites entre grévistes et agents de police.
Plusieurs agents de police ont été blessés ;
un ouvrier a été également blessé.
Derrière les barrières de New.ky, tous les
magasins ont fermé leurs portes.
Les ouvriers menacent de les démolir.
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Le Tout de France Cycliste
L’Etape Bslfort-Longwy
Voici le classement :
1. François Fa ber, sur Wolber, en 10 h. 30
m. 44 s. ; 2. Pélissier, sur Wolber, en 10 h.
34 m. 2 s. ; 3. Alavoine, sur Wolber; 4. Tliyv
sur Wolber ; 5. Rossius ; 6. Tiberghten ; 7.
Charron; 8. Duboc; 9. Kirchkam; 10. Geor-
get ; 11, La m bot et 12. Garrigou, avec la
même trmp i ; 13. B minier, en 10 h. 39 m.
17 s.; 14. Nempon ; 15. Spiessens ; 16 Petit-
jean, en 10 h. 39 m. 50 s. ; 17. Erba et Ména-
ger, en 10 h. 43 m. ; 19. Rottie, Scieur, Van?
aenberghe, Ernest Paul et Christophe, en
10h. 56 m. 59 s.; 24.Th. Bertharelli, en 10 h»,
56 m. 59 s.; 25. Dévroye.CQOmans etGuyOO,
\en il b. fim. 65 s»
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