Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-07-21
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 juillet 1914 21 juillet 1914
Description : 1914/07/21 (A34,N12035). 1914/07/21 (A34,N12035).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172202s
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/12/2020
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EN CALIFORNIE
San-Francisco
San-Francisco, le 1" juillet 1Ô1&.
La descente en Californie a quelque chose
d’enchanteur. De Sait Lake City le che-
min de fer a traversé, sur les hauts pla-
teaux des Rocheuses, d’interminables soli-
tudes. Dans le bassin à demi desséché du
Grand Lac Salé, l’impression est à propre-
ment parler saharienne : des étendues sans
fin de sable blanc, où, sous un soleil écla-
tant, les lois de l’optique se font fantaisis-
tes et laissent le champ libre aux classiques
mirages de l’Orient. Puis ce sont les éten-
dues désolées du Nevada : brousses immen-
ses où les agglomérations, réduites à leur
expressioi ^ plus minime, sont tout au
plus des de pionniers.
Un soir, cependant, vers Réno, on atteint
le versant du Pacifique, et le lendema in
matin tout a changé. La terre a pris de
riches colorations d’ocre et se couvre de
moissons ; des rangées d’eucalyptus géants
bordent les champs ; les arbres fruitiers se
multiplient ; une forte et délicieuse odeur
tropicale embaume l'atmosphère, On dirait
uneAndalousie ou une Côte d’Azur. C’est
la Californie.
San-Francisco en est la capitale, une
capitale un peu excentrique, puisque si-
tuée sur une langue de terre entre l’Océan
et la baie de San-Francisco : on n’y accède
guère qu’en bateau. D’Oakland,terminus des
chemins de fer, d’immenses bateaux trans-
bordeurs (ferry-boats) font le service, véri-
tables maisons flottantes, aux silhouettes
fantastiques où les gens se pressent par
centaines, presque par milliers. C’est
alors seulement qu’apparaît vers l’Ouest,
dans une atmosphère généralement embru-
mée, lo profil fie la grande cité.
J’ai connu autrefois, avant le tremble-
ment de terne, l’ancien San-Francisco. C’é-
tait une ville curieuse où la civilisation la
plus raffinée du monde occidental ne réus-
sissait pas à dissimuler les traces, toujours
visibles, de l’ancien camp d’aventuriers et
de chercheurs d’or. Ville de plaisir où les
mineurs venaient s’amuser, Avilie de luxe
où les nouveaux riches venaient jouir de
leur fortune et l’étaler, Saù-Prancisco. était
aussi un gj»««kperUi'e chinois et japonais* 1
Je vois ëncore la vieille ville chinoise
(Chinatown), où, empilés dans les sous-sols
des maisons, plus de vingt mille Célestes
menaient une vie bruyante, grouillante,
mystérieuse et quasi-souterraine. Je vois
aussi (souvenir d’une tournée de grands
ducs qui date de dix ans) d’innombrables
mauvais lieux internationaux où, en dehors
de toute règle et sous la surveillance légère
d’une police corrompue, le Far West cher-
chait un plaisir vulgaire, à la façon des sau-
vages séduits par la lumière et le bruit, ou
plutôt encore à la façon des soldats qui,
ayant échappé au danger, mettent une sorte
de hâte fébrile à jouir de l’existence.
Le tremblement de terre de 1907, le leu
comme on dit ici par manière d’euphémis-
me, a profondément modifié et la ville, et
l’atmosphère, et le milieu. Du point de vue
pittoresque, c’est bien dommage. Au len-
demain du cataclysme, il ne restait rien que
les carcasses de fer de quelques buildings;
La ville, paraît-il, semblait quelque mons-
trueuse Pompéi, dont les débris fumants
étaient, par surcroit de malheur, la proie
des brigands.
Par un magnifique mouvement d’énergie,
San Francisco a décidé sur-le-champ de se
reconstruire plus grande et plus belle. Dès
aujourd’hui l’oeuvre est faite. Tout est bat-
tant neuf, depuis le grand building à 20
étages jusqu’au petit cottage de bpis style
«bains de mer» qui sévit ici. Rien de
vieux, sinon la vénérable Mission Dolorès,
église espagnole fondée par les Jésuites en
1770. Au milieu de ces agressives nouveau-
tés, cette vieille et très simple chose a je
ne sais quoi de touchant.
Dans celte reconstruction générale, San-
Francisco a, malgré tout, perdu quelque
chose de son ancienne personnalité. Autre-
fois, c’était une ville unique vraiment, au
charme malsain et un peu trouble, mais
combien prenant 1 Aujourd’hui, c’est une
ville américaine, comme il y en a beaucoup
d’autres, avec les mêmes grandes rues ani-
mées et les mêmes bâtiments « écorcheurs
de ciel ». Sans doute il reste un cachet spé-
cial, en fin de compte plus méridional
qu’anglo-saxon ; on dirait une grande cité
méditerranéenne. Avec ses cascades de
maisons blanches,, dégringolant de vingt
collines abruptes et sèches vers une mer
toujours bleue, San-Francisco semble une
autre Marseille. Il y a de la gaieté dans
l’air, et Market Street, sans pouvoir vrai-
ment lutter avec la Cannebière, peut en
un certain sens lui être comparée.
Cependant quelque chose manque qui
faisait naguère le charme du lieu : San-
Francisco n’est plus comme précédemment
une ville sans règle et sans frein, elle s’est
par trop civilisée. Le « feu » de 1907 a
opéré, avec le passé, une brusque coupure.
Les aventureux chercheurs d’or de 1850, les
pionniers du siècle dernier, mi-héros, mi-
brigands, les politiciens d’opéra-comique
d’il y a vingt ans, tout ce personnel roman-
tique est mort et presque oublié. Quelque
chose, dans l’atmosphère, vous le dit, dès
le moment où on débarque : c’est San-Fran-
cisco, ce n’est plus l’âncieu San-Francisco
de l’histoire.
Le lieu toutefois demeure émouvant
pour une imagination éveillée. San-Fran-
cisco, la Californie, la côte américaine du
Pacifique, c’est profondément une frontière
de races, de mondes, de civilisations. Le
voyageur qui, arrivé à ces confins extrêmes
du domaine de la race blanche, contemple
l’Océan Pacifique, ne manque pas de se dire
que décidément tout l’Occident est dérrière
lui. ^Devant luj, de l’autre côté de cette
mer, règne l'innombrable race jaune, dont
l’avenir est mystérieux et dont peut-être
un j^ur IsKpousséfe-de^ ieftdr»' irrésistible.
L’ombre de l’Extfême Orient se projetant
sur cette Ultima Thule de l’Amérique, voilà
aujourd’hui la vraie poésie de San-Fran- :
cisco.
ANDRÉ SIEGFRIED.
La Qasifisa il Homi Bail
LE ROI D’ANGLETERRE INTERVIENT
LUI-MÊME DANS LE DRAME IRLANDAIS
Un véritable coup de théâtre s’est produit
dans le drame de l’Irlande : le roi intervient
en personne dans la question.
Ii vient de convoquer nne conférence qni
aura lieu sons sa présidence mardi an palais
de Buckingham, et dans laquelle toutes les
parties en présence : ministère, opposition,
nationalistes et signataires du « coveuànt »
de l’Ulster, seront représentées. On croit
savoir que le premier ministre annoncera
cotte grosse nouvelie à la chambre des com-
munes demain.
Ii n’est pas douteux que la décision reyale
n’ait été prise là suite des pourparlers très
actifs qui ont eu lieu ces jours derniers dans
les milieux ministériels, et très probable-*
ment dans l’audience que le roi George donna
à M. Asquith vendredi soir, à une heure très
tardive.
LEUR TRIOMPHE
Nos lecteurs savent que notre cité
aura bientôt l’honneur d'être le siège
d’un grand Congrès scientifique, uni-
que dans son genre, puisque c’est à la
fois le Congrès de l’Association fran-
çaise pour l’Avancement des Sciences
et le Congrès continental de la « Bri-
tish Association » qui poursuit le mê-
me but. Il ne s’agit pas d’an Congrès
international, mais de deux puissantes
associations tenant pour la première
fois leurs, assises en même temps et
avant certaines séances communes.
C’est pour un grand nombre de sa-
vants français et anglais, quelques-
uns parmi les plus illustres, une ocefir
sion de se rencontrer dont ils ont été
heureux de profiter. C’est donc une
manijestation à la Jois des plus rares,
des plus sérieuses et des plus nobles de
fEnleiite Cordiale et notre ville peut
vraiment être hère d’en être le théâtre.
Par l’hospitalité qu’elle donne aux
congressistes, elle prouve qu’elle s'in-
téresse non pas seulement à l’échange
commercial entre les deux pays, mais
aussi à l’échange de cette denrée sur
pèrieure qui féconde tout dans le mon-
de ; la pensée / », > . -
Pour présider avec tout l’éclat désir
rable une pareille solennité et Jaire
honneur a nos hôtes étrangers, la
Municipalité n’apas cru pouvoir mieux
Jaire que d’inviter Monsieur le minis-
tre de l'Instruction Publique et nous
avons annoncé jeudi dernier que sur
une démarche de M. Jules Siegjried,
M. Augagneur avait accepté aveë
d'autant plus d'empressement qu’il est
lui-même, on le sait, un savant distin-
gué.
Or, hier, la Municipalité a été offi-
ciellement avisée que le ministre de
l’instruction publique, revenant sur
sa décision, ne viendrait pas au Ha-
vre. Ce n’était d’ailleurs pas tout a
Jait une surprise, car dès dimanche
malin, la Démocratie Havraise, pour
une Jois bien informée, et informée
avant les intéressés même, avait an-
noncé celte nouvelle dans les termes
suivants )
Notre., confrère le Havre-Eclair s’est
u».peu .hâté pour féliciter MM. 'Julilh
Siegfried et Morgand à l’occasion de la
venue de M. Augagneur au Havre.
Nous sommes en mesure d’annoncer
que cela ne sera pas. L’éminent minis-
tre de l’instruction publique, qui nous
avait apporté son éloquent concours
lors des élections municipales, est ré-
solu à ne venir officiellement dans no-
ire ville que lorsqu’une municipalité
républicaine siégera à l’Hôtel de Ville.
L’on conçoit que dans cet état d’es-'
prit, il ne désire pas être reçu par l’élu
de MM. Begpuen-Demeaux et de
Gradmaison.
Nous félicitons M Augagneur de sa
républicaine résolution.
Le directeur de la Démocratie Ha-
vraise, M. Edmond Meyer a vraiment
le triomphe trop modeste en se conten-
tant de cet entre filet ; il aurait dû
raconter que tout le mérite de cet acte
de civisme revient à son honorable
Jrère, et cela sous un gros titre en
manchette, comme celui-ci par exem-
ple: « Comment on sabote le Congrès»;
ou bien : « Comment on brime une
ville ; » ou encore « Comment on ba-
joue l’Entente cordiale. »
Voici les Jails dans leur éloquente
simplicité, sans que nous puissions
craindre aucun démenti : M. Léon
Meyer qui n’est rien au Havre, ou si
peu qu’un «r horsain » comme nous est
excusable de ne pas s’en rendre comp-
te, voudrait être tout. Il veut donc être
de tout et entend que tout passe par
lui. Le Congrès pour l’avancement des
sciences, qui ne Jait d'ailleurs pas de
politique, a cru pouvoir, au contraire,
se passer de lui : de là vient tout le
mal, ou tout le bien, comme vous l’en-
tendrez.
Lorsqu'il a été question de la prési-
dence de M. Augagneur, M. Léon
Meyer a dit avec empressement : « Si
pous vous adressez à moi, vous l'au-
rez». A ce moment là, la municipalitét
cependant identique à elle-même, était
assez républicaine pour trouver grâce
à ses yeux ; en tout cas l’intervention
personnelle du conseiller radical-so-
cialiste aurait sans doute suffi pour
lui donner tout le républicanisme né-
cessaire !
Les organisateurs du Congrès ont
préjêré s'adresser, comme c’était tout
naturel, au président du Comité local
de VAssociation, M. Jules Siegjried,
et on sait que sa démarche avait été
couronnée de succès. Du coup tout
change, la municipalité, la ville elle-
même, ne sont plus dignes de recevoir
le ministre de l’Instruction publique
et M. Léon Meyer, qu’on a l’audace de
laisser de côté, va bien prouver de quoi
il est capable.
Il saute dans le rapide et se préci-
pite chez le ministre, à la porte du-
quel il a le désagrément de se rencon-
trer nez à nez avec M. Siegjried, qui
découvre ainsi la manoeuvre. Mais
notre singulier émissaire se remet
vite et il sait si bien desservir les inté-
rêts de la cité dont il est, paraît-il, un
des représentants, que Mx Augagneur
lui promet qu’il ne mettra pas les pieds
dans une pareille pétaudière.
Ainsi dans une circonstance où la
politique n’était nullement en jeu et
uniquement pour satisfaire une ambi-
tion et une rancune personnelles M.
Léon Meyer n’a pas hésité à priver
poire ville de llhonneur et de tous le;s
avantages que lui auraient valu la
présence d'un ministre, n’a pas hésité
à placer notre municipalité, qui a si
grand soüci dé sa dignité, dans Une
situation délicate vis-à-vis de ses illus-
tres hôtes anglais, comme lord Ram-
say, aux quels la présence d’un mem-
bre du gouvernement avait déjà été
annoncée.
MM. Meyer peuvent jouir de
leur triomphe, car c’est sans doute le
dernier qu’ils connaîtront ; c’est, en
effet, un triomphe si éclatant contre
tout ce qui est havrais que nos conci-
toyens s’en souviendront une Jois pour
toutes.
CASPAR-JORDAN.
ENCORE LE KRQNPRÎNZ
Le kronprinz a adressé nn télégramme de
félicitations à M. Hermann Frobenins, lien-
tenant de réserve, qui a fait paraître un
livre : L’heure du destin de l’empire allemand.
« J’ai lu, dit le télégramme, avec le pins
grand intérêt la brochure remarquable que
vous avez publiée ; je lui souhaiie d’être
largement répandue parmi notre peuple al-
lemand. »
L’AFFAIRE CALMETTE
F Caiiiï unit 1B mes
SON INTERROGATOIRE
Mme Caillaux a été introduite â midi
quinze dans la salle d’andiencearchi-comble.
Quelques menus incidents se sont produits,
mais ils furent vite arrangés et le greffier
donna lecture de l’acte d’accusation, dont
nous avons déjà donné la substance.
Après l'appel des témoius, M Albanel,
president,commence l’interrogatoire de Mme
Cailla» x.
D. Yousvous appelezGeneviève-Joséphine-
Qenriette Rainonard, vous êtes née le 6 dé-
cembre 1874 à Rueil (Ssine-et-Oise). En 1894,
vous avez épousé M. Léo Claretie, vous avez
eu deux enfanta de ce mariage, et vous avez
divorcé avec lai en 1908.
Vous vous êtes remariée avec M. Caillaux
en octobre 1911, c’est exact ?
R. Oui, . . /
D. À l’instruction, outre ces renseigne-
ments d’état civil, vous avez donné d’autres
indications concernant votre existence pas-
sée, Veuillez les fournir à nouveaa à MM. les
jurés et dire en cette occasion tont ce qui
vous paraîtra utile.
Le premier Marjage
R; Monsieur le président, j’ai été élevée
comme l’ont été toutes les jeunes filles de
mon epoqne, je n’ai jamais été en pension,
je n’ai jamais quitté mes parents jusqu’au
jour de mon mariage. Je me suis mariée à
l’âgé de dix-neuf ans avec M. Lé > C aretie,
homme de lettres ; des dissentiments sont
survenus aussitôt dans noire ménage, nos
caractères ne s’accordaient pas ; plusieurs
fos, j’ai été sur le point de rompra cette
unioa, mais j’avais deux enfants,deux filles,
et pour elles, j’ai attendu. Enfin, au mois
de mars 1908, de nouveaux dissentiments
étant survenus entre nous, j’ai demandé le
divorce qne j’ai obtenu très rapidement ;
j’obtenais en même temps la garde de mes
deux filles. Quelques mois après j’avais le
très grand malheur de perdre la seconde à
l’âge de neuf ans.
Le Mariage avec M. Caillaux
Au mois d’octobre 1911, je me remariai
avec M. Joseph Caillons, alors président du
Conseil des ministres. J'ai trouvé dans ce
mariage le Donheur le plus complet ; j’avais
tont, j’ai tout. Si nous n’avions pas été em-
poisonnés par la calomnie, j’anrais tout pour
être heureuse.
J'ai un mari qni me rend an centuple l’af-
fection que j’ai ponr lui, j’ai une fille qni a
maintenant plus de dix-neuf ans et qui est
la joie de notre maison. M. Caillaux m’avait
apporté une belle situation, la situation dn
ministre était brillante; nons avons nne
belle fortune qni nous permet de vivre lar-
gement, et je tiens à aire ici toat de saite
que ce n’est pas cette abominable et consi-
dérable fortune qne la calomnie noas prête
depuis notre mariage, mais que nous avons
nue bonne et loyale fortune que nous avons
reçue de nos parents chacnn par parts à peu
près égalés. Cette fortune (M. le bâtonnier en
a les preuves et vous les donnera si vons le
voulez), cette fortune ne s’est pas augmentée
depuis le jour où, chacun de notre côté,
nous avons reçu notre part de l’héritage de
famille.
Les premières calomnies
N contre M. Caillaux
Malheureusement, Monsieur le président,
la calomnie est entrée tout de suite dans no-
tre maison. A peine étions-nons mariés — je
ne sais pas si c’est avant on après mon ma-
riage — qu’aussitôt nons avons été avertis
que la première femme de mon mari, Mm
Gueydan avait conservé par devers elle des
photographies des lettres et qu’elle cherchait
à en faire nn scandale pour se venger dt
notre mariage. Ces bruits nous sont revenus
a plusieurs reprises, eu puniculier au mo-
ment de la chute du ministère Caillaux. Eu
même temps... ah i cette calomnie 1.,. des
bruits ignobles sur mon mari ont été répan-
dus; tout Paris sait bien qu’on a dit à ce
moment-là qu'il était malade, qu’ii devenait
fou, qu’il se livrait en public à mille extra-
vagances. Tout le monde les racontait...
D. Madame, pour ne pat nous perdre dans
tous les détails de l’affaire et les circonstan-
ces qui l’on précédée je vais vous po.er des
questions spéciales pour vous permettre de
répondre d’une façon précise à tous les faits
qui vous sont reprochés, et pour vous per-
mettre également de préciser toutes les cir-
contances qui les ont p-écédés ou suivi;
Vous vous expliquerez tout à l’heure sur
l’acte criminel dont vous êtes accusée, ma s
je tiens tout d'abord à vous faire préciser les
circonstances qui l’oat précédé, et j’arrive
tout de suite à vos déclarations dès Je début
de l’information — je cite vos paroles — :
« Irritée d’être l’objet d’injures et de diffa-
mations dans les journaux etpiasparticoiiè-
rement dans le Figaro, ii m'a semblé que
mon mari ne pouvait se défendre à cause de
sa situation et qu’il m’appartenait de le ven-
ger des outrages qui rejaillissaient sur nous
deux. » Veuillez, sur ce point faire con-
naître à messieurs les jurés, quelle in-
fluence avait sur votre esprit la cam pagne
du Figaro.
R. Quand la campagne du Figaro a com-
mencé, j’étais déjà dans un esprit que l’opi-
nion publique avait préparé. Je ne sais pas
si je me fais bien comprendre, c’est pour
cela qne j’aurais voulu vous dire ce qui
s’était passé avant la campagne, si ce n’est
pas abuser.
D. Non, vous en avez le droit. Je croyais
que vous aviez terminé en ce qui concerne
les circonstance! précédentes.
R. Oa a répandu ces bruits sur pion mari;
j’ai c immencé à souffrir de la calomnie
lorsque j’étais tout nouvellement remariée.
Tout e monda m’accueillait avec des souri-
res, d’ironie, vous comprenez, tout la monde
racontait que c’étaient des soi-disant fo.ies
de mon mari. Je sentais bien qu’on se mo-
quait de moi et j’étais un peu ridicule.
Ce n’est pas tout. Au meme moment, des
bruits abominables de fortune mal acquise
ont commencé à circuler dans tout Paris, on
disait que mon mari — oh 1 des journaux
l’ont raconté t — avait fait un coup de Bourse
à Barlia au moment de la discussion franco-
marocaine, que ce conp de Bourse lui avait
rapporté beaucoup d’argent ; ce qu’on disait
surtout, c’est qu’if avait vendu te Congo à
l’empereur d’Allemagne ; tont Paris a connu
cette histoire d’une couronne de 750.006
francs qui m’aurait été donnée comme cadeau
de noce et qui aaraitété payée par l’empere.ir
d’Allemagne. Je voyais ces bruits se répan-
dre non seaiement dans an certain monde,
mais pénétrer un peu dans tontes les cou-
ches de la société. C’était très pénible pour
moi.
Eafiu ii y eut un moment d’accalmie. Nous
avons voyagé. Les passions politiques étaient
très snrexcitées, et à un moment je me suis
aperçue combien la calomnie avait fait ses
ravages ; plusieurs faits me l’ont prouvé. Je
ne pouvais plus assister aux séances de la
Chambre, j’entendais toujours dire autour
de moi queiqne chose de désagréable pour
mon mari dans les tribunes.. Permettez-moi,
Monsieur le président, de vous citer nn fait,
si vous ne trouvez pas mes explicatious trop
longues.
D. Non, expliquez-vous.
R. Un jour, c’était au moment de la dis-
cussion de la loi militaire, mon mari s’ap-
prêtait à monter à la tribune ; j’étais dans
Dernière Heure
PÀRI8. TROIS HEURES MATIN
>DÉPÊCHES COMMERCIALES
3VTET-A.TJSL
f LONDRES. 20 Juillet, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE
Comptant..) . £61-/- -/- 6/-
8 mois £6110/- -/- 2/6
ETAIN
Comptant.. £ 146 30/- -/-
8 mois calJie £ 148 ’B/- B/- -/-
; FER
Comptant..) calme Bl/3 -/- -/-
lemois 81/7 % -/- -/-
. Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
|u 17 juillet 1Ï14.
NEW-YORK, 20 JUILLET
Cotons t juillet, hausse 11 points ; août,
àausse 10 points ; octobre, hausse 15 points ;
jtnwei 1, hausse 17 points. — Très soutenu.
Calé* t baisse 5 points à hausse 2 points.
N HW-YORK, 20 JUILLET
JE-".——
-, I« ion . (. menu;
Cuivre Standard disp. 13 25 13 45
— septembre ... ; 13 40 -13 50
Auialyuuml. U»|)... 69 »/» 69 1, 2
Ver 14 75 14 75
CHICAGO. 20 JUILLET
-fl. DU JOUR PRBCSD
Blé sur Septembre 79 »/» 78 3 4
— ...... Décembre 82 » * 81 3 4
Mali sur,.... Septembre 67 3/8 66 3/4
'i— Décembre 66 3 8 66 »'»
Hiadouxsar. Septembre 10 22 10 30
■îp Octobre ..1 10 25 10 55
LE VOYAGE
ds Présides! île IgRépolilipe
RUSSIE
PÉTERHOF. — Il est 3 h. 20 quand les pré-
sentations sont achevées.
L’empereur, cuii porte l’nniforme de capi-
taine de vaisseau des équipages de la garde,
avec le grand cordon de la Légion-d’Hon-
neur, et M. Poincaré, en habit, avec le grand
cordon de Saint-André, se tiennent debout à
l’arrière du navire et s’entretiennent cordia-
lement.
MM. Viviani, Yswolsky et Paléologne s’en-
tretiennent également à peu de distance des
denx chefs d’Etat.
Les mDsiqaes jouent la Marseillaise et
VHymn^Russe.
Aussitôt après le débarquement, l’empe-
reur présente à M. Poincaré les grands-ducs
et les personnages officiels. Pais M. Poincaré
et l’empereur passent en revue la compa-
gnie des équipages de la garde qni rend les
honneurs.
Le tzar et le président montent ensuite
dans nne grande daumont attelée de quatre
chevaux dont deux montés, et précédée
d’an piqueur; un cosaque se lient der-
rière.
Dès l’arrivée an Palais, le tzir conduit M.
Poincaré aux appartements qui lui sont ré-
servés.
M. Poincaré va ensuite présenter ses hom-
mages à l’impératrice qui est entourée des
grandes duchesses Olga et Taliana, ses
filles.
De quatre heures et demie à six heures, le
président va i en dre visite anx grands-ducs
et aux grandes-duchesses habitant Peterhof
et les environs,
*
* *
A sept henres et demie, a lien le dîner of-
fert an président par l’empereur au Palais
impérial.
Lé diaer est servi dans la grande salle de
Pierre le Grand, ornée de tapisseries des
Gobelans. Sar la table sont disposés de ma-
gnifiques snrtouts d’argent massif entourés
de roses, d’oeillets et de glaienls.
L’empereur et l’impératrice sont assis an
milieu. L’impératrice a M. Poincaré à sa
droite et l’emperenr a la grande-dnehesse
Victoria à sa gauche. En face de l’empereur
est assis M. Viviani, ayant à sa droite m. Go-
romykine, président au Conseil et M. Paléo-
logue, à sa gauche.
Un orchestre se fait entendre pendant le
dîner.
Au dessert, l’empereur de Rassie porte le
toast suivant :
» Monsieur le Président,
» Laissez-moi vous expliquer combien
je suis heureux de vous souhaiter la bien-
venue ici, Le chef de l’Etat ami et allié est
toujours assuré de recontrer un accueil des
plus chaleureux en Russie. Mais aujour-
d’hui, notre satisfaction de pouvoir saluer
le président de la République française est
encore doublé par le plaisir de retrouver
en vous une ancienne connaissance avec
laquelle j’ai été charmé de nouer, il y a
deux ans, des relations personnelles.
Unies de longue date par une sympathie
mutuelle des peuples et par leurs intérêts
communs, la France et la Russie sont de-
puis bientôt un quart de siecle étroitement
liées pour mieux poursuivre le même but
qui consiste à sauvegarder leurs intérêts en
collaborant à l’équilibre et à la paix en
Europe.
Je ne doute point que fidèles à-leur idéal
pacifique et s’appuyant sur leur _ alliance
éprouvée ainsi que sur des amitiés commu-
nes, nos deux pays continueront à jouir des
bienfaits de la paix assurée par la pléni-
tude de leurs forces, en resserrant toujours
davantage les liens qui les unissent.
C’est avec ce voeu très sincère que. je
lève mon verre à votre santé, Monsieur le
président, ainsi qu’à la prospérité et à la
gloire de la France.
Le président de la République a répondu
en ces termes :
Sire,
Je remercie Votre Majesté de son accueil
si cordial et je la prie de croire qu’il m’a
été très agréable de rendre aujourd’hui
une nouvelle visite à l’auguste souverain
du peuple ami et allié.
Fidèle à la tradition qu’ont suivie mes
honorables prédécesseurs, j’ai voulu ap-
porter à Votre Majesté et à la Russie le so-
■ lennel témoignage de sentiments qui sont
immuables dans tous les coeurs français.
Près de 25 ans ont passé depuis que dans
une claire vision de leur destin, nos pays
ont uni les efforts de leur diplomatie et
l’heureux résultat de cette association
permanente se fait tous les jours sentir
dans l’équilibre du Monde.
Fondée sur la communauté des intérêts,
consacrée par la volonté pacifique des deux
gouvernements, appuyée sur des armées de
terre et de mer qui se connaissent, s’esti-
ment et sont habituées à fraterniser, affer-
mie par une longue expérience et complé-
tée par de précieuses amitiés, l’alliance
dont l’illustre empereur Alexandre III et le
regretté président Carnot ont pris la pre-
mière initiative, a donné la preuve de son
action bienfaisante et de son inébranlable
solidité.
Votre Majesté peut être assurée que de-
main comme hier, la France poursuivra,
dans une collaboration intime et quotidien-
ne avec SQ& alliée, l'oeuvre de paix et de
civilisation à laquelle les deux gouverne-
ments et les deux nations n’ont cessé de
travailler.
Je lève mon verre en l’honneur de Votre
Majesté, de Sa Majesté l’impératrice Alexan-
dra Feodorovna, de Sa Majesté l’impératri-
ce Marie Feodorovna, de Son Altesse im-
périale le grand-duc héritier et de toute la
famille impériale.
Je bois à la grandeur et à la prospérité de
la Russie.
BAGARRE ENTRE CIVILS
ET MILITAIRES ALLEMANDS
STRASBOURG. — Il s’est prodait dimanche à
Mnizig une grave bagarre entre civils et mi-
litaires. Il parait qne des hussards de Stras-
bourg qni avaient fait la fête, voulant entrer
dans nne auberge, frappèrent violemment
anx volets de l’établissement. Quatre ou-
vriers qui se trouvaient dans l’anberge sorti-
rent et nne bagarre éclata, an cours de la-
quelle deux soldats furent grièvement bles-
sés par des coups de revolver.
Aucun ouvrier alsacien n’a pris part à l’af-
faire.
LES ESPAGNOLS AU MAROC
TETUAN. — Un détachement espagnol a été
attaque an cours d’nne reconnaissance.
Cinq soldats et un sergent ont été blessés.
UN INCENDIE A HAMBOURG
HAMBOURG. — Un incendie s’est déclaré
hier apies-midi dans des chantiers où l’on
construit un dock.
Le ieu sVst rapidement propagé, a’imenté
par les pièces de bois servant à la c-mtruc-
tion dn dock. Un grand nombre d’ouvriers
n’Ant pas eu le temps de se sauver.
Le nombre des morts serait jusqu’ici de
trois, mais il y a de nombreux blessés.
Lés pompiers ont mis en action sept lan-
ces, mais n’ont pu circonscrite Je loyer qu’à
six hsures.dn soir
CHUTE MORTELLE D’UN AVIATEUR
PORTSMOUTU. — Un biplan militaire étant
tombé d’une hantenr de 80 mètres, au court
d’un voi plané, le lieutenant qui le pilotait
s’est tné ; nn sous-officier qui l'accompagnait
comme passager, a été grièvement blessé.
LES GRÈVES DE SAINT-PÉTERSBOURG
SAINT-PÉTERSBOURG. — Le mouvement grô-
vistë a pris une intensité particulière.
On fait grève dans des usines de tontes
sortes, ainsi qne dans les petites exploita-
tions et dans le3 ateliers. Il y a plus de
75,000 personnes en grève.
La police a réprimé plusieurs tentatives ds
manifestations.
LA SITUATION EN BULGARIE
BUCAREST. — Une collision s'èst produite à
la frontière bulgare. Les Bulgares, qui au-
raient été les agresseurs, ont eu trois tués.
Les Roumains n’auraient subi aucuns
perte.
DERRIÈRE HEURE SPORTIVE
Le Tour de France Cycliste
L’Etape G-snève-B-oïfort
Voici le classement officiel :
i. Pélissier, sur Wolber ; 2. Alavoiue, sut
Wolber ; 3. Du hoc ; 4. ex-oequo, Rossius, Bro-
co et Thys.
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Variétés Economlqnes et Politiques
EN CALIFORNIE
San-Francisco
San-Francisco, le 1" juillet 1Ô1&.
La descente en Californie a quelque chose
d’enchanteur. De Sait Lake City le che-
min de fer a traversé, sur les hauts pla-
teaux des Rocheuses, d’interminables soli-
tudes. Dans le bassin à demi desséché du
Grand Lac Salé, l’impression est à propre-
ment parler saharienne : des étendues sans
fin de sable blanc, où, sous un soleil écla-
tant, les lois de l’optique se font fantaisis-
tes et laissent le champ libre aux classiques
mirages de l’Orient. Puis ce sont les éten-
dues désolées du Nevada : brousses immen-
ses où les agglomérations, réduites à leur
expressioi ^ plus minime, sont tout au
plus des de pionniers.
Un soir, cependant, vers Réno, on atteint
le versant du Pacifique, et le lendema in
matin tout a changé. La terre a pris de
riches colorations d’ocre et se couvre de
moissons ; des rangées d’eucalyptus géants
bordent les champs ; les arbres fruitiers se
multiplient ; une forte et délicieuse odeur
tropicale embaume l'atmosphère, On dirait
uneAndalousie ou une Côte d’Azur. C’est
la Californie.
San-Francisco en est la capitale, une
capitale un peu excentrique, puisque si-
tuée sur une langue de terre entre l’Océan
et la baie de San-Francisco : on n’y accède
guère qu’en bateau. D’Oakland,terminus des
chemins de fer, d’immenses bateaux trans-
bordeurs (ferry-boats) font le service, véri-
tables maisons flottantes, aux silhouettes
fantastiques où les gens se pressent par
centaines, presque par milliers. C’est
alors seulement qu’apparaît vers l’Ouest,
dans une atmosphère généralement embru-
mée, lo profil fie la grande cité.
J’ai connu autrefois, avant le tremble-
ment de terne, l’ancien San-Francisco. C’é-
tait une ville curieuse où la civilisation la
plus raffinée du monde occidental ne réus-
sissait pas à dissimuler les traces, toujours
visibles, de l’ancien camp d’aventuriers et
de chercheurs d’or. Ville de plaisir où les
mineurs venaient s’amuser, Avilie de luxe
où les nouveaux riches venaient jouir de
leur fortune et l’étaler, Saù-Prancisco. était
aussi un gj»««kperUi'e chinois et japonais* 1
Je vois ëncore la vieille ville chinoise
(Chinatown), où, empilés dans les sous-sols
des maisons, plus de vingt mille Célestes
menaient une vie bruyante, grouillante,
mystérieuse et quasi-souterraine. Je vois
aussi (souvenir d’une tournée de grands
ducs qui date de dix ans) d’innombrables
mauvais lieux internationaux où, en dehors
de toute règle et sous la surveillance légère
d’une police corrompue, le Far West cher-
chait un plaisir vulgaire, à la façon des sau-
vages séduits par la lumière et le bruit, ou
plutôt encore à la façon des soldats qui,
ayant échappé au danger, mettent une sorte
de hâte fébrile à jouir de l’existence.
Le tremblement de terre de 1907, le leu
comme on dit ici par manière d’euphémis-
me, a profondément modifié et la ville, et
l’atmosphère, et le milieu. Du point de vue
pittoresque, c’est bien dommage. Au len-
demain du cataclysme, il ne restait rien que
les carcasses de fer de quelques buildings;
La ville, paraît-il, semblait quelque mons-
trueuse Pompéi, dont les débris fumants
étaient, par surcroit de malheur, la proie
des brigands.
Par un magnifique mouvement d’énergie,
San Francisco a décidé sur-le-champ de se
reconstruire plus grande et plus belle. Dès
aujourd’hui l’oeuvre est faite. Tout est bat-
tant neuf, depuis le grand building à 20
étages jusqu’au petit cottage de bpis style
«bains de mer» qui sévit ici. Rien de
vieux, sinon la vénérable Mission Dolorès,
église espagnole fondée par les Jésuites en
1770. Au milieu de ces agressives nouveau-
tés, cette vieille et très simple chose a je
ne sais quoi de touchant.
Dans celte reconstruction générale, San-
Francisco a, malgré tout, perdu quelque
chose de son ancienne personnalité. Autre-
fois, c’était une ville unique vraiment, au
charme malsain et un peu trouble, mais
combien prenant 1 Aujourd’hui, c’est une
ville américaine, comme il y en a beaucoup
d’autres, avec les mêmes grandes rues ani-
mées et les mêmes bâtiments « écorcheurs
de ciel ». Sans doute il reste un cachet spé-
cial, en fin de compte plus méridional
qu’anglo-saxon ; on dirait une grande cité
méditerranéenne. Avec ses cascades de
maisons blanches,, dégringolant de vingt
collines abruptes et sèches vers une mer
toujours bleue, San-Francisco semble une
autre Marseille. Il y a de la gaieté dans
l’air, et Market Street, sans pouvoir vrai-
ment lutter avec la Cannebière, peut en
un certain sens lui être comparée.
Cependant quelque chose manque qui
faisait naguère le charme du lieu : San-
Francisco n’est plus comme précédemment
une ville sans règle et sans frein, elle s’est
par trop civilisée. Le « feu » de 1907 a
opéré, avec le passé, une brusque coupure.
Les aventureux chercheurs d’or de 1850, les
pionniers du siècle dernier, mi-héros, mi-
brigands, les politiciens d’opéra-comique
d’il y a vingt ans, tout ce personnel roman-
tique est mort et presque oublié. Quelque
chose, dans l’atmosphère, vous le dit, dès
le moment où on débarque : c’est San-Fran-
cisco, ce n’est plus l’âncieu San-Francisco
de l’histoire.
Le lieu toutefois demeure émouvant
pour une imagination éveillée. San-Fran-
cisco, la Californie, la côte américaine du
Pacifique, c’est profondément une frontière
de races, de mondes, de civilisations. Le
voyageur qui, arrivé à ces confins extrêmes
du domaine de la race blanche, contemple
l’Océan Pacifique, ne manque pas de se dire
que décidément tout l’Occident est dérrière
lui. ^Devant luj, de l’autre côté de cette
mer, règne l'innombrable race jaune, dont
l’avenir est mystérieux et dont peut-être
un j^ur IsKpousséfe-de^ ieftdr»' irrésistible.
L’ombre de l’Extfême Orient se projetant
sur cette Ultima Thule de l’Amérique, voilà
aujourd’hui la vraie poésie de San-Fran- :
cisco.
ANDRÉ SIEGFRIED.
La Qasifisa il Homi Bail
LE ROI D’ANGLETERRE INTERVIENT
LUI-MÊME DANS LE DRAME IRLANDAIS
Un véritable coup de théâtre s’est produit
dans le drame de l’Irlande : le roi intervient
en personne dans la question.
Ii vient de convoquer nne conférence qni
aura lieu sons sa présidence mardi an palais
de Buckingham, et dans laquelle toutes les
parties en présence : ministère, opposition,
nationalistes et signataires du « coveuànt »
de l’Ulster, seront représentées. On croit
savoir que le premier ministre annoncera
cotte grosse nouvelie à la chambre des com-
munes demain.
Ii n’est pas douteux que la décision reyale
n’ait été prise là suite des pourparlers très
actifs qui ont eu lieu ces jours derniers dans
les milieux ministériels, et très probable-*
ment dans l’audience que le roi George donna
à M. Asquith vendredi soir, à une heure très
tardive.
LEUR TRIOMPHE
Nos lecteurs savent que notre cité
aura bientôt l’honneur d'être le siège
d’un grand Congrès scientifique, uni-
que dans son genre, puisque c’est à la
fois le Congrès de l’Association fran-
çaise pour l’Avancement des Sciences
et le Congrès continental de la « Bri-
tish Association » qui poursuit le mê-
me but. Il ne s’agit pas d’an Congrès
international, mais de deux puissantes
associations tenant pour la première
fois leurs, assises en même temps et
avant certaines séances communes.
C’est pour un grand nombre de sa-
vants français et anglais, quelques-
uns parmi les plus illustres, une ocefir
sion de se rencontrer dont ils ont été
heureux de profiter. C’est donc une
manijestation à la Jois des plus rares,
des plus sérieuses et des plus nobles de
fEnleiite Cordiale et notre ville peut
vraiment être hère d’en être le théâtre.
Par l’hospitalité qu’elle donne aux
congressistes, elle prouve qu’elle s'in-
téresse non pas seulement à l’échange
commercial entre les deux pays, mais
aussi à l’échange de cette denrée sur
pèrieure qui féconde tout dans le mon-
de ; la pensée / », > . -
Pour présider avec tout l’éclat désir
rable une pareille solennité et Jaire
honneur a nos hôtes étrangers, la
Municipalité n’apas cru pouvoir mieux
Jaire que d’inviter Monsieur le minis-
tre de l'Instruction Publique et nous
avons annoncé jeudi dernier que sur
une démarche de M. Jules Siegjried,
M. Augagneur avait accepté aveë
d'autant plus d'empressement qu’il est
lui-même, on le sait, un savant distin-
gué.
Or, hier, la Municipalité a été offi-
ciellement avisée que le ministre de
l’instruction publique, revenant sur
sa décision, ne viendrait pas au Ha-
vre. Ce n’était d’ailleurs pas tout a
Jait une surprise, car dès dimanche
malin, la Démocratie Havraise, pour
une Jois bien informée, et informée
avant les intéressés même, avait an-
noncé celte nouvelle dans les termes
suivants )
Notre., confrère le Havre-Eclair s’est
u».peu .hâté pour féliciter MM. 'Julilh
Siegfried et Morgand à l’occasion de la
venue de M. Augagneur au Havre.
Nous sommes en mesure d’annoncer
que cela ne sera pas. L’éminent minis-
tre de l’instruction publique, qui nous
avait apporté son éloquent concours
lors des élections municipales, est ré-
solu à ne venir officiellement dans no-
ire ville que lorsqu’une municipalité
républicaine siégera à l’Hôtel de Ville.
L’on conçoit que dans cet état d’es-'
prit, il ne désire pas être reçu par l’élu
de MM. Begpuen-Demeaux et de
Gradmaison.
Nous félicitons M Augagneur de sa
républicaine résolution.
Le directeur de la Démocratie Ha-
vraise, M. Edmond Meyer a vraiment
le triomphe trop modeste en se conten-
tant de cet entre filet ; il aurait dû
raconter que tout le mérite de cet acte
de civisme revient à son honorable
Jrère, et cela sous un gros titre en
manchette, comme celui-ci par exem-
ple: « Comment on sabote le Congrès»;
ou bien : « Comment on brime une
ville ; » ou encore « Comment on ba-
joue l’Entente cordiale. »
Voici les Jails dans leur éloquente
simplicité, sans que nous puissions
craindre aucun démenti : M. Léon
Meyer qui n’est rien au Havre, ou si
peu qu’un «r horsain » comme nous est
excusable de ne pas s’en rendre comp-
te, voudrait être tout. Il veut donc être
de tout et entend que tout passe par
lui. Le Congrès pour l’avancement des
sciences, qui ne Jait d'ailleurs pas de
politique, a cru pouvoir, au contraire,
se passer de lui : de là vient tout le
mal, ou tout le bien, comme vous l’en-
tendrez.
Lorsqu'il a été question de la prési-
dence de M. Augagneur, M. Léon
Meyer a dit avec empressement : « Si
pous vous adressez à moi, vous l'au-
rez». A ce moment là, la municipalitét
cependant identique à elle-même, était
assez républicaine pour trouver grâce
à ses yeux ; en tout cas l’intervention
personnelle du conseiller radical-so-
cialiste aurait sans doute suffi pour
lui donner tout le républicanisme né-
cessaire !
Les organisateurs du Congrès ont
préjêré s'adresser, comme c’était tout
naturel, au président du Comité local
de VAssociation, M. Jules Siegjried,
et on sait que sa démarche avait été
couronnée de succès. Du coup tout
change, la municipalité, la ville elle-
même, ne sont plus dignes de recevoir
le ministre de l’Instruction publique
et M. Léon Meyer, qu’on a l’audace de
laisser de côté, va bien prouver de quoi
il est capable.
Il saute dans le rapide et se préci-
pite chez le ministre, à la porte du-
quel il a le désagrément de se rencon-
trer nez à nez avec M. Siegjried, qui
découvre ainsi la manoeuvre. Mais
notre singulier émissaire se remet
vite et il sait si bien desservir les inté-
rêts de la cité dont il est, paraît-il, un
des représentants, que Mx Augagneur
lui promet qu’il ne mettra pas les pieds
dans une pareille pétaudière.
Ainsi dans une circonstance où la
politique n’était nullement en jeu et
uniquement pour satisfaire une ambi-
tion et une rancune personnelles M.
Léon Meyer n’a pas hésité à priver
poire ville de llhonneur et de tous le;s
avantages que lui auraient valu la
présence d'un ministre, n’a pas hésité
à placer notre municipalité, qui a si
grand soüci dé sa dignité, dans Une
situation délicate vis-à-vis de ses illus-
tres hôtes anglais, comme lord Ram-
say, aux quels la présence d’un mem-
bre du gouvernement avait déjà été
annoncée.
MM. Meyer peuvent jouir de
leur triomphe, car c’est sans doute le
dernier qu’ils connaîtront ; c’est, en
effet, un triomphe si éclatant contre
tout ce qui est havrais que nos conci-
toyens s’en souviendront une Jois pour
toutes.
CASPAR-JORDAN.
ENCORE LE KRQNPRÎNZ
Le kronprinz a adressé nn télégramme de
félicitations à M. Hermann Frobenins, lien-
tenant de réserve, qui a fait paraître un
livre : L’heure du destin de l’empire allemand.
« J’ai lu, dit le télégramme, avec le pins
grand intérêt la brochure remarquable que
vous avez publiée ; je lui souhaiie d’être
largement répandue parmi notre peuple al-
lemand. »
L’AFFAIRE CALMETTE
F Caiiiï unit 1B mes
SON INTERROGATOIRE
Mme Caillaux a été introduite â midi
quinze dans la salle d’andiencearchi-comble.
Quelques menus incidents se sont produits,
mais ils furent vite arrangés et le greffier
donna lecture de l’acte d’accusation, dont
nous avons déjà donné la substance.
Après l'appel des témoius, M Albanel,
president,commence l’interrogatoire de Mme
Cailla» x.
D. Yousvous appelezGeneviève-Joséphine-
Qenriette Rainonard, vous êtes née le 6 dé-
cembre 1874 à Rueil (Ssine-et-Oise). En 1894,
vous avez épousé M. Léo Claretie, vous avez
eu deux enfanta de ce mariage, et vous avez
divorcé avec lai en 1908.
Vous vous êtes remariée avec M. Caillaux
en octobre 1911, c’est exact ?
R. Oui, . . /
D. À l’instruction, outre ces renseigne-
ments d’état civil, vous avez donné d’autres
indications concernant votre existence pas-
sée, Veuillez les fournir à nouveaa à MM. les
jurés et dire en cette occasion tont ce qui
vous paraîtra utile.
Le premier Marjage
R; Monsieur le président, j’ai été élevée
comme l’ont été toutes les jeunes filles de
mon epoqne, je n’ai jamais été en pension,
je n’ai jamais quitté mes parents jusqu’au
jour de mon mariage. Je me suis mariée à
l’âgé de dix-neuf ans avec M. Lé > C aretie,
homme de lettres ; des dissentiments sont
survenus aussitôt dans noire ménage, nos
caractères ne s’accordaient pas ; plusieurs
fos, j’ai été sur le point de rompra cette
unioa, mais j’avais deux enfants,deux filles,
et pour elles, j’ai attendu. Enfin, au mois
de mars 1908, de nouveaux dissentiments
étant survenus entre nous, j’ai demandé le
divorce qne j’ai obtenu très rapidement ;
j’obtenais en même temps la garde de mes
deux filles. Quelques mois après j’avais le
très grand malheur de perdre la seconde à
l’âge de neuf ans.
Le Mariage avec M. Caillaux
Au mois d’octobre 1911, je me remariai
avec M. Joseph Caillons, alors président du
Conseil des ministres. J'ai trouvé dans ce
mariage le Donheur le plus complet ; j’avais
tont, j’ai tout. Si nous n’avions pas été em-
poisonnés par la calomnie, j’anrais tout pour
être heureuse.
J'ai un mari qni me rend an centuple l’af-
fection que j’ai ponr lui, j’ai une fille qni a
maintenant plus de dix-neuf ans et qui est
la joie de notre maison. M. Caillaux m’avait
apporté une belle situation, la situation dn
ministre était brillante; nons avons nne
belle fortune qni nous permet de vivre lar-
gement, et je tiens à aire ici toat de saite
que ce n’est pas cette abominable et consi-
dérable fortune qne la calomnie noas prête
depuis notre mariage, mais que nous avons
nue bonne et loyale fortune que nous avons
reçue de nos parents chacnn par parts à peu
près égalés. Cette fortune (M. le bâtonnier en
a les preuves et vous les donnera si vons le
voulez), cette fortune ne s’est pas augmentée
depuis le jour où, chacun de notre côté,
nous avons reçu notre part de l’héritage de
famille.
Les premières calomnies
N contre M. Caillaux
Malheureusement, Monsieur le président,
la calomnie est entrée tout de suite dans no-
tre maison. A peine étions-nons mariés — je
ne sais pas si c’est avant on après mon ma-
riage — qu’aussitôt nons avons été avertis
que la première femme de mon mari, Mm
Gueydan avait conservé par devers elle des
photographies des lettres et qu’elle cherchait
à en faire nn scandale pour se venger dt
notre mariage. Ces bruits nous sont revenus
a plusieurs reprises, eu puniculier au mo-
ment de la chute du ministère Caillaux. Eu
même temps... ah i cette calomnie 1.,. des
bruits ignobles sur mon mari ont été répan-
dus; tout Paris sait bien qu’on a dit à ce
moment-là qu'il était malade, qu’ii devenait
fou, qu’il se livrait en public à mille extra-
vagances. Tout le monde les racontait...
D. Madame, pour ne pat nous perdre dans
tous les détails de l’affaire et les circonstan-
ces qui l’on précédée je vais vous po.er des
questions spéciales pour vous permettre de
répondre d’une façon précise à tous les faits
qui vous sont reprochés, et pour vous per-
mettre également de préciser toutes les cir-
contances qui les ont p-écédés ou suivi;
Vous vous expliquerez tout à l’heure sur
l’acte criminel dont vous êtes accusée, ma s
je tiens tout d'abord à vous faire préciser les
circonstances qui l’oat précédé, et j’arrive
tout de suite à vos déclarations dès Je début
de l’information — je cite vos paroles — :
« Irritée d’être l’objet d’injures et de diffa-
mations dans les journaux etpiasparticoiiè-
rement dans le Figaro, ii m'a semblé que
mon mari ne pouvait se défendre à cause de
sa situation et qu’il m’appartenait de le ven-
ger des outrages qui rejaillissaient sur nous
deux. » Veuillez, sur ce point faire con-
naître à messieurs les jurés, quelle in-
fluence avait sur votre esprit la cam pagne
du Figaro.
R. Quand la campagne du Figaro a com-
mencé, j’étais déjà dans un esprit que l’opi-
nion publique avait préparé. Je ne sais pas
si je me fais bien comprendre, c’est pour
cela qne j’aurais voulu vous dire ce qui
s’était passé avant la campagne, si ce n’est
pas abuser.
D. Non, vous en avez le droit. Je croyais
que vous aviez terminé en ce qui concerne
les circonstance! précédentes.
R. Oa a répandu ces bruits sur pion mari;
j’ai c immencé à souffrir de la calomnie
lorsque j’étais tout nouvellement remariée.
Tout e monda m’accueillait avec des souri-
res, d’ironie, vous comprenez, tout la monde
racontait que c’étaient des soi-disant fo.ies
de mon mari. Je sentais bien qu’on se mo-
quait de moi et j’étais un peu ridicule.
Ce n’est pas tout. Au meme moment, des
bruits abominables de fortune mal acquise
ont commencé à circuler dans tout Paris, on
disait que mon mari — oh 1 des journaux
l’ont raconté t — avait fait un coup de Bourse
à Barlia au moment de la discussion franco-
marocaine, que ce conp de Bourse lui avait
rapporté beaucoup d’argent ; ce qu’on disait
surtout, c’est qu’if avait vendu te Congo à
l’empereur d’Allemagne ; tont Paris a connu
cette histoire d’une couronne de 750.006
francs qui m’aurait été donnée comme cadeau
de noce et qui aaraitété payée par l’empere.ir
d’Allemagne. Je voyais ces bruits se répan-
dre non seaiement dans an certain monde,
mais pénétrer un peu dans tontes les cou-
ches de la société. C’était très pénible pour
moi.
Eafiu ii y eut un moment d’accalmie. Nous
avons voyagé. Les passions politiques étaient
très snrexcitées, et à un moment je me suis
aperçue combien la calomnie avait fait ses
ravages ; plusieurs faits me l’ont prouvé. Je
ne pouvais plus assister aux séances de la
Chambre, j’entendais toujours dire autour
de moi queiqne chose de désagréable pour
mon mari dans les tribunes.. Permettez-moi,
Monsieur le président, de vous citer nn fait,
si vous ne trouvez pas mes explicatious trop
longues.
D. Non, expliquez-vous.
R. Un jour, c’était au moment de la dis-
cussion de la loi militaire, mon mari s’ap-
prêtait à monter à la tribune ; j’étais dans
Dernière Heure
PÀRI8. TROIS HEURES MATIN
>DÉPÊCHES COMMERCIALES
3VTET-A.TJSL
f LONDRES. 20 Juillet, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE
Comptant..) . £61-/- -/- 6/-
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ETAIN
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8 mois calJie £ 148 ’B/- B/- -/-
; FER
Comptant..) calme Bl/3 -/- -/-
lemois 81/7 % -/- -/-
. Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
|u 17 juillet 1Ï14.
NEW-YORK, 20 JUILLET
Cotons t juillet, hausse 11 points ; août,
àausse 10 points ; octobre, hausse 15 points ;
jtnwei 1, hausse 17 points. — Très soutenu.
Calé* t baisse 5 points à hausse 2 points.
N HW-YORK, 20 JUILLET
JE-".——
-, I« ion . (. menu;
Cuivre Standard disp. 13 25 13 45
— septembre ... ; 13 40 -13 50
Auialyuuml. U»|)... 69 »/» 69 1, 2
Ver 14 75 14 75
CHICAGO. 20 JUILLET
-fl. DU JOUR PRBCSD
Blé sur Septembre 79 »/» 78 3 4
— ...... Décembre 82 » * 81 3 4
Mali sur,.... Septembre 67 3/8 66 3/4
'i— Décembre 66 3 8 66 »'»
Hiadouxsar. Septembre 10 22 10 30
■îp Octobre ..1 10 25 10 55
LE VOYAGE
ds Présides! île IgRépolilipe
RUSSIE
PÉTERHOF. — Il est 3 h. 20 quand les pré-
sentations sont achevées.
L’empereur, cuii porte l’nniforme de capi-
taine de vaisseau des équipages de la garde,
avec le grand cordon de la Légion-d’Hon-
neur, et M. Poincaré, en habit, avec le grand
cordon de Saint-André, se tiennent debout à
l’arrière du navire et s’entretiennent cordia-
lement.
MM. Viviani, Yswolsky et Paléologne s’en-
tretiennent également à peu de distance des
denx chefs d’Etat.
Les mDsiqaes jouent la Marseillaise et
VHymn^Russe.
Aussitôt après le débarquement, l’empe-
reur présente à M. Poincaré les grands-ducs
et les personnages officiels. Pais M. Poincaré
et l’empereur passent en revue la compa-
gnie des équipages de la garde qni rend les
honneurs.
Le tzar et le président montent ensuite
dans nne grande daumont attelée de quatre
chevaux dont deux montés, et précédée
d’an piqueur; un cosaque se lient der-
rière.
Dès l’arrivée an Palais, le tzir conduit M.
Poincaré aux appartements qui lui sont ré-
servés.
M. Poincaré va ensuite présenter ses hom-
mages à l’impératrice qui est entourée des
grandes duchesses Olga et Taliana, ses
filles.
De quatre heures et demie à six heures, le
président va i en dre visite anx grands-ducs
et aux grandes-duchesses habitant Peterhof
et les environs,
*
* *
A sept henres et demie, a lien le dîner of-
fert an président par l’empereur au Palais
impérial.
Lé diaer est servi dans la grande salle de
Pierre le Grand, ornée de tapisseries des
Gobelans. Sar la table sont disposés de ma-
gnifiques snrtouts d’argent massif entourés
de roses, d’oeillets et de glaienls.
L’empereur et l’impératrice sont assis an
milieu. L’impératrice a M. Poincaré à sa
droite et l’emperenr a la grande-dnehesse
Victoria à sa gauche. En face de l’empereur
est assis M. Viviani, ayant à sa droite m. Go-
romykine, président au Conseil et M. Paléo-
logue, à sa gauche.
Un orchestre se fait entendre pendant le
dîner.
Au dessert, l’empereur de Rassie porte le
toast suivant :
» Monsieur le Président,
» Laissez-moi vous expliquer combien
je suis heureux de vous souhaiter la bien-
venue ici, Le chef de l’Etat ami et allié est
toujours assuré de recontrer un accueil des
plus chaleureux en Russie. Mais aujour-
d’hui, notre satisfaction de pouvoir saluer
le président de la République française est
encore doublé par le plaisir de retrouver
en vous une ancienne connaissance avec
laquelle j’ai été charmé de nouer, il y a
deux ans, des relations personnelles.
Unies de longue date par une sympathie
mutuelle des peuples et par leurs intérêts
communs, la France et la Russie sont de-
puis bientôt un quart de siecle étroitement
liées pour mieux poursuivre le même but
qui consiste à sauvegarder leurs intérêts en
collaborant à l’équilibre et à la paix en
Europe.
Je ne doute point que fidèles à-leur idéal
pacifique et s’appuyant sur leur _ alliance
éprouvée ainsi que sur des amitiés commu-
nes, nos deux pays continueront à jouir des
bienfaits de la paix assurée par la pléni-
tude de leurs forces, en resserrant toujours
davantage les liens qui les unissent.
C’est avec ce voeu très sincère que. je
lève mon verre à votre santé, Monsieur le
président, ainsi qu’à la prospérité et à la
gloire de la France.
Le président de la République a répondu
en ces termes :
Sire,
Je remercie Votre Majesté de son accueil
si cordial et je la prie de croire qu’il m’a
été très agréable de rendre aujourd’hui
une nouvelle visite à l’auguste souverain
du peuple ami et allié.
Fidèle à la tradition qu’ont suivie mes
honorables prédécesseurs, j’ai voulu ap-
porter à Votre Majesté et à la Russie le so-
■ lennel témoignage de sentiments qui sont
immuables dans tous les coeurs français.
Près de 25 ans ont passé depuis que dans
une claire vision de leur destin, nos pays
ont uni les efforts de leur diplomatie et
l’heureux résultat de cette association
permanente se fait tous les jours sentir
dans l’équilibre du Monde.
Fondée sur la communauté des intérêts,
consacrée par la volonté pacifique des deux
gouvernements, appuyée sur des armées de
terre et de mer qui se connaissent, s’esti-
ment et sont habituées à fraterniser, affer-
mie par une longue expérience et complé-
tée par de précieuses amitiés, l’alliance
dont l’illustre empereur Alexandre III et le
regretté président Carnot ont pris la pre-
mière initiative, a donné la preuve de son
action bienfaisante et de son inébranlable
solidité.
Votre Majesté peut être assurée que de-
main comme hier, la France poursuivra,
dans une collaboration intime et quotidien-
ne avec SQ& alliée, l'oeuvre de paix et de
civilisation à laquelle les deux gouverne-
ments et les deux nations n’ont cessé de
travailler.
Je lève mon verre en l’honneur de Votre
Majesté, de Sa Majesté l’impératrice Alexan-
dra Feodorovna, de Sa Majesté l’impératri-
ce Marie Feodorovna, de Son Altesse im-
périale le grand-duc héritier et de toute la
famille impériale.
Je bois à la grandeur et à la prospérité de
la Russie.
BAGARRE ENTRE CIVILS
ET MILITAIRES ALLEMANDS
STRASBOURG. — Il s’est prodait dimanche à
Mnizig une grave bagarre entre civils et mi-
litaires. Il parait qne des hussards de Stras-
bourg qni avaient fait la fête, voulant entrer
dans nne auberge, frappèrent violemment
anx volets de l’établissement. Quatre ou-
vriers qui se trouvaient dans l’anberge sorti-
rent et nne bagarre éclata, an cours de la-
quelle deux soldats furent grièvement bles-
sés par des coups de revolver.
Aucun ouvrier alsacien n’a pris part à l’af-
faire.
LES ESPAGNOLS AU MAROC
TETUAN. — Un détachement espagnol a été
attaque an cours d’nne reconnaissance.
Cinq soldats et un sergent ont été blessés.
UN INCENDIE A HAMBOURG
HAMBOURG. — Un incendie s’est déclaré
hier apies-midi dans des chantiers où l’on
construit un dock.
Le ieu sVst rapidement propagé, a’imenté
par les pièces de bois servant à la c-mtruc-
tion dn dock. Un grand nombre d’ouvriers
n’Ant pas eu le temps de se sauver.
Le nombre des morts serait jusqu’ici de
trois, mais il y a de nombreux blessés.
Lés pompiers ont mis en action sept lan-
ces, mais n’ont pu circonscrite Je loyer qu’à
six hsures.dn soir
CHUTE MORTELLE D’UN AVIATEUR
PORTSMOUTU. — Un biplan militaire étant
tombé d’une hantenr de 80 mètres, au court
d’un voi plané, le lieutenant qui le pilotait
s’est tné ; nn sous-officier qui l'accompagnait
comme passager, a été grièvement blessé.
LES GRÈVES DE SAINT-PÉTERSBOURG
SAINT-PÉTERSBOURG. — Le mouvement grô-
vistë a pris une intensité particulière.
On fait grève dans des usines de tontes
sortes, ainsi qne dans les petites exploita-
tions et dans le3 ateliers. Il y a plus de
75,000 personnes en grève.
La police a réprimé plusieurs tentatives ds
manifestations.
LA SITUATION EN BULGARIE
BUCAREST. — Une collision s'èst produite à
la frontière bulgare. Les Bulgares, qui au-
raient été les agresseurs, ont eu trois tués.
Les Roumains n’auraient subi aucuns
perte.
DERRIÈRE HEURE SPORTIVE
Le Tour de France Cycliste
L’Etape G-snève-B-oïfort
Voici le classement officiel :
i. Pélissier, sur Wolber ; 2. Alavoiue, sut
Wolber ; 3. Du hoc ; 4. ex-oequo, Rossius, Bro-
co et Thys.
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