Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-07-08
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 juillet 1914 08 juillet 1914
Description : 1914/07/08 (A34,N12023). 1914/07/08 (A34,N12023).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
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Questions Législatives
l'Inspection médicale
des Ecoles primaires
Au cours de la précédente législature,
Un rapport avait été déposé par M. Gilbert
Laurent, au nom de la Commission de
l’Enseignement et des Beaux-Arts, sur le
projet de loi relatif à l’inspection médicale
,dans les écoles primaires publiques et pri-
vées. Ce projet, qui émanait du gouverne-
ment, avait été complété par un certain
nombre de propositions formulées par la
Commission d’Hygiène et par la Commis-
sion de l’Enseignement et des Beaux-Arts.
Repris le 5 juin 1914, par application de
l’article 18 du règlement, ce rapport a été
distribué à la Chambre. Il mérite de fixer
l’attention.
Projetée déjà par la Convention natio-
nale, en germe dans la loi du 28 juin 1833
sur l’enseignement primaire et le décret du
21 mars 1835, l’inspection médicale scolaire
p été surtout organisée par la circulaire du
14 novembre 1879 et la loi organique du
30 octobre 1886, dont l’article 9 stipule que
A l’inspection des établissements d’instruc-
tion primaire publics ou privés est exercée
au point de vue médical par les médecins
communaux ou départementaux ».
Par le décret du 18 janvier 1887, Jules
Ferry avait précisé ainsi les termes de la
foi : « Les médecins doivent être agréés
par le préfet ; leur inspection ne peut por-
ter que sur la santé des enfants, la salu-
brité des locaux et l’observation des règles
de l’hygiène scolaire. »
Fâcheusement, ainsi que le constate
IL Gilbert Laurent, lois cf décrets sont
Restés lettre morte, ou à peu près. Les tex-
tes existaient, mais n’obligeaient pas les
départements et les communes à réaliser
^inspection médicale des écoles. Et c’est
Binsi qu’une récente enquête du ministère
d&l’instruction publique faisait les consta-
tions suivantes : « L’inspection médicale
tfest organisée, pour toutes ou presque
foutes les communes, que dans 36 départe-
ments, et n’est réiRunérée.que dan? 8. En
outre, dans 49 départements, elle est orga-7
uisée dans quelques villes' isoléès. » Et
Blême,.sauf pour Paris et quelques autres
grandes villes, lorsque l’inspection existe,
Mie est strictement limitée à la surveil-
lance des locaux scolaires et à la prophy-
laxie des maladies transmissibles.
Or il est temps de créer enfin une ins-
pection efiectîve et complète. Car, suivant
La juste et grave réflexion du professeur
Brouardel et de M. Rabier, directeur de ren-
seignement secondaire, dans leur rapport
à la Commission permanente contre la tu-
berculose : « en recevant un élève dans un
{établissement, le maître de cet établisse-
tnent, que ce soit l’Etat, que ce soit un
particulier, prend à sa charge, en même
temps que l’instruction de cet élève, la
protection de la vie et.de la santé de cet
Élève. Autant que l’instruction, avant l’ins-
tructicn même, il lui doit la sécurité. »
Et la Commission de l’enseignement,
{ainsi que sou rapporteur, ont estimé que le
four où l’Etat avait voté le principe de
l’instruction obligatoire, il avait pris ren-
gageaient moral de rendre l’école saine,
hygiénique, confortable.
C’était d’ailleurs ce sentiment qui s’était
dès longtemps manifesté en.notre ville du
Havre lorsque, sur la proposition du doc-
teur Gibert, M. Jules Siegfried, maire, créa
le Bureau d’hygiène en 1879.
Ce Bureau, qui est le doyen des institu-
tions similaires en France, eut immédiate-
ment, dans ses attributions, l’inspection
médicale des écoles et des salles d’asile
communales. A l’heure actuelle, la popula-
tion scolaire étant d’environ 18,700 enfants,
répartis dans 48 écoles et 338 classes, l’ins-
pection se fait une fois par mois et, à cha-
que visite, le médecin inspecteur adresse
un rapport au Bureau d’hygiène. Et comme
la surveillance sanitaire des écoles se pro-
pose de préserver les écoliers contre les
maladies transmissibles, les médecins ont
à prononcer l’exclusion en cas de maladies
contagieuses, de même qu’ils doivent don-
ner les permis de rentrée suivant les indi-.
cations prévues pour chaque maladie.
Il n’était pas indifférent de noter ici cette
initiative déjà ancienne de notre Bureau
d’hygiène, au moment où le Parlement
songe à organiser, d’une façon complète et
définitive, l’inspection médicale dans les
écoles primaires tant publiques que pri-
vées.
Aux termes du projet de loi soumis à la
Chambre, l’inspection médicale scolaire
porterait sur les locaux et sur le mobilier
scolaire des internats et externats et, à ce
titre, l’inspection médicale serait obligatoi-
rement appelée à donner son avis sur le
choix des emplacements et aménagements
des établissements scolaires. Elle assure-
rait l’observation des réglements concer-
nant l’aération, l’alimentation, le chauffage,
l’éclairage, le nettoyage, les soins de pro-
preté, ainsi que des réglements qui fixent
la durée du travail sédentaire, du repos, du
sommeil, des repas et des exercices physi-
ques.
En outre, parles soins de l’inspection, il
serait établi, pour chaque élève, un carnet
« aiilhropopédagogique » contenant obliga-
toirement : les renseignements d’ordre mé-
dical donnés par la famille ; l’indication
trimestrielle du poids ; l’indication an-,
nuelle de la taille ; l’acuité visuelle et
l’acuité auditive ; les noies pédagogiques
relatives à la fréquentation, à la conduite,
à la mémoire, aux progrès, etc.
Sans jamais se substituer au médecin-
traitant, le médecin inspecteur, muni des
carnets individuels, procéderait au moins
deux fois par an à l’examen des écoliers, et
-cet examea porterait notamment sur l’état
des voies respiratoires, le système osseux
et locomoteur, l’état psychique, les organes
de la vue et de-Potriu/lritentifton, le cuir
chevelu; Le carnet suivrait l’élève dans les
diverses écoles fréquentées par lui, et
c’est ainsi que l’on arriverait à renseigner
très exactement lès parents sur l’état sani-
taire de leurs enfants et aussi à dépister
certaines maladies, comme la tuberculose,
qui exercent tant de ravages.
C’est ce que demandent depuis si long-
temps les docteurs Jeanne, Gourichon, de-
Pradel, Strauss et M. Doizy, député des*
Ardennes, dans une étude des plus sérieu-
ses où il a montré ce qui a été fait à l’étran-
ger, ce qui a été tenté chez nous — et ce.
qui reste à faire.
TH. VALLÉE.
Les Français prisonniers
des Rebelles albanais
M. Yasser et ses compagnons, dont on a
annoncé la capture par les insurgés albi-
nais, ne se trouvent pas en tait dans l’exploi-
tation forestière qu’ils dirigeaient.
Le chef de Chiak, auquel on s’est adressé
pour les réclamer, affirme qu’il ne les a pas
vus et il les fait rechercher.
D’après lui, les Français en question ont
dû se retirer vers le Nord avec les Malissores
quand ceux-ci ont battu en retraite.
LES FÊTES DE GUERNESEY
■» -—-
Français et Anglais fêtent le Souvenir de Victor Hugo
nieront eu lieu, à Gnernesey, des fêtes 1
grandioses en l’honneur de Victor Hugo.
Ces fêtes n’ont pas seulement un caractère
hautement littéraire, elles sont encore l’oc-
casion d’une touchante manifestation de
i’amitié franco-anglaise.
Le déplacement des ministres, français,
MM. Augagneur, ministre de l’instruction
publique, représentant le gouvernement ;
Giuthièr, ministre de la marine, et Dalimier,
sous-seçrétaire d’Etat aux beaux-arts, n’a
d’autre but, en effet, que de remettre aux
Etats de Guernesey, et par eux au gouver-
nement britannique, le très beau monument
que sur ia commande de l’E at et avec les
crédits votés par le Parlement français, le
sculpteur Jean Boucher a élevé à ia mémoi-
re de Victor Hugo.
La France a voulu, par le don de ce mo-
nument, témoigner à l’ile de Guernesey sa
reconnaissance pour l’hospitalité que celle-
ci donna généreusement pendant seize ansA
Victor Hugo.
Le Conseil gédéral de la Seine et le Conseil
municipal de Paris se sont fait représenter
par une délégation.
De son côté, le gouvernement britannique
a montré ie prix qu’il attache au geste du
peuple français, eu désignant, pour le repré-
senter aux têtes de Giurnesey plusieurs de
ses membres : ie comte Brauchamp, minis-
tre des travaux publics ; M. Malcolm De|e-
vinghe, sous-secrétaire au ministère de l'in-
térieur ; sir Almeiic Filz-Roy, du Conseil
privé ; M. Elliott, directeur du Home office,
et en faisant accompagner ses représentants
par quatre navires de guerre qur mouîftent,
en rade de Guernesey, auprès des navires dé
guerre français.
: *%
La cé émonie de la remise du monument
Vicior Hugo, par le gouvernement français,
aux représentants du gouvernement britan-
nique a eu lieu l'après-midi.
Si. Victor Margueritte, président de la So-
ciété Victor Hugo, a pris fe premier ia parole
pour saluer le bailli de Guernesey et les re-
présentants des Etats.
La parole a été ensuite donnée au ministre
de l’instruction publique, qui a parié au
nom du gouvernement Lançais.
Le Discours de M. Augagneur
Le ministre de i’instruction pobnqna,rap-
pelle, fort héareusemeat, que Victor Hugo
avait réclamé une apothéose pour Shakes-
peare.
Un monument à un Shakespeare ou à un Vicior
Hugo, dit l'orateur, c’est une detie dont le paye?
ment importe plus aux débiteurs qu'aux créan-
ciers. Quel exemple pour les générations qui
passent au pied de la statue i Si grande qn’clle
soit, elle l’est moins que le héros dont elle re-
trace les traits et rappelle le souvenir. Suivant
l’expression do Vicior Hugo lui-même, la haute
tête d’un grand homme est une ciartê, les fouies
comme les vagues ont besoin de phares au-dessus
d’elles.
Toute lumière jaitlissant sur les rochers de
Guernesey projette son éclat, en même temps,
sur Ie3 rivages de l’Angleterre et de la France.
De Guernesey, Victor Hugo, pendant dix ans, fit
briller sur le monde un génie dont les lueurs il-
luminèrent d’abord, cemmoles phares étincelants
sur tes Dots, par privilège de voisinage, l’Angle-
terre et la France.
Les deux grandes nations se sont accordées
pour symboliser, par la soiidité.du granit, la p ar-
sistance de cette action d’un grand nomme qui,de
cet îlot, guide l’humanité, comme les feux traçant
leurs chemins aux navires.
Hugo, certes, devait désirer par lui-même ce
qu’il attendait pour Shakespeare, un monument
élevé par les gouvernements. D souhaitait plus
encore, et ce voeu s’est aussi réalisé, que l’Angle-
terreet la France fussent, quelque jour, unies
par une solide et durante amitié.
Les deux nations, comme ie souhaitait le poète.
Ont mis lsurâ mains augustes l’une dans l’autre,
entraînée,s.par une cordiale amitié et elles pro-
clament aujourd’hui la solidité de ce sentiment
en communiant ensemble, dans l’admiration et ie
souvenir,d’an des pins grands poètes qui aient
éclairé l’humanité par son génie, qui l’aient, par
l’élévation et ia générosité do sescüants, le plus
résolument entraînée vers le progrès et l’idéal.
M. Augagneur marque comment le séjour
d’Hugo à Guernesey l'inclina vers les préoc-
cupations sociales et politiques, et lui impri-
ma un caractère nouveau. Il sut descendre
jusqu’à la foule.
Hugo, dans ses attitudes politiques, dans ses
opinions sociales, fut sincère. Poète toujours, il
vibra au sbeëlacîô des mi-ères humaines, des
injustices sociales comme aux grandeurs des
tragédies historiques, à l’éclat des soleils d’O-
rient, aux délicatesses de l’amour paiernel. Ses
passions, haines ou enthousiasmes, jaillissaient
des proton (leurs du sentiment plus qu’elles ne
découlaient des méditations de la raison. Mais
quand le génie poétique atteint les sommets où
planait Hugo, la sensibilité aiguë vaut la froide
raison, l’intuition devine plus que ne révèle la
réflexion profonde.
Hugo, a peine adolescent, avait pleuré sur
Louis XV1J ; plus tard, enthousiasme avec ia
France entière et une partie du monde, il avait
célébré, en stances héroïques, l’éponée napo-
léonienne. Evoluant avec son époque, ia de-
vançant même, il embrassait ensuite ia canse
de la République, et allait au socialisme. Chassé
de France par le crime du à. Décembre, U avait
connu cet état de proscrit qu’il définissait plus
tard sur la tombe d'Edgar Quinet : « Etre pros-
crit, n’est être choisi par le crime pour représen-
ter le droit ».
L’oratenr analyse l’oeuvre littéraire de Vic-
tor Hugo, oeuvre de pitié, de grande pitié
pour toutes les misères, puis il conclut :
Guernesey était ie sanctuaire vers lequel so
tournaient les regards de tous les asservis, les es-
poirs de tous les souffrants.
C’est ce Victor Hugo que rappellera avant tout
le monument inauguré aujourd’hui par l’Angle-
terre et la France. C’est ce Victor Hugo que
nous, plus mêlés par ta destinée de noire vie
aux convulsions sociales qu’adonnés au culte
reposant du Beau, nous verrons se dresser sur la
mer.
Qpand le granit de la statue vibrera au souffle
terrible de rouragan, quand Le fracas ou ie mur-
mura des eaux se mêlera menaçant ou berceur
aux harmonies sauvages ou caressantes des
airs, nous penserons encore entendre la voix du
grand exilé» tantôt indignée s'élevant contre les
oppressions et les oppresseurs, tantôt suppliante
et douce s’efforçant de calmer les. douleurs des
victimes.
Nous voulons éterniser la mémoire du poêle qui
poursuivit dans son oeuvre autre chose que la
'réalisation de là beauté et qui, dès 1840, dans les
Rayons rt les Ombres, se fixait un rôle plus haut
et plus humain, qui entendait faire de Fart l’ins-
trument du perfectionnement universel qui con-
férait au poète une fonction sociale.
Après M. Augagneur, M. Jean Richepin.au
nom de l’Academie française ; M. Paul Her-
vieu, au nom de la Société des auteurs dra-
matiques; M. Georges Lecomte, ont élo-
quemment célébré-le poète.
Pais M, Fernand Gregh a dit unj poème
dont voici deux strophes f
O toi. que par .le plus radieux jour de juin
Un peupte ivre d'orgueil a conduit vers la tombe,
Sous des monceaux de Deurs dont la fraîche
[hécatombe,
Faisaient .<■ de Paris un jardin
Est-ce que ces milliers et ces millions d’âmes,
Qui t'évoquaient au même instant dans ta cité,
Eu concentrant sur loi, miroirs humains, leurs
[flammes,
Ne t'auront pas ressuscité ?
M. GustaveSimon,exécuteur testamentaire
du poète, a remercié les autorités anglaises.
La sérié des discours officiels a été close
par une réponse des délégués anglais et par
une allocution de M. Georges Hugo, petit-fils
dn poè;e.
LE CONFLIT MINIER
M. Gonyba, ministre du travail, a reçu hier
matin les directeurs délégués du Comité des
houillières de la Loire, avec lesquels il s’èst
entretenu du cpnflit soulevé dans cette ré-
gion par l’application de la loi sur la durée
du travail dans les mines. Ii a fait appelé
leur esprit de conciliation pour prendre im-
médiatement tes mesures nécessaires en
vue d'arriver à la pacification des esprits. Il
a fait observer que l’émotion des ouvriers
provenait en grande partie de.ee fait qne les
durées portées à certaines consignes sem-
blaient revenir sur les avantages accordés
antérieurement à certaines catégories d’ou-
vriers. ..
Le Port et h Ville
LEGAGNEUX
;Loto -.i Ciicïié Pelil Ihvre
Photo prise quelques jours après son accident
du Havre
11 nous était donné hier d’enregistrer en
Dernière Heure une bien triste nouvelle :
Georges Legagneux, cet audacieux aviateur
que les H a vrais estimaient entre tous pour
son audace et sa jovialité, a été, lui aussi,
inscrit dans la liste terriblement longue
des victimes de l’aviation.
Né à Poteaux le 24 décembre 1882,Georges
Legagneux était fils et petit-fils d’ouvriers.
Il allait être lai-même ouvrier ; et, après
une période de trois années passées au 160»
de ligne à Toul, il devint ajusteur-mécanicien
à la Société Antoinette.
Il fit la connaissance dans cet établisse-
ment du capitaine Ferber, avec lequel il re-
construisit l’appareil qu’il avait conça en
1902. L’ayant muni d’an moteur de 50 che-
vaux Antoinette, Legàgueox, débrouillard et
friand du danger, mit l’appareil au point et
apprit à voler, ;
II* fat ainsi i’un des première en France
à s’élancer dans les airs. Le 18 août 1908, if
gagnait lë prix des 300 mètres à Issydes-
Mouhneaux-
Denx années de persévérantes études et de
gymnastique acharnée lui font expérimenter
les biplaas Voisin, et il réussit alors en jain
et juillet 1909 quelques beaux vols. Il prend
ensuite ia direction de l’école du camp de
Châlons.
Il s’offre comme entrée de jeu des exhibi-
bitions sur ies plus invraisemblables pistes
du monde, à Vienne (Autriche); à Copenha-
gue, puis en Norvège et en Russie.
Breveté le 22 avril 1910, avec le numéro
55, il aborde les grands meetings français où
ii tait sensation. Eu mai, à Lyon, ii est tou-
jours en tête, mais, guignard, il tombe le
dernier jour.
Deux mois plus tard, il prend sa revanche
et gagne la totalisation au meeting d’Anjou.
En août, nous le trouvons dans notre
ville. Il est inscrit parmi les nombreux con-
currents de ia Baie de Seine et, le vendredi
25, alors que le vent soaffie eh rafale, que
beaucoup, de concurrents hésitent, Lega-
gneux s’élance et, malgré le vent, s'adjuge
le prix du premier départ. Bien fâcheuse-
ment ie lendemain, dans un virage malheu-
reux, l’une des aiies de son appareil vient
heurter un des pylônes.
La chute est brusque et Legagneux, bles-
sé, doit interrompre ses vols. Notre popula-
tion, frappée d’admiration, pour cet homme
dont elle apprend i’orisine modeste et l’in-
domptable énergie, lui témoigne alors d’une
façon touchante sa grande sympathie.
Depuis lors, tous ceux qui l’ont connn
suivent avec intérêt ses exploits.
A Reims, il triomphe. Ii se classe second
dans la première course de ville à ville orga-
nisée rapidement à l’annonce du Circuit de
l’Est. Dans cette dernière épreuve, qui fut
vraiment sensationnelle, il finit troisième
après avoir été le bout-en-lrain de cette au-
dacieuse envolée.
Peo après, ii tente par deux fois, avec son
ami Martinet corrme passager, l’épreuve de
Paris-Bruxelles, mais ne peut, gêné par ie
brouillard, revenir à Paris et enlever ainsi le
prix de (00,000 fr. au hollandais Wynmalen.
En décembre 4910,' ii s’adjuge, avec 3,200
mètres, le premier record de hauteur; puis,
le 21 décembre (910, enlève la Coupe Miche-
lin, record de distance : 515 kilomètres 900
en 5 h. 59’.
H parait rester inactif en (911 parce qu’il
installe une école à Compïègne ; mais le 5
juillet (912, chevalier de ia Légion-d’Hon-
neur depuis le 26 janvier, il réapparrit en
battant tous les records du monde de (0 à (50
kilomètres avec passagers. Il monte à 5,450
mètres ie (7 septembre [record du monde) ;
emmène miss Davies à 3,670 mètres ; le 27
janvier grimpe à 5,700 mètres le (9 décem-
bre, puis à 6.120 mètres le 27 décembre.
E* fi i, le 22 lévrier 1914, pour faire comme
ies autres, il boucle ia boucle.
Ce qui caractérisait Legagneux ce furent
non seu-ement sa courageuse activité, son
étonnante audace, mais aussi sa constante
simplicité, sa verve faubourienne, son in-
lassable gaîté.
Un de nos confrères parisiens, S. L., a
d’ailleurs excellemment caractérisé en ces
termes, le brave qui vient de disparaître :
« Le bercement l’accompagna, dit-il. jus-
qu’à la fin de sa vie. C’est que dans La lé-
gende merveilleuse de l’aviation, il repré-
sentait le peuple. 11 en avait le courage
tranquille et l’ingéniosité gamine. Il plai-
santait là-haut, à 6,000 mètres quand il bat-
tait un record et emmenait ses passagers
dans ie ciel. Ii plaisantait quand, au Havre,
il descendait avec nne rapidité vertigineuse,
tombait comme nne masse et qn’oh le ra-
massait pantelant dans des débris de toile et
de bois. Ii a dû plaisanter quand il a
boncîé la boucle. C’était le gavroche héroï-
que et joyeux que Paris a coutume de trou-
ver chaque fois qu’il s’agit d’enrichir ses
annales ae quelque exploit. C’était Tentant
du peuple, pauvre d’argent, mais riche de
courage, comme seule «a vieille cité sait en
produire, et qui, à travers ies siècles, finit
par faire le plus bel armorial.
» Legagneux, pour l’aviation anra donné
son sang d’ouvrier comme d’antres donnè-
rent leur sang d’aristocrate. Il avait com-
pris, le petit faiseur de boulons, que dans
cet oiseau qui s’élève vers le ciel, même
quand il y brise ses ailes, la France voit ie
plus magnifique des symboles. A lui aussi,
il semblait que c’était l’emb ême de sa race
qui s’élevait, toujours plus haut, toujours
plus vite hors de portée des mains brutales,
résumant tons ies courages et permettant
tous les espoirs. »
Pour nous qui avons applaudi à se»
prouesses, nqus salao’as bien .respectueuse?,
ment cet hoffiirie valeureux qui personni-
fiait de si pittoresque façon le caractère
français.
A. PETIT.
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres et sous-secrétaire9 d Etat se
sont réunis à l’Elysée, sous la présidence de
M. Poincaré.
MM. G mthier, Augagneur et Daiimier, qui
représentent le gouvernement aux fêies
de Guernesey, et M. Ajam, encore souffrant,
n’assistaient pas à la délibération.
La Situation Extérieure
M. Viviani a renseigné le Conseil snr la si-
tuation extérienre et Ta entretenu de dif-
férentes questions de politique étrangère.
Mouvement Préfeotoral
Le ministre de l’intérieur a fait approu-
ver un mouvement préfectoral.
L’Emprunt et le Budget de 1014
Le ministre des finances a donné an
Conseil des renseignements sur les condi-
tions très favorables dans lesquelles s’effec-
tue l’emprunt ; il a entretenu egalement se»
collègues de ia discussion de la loi de finan-
ces devant le Sénat et deJTincorporation dans
cette loi du projet d’impôt sur ie revenu.
La journée da huit heures dans les Minet
Le ministre du” travail a rendu compte
de la situation créée par l’application de la
loi sur la durée du travail dans tes mine»
de la Loire, da Nord, da Pas-de-Calais, où
les conflits partiels sont en voie d’apaise-
ment.
Dernière Heure
PARI8, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES. 7 Juillet. Dépêche de 4 h. 30
TOM COURS HAUSSgJ BAISSEE
CUIVRE
ComptaatcaUg *62 7/6 -/- 2/6
B mois t62i7/6 -/- -/-
ETAIN
Comptant.. i US -/- . -/- 20/-
8 mois i catme' t (46 (0/- -/- 28/-
FER |
Comptant., calme 61/ 3 -/" -/-
1 mois.... ) Bi/7 % ( d -/-
Prix comparés avec ceux de ia deuxième Bourse
lu 6 juillet Ht4.
NEW-YORK, 7 JUILLET
Coton» t juillet, baisse 12 points ; août ;
baisse 12 points ; octobre, baisse 9 points ;
janvier, baisse 10 points. — Soutenu.
Café» i baisse 5 à 10 points.
NEW-YORK, 7 JUILLET
i. Il JOU (. HICtiltT
Cuivre Standard disp. (3 65 . (3 65
— septembre.... (,3 70 13 70
Amalguiuat. Co{>».. 71 1 8 71 1 8
ïer (4 75 14 75
CHICAGO, 7 JUILLET
G. DG JOUR C. PRRGBfi
Blé sur Septembre 79 i S 79 4/4
Décembre 62 » » 82 1/8
Mais sur Septembre 6i 1 2 64 »i»
— Décembre 64 i/2 63 7 8
Saindoux sur. Sept-mbre 10 20 (0 22
•g; Octobre.. 10 27 10 30
L’EMPRUNT
est couvert 40 fois
JEe ministre Heu finances «n
«ossprtit hier A minuit 30, Que
l'emprunt tle 805 millions/ tle
franc», 3,59 O/O renia dans la
journée, a été couvert environ
quarante fois.
A L’ÉLYSÉE
Le président de la Republique a reçu hier
après-midi une délégation de la Loire-Infé-
riéure et da Morbihaa venue pour l’inviter
au lancement des cuirassés Lorraine et Gas-
cogne, qui doit avoir lieu vers la fin du mois
de septembre.
Le président a accepté en principe celte
invitation.
LES OBSÈQUES DE LEGAGNEUX
SAUMUR. — Les obsèques de l’aviateur Le-
gagneux auront lieu ce matin.
Les honnenrs militaires seront rendus.
Le corps sera dirigé sur Puteaux où aura
lieu i’inhumaticn.
■i n n ■■»
LE VOYAGE DE DJEMAL PACHA
GOLFE JUAN. — L’armée navale, après avoir
effetué hier après-midi nne série dévolu-
tions, a mouillé vérs huit heures du soir en
rade da Golfe Jaan.
Djemal pacha et les officiers de sa snite se
trouvaient sur le cuirassé Courbet battant
pavillon du commandant en chef de For-
mée navale.
ACCIDENT
aux Manoeuvres Navales
Le Sous-Marin “ CALYPSO " couié
par un eoie-lapte
L’Equipage est sauvé
TOULON — Hier après-midi, à 4 heures,
pendant les exercices de farinée navale dans
les parages d’Hyèras, le sous-marin Calypso
a été abordé par le contre-torpilleur Mousque-
ton, qui le convoyait, et a coulé en eau pro-
londc.
Tout l’équipage du sous-marin a été sauvé.
Les travaux de renflouement du Calypso.
paraissent devoir rencontrer de grosses d.ffi
cultés en raison du fond par iequél le bâti-
ment acoulé.
C’est lè contre-torpilleur Mousqueton qui a
recueilli l’équipage du Calypso.
Le sous-marin faisait partie de la- 2? esca-
drille, qui était commandée par le lieutenant
de vaisseau Yernesy, ayant sous ses ordres
les enseignes de vaisseau AubertetPerrichou.
L'aboruage s’est produit au large du cap
Camarat.
Le sang-froid de l’équipage lui vaut les
félicitations de Djemal Pacha
TOULON. — Djemal pacha qui se trouvait
sur ie Courbet avecles officiers de la mission,
a félicité l’amiral Boué de Lapereÿre pour ia
présence d’esprit montrée par l’équipage du
Calypso au moment de l’accident et pour le
courage des autres équipages qui procédè-
rentau sauvetage.
L’amiral Boué de Lapereÿre a fait réunir à
sept heures toute l’armée navale dans les
parages où l’accident s’est produit.
Les hommes du Calypso recueillis sur les
contre-torpilleurs, seront ramenés à terre le
plus tôt possible.
Le renflouement serait impossible
TOULON. — Dès que le port de Toulon a été
informé du naufrage du Calypso, la direction
du mouvement du port à préparé l’envoi sur
les lieux du sinistre d’un dock de mille ton-
nes construit pour le reievage des sous-ma-
rins ainsi que 1'outiUnge nécessaire.
Ou a appris peu apurés que le croiseur Léon-
Gambetta, de la 2« division légère avait reçu
iu mission spéciale de se tenir sur les lieux
avec lieux torpilleurs de i'arméenavale pour
tenter le renflouement qui fut bientôt jugé
impossible en raison de la profondeur où
s’tst perdu le sous marin.
Le vapeur de l’Etat Goliath arrivant du
Golfe-Juan pour remorquer de vieux torpil-
leurs devant servir de bats pour les exerci-
ces de l’armée navale et ie Dromadaire qui
était chargé d’une ôpération aux Salins-
d’Hyères, se sont rendus aussi, des premiers,
sur ie théâtre de l’accident.
Comment se produisit l’abordage
TOULON. — L'abordage fut très brusque.
L’eju pénétra rapidement par le trou béant
de la coque. L'équipage qui était sur ie pont,
eut une attitude admirable. Il multiplia les
signaux de détresse. Quelques hommes se
jetèrent à la 'mer et atteignirent ainsi le
Mousqueton qui mit immédiatement nne em-
barcation à l’eau.
Les sous-marins Bemauilli et Circe se sont
approchés et avec le Mousqueton, recueillit ent
les hommes du Calypso.
Le vent soufflait en tempête ; les vagues,
très grosses, rendaient pénibles les opéra-
tions de sauvetage..
Plusieurs navires de la division légère ar-
rivèrent bientôt et offrirent leur concours
qui fut jugé iuuiile car ie Calypso avait coulé
par 320 mètres de fond.
D’après les renseignements recueillis,
l’abordage se produisit entre ie cap Titan et
ie cap Camarat, à l’Est des îles d’Hyères.
Le obnire-torpilieur fit uno grave troués
dans la coque du sous-marin.
La mer était très grosse et le sons-marin,
envahi par l’eau, disparut au bout de quel-
ques minutes.
Heureusement, presque tons les hommes
étaient sur le pont, car Je sons-marin navi-
guait en surface. Les autres montèrent rapi-
dement et purent ainsi être recueillis par le
Mousqueton ei deux autres sous-marins.
Tous les équipages montrèrent le plus
grand dévouement.
Une enquête établira les responsabilités
TOULON. — La préfecture maritime qui
avait préparé l’énvoi d’un bâtiment de se-
cours, a ordonné dans la soirée à l’équipage
de renoncer à tout appareillage, l’armée na-
vale ayant télégraphié que l’on avait recon-
nu l’impossibilité de renflouer le Calypso.
Des bouées turent placées pour repérer
l’endroit de i’accident.
L’amiral Boué de Lapeyrère a fait effectuer
hier soir .quelques manoeuvres partielles et
des évolutions de torpilleurs et de croiseurs
cuirasses entre ies îies d'Hyèrcs et Saint-
Tropez.
L’amiral commandant en chef nommera
une commission d’enquête pour établir les
responsabilités.
Les avaries du Mousqueton seraient très
importantes.
Le bâtiment a reçu l’crdre de regagner
Toulon.
Le temps en mer est toujours très mau-
vais.
ARRESTATION D’UN FINANCIER
Sur mandat da M. Baurgueil, juge d'in-
struction, M. DarU, commissaire aux déléga-
tions judiciaires, a perquisitionné hier après-
midi, 23, rue Joubert, au siège d’ane Société
financière.
Le magistrat a mis en état d’arrestation le
directeur de Rétablissement, un nommé
François Lecra, 64 ans, né en Corse, demeu-
rant rue Lafayette, 91.
Cet individu est accusé de pratiquer l’es-
croquerie dite au prêt sur signature.
LA MAIRIE DE MARSEILLE
MARSEILLE. — Le Conseil de préfecture a
repousse ia demande d’invalidation de M.
Pierre comme maire de Marseille, formatée
par quatre conseiller;! municipaux socia-
listes.
LES FÊTES DE GUERNESEY
GUERNESEY. — Au dîner offert aux minis-
tres anglais et français, des toasts ont été
portés au président de la République et an
roi d’Angleterre.
Une fête de nuit très brillante a eu lien en
rade.
En ville, les marins français et anglais
n’ont cessé de fraterniser.
LES BOMBES DES ANARCHISTES
RUSSES
SOISSONS.—Hier après-midi, M. Kling, di-
recteur du laboratoire municipal, a fait
éclater une des bombes saisies sur les deux
sujets russes arrêtés cette semaine.
L’explosion a été très violente ; elle a fait
en terre un trou d’une profondeur de cin-
quante centimètres.
M. Kling a déclaré que cet engin avait été
fabriqué par un homme du métier et qu’il
était très dangereux.
- L’autre bombe sera transportée an labora
toiie municipal de Paris.
GRÈVE DE MÉCANICIENS /
A PORTSMOUTH
PORTSMOUTH. — Soixante mécaniciens s u
cent soixante employés de l’arsenal se son!
mis en grève hier après-midi pour se solida-
riser avec les ouvriers de l’arsenal de Wool-
wieb. '
en s’attend à ce que cent soixante mécar
niciens se mettent en grève aujourd’hui
mais on ne croit pas que cette grève s'étend!
davantage.
MENACES CONTRE LE PRINCE
HÉRITIER DE SERBIE
BELGRADE. — Des lettres anonymes écrites
en allemand et en hongrois et contenant
des menaces contre le prince héritier, ont
été reçues à la cour et au Ministère des af-
faires étrangère»
Adminiilralcnr-Délégué-Gérant
O. RANDOLET
4flmini«tpgifM Impressions e! innosees. TEL. 10.47
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On s'abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureau» de Poste do France
Questions Législatives
l'Inspection médicale
des Ecoles primaires
Au cours de la précédente législature,
Un rapport avait été déposé par M. Gilbert
Laurent, au nom de la Commission de
l’Enseignement et des Beaux-Arts, sur le
projet de loi relatif à l’inspection médicale
,dans les écoles primaires publiques et pri-
vées. Ce projet, qui émanait du gouverne-
ment, avait été complété par un certain
nombre de propositions formulées par la
Commission d’Hygiène et par la Commis-
sion de l’Enseignement et des Beaux-Arts.
Repris le 5 juin 1914, par application de
l’article 18 du règlement, ce rapport a été
distribué à la Chambre. Il mérite de fixer
l’attention.
Projetée déjà par la Convention natio-
nale, en germe dans la loi du 28 juin 1833
sur l’enseignement primaire et le décret du
21 mars 1835, l’inspection médicale scolaire
p été surtout organisée par la circulaire du
14 novembre 1879 et la loi organique du
30 octobre 1886, dont l’article 9 stipule que
A l’inspection des établissements d’instruc-
tion primaire publics ou privés est exercée
au point de vue médical par les médecins
communaux ou départementaux ».
Par le décret du 18 janvier 1887, Jules
Ferry avait précisé ainsi les termes de la
foi : « Les médecins doivent être agréés
par le préfet ; leur inspection ne peut por-
ter que sur la santé des enfants, la salu-
brité des locaux et l’observation des règles
de l’hygiène scolaire. »
Fâcheusement, ainsi que le constate
IL Gilbert Laurent, lois cf décrets sont
Restés lettre morte, ou à peu près. Les tex-
tes existaient, mais n’obligeaient pas les
départements et les communes à réaliser
^inspection médicale des écoles. Et c’est
Binsi qu’une récente enquête du ministère
d&l’instruction publique faisait les consta-
tions suivantes : « L’inspection médicale
tfest organisée, pour toutes ou presque
foutes les communes, que dans 36 départe-
ments, et n’est réiRunérée.que dan? 8. En
outre, dans 49 départements, elle est orga-7
uisée dans quelques villes' isoléès. » Et
Blême,.sauf pour Paris et quelques autres
grandes villes, lorsque l’inspection existe,
Mie est strictement limitée à la surveil-
lance des locaux scolaires et à la prophy-
laxie des maladies transmissibles.
Or il est temps de créer enfin une ins-
pection efiectîve et complète. Car, suivant
La juste et grave réflexion du professeur
Brouardel et de M. Rabier, directeur de ren-
seignement secondaire, dans leur rapport
à la Commission permanente contre la tu-
berculose : « en recevant un élève dans un
{établissement, le maître de cet établisse-
tnent, que ce soit l’Etat, que ce soit un
particulier, prend à sa charge, en même
temps que l’instruction de cet élève, la
protection de la vie et.de la santé de cet
Élève. Autant que l’instruction, avant l’ins-
tructicn même, il lui doit la sécurité. »
Et la Commission de l’enseignement,
{ainsi que sou rapporteur, ont estimé que le
four où l’Etat avait voté le principe de
l’instruction obligatoire, il avait pris ren-
gageaient moral de rendre l’école saine,
hygiénique, confortable.
C’était d’ailleurs ce sentiment qui s’était
dès longtemps manifesté en.notre ville du
Havre lorsque, sur la proposition du doc-
teur Gibert, M. Jules Siegfried, maire, créa
le Bureau d’hygiène en 1879.
Ce Bureau, qui est le doyen des institu-
tions similaires en France, eut immédiate-
ment, dans ses attributions, l’inspection
médicale des écoles et des salles d’asile
communales. A l’heure actuelle, la popula-
tion scolaire étant d’environ 18,700 enfants,
répartis dans 48 écoles et 338 classes, l’ins-
pection se fait une fois par mois et, à cha-
que visite, le médecin inspecteur adresse
un rapport au Bureau d’hygiène. Et comme
la surveillance sanitaire des écoles se pro-
pose de préserver les écoliers contre les
maladies transmissibles, les médecins ont
à prononcer l’exclusion en cas de maladies
contagieuses, de même qu’ils doivent don-
ner les permis de rentrée suivant les indi-.
cations prévues pour chaque maladie.
Il n’était pas indifférent de noter ici cette
initiative déjà ancienne de notre Bureau
d’hygiène, au moment où le Parlement
songe à organiser, d’une façon complète et
définitive, l’inspection médicale dans les
écoles primaires tant publiques que pri-
vées.
Aux termes du projet de loi soumis à la
Chambre, l’inspection médicale scolaire
porterait sur les locaux et sur le mobilier
scolaire des internats et externats et, à ce
titre, l’inspection médicale serait obligatoi-
rement appelée à donner son avis sur le
choix des emplacements et aménagements
des établissements scolaires. Elle assure-
rait l’observation des réglements concer-
nant l’aération, l’alimentation, le chauffage,
l’éclairage, le nettoyage, les soins de pro-
preté, ainsi que des réglements qui fixent
la durée du travail sédentaire, du repos, du
sommeil, des repas et des exercices physi-
ques.
En outre, parles soins de l’inspection, il
serait établi, pour chaque élève, un carnet
« aiilhropopédagogique » contenant obliga-
toirement : les renseignements d’ordre mé-
dical donnés par la famille ; l’indication
trimestrielle du poids ; l’indication an-,
nuelle de la taille ; l’acuité visuelle et
l’acuité auditive ; les noies pédagogiques
relatives à la fréquentation, à la conduite,
à la mémoire, aux progrès, etc.
Sans jamais se substituer au médecin-
traitant, le médecin inspecteur, muni des
carnets individuels, procéderait au moins
deux fois par an à l’examen des écoliers, et
-cet examea porterait notamment sur l’état
des voies respiratoires, le système osseux
et locomoteur, l’état psychique, les organes
de la vue et de-Potriu/lritentifton, le cuir
chevelu; Le carnet suivrait l’élève dans les
diverses écoles fréquentées par lui, et
c’est ainsi que l’on arriverait à renseigner
très exactement lès parents sur l’état sani-
taire de leurs enfants et aussi à dépister
certaines maladies, comme la tuberculose,
qui exercent tant de ravages.
C’est ce que demandent depuis si long-
temps les docteurs Jeanne, Gourichon, de-
Pradel, Strauss et M. Doizy, député des*
Ardennes, dans une étude des plus sérieu-
ses où il a montré ce qui a été fait à l’étran-
ger, ce qui a été tenté chez nous — et ce.
qui reste à faire.
TH. VALLÉE.
Les Français prisonniers
des Rebelles albanais
M. Yasser et ses compagnons, dont on a
annoncé la capture par les insurgés albi-
nais, ne se trouvent pas en tait dans l’exploi-
tation forestière qu’ils dirigeaient.
Le chef de Chiak, auquel on s’est adressé
pour les réclamer, affirme qu’il ne les a pas
vus et il les fait rechercher.
D’après lui, les Français en question ont
dû se retirer vers le Nord avec les Malissores
quand ceux-ci ont battu en retraite.
LES FÊTES DE GUERNESEY
■» -—-
Français et Anglais fêtent le Souvenir de Victor Hugo
nieront eu lieu, à Gnernesey, des fêtes 1
grandioses en l’honneur de Victor Hugo.
Ces fêtes n’ont pas seulement un caractère
hautement littéraire, elles sont encore l’oc-
casion d’une touchante manifestation de
i’amitié franco-anglaise.
Le déplacement des ministres, français,
MM. Augagneur, ministre de l’instruction
publique, représentant le gouvernement ;
Giuthièr, ministre de la marine, et Dalimier,
sous-seçrétaire d’Etat aux beaux-arts, n’a
d’autre but, en effet, que de remettre aux
Etats de Guernesey, et par eux au gouver-
nement britannique, le très beau monument
que sur ia commande de l’E at et avec les
crédits votés par le Parlement français, le
sculpteur Jean Boucher a élevé à ia mémoi-
re de Victor Hugo.
La France a voulu, par le don de ce mo-
nument, témoigner à l’ile de Guernesey sa
reconnaissance pour l’hospitalité que celle-
ci donna généreusement pendant seize ansA
Victor Hugo.
Le Conseil gédéral de la Seine et le Conseil
municipal de Paris se sont fait représenter
par une délégation.
De son côté, le gouvernement britannique
a montré ie prix qu’il attache au geste du
peuple français, eu désignant, pour le repré-
senter aux têtes de Giurnesey plusieurs de
ses membres : ie comte Brauchamp, minis-
tre des travaux publics ; M. Malcolm De|e-
vinghe, sous-secrétaire au ministère de l'in-
térieur ; sir Almeiic Filz-Roy, du Conseil
privé ; M. Elliott, directeur du Home office,
et en faisant accompagner ses représentants
par quatre navires de guerre qur mouîftent,
en rade de Guernesey, auprès des navires dé
guerre français.
: *%
La cé émonie de la remise du monument
Vicior Hugo, par le gouvernement français,
aux représentants du gouvernement britan-
nique a eu lieu l'après-midi.
Si. Victor Margueritte, président de la So-
ciété Victor Hugo, a pris fe premier ia parole
pour saluer le bailli de Guernesey et les re-
présentants des Etats.
La parole a été ensuite donnée au ministre
de l’instruction publique, qui a parié au
nom du gouvernement Lançais.
Le Discours de M. Augagneur
Le ministre de i’instruction pobnqna,rap-
pelle, fort héareusemeat, que Victor Hugo
avait réclamé une apothéose pour Shakes-
peare.
Un monument à un Shakespeare ou à un Vicior
Hugo, dit l'orateur, c’est une detie dont le paye?
ment importe plus aux débiteurs qu'aux créan-
ciers. Quel exemple pour les générations qui
passent au pied de la statue i Si grande qn’clle
soit, elle l’est moins que le héros dont elle re-
trace les traits et rappelle le souvenir. Suivant
l’expression do Vicior Hugo lui-même, la haute
tête d’un grand homme est une ciartê, les fouies
comme les vagues ont besoin de phares au-dessus
d’elles.
Toute lumière jaitlissant sur les rochers de
Guernesey projette son éclat, en même temps,
sur Ie3 rivages de l’Angleterre et de la France.
De Guernesey, Victor Hugo, pendant dix ans, fit
briller sur le monde un génie dont les lueurs il-
luminèrent d’abord, cemmoles phares étincelants
sur tes Dots, par privilège de voisinage, l’Angle-
terre et la France.
Les deux grandes nations se sont accordées
pour symboliser, par la soiidité.du granit, la p ar-
sistance de cette action d’un grand nomme qui,de
cet îlot, guide l’humanité, comme les feux traçant
leurs chemins aux navires.
Hugo, certes, devait désirer par lui-même ce
qu’il attendait pour Shakespeare, un monument
élevé par les gouvernements. D souhaitait plus
encore, et ce voeu s’est aussi réalisé, que l’Angle-
terreet la France fussent, quelque jour, unies
par une solide et durante amitié.
Les deux nations, comme ie souhaitait le poète.
Ont mis lsurâ mains augustes l’une dans l’autre,
entraînée,s.par une cordiale amitié et elles pro-
clament aujourd’hui la solidité de ce sentiment
en communiant ensemble, dans l’admiration et ie
souvenir,d’an des pins grands poètes qui aient
éclairé l’humanité par son génie, qui l’aient, par
l’élévation et ia générosité do sescüants, le plus
résolument entraînée vers le progrès et l’idéal.
M. Augagneur marque comment le séjour
d’Hugo à Guernesey l'inclina vers les préoc-
cupations sociales et politiques, et lui impri-
ma un caractère nouveau. Il sut descendre
jusqu’à la foule.
Hugo, dans ses attitudes politiques, dans ses
opinions sociales, fut sincère. Poète toujours, il
vibra au sbeëlacîô des mi-ères humaines, des
injustices sociales comme aux grandeurs des
tragédies historiques, à l’éclat des soleils d’O-
rient, aux délicatesses de l’amour paiernel. Ses
passions, haines ou enthousiasmes, jaillissaient
des proton (leurs du sentiment plus qu’elles ne
découlaient des méditations de la raison. Mais
quand le génie poétique atteint les sommets où
planait Hugo, la sensibilité aiguë vaut la froide
raison, l’intuition devine plus que ne révèle la
réflexion profonde.
Hugo, a peine adolescent, avait pleuré sur
Louis XV1J ; plus tard, enthousiasme avec ia
France entière et une partie du monde, il avait
célébré, en stances héroïques, l’éponée napo-
léonienne. Evoluant avec son époque, ia de-
vançant même, il embrassait ensuite ia canse
de la République, et allait au socialisme. Chassé
de France par le crime du à. Décembre, U avait
connu cet état de proscrit qu’il définissait plus
tard sur la tombe d'Edgar Quinet : « Etre pros-
crit, n’est être choisi par le crime pour représen-
ter le droit ».
L’oratenr analyse l’oeuvre littéraire de Vic-
tor Hugo, oeuvre de pitié, de grande pitié
pour toutes les misères, puis il conclut :
Guernesey était ie sanctuaire vers lequel so
tournaient les regards de tous les asservis, les es-
poirs de tous les souffrants.
C’est ce Victor Hugo que rappellera avant tout
le monument inauguré aujourd’hui par l’Angle-
terre et la France. C’est ce Victor Hugo que
nous, plus mêlés par ta destinée de noire vie
aux convulsions sociales qu’adonnés au culte
reposant du Beau, nous verrons se dresser sur la
mer.
Qpand le granit de la statue vibrera au souffle
terrible de rouragan, quand Le fracas ou ie mur-
mura des eaux se mêlera menaçant ou berceur
aux harmonies sauvages ou caressantes des
airs, nous penserons encore entendre la voix du
grand exilé» tantôt indignée s'élevant contre les
oppressions et les oppresseurs, tantôt suppliante
et douce s’efforçant de calmer les. douleurs des
victimes.
Nous voulons éterniser la mémoire du poêle qui
poursuivit dans son oeuvre autre chose que la
'réalisation de là beauté et qui, dès 1840, dans les
Rayons rt les Ombres, se fixait un rôle plus haut
et plus humain, qui entendait faire de Fart l’ins-
trument du perfectionnement universel qui con-
férait au poète une fonction sociale.
Après M. Augagneur, M. Jean Richepin.au
nom de l’Academie française ; M. Paul Her-
vieu, au nom de la Société des auteurs dra-
matiques; M. Georges Lecomte, ont élo-
quemment célébré-le poète.
Pais M, Fernand Gregh a dit unj poème
dont voici deux strophes f
O toi. que par .le plus radieux jour de juin
Un peupte ivre d'orgueil a conduit vers la tombe,
Sous des monceaux de Deurs dont la fraîche
[hécatombe,
Faisaient .<■ de Paris un jardin
Est-ce que ces milliers et ces millions d’âmes,
Qui t'évoquaient au même instant dans ta cité,
Eu concentrant sur loi, miroirs humains, leurs
[flammes,
Ne t'auront pas ressuscité ?
M. GustaveSimon,exécuteur testamentaire
du poète, a remercié les autorités anglaises.
La sérié des discours officiels a été close
par une réponse des délégués anglais et par
une allocution de M. Georges Hugo, petit-fils
dn poè;e.
LE CONFLIT MINIER
M. Gonyba, ministre du travail, a reçu hier
matin les directeurs délégués du Comité des
houillières de la Loire, avec lesquels il s’èst
entretenu du cpnflit soulevé dans cette ré-
gion par l’application de la loi sur la durée
du travail dans les mines. Ii a fait appelé
leur esprit de conciliation pour prendre im-
médiatement tes mesures nécessaires en
vue d'arriver à la pacification des esprits. Il
a fait observer que l’émotion des ouvriers
provenait en grande partie de.ee fait qne les
durées portées à certaines consignes sem-
blaient revenir sur les avantages accordés
antérieurement à certaines catégories d’ou-
vriers. ..
Le Port et h Ville
LEGAGNEUX
;Loto -.i Ciicïié Pelil Ihvre
Photo prise quelques jours après son accident
du Havre
11 nous était donné hier d’enregistrer en
Dernière Heure une bien triste nouvelle :
Georges Legagneux, cet audacieux aviateur
que les H a vrais estimaient entre tous pour
son audace et sa jovialité, a été, lui aussi,
inscrit dans la liste terriblement longue
des victimes de l’aviation.
Né à Poteaux le 24 décembre 1882,Georges
Legagneux était fils et petit-fils d’ouvriers.
Il allait être lai-même ouvrier ; et, après
une période de trois années passées au 160»
de ligne à Toul, il devint ajusteur-mécanicien
à la Société Antoinette.
Il fit la connaissance dans cet établisse-
ment du capitaine Ferber, avec lequel il re-
construisit l’appareil qu’il avait conça en
1902. L’ayant muni d’an moteur de 50 che-
vaux Antoinette, Legàgueox, débrouillard et
friand du danger, mit l’appareil au point et
apprit à voler, ;
II* fat ainsi i’un des première en France
à s’élancer dans les airs. Le 18 août 1908, if
gagnait lë prix des 300 mètres à Issydes-
Mouhneaux-
Denx années de persévérantes études et de
gymnastique acharnée lui font expérimenter
les biplaas Voisin, et il réussit alors en jain
et juillet 1909 quelques beaux vols. Il prend
ensuite ia direction de l’école du camp de
Châlons.
Il s’offre comme entrée de jeu des exhibi-
bitions sur ies plus invraisemblables pistes
du monde, à Vienne (Autriche); à Copenha-
gue, puis en Norvège et en Russie.
Breveté le 22 avril 1910, avec le numéro
55, il aborde les grands meetings français où
ii tait sensation. Eu mai, à Lyon, ii est tou-
jours en tête, mais, guignard, il tombe le
dernier jour.
Deux mois plus tard, il prend sa revanche
et gagne la totalisation au meeting d’Anjou.
En août, nous le trouvons dans notre
ville. Il est inscrit parmi les nombreux con-
currents de ia Baie de Seine et, le vendredi
25, alors que le vent soaffie eh rafale, que
beaucoup, de concurrents hésitent, Lega-
gneux s’élance et, malgré le vent, s'adjuge
le prix du premier départ. Bien fâcheuse-
ment ie lendemain, dans un virage malheu-
reux, l’une des aiies de son appareil vient
heurter un des pylônes.
La chute est brusque et Legagneux, bles-
sé, doit interrompre ses vols. Notre popula-
tion, frappée d’admiration, pour cet homme
dont elle apprend i’orisine modeste et l’in-
domptable énergie, lui témoigne alors d’une
façon touchante sa grande sympathie.
Depuis lors, tous ceux qui l’ont connn
suivent avec intérêt ses exploits.
A Reims, il triomphe. Ii se classe second
dans la première course de ville à ville orga-
nisée rapidement à l’annonce du Circuit de
l’Est. Dans cette dernière épreuve, qui fut
vraiment sensationnelle, il finit troisième
après avoir été le bout-en-lrain de cette au-
dacieuse envolée.
Peo après, ii tente par deux fois, avec son
ami Martinet corrme passager, l’épreuve de
Paris-Bruxelles, mais ne peut, gêné par ie
brouillard, revenir à Paris et enlever ainsi le
prix de (00,000 fr. au hollandais Wynmalen.
En décembre 4910,' ii s’adjuge, avec 3,200
mètres, le premier record de hauteur; puis,
le 21 décembre (910, enlève la Coupe Miche-
lin, record de distance : 515 kilomètres 900
en 5 h. 59’.
H parait rester inactif en (911 parce qu’il
installe une école à Compïègne ; mais le 5
juillet (912, chevalier de ia Légion-d’Hon-
neur depuis le 26 janvier, il réapparrit en
battant tous les records du monde de (0 à (50
kilomètres avec passagers. Il monte à 5,450
mètres ie (7 septembre [record du monde) ;
emmène miss Davies à 3,670 mètres ; le 27
janvier grimpe à 5,700 mètres le (9 décem-
bre, puis à 6.120 mètres le 27 décembre.
E* fi i, le 22 lévrier 1914, pour faire comme
ies autres, il boucle ia boucle.
Ce qui caractérisait Legagneux ce furent
non seu-ement sa courageuse activité, son
étonnante audace, mais aussi sa constante
simplicité, sa verve faubourienne, son in-
lassable gaîté.
Un de nos confrères parisiens, S. L., a
d’ailleurs excellemment caractérisé en ces
termes, le brave qui vient de disparaître :
« Le bercement l’accompagna, dit-il. jus-
qu’à la fin de sa vie. C’est que dans La lé-
gende merveilleuse de l’aviation, il repré-
sentait le peuple. 11 en avait le courage
tranquille et l’ingéniosité gamine. Il plai-
santait là-haut, à 6,000 mètres quand il bat-
tait un record et emmenait ses passagers
dans ie ciel. Ii plaisantait quand, au Havre,
il descendait avec nne rapidité vertigineuse,
tombait comme nne masse et qn’oh le ra-
massait pantelant dans des débris de toile et
de bois. Ii a dû plaisanter quand il a
boncîé la boucle. C’était le gavroche héroï-
que et joyeux que Paris a coutume de trou-
ver chaque fois qu’il s’agit d’enrichir ses
annales ae quelque exploit. C’était Tentant
du peuple, pauvre d’argent, mais riche de
courage, comme seule «a vieille cité sait en
produire, et qui, à travers ies siècles, finit
par faire le plus bel armorial.
» Legagneux, pour l’aviation anra donné
son sang d’ouvrier comme d’antres donnè-
rent leur sang d’aristocrate. Il avait com-
pris, le petit faiseur de boulons, que dans
cet oiseau qui s’élève vers le ciel, même
quand il y brise ses ailes, la France voit ie
plus magnifique des symboles. A lui aussi,
il semblait que c’était l’emb ême de sa race
qui s’élevait, toujours plus haut, toujours
plus vite hors de portée des mains brutales,
résumant tons ies courages et permettant
tous les espoirs. »
Pour nous qui avons applaudi à se»
prouesses, nqus salao’as bien .respectueuse?,
ment cet hoffiirie valeureux qui personni-
fiait de si pittoresque façon le caractère
français.
A. PETIT.
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres et sous-secrétaire9 d Etat se
sont réunis à l’Elysée, sous la présidence de
M. Poincaré.
MM. G mthier, Augagneur et Daiimier, qui
représentent le gouvernement aux fêies
de Guernesey, et M. Ajam, encore souffrant,
n’assistaient pas à la délibération.
La Situation Extérieure
M. Viviani a renseigné le Conseil snr la si-
tuation extérienre et Ta entretenu de dif-
férentes questions de politique étrangère.
Mouvement Préfeotoral
Le ministre de l’intérieur a fait approu-
ver un mouvement préfectoral.
L’Emprunt et le Budget de 1014
Le ministre des finances a donné an
Conseil des renseignements sur les condi-
tions très favorables dans lesquelles s’effec-
tue l’emprunt ; il a entretenu egalement se»
collègues de ia discussion de la loi de finan-
ces devant le Sénat et deJTincorporation dans
cette loi du projet d’impôt sur ie revenu.
La journée da huit heures dans les Minet
Le ministre du” travail a rendu compte
de la situation créée par l’application de la
loi sur la durée du travail dans tes mine»
de la Loire, da Nord, da Pas-de-Calais, où
les conflits partiels sont en voie d’apaise-
ment.
Dernière Heure
PARI8, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES. 7 Juillet. Dépêche de 4 h. 30
TOM COURS HAUSSgJ BAISSEE
CUIVRE
ComptaatcaUg *62 7/6 -/- 2/6
B mois t62i7/6 -/- -/-
ETAIN
Comptant.. i US -/- . -/- 20/-
8 mois i catme' t (46 (0/- -/- 28/-
FER |
Comptant., calme 61/ 3 -/" -/-
1 mois.... ) Bi/7 % ( d -/-
Prix comparés avec ceux de ia deuxième Bourse
lu 6 juillet Ht4.
NEW-YORK, 7 JUILLET
Coton» t juillet, baisse 12 points ; août ;
baisse 12 points ; octobre, baisse 9 points ;
janvier, baisse 10 points. — Soutenu.
Café» i baisse 5 à 10 points.
NEW-YORK, 7 JUILLET
i. Il JOU (. HICtiltT
Cuivre Standard disp. (3 65 . (3 65
— septembre.... (,3 70 13 70
Amalguiuat. Co{>».. 71 1 8 71 1 8
ïer (4 75 14 75
CHICAGO, 7 JUILLET
G. DG JOUR C. PRRGBfi
Blé sur Septembre 79 i S 79 4/4
Décembre 62 » » 82 1/8
Mais sur Septembre 6i 1 2 64 »i»
— Décembre 64 i/2 63 7 8
Saindoux sur. Sept-mbre 10 20 (0 22
•g; Octobre.. 10 27 10 30
L’EMPRUNT
est couvert 40 fois
JEe ministre Heu finances «n
«ossprtit hier A minuit 30, Que
l'emprunt tle 805 millions/ tle
franc», 3,59 O/O renia dans la
journée, a été couvert environ
quarante fois.
A L’ÉLYSÉE
Le président de la Republique a reçu hier
après-midi une délégation de la Loire-Infé-
riéure et da Morbihaa venue pour l’inviter
au lancement des cuirassés Lorraine et Gas-
cogne, qui doit avoir lieu vers la fin du mois
de septembre.
Le président a accepté en principe celte
invitation.
LES OBSÈQUES DE LEGAGNEUX
SAUMUR. — Les obsèques de l’aviateur Le-
gagneux auront lieu ce matin.
Les honnenrs militaires seront rendus.
Le corps sera dirigé sur Puteaux où aura
lieu i’inhumaticn.
■i n n ■■»
LE VOYAGE DE DJEMAL PACHA
GOLFE JUAN. — L’armée navale, après avoir
effetué hier après-midi nne série dévolu-
tions, a mouillé vérs huit heures du soir en
rade da Golfe Jaan.
Djemal pacha et les officiers de sa snite se
trouvaient sur le cuirassé Courbet battant
pavillon du commandant en chef de For-
mée navale.
ACCIDENT
aux Manoeuvres Navales
Le Sous-Marin “ CALYPSO " couié
par un eoie-lapte
L’Equipage est sauvé
TOULON — Hier après-midi, à 4 heures,
pendant les exercices de farinée navale dans
les parages d’Hyèras, le sous-marin Calypso
a été abordé par le contre-torpilleur Mousque-
ton, qui le convoyait, et a coulé en eau pro-
londc.
Tout l’équipage du sous-marin a été sauvé.
Les travaux de renflouement du Calypso.
paraissent devoir rencontrer de grosses d.ffi
cultés en raison du fond par iequél le bâti-
ment acoulé.
C’est lè contre-torpilleur Mousqueton qui a
recueilli l’équipage du Calypso.
Le sous-marin faisait partie de la- 2? esca-
drille, qui était commandée par le lieutenant
de vaisseau Yernesy, ayant sous ses ordres
les enseignes de vaisseau AubertetPerrichou.
L'aboruage s’est produit au large du cap
Camarat.
Le sang-froid de l’équipage lui vaut les
félicitations de Djemal Pacha
TOULON. — Djemal pacha qui se trouvait
sur ie Courbet avecles officiers de la mission,
a félicité l’amiral Boué de Lapereÿre pour ia
présence d’esprit montrée par l’équipage du
Calypso au moment de l’accident et pour le
courage des autres équipages qui procédè-
rentau sauvetage.
L’amiral Boué de Lapereÿre a fait réunir à
sept heures toute l’armée navale dans les
parages où l’accident s’est produit.
Les hommes du Calypso recueillis sur les
contre-torpilleurs, seront ramenés à terre le
plus tôt possible.
Le renflouement serait impossible
TOULON. — Dès que le port de Toulon a été
informé du naufrage du Calypso, la direction
du mouvement du port à préparé l’envoi sur
les lieux du sinistre d’un dock de mille ton-
nes construit pour le reievage des sous-ma-
rins ainsi que 1'outiUnge nécessaire.
Ou a appris peu apurés que le croiseur Léon-
Gambetta, de la 2« division légère avait reçu
iu mission spéciale de se tenir sur les lieux
avec lieux torpilleurs de i'arméenavale pour
tenter le renflouement qui fut bientôt jugé
impossible en raison de la profondeur où
s’tst perdu le sous marin.
Le vapeur de l’Etat Goliath arrivant du
Golfe-Juan pour remorquer de vieux torpil-
leurs devant servir de bats pour les exerci-
ces de l’armée navale et ie Dromadaire qui
était chargé d’une ôpération aux Salins-
d’Hyères, se sont rendus aussi, des premiers,
sur ie théâtre de l’accident.
Comment se produisit l’abordage
TOULON. — L'abordage fut très brusque.
L’eju pénétra rapidement par le trou béant
de la coque. L'équipage qui était sur ie pont,
eut une attitude admirable. Il multiplia les
signaux de détresse. Quelques hommes se
jetèrent à la 'mer et atteignirent ainsi le
Mousqueton qui mit immédiatement nne em-
barcation à l’eau.
Les sous-marins Bemauilli et Circe se sont
approchés et avec le Mousqueton, recueillit ent
les hommes du Calypso.
Le vent soufflait en tempête ; les vagues,
très grosses, rendaient pénibles les opéra-
tions de sauvetage..
Plusieurs navires de la division légère ar-
rivèrent bientôt et offrirent leur concours
qui fut jugé iuuiile car ie Calypso avait coulé
par 320 mètres de fond.
D’après les renseignements recueillis,
l’abordage se produisit entre ie cap Titan et
ie cap Camarat, à l’Est des îles d’Hyères.
Le obnire-torpilieur fit uno grave troués
dans la coque du sous-marin.
La mer était très grosse et le sons-marin,
envahi par l’eau, disparut au bout de quel-
ques minutes.
Heureusement, presque tons les hommes
étaient sur le pont, car Je sons-marin navi-
guait en surface. Les autres montèrent rapi-
dement et purent ainsi être recueillis par le
Mousqueton ei deux autres sous-marins.
Tous les équipages montrèrent le plus
grand dévouement.
Une enquête établira les responsabilités
TOULON. — La préfecture maritime qui
avait préparé l’énvoi d’un bâtiment de se-
cours, a ordonné dans la soirée à l’équipage
de renoncer à tout appareillage, l’armée na-
vale ayant télégraphié que l’on avait recon-
nu l’impossibilité de renflouer le Calypso.
Des bouées turent placées pour repérer
l’endroit de i’accident.
L’amiral Boué de Lapeyrère a fait effectuer
hier soir .quelques manoeuvres partielles et
des évolutions de torpilleurs et de croiseurs
cuirasses entre ies îies d'Hyèrcs et Saint-
Tropez.
L’amiral commandant en chef nommera
une commission d’enquête pour établir les
responsabilités.
Les avaries du Mousqueton seraient très
importantes.
Le bâtiment a reçu l’crdre de regagner
Toulon.
Le temps en mer est toujours très mau-
vais.
ARRESTATION D’UN FINANCIER
Sur mandat da M. Baurgueil, juge d'in-
struction, M. DarU, commissaire aux déléga-
tions judiciaires, a perquisitionné hier après-
midi, 23, rue Joubert, au siège d’ane Société
financière.
Le magistrat a mis en état d’arrestation le
directeur de Rétablissement, un nommé
François Lecra, 64 ans, né en Corse, demeu-
rant rue Lafayette, 91.
Cet individu est accusé de pratiquer l’es-
croquerie dite au prêt sur signature.
LA MAIRIE DE MARSEILLE
MARSEILLE. — Le Conseil de préfecture a
repousse ia demande d’invalidation de M.
Pierre comme maire de Marseille, formatée
par quatre conseiller;! municipaux socia-
listes.
LES FÊTES DE GUERNESEY
GUERNESEY. — Au dîner offert aux minis-
tres anglais et français, des toasts ont été
portés au président de la République et an
roi d’Angleterre.
Une fête de nuit très brillante a eu lien en
rade.
En ville, les marins français et anglais
n’ont cessé de fraterniser.
LES BOMBES DES ANARCHISTES
RUSSES
SOISSONS.—Hier après-midi, M. Kling, di-
recteur du laboratoire municipal, a fait
éclater une des bombes saisies sur les deux
sujets russes arrêtés cette semaine.
L’explosion a été très violente ; elle a fait
en terre un trou d’une profondeur de cin-
quante centimètres.
M. Kling a déclaré que cet engin avait été
fabriqué par un homme du métier et qu’il
était très dangereux.
- L’autre bombe sera transportée an labora
toiie municipal de Paris.
GRÈVE DE MÉCANICIENS /
A PORTSMOUTH
PORTSMOUTH. — Soixante mécaniciens s u
cent soixante employés de l’arsenal se son!
mis en grève hier après-midi pour se solida-
riser avec les ouvriers de l’arsenal de Wool-
wieb. '
en s’attend à ce que cent soixante mécar
niciens se mettent en grève aujourd’hui
mais on ne croit pas que cette grève s'étend!
davantage.
MENACES CONTRE LE PRINCE
HÉRITIER DE SERBIE
BELGRADE. — Des lettres anonymes écrites
en allemand et en hongrois et contenant
des menaces contre le prince héritier, ont
été reçues à la cour et au Ministère des af-
faires étrangère»
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