Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-07-05
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 juillet 1914 05 juillet 1914
Description : 1914/07/05 (A34,N12020). 1914/07/05 (A34,N12020).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172186r
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
Um Année — N* 12,020 (S Pages) S Centinies — füNTfOlU DU IfATIM — 5 Centimes (S Paires) Dimanefie S liiillef 1QI4
G. RANDOLET
AdministratioB. Impressions it Annonces, TÜL. 10.1V
85, Rue Fontanelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
RÉDACTEUR EN CHEF
W. CASPAR - JORDAN
Téléphone t 14.SO
Eeorétaire Général : TH. VALLÉE
édactlon, 35, rue Fonteneile - Tél. 7.60
ANNONCE®
AU HAVRE..... BUREAU DU JOURNAL, 112, boul* de StrasDOurg.
( L’AGENOE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A PARIS j seule chargée de recevoir les Annonces pour
( -le Journal.
La PETIT HA VUE ait désigné pour les Annonces Judiciaires et ligules
ABONNEMENTS ! TROIS Mois Six Mois UN An
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,( «
l’Oise et la Somme .$ 4 BO ° Fr- **•
Autres Départements...., 1 & Fr. 4 a SO 83 »
Union Postale |ao » so Fr iO »
Ou s’abonna également, SANS FRAIS, dans tous tes Bureaux ds Posts de Francs 1
MMES MUNICIPALES
Un Offies public
^Habitations à Ba» Marché(I>
Lorsque l'Office public d’Habitâtions à bon
marché eut été créé à La Rochellé, dans les
conditions que nous avons fait connaître, —
la ville lui accordant comme subvention la
remise gratuite de 20,000 mètres de terrain
et une dotation en numéraire de 100.000 fr.,
payable en cinq .annuités de "20,000 fr. —
son premier soin fut, naturellement, de dé-
terminer le programme des constructions à
édiüer, ainsi que la fixation du prix des
loyers.
Nous entendons bien que les conditions
d’existence, à La Rochelle, peuvent n’être
pas les mêmes qu’en notre ville du Havre.
Et cè qui a été fait là bas ne serait sans
doute pas exactement ce qui conviendrait
ici. Toutefois, il n’est -pas sans intérêt de
connaître la façon dont il fut procédé en
Charente-Inférieure.
En créant l’Office public, la Municipalité
de La Rochelle avait eu sourtout en vue de
mettre à la disposition des ; familles nom-
breuses des logements sains et aérés et des
jardins qui, tout en procurant à la famille
des ressources qui sont loin d’être à dédai-
gner, pourraient éloigner le père des tenta-
tions du cabaret, resserrer ainsi les liens
jfamiliaux, élever le niveau moral de la
classe ouvrière en lui procurant plus de
bien-être.
Mais, pour attirer les familles nombreu-
ses, il importait de mettre à leur disposi-
tion des logements dont le loyer ne dépas-
sât pas sensiblement celui qu’elles payaient
en des logis souvent sans air et sans lumiè-
re. C’est pourquoi le bureau de l’Office fut
amené à établir la statistique des loyers
payés par les familles ayant obtenu leur ins-
cription sur la liste d’assistance aux familles
nombreuses. Et il fut constaté que 41 de ces
familles seulement payaient au moins 240
francs de loyer, et 74 familles, des loyers
variant de 180 fr. à 228 francs.
Quand on songe aux difficultés de l’exis-
tence pour ces familles chargées d’enfants,
il est facile de se rendre compte qu’il leur ,
est à peu près impossible de faire uii' ef-f
fort supplémentaire assez sensible pour
leur logement. Axtaeile hure ail dft rQffiaè-
pensa-t-il qu’il convenait de construire
tout à la fois des maisons individuelles à 3
«t à 4 pièces, et des maisons collectives
comportant des'logements à 3 et 4 pièces,
les logements à 3 pièces pouvant être utili-
sés pour les veufs et les veuves, — et mê-
me, en certains cas, pour d’autres familles, ]
le lit des parents étant à là rigueur placé
dans la cuisine-salle à manger suffisam-
ment vaste.
Et dès lors, le bureau estima qu’il con-
venait de faire construire : 30 maisons in-
dividuelles à 4 pièces, 6 maisons indivi-
duelles à 3 pièces et des maisons collectives
comportant 48 logements de 4 pièces, 24 lo-
gements à 3 pièces, ce qui représente, en
totalité, 108 logements.
Mais le prix de revient de ces construc-
tions permettrait-il de consentir des loyers
aussi réduits que ceux indiqués plus haut ?
Nous ne saurions entrer dans le détail
des conditions de l’emprunt contracté près
des Hospices civils, du Bureau de bienfai-
sance et de la Caisse d’épargne de La Ro-
chelle, ni indiquer, par le menu, comment
se sont combinés, en la circonstance, les
effets heureux de la loi du 23 décembre
} (I) Yoir le Petit Havre des U et 28 juin.
1912 sur les Offices et de la loi du 14 juillet
1913 sur l’Assistance aux familles nombreu-
ses. Disons seulement, en dernière analyse,
que le coût total de la construction de 108
logements reviendra à 438.000 fr. se dé-
composant ainsi : 30 maisons individuelles
de 4 pièces, ISO.000 fr. ; 6 maisons indivi-
duelles de 3 pièces, 24,000 fr. ; maisons
collectives comportant 48 logements de 4
pièces et 24 logements de 3 pièces, 264.000
francs.
Les loyers des futurs immeubles ont été
fixés de 216 à 324 fr.
Mais la ville de la Rochelle acceptant en
outre, par application de l’article 13 de la
loi du 14 juillet 1913, d’accorder une sub-
vention maximum de 7,290 fr. pendant une
durée de trente années, le Conseil d’Admi-
nistration de l’Office a pris l’engagement
d’affecter la moitié des logements aux fa-
milles nombreuses admises à l’assistance,
et d’employer cette subvention annuelle à
des réductions en faveur de ces familles né-
cessiteuses. Celles-ci n’auraient plus dès
lors à payer que des loyers variant de
160 fr. S0 à 240 fr., suivant les catégories
de logements, l’Etat prenant d'ailleurs à sa
charge la moitié dç la subvention commu-
nale.
Soit qu’il s’agisse de maisons indivi-
duelles ou de maisons, collectives, la com-
position des logements sera la suivante :
A. — Logements de 4 pièces (ménage
ayant au moins 4 enfants) : 3 chambres à
coucher ayant au moins T2 mètres carrés
de superficie et pouvant contenir chacune 2
lits ; une cuisiné-salle à manger, avec eau
sur l’évier ; une petite buanderie ; un wa-
ter-closet avec fosse étanche ; un terrain de
culture de 120 à 130 mètres carrés.
B. — Logements de 3 pièces (ménagé
ayant au moins 3 enfants) : 2 chambres à
coucher ayant au moins 12 mètres carrés
de superficie et pouvant recevoir chacune
2 lits ; une cuisine-salle à manger avec
eau sur l’évier et pouvant recevoir un lit ;
une petite buanderie, un water-closet avec
fosse étanche ; un terrain de culture de 120
à 130 irtètres carrés.
Tel est le programme en voie d’exécution
à La Rochelle.
Au moment où notre Conseil municipal
vient de décider la création d’un Office au
Havre, Bous avons voulu faire connaître ce
qui a été entrepris en Charente-Inférieure,
malgré que les nécessités de la vie et les
autres que chez nous. Car les documents
quê nous avons résumés sont une toute ré-
cente contribution à l’étude de la question
si intéressante des Habitations à bon mar-
ché.
TH. VALLÉE.
Conseil des Ministres
Les ministres et sons-secrétaires d Etat se
sont réunis à l’Elysée, sous la présidence de
M. Poincaré,
Les Retraites des Mineurs
M. René Viviani a rendu compte des résul-
tats de l’entrevue qu’il a eue eu présence du
ministre du trayait et dos délégués des ad-
ministrations d*s finances, des travaux pu-
blics et du travail, avec les députés des cen-
tres miniers au sujet de la loi relative aux
retraites des mineurs.
Les Promotions d'instituteurs
Le ministre de l’instruction publique a été
autorisé à déposer un projet de loi per-
mettant de proroger pendant l’année 1914 les
dispositions relatives aux promotions des
instituteurs de la deuxième à la première
classe.
La Loi de huit heures dans les mines
Enfin, le ministre du travail a mis le Con-
seil au courant de l'application de la loi sur
la darée du travail dans les mines du Nord,
du Centre et du Midi.
§m§AE§më §êmêü<ë
Au Hasard de la Route
Ph-to Petit Havre • . ijichê Petit Havre
*•*., Us avançaient A pas cadencés et presque
souples, avec 'un dodelinement de la tête, un
balancement tre la trompe qui disaient leur
agrément et leur insouciance.
XI
Le Poteau
Avoir son nom sur une plaque, bien ên
vue, en bordure de la voie publique. Sa voir
entrer dans la postérité sans laisser le soin à
d’antres — le temps va si vite et les ingrati-
tudes humaines ont tant de cruauté — de
vous préparer ce suprême honneur: c’est un
plaisir inteasa qui peut suffire à des ambi-
tions raisonnables.
La postérité en question ne dépasse pas, il
est vrai, les limites da village et l'honneur
modeste s’arrête au carrefoar. Mais peu im-
porte ; la plaque y est, le nom se détache en
belles lettres bleues sur un fond blanc.
Et désormais, le bienfaiteur peut être cer-
tain de ne pas mourir tout à fait. II aura, à
défaut d’une place publique, d’une rue de
grande ville, un petit coin de campagne qui
gardera sou nom et le sauvera de l’oubli.
^^EertPunriirg Glub. a trouvé cet admirable
moyen de faire servir les petites vanités à la
grande cause de la prudence. En inventant
ies poteaux indicateurs qui rappe’lent à
l'automobiliste et au cycliste que la descente
est rapide, le tournant dangereux ou que le
passage à niveau n’est pas loin, il a du coup
satisfait à la fois le sportsman et son géné-
reux ami.
La pia jue mentionne, en effet, l’auteur de
la libéralité. Pleine jastice. La philanthropie
tout à fait désintéressée ne court pas les rues
pas plus que les routes champs.res. L’atten-
tion tout à fait aimable qui suggéra l’idée
d’offrir à la communauté le poteau-prophète
avait aussi pour secret mobile la satisfaction
da se voir affiché à tous les vents. Poarqnoi
pas ?...
Et qui refuserait, tout en jpédalant, de
chanter les gloires du Mécène du macadam
si, dans un beau geste, pour l’amour de la
chaussée et le salut de sa réclame, ce Mécène
entreprenait . personnellement de tenir en
bon état les routes de France trop sacrifiées
par le budget des Travaux publics ?
Les générosités privées, rendues d’ailleurs
bientôt publiques, n’en sont pas encore là.
Elles se contentent d’une petite plaque, très
suffisante, au reste, pour recevoir un conseil
et un nom.
Nous n’ignorons pins qu'elle provient d’un
don de M. Untel. Sa bienveillance ajoute
même parfois, au-dessous de la « descente
rapide » que M. Untel a un titre officiel, un
titre qui proclame, par contraste, sa presti-
gieuse montée sociale.
Les collections dans les musées ont de ces
pancartes ; leur discrétion est leur mérite
Et puis, il faut vraiment, pour les lire, aller
sérieusement les voir.
^ ?.a ront6 ®st pins pratique,
plus facile à réaliser, plus économique aus-
si, on 1 assure. Elle se présente à tous les
regards. Elle s offre à tous les passants Lors-
que le passage est dangereux et qu’ellein-
ter vient à propos pour mettre la sagesse en
éveil, elle demeure dans le souvenir du pas-
saiit, rattachée à une vague pensée recon-
naissante.
K„77 To? 1 d®, m^m0> sans 10 poteau, j’em-
ballms dans le virage et je ramassais la bû-
TT $2$ grace?,. soient rendues à Mon-
sieur Un Tel dont l iniliative, la clairvoyan-
ce, la prévoyance, la noble idée... -
M. Un Tel compte ainsi des amis incon-
nus qui le bénissent régulièrement en dé-
passant la borne kilométrique, qui le Bénis-
sent encore toutes les fois qu’on évoque là 1
« sacrée pente » et qui lui -font finalement--
un petit coin privilégié dans le coeur fleuri
de gratitude.
M. Untel ne 1 ignore pas. Il y pense sou-
vent, aussi souvent qu’il va lire son nom
en relief sur la belle plaque, aux jours de
soleil. Lorsqu il a, certains soirs d’été, des
bourdonnements dans la tête, il ne s’en
plaint pas, il se les explique. La télépathie
Un envoie ses signaux. Ou parle de lui avec
sympathie. Ce sont ses oreilles qui tintent.
XII
Les Eléphants
Le cirque a dressé sa loge à l’entrée de la
petite ville. A travers uu champ où la « gla-
ne » a passé, des tentes ont poussé comme
par enchantement. Dès l’aube, elles étaient
debout, leurs toiles tendues, leurs mâts cou-
ronnés de drapeaux. La vie nomad©, pour on
instant fixée au sol, s’adaptait aussitôt à l’au-
tre, à l’existence méthodique et réglée des
sédentaires, avec les mêmes soucis du mé-
nage, les soins de propreté et les préparatifs
de la eaisine.
Au clair soleil qui montait sur la campa-,
gne, des gens de service étalaient des costu-
mes, des casaques d’un rouge éclatant, des
habits à la Française.
Etdansl’haleine tiède des champs passaient
des odeurs de benzine. Les gens de service
« détachaient ». A grands coups de chiffons
humectés, iis s’efforçaient d’enlever, sur les
casaques, sur les habits, des plaques de
graisse, des étoiles de cambouis ramassées
au hasard des pérégrinations. Les hommes
se hâtaient aussi de « défriper » les robes
de velours des amazones, de lustrer les cha-
peaux, de brosser avec ardeur des pantalons
de cheval que la longue pression des rotules
avait fini par déformer.
Le temps était doux, la lumière joyeuse :
on « cavalcaderait » par les rues dès fine
heure de l’après-midi, pour annoncer la ma-
tinée.
Mais à l’antre bont du champ, près du
mur de l’église, dans un parc limité par des
piquets et des cordes, les élépbants étaient
gronpés.
La troupe indolente ouvrait sur les choses
d’alentour des yeux somnolents et las. Ils
étaient là une aemi-douzaine, de tailles di-
verses, qni formaient comme an conseil de
famille. Pacifiques et blasés, rompus par
l’habitude à ia monotonie de leur destinée,
ils demeuraient en cercle, sans surveillance
apparente. Tout an plus, les jeunes avaient-
ils parfois la fantaisie de saisir un poteau à
leur portée et de s’amuser à l’enlever, pour
voir l’effet. Les anciens intervenaient alors,
tantôt discrètement par nn coup de trompe
dans ies flancs du délinquant, tantôt sui-
vant ia pins désolante des complicités, en
renversant le poteau voisin. Et les barrisse-
ments qui s’emparaient alors de toute la
bande étaient peut être des éciats de rire.
Un homme survint qui remit un peu d’or-
dre dans le phalanstère des pachydermes.
C’était un gas de chez nous, à la mine rasée
de comédien, un rural recueilli en cours dé
route qui avait dans son masque, dans son
geste, dans son parler toutes les rusticités
du type normand.
Le cirque l’employait anx grosses beso-
gnes. Le jour, il conduisait les roulottes,
promenait les bêtes, allait les faire boire ou
les faire baigner. Le soir, en livrée à bou-
tons d’or, il plastronnait à l’entrée des
écuyères et, entre deux numéros, maniait le
râteau comme une faux, ramassait preste-
ment le crottin.
Il avait conservé son accent de la plaine de
Caen, sa prédilection marquée et fidèle pour
les a collés d’un accent circonflexe. Il disait :
« Es-tu làâ ? » toutes ies fois qu’il rencon-
trait un ami ; et, avec la même ampleur, il
s’écriait : « Hélââ, mon Dieu i » dès qu’il ap-
prenait quelque chose d’immense on de tou-
chant.
Mais qnand il parlait anx éléphants, il
usait d’un répertoire recommandé qu’on di-
sait adapté à l’entendement des bêtes sympa-
thiques. Le langage osait alors de mots an-
glais déformés et bizarres que la prononcia-
tion fantaisiste faisait plus cocasses encore.
Il criait de toutes ses forces aux masses
lourdes, velues et grisâtres des « Bequoite »
qui prétendaient les rappeler au respect du
boa ordre et de la sagesse et n’étaient que la
traduction dn « Be quiet » britannique, par
une langue peu familiarisée avec les intona-
tions d’outre-Mancbe.
Il disait aussi « Tequare, Jimmy » pour
« Take Care », « Gouin » pour « go on ».
Par contre, il proférait parfaitement des
« Ailo t » avec des intonations passables,
parce qu’il avait apprit à parler dans le tétê-
•pbone...
***
Sur le coup de midi et demi,^ dans nn
grand fracas de cuivres et de grosse caisse,
dans le crissement des « mécaniques » des-
serrées et le grincement des roues, la caval-
cade se mit en route.
Ce fut un émerveillement, nn serpent de
rutilances, de beantés et de bariolages qui
déroula ses anneanx à travers ies rues éba-
hies. Des dames, très emperruquëes, les
joues parées de fards violents, passaient à
cheval et souriaient, d’un sourire figé, ma-
chinal, lear pensée ailleurs.
Pais venaient des messieurs en habit
ronge, la moustache roulée au petit fer, le
haut-de-forme habillé de reflets irisés qui
rappelaient le retapage au pétrole.
Puis c’étaient des princes et des princesses
de légende, sous des couronnes, sous des
diadèmes, sons des pourpres éclatantes et
frangées d’or ; des chars immenses dont les
ressorts geignaient dans les virages,des chars
faits de glaces, de verroteries et de sculptu-
res, ët que surmontaient des étagères en py-
ramides an sommet desquelles un troue
éblouissant, gardé par deux lions en bois doré,
avait reçu nue noble dame. Ses accroche-
coeurs empâtés de cosmétique s’en allaient
doucement à chaque cahot, détrempés par la
sueur...
Dix-huit chevaux « café au lait » attelés en
couple, traînaient ce palais des Mille et-une-
nuits. Et c’était superbe, vraiment, que de
voir l’adresse du conducteur, anx carrefours,
faisant évoluer son attelage sans frôler d’un
poil ia maison du coin...
Cependant, en franchissant le ruisseau de
la rne Canet, nn henrt secoua fortement la
char de giace et de verroteries. La noble
dame, prévoyant le choc, s’était maintenue
à la Crinière léonine ; mais la secousse eut
pour curieux effet d’ouvrir un des côtés de
l’imposante voiture. Une porte avait tourné
sur ses charnières, livrant à la ionle l’inti-
mité des dessous du théâtre, le plus fâcheux
spectacle de réalisme après les prestiges .du
rêve: un intérieur de bidons à pétrole, de
chiffons saies et de pots de peinture ; un dé-
barras de cnoses innommables, nne misère
lamentable de « décrochez-moi ça » que dé-
robait à la curiosité du populaire la miroi-
tante et richissime façade de glaces biseau-
tées. .. La vie humaine a de ces surprises.,.
Les éléphants eurent naturellement grog
succès. Leurs petits yeux s’étaient remplis
de joie enfantine. Ils avançaient à pa3 ca-
dencés et presque souples, avec un dodeli-
nement de la tète, un balancement de la
trompe qui disaient leur agrément et leur
insouciance.
Parfois, un geste les mettait en éveil. Ils
allongeaient leur nez phénoménal pour sai->
sir au passage nn morceau de pain et
l’avaler par un preste mouvement en cor
de chasse ; ou bien, ils cueillaient douce-
ment le sou qu’on leur tendait, et les bra-
ves bêtes le remettaient fidèlement au cor-
nac assis sur le terre-plein de leur crâne
gigantesque. Car la rapacité des hommes
avait eu l’ingéniosité de faire de leur intelli-
gence la complice de ia mendicité...
Le défilé terminé, les chars rentrés, les
éléphants se retrouvèrent dans le parc, dé-
barrassés des loques d’andri-nople qu’on
avait posées sur leurs flancs pour accentuer
le pittoresque et l’exotisme.
Ils se regardaient entre eux avec des yeux
malicieux et doux qui semblaient dire ;
« Encore nne 1 » Et les vieux, les doyens,
les ridés, les anciens des anciens aux peaux
tannées par les ans et l’iij tire fies temps,
prenaient des airs de philosophes profonds
et mélancoliques... Peut-être voyaient-ils,
dans la demi-nuit de leur vaste cervelle, dea
Àfriques ou desTndes lointaines cù les ma-
melles maternelles livraient encore un lait
d’indépendance et de liberté.
Mais alors, notre gas s’amena, le gas de
chez nous, le rustique à la mine de comé-
dien, qni venait poar veiller nn peu à l’har-
monie des rapports entre pachydermes. II
lear dit des mots anglais : « Bequoite, Te-
quar i, Hip I Hip t « bien d’autres, à la nor-
mande.
Les éléphants le contemplèrent nn ins-
tant avec tant d’indulgence et tant de malice,
qu’ils laissaient parfaitement entendre :
; —Tu peux donc pas parler français ?
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(»* H0TB1 CORMtSPONDANT ÏART1CUUES}
Paris, 4 juillet.
Le Sénat a repris ce matin ia discussion de
l’impôt snr le revenu. On écoate avec atten-
tion nn discours de M. Guillier, sénateur de
la Dordogne, qni fait remarquer quelques
imperfections do projet dn gouvernement.
L’après-midi, les faiseurs d’amendements
harcèlent à nouveau le texte du gouverne-
ment. Ils semblent avoir déclaré à l’impôt
sur le revenu nne guerre d’embuscades,
maintenant que la bataille rangée est per-
due.
M. Colin, sénateur d’Alger, s’inquiète de
l’évaluation qni sera faite des rentes viagè-
res. A quoi le ministre des finances riposte
que les personnes qui mettent leur bien en"’*'
viager ne sont intéressantes ni an point de
vue fiscal, ni au point de vue social.
Puis M. Touron demande, de concert avea
M. Lhopiteau, que les pertes subies dans
l’année soient déduites du revenu impo-
sable.
M. Aimond craint que, si cette disposition
est adoptée, tout le monde ne déclare des
pertes.
On décide néanmoins de réserver l’article
incriminé poar l’examiner postérieure-
ment. Il serait déraisonnable de ne pas te-
nir compte à nn agricultenr on à un com-
merçant des manvaises récoltes on des mau-
Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
Le Grand Prix de Rome de Musique
l ” - —
l II est attribué à Marcel Dupré,
de Rouen
■ L’Académie des Beaux-Arts a jugé hier
après-midi la cantate pour le Prix de Rome
de musique.
Marcel-Léon Dupré, né à Rouen le 3 mai
1886, élève de Widor, obtient le Grand Prix.
Raymond de Pezzer, né à Paris en 1885,
élève de Widor, obtient le premier second
Grand Prix.
André Laporte, né en 1889, élève de Paul
Vidal, obtient le deuxième second Grand
Prix.
—■ i H m
LA SITUATION DES OFFICIERS
DES GARNISONS DE L'EST
Le ministre de la guerre a reçu le bureau
de la Commission sénatoriale de l’armée
composée de MM. Boudenoot, président,
remplaçant M. de Freyssinet empêché ; Cha-
pnis, vice-président ; Charles Humbert,
ja’Alsace.
La délégation a appelé l’attention dn mi-
nistre sur ia situation des troupes de l’Est
au point de vue de l'encadrement des offi-
ciers.
Par l’intermédiaire de son bureau, la
Commission sénatoriale de l’armée a expri-
mé le voeu que les officiers nommés dans les
garnisons de l’Est rejoigent leur poste dans
les délais réglementaires et qu’une fin de
non recevoir soit opposée à toutes deman-
des de changement de corps de leur part.
Elle demande en outre que ies officiers qui
ont passé de longues annés dans les troupes
de 1 Est soient avantagés tant an point de
vue de l’avancement que des garnisons ob-
tenues, en passant au grade supérieur et a ne
des mesures soient prises ponr que le plus
grand nombre possible aofficiers servent
successivement dans ies régions de couver-
ture. <
M. Messimy a affirmé au bureau de la
Commission sénatoriale de l’armée qu’il
partageait ses vues. Il lui a tait con-
naître la décision qu’il avait déjà prise de
fa>re désormais débuter dans les corps d’ar-
mée de la frontière la majeure partie des of-
ficiers sortant des écoles Polytechnique et de
Saint-Cyr.
DJEMAL PACHA A PARIS
Djemal pacha a rendu visite, hier après-
midi, à M. Messimy, ministre de la guerre et
à M. Gauthier, ministre de la marine.
Le ministre de la marine ottoman a été
reçu par M. René Viviani, président du Con-
seil.
L’ILE M0LÈNE PRIVÉE D’EAU POTABLE
BREST. — L’îie Moiène étant privée d’eau
potable par suite de la grande chaleur, les
habitants ont demandé an préfet maritime
de les approvisionner.
Un bateau citerne a appareillé avec cent
tonnes d’ean.
VIOLENTS ORAGES EN ITALIE
ROSIE. — De tous les points de l’Italie, ou
signale de violents orages.
Près de Milan, à Erba, trois personnes ont
été foudroyées.
A Venise, quelques barques ont sombré
dans la lagune ; il y g plusieurs noyés.
Dans les environs de Brescia, la campagne
est dévastée.
Près de Gênes, nn orage a causé d’impor-
tants dégâts dans divers établissements in-
dustriels .
L’AFFAIRE CAILLAUX
Interrogatoire de Mme Caillaux
M. Louis Albiuel, conseiller à la Cour
d’appel de Paris, qui présidera ies débats dé
i’affaire Caillaux, devait faire subir hier l’in-
terrogatoire d’usage à ia prisonnière de Saint-
Lazare. Mais l’on s’était bien gardé, pour
éviter les indiscrétions, de faire connaître
l’heure de cette comparution.
Cependant lorsque dix heares et demie le
président Albanel, accompagné de M. André
Prignon, greffier, chef du service criminel,
et de M« Lacour, huissier-audiencier, sont ar-
rivés à la porte de la prisoa, un bataillon de
photographes les attendaient.
Immédiatement introduits dans le cabinet
du directeur de Saint-Lazare — ce cabinet
dans lequel turent également interrogées
Mme Steinhe 1, MmeRirette Maure jean, pour-
suivie aux côtés des bandits en auto et bien
d’autres — MM. Albanel, Prignon et Lacouf
attendirent debout l’arrivée de l'accusée, qui
s’entretenait dans sa pistole avec M® Adrien
de Pacbmann, secrétaire du bâtonnier Fer-
nand Labori
Bientôt cependant arrivait Mme Joseph
Caillaux.
Aussitôt, conformément à l’article 243 du
Code d’instruction criminelle, M® Lacour a
signifié à ia prisonnière l’arrêt de renvoi de-
vent la Cour d’assises, l’acte d’accnsation, et
lui a remis copies de l’un et de l’antre docu-
ment.
Puis le président Albanel a procédé à l’in-
terrogatoire, d’apiès les prescriptions des
articles 293, *94 et 296 du même code — in-
terrogatoire de pure forme d’ailleurs.
— Persistez-vous, madame, a-t-il dit, dans
vos précédentes déclarations devant le juge
d’iastruciion ?
— Oui, monsieur.
— Avez vous un conseil pour votre dé-
fense ?
— Oui, monsieur.
Puis M. Albanel avertit Mme Caiiiaux que
dans le cas où elle se croirait fondée à for-
mer un a demande en nul ité contre l’arrêt
de renvoi, elle devait faire sa déclaration à
ce sujet dans les cinq jours, et qu’aprôs l'ex-
piration de ce délai, elle n’y serait plus re-
recevable.
M. Trignon invita alors Mme Caillaux à si-
gner son interrogatoire ; et comme la main
de la prisonnière tremblait, elle fit cette re-
marque :
— Comme je tremble 1 C’est sans doute à
cause de la piqûre de sérum qu’on m’a faite
ce matin 1
Ayant copendmt signé, Mme Caillaux se
retira pour aller rejoindre M® de Pschmann,
à qui elle remit les pièces de procédure
qu’on venait de lui sigaifier.
me II ■ ' ——»
ASSASSINS ARRÊTÉS
Les assassins de Gérôme-Angnste Crou-
lard, l’infqrtonô peintre en bâtiments qni
fat assassiné le 27 juin dernier, viennent
d’être arrêtes.
Le sous-brigadier Walter avait été envoyé
à Cbarlevilie, afin d’interroger un soldat au
40® d’artillerie nommé Fernand Gast, qui
avait été vu sortant d’un débit de vins de
Champigey, le soir dn drame, en compagnie
delà victime et du nommé Henri Lamy qui
occupait une chambre dans l’immeuble où
habitait la famille Crouiard.
Des témoins avaient même aperça Gast,
Henri Lamy et Crouiard se dirigeant le 27
juin vers Villiers.
On avait appris à la justice que pins tard
ces individus étaient revenus chez Crouiard,
sans leur victime, naturellement, et qu’ils
avaient passé ia nuit ensemble, la femme
Croula»! avec Lamy, et Gast avec nne voi-
sine, ia femme Poiliet.
Habilement cuisiné, Gast avoua le crime
qui avait été commis de concert avec Lamy
et sur l’instigation de la femme Crouiard
elle-mênte
Aussitôt informé, M. Rouget, commissaire
de police, accompagné de M. Dauzon, ins-
pecteur général et d’un inspecteur de la po-
lice judiciaire, procéda à l’arrestation des
personnes nommées.
M. Morize, juge d'in.traction procéda à
leur interrogatoire et les fit écroner tous les
trois.
Il résulte des aveux recueillis qne la fem-
me Crouiard, lasse de voir son mari rentrer
ivre chaque soir et d’être en butte à ses
coups, demanda à son chevalier servant de
la débarrasser de son irascible mari.
Lamy n’hésita pas.
Le soir du 27 juin, vers six heures, le cri-
me fut préparé, Gast, un ami, devait être
présenté à Groulard et l’on devait partir en-
semble, la nuit venue, pour Villiers.
A l'endroit le pins désert du plateau de
Champigny, Gast tira sur Crouiard cinq
coups de revolver à bout portant et Lamy
larda la malheureuse victime de coups de
couteau. Les deux assassins dévalisèrent en-
suite ie cadavre, afin de laisser croire au
mobile du vol. Ils transportèrent alors le
corps jusqu’au tas de fomier où il fut re-
trouvé cinq jours plus tard, dans un état de
décomposition tort avancée.
M. Morize a signé un mandat de dépôt
contre Gast, Lamy et ia femme Crouiard.
Gast est arrivé dans la soirée, de Charle-
vilie. On a retrouvé snr lui la montre de la
victime et dans la caserne, sa bicyclette.
Lamy est né en 1887 à Guigne, en Seine-
et-Marne ; quant à Gast, il est né à Mon-
treuil en 1891.
LES CONSÉQUENCES D’UNE
INDISCRÉTION
NEW YORK.— On annonce que le président
Wilson a invité le ministre des Etats-Unis à
Athènes à donner sa démission en raison de)
1 indiscrétion dont il a fait preuve en ren-
dant compte de la situation en Epire où il
critiquait l’action des grandes paissances.
»
UNE MAISON S’EFFONDRE
NEW YORK. — Une maison de six étages
s’est effondrée hier. .
La poiiee estime qne l’accident serait dû à
l’explosion d’une bombe.
Le brait a d’abord couru qii’fl-y avait de
nombreuses victimes, mais il semble main-
tenant certain qu'il n’y a que trois morts.
AU MAROC
La Situation à Kenifra
KKNIFRA. — La situation est toujours cal-
me depuis le combat da 29 juin. L'état
des blessés est aussi satisfaisant que possi-
ble.
De petits groupes ennemis, hors de la
portée du tir, surveillent toujours le camp,
tirant parfois quelques coups de fusil sans
aucun résultat.
Le général Henrys a l’intention de se ren-
dre, le 6 juillet, à ia rencontre du résident
général au camp d’Ait-Lias, ancien camp de
Poued Ifrane, ponr conférer snr l’organi-
sation des territoires en arrière de Keniirà.
Dans le Sous
RABAT. — Le lieutenant-colonel Delarao-
the, chef dn service des renseignements de
Marakech, qui s’est rendu dernièrement
dans la région dn Sons, poursuit sa mission
dans les meilleures conditions. Outre les dé-
légations des tribus du Sud qa’il reçut à
Taroudant, il eut la visite de deux notables
très importants, le caïd Oalad Djerrar et le
chérif de Tazsroualt, tous deux venus pour
témoigner de leur dévouement à la cause
da makhzen.
L’impression causée dans le pays par la
démarche de ces deux personnages fut très
grande, surtout la présence du chérif de
Tazerouait, lequel n’était jamais entré en
relations avec ies sultans on les maballas
chérifiennes opérant dans le Sous.
GRAVE ACCIDENT DANS UNE
PAPETERIE
RETHEL. — Hier matin des ouvriers étaient
occupés à régler trois chaudières d’une ma-
chine à vapeur d'une papeterie, pesant cha-
cune cinq mille kilogrammes et placées à
huit mètres de hauteur, lorsque l’énorme
masse oscilla et les trois chaudières s’effon-
drèrent, atteignant deux ouvriers qni n’a-
vaient pu se garer.
M. Flosch, âgé de 32 ans, monteur anglais;
a été tué sur ie coup ; M. Decoulenr, 34 aos,
charpentier, est mortellement blessé.
G. RANDOLET
AdministratioB. Impressions it Annonces, TÜL. 10.1V
85, Rue Fontanelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
RÉDACTEUR EN CHEF
W. CASPAR - JORDAN
Téléphone t 14.SO
Eeorétaire Général : TH. VALLÉE
édactlon, 35, rue Fonteneile - Tél. 7.60
ANNONCE®
AU HAVRE..... BUREAU DU JOURNAL, 112, boul* de StrasDOurg.
( L’AGENOE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A PARIS j seule chargée de recevoir les Annonces pour
( -le Journal.
La PETIT HA VUE ait désigné pour les Annonces Judiciaires et ligules
ABONNEMENTS ! TROIS Mois Six Mois UN An
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,( «
l’Oise et la Somme .$ 4 BO ° Fr- **•
Autres Départements...., 1 & Fr. 4 a SO 83 »
Union Postale |ao » so Fr iO »
Ou s’abonna également, SANS FRAIS, dans tous tes Bureaux ds Posts de Francs 1
MMES MUNICIPALES
Un Offies public
^Habitations à Ba» Marché(I>
Lorsque l'Office public d’Habitâtions à bon
marché eut été créé à La Rochellé, dans les
conditions que nous avons fait connaître, —
la ville lui accordant comme subvention la
remise gratuite de 20,000 mètres de terrain
et une dotation en numéraire de 100.000 fr.,
payable en cinq .annuités de "20,000 fr. —
son premier soin fut, naturellement, de dé-
terminer le programme des constructions à
édiüer, ainsi que la fixation du prix des
loyers.
Nous entendons bien que les conditions
d’existence, à La Rochelle, peuvent n’être
pas les mêmes qu’en notre ville du Havre.
Et cè qui a été fait là bas ne serait sans
doute pas exactement ce qui conviendrait
ici. Toutefois, il n’est -pas sans intérêt de
connaître la façon dont il fut procédé en
Charente-Inférieure.
En créant l’Office public, la Municipalité
de La Rochelle avait eu sourtout en vue de
mettre à la disposition des ; familles nom-
breuses des logements sains et aérés et des
jardins qui, tout en procurant à la famille
des ressources qui sont loin d’être à dédai-
gner, pourraient éloigner le père des tenta-
tions du cabaret, resserrer ainsi les liens
jfamiliaux, élever le niveau moral de la
classe ouvrière en lui procurant plus de
bien-être.
Mais, pour attirer les familles nombreu-
ses, il importait de mettre à leur disposi-
tion des logements dont le loyer ne dépas-
sât pas sensiblement celui qu’elles payaient
en des logis souvent sans air et sans lumiè-
re. C’est pourquoi le bureau de l’Office fut
amené à établir la statistique des loyers
payés par les familles ayant obtenu leur ins-
cription sur la liste d’assistance aux familles
nombreuses. Et il fut constaté que 41 de ces
familles seulement payaient au moins 240
francs de loyer, et 74 familles, des loyers
variant de 180 fr. à 228 francs.
Quand on songe aux difficultés de l’exis-
tence pour ces familles chargées d’enfants,
il est facile de se rendre compte qu’il leur ,
est à peu près impossible de faire uii' ef-f
fort supplémentaire assez sensible pour
leur logement. Axtaeile hure ail dft rQffiaè-
pensa-t-il qu’il convenait de construire
tout à la fois des maisons individuelles à 3
«t à 4 pièces, et des maisons collectives
comportant des'logements à 3 et 4 pièces,
les logements à 3 pièces pouvant être utili-
sés pour les veufs et les veuves, — et mê-
me, en certains cas, pour d’autres familles, ]
le lit des parents étant à là rigueur placé
dans la cuisine-salle à manger suffisam-
ment vaste.
Et dès lors, le bureau estima qu’il con-
venait de faire construire : 30 maisons in-
dividuelles à 4 pièces, 6 maisons indivi-
duelles à 3 pièces et des maisons collectives
comportant 48 logements de 4 pièces, 24 lo-
gements à 3 pièces, ce qui représente, en
totalité, 108 logements.
Mais le prix de revient de ces construc-
tions permettrait-il de consentir des loyers
aussi réduits que ceux indiqués plus haut ?
Nous ne saurions entrer dans le détail
des conditions de l’emprunt contracté près
des Hospices civils, du Bureau de bienfai-
sance et de la Caisse d’épargne de La Ro-
chelle, ni indiquer, par le menu, comment
se sont combinés, en la circonstance, les
effets heureux de la loi du 23 décembre
} (I) Yoir le Petit Havre des U et 28 juin.
1912 sur les Offices et de la loi du 14 juillet
1913 sur l’Assistance aux familles nombreu-
ses. Disons seulement, en dernière analyse,
que le coût total de la construction de 108
logements reviendra à 438.000 fr. se dé-
composant ainsi : 30 maisons individuelles
de 4 pièces, ISO.000 fr. ; 6 maisons indivi-
duelles de 3 pièces, 24,000 fr. ; maisons
collectives comportant 48 logements de 4
pièces et 24 logements de 3 pièces, 264.000
francs.
Les loyers des futurs immeubles ont été
fixés de 216 à 324 fr.
Mais la ville de la Rochelle acceptant en
outre, par application de l’article 13 de la
loi du 14 juillet 1913, d’accorder une sub-
vention maximum de 7,290 fr. pendant une
durée de trente années, le Conseil d’Admi-
nistration de l’Office a pris l’engagement
d’affecter la moitié des logements aux fa-
milles nombreuses admises à l’assistance,
et d’employer cette subvention annuelle à
des réductions en faveur de ces familles né-
cessiteuses. Celles-ci n’auraient plus dès
lors à payer que des loyers variant de
160 fr. S0 à 240 fr., suivant les catégories
de logements, l’Etat prenant d'ailleurs à sa
charge la moitié dç la subvention commu-
nale.
Soit qu’il s’agisse de maisons indivi-
duelles ou de maisons, collectives, la com-
position des logements sera la suivante :
A. — Logements de 4 pièces (ménage
ayant au moins 4 enfants) : 3 chambres à
coucher ayant au moins T2 mètres carrés
de superficie et pouvant contenir chacune 2
lits ; une cuisiné-salle à manger, avec eau
sur l’évier ; une petite buanderie ; un wa-
ter-closet avec fosse étanche ; un terrain de
culture de 120 à 130 mètres carrés.
B. — Logements de 3 pièces (ménagé
ayant au moins 3 enfants) : 2 chambres à
coucher ayant au moins 12 mètres carrés
de superficie et pouvant recevoir chacune
2 lits ; une cuisine-salle à manger avec
eau sur l’évier et pouvant recevoir un lit ;
une petite buanderie, un water-closet avec
fosse étanche ; un terrain de culture de 120
à 130 irtètres carrés.
Tel est le programme en voie d’exécution
à La Rochelle.
Au moment où notre Conseil municipal
vient de décider la création d’un Office au
Havre, Bous avons voulu faire connaître ce
qui a été entrepris en Charente-Inférieure,
malgré que les nécessités de la vie et les
autres que chez nous. Car les documents
quê nous avons résumés sont une toute ré-
cente contribution à l’étude de la question
si intéressante des Habitations à bon mar-
ché.
TH. VALLÉE.
Conseil des Ministres
Les ministres et sons-secrétaires d Etat se
sont réunis à l’Elysée, sous la présidence de
M. Poincaré,
Les Retraites des Mineurs
M. René Viviani a rendu compte des résul-
tats de l’entrevue qu’il a eue eu présence du
ministre du trayait et dos délégués des ad-
ministrations d*s finances, des travaux pu-
blics et du travail, avec les députés des cen-
tres miniers au sujet de la loi relative aux
retraites des mineurs.
Les Promotions d'instituteurs
Le ministre de l’instruction publique a été
autorisé à déposer un projet de loi per-
mettant de proroger pendant l’année 1914 les
dispositions relatives aux promotions des
instituteurs de la deuxième à la première
classe.
La Loi de huit heures dans les mines
Enfin, le ministre du travail a mis le Con-
seil au courant de l'application de la loi sur
la darée du travail dans les mines du Nord,
du Centre et du Midi.
§m§AE§më §êmêü<ë
Au Hasard de la Route
Ph-to Petit Havre • . ijichê Petit Havre
*•*., Us avançaient A pas cadencés et presque
souples, avec 'un dodelinement de la tête, un
balancement tre la trompe qui disaient leur
agrément et leur insouciance.
XI
Le Poteau
Avoir son nom sur une plaque, bien ên
vue, en bordure de la voie publique. Sa voir
entrer dans la postérité sans laisser le soin à
d’antres — le temps va si vite et les ingrati-
tudes humaines ont tant de cruauté — de
vous préparer ce suprême honneur: c’est un
plaisir inteasa qui peut suffire à des ambi-
tions raisonnables.
La postérité en question ne dépasse pas, il
est vrai, les limites da village et l'honneur
modeste s’arrête au carrefoar. Mais peu im-
porte ; la plaque y est, le nom se détache en
belles lettres bleues sur un fond blanc.
Et désormais, le bienfaiteur peut être cer-
tain de ne pas mourir tout à fait. II aura, à
défaut d’une place publique, d’une rue de
grande ville, un petit coin de campagne qui
gardera sou nom et le sauvera de l’oubli.
^^EertPunriirg Glub. a trouvé cet admirable
moyen de faire servir les petites vanités à la
grande cause de la prudence. En inventant
ies poteaux indicateurs qui rappe’lent à
l'automobiliste et au cycliste que la descente
est rapide, le tournant dangereux ou que le
passage à niveau n’est pas loin, il a du coup
satisfait à la fois le sportsman et son géné-
reux ami.
La pia jue mentionne, en effet, l’auteur de
la libéralité. Pleine jastice. La philanthropie
tout à fait désintéressée ne court pas les rues
pas plus que les routes champs.res. L’atten-
tion tout à fait aimable qui suggéra l’idée
d’offrir à la communauté le poteau-prophète
avait aussi pour secret mobile la satisfaction
da se voir affiché à tous les vents. Poarqnoi
pas ?...
Et qui refuserait, tout en jpédalant, de
chanter les gloires du Mécène du macadam
si, dans un beau geste, pour l’amour de la
chaussée et le salut de sa réclame, ce Mécène
entreprenait . personnellement de tenir en
bon état les routes de France trop sacrifiées
par le budget des Travaux publics ?
Les générosités privées, rendues d’ailleurs
bientôt publiques, n’en sont pas encore là.
Elles se contentent d’une petite plaque, très
suffisante, au reste, pour recevoir un conseil
et un nom.
Nous n’ignorons pins qu'elle provient d’un
don de M. Untel. Sa bienveillance ajoute
même parfois, au-dessous de la « descente
rapide » que M. Untel a un titre officiel, un
titre qui proclame, par contraste, sa presti-
gieuse montée sociale.
Les collections dans les musées ont de ces
pancartes ; leur discrétion est leur mérite
Et puis, il faut vraiment, pour les lire, aller
sérieusement les voir.
^ ?.a ront6 ®st pins pratique,
plus facile à réaliser, plus économique aus-
si, on 1 assure. Elle se présente à tous les
regards. Elle s offre à tous les passants Lors-
que le passage est dangereux et qu’ellein-
ter vient à propos pour mettre la sagesse en
éveil, elle demeure dans le souvenir du pas-
saiit, rattachée à une vague pensée recon-
naissante.
K„77 To? 1 d®, m^m0> sans 10 poteau, j’em-
ballms dans le virage et je ramassais la bû-
TT $2$ grace?,. soient rendues à Mon-
sieur Un Tel dont l iniliative, la clairvoyan-
ce, la prévoyance, la noble idée... -
M. Un Tel compte ainsi des amis incon-
nus qui le bénissent régulièrement en dé-
passant la borne kilométrique, qui le Bénis-
sent encore toutes les fois qu’on évoque là 1
« sacrée pente » et qui lui -font finalement--
un petit coin privilégié dans le coeur fleuri
de gratitude.
M. Untel ne 1 ignore pas. Il y pense sou-
vent, aussi souvent qu’il va lire son nom
en relief sur la belle plaque, aux jours de
soleil. Lorsqu il a, certains soirs d’été, des
bourdonnements dans la tête, il ne s’en
plaint pas, il se les explique. La télépathie
Un envoie ses signaux. Ou parle de lui avec
sympathie. Ce sont ses oreilles qui tintent.
XII
Les Eléphants
Le cirque a dressé sa loge à l’entrée de la
petite ville. A travers uu champ où la « gla-
ne » a passé, des tentes ont poussé comme
par enchantement. Dès l’aube, elles étaient
debout, leurs toiles tendues, leurs mâts cou-
ronnés de drapeaux. La vie nomad©, pour on
instant fixée au sol, s’adaptait aussitôt à l’au-
tre, à l’existence méthodique et réglée des
sédentaires, avec les mêmes soucis du mé-
nage, les soins de propreté et les préparatifs
de la eaisine.
Au clair soleil qui montait sur la campa-,
gne, des gens de service étalaient des costu-
mes, des casaques d’un rouge éclatant, des
habits à la Française.
Etdansl’haleine tiède des champs passaient
des odeurs de benzine. Les gens de service
« détachaient ». A grands coups de chiffons
humectés, iis s’efforçaient d’enlever, sur les
casaques, sur les habits, des plaques de
graisse, des étoiles de cambouis ramassées
au hasard des pérégrinations. Les hommes
se hâtaient aussi de « défriper » les robes
de velours des amazones, de lustrer les cha-
peaux, de brosser avec ardeur des pantalons
de cheval que la longue pression des rotules
avait fini par déformer.
Le temps était doux, la lumière joyeuse :
on « cavalcaderait » par les rues dès fine
heure de l’après-midi, pour annoncer la ma-
tinée.
Mais à l’antre bont du champ, près du
mur de l’église, dans un parc limité par des
piquets et des cordes, les élépbants étaient
gronpés.
La troupe indolente ouvrait sur les choses
d’alentour des yeux somnolents et las. Ils
étaient là une aemi-douzaine, de tailles di-
verses, qni formaient comme an conseil de
famille. Pacifiques et blasés, rompus par
l’habitude à ia monotonie de leur destinée,
ils demeuraient en cercle, sans surveillance
apparente. Tout an plus, les jeunes avaient-
ils parfois la fantaisie de saisir un poteau à
leur portée et de s’amuser à l’enlever, pour
voir l’effet. Les anciens intervenaient alors,
tantôt discrètement par nn coup de trompe
dans ies flancs du délinquant, tantôt sui-
vant ia pins désolante des complicités, en
renversant le poteau voisin. Et les barrisse-
ments qui s’emparaient alors de toute la
bande étaient peut être des éciats de rire.
Un homme survint qui remit un peu d’or-
dre dans le phalanstère des pachydermes.
C’était un gas de chez nous, à la mine rasée
de comédien, un rural recueilli en cours dé
route qui avait dans son masque, dans son
geste, dans son parler toutes les rusticités
du type normand.
Le cirque l’employait anx grosses beso-
gnes. Le jour, il conduisait les roulottes,
promenait les bêtes, allait les faire boire ou
les faire baigner. Le soir, en livrée à bou-
tons d’or, il plastronnait à l’entrée des
écuyères et, entre deux numéros, maniait le
râteau comme une faux, ramassait preste-
ment le crottin.
Il avait conservé son accent de la plaine de
Caen, sa prédilection marquée et fidèle pour
les a collés d’un accent circonflexe. Il disait :
« Es-tu làâ ? » toutes ies fois qu’il rencon-
trait un ami ; et, avec la même ampleur, il
s’écriait : « Hélââ, mon Dieu i » dès qu’il ap-
prenait quelque chose d’immense on de tou-
chant.
Mais qnand il parlait anx éléphants, il
usait d’un répertoire recommandé qu’on di-
sait adapté à l’entendement des bêtes sympa-
thiques. Le langage osait alors de mots an-
glais déformés et bizarres que la prononcia-
tion fantaisiste faisait plus cocasses encore.
Il criait de toutes ses forces aux masses
lourdes, velues et grisâtres des « Bequoite »
qui prétendaient les rappeler au respect du
boa ordre et de la sagesse et n’étaient que la
traduction dn « Be quiet » britannique, par
une langue peu familiarisée avec les intona-
tions d’outre-Mancbe.
Il disait aussi « Tequare, Jimmy » pour
« Take Care », « Gouin » pour « go on ».
Par contre, il proférait parfaitement des
« Ailo t » avec des intonations passables,
parce qu’il avait apprit à parler dans le tétê-
•pbone...
***
Sur le coup de midi et demi,^ dans nn
grand fracas de cuivres et de grosse caisse,
dans le crissement des « mécaniques » des-
serrées et le grincement des roues, la caval-
cade se mit en route.
Ce fut un émerveillement, nn serpent de
rutilances, de beantés et de bariolages qui
déroula ses anneanx à travers ies rues éba-
hies. Des dames, très emperruquëes, les
joues parées de fards violents, passaient à
cheval et souriaient, d’un sourire figé, ma-
chinal, lear pensée ailleurs.
Pais venaient des messieurs en habit
ronge, la moustache roulée au petit fer, le
haut-de-forme habillé de reflets irisés qui
rappelaient le retapage au pétrole.
Puis c’étaient des princes et des princesses
de légende, sous des couronnes, sous des
diadèmes, sons des pourpres éclatantes et
frangées d’or ; des chars immenses dont les
ressorts geignaient dans les virages,des chars
faits de glaces, de verroteries et de sculptu-
res, ët que surmontaient des étagères en py-
ramides an sommet desquelles un troue
éblouissant, gardé par deux lions en bois doré,
avait reçu nue noble dame. Ses accroche-
coeurs empâtés de cosmétique s’en allaient
doucement à chaque cahot, détrempés par la
sueur...
Dix-huit chevaux « café au lait » attelés en
couple, traînaient ce palais des Mille et-une-
nuits. Et c’était superbe, vraiment, que de
voir l’adresse du conducteur, anx carrefours,
faisant évoluer son attelage sans frôler d’un
poil ia maison du coin...
Cependant, en franchissant le ruisseau de
la rne Canet, nn henrt secoua fortement la
char de giace et de verroteries. La noble
dame, prévoyant le choc, s’était maintenue
à la Crinière léonine ; mais la secousse eut
pour curieux effet d’ouvrir un des côtés de
l’imposante voiture. Une porte avait tourné
sur ses charnières, livrant à la ionle l’inti-
mité des dessous du théâtre, le plus fâcheux
spectacle de réalisme après les prestiges .du
rêve: un intérieur de bidons à pétrole, de
chiffons saies et de pots de peinture ; un dé-
barras de cnoses innommables, nne misère
lamentable de « décrochez-moi ça » que dé-
robait à la curiosité du populaire la miroi-
tante et richissime façade de glaces biseau-
tées. .. La vie humaine a de ces surprises.,.
Les éléphants eurent naturellement grog
succès. Leurs petits yeux s’étaient remplis
de joie enfantine. Ils avançaient à pa3 ca-
dencés et presque souples, avec un dodeli-
nement de la tète, un balancement de la
trompe qui disaient leur agrément et leur
insouciance.
Parfois, un geste les mettait en éveil. Ils
allongeaient leur nez phénoménal pour sai->
sir au passage nn morceau de pain et
l’avaler par un preste mouvement en cor
de chasse ; ou bien, ils cueillaient douce-
ment le sou qu’on leur tendait, et les bra-
ves bêtes le remettaient fidèlement au cor-
nac assis sur le terre-plein de leur crâne
gigantesque. Car la rapacité des hommes
avait eu l’ingéniosité de faire de leur intelli-
gence la complice de ia mendicité...
Le défilé terminé, les chars rentrés, les
éléphants se retrouvèrent dans le parc, dé-
barrassés des loques d’andri-nople qu’on
avait posées sur leurs flancs pour accentuer
le pittoresque et l’exotisme.
Ils se regardaient entre eux avec des yeux
malicieux et doux qui semblaient dire ;
« Encore nne 1 » Et les vieux, les doyens,
les ridés, les anciens des anciens aux peaux
tannées par les ans et l’iij tire fies temps,
prenaient des airs de philosophes profonds
et mélancoliques... Peut-être voyaient-ils,
dans la demi-nuit de leur vaste cervelle, dea
Àfriques ou desTndes lointaines cù les ma-
melles maternelles livraient encore un lait
d’indépendance et de liberté.
Mais alors, notre gas s’amena, le gas de
chez nous, le rustique à la mine de comé-
dien, qni venait poar veiller nn peu à l’har-
monie des rapports entre pachydermes. II
lear dit des mots anglais : « Bequoite, Te-
quar i, Hip I Hip t « bien d’autres, à la nor-
mande.
Les éléphants le contemplèrent nn ins-
tant avec tant d’indulgence et tant de malice,
qu’ils laissaient parfaitement entendre :
; —Tu peux donc pas parler français ?
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(»* H0TB1 CORMtSPONDANT ÏART1CUUES}
Paris, 4 juillet.
Le Sénat a repris ce matin ia discussion de
l’impôt snr le revenu. On écoate avec atten-
tion nn discours de M. Guillier, sénateur de
la Dordogne, qni fait remarquer quelques
imperfections do projet dn gouvernement.
L’après-midi, les faiseurs d’amendements
harcèlent à nouveau le texte du gouverne-
ment. Ils semblent avoir déclaré à l’impôt
sur le revenu nne guerre d’embuscades,
maintenant que la bataille rangée est per-
due.
M. Colin, sénateur d’Alger, s’inquiète de
l’évaluation qni sera faite des rentes viagè-
res. A quoi le ministre des finances riposte
que les personnes qui mettent leur bien en"’*'
viager ne sont intéressantes ni an point de
vue fiscal, ni au point de vue social.
Puis M. Touron demande, de concert avea
M. Lhopiteau, que les pertes subies dans
l’année soient déduites du revenu impo-
sable.
M. Aimond craint que, si cette disposition
est adoptée, tout le monde ne déclare des
pertes.
On décide néanmoins de réserver l’article
incriminé poar l’examiner postérieure-
ment. Il serait déraisonnable de ne pas te-
nir compte à nn agricultenr on à un com-
merçant des manvaises récoltes on des mau-
Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
Le Grand Prix de Rome de Musique
l ” - —
l II est attribué à Marcel Dupré,
de Rouen
■ L’Académie des Beaux-Arts a jugé hier
après-midi la cantate pour le Prix de Rome
de musique.
Marcel-Léon Dupré, né à Rouen le 3 mai
1886, élève de Widor, obtient le Grand Prix.
Raymond de Pezzer, né à Paris en 1885,
élève de Widor, obtient le premier second
Grand Prix.
André Laporte, né en 1889, élève de Paul
Vidal, obtient le deuxième second Grand
Prix.
—■ i H m
LA SITUATION DES OFFICIERS
DES GARNISONS DE L'EST
Le ministre de la guerre a reçu le bureau
de la Commission sénatoriale de l’armée
composée de MM. Boudenoot, président,
remplaçant M. de Freyssinet empêché ; Cha-
pnis, vice-président ; Charles Humbert,
ja’Alsace.
La délégation a appelé l’attention dn mi-
nistre sur ia situation des troupes de l’Est
au point de vue de l'encadrement des offi-
ciers.
Par l’intermédiaire de son bureau, la
Commission sénatoriale de l’armée a expri-
mé le voeu que les officiers nommés dans les
garnisons de l’Est rejoigent leur poste dans
les délais réglementaires et qu’une fin de
non recevoir soit opposée à toutes deman-
des de changement de corps de leur part.
Elle demande en outre que ies officiers qui
ont passé de longues annés dans les troupes
de 1 Est soient avantagés tant an point de
vue de l’avancement que des garnisons ob-
tenues, en passant au grade supérieur et a ne
des mesures soient prises ponr que le plus
grand nombre possible aofficiers servent
successivement dans ies régions de couver-
ture. <
M. Messimy a affirmé au bureau de la
Commission sénatoriale de l’armée qu’il
partageait ses vues. Il lui a tait con-
naître la décision qu’il avait déjà prise de
fa>re désormais débuter dans les corps d’ar-
mée de la frontière la majeure partie des of-
ficiers sortant des écoles Polytechnique et de
Saint-Cyr.
DJEMAL PACHA A PARIS
Djemal pacha a rendu visite, hier après-
midi, à M. Messimy, ministre de la guerre et
à M. Gauthier, ministre de la marine.
Le ministre de la marine ottoman a été
reçu par M. René Viviani, président du Con-
seil.
L’ILE M0LÈNE PRIVÉE D’EAU POTABLE
BREST. — L’îie Moiène étant privée d’eau
potable par suite de la grande chaleur, les
habitants ont demandé an préfet maritime
de les approvisionner.
Un bateau citerne a appareillé avec cent
tonnes d’ean.
VIOLENTS ORAGES EN ITALIE
ROSIE. — De tous les points de l’Italie, ou
signale de violents orages.
Près de Milan, à Erba, trois personnes ont
été foudroyées.
A Venise, quelques barques ont sombré
dans la lagune ; il y g plusieurs noyés.
Dans les environs de Brescia, la campagne
est dévastée.
Près de Gênes, nn orage a causé d’impor-
tants dégâts dans divers établissements in-
dustriels .
L’AFFAIRE CAILLAUX
Interrogatoire de Mme Caillaux
M. Louis Albiuel, conseiller à la Cour
d’appel de Paris, qui présidera ies débats dé
i’affaire Caillaux, devait faire subir hier l’in-
terrogatoire d’usage à ia prisonnière de Saint-
Lazare. Mais l’on s’était bien gardé, pour
éviter les indiscrétions, de faire connaître
l’heure de cette comparution.
Cependant lorsque dix heares et demie le
président Albanel, accompagné de M. André
Prignon, greffier, chef du service criminel,
et de M« Lacour, huissier-audiencier, sont ar-
rivés à la porte de la prisoa, un bataillon de
photographes les attendaient.
Immédiatement introduits dans le cabinet
du directeur de Saint-Lazare — ce cabinet
dans lequel turent également interrogées
Mme Steinhe 1, MmeRirette Maure jean, pour-
suivie aux côtés des bandits en auto et bien
d’autres — MM. Albanel, Prignon et Lacouf
attendirent debout l’arrivée de l'accusée, qui
s’entretenait dans sa pistole avec M® Adrien
de Pacbmann, secrétaire du bâtonnier Fer-
nand Labori
Bientôt cependant arrivait Mme Joseph
Caillaux.
Aussitôt, conformément à l’article 243 du
Code d’instruction criminelle, M® Lacour a
signifié à ia prisonnière l’arrêt de renvoi de-
vent la Cour d’assises, l’acte d’accnsation, et
lui a remis copies de l’un et de l’antre docu-
ment.
Puis le président Albanel a procédé à l’in-
terrogatoire, d’apiès les prescriptions des
articles 293, *94 et 296 du même code — in-
terrogatoire de pure forme d’ailleurs.
— Persistez-vous, madame, a-t-il dit, dans
vos précédentes déclarations devant le juge
d’iastruciion ?
— Oui, monsieur.
— Avez vous un conseil pour votre dé-
fense ?
— Oui, monsieur.
Puis M. Albanel avertit Mme Caiiiaux que
dans le cas où elle se croirait fondée à for-
mer un a demande en nul ité contre l’arrêt
de renvoi, elle devait faire sa déclaration à
ce sujet dans les cinq jours, et qu’aprôs l'ex-
piration de ce délai, elle n’y serait plus re-
recevable.
M. Trignon invita alors Mme Caillaux à si-
gner son interrogatoire ; et comme la main
de la prisonnière tremblait, elle fit cette re-
marque :
— Comme je tremble 1 C’est sans doute à
cause de la piqûre de sérum qu’on m’a faite
ce matin 1
Ayant copendmt signé, Mme Caillaux se
retira pour aller rejoindre M® de Pschmann,
à qui elle remit les pièces de procédure
qu’on venait de lui sigaifier.
me II ■ ' ——»
ASSASSINS ARRÊTÉS
Les assassins de Gérôme-Angnste Crou-
lard, l’infqrtonô peintre en bâtiments qni
fat assassiné le 27 juin dernier, viennent
d’être arrêtes.
Le sous-brigadier Walter avait été envoyé
à Cbarlevilie, afin d’interroger un soldat au
40® d’artillerie nommé Fernand Gast, qui
avait été vu sortant d’un débit de vins de
Champigey, le soir dn drame, en compagnie
delà victime et du nommé Henri Lamy qui
occupait une chambre dans l’immeuble où
habitait la famille Crouiard.
Des témoins avaient même aperça Gast,
Henri Lamy et Crouiard se dirigeant le 27
juin vers Villiers.
On avait appris à la justice que pins tard
ces individus étaient revenus chez Crouiard,
sans leur victime, naturellement, et qu’ils
avaient passé ia nuit ensemble, la femme
Croula»! avec Lamy, et Gast avec nne voi-
sine, ia femme Poiliet.
Habilement cuisiné, Gast avoua le crime
qui avait été commis de concert avec Lamy
et sur l’instigation de la femme Crouiard
elle-mênte
Aussitôt informé, M. Rouget, commissaire
de police, accompagné de M. Dauzon, ins-
pecteur général et d’un inspecteur de la po-
lice judiciaire, procéda à l’arrestation des
personnes nommées.
M. Morize, juge d'in.traction procéda à
leur interrogatoire et les fit écroner tous les
trois.
Il résulte des aveux recueillis qne la fem-
me Crouiard, lasse de voir son mari rentrer
ivre chaque soir et d’être en butte à ses
coups, demanda à son chevalier servant de
la débarrasser de son irascible mari.
Lamy n’hésita pas.
Le soir du 27 juin, vers six heures, le cri-
me fut préparé, Gast, un ami, devait être
présenté à Groulard et l’on devait partir en-
semble, la nuit venue, pour Villiers.
A l'endroit le pins désert du plateau de
Champigny, Gast tira sur Crouiard cinq
coups de revolver à bout portant et Lamy
larda la malheureuse victime de coups de
couteau. Les deux assassins dévalisèrent en-
suite ie cadavre, afin de laisser croire au
mobile du vol. Ils transportèrent alors le
corps jusqu’au tas de fomier où il fut re-
trouvé cinq jours plus tard, dans un état de
décomposition tort avancée.
M. Morize a signé un mandat de dépôt
contre Gast, Lamy et ia femme Crouiard.
Gast est arrivé dans la soirée, de Charle-
vilie. On a retrouvé snr lui la montre de la
victime et dans la caserne, sa bicyclette.
Lamy est né en 1887 à Guigne, en Seine-
et-Marne ; quant à Gast, il est né à Mon-
treuil en 1891.
LES CONSÉQUENCES D’UNE
INDISCRÉTION
NEW YORK.— On annonce que le président
Wilson a invité le ministre des Etats-Unis à
Athènes à donner sa démission en raison de)
1 indiscrétion dont il a fait preuve en ren-
dant compte de la situation en Epire où il
critiquait l’action des grandes paissances.
»
UNE MAISON S’EFFONDRE
NEW YORK. — Une maison de six étages
s’est effondrée hier. .
La poiiee estime qne l’accident serait dû à
l’explosion d’une bombe.
Le brait a d’abord couru qii’fl-y avait de
nombreuses victimes, mais il semble main-
tenant certain qu'il n’y a que trois morts.
AU MAROC
La Situation à Kenifra
KKNIFRA. — La situation est toujours cal-
me depuis le combat da 29 juin. L'état
des blessés est aussi satisfaisant que possi-
ble.
De petits groupes ennemis, hors de la
portée du tir, surveillent toujours le camp,
tirant parfois quelques coups de fusil sans
aucun résultat.
Le général Henrys a l’intention de se ren-
dre, le 6 juillet, à ia rencontre du résident
général au camp d’Ait-Lias, ancien camp de
Poued Ifrane, ponr conférer snr l’organi-
sation des territoires en arrière de Keniirà.
Dans le Sous
RABAT. — Le lieutenant-colonel Delarao-
the, chef dn service des renseignements de
Marakech, qui s’est rendu dernièrement
dans la région dn Sons, poursuit sa mission
dans les meilleures conditions. Outre les dé-
légations des tribus du Sud qa’il reçut à
Taroudant, il eut la visite de deux notables
très importants, le caïd Oalad Djerrar et le
chérif de Tazsroualt, tous deux venus pour
témoigner de leur dévouement à la cause
da makhzen.
L’impression causée dans le pays par la
démarche de ces deux personnages fut très
grande, surtout la présence du chérif de
Tazerouait, lequel n’était jamais entré en
relations avec ies sultans on les maballas
chérifiennes opérant dans le Sous.
GRAVE ACCIDENT DANS UNE
PAPETERIE
RETHEL. — Hier matin des ouvriers étaient
occupés à régler trois chaudières d’une ma-
chine à vapeur d'une papeterie, pesant cha-
cune cinq mille kilogrammes et placées à
huit mètres de hauteur, lorsque l’énorme
masse oscilla et les trois chaudières s’effon-
drèrent, atteignant deux ouvriers qni n’a-
vaient pu se garer.
M. Flosch, âgé de 32 ans, monteur anglais;
a été tué sur ie coup ; M. Decoulenr, 34 aos,
charpentier, est mortellement blessé.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.95%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.95%.
- Auteurs similaires Fénoux Hippolyte Fénoux Hippolyte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Fénoux Hippolyte" or dc.contributor adj "Fénoux Hippolyte")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k172186r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k172186r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k172186r/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k172186r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k172186r