Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-07-03
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 juillet 1914 03 juillet 1914
Description : 1914/07/03 (A34,N12018). 1914/07/03 (A34,N12018).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1721840
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/12/2020
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Le Petit Havre
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Variétés Economiques et Politiques
Le Ouata sera-t-il Canadien
es sera-l-ilMriaain?
Montréal, le 18 juin 1914.
L’existence d’un Canada britannique dans
l’Amérique du Nord apparaît comme une
sorte de paradoxes. Au point de vue géogra-
phique et économique, les Etats-Unis et le
Canae'' ne f°rment vraiment qu’un seul
pays • la ^ntlêré est purement théorique.
D’autre part, <*ceptez la population fran-
çaise de Québec v* Quelques milieux so-,
ciaux spécialement violais, et vous ne
trouvez plus au Canada qCe a,c.lvl.lsa_
tion américaine, des moeuA américaines»
des villes et des campagnes d’SfcK 00 , me-
ricain. Le lien avec la Grande-Bf&*!^t?e
n’est plus qu’un lien partiellement senïî-'
mental et partiellement politique.
Politiquement, en effet, le Canada a
choisi jusqu’ici de demeurer colonie bri-
tannique. Il n’y a pas du reste, à/cet égard»
le moindre désir conscient de changement.
Mais, économiquement pariant, la conquête
américaine est rapide. Je défie l'oeil le plus
averti de distinguer les villes canadiennes
des villes américaines. La vie anglaise,
surtout dans les choses matérielles, n’est,
plus ici qu'un souvenir lointain.
De là l’importance primordiale de l’orien-
tation que prendra la politique douanière
canadienne. Ou bien le Canada se défen-
dra de l'invasion économique américaine et
cherchera à développer un trafic d’Ouest
en Est, vers l’Europe, indépendamment des
Etats-Unis. Ou bien, acceptant l’unité de
fait dç l’Amérique du Nord, il se résignera
au trafic Nord-Sud qui est dans la nature
des choses, le Dominion devenant ainsi le-
client des Etats-Unis pour les produits ma-
nufacturés et son fournisseur de-produits
jialurels. Dans la première ^conception,
.vous avez un Canada industriel ou cher-
chant à l’être, un Canada indépendant a»
point dé vue économique. Dans la seconde
au contraire, la Colonie, britannique poli-
tiquement, d/ijient évidemment; un satellite
économiq uedesEtats-Unis. |
Ces deux tendances ont toujours existé
au Canada,et cela se conçoit si l’on analyse
les divers intérêts. L’Est canadien (Mont-
réal, Toronto), plus ancien, plus riche en
capitaux et en traditions, se trouve mûr
pour un développement industriel propres
ïl redoute la concurrence américaine et
désire avant tout conserver la clientèle de
l’Ouest, qui lui échapperait certainement
s’il y avait libre échange de fait dan»
l’Amérique du Nord.
L’Ouest canadien, au contraire (Mani-
toba, Alberta, Saskatchewan), a des inté-
rêts absolument opposés. Il vend du blé —
ce pour quoi toute protection lui est com-
plètement inutile. Bien plus, le cultivateur
de la Prairie a tout avantage à se fournir de
ses produits manufacturés (machines, ou-
tils etc.) aux Etats-Unis : il y gagnera
comme bon marché et comme commodité.
Jetez un simple coup d’oeil sur la carte, if
vous apparaîtra comme évident que Winni-
peg regarde naturellement vers Saint-Paul
et Chicago plutôt que vers Toronto et Mont-
réal. C’est la direction Nord-Sud dont nous
parlions tout à l’heure.
A première vue il ne s’agit là que d’un
problème économique. En réalité, c’est un
problème politique aussi. L’unité canadien-
ne est en somme factice. Entre l’Est et
l’Ouest, la distance matérielle et morale
est énorme. Quand on va en chemin de fer
de Toronto à Winnipeg on traverse, pen-
dant 48 heures, une région quasi-déserte.
Et quand on arrive à Winnipeg on se trouve
dans une atmosphère purement américaine,
au milieu d’une population bigarrée, où les
éléments proprement britanniques tiennent
une place de plus en plus restreinte. Dans
ces conditions, l’unité canadienne apparaît
indéniablement fragile.
Les Canadiens de l’Est le savent bien, et
leur politique traditionnelle a tendu à créer
un Canada économiquement autonome et
économiquement distinct des Etats-Unis.
De fait, la politique douanière du Canada a
jusqu’ici été invariablement protection-
niste. Les libéraux se déclaraient bien par-
tisans de la réciprocité américaine, mais
c’était manifestement une mauvaise plate-
forme, au moins dans les temps où le déve-
loppement de l’Ouest existait à peine. Lors
de leur accession au pouvoir, en 1896, ils;
ont fait sans doute une tentative dans ce
sens. Mais très vite, devant une rebuffade
des Etats-Uois, ils se sont engagés dans la
voie de la préférence britannique et des
commerce avec l’Europe.
La SïfeI,a‘‘on cependant n!a pas manqué
de changer^. 118 *a mesure même où l’Ouest
grandissait. les réclamations de
l’Ouest en faveur 3 vn régime de libre
échange se faisaient de^tv ®n P‘us ins'
tantes. En même temps î’ïùt-ranai£e.811c.e
protectionniste des Etats-Unis **2“*^Pr
une sorte de détente. Sir Wiifrid Laû»",ier
crut pouvoir Tépondre aux avances qui lui -
venaient de Washington. Entre le3 deux
gouvernements fut signé un traité de Com-
merce qui assurait, entre les deux pays,
un libre échange de fait pour les prod uits
agricoles.
L’Ouest canadien exultait. Mais la pro-
testation de l’Est fut la plus forte. Le pays
manifestement redoutait d.ans Ja réciprocité
la préface d’une politique annexionniste.
Telle n’était évidemment pas la pensée de
sir Wiifrid Laurier. La masse de l'opinion
cependant l’abandonna aux élections de
1911. L’Est industriel avait voté en im-
mense majorité contre le traité. Par contre
les provinces de l’Ouest (Alberta, Saskat-
chewan) envoyaient une députation presque
unanimement en faveur de réciprocité*
La question est maintenant en apparence
enterrée ; mais elle ne l’est qu’en appa-
rence . L’Est veut rester le centrçd’attrac-
tion de tout le Canada, alors que l’Ouest
est attiré vers les Etats-Unis par une force
déplus en plus puissante.
Il ne faut pas s'y tromper : dans cette
affaire, c’est bien l’unité canadienne elle-
même qui est en jeu.
ANDRÉ SIEGFRIED.
La Fin dn Pantalon ronge
M. Messimy, ministre de la guerre, a pré-
senté hier à la Commission de l’armée, à la
Chambre, pais à la Commission du budget,
plusieurs fantassins revêtus du nouvel uni-
forme préconisa par la Commission d’expé-
riences instituée à cet effet.
Ces uniformes, de teinte gris ardoisé clair,
se composent d’un pantalon, d’une tuniqee
et d’une capote à col rabattu, pôches à bou-
tons. Les cois sont ornes d'un écusson, ronge
pour l’infanterie, jaune pour les chasseurs
à pied.
Le képi, du type rigide, du même tou
que l’uniforme, est orne d’ane cocarde trico-
lore.
Le ministre a exposé à la Commission de
l’armée que les marchés de drap de l’armée
expirent en octobre.
Il était nécessaire qu’un crédit fût voté à
titre indicatif pour en conclure de nou-
veaux. Son intention n’est pas de modifier
la qualité, mais simplement la couleur, en
conformité de l’expérience faite dans les
guerres les plus récentes.
L’ELECTION
DE M. MORO AND
M. H. Gênestal est désormais ren-
tré dans le rang.,et tous ceux qui ont
assisté à la dernière séance du Con-
seil lui Pendront cette justice qu’il l'a
Jait avec une bonne grâce parfaite ; à
le voir occuper avec tant de bonhomie
sa place de conseiller, il semblait qu’il
ne T eût jamais quittée. Heureux ceux
qui savent ainsi renoncer aux hon-
neurs en ne gardant que le sentiment
du devoir aècompli et de celui qu’il
reste à accomplir /
M. Morgand a été élu maire à l'u-
nanimité des vingt-six suffrages expri-
més, neuf conseillers ayant jugé à-
propos de s’abstenir. Ce nombre im-
portant de voix a poussé M. Le Cha-
pelain a médire de la proportionnelle
dont nous le croyions un chaud parti-
san; on sait qu’il l’a accusée, en effet.
d’avoir permis l’alliance des cléricaux
et des républicains de gauche ; c’est
une accusation portée peut-être hâti-
vement, qui ne ■supportepas l’examen.
Que deux années de pratique loyale
de la proportionnelle par le parti au
pouvoir ait amené les autres partis
également proportionnalités à émet-
ne un vote de courtoisie à l’égard du
can&*^at républicain de gauche, c’est
possibliir* cela n a rien d une al-
liance condco7jjia^e'
La conventiân ™ faite au
grand jour, portait q’le l administra-
tion de la ville serait às^ff^éç par le
parti qui aurait la majofl^ le vote
d'hier ne Jait que ratifier cells jyg’ 0.
sans que personne n’ait quémanaâ-
sujff rages ni laissé fléchir ses opinion
Si la pratique de la proportionnelle
a permis aux républicains de gauche
d’administrer notre ville en tenant
compte libéralement de tous les inté-
rêts en jeu, par contre cela ne les a
jamais conduits à atténuer leurs sen-
timents démocratiques et laïques ;
nous ne Jerons que rappeler, à cet
égard, l’affaire de la Caisse des éco-
les où nos élus ont fait tout leur de-
voir.
Aussi bien, le vote d’avant-hier n’é-
tait pas un vote politique; la retraite
de M. Gênestal s’est faite dans de tel-
les conditions qu’il s’agissait avant
tout de pourvoir à l’administration
communale. Dès lors, quel meilleur
choix pouvait-on faire que celui du
distingué M. Morgand, assuré déjà
de la confiance des électeurs, puisqu'il
y avait été élu premier sur la lista des
36 conseillers, et de la confiance du
Conseil qui en avait Jait son premier
adjoint? S’il n’y avaitpas un groupe
d’opposants systématiques, l’unanimi-
té aurait dû se faire sur son nom,
d’autant plus qu’aucun autre candi-
dat n’a été proposé.
Ce groupe d’opposants a d'ailleurs
manijesté les sentiments qui l’animent
dès la première séance présidée par le
nouveau maire ; on sait qu’à propos
d’une demande d’un crédit supplémen-
taire, qui eût été, certes, discutée plus
utilement dans le calme, un tel tumul-
te a été déchaîné dans l'assemblée
que l’on aurait pu se croire, pour un
instant, à la Chambre des -Députés ;
il n’y manquait même pas les épithè-
tes classiques de « renégat » et de
« requin » l
Si c’est une nouvelle tactique qu’en-
tendent inaugurer nos adversaires
d’extrême-gauche, nous leur laisse-
rons toute la responsabilité de cette
innovation, convaincus qu’ils ne monte-
ront pas dans l’estime de la laborieuse
population de notre ville, attachée au
sérieux des délibérations de l’assem-
blée communale.
CASPAR-JORDAN.
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(CS NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 2 juillet.
Malgré la chaleur, la Chambre s’est fort
*nipaée pour la discussion de la motion de
M. Charles Benoist tendant à saisir le pins
tôt possible la Commission du suffrage uni-
versel de la réforme électorale.
Le gouvernement ne s est pas opposé ce-
pendant à l’urgence qui a été déclarée à
main levée, mais M. Andrieux a trouvé qne
la réalisation de la réforme pouvait attendre
alors que la Chambre était nooreile et que
i’on était en droit d'a tendre d’eile des réfor-
mes plus urgentes.
La Chambre s’est trouvée en présence
d’une proposition d’addition de M. Breton,
portant que la Commission devait prendre
pour base de ses études l’union des majori-
tés républicaines des deux Chambres.
Tandis que les radicaux applaudissaient,
M. Jaurès a protesté avec la plus grande
véhémence et l’on a vu cette fois les socia-
listes reconnaître les droits de tous les dé-
putés.
L’amendement Breton a été voté après
pointage, au milieu de l'animation la plus
vive. La Chambre n’en a pas moins reconnu
ensuite que ia Commission devait se préoc-
^pj^er surtout de la proporiionnelie.
Là timbra a ensuite validé M. Vandame,
élu dansîaJ}remière circonscription de Lille
malgré l'oppO^ù* 11 de M. Delory, qui a dé-
claré que ce siègôx8*enait de droit aux so-
cialistes.
. . #
* *
Beaucoup de monde au Sénat anjorihühui
pour assister au grand débat snr l'impôt
le revenu, qui doit clôturer te vote de la ioi
de finances. On sait que le gouvernement t’a
incorporé à ladite loi de finances et que M.
Touron, sénateur de l’Aisne, a dépoté nn
contre-projet qui donne au gouvernement
les 80 millions supplémentaires dont il a
besoin, sans pour cela jeter le trouble dans
notre régime fiscal.
M. Boivin-Champeiux se lance le premier
dans la mêlée. Il démontre, d’accord en cela
avec M. Pelletau, qu’il ne saurait y avoir
d’impôt sur le revenu sans déclaration. Com-
ment en effet prouver à l’agent du fisc qu’il
a exagéré nos revenus sinon en lui appor-
tant no3 livres comptables î
M. R»bot, mis en cause par M. de Lamar-
selie, défend sans grand enthouskme ia thè-
se de l'incorporation. Après lui M. Touron
demande la disjonction dn projet du gouver-
nement.- Il le trouve improvisé et mai établi.
: Tel n'est pas l’avis du gouvernement.
Le ministre des finances estime qu’à des
dépenses nouvelles H faut un impôt nouveau
et que nous devons suivre l’exemple de l’Al-
lemagne. Autrefois, c'était l’Allemagne qui
suivait notre exemple, quand nous donnions
à l'Europe des leçons d’indépendance et de
libéralisme.
D’autres orateurs parlent abondamment
pour demander la disjonction des articles en
discussion. Par 207 voix contre 70 on ia lenr
refuse et snr la proposition du rapporteur
général, le Sénat décide de continuer la dis-
cussion demain matin.
T. H.
SENAT
Séance du 2 juillet
La séanch est ouverte à a b. 50, sons la
présidence de M. Antonin Dubost.
Projets divers
Le Sénat adopte le projet de loi portant
création d une chambre aux cours d’appel de
Douai et de Toulouse; le projet de loi rela-
ui a t ouverture, au ministère des finances,
d un crédit supplémentaire afférent an paye-
ment do l’indemnité des députés ; entra, le
projet de loi tendant à modifier, dans unbut
d© décentralisation, les règles ©Q vigueur
pour l’assiette des coupes extraordinaires
dans les bois des communes et établisse-
ments publics.
L’impôt complémentaire sur le revenu
Le Sénat aborde la discussion des articles
7 à 28 de ia loi de finances (impôt complé-
mentaire sur le revenu).
M. Boivin-Champeaux et plnsîenrs de
ses col'ègues demandent la disjonction de
ces article*.
M. de Lamarzelle combat aussi l’incor-
poration qui, dit-il, est contraire à toutes les
règles d’une bonne politique financière.
Il critique i’âttitude de M. Ribot.
Petit à petit, dit-il, on en arrive à exclure
de la République les députés qui ne font pas
partie dn groupe dominant. M. Chaliemei-
Lacour me disait lors de mon arrivée au
Sénat qu’it y avait dans la République place
pour tous les patriotes. Je me touvenais de
cette parole en voyant l'autre jour M. Ribot
aux prises avec la Chambre.
M. Ribot qui cependant venait de tout
abandonner.
M. Ribot : Je n’âi rien ahanlonné. (Ap-
plaudissements à gauche).
M. de Lamarzelle : Alors je ne com-
prends plus. Mais je reviens à ce que je di-
sais : une oligarchie fait la loi aujourd’hui
dans ce pays I
C'est à cette oligarchie qu'on.prétend que
le Sénat obéisse.
Le S mat devrait être n ue barrière contre
la démagogie. On crie : A bas le Sénat ! de-
vant de3 ministres qui ne protestent même
pas.
Il serait plus beau pour vous de périr en
résistant que d'attendre ia mort dans le si-
lence.
M. Vieu : Dans le Syllabus 1 (Vives excla-
mations),
M. de Lamarzelle : On ne s'attendait pas
à le voir dans cette affaire.
M. Vieu : Vous nous accusez d’obéissance
Passive, je vous oppose le Syllabus. (Très
bien à gauche),
M. de Lamarzelle : En cédant toujours,
vous vous préparez la fin peu glorieuse ré-
. serrée aux Organes qui par atrophie cessent
dq remplir anx fonctions.
M. Ribot M. de Lamarzelle vient de me
mettre en cause. Le Sénat me rendra cette
justice que je sais prendre mes reponsabili-
tés. Mais je n’ai pas attendu dTètre appelé à
constituer un ministère ponr avoir l’attitude
que j’ai aujourd’hui. (Tiè3 bien).
M. de Lamarzellq : J’ai dit que vous aviez,
fait un acte de courage.
M . Ribot : Si j’ai accepté de constituer un
cabinet vousne me ferez pas l’injuiede croire
que c’est par un calcul personnel. Si j’ai mit
1 impôt sur le revenu dans ia déclaration
ministérielle ce n'est pas parce que jà ve-
nais de l’accepter. J’ai voulu réaliser l’accord
avec la Chambre par l’incorporation dans la
loi de finances, cela ne supprimait pas le
droit d'examen des Chambres. (Applaudisse-
ments). Il n’y a aucune règle parlementaire
qni interdise demettre une loi d’impôt dans
la loi de finances. Nous l’avons déjà tait plu-
sieurs toi3. Mais nn ministère ne peut pas
nous forcer la main parle procédé d’incor-
poration ; nous ne 1 occeptous pas comme
une menace et nne pression.
Si .j’accepte aujourd’hui l’incorporation,
c’est qne notre situation le commande. Nous
avons perdu nn an depuis que la question
est posée (Bruit), l’emprunt sera un succès ;
il aurait été mieux fait l’an dernier. Nous
avons déjà voté une partie du projet de loi
relatif àl'impôt sur le revenu ; nous avons
pu opérer un dégrèvement et trouver 80
millions pour le budget. Mais le déficit sub-
siste ;- il- dépasse-600 millions. Cela doit domi-
ner nos esprits. Nous ne devons pas avoir de
repos- tant que nous n’aurons pas rétabli
i’équrlibre et nous devons chercher à réali-
ser i’accord des deux Chambres. Dans la
même situation, l’Angleterre a pris immé-
diatement des mesures énergiques ; l'Alle-
magne a*montré qn’elle savait accepter^ les
sacrifices financiers. (App audissements).
Le 17 février dernier, j ai dit ici à M. Caii-
laux, alors ministre, qu’on ne pouvait pas
se borner à des critiques et qu’on pouvait
obtenir tout de.suite 70 millions par des sa-
crifices nécessaires demandés aux ricbes.par
le vote du projet présenté par M- Dumdnt.
Le texte qu’a voté ia Chambre s'en rappro-
che ; celui de la Commission n’est pas Jr$s
différent. Il y a un effort réel de conciliation.
Notre devoir n’est pas de nous cantonner
dans une opposition intransigeante. Si le
projet n’est pas incorporé dans la loi de fi-
nances, il ne sera pas appliqué en 1915.
(Trè* bien.)
Au Centré : Mais si I
M Ribot : Il faut qoe le projet soit voté
en juillet. Sinon, c’est 70 millions perdus
pour 1915. Nous ne pourrons pas recourir
qu’à des impôts directs ; nous n’obtiendrons
ies autres que si les privilégiés de ia fortune
ont donné l’exemple. 11. Tourpn a un projet
applicable dès 1915 ; il consisté à mettre des
centimes additionnels snr les contributions
directes. Mais il s’agit de mettre les deux
Chambres d’accord. M Touron art-il l'es-
poir que son projet soit adopté par la Cham-
bre î Le déficit restera ce qu’il est. (Applau-
dissements) Je n’accepte pas celte respon-
sabilité ; je ne capitule pas (Applaudisse-
ments) Je fais ce qu’on a fait ailleurs, ce
qu’ont fait les conservateurs en Angleterre.,
M. de Lamarzelle: L’Angleterre est en
train de se perdre.
M. Ribot : Il y a dans tous les pays un
grand mouvement qui transforme tout.
L’Angleterre a établi la snpertaxe, les
Etals Unis ont réduit tes droits de douane
par un impôt personnel sur le revenu. En
Italie, le ministère annonce un impôt sur te
revenu. Je suis un homme politique ; je ne
me détermine que ponr des motifs désinté-
ressés, et je prends avec réflexion toutes les
responsabilités que M. de Lamarzelle m’a
reproché de prendre. (Vifs applaudissements
répétés à gauche. L’orateur est félicité par
ses collègues).
M. Touron combat aussi l’incorporation.
On ne peut, dit-il, se prononcer à ce sujet
avant que l’accord se soit fait sur l’impôt
sur-le revenu, entre les deux Chambres.
M. Aimond, rapporteur général, réfute
les crit ques de M. Touron. Ii nous dit que
l’incorporation nous lie ies mains : je pro-
teste contre cette affirmation.
M. Touron demande un vota spécial en
dehors dn budget. Pourquoi ? puisque nous
sommes d’accord avec la Chambre. (Excla-
mations à droite).
M. Touron : Moi aussi I (Mouvement).
M. le rapporteur général : Notre droit
de disjoncuoa subsiste si la Chambre nous
renvoie an projet inacceptable.
Le moment n'est pas à une vaine casuis-
tique ; il faut dire si nous vbulèns taire tout
ce qni dépend de nous pour mettre le bud-
get en équilibre. (Applaudissements).
M. Nouleas, ministre dés finances, inter-
vient.
Le gouvernement, dit-il, considère l’in-
corporation comme nécessaire. Il y a des
raisons d’opportunité, et des raisons de fond.
H n’est pas douteux qu’au lendemain du
jour où on a voté les lois de défeuse natio-
nale et augmenté lè déficit, nous devons sai-
sir l’occasion de voter les taxes utiles pour
diminuer ce déficit.
L'Allemagne a procédé ainsi. Nous ne pou-
vons pas reculer alors que i’accord entre ies
deux Chambres est snr le point de se faire.
On se piaint de n’être pas suffisamment do-
cumenté sur les propositions en discussion.,
La vérité, c’est qu’on est en désaccord sur le
fond.
Lé question est depuis longtemps posée et
elle a pu être étudiée.
lt faut faire l’incorporation, si l’on vent
que la ioi soit applicable pour l’année 1915 ;
il reste juste le temps nécessaire pour établir
ies rôles. On ne peut pas douter de l’accord
avec la Chambre ; ia Comimssion ne pré-
sente que quelques légères retouches. Le
gouvernement soutiendra complètement de-
vant la Chambre le texte de la Commission.
(Applaudissements).
M. Ribot a fait justice des objections de
fond. Les adversaires du projet sont obligés
d’admettre l'impôt personnel. Ce qu’on doit
rechercher,, c’est de ne pas troubler le con-
tribuable par des mesures vexatoires. Le
projet donne ie maximum de g irantia aux
contribuables. 1É*
Dans là crise financière qqe nous traver-
sons, je demanda au Sônat de voter l’iacor-
p iration des articles qui ltu sont soumis.
(Applaudissements).
Dernière Heure l
PÂRI8. TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
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t LONDRES. S Juillet. Dépêche de 4 h. 30
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3. mois 1 *62-/- 7/6 -/-
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j» mois ; ferme i U2 -/- - -/- -/-
FER
Comptant..) calme Bl/- -/- -/-
6 mois.... 81/4 ya -f- -/-
Prix comparés avec ceux de iadeuxième Bourse
ftu 4" juillet 1914.
NEW-YORK, 2 JUILLET
! Cotons t juillet, baisse 15 points ; août ;
‘baisse 19 points ; octobre, baisse 21 points ;
janvier, baisse 22 points. — Facile.
‘ Cafés i baisse 3 à 4 points.
t NKW-YORK, 2 JUILLET
t. « ion t. rucunt
Cuivre Standard disp. 13 55 13 80
— septembre.... 13 50 13 46
Amalgamat. Cop... 69 3/8 68 5 8
1er 14 75 14 75
CHXCAGQ, 2 JUILLET
c. bu ;ouitt *Î. PRSCBIÏ '
— Décembre 81 7/8 80 3 4
Maïs sur....Septembre et 1/2 65 i 2
■ 7* Décembre 65 ht B5 1/8
Saindoux sur. Septembre 10 20 10 15
— Ostobre.. 10 27 40 22
Après l'Assassinat
ie l'AreUic Partait
Manifestations contre la Serbie
Le journal hongrois Budapest, un des or-
ganes du parti indépendant annonce qne di-
vers officiers de la réserve austro-hongroise,
résidant à Budapest, ont iavité leurs cama-
rades à revêtir leur uniforme et à parcourir
les rues de la ville en manifestant contre la
Serbie. Le journal Budapest conclut : « C’en
est assez des provocations serbes t Que l’on
mette-fin à la comédie ! »
L’agitation serbophobs à Visnno
L’agitation serbophobe qui règne à Vienne
commence à répandre dans l’opmion publi-
que nne réelle nervosité. La Bourse vien-
noise en a subi hier le contrecoup très sen-
sible. Les actions de la Skoda ont enregistré
une baisse de 5 points. La panique qui a ga-
gné ies milieux financiers est due aux bruits
d’un nouvel envoi de troupes en Bosnie.
La prétendue union de la Serbie et du
Monténégro
L’information publiée par divers jour-
naux et notamment par la Kaelnische Zeitung,
sur une soi-disant union militaire, diploma-
tique, financière et douanière de la Serbie
et du Monténégro, ne repose sur aucun fon-
dement.
S’il est exact que les relations entre les
deux pays sont aussLcordiales qu’étroites, il
n’a jamais été question de transformer celte
alliance en une union.
Une Note Serbe
Le journal hoigrois Az’Est apprend que
M.Jovanovitch,ministre de Serbie,a remis une
note au ministère des affiires étrangères dé-
clarant que !e gouvernement serbe prendra
des mesures pour empêcher ie cas échéant
les attentats terroristes.
Le journal ajoute que cette note ne pour-
rait donner satisfaction, à l'Autriche-Hongrie
qni veut aussi avoir des garanties.
L’Empereur Guillaume
n’assistera pas aus Funérailles
L’empereur, légèrement indisposé, a re-
noncé au voyage qu’il devait faire à Vienne
pour assister aux funérailles da l’archiduc
François-Ferdinand.
Au cours d’une promenade qu’il faisait à
cheval, :hier matin, l’empereur a fait un
effort qui a provoqué une forte courbature
aux reins.
Four les Lofants de l'Archiduo
VIENNE. — L'archiduc François-Ferdinand
ne laissant qu’une fortune évaluée à deux
millions de couronnes qui ne permettrait
pas de suffire à {‘entretien des châteaux qu’il
possédait, l'empereur a décidé d’accorder
aux enfants du défunt, nn apanage qui leur
assurera une existence contorme a celle
qu'aurait pu leur donner leur père le jour,
où il serait monté sur le trône.
L’archiduc heritier a pris l’engagement de
continuer cet apanage.
Les Aveux de Cabrinovitch
VIENNE.— On mande de Sarajevo à Ta Wie-
ner Algmeine Zeitung que Cabrinovitch a lait
des aveux complets.
Il y a quelques semaines, il avait lu dans*
nn café de Belgrade que l’archiduc viendrait
à la fia de juin à Sarajevo.
Il moatra le journal à Prinzip qni jouait
aux cartes.
Ils se retrouvèrent le ien demain dans un 1
parc à Belgrade et décidèrent aioeg de se sa-
crifier à la Patrie ; ils résolnrent-Je taer l’ar-
chiduc, la duchesse de Hohenüacg et leur:
suite.
Ils s'adressèrent, pour avoir des bombes,
à Milan PribicSevitch, ancien lieutenant
austro-hongrois qui avait déserté en 1906 et
qui est aujourd’hui attaché au chef d’eiat-
major seras et simultanément an secrétaire
de l’Association Panserbe, la Norodna
Obrana.
Pribicsevitch les adressa au comitadji Cy-
ganievitch qùi feur fit avoir six bombes et
autant de revolvers, ainsi que du cyanure
de potassium afin qu’ils aient le moyen de
se suicider après l’attentat.
Cabrinovitch et Prinzip trouvèrent à Bel-
grade un troisième compagnon, un étudiant
nommé Trifko Grabes.
Tous trois se rendirent séparément à Sara-
jevo.
La distribution des bombes et des revol-
vers eut lieu le jour de l’attentat, à 10 h.i/2,
dans une confiserie tenue par un nommé
Bieinitch.
Aujourd’hui, Grabes et Bieinitch sont ar-
rêtes.
Cabrinovitch a déclaré qu’ils ont encore
trois complices, mais qu’il ne veut pas les
nommer.
L’enquête à Sarajevo
SARAJEVO. — On annonce de source auto-
risée que l’enquête relative à l’attentat se
poursuit dans un rigoureux secret. Par suite,
il y a lieu de n’accueiliir qu’avec prudence
les détails publiés jusqu’ici à ce sujet.
Le Prince Henri de Prusse
n’assistera pas aux Obsèques
BERLIN. — Le prince Henri de Prusse a re-
nonce à se rendre aux funérailles de l’archi-
duc héritier. François-Ferdinand à Vienne ;
il repartira aujourd’hui pour Kiel.
m* —
GRAVE ACCIDENT D’AUTOMOBILE
RETHEL.— Uae automobile venant de Liège
et se rendant au Grand Prix automobile de
Lyon, a tait panache sur la route de Rethei.
Sur les cinq personnes qui se trouvaient
dans la voiture, quatre ont été blessées dont
deux grièvement.
LA LOI DE HUIT HEURES
ET LES MINEURS
Une Grève
BÉZIERS. — A Graissessac, de nombreux
mineurs qui travaillaient au fond des mines,
tiennent de se mettre en grève.
Ils sont en désaccord avec la compagnie
qui ies occupe, au sujet de l’application de
ia Toi de huit henres.
Le calme est absolu.
ARRESTATION D'UN DIRECTEUR
DE BANQUE
Sur mandat de M. Hirsch, juge d’instruc-
tion, M. Benezech, commissaire anx déiéga- j
tions judiciaires, a procédé hier après-midi
à l’arrestation, ponr escroqueries et abus de
confiance, du nommé M..., directeur d’une
banque située rue Buïeldieu.
M... a été arrêté dans la villa qu’il habite
à Suresnes.
SOLDATS FOUDROYÉS
BOURGES. — La foudre est tombée sur une
tente ou se trouvaient réunis ies hommes
de la il» compagnie du 85e régiment d’in-
fanterie arrives le matin de Cosnes au poly-
gone de Ëourges pour y exécuter ies feux
de guerre.
Un homme a été tué ; c’est le caporal Pri-
vot, engagé volontaire, originaire de Paris.
Quatre soldats ont été grièvement bles-
sés ; ce sont les soldats, Millot, Regnier,
Leloup et Néant.
Un caporal et six antres hommes ont été
assez sérieusement brûlés.
ËBOULEMENT SOUS UN TUNNEL
NICE. — Un nouvel: éboulcment vient de
se produire dans ie tunnel de la ligne en
construction de Nice à Coni.
Deux ouvriers ont été retirés des décom-
-bres ; ils sont dans un état des plus alar-
mants.
CONDAMNATION D’UN ESPION
NANCY. — L’espion Burgard, qni avait été
arrête il y a quelques mois près du fort da
Lucey, de la défense de Toal, a été condam-
né hier à cinq ans de prison, cinq ans d’in-
terdiction de séjour et mille francs d'amende.
VIOLENT ORAGE
SAINTE-MENEHOULD.— Un violent orage ac-
compagné de giêie a causé hier d’importants
dégâts aux récoltes de ia région.
LE FtU DANS UNE USINE
DE PYROTECHNIE
CARPENTRAS. — Hier matin, vers onze heu- .
res, une détonation très vio'ente s’est pro-
duite dans l’usine de pyrotechnie de Hon-
teux.
Un ouvrier était occupé à faire nn melanga
contenant du chlorate de potasse destiné à
la confection de feux de bengale, quand,
sous l’action de la chaleur, ie mélange s’en-
flamma.
Le fen gagna des entrepôts de produits
chimiques qui furent complètement dé-
truits.
Il n’y a pas eu d’acsident de personnes,
mafs les dégâts matériels sont très impor-
tants.
L'INDISPOSITION DE GUILLAUME I!
BERLIN. — L’indisposition de l'empereur,
au cours d’une promenade à cheval, a éti
causée par des douleurs rhumatismales.
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
3« Etape du Tour de France cycliste
BRE T. — 4?r, Eugéi, sur Wolber ; 2«, Mot»
tiat ; 3* Buvsse : 4e, Défrayé ; 5«, Pâtissier,
sur Wolber ; 6e, Thys, sur Wolber ; 7», Petit,
breton; 8e, Lapiza; 9e, Etuile Georget, sut
Wolber ; 10°, Brocco ; lie, Coomaas ; 12?,
Rossi us.
Administrateur • Délégué - Gérait
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Variétés Economiques et Politiques
Le Ouata sera-t-il Canadien
es sera-l-ilMriaain?
Montréal, le 18 juin 1914.
L’existence d’un Canada britannique dans
l’Amérique du Nord apparaît comme une
sorte de paradoxes. Au point de vue géogra-
phique et économique, les Etats-Unis et le
Canae'' ne f°rment vraiment qu’un seul
pays • la ^ntlêré est purement théorique.
D’autre part, <*ceptez la population fran-
çaise de Québec v* Quelques milieux so-,
ciaux spécialement violais, et vous ne
trouvez plus au Canada qCe a,c.lvl.lsa_
tion américaine, des moeuA américaines»
des villes et des campagnes d’SfcK 00 , me-
ricain. Le lien avec la Grande-Bf&*!^t?e
n’est plus qu’un lien partiellement senïî-'
mental et partiellement politique.
Politiquement, en effet, le Canada a
choisi jusqu’ici de demeurer colonie bri-
tannique. Il n’y a pas du reste, à/cet égard»
le moindre désir conscient de changement.
Mais, économiquement pariant, la conquête
américaine est rapide. Je défie l'oeil le plus
averti de distinguer les villes canadiennes
des villes américaines. La vie anglaise,
surtout dans les choses matérielles, n’est,
plus ici qu'un souvenir lointain.
De là l’importance primordiale de l’orien-
tation que prendra la politique douanière
canadienne. Ou bien le Canada se défen-
dra de l'invasion économique américaine et
cherchera à développer un trafic d’Ouest
en Est, vers l’Europe, indépendamment des
Etats-Unis. Ou bien, acceptant l’unité de
fait dç l’Amérique du Nord, il se résignera
au trafic Nord-Sud qui est dans la nature
des choses, le Dominion devenant ainsi le-
client des Etats-Unis pour les produits ma-
nufacturés et son fournisseur de-produits
jialurels. Dans la première ^conception,
.vous avez un Canada industriel ou cher-
chant à l’être, un Canada indépendant a»
point dé vue économique. Dans la seconde
au contraire, la Colonie, britannique poli-
tiquement, d/ijient évidemment; un satellite
économiq uedesEtats-Unis. |
Ces deux tendances ont toujours existé
au Canada,et cela se conçoit si l’on analyse
les divers intérêts. L’Est canadien (Mont-
réal, Toronto), plus ancien, plus riche en
capitaux et en traditions, se trouve mûr
pour un développement industriel propres
ïl redoute la concurrence américaine et
désire avant tout conserver la clientèle de
l’Ouest, qui lui échapperait certainement
s’il y avait libre échange de fait dan»
l’Amérique du Nord.
L’Ouest canadien, au contraire (Mani-
toba, Alberta, Saskatchewan), a des inté-
rêts absolument opposés. Il vend du blé —
ce pour quoi toute protection lui est com-
plètement inutile. Bien plus, le cultivateur
de la Prairie a tout avantage à se fournir de
ses produits manufacturés (machines, ou-
tils etc.) aux Etats-Unis : il y gagnera
comme bon marché et comme commodité.
Jetez un simple coup d’oeil sur la carte, if
vous apparaîtra comme évident que Winni-
peg regarde naturellement vers Saint-Paul
et Chicago plutôt que vers Toronto et Mont-
réal. C’est la direction Nord-Sud dont nous
parlions tout à l’heure.
A première vue il ne s’agit là que d’un
problème économique. En réalité, c’est un
problème politique aussi. L’unité canadien-
ne est en somme factice. Entre l’Est et
l’Ouest, la distance matérielle et morale
est énorme. Quand on va en chemin de fer
de Toronto à Winnipeg on traverse, pen-
dant 48 heures, une région quasi-déserte.
Et quand on arrive à Winnipeg on se trouve
dans une atmosphère purement américaine,
au milieu d’une population bigarrée, où les
éléments proprement britanniques tiennent
une place de plus en plus restreinte. Dans
ces conditions, l’unité canadienne apparaît
indéniablement fragile.
Les Canadiens de l’Est le savent bien, et
leur politique traditionnelle a tendu à créer
un Canada économiquement autonome et
économiquement distinct des Etats-Unis.
De fait, la politique douanière du Canada a
jusqu’ici été invariablement protection-
niste. Les libéraux se déclaraient bien par-
tisans de la réciprocité américaine, mais
c’était manifestement une mauvaise plate-
forme, au moins dans les temps où le déve-
loppement de l’Ouest existait à peine. Lors
de leur accession au pouvoir, en 1896, ils;
ont fait sans doute une tentative dans ce
sens. Mais très vite, devant une rebuffade
des Etats-Uois, ils se sont engagés dans la
voie de la préférence britannique et des
commerce avec l’Europe.
La SïfeI,a‘‘on cependant n!a pas manqué
de changer^. 118 *a mesure même où l’Ouest
grandissait. les réclamations de
l’Ouest en faveur 3 vn régime de libre
échange se faisaient de^tv ®n P‘us ins'
tantes. En même temps î’ïùt-ranai£e.811c.e
protectionniste des Etats-Unis **2“*^Pr
une sorte de détente. Sir Wiifrid Laû»",ier
crut pouvoir Tépondre aux avances qui lui -
venaient de Washington. Entre le3 deux
gouvernements fut signé un traité de Com-
merce qui assurait, entre les deux pays,
un libre échange de fait pour les prod uits
agricoles.
L’Ouest canadien exultait. Mais la pro-
testation de l’Est fut la plus forte. Le pays
manifestement redoutait d.ans Ja réciprocité
la préface d’une politique annexionniste.
Telle n’était évidemment pas la pensée de
sir Wiifrid Laurier. La masse de l'opinion
cependant l’abandonna aux élections de
1911. L’Est industriel avait voté en im-
mense majorité contre le traité. Par contre
les provinces de l’Ouest (Alberta, Saskat-
chewan) envoyaient une députation presque
unanimement en faveur de réciprocité*
La question est maintenant en apparence
enterrée ; mais elle ne l’est qu’en appa-
rence . L’Est veut rester le centrçd’attrac-
tion de tout le Canada, alors que l’Ouest
est attiré vers les Etats-Unis par une force
déplus en plus puissante.
Il ne faut pas s'y tromper : dans cette
affaire, c’est bien l’unité canadienne elle-
même qui est en jeu.
ANDRÉ SIEGFRIED.
La Fin dn Pantalon ronge
M. Messimy, ministre de la guerre, a pré-
senté hier à la Commission de l’armée, à la
Chambre, pais à la Commission du budget,
plusieurs fantassins revêtus du nouvel uni-
forme préconisa par la Commission d’expé-
riences instituée à cet effet.
Ces uniformes, de teinte gris ardoisé clair,
se composent d’un pantalon, d’une tuniqee
et d’une capote à col rabattu, pôches à bou-
tons. Les cois sont ornes d'un écusson, ronge
pour l’infanterie, jaune pour les chasseurs
à pied.
Le képi, du type rigide, du même tou
que l’uniforme, est orne d’ane cocarde trico-
lore.
Le ministre a exposé à la Commission de
l’armée que les marchés de drap de l’armée
expirent en octobre.
Il était nécessaire qu’un crédit fût voté à
titre indicatif pour en conclure de nou-
veaux. Son intention n’est pas de modifier
la qualité, mais simplement la couleur, en
conformité de l’expérience faite dans les
guerres les plus récentes.
L’ELECTION
DE M. MORO AND
M. H. Gênestal est désormais ren-
tré dans le rang.,et tous ceux qui ont
assisté à la dernière séance du Con-
seil lui Pendront cette justice qu’il l'a
Jait avec une bonne grâce parfaite ; à
le voir occuper avec tant de bonhomie
sa place de conseiller, il semblait qu’il
ne T eût jamais quittée. Heureux ceux
qui savent ainsi renoncer aux hon-
neurs en ne gardant que le sentiment
du devoir aècompli et de celui qu’il
reste à accomplir /
M. Morgand a été élu maire à l'u-
nanimité des vingt-six suffrages expri-
més, neuf conseillers ayant jugé à-
propos de s’abstenir. Ce nombre im-
portant de voix a poussé M. Le Cha-
pelain a médire de la proportionnelle
dont nous le croyions un chaud parti-
san; on sait qu’il l’a accusée, en effet.
d’avoir permis l’alliance des cléricaux
et des républicains de gauche ; c’est
une accusation portée peut-être hâti-
vement, qui ne ■supportepas l’examen.
Que deux années de pratique loyale
de la proportionnelle par le parti au
pouvoir ait amené les autres partis
également proportionnalités à émet-
ne un vote de courtoisie à l’égard du
can&*^at républicain de gauche, c’est
possibliir* cela n a rien d une al-
liance condco7jjia^e'
La conventiân ™ faite au
grand jour, portait q’le l administra-
tion de la ville serait às^ff^éç par le
parti qui aurait la majofl^ le vote
d'hier ne Jait que ratifier cells jyg’ 0.
sans que personne n’ait quémanaâ-
sujff rages ni laissé fléchir ses opinion
Si la pratique de la proportionnelle
a permis aux républicains de gauche
d’administrer notre ville en tenant
compte libéralement de tous les inté-
rêts en jeu, par contre cela ne les a
jamais conduits à atténuer leurs sen-
timents démocratiques et laïques ;
nous ne Jerons que rappeler, à cet
égard, l’affaire de la Caisse des éco-
les où nos élus ont fait tout leur de-
voir.
Aussi bien, le vote d’avant-hier n’é-
tait pas un vote politique; la retraite
de M. Gênestal s’est faite dans de tel-
les conditions qu’il s’agissait avant
tout de pourvoir à l’administration
communale. Dès lors, quel meilleur
choix pouvait-on faire que celui du
distingué M. Morgand, assuré déjà
de la confiance des électeurs, puisqu'il
y avait été élu premier sur la lista des
36 conseillers, et de la confiance du
Conseil qui en avait Jait son premier
adjoint? S’il n’y avaitpas un groupe
d’opposants systématiques, l’unanimi-
té aurait dû se faire sur son nom,
d’autant plus qu’aucun autre candi-
dat n’a été proposé.
Ce groupe d’opposants a d'ailleurs
manijesté les sentiments qui l’animent
dès la première séance présidée par le
nouveau maire ; on sait qu’à propos
d’une demande d’un crédit supplémen-
taire, qui eût été, certes, discutée plus
utilement dans le calme, un tel tumul-
te a été déchaîné dans l'assemblée
que l’on aurait pu se croire, pour un
instant, à la Chambre des -Députés ;
il n’y manquait même pas les épithè-
tes classiques de « renégat » et de
« requin » l
Si c’est une nouvelle tactique qu’en-
tendent inaugurer nos adversaires
d’extrême-gauche, nous leur laisse-
rons toute la responsabilité de cette
innovation, convaincus qu’ils ne monte-
ront pas dans l’estime de la laborieuse
population de notre ville, attachée au
sérieux des délibérations de l’assem-
blée communale.
CASPAR-JORDAN.
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(CS NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 2 juillet.
Malgré la chaleur, la Chambre s’est fort
*nipaée pour la discussion de la motion de
M. Charles Benoist tendant à saisir le pins
tôt possible la Commission du suffrage uni-
versel de la réforme électorale.
Le gouvernement ne s est pas opposé ce-
pendant à l’urgence qui a été déclarée à
main levée, mais M. Andrieux a trouvé qne
la réalisation de la réforme pouvait attendre
alors que la Chambre était nooreile et que
i’on était en droit d'a tendre d’eile des réfor-
mes plus urgentes.
La Chambre s’est trouvée en présence
d’une proposition d’addition de M. Breton,
portant que la Commission devait prendre
pour base de ses études l’union des majori-
tés républicaines des deux Chambres.
Tandis que les radicaux applaudissaient,
M. Jaurès a protesté avec la plus grande
véhémence et l’on a vu cette fois les socia-
listes reconnaître les droits de tous les dé-
putés.
L’amendement Breton a été voté après
pointage, au milieu de l'animation la plus
vive. La Chambre n’en a pas moins reconnu
ensuite que ia Commission devait se préoc-
^pj^er surtout de la proporiionnelie.
Là timbra a ensuite validé M. Vandame,
élu dansîaJ}remière circonscription de Lille
malgré l'oppO^ù* 11 de M. Delory, qui a dé-
claré que ce siègôx8*enait de droit aux so-
cialistes.
. . #
* *
Beaucoup de monde au Sénat anjorihühui
pour assister au grand débat snr l'impôt
le revenu, qui doit clôturer te vote de la ioi
de finances. On sait que le gouvernement t’a
incorporé à ladite loi de finances et que M.
Touron, sénateur de l’Aisne, a dépoté nn
contre-projet qui donne au gouvernement
les 80 millions supplémentaires dont il a
besoin, sans pour cela jeter le trouble dans
notre régime fiscal.
M. Boivin-Champeiux se lance le premier
dans la mêlée. Il démontre, d’accord en cela
avec M. Pelletau, qu’il ne saurait y avoir
d’impôt sur le revenu sans déclaration. Com-
ment en effet prouver à l’agent du fisc qu’il
a exagéré nos revenus sinon en lui appor-
tant no3 livres comptables î
M. R»bot, mis en cause par M. de Lamar-
selie, défend sans grand enthouskme ia thè-
se de l'incorporation. Après lui M. Touron
demande la disjonction dn projet du gouver-
nement.- Il le trouve improvisé et mai établi.
: Tel n'est pas l’avis du gouvernement.
Le ministre des finances estime qu’à des
dépenses nouvelles H faut un impôt nouveau
et que nous devons suivre l’exemple de l’Al-
lemagne. Autrefois, c'était l’Allemagne qui
suivait notre exemple, quand nous donnions
à l'Europe des leçons d’indépendance et de
libéralisme.
D’autres orateurs parlent abondamment
pour demander la disjonction des articles en
discussion. Par 207 voix contre 70 on ia lenr
refuse et snr la proposition du rapporteur
général, le Sénat décide de continuer la dis-
cussion demain matin.
T. H.
SENAT
Séance du 2 juillet
La séanch est ouverte à a b. 50, sons la
présidence de M. Antonin Dubost.
Projets divers
Le Sénat adopte le projet de loi portant
création d une chambre aux cours d’appel de
Douai et de Toulouse; le projet de loi rela-
ui a t ouverture, au ministère des finances,
d un crédit supplémentaire afférent an paye-
ment do l’indemnité des députés ; entra, le
projet de loi tendant à modifier, dans unbut
d© décentralisation, les règles ©Q vigueur
pour l’assiette des coupes extraordinaires
dans les bois des communes et établisse-
ments publics.
L’impôt complémentaire sur le revenu
Le Sénat aborde la discussion des articles
7 à 28 de ia loi de finances (impôt complé-
mentaire sur le revenu).
M. Boivin-Champeaux et plnsîenrs de
ses col'ègues demandent la disjonction de
ces article*.
M. de Lamarzelle combat aussi l’incor-
poration qui, dit-il, est contraire à toutes les
règles d’une bonne politique financière.
Il critique i’âttitude de M. Ribot.
Petit à petit, dit-il, on en arrive à exclure
de la République les députés qui ne font pas
partie dn groupe dominant. M. Chaliemei-
Lacour me disait lors de mon arrivée au
Sénat qu’it y avait dans la République place
pour tous les patriotes. Je me touvenais de
cette parole en voyant l'autre jour M. Ribot
aux prises avec la Chambre.
M. Ribot qui cependant venait de tout
abandonner.
M. Ribot : Je n’âi rien ahanlonné. (Ap-
plaudissements à gauche).
M. de Lamarzelle : Alors je ne com-
prends plus. Mais je reviens à ce que je di-
sais : une oligarchie fait la loi aujourd’hui
dans ce pays I
C'est à cette oligarchie qu'on.prétend que
le Sénat obéisse.
Le S mat devrait être n ue barrière contre
la démagogie. On crie : A bas le Sénat ! de-
vant de3 ministres qui ne protestent même
pas.
Il serait plus beau pour vous de périr en
résistant que d'attendre ia mort dans le si-
lence.
M. Vieu : Dans le Syllabus 1 (Vives excla-
mations),
M. de Lamarzelle : On ne s'attendait pas
à le voir dans cette affaire.
M. Vieu : Vous nous accusez d’obéissance
Passive, je vous oppose le Syllabus. (Très
bien à gauche),
M. de Lamarzelle : En cédant toujours,
vous vous préparez la fin peu glorieuse ré-
. serrée aux Organes qui par atrophie cessent
dq remplir anx fonctions.
M. Ribot M. de Lamarzelle vient de me
mettre en cause. Le Sénat me rendra cette
justice que je sais prendre mes reponsabili-
tés. Mais je n’ai pas attendu dTètre appelé à
constituer un ministère ponr avoir l’attitude
que j’ai aujourd’hui. (Tiè3 bien).
M. de Lamarzellq : J’ai dit que vous aviez,
fait un acte de courage.
M . Ribot : Si j’ai accepté de constituer un
cabinet vousne me ferez pas l’injuiede croire
que c’est par un calcul personnel. Si j’ai mit
1 impôt sur le revenu dans ia déclaration
ministérielle ce n'est pas parce que jà ve-
nais de l’accepter. J’ai voulu réaliser l’accord
avec la Chambre par l’incorporation dans la
loi de finances, cela ne supprimait pas le
droit d'examen des Chambres. (Applaudisse-
ments). Il n’y a aucune règle parlementaire
qni interdise demettre une loi d’impôt dans
la loi de finances. Nous l’avons déjà tait plu-
sieurs toi3. Mais nn ministère ne peut pas
nous forcer la main parle procédé d’incor-
poration ; nous ne 1 occeptous pas comme
une menace et nne pression.
Si .j’accepte aujourd’hui l’incorporation,
c’est qne notre situation le commande. Nous
avons perdu nn an depuis que la question
est posée (Bruit), l’emprunt sera un succès ;
il aurait été mieux fait l’an dernier. Nous
avons déjà voté une partie du projet de loi
relatif àl'impôt sur le revenu ; nous avons
pu opérer un dégrèvement et trouver 80
millions pour le budget. Mais le déficit sub-
siste ;- il- dépasse-600 millions. Cela doit domi-
ner nos esprits. Nous ne devons pas avoir de
repos- tant que nous n’aurons pas rétabli
i’équrlibre et nous devons chercher à réali-
ser i’accord des deux Chambres. Dans la
même situation, l’Angleterre a pris immé-
diatement des mesures énergiques ; l'Alle-
magne a*montré qn’elle savait accepter^ les
sacrifices financiers. (App audissements).
Le 17 février dernier, j ai dit ici à M. Caii-
laux, alors ministre, qu’on ne pouvait pas
se borner à des critiques et qu’on pouvait
obtenir tout de.suite 70 millions par des sa-
crifices nécessaires demandés aux ricbes.par
le vote du projet présenté par M- Dumdnt.
Le texte qu’a voté ia Chambre s'en rappro-
che ; celui de la Commission n’est pas Jr$s
différent. Il y a un effort réel de conciliation.
Notre devoir n’est pas de nous cantonner
dans une opposition intransigeante. Si le
projet n’est pas incorporé dans la loi de fi-
nances, il ne sera pas appliqué en 1915.
(Trè* bien.)
Au Centré : Mais si I
M Ribot : Il faut qoe le projet soit voté
en juillet. Sinon, c’est 70 millions perdus
pour 1915. Nous ne pourrons pas recourir
qu’à des impôts directs ; nous n’obtiendrons
ies autres que si les privilégiés de ia fortune
ont donné l’exemple. 11. Tourpn a un projet
applicable dès 1915 ; il consisté à mettre des
centimes additionnels snr les contributions
directes. Mais il s’agit de mettre les deux
Chambres d’accord. M Touron art-il l'es-
poir que son projet soit adopté par la Cham-
bre î Le déficit restera ce qu’il est. (Applau-
dissements) Je n’accepte pas celte respon-
sabilité ; je ne capitule pas (Applaudisse-
ments) Je fais ce qu’on a fait ailleurs, ce
qu’ont fait les conservateurs en Angleterre.,
M. de Lamarzelle: L’Angleterre est en
train de se perdre.
M. Ribot : Il y a dans tous les pays un
grand mouvement qui transforme tout.
L’Angleterre a établi la snpertaxe, les
Etals Unis ont réduit tes droits de douane
par un impôt personnel sur le revenu. En
Italie, le ministère annonce un impôt sur te
revenu. Je suis un homme politique ; je ne
me détermine que ponr des motifs désinté-
ressés, et je prends avec réflexion toutes les
responsabilités que M. de Lamarzelle m’a
reproché de prendre. (Vifs applaudissements
répétés à gauche. L’orateur est félicité par
ses collègues).
M. Touron combat aussi l’incorporation.
On ne peut, dit-il, se prononcer à ce sujet
avant que l’accord se soit fait sur l’impôt
sur-le revenu, entre les deux Chambres.
M. Aimond, rapporteur général, réfute
les crit ques de M. Touron. Ii nous dit que
l’incorporation nous lie ies mains : je pro-
teste contre cette affirmation.
M. Touron demande un vota spécial en
dehors dn budget. Pourquoi ? puisque nous
sommes d’accord avec la Chambre. (Excla-
mations à droite).
M. Touron : Moi aussi I (Mouvement).
M. le rapporteur général : Notre droit
de disjoncuoa subsiste si la Chambre nous
renvoie an projet inacceptable.
Le moment n'est pas à une vaine casuis-
tique ; il faut dire si nous vbulèns taire tout
ce qni dépend de nous pour mettre le bud-
get en équilibre. (Applaudissements).
M. Nouleas, ministre dés finances, inter-
vient.
Le gouvernement, dit-il, considère l’in-
corporation comme nécessaire. Il y a des
raisons d’opportunité, et des raisons de fond.
H n’est pas douteux qu’au lendemain du
jour où on a voté les lois de défeuse natio-
nale et augmenté lè déficit, nous devons sai-
sir l’occasion de voter les taxes utiles pour
diminuer ce déficit.
L'Allemagne a procédé ainsi. Nous ne pou-
vons pas reculer alors que i’accord entre ies
deux Chambres est snr le point de se faire.
On se piaint de n’être pas suffisamment do-
cumenté sur les propositions en discussion.,
La vérité, c’est qu’on est en désaccord sur le
fond.
Lé question est depuis longtemps posée et
elle a pu être étudiée.
lt faut faire l’incorporation, si l’on vent
que la ioi soit applicable pour l’année 1915 ;
il reste juste le temps nécessaire pour établir
ies rôles. On ne peut pas douter de l’accord
avec la Chambre ; ia Comimssion ne pré-
sente que quelques légères retouches. Le
gouvernement soutiendra complètement de-
vant la Chambre le texte de la Commission.
(Applaudissements).
M. Ribot a fait justice des objections de
fond. Les adversaires du projet sont obligés
d’admettre l'impôt personnel. Ce qu’on doit
rechercher,, c’est de ne pas troubler le con-
tribuable par des mesures vexatoires. Le
projet donne ie maximum de g irantia aux
contribuables. 1É*
Dans là crise financière qqe nous traver-
sons, je demanda au Sônat de voter l’iacor-
p iration des articles qui ltu sont soumis.
(Applaudissements).
Dernière Heure l
PÂRI8. TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
TvTETATJX
t LONDRES. S Juillet. Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
j CUIVRE —
Comptant..; ferme, tel 12/6 12/6
3. mois 1 *62-/- 7/6 -/-
: ETAIN
Comptant .) 1140 B/- -/- 8/-
j» mois ; ferme i U2 -/- - -/- -/-
FER
Comptant..) calme Bl/- -/- -/-
6 mois.... 81/4 ya -f- -/-
Prix comparés avec ceux de iadeuxième Bourse
ftu 4" juillet 1914.
NEW-YORK, 2 JUILLET
! Cotons t juillet, baisse 15 points ; août ;
‘baisse 19 points ; octobre, baisse 21 points ;
janvier, baisse 22 points. — Facile.
‘ Cafés i baisse 3 à 4 points.
t NKW-YORK, 2 JUILLET
t. « ion t. rucunt
Cuivre Standard disp. 13 55 13 80
— septembre.... 13 50 13 46
Amalgamat. Cop... 69 3/8 68 5 8
1er 14 75 14 75
CHXCAGQ, 2 JUILLET
c. bu ;ouitt *Î. PRSCBIÏ '
— Décembre 81 7/8 80 3 4
Maïs sur....Septembre et 1/2 65 i 2
■ 7* Décembre 65 ht B5 1/8
Saindoux sur. Septembre 10 20 10 15
— Ostobre.. 10 27 40 22
Après l'Assassinat
ie l'AreUic Partait
Manifestations contre la Serbie
Le journal hongrois Budapest, un des or-
ganes du parti indépendant annonce qne di-
vers officiers de la réserve austro-hongroise,
résidant à Budapest, ont iavité leurs cama-
rades à revêtir leur uniforme et à parcourir
les rues de la ville en manifestant contre la
Serbie. Le journal Budapest conclut : « C’en
est assez des provocations serbes t Que l’on
mette-fin à la comédie ! »
L’agitation serbophobs à Visnno
L’agitation serbophobe qui règne à Vienne
commence à répandre dans l’opmion publi-
que nne réelle nervosité. La Bourse vien-
noise en a subi hier le contrecoup très sen-
sible. Les actions de la Skoda ont enregistré
une baisse de 5 points. La panique qui a ga-
gné ies milieux financiers est due aux bruits
d’un nouvel envoi de troupes en Bosnie.
La prétendue union de la Serbie et du
Monténégro
L’information publiée par divers jour-
naux et notamment par la Kaelnische Zeitung,
sur une soi-disant union militaire, diploma-
tique, financière et douanière de la Serbie
et du Monténégro, ne repose sur aucun fon-
dement.
S’il est exact que les relations entre les
deux pays sont aussLcordiales qu’étroites, il
n’a jamais été question de transformer celte
alliance en une union.
Une Note Serbe
Le journal hoigrois Az’Est apprend que
M.Jovanovitch,ministre de Serbie,a remis une
note au ministère des affiires étrangères dé-
clarant que !e gouvernement serbe prendra
des mesures pour empêcher ie cas échéant
les attentats terroristes.
Le journal ajoute que cette note ne pour-
rait donner satisfaction, à l'Autriche-Hongrie
qni veut aussi avoir des garanties.
L’Empereur Guillaume
n’assistera pas aus Funérailles
L’empereur, légèrement indisposé, a re-
noncé au voyage qu’il devait faire à Vienne
pour assister aux funérailles da l’archiduc
François-Ferdinand.
Au cours d’une promenade qu’il faisait à
cheval, :hier matin, l’empereur a fait un
effort qui a provoqué une forte courbature
aux reins.
Four les Lofants de l'Archiduo
VIENNE. — L'archiduc François-Ferdinand
ne laissant qu’une fortune évaluée à deux
millions de couronnes qui ne permettrait
pas de suffire à {‘entretien des châteaux qu’il
possédait, l'empereur a décidé d’accorder
aux enfants du défunt, nn apanage qui leur
assurera une existence contorme a celle
qu'aurait pu leur donner leur père le jour,
où il serait monté sur le trône.
L’archiduc heritier a pris l’engagement de
continuer cet apanage.
Les Aveux de Cabrinovitch
VIENNE.— On mande de Sarajevo à Ta Wie-
ner Algmeine Zeitung que Cabrinovitch a lait
des aveux complets.
Il y a quelques semaines, il avait lu dans*
nn café de Belgrade que l’archiduc viendrait
à la fia de juin à Sarajevo.
Il moatra le journal à Prinzip qni jouait
aux cartes.
Ils se retrouvèrent le ien demain dans un 1
parc à Belgrade et décidèrent aioeg de se sa-
crifier à la Patrie ; ils résolnrent-Je taer l’ar-
chiduc, la duchesse de Hohenüacg et leur:
suite.
Ils s'adressèrent, pour avoir des bombes,
à Milan PribicSevitch, ancien lieutenant
austro-hongrois qui avait déserté en 1906 et
qui est aujourd’hui attaché au chef d’eiat-
major seras et simultanément an secrétaire
de l’Association Panserbe, la Norodna
Obrana.
Pribicsevitch les adressa au comitadji Cy-
ganievitch qùi feur fit avoir six bombes et
autant de revolvers, ainsi que du cyanure
de potassium afin qu’ils aient le moyen de
se suicider après l’attentat.
Cabrinovitch et Prinzip trouvèrent à Bel-
grade un troisième compagnon, un étudiant
nommé Trifko Grabes.
Tous trois se rendirent séparément à Sara-
jevo.
La distribution des bombes et des revol-
vers eut lieu le jour de l’attentat, à 10 h.i/2,
dans une confiserie tenue par un nommé
Bieinitch.
Aujourd’hui, Grabes et Bieinitch sont ar-
rêtes.
Cabrinovitch a déclaré qu’ils ont encore
trois complices, mais qu’il ne veut pas les
nommer.
L’enquête à Sarajevo
SARAJEVO. — On annonce de source auto-
risée que l’enquête relative à l’attentat se
poursuit dans un rigoureux secret. Par suite,
il y a lieu de n’accueiliir qu’avec prudence
les détails publiés jusqu’ici à ce sujet.
Le Prince Henri de Prusse
n’assistera pas aux Obsèques
BERLIN. — Le prince Henri de Prusse a re-
nonce à se rendre aux funérailles de l’archi-
duc héritier. François-Ferdinand à Vienne ;
il repartira aujourd’hui pour Kiel.
m* —
GRAVE ACCIDENT D’AUTOMOBILE
RETHEL.— Uae automobile venant de Liège
et se rendant au Grand Prix automobile de
Lyon, a tait panache sur la route de Rethei.
Sur les cinq personnes qui se trouvaient
dans la voiture, quatre ont été blessées dont
deux grièvement.
LA LOI DE HUIT HEURES
ET LES MINEURS
Une Grève
BÉZIERS. — A Graissessac, de nombreux
mineurs qui travaillaient au fond des mines,
tiennent de se mettre en grève.
Ils sont en désaccord avec la compagnie
qui ies occupe, au sujet de l’application de
ia Toi de huit henres.
Le calme est absolu.
ARRESTATION D'UN DIRECTEUR
DE BANQUE
Sur mandat de M. Hirsch, juge d’instruc-
tion, M. Benezech, commissaire anx déiéga- j
tions judiciaires, a procédé hier après-midi
à l’arrestation, ponr escroqueries et abus de
confiance, du nommé M..., directeur d’une
banque située rue Buïeldieu.
M... a été arrêté dans la villa qu’il habite
à Suresnes.
SOLDATS FOUDROYÉS
BOURGES. — La foudre est tombée sur une
tente ou se trouvaient réunis ies hommes
de la il» compagnie du 85e régiment d’in-
fanterie arrives le matin de Cosnes au poly-
gone de Ëourges pour y exécuter ies feux
de guerre.
Un homme a été tué ; c’est le caporal Pri-
vot, engagé volontaire, originaire de Paris.
Quatre soldats ont été grièvement bles-
sés ; ce sont les soldats, Millot, Regnier,
Leloup et Néant.
Un caporal et six antres hommes ont été
assez sérieusement brûlés.
ËBOULEMENT SOUS UN TUNNEL
NICE. — Un nouvel: éboulcment vient de
se produire dans ie tunnel de la ligne en
construction de Nice à Coni.
Deux ouvriers ont été retirés des décom-
-bres ; ils sont dans un état des plus alar-
mants.
CONDAMNATION D’UN ESPION
NANCY. — L’espion Burgard, qni avait été
arrête il y a quelques mois près du fort da
Lucey, de la défense de Toal, a été condam-
né hier à cinq ans de prison, cinq ans d’in-
terdiction de séjour et mille francs d'amende.
VIOLENT ORAGE
SAINTE-MENEHOULD.— Un violent orage ac-
compagné de giêie a causé hier d’importants
dégâts aux récoltes de ia région.
LE FtU DANS UNE USINE
DE PYROTECHNIE
CARPENTRAS. — Hier matin, vers onze heu- .
res, une détonation très vio'ente s’est pro-
duite dans l’usine de pyrotechnie de Hon-
teux.
Un ouvrier était occupé à faire nn melanga
contenant du chlorate de potasse destiné à
la confection de feux de bengale, quand,
sous l’action de la chaleur, ie mélange s’en-
flamma.
Le fen gagna des entrepôts de produits
chimiques qui furent complètement dé-
truits.
Il n’y a pas eu d’acsident de personnes,
mafs les dégâts matériels sont très impor-
tants.
L'INDISPOSITION DE GUILLAUME I!
BERLIN. — L’indisposition de l'empereur,
au cours d’une promenade à cheval, a éti
causée par des douleurs rhumatismales.
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
3« Etape du Tour de France cycliste
BRE T. — 4?r, Eugéi, sur Wolber ; 2«, Mot»
tiat ; 3* Buvsse : 4e, Défrayé ; 5«, Pâtissier,
sur Wolber ; 6e, Thys, sur Wolber ; 7», Petit,
breton; 8e, Lapiza; 9e, Etuile Georget, sut
Wolber ; 10°, Brocco ; lie, Coomaas ; 12?,
Rossi us.
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