Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-06-07
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 juin 1914 07 juin 1914
Description : 1914/06/07 (A34,N11992). 1914/06/07 (A34,N11992).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172158g
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
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LA CRISE MBISTËRIBLLE
L’échec de la Combinaison Viviani
1 Nous avions bien raison de nous te-
nir sur la réserve dans notre note
d’hier matin et de prévoir que le vent
pouvait encore tourner.
Déjà, au moment de mettre sous
presse, une dernière dépêche nous
avait' annoncé que M. Jean Dupuy
rentrerait peut-être dans la combinai-
son, ce qui la rendrait moins radicale.
Nous attendions donc, avec quelque
vraisemblance, pour la journée d’hier,
l'annonce d’un Cabinet d’union répu-
blicaine ; ce que nous avons appris sur
le coup de midi, qui marquait ainsi un
coup de théâtre, c'est que M. Viviani
remettait ses pouvoirs au président de
la République, devant l’exigence des
radicaux-socialistes unifiés auxquels il
avait cru devoir Jaire appel.
C’est la loi de trois ans, on lésait,
qui est la pierre d’achoppement de
l’édifice ministériel que pendant près
d’une semaine M. Viviani a laborieu-
sement essayé de construire. C’est le
manque de garanties suffisantes à cet
égard qui a troublé, semble-t-il, la
santé souvent chancelante de M. Léon
Bourgeois, au point de lui jaire dé-
cliner l’honneur qu’on lui offrait.
A déjaut de déclaration ministeriel-
le, nous connaissons l’opinion de M.
Viviani, sur cette question brûlante, ;
par sa projession de joi aux dernières
élections ; la voici :
La supériorité numérique de l’armée alle-
mande accrue il y a un au par le vote du
fleichstag a imposé à tous les Français un
grand devoir ; celui de mettre la France en
état, le cas échéant, de repousser une agres-
sion que, je l’espôre, la sagesse de l'Europe
et notre force nationale écarteront toujours.
L’augmentation de ia durée du service mi-
litaire jusqu’à trois ans a été votée: je ne me
sais pas associé à ce vote, et pensant tont de
mémo qu’une augmentation était nécessaire,
arec p|hs de 240 républicains, j’ai voté le
servicé de 27 mois et celui de 30 mois pour
empêcher qu’au départ d’une classe il y ait
un vide dans ia mobilisation. Je réclamais
en même temps la réorganisation,en vue du
service militaire, de la jeunesse qui, plus
entraînée, dès l’âge de dix-hait ans, arrive-
rait mieux préparée sous les drapeaux.
> La loi do trois ans a été votée. Il ne peut
pas s’agir de ne pas l’appliquer avec exacti-
tude et loyauté, oomme toute loi quelle
qu’elle soit. La durée du service militaire
restera-t-elle fixée à trois ans ? Ce sont des
circonstances qai ont amené cette augmen-
tation, d’autres circonstances, dont le pays
sera juge, pourront permettre de la dimi-
nuer et d’alléger ainsi le fardeau oui pèse
sur les citoyens, ainsi que dans le passé, où
le service militaire avait une durée plus
longue, cela s’est déjà produit.
Nous avons déjà eu l’occasion de
dire que la loi de trois ans ne nous
apparaissait ni comme une perfection
ni comme un dogme et qu’elle était
sujette à révision comme toute autre loi,
mais l’opinion exprimée par M. Vivia-
ni nous paraît représenter le maximum
de concessions que l’on puisse Jaire
aux adversaires de la loi en vigueur.
Que pouvaient bien exiger de plus les
radicaux unifiés? Que l’on fixe dès
maintenant une date pour l’abroga-
tion de la loi? Que, par exemple, il
soit-décidé qu’en tout cas la classe 1913
sera libérée en octobre IQI5, avant le
commencement de la troisième année
de service ?
Cela nous paraît être un enfantil-
lage, à moins que ce ne soit de la plus
dangereuse démagogie. La loi de
trois ans existe ; c’est un «r abri pro-
visoire », comme l’a reconnu son rap-
porteur, soit. Commençons dès mainte-
nant, comme $!• Pathé lui-même Ta in-
diqué dans un article récent du Journal,
à prendre les dispositions d’ordre tech-
nique qui, tout en maintenant notre
force, nous permettront de réduire â
nouveau le service actif, c’est pour le
mieux. Mais de grâce, qu’on ne mette ■
pas la charrue avant les boeufs l On ne
peut pas changer de régime militaire
tous les six mois ; le sujet est trop gra-
ve, lorsqu'il s’agit de la défense natio-
nale, pour que nos législateurs se lais-
sent aller à improviser une nouvelle loi
de circonstance, uniquement pour satis-
faire le plus vite possible des espoirs
qu’a fait naître la surenchère électo-
rale.
On a pu. non sans raison peut-être,
critiquer la hâte avec laquelle certains
auraient voulu emporter de vive force
la loi de trois ans ; qu’au moins on ne
retombe pas dans les mêmes erreurs
et qu’on aborde avec prudence, pondé-
ration et dignité ce problème militaire,
le plus grave qui se pose actuel-
lement à tôut esprit attentif. Et
surtout qu’on ne leurre pas par des
promesses plus ou moins vagues, maisi
en tout cas absolument hasardées, les
jeunes soldats qui sont sous les dra-
peaux et qui acceptent bravement le
fait accompli. Nul ne peut sérieuse-
ment prendre d’engagement sur le
moment où il sera possible de revenir
au service de deux ans ; laisser naître-
un espoir précis dans l’armée, c’est i \
purement et simplement commettre'
une mauvaise action.
M. T. Steeg a écrit à ce sujet, dans
le Rappel un article excellent où il
s’exprime ainsi : « Peut-être!.. . Espé-
rez l... parples dangereuses, grosses
de déceptions, de rancunes et d’amer-
tumes, faites pour semer lé désordre
dans les esprits et Vagitation dans la
vie publique. »
Si c’était vraiment là que voulaient
en venir les futurs collaborateurs ra-
dicaux-socialistes de M. Viviani, nousi
ne pourrions que féliciter celui-ci
d’avoir préféré renoncer aux honneurs
du pouvoir. -
CASPAR-JORDAN.
Dans Iss Milieux Parlementaires
IDE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 6 juin.
Tonte l’après-midi s’est passée dans l’indé-
cision et dans le chaos dès que l'on a eu ap-
pris l’échec définitif de la combinaison Vi-
vian!. Dans les couloirs du Palais-Bourbon
on s’est surtout occtfpé des incidents qui s»
sont produits pendant les derniers pourpar-
lers. M. Viviani, à diverses reprises, est allé
déclarer à U. Poincaré qu’il en avait assez et
qu’il déclinait la mission qui lui était cou
fiée. Il agissait ainsi à cause de la résistance
que lui opposaient tes radicaux de la rue de*
Valois qui auraient voulu arriver seuls au
pouvoir. Ne trouvant pas, non plus, du côté
modéré un appui suffisant, il se montrait dès
hier soir très découragé alors que l’on pré-
tendait que son ministère était constitué. Il
est évident que ce n’eat pas son désaccord
avec MM. Justin Godart et Ponsot sur les ter-
mes de ia déclaration relatifs à la loi mili-
taire qui l’a déterminé à se retirer définitive-
ment. MM. Justin Godart et Ponsot ne sont
réellement pas des personnages assez consi-
dérables, mais iis ont déclaré qu’ils parlaient
au nom des groupes avancés et M. Viviani
n’a pas voulu entrer en lutte avec ces der-
niers.
11 est inexact que M. Poincaré ait mandé
M. Deschanel à l’Elysée. M. Descbanel s’y est
rendu spontanément, afin de faire au prési-
dent de la République ia visite habituelle
due au lendemain de l’élection définitive dn
président de la Chambre.
Il est certain que, dans cette entrevne, il a
été question de la situation politique et de la
crise ministérielle. On peut croire que M.
Deschanel a conseillé an président de faire
appeler M. Delcassé qu’il estime seul capable
de réussir à constituer un Cabinet.
M. Poincaré va suivre très vraisemblable-
ment ce conseil. Pendant ce tqmps-Ii, les
radicaux unifiés se réjouissent de l’échec.de
M. Viviani et estiment qu’eux seuls sont ca-
pables de gouverner et d’obtenir une majo-
rité sérieuse.
M. Augagneur préconisait tout à l’heure,
dans un groupe de journalistes, la formation
d’an ministère homogène dans lequel il au-
rait assurément un portefeuille.
Pour lui, M. Combes est l’homme indis-
pensable. Il a refusé hier parce qu’on ne lui** •
oit rai t que l’instructioa publique. Ou devait? :
être sûr de son acceptation si on lui offrais |
. la -résidence du Conseil. Il n'aurait plus be-
soin alors d’aller dans le Midi pour soigner
la sauté de Mme Combes.
La crise actuelle est véritablement nner
des pins difficiles que l’ou ait vue depuis*
quelques années. Elle est à la fois nationale*
et de politique extérieure.
Eu présence de l’intransigeance des adver-
saires de ia loi de trois ans, le président de-
là République va très probablement se déci-
der à faire appel à M. Delcassé; Dans son
entreiin avec M. Deschanel, qui, comme
l’élu de 411 députés, pouvait apparaître com-
me l’homme tout indiqué pour, prendre 1er,,
gouvernement, il lui a vraisemblablement
proposé de constituer le cabinet, mais M.
Descbanel préféré garder la présidence de la \
-Chambre. Il refuse de la quitter.
Les bruits les plus divers circulent déjà*
dans les couloirs de la Chambre. Ou n’ess ,
pas éloigné de croire à nue combinaison*
Dalcassé-Clémenceau, sans tenir compte de
l’hostilité de M. Clemenceau contre le prési-
dent de la République et aussi de son an- ;
tienne rancune contre M. Beteissê qui lui
fit mordre la ponssière il y a quatre ans. Ce
serait ia réconciliation de trois adversaires - •
sur i’autel de la patrie. 1
Enfin, on parie aussi d'an grand minis- ;
tère, comme fut celui qui précéda l’élection,! ,
de M. Poincaré où seraient réunis tous le» j
chefs du parti républicain MM. Briand, Mille*'
rand, Léon Bourgeois, etc.
■ ‘ ' T. H. tp
La combinaison ministérielle élaborée par 1
M. Viviani a avorté hier, au moment même !
où on la croyait définitivement constituée. ‘
M. Viviani avait convoqué hier matin à 1
onze heures, au ministère de l’intérieur,
tous les membres du Parlement dont il avait
acquis ia collaboration. A cette réunion 1
assistaient outre M. Viviani, qui devait être 1
président du Conseil, MM. Malvy, Noolens,
Renouit, Fernand David, Raynaud, G luthier, '
ministres, qui faisaient partie du cabinet 1
D ramergua, et MM. Jean Dupuy, Messimy,
Thomson et Godart, appelés comme non- 1
veaux ministres. Etaient en outre présents j
comme sous secrétaires d’Etat, MM. J icq nier
et Ajam, du cabinet Doumergue, et MM Pon- I
sot, Maurice Maunoury et Abel Ferry,comme c
nouveaux. <
Une délibération s’est engagée qui a duré
jusqu’à midi. La discussion a porté exclusi-
vement sur ia question dn service militaire 1
et la formulé proposée par M. Viviani pou»!
indiquer les vues du cabinet sur la duree deJ
ce service.
La formule proposés, reproduisant pres-
que textuellement te passage de la profes-
sion de foi que M. Viviani avait adressée à :
ses électeurs le 25 avril dernier, disait que
le gouvernement, résolu à appliquer régu-
lièrement et loyalement la loi militaire ré- -
comment volée, mettrait à l’étude des projets
tendant à la meillenre utilisation de nos*
réserves. La déclaration ajoutait qu’après iè
vote et l’application de ces projets et la
constatation de leur efficacité, on pourrait
«jmsager une diminution des charges mili-
taires si, à ce moment, la situation extérieure le
permettait.
Ce dernier membre de phraîe a soulevé
les vives protestations de deux des nouveaux ■
collaborateurs de M. Viviani, MM. Godafi- et
Ponsot. Ces deux membres, qui appartient
nent.au parti radical unifié, ont prétendu'
qne la condition d’une possibilité de réduc-
tion de la durée du service tire» de l’amélio-
ration de la situation extérieure équivalait à
un non po sumus ei qu’ils ne sauraient ac-
cepter une pareille formule.
Cette opposition a dé erminé, après nn
débat très animé, M Viviani à ne pas pour-
suivre plus longtemps ia lâche qu’il avait
assu mée.
M Viviani a exposé qu’il jugeait impossi-
ble de prendre un engagement ferme en ce
qui concerne la rédaction do service mili-
taire, que les responsabilités gouvernemen-
tales ne permettaient pas d’assigner une*
date fixe a une mesure de ce genre subor-
donnée à des circonstances indépendantes
de la volonté des hommes exerçant ie pou-
voir. Il entendait très loyalement étudier et*
élaboror les mesures préparatoires qui pour-
raient conduire à la diminution du service >
le jour où cela serait possible; mais il ne-
croyait pas pouvoir aller au-delà.
Ceux-ci se sont séparés à midi, pendant
que M. Viviani se rendait à l'Elysée pour in-
tonner le président de la République de
l’échec de la combinaison.
M. Poinca é a insisté pour que M. Viviani
reprît sa tâche ; mais M. Viviani a déclare
que sa résolution était irrévocable.
AUTOUR DE L’ÉCHEC DE M. VIVIANI
Ce que dit K . Vivian!
A midi dix, M. René Viviani quittait le mi-
nistère de l'intérieur et se rendait à l’Elysée.
Il en ressoitit un quart d’heure plus tard et,,
sur rie perron même de l’Elysée, fit aux jour-
nalistes la déclaration suivante :
— Nous n’avons pu nous mettre d’accord,
deux de mes collègues et moi, sur la formulai
par laquelle la gouvernement ferait connaî-
tre ses intentions ' touchant la loi de trois
ans. Je viens d'en rendre compte à M. te pré-
sident de la République ët lui ai demandé d»
bien vouloir me rendre ma liberté.
— Quelle est exactement cette formule ?
demande-t-on.
M. René Viviani cite alors celle dont nous
publions le texte d’autre part. Et il ajoute:
— Je tiens à bien spécifier que c’est seu-
lement entre les adversaires de cette for-
mule et moi personnellement qne l’entente
n’a pu s’établir. Déjà la personnalité de M.
rean Dupuy est. me dit-on, mise en ça vise à
ce propos. C’est pour moi une question do
loyauté de déclarer que M. Jean Dupuy n’esti
pas intervenu dans ia discussion. Il n’était
même pas présent dans ie cabinet où nous*
étions réunis quand cette discussion s’esL
produite.
— Et qui étaient, Monsieur le ministre,
les deux adversaires de votre formule ? M.
Ponsot déclarait toat à l’heure que MM.
Malvy, Juftin Godart et lui étaient entière-
ment solidaires. Cela ferait non pas deux
adversaires, mais trois? Et l’on parie même
i’un quatrième, M. Raynaud ?...
— Je puis seulement vous dire, répond-
il. Viviani, que j’ai seulement trouvé devant
moi, pendant la discussion sur la question*'
militaire, MM. Godart et Ponsot.
M. Viviani se rend au ministère de l’inté-
’ieur. En.chemin, les journalistes l'interro-
gent encore.
~ Avez-vous définitivement renoncé,
monsieur le ministre, ou comptez-vous
soursnivrè vos démarches ?
— Non, répond M. Viviani, je ne peux pas
utter contre des républicains qui me cra-
chent au visage quand je leur parle de cir-
constances extérieures.
— — ' — - ■ - ■ ...—.—J
m GRAVE INCENDIE
AUX MAGASINS GÉNÉRAUX
U11 millier de Balles de Coton brûlées ou détériorées
A deux mois d’inlërvalie deux graves ia-
cendics de coton éclatent dans les Magasins
Généraux.
Le 3 avril, au début de la soirée, le feu
éclatait dans le hangar S, détruisant ou dé-
tériorant un millier de balles. La journée
d’hier a été marquée par an événement
tique.
Ab-ftebufr de l’après-midi, vers deux heu-
res, le départ des sapeurs-pompier1^ attirait
l’attention fie»,nombreux passants.'Ou ap-
prenait bientôt (fn»; le feu s’était déclaré aux
Magasins Généraux A l’horizon, dans la
direction de ta gare, on apercevait un énor-
me nuage d’épaisse fumée jaùn^tre qui s’éle-
vait dans le ciel sombre.
Le ieu exiat tit ceUe fois près de la hppr R,
dans un bâtiment adossé à la rue de F eoft>£
à l’Est, et limité au Nord par ia rue d’iéna et
au Sud par le chantier de Doit Humbert qui
fait l'angle des rues de Fieurus et de la
Vallée.
Ce bâtiment est divisé en cinq magasins
ou halls séparés l’un de l’auIre par des
mars, et numérotés da 115 à 119 en parlant
de la rue d’Iéuà. C'est dans ie hall du mi-
lieu, c’est-à-dire celui portant le numéro
117, que le feu avait pris.
Ces magasins, qui mesurent une quaran-
taine de mètres de profondeur sur une
vingtaine de largeur, sont élevés de 8 à
9 mètres. Iis ne comportent pas d’étage et
sont couverts par un toit en fuite d’ardoises
reposant sur un revêtement de plâtre et de
lattes destiné à empêcher la chaleur de pé-
nétrer.
Dans le 117, nn millier de balles étaient
entassées à la consignation des maisons De-
nis et Brown, Jacquey et Ce, H. Pollet, Com-
pagnie Cotonnière.
Des ouvriers y avaient travaillé toute ia
matinée et, quand ils quittèrent leur beso-
gne, vers il h. 1/2, ils ne remarquèrent rien
d’anormal.
Comme cela est d’asage, la porto donnant
accès dans la cour R, fut fermée.
Pendant l’heure du repas, tes gardiens ne
remarquèrent, eux non plus, rien d iuquié-
tant.
Mais, à deux heures, lorsque la porte du
magasin 117 fut ouverte, une fumée âcre et
épaisse emplissait le bâtiment. Et, an vio-
lent courant d’air s’étant produit, ie fen
jaillit autour d'une pile déballés qui, du
reste, s’effondra aussitôt.
Là combustion du coton,qui avait d'abord
été lente â cause du manque d’air, s’activa
soudainement et, eu quelques minutes, les
flammes attaquaient les balies voisines et la
toiture, dont les ardoises, sous l’action de
ia chaleur, craquaient de tous côtés.
La charpente ayant C'dé sur plusieurs
poiats, les fl unmes s’élevèrent à une granue
hauteur, dominées par d’immenses colonnes
de fumée.
Aussi l’alarme fut-elle donnée rapidement.
Et quelques instants aprè9, deux auto-
pompes partaient sous les ordres du capi-
taine Ronsiaux.
Les tuyaux forent vite branchés et l’at-
taque du fen commença énergiquement.
Comme on craignait que les magasins con-.
tigus où des bâties étaient également placées
fassent atteints, on s’empressa de les pro-
téger.
Une douzaine de lances furent activement
employées. Pendant que les petites asper-
geaient les toits on arrosaient les magasins
limitrophes, deux grosses projetaient leur
violent jet dans le magasin 117 où, sous l’ac-
tion de l’air s’intreduisant par la toiture ef-
fondrée, le coton flambait ardemment.
Les pompiers dorent prendre de grande
précautions pour ne pas etre atteints par les
débris. Cependant, deux d’entre eux furent
blessés par ia chute de la poulie d un treuil
disposé sur une plate-forme au -dessus de la
porte d’entrée pour le h ssage des colis.
Le sapeur Rivet, brûlé derrière le cou, et
le sapeur Goument, contusionné à l’avant-
bras droit, reçurent les soins nécessaires de
M. le docteur Leroy, chirurgien-major.
Toutes précautions forent prises ; on noya
. le foyer en dessus, afin d’eviaer le vol des
flammèches, car ii était à craindre qu’elles
tombent dans les cours, où de nombreuses
balles sont rangées.
On pénétra aussi à l’intérieur du bâtimens
et l'on réussit, au bout de queiqaes minutes
à circonscrire le foyer.
Néanmoins, de temps à autre, les flammes
reprenaient avec plus d’intensité et elles
pénétrèrent même dans le magasin Ü8 pour
lequel à trois heures et demie ou éprouva
quelque inquiétude, mais qui fut vite dissi-
pée.
Il fallut brancher d’autres tuyaux sur les
bouches d’eau, afin de multiplier les lances,
G âce à cette nouvelle mesure, le ieu, atta-
que d’ailleurs de tous les côtés à ia fois, per-
YaÇiit de l’intensité.
Lafoiture était cependant presque com-
plètemènwdélruite et la plupart des balles
étaient brûiêtsS ou détériorées.
A quatre lieftrdS et demie tout danger
immédiat était eonjtlré.
Il élait toutefois impossible, tant la fu-
mée était épaisse, surtout daus ie hangar
117, de se rendre compte de l’étendue du
sinistre.
Si tontes les balles n’ont pas été consu-
mées par le feu, ce qai est fort probable, il
est cependant certain qu’elles auront été
endommagées par les flots d’eau qui ont été
déversés pendant plus d'une heure.
D’ailleurs, comme ces marchandises
avaient été manutentionnées dans la mati-
née; les magasiniers n’ont pu eux-mêmes
fixer le nombre de balles contenues dans les
magasins. Selon M. Roger, directeur des
établissements des Magasins généraux, les
balles situées dans le bail 117 et qui ont été
directement atteintes par ie feu seraient an
nombre de neuf cents et qnelqnes.
Le magasin 116 contenait de 500 à 600 bal-
les et le 118 environ 800. Elles n’ont guère
»été que mouillées et souillées ou un peu jau-
nies par ia fumée.
On ne peut encore connaître exactement
le montant des dégâts, mais on peut les
évaluer à plusieurs çeutjàaëft. tt# 4»Ule
francs. ■ -V r.
La première enquêteà laqneMeâ procédé
M Jenot, commissaire dé la 6® section, n’a
pas permis d’établir la cause de cet incendie
ni de fixer l’importance des dégâts.
Le service d’ordre était assuré par MM.
Jenot, Sénécal, secrétaire da commissaire
centrai, et Minard, sous-lieutenant de poli-
ce; Lefebvre, adjudant,, qui dirigeaient les
agents.
On remarquait la présence de MM. Valen-
tin, adjoint au maire, chargé du service des
incendies ; Durand-Viel, conseiller muni-
cipal ; Baangrand, procureur de la Répu-
blique; Ribet, commissaire central, et de
nombreux négociants.
——a—1
Ghronique flwaise
L’abondance des matières nous oblige
à ajourner la Chronique de notre Colla-
borateur ALBER T-HERRENSCHMID T.
Observatoire de Paris
La dépêche de l’Observatoire de Paris,
affichée au Havre, porte les indications sui-
vantes :
Paris, 6 juin, Il h. 15.
Extrêmes barométriques : 768 millim. à Brest
750 millim à Nice.
Forte pression Ouest Europe.
Dépression Italie.
Temps probable; Vent des régions Nord, temps
nuageux et un peu Irais.
Dernière Heure
PARI8, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 6 JUIN
Cotons t juillet, baisse 1 point ; août,
baisse 3 points ; octobre, baisse 2 points.
Calé* 1 hausse 7 à 14 points.
NEW-YORK, 0 JUIN
. u nn . mcnn
Cuivre Standard disp. — — 13 65
— août — — 13 65
Amalgamat. Cap... 72 «/» 71 3/8
fer 16 —
CHICAGO. 6 JUIN
r. »r OCTR .. DHEGRi
Blé sur Juillet.... 86 3/4 86 5 8
— Septembre 85 1.& 85 18
Mais sur Juillet.... 70 3 4 69 3 4
— Septembre 67 s/8 67 » s
Saindoux sur. Juillet. .. 40 07 9 97
— Septembre 40 25 40 15
GRAVE ACCIDENT
AU CAMP DE CHALONS
REIMS. — Un grave accident est arrivé an
camp de Cbâlons. Un escadron dn. 16e dra-
gons, après avoir exécute des feux de guerre
sur silhouettes, reçut l’ordre de charger.
Le cavalier Carton ayant henrté un fil
d’acier maintenant un pilône d’aviation, fit
panache avec son cheval.
Le pilône tomba sur un autre soldat nom-
mé Briand, qui fut également renversé sous
sa monture.
Les deux blessés ont été transportés â l’hô-
pitai militaire.
L’état du cavalier Carton est désespéré.
LA
u mniKieLU
IL Desohanel à l'Elysée
Le président de la Répubiiqne ayant prié
le president de la Chambre des députés de
venir conférer avec lui, lui a dit que la crise
s’étant ouverte sans vote parlementaire,
l'élection à la présidence de la Chambre
pouvait paraître une indication et il lui a
demandé s’il consentirait à former an ca-‘-
binet.
M. Deschanel a répondu qu'étant donné le
caractère de l’électron présidentielle tel qn’ii
l’a d fiai, U croit devoir remplir le man-
dat qu’it tient de la confiance de 411 députés
d'opinions diverses. *
Il a ensuite indiqué au président les per-
sonnages politiques auxquels, à son avis, il
pourrait être tait appel.
L’entretien de M. Deschanel a pris fin à
5 h. 1/2.
A ce moment, le président de la Républi-
que a reçu M. Roosevelt, ancien président
des Etats-Unis, qui était accompagné de
l’ambassadeur de cet Etat.
M. Poincaré fait appeler H. Delcassé '
Le président de la Répubiiqne a prié M.
Delcassé de venir s’entretenir avec lui à
l’Elysée, mais celui-ci, un peu souffrant, a
fait annoncer qu'il ne pourrait se rendre au-
près de M. Poincaré dans la soirée.
L’indisposition de M. Delcassé ne présente
aucun caractère de gravité. On croit que M.
Delcasse pourra se rendre ce matin à l’appel
du président.
11 est bien difficile de dire qnel accueil
fera M. Delcassé aux ouvertures du prési-
dent. Les avis, à ce sujet, sont très parta-
gés.
Certains amis de M. Delcassé estimer»
qu’il peut et doit constituer ie nouveau Ca-
binet. Mais M. Delcassé reprendrait-il ia ten-
tative de concentration républicaine que n’a
pu rea»iser M. Viviani ou voudrait-ii consti-
tuer nn cabinet homogène uniquement com-
posé de radicaux non unifiés et de républi-
cains de ganche ?
Dans la première hypothèse, M. Delcassé
se henrteiait aux mêmes difficultés qu’a ren-
contrées M. Viviani.
Il est, personne ne l’igaore, partisan résolu
de la loi de trois ans. Il se refuse à laisser
entretenir dans ie pays l’illusion que l’on
paisse avant longtemps, réduire la durée du
service militaire.
Les radicaux unifiés qai n’ont pas accepté
la formule cependant adoucie de M. Viviani
reculeraient probablement devant celle, au-
trement intransigeante de M. Delcassé.
M. Delcassé voudrait-il éliminer de sa com-
binaison les radicaux unifiés? Une partie de
cenx-ci voteraient sans doute quand même
pour Ini, mais le gros des troupes s’allierait
aux socialistes unifiés et il se formerait ainsi
à la Chambre une minorité républicaine im-
portante.
La situation, on le voit, est loin d’être'
éclaircie.
LA VENGEANCE DU BERGER
ARRAS. — Congédié par son patron, le
berger Corbeau, 30 ans, habitant Wancourt,
a tue de trois coups de revolver la fille de
son maître, Mile Florence Deiambre, âgée de
23 ans.
Le meurtrier a ensuite t^ntô de se suici-
der, mais n’ayant pu se tuer avec son revol-
ver, il s’est pendu.
BOURRASQUE SUR LA MÉDITERRANÉE
MARSEILLE. — Une véritable bourrasque
s’est abattue depuis ce matin sur Marseille,
rendant la circulation difficile ; les bateaux
ont dû doubler leurs amarres. Certains d’en-
tre eux se sont réfugiés dans ie port-abri de
i’Estaque.
| AU MEETING D’AVIATION
DE LONCHAMP
La plus grande part du succès an meeting
d’aviation de Longchamp est revenue à
Chanteloup.
Les épreuves ont donné les résultats sui-
vants :
Cross country : 1® Chanteloup, i3'23” ; 2®
Legagneux. 13 39’’ ; 3® Prévost, i4’i ’ ; 4® D j-
laplane, 18 48" 2/5 ; 5® Chemet, 2i’i9 ’ 2/5 ;
6® Barrault, 22 33”.
Handicap : 1® Prévost, 12’29”4/5 ; 2® Chan-
teloup, 12 44” 3/5 ; 3» Legagneux, 12 52” 3/6;
4° Chemet, 13’3 ’ 4/5.
Au cours dn meeting auquel assistaient les
édiles étrangers, une automobile, d’une va-
leur de 22,000 trancs, qui avait été abandon-
née momentanément sur ia route, a été vo-
lée par di s inconnus.
La police judiciaire a ouvert une enquête. .
ARRESTATION DE L'AGRESSEUR
DU SOLDEUR GAUZY
Mazoyer, l’individu qui blessa Gauzy, a
été arrêté hier après-midi, vers cinq heures,
rue des Yignoles.
Après avoir subi un interrogatoire d’iden-
tite chez M. Corne, juge d’instraction, il a
été écroué à la Santé.
BANDIT PRÉCOCE
LIÈGE. — Hier matin, à huit heures, un
jeune ouvrier de 17 ans, nommé Stroobants,
pénétrait la figure couverte d’un masqno
dans le bureau du caissier des usines de
Selossin où il avait travaillé pendant quelque
temps Sous la menace d’an revolver, il se
faisait alors remettre une somme de huit
mille francs par ie caissier. Poursuivi, le vo-
leur déchargea son arme sur les personnes
qui voulaient l’appréhender mais n’atteignit
aucun des poursuivants. Enfin .terrassé, le,
jeune bandit a été écroué â la prison de
Liège.
CONDAMNATION D’ON INCENDIAIRE
LORIENT. — La Cour d’assises du Morbihan
a condamné à cinq aus de réclusion le nom-
mé Pierre-Marie Guertais, âgé de 48 ans,,
tanneur, conseiller municipal de Fontivy,
convaincu d’incendie volontaire.
Etant en mauvaise situation com merciale,
il avait incendié sa tannerie dans la nuit du
13 au 14 mars dernier. Les dégâts tarent
considérables.
EXPLOSION DE GRISOU
KROMAIITY. — Une explosion de grison s’est
produite hier dans les soutes à charbon du
cuirassé Bellerophon.
Quatre chauffeurs ont été grièvement bles-
sés ; deux ne survivront pas à leurs bles-
sures.
LA QUESTION ALBANAISE
ROME. — On mande de Brindisi à la Tri-
èuna qu’un prince de la famille Bonaparte, •
pressenti par les chefs albanais, aurait fait
comprendre qu’il accepterait la couronne
d’Albanie.
FIN DE GRÈVE
MARSEILLE. — Les métallurgistes en grève
depuis vingt jours, ont décidé hier matin de
reprendre le travail lundi, aux anciennes
conditions.
LE DERBY AÉRIEN ANGLAIS
LONDRES. — Le Derby aérien anglais cons-
tituant un circuit de 95 railles au-dessus de
Londres, a eu lieu hier après-midi.
. C’est l’Américain Brock qui a été proclamé
gagnant de la Coupe du Daily Uni, en
1 h. 18’ Si".
Le 2® estGarr, en 1 b. 48’ 27”.
L’aviatenr français Noël, quoique arrivé
premier, n’a pas été aperçu à deux points dn
virage prescrits par le programme ; il a été,
en conséquence, disqualifie.
Verrier a été proclamé 3« en i h. 49’ 50”.
AU MAROC
TAZA. — Les trois tués de la colonne Bium-
garten dans le dernier engagement sont le
lieutenant Petersen, de la 2® compagnie du.
bataillon Met ; an spahis et dn goumier al-
gérien.
Le commandant Met, de la légion, a été at-
teint aux jambes.
Le caïd Hamed, des Honaran, six légion-
naires, dont an sergent, nn chasseur d'Afri-
que, un spahis, un indigène et deux gou-
miers ont été également blessés.
ACCIDENTS MORTELS D’AUTOMOBILE
DUBINCEN. — Une voiture de course fran-
çaise a dérapé à la vitesse de 80 kilomètres â
l’heure sur la route de Dubingen à Totten-
burg.
Le conducteur a été retrouvé mort sous
les débris de sa voitare.
NANTUA. — M. Jules Reffay, maire de Mer-
nay, minotier à Nurieux (Ain), a été tné
dans an accident d’automooiie survenu près
de Bellegarde-sur-Vaiserine.
ENCORE LA NEIGE
SAINT-ETIENNE. — La température est re-
devenue rigoureuse ; la neige a tombé ce
matin au Bessat et dans toute la région du
mont Pilât.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRES Paris
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LA CRISE MBISTËRIBLLE
L’échec de la Combinaison Viviani
1 Nous avions bien raison de nous te-
nir sur la réserve dans notre note
d’hier matin et de prévoir que le vent
pouvait encore tourner.
Déjà, au moment de mettre sous
presse, une dernière dépêche nous
avait' annoncé que M. Jean Dupuy
rentrerait peut-être dans la combinai-
son, ce qui la rendrait moins radicale.
Nous attendions donc, avec quelque
vraisemblance, pour la journée d’hier,
l'annonce d’un Cabinet d’union répu-
blicaine ; ce que nous avons appris sur
le coup de midi, qui marquait ainsi un
coup de théâtre, c'est que M. Viviani
remettait ses pouvoirs au président de
la République, devant l’exigence des
radicaux-socialistes unifiés auxquels il
avait cru devoir Jaire appel.
C’est la loi de trois ans, on lésait,
qui est la pierre d’achoppement de
l’édifice ministériel que pendant près
d’une semaine M. Viviani a laborieu-
sement essayé de construire. C’est le
manque de garanties suffisantes à cet
égard qui a troublé, semble-t-il, la
santé souvent chancelante de M. Léon
Bourgeois, au point de lui jaire dé-
cliner l’honneur qu’on lui offrait.
A déjaut de déclaration ministeriel-
le, nous connaissons l’opinion de M.
Viviani, sur cette question brûlante, ;
par sa projession de joi aux dernières
élections ; la voici :
La supériorité numérique de l’armée alle-
mande accrue il y a un au par le vote du
fleichstag a imposé à tous les Français un
grand devoir ; celui de mettre la France en
état, le cas échéant, de repousser une agres-
sion que, je l’espôre, la sagesse de l'Europe
et notre force nationale écarteront toujours.
L’augmentation de ia durée du service mi-
litaire jusqu’à trois ans a été votée: je ne me
sais pas associé à ce vote, et pensant tont de
mémo qu’une augmentation était nécessaire,
arec p|hs de 240 républicains, j’ai voté le
servicé de 27 mois et celui de 30 mois pour
empêcher qu’au départ d’une classe il y ait
un vide dans ia mobilisation. Je réclamais
en même temps la réorganisation,en vue du
service militaire, de la jeunesse qui, plus
entraînée, dès l’âge de dix-hait ans, arrive-
rait mieux préparée sous les drapeaux.
> La loi do trois ans a été votée. Il ne peut
pas s’agir de ne pas l’appliquer avec exacti-
tude et loyauté, oomme toute loi quelle
qu’elle soit. La durée du service militaire
restera-t-elle fixée à trois ans ? Ce sont des
circonstances qai ont amené cette augmen-
tation, d’autres circonstances, dont le pays
sera juge, pourront permettre de la dimi-
nuer et d’alléger ainsi le fardeau oui pèse
sur les citoyens, ainsi que dans le passé, où
le service militaire avait une durée plus
longue, cela s’est déjà produit.
Nous avons déjà eu l’occasion de
dire que la loi de trois ans ne nous
apparaissait ni comme une perfection
ni comme un dogme et qu’elle était
sujette à révision comme toute autre loi,
mais l’opinion exprimée par M. Vivia-
ni nous paraît représenter le maximum
de concessions que l’on puisse Jaire
aux adversaires de la loi en vigueur.
Que pouvaient bien exiger de plus les
radicaux unifiés? Que l’on fixe dès
maintenant une date pour l’abroga-
tion de la loi? Que, par exemple, il
soit-décidé qu’en tout cas la classe 1913
sera libérée en octobre IQI5, avant le
commencement de la troisième année
de service ?
Cela nous paraît être un enfantil-
lage, à moins que ce ne soit de la plus
dangereuse démagogie. La loi de
trois ans existe ; c’est un «r abri pro-
visoire », comme l’a reconnu son rap-
porteur, soit. Commençons dès mainte-
nant, comme $!• Pathé lui-même Ta in-
diqué dans un article récent du Journal,
à prendre les dispositions d’ordre tech-
nique qui, tout en maintenant notre
force, nous permettront de réduire â
nouveau le service actif, c’est pour le
mieux. Mais de grâce, qu’on ne mette ■
pas la charrue avant les boeufs l On ne
peut pas changer de régime militaire
tous les six mois ; le sujet est trop gra-
ve, lorsqu'il s’agit de la défense natio-
nale, pour que nos législateurs se lais-
sent aller à improviser une nouvelle loi
de circonstance, uniquement pour satis-
faire le plus vite possible des espoirs
qu’a fait naître la surenchère électo-
rale.
On a pu. non sans raison peut-être,
critiquer la hâte avec laquelle certains
auraient voulu emporter de vive force
la loi de trois ans ; qu’au moins on ne
retombe pas dans les mêmes erreurs
et qu’on aborde avec prudence, pondé-
ration et dignité ce problème militaire,
le plus grave qui se pose actuel-
lement à tôut esprit attentif. Et
surtout qu’on ne leurre pas par des
promesses plus ou moins vagues, maisi
en tout cas absolument hasardées, les
jeunes soldats qui sont sous les dra-
peaux et qui acceptent bravement le
fait accompli. Nul ne peut sérieuse-
ment prendre d’engagement sur le
moment où il sera possible de revenir
au service de deux ans ; laisser naître-
un espoir précis dans l’armée, c’est i \
purement et simplement commettre'
une mauvaise action.
M. T. Steeg a écrit à ce sujet, dans
le Rappel un article excellent où il
s’exprime ainsi : « Peut-être!.. . Espé-
rez l... parples dangereuses, grosses
de déceptions, de rancunes et d’amer-
tumes, faites pour semer lé désordre
dans les esprits et Vagitation dans la
vie publique. »
Si c’était vraiment là que voulaient
en venir les futurs collaborateurs ra-
dicaux-socialistes de M. Viviani, nousi
ne pourrions que féliciter celui-ci
d’avoir préféré renoncer aux honneurs
du pouvoir. -
CASPAR-JORDAN.
Dans Iss Milieux Parlementaires
IDE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 6 juin.
Tonte l’après-midi s’est passée dans l’indé-
cision et dans le chaos dès que l'on a eu ap-
pris l’échec définitif de la combinaison Vi-
vian!. Dans les couloirs du Palais-Bourbon
on s’est surtout occtfpé des incidents qui s»
sont produits pendant les derniers pourpar-
lers. M. Viviani, à diverses reprises, est allé
déclarer à U. Poincaré qu’il en avait assez et
qu’il déclinait la mission qui lui était cou
fiée. Il agissait ainsi à cause de la résistance
que lui opposaient tes radicaux de la rue de*
Valois qui auraient voulu arriver seuls au
pouvoir. Ne trouvant pas, non plus, du côté
modéré un appui suffisant, il se montrait dès
hier soir très découragé alors que l’on pré-
tendait que son ministère était constitué. Il
est évident que ce n’eat pas son désaccord
avec MM. Justin Godart et Ponsot sur les ter-
mes de ia déclaration relatifs à la loi mili-
taire qui l’a déterminé à se retirer définitive-
ment. MM. Justin Godart et Ponsot ne sont
réellement pas des personnages assez consi-
dérables, mais iis ont déclaré qu’ils parlaient
au nom des groupes avancés et M. Viviani
n’a pas voulu entrer en lutte avec ces der-
niers.
11 est inexact que M. Poincaré ait mandé
M. Deschanel à l’Elysée. M. Descbanel s’y est
rendu spontanément, afin de faire au prési-
dent de la République ia visite habituelle
due au lendemain de l’élection définitive dn
président de la Chambre.
Il est certain que, dans cette entrevne, il a
été question de la situation politique et de la
crise ministérielle. On peut croire que M.
Deschanel a conseillé an président de faire
appeler M. Delcassé qu’il estime seul capable
de réussir à constituer un Cabinet.
M. Poincaré va suivre très vraisemblable-
ment ce conseil. Pendant ce tqmps-Ii, les
radicaux unifiés se réjouissent de l’échec.de
M. Viviani et estiment qu’eux seuls sont ca-
pables de gouverner et d’obtenir une majo-
rité sérieuse.
M. Augagneur préconisait tout à l’heure,
dans un groupe de journalistes, la formation
d’an ministère homogène dans lequel il au-
rait assurément un portefeuille.
Pour lui, M. Combes est l’homme indis-
pensable. Il a refusé hier parce qu’on ne lui** •
oit rai t que l’instructioa publique. Ou devait? :
être sûr de son acceptation si on lui offrais |
. la -résidence du Conseil. Il n'aurait plus be-
soin alors d’aller dans le Midi pour soigner
la sauté de Mme Combes.
La crise actuelle est véritablement nner
des pins difficiles que l’ou ait vue depuis*
quelques années. Elle est à la fois nationale*
et de politique extérieure.
Eu présence de l’intransigeance des adver-
saires de ia loi de trois ans, le président de-
là République va très probablement se déci-
der à faire appel à M. Delcassé; Dans son
entreiin avec M. Deschanel, qui, comme
l’élu de 411 députés, pouvait apparaître com-
me l’homme tout indiqué pour, prendre 1er,,
gouvernement, il lui a vraisemblablement
proposé de constituer le cabinet, mais M.
Descbanel préféré garder la présidence de la \
-Chambre. Il refuse de la quitter.
Les bruits les plus divers circulent déjà*
dans les couloirs de la Chambre. Ou n’ess ,
pas éloigné de croire à nue combinaison*
Dalcassé-Clémenceau, sans tenir compte de
l’hostilité de M. Clemenceau contre le prési-
dent de la République et aussi de son an- ;
tienne rancune contre M. Beteissê qui lui
fit mordre la ponssière il y a quatre ans. Ce
serait ia réconciliation de trois adversaires - •
sur i’autel de la patrie. 1
Enfin, on parie aussi d'an grand minis- ;
tère, comme fut celui qui précéda l’élection,! ,
de M. Poincaré où seraient réunis tous le» j
chefs du parti républicain MM. Briand, Mille*'
rand, Léon Bourgeois, etc.
■ ‘ ' T. H. tp
La combinaison ministérielle élaborée par 1
M. Viviani a avorté hier, au moment même !
où on la croyait définitivement constituée. ‘
M. Viviani avait convoqué hier matin à 1
onze heures, au ministère de l’intérieur,
tous les membres du Parlement dont il avait
acquis ia collaboration. A cette réunion 1
assistaient outre M. Viviani, qui devait être 1
président du Conseil, MM. Malvy, Noolens,
Renouit, Fernand David, Raynaud, G luthier, '
ministres, qui faisaient partie du cabinet 1
D ramergua, et MM. Jean Dupuy, Messimy,
Thomson et Godart, appelés comme non- 1
veaux ministres. Etaient en outre présents j
comme sous secrétaires d’Etat, MM. J icq nier
et Ajam, du cabinet Doumergue, et MM Pon- I
sot, Maurice Maunoury et Abel Ferry,comme c
nouveaux. <
Une délibération s’est engagée qui a duré
jusqu’à midi. La discussion a porté exclusi-
vement sur ia question dn service militaire 1
et la formulé proposée par M. Viviani pou»!
indiquer les vues du cabinet sur la duree deJ
ce service.
La formule proposés, reproduisant pres-
que textuellement te passage de la profes-
sion de foi que M. Viviani avait adressée à :
ses électeurs le 25 avril dernier, disait que
le gouvernement, résolu à appliquer régu-
lièrement et loyalement la loi militaire ré- -
comment volée, mettrait à l’étude des projets
tendant à la meillenre utilisation de nos*
réserves. La déclaration ajoutait qu’après iè
vote et l’application de ces projets et la
constatation de leur efficacité, on pourrait
«jmsager une diminution des charges mili-
taires si, à ce moment, la situation extérieure le
permettait.
Ce dernier membre de phraîe a soulevé
les vives protestations de deux des nouveaux ■
collaborateurs de M. Viviani, MM. Godafi- et
Ponsot. Ces deux membres, qui appartient
nent.au parti radical unifié, ont prétendu'
qne la condition d’une possibilité de réduc-
tion de la durée du service tire» de l’amélio-
ration de la situation extérieure équivalait à
un non po sumus ei qu’ils ne sauraient ac-
cepter une pareille formule.
Cette opposition a dé erminé, après nn
débat très animé, M Viviani à ne pas pour-
suivre plus longtemps ia lâche qu’il avait
assu mée.
M Viviani a exposé qu’il jugeait impossi-
ble de prendre un engagement ferme en ce
qui concerne la rédaction do service mili-
taire, que les responsabilités gouvernemen-
tales ne permettaient pas d’assigner une*
date fixe a une mesure de ce genre subor-
donnée à des circonstances indépendantes
de la volonté des hommes exerçant ie pou-
voir. Il entendait très loyalement étudier et*
élaboror les mesures préparatoires qui pour-
raient conduire à la diminution du service >
le jour où cela serait possible; mais il ne-
croyait pas pouvoir aller au-delà.
Ceux-ci se sont séparés à midi, pendant
que M. Viviani se rendait à l'Elysée pour in-
tonner le président de la République de
l’échec de la combinaison.
M. Poinca é a insisté pour que M. Viviani
reprît sa tâche ; mais M. Viviani a déclare
que sa résolution était irrévocable.
AUTOUR DE L’ÉCHEC DE M. VIVIANI
Ce que dit K . Vivian!
A midi dix, M. René Viviani quittait le mi-
nistère de l'intérieur et se rendait à l’Elysée.
Il en ressoitit un quart d’heure plus tard et,,
sur rie perron même de l’Elysée, fit aux jour-
nalistes la déclaration suivante :
— Nous n’avons pu nous mettre d’accord,
deux de mes collègues et moi, sur la formulai
par laquelle la gouvernement ferait connaî-
tre ses intentions ' touchant la loi de trois
ans. Je viens d'en rendre compte à M. te pré-
sident de la République ët lui ai demandé d»
bien vouloir me rendre ma liberté.
— Quelle est exactement cette formule ?
demande-t-on.
M. René Viviani cite alors celle dont nous
publions le texte d’autre part. Et il ajoute:
— Je tiens à bien spécifier que c’est seu-
lement entre les adversaires de cette for-
mule et moi personnellement qne l’entente
n’a pu s’établir. Déjà la personnalité de M.
rean Dupuy est. me dit-on, mise en ça vise à
ce propos. C’est pour moi une question do
loyauté de déclarer que M. Jean Dupuy n’esti
pas intervenu dans ia discussion. Il n’était
même pas présent dans ie cabinet où nous*
étions réunis quand cette discussion s’esL
produite.
— Et qui étaient, Monsieur le ministre,
les deux adversaires de votre formule ? M.
Ponsot déclarait toat à l’heure que MM.
Malvy, Juftin Godart et lui étaient entière-
ment solidaires. Cela ferait non pas deux
adversaires, mais trois? Et l’on parie même
i’un quatrième, M. Raynaud ?...
— Je puis seulement vous dire, répond-
il. Viviani, que j’ai seulement trouvé devant
moi, pendant la discussion sur la question*'
militaire, MM. Godart et Ponsot.
M. Viviani se rend au ministère de l’inté-
’ieur. En.chemin, les journalistes l'interro-
gent encore.
~ Avez-vous définitivement renoncé,
monsieur le ministre, ou comptez-vous
soursnivrè vos démarches ?
— Non, répond M. Viviani, je ne peux pas
utter contre des républicains qui me cra-
chent au visage quand je leur parle de cir-
constances extérieures.
— — ' — - ■ - ■ ...—.—J
m GRAVE INCENDIE
AUX MAGASINS GÉNÉRAUX
U11 millier de Balles de Coton brûlées ou détériorées
A deux mois d’inlërvalie deux graves ia-
cendics de coton éclatent dans les Magasins
Généraux.
Le 3 avril, au début de la soirée, le feu
éclatait dans le hangar S, détruisant ou dé-
tériorant un millier de balles. La journée
d’hier a été marquée par an événement
tique.
Ab-ftebufr de l’après-midi, vers deux heu-
res, le départ des sapeurs-pompier1^ attirait
l’attention fie»,nombreux passants.'Ou ap-
prenait bientôt (fn»; le feu s’était déclaré aux
Magasins Généraux A l’horizon, dans la
direction de ta gare, on apercevait un énor-
me nuage d’épaisse fumée jaùn^tre qui s’éle-
vait dans le ciel sombre.
Le ieu exiat tit ceUe fois près de la hppr R,
dans un bâtiment adossé à la rue de F eoft>£
à l’Est, et limité au Nord par ia rue d’iéna et
au Sud par le chantier de Doit Humbert qui
fait l'angle des rues de Fieurus et de la
Vallée.
Ce bâtiment est divisé en cinq magasins
ou halls séparés l’un de l’auIre par des
mars, et numérotés da 115 à 119 en parlant
de la rue d’Iéuà. C'est dans ie hall du mi-
lieu, c’est-à-dire celui portant le numéro
117, que le feu avait pris.
Ces magasins, qui mesurent une quaran-
taine de mètres de profondeur sur une
vingtaine de largeur, sont élevés de 8 à
9 mètres. Iis ne comportent pas d’étage et
sont couverts par un toit en fuite d’ardoises
reposant sur un revêtement de plâtre et de
lattes destiné à empêcher la chaleur de pé-
nétrer.
Dans le 117, nn millier de balles étaient
entassées à la consignation des maisons De-
nis et Brown, Jacquey et Ce, H. Pollet, Com-
pagnie Cotonnière.
Des ouvriers y avaient travaillé toute ia
matinée et, quand ils quittèrent leur beso-
gne, vers il h. 1/2, ils ne remarquèrent rien
d’anormal.
Comme cela est d’asage, la porto donnant
accès dans la cour R, fut fermée.
Pendant l’heure du repas, tes gardiens ne
remarquèrent, eux non plus, rien d iuquié-
tant.
Mais, à deux heures, lorsque la porte du
magasin 117 fut ouverte, une fumée âcre et
épaisse emplissait le bâtiment. Et, an vio-
lent courant d’air s’étant produit, ie fen
jaillit autour d'une pile déballés qui, du
reste, s’effondra aussitôt.
Là combustion du coton,qui avait d'abord
été lente â cause du manque d’air, s’activa
soudainement et, eu quelques minutes, les
flammes attaquaient les balies voisines et la
toiture, dont les ardoises, sous l’action de
ia chaleur, craquaient de tous côtés.
La charpente ayant C'dé sur plusieurs
poiats, les fl unmes s’élevèrent à une granue
hauteur, dominées par d’immenses colonnes
de fumée.
Aussi l’alarme fut-elle donnée rapidement.
Et quelques instants aprè9, deux auto-
pompes partaient sous les ordres du capi-
taine Ronsiaux.
Les tuyaux forent vite branchés et l’at-
taque du fen commença énergiquement.
Comme on craignait que les magasins con-.
tigus où des bâties étaient également placées
fassent atteints, on s’empressa de les pro-
téger.
Une douzaine de lances furent activement
employées. Pendant que les petites asper-
geaient les toits on arrosaient les magasins
limitrophes, deux grosses projetaient leur
violent jet dans le magasin 117 où, sous l’ac-
tion de l’air s’intreduisant par la toiture ef-
fondrée, le coton flambait ardemment.
Les pompiers dorent prendre de grande
précautions pour ne pas etre atteints par les
débris. Cependant, deux d’entre eux furent
blessés par ia chute de la poulie d un treuil
disposé sur une plate-forme au -dessus de la
porte d’entrée pour le h ssage des colis.
Le sapeur Rivet, brûlé derrière le cou, et
le sapeur Goument, contusionné à l’avant-
bras droit, reçurent les soins nécessaires de
M. le docteur Leroy, chirurgien-major.
Toutes précautions forent prises ; on noya
. le foyer en dessus, afin d’eviaer le vol des
flammèches, car ii était à craindre qu’elles
tombent dans les cours, où de nombreuses
balles sont rangées.
On pénétra aussi à l’intérieur du bâtimens
et l'on réussit, au bout de queiqaes minutes
à circonscrire le foyer.
Néanmoins, de temps à autre, les flammes
reprenaient avec plus d’intensité et elles
pénétrèrent même dans le magasin Ü8 pour
lequel à trois heures et demie ou éprouva
quelque inquiétude, mais qui fut vite dissi-
pée.
Il fallut brancher d’autres tuyaux sur les
bouches d’eau, afin de multiplier les lances,
G âce à cette nouvelle mesure, le ieu, atta-
que d’ailleurs de tous les côtés à ia fois, per-
YaÇiit de l’intensité.
Lafoiture était cependant presque com-
plètemènwdélruite et la plupart des balles
étaient brûiêtsS ou détériorées.
A quatre lieftrdS et demie tout danger
immédiat était eonjtlré.
Il élait toutefois impossible, tant la fu-
mée était épaisse, surtout daus ie hangar
117, de se rendre compte de l’étendue du
sinistre.
Si tontes les balles n’ont pas été consu-
mées par le feu, ce qai est fort probable, il
est cependant certain qu’elles auront été
endommagées par les flots d’eau qui ont été
déversés pendant plus d'une heure.
D’ailleurs, comme ces marchandises
avaient été manutentionnées dans la mati-
née; les magasiniers n’ont pu eux-mêmes
fixer le nombre de balles contenues dans les
magasins. Selon M. Roger, directeur des
établissements des Magasins généraux, les
balles situées dans le bail 117 et qui ont été
directement atteintes par ie feu seraient an
nombre de neuf cents et qnelqnes.
Le magasin 116 contenait de 500 à 600 bal-
les et le 118 environ 800. Elles n’ont guère
»été que mouillées et souillées ou un peu jau-
nies par ia fumée.
On ne peut encore connaître exactement
le montant des dégâts, mais on peut les
évaluer à plusieurs çeutjàaëft. tt# 4»Ule
francs. ■ -V r.
La première enquêteà laqneMeâ procédé
M Jenot, commissaire dé la 6® section, n’a
pas permis d’établir la cause de cet incendie
ni de fixer l’importance des dégâts.
Le service d’ordre était assuré par MM.
Jenot, Sénécal, secrétaire da commissaire
centrai, et Minard, sous-lieutenant de poli-
ce; Lefebvre, adjudant,, qui dirigeaient les
agents.
On remarquait la présence de MM. Valen-
tin, adjoint au maire, chargé du service des
incendies ; Durand-Viel, conseiller muni-
cipal ; Baangrand, procureur de la Répu-
blique; Ribet, commissaire central, et de
nombreux négociants.
——a—1
Ghronique flwaise
L’abondance des matières nous oblige
à ajourner la Chronique de notre Colla-
borateur ALBER T-HERRENSCHMID T.
Observatoire de Paris
La dépêche de l’Observatoire de Paris,
affichée au Havre, porte les indications sui-
vantes :
Paris, 6 juin, Il h. 15.
Extrêmes barométriques : 768 millim. à Brest
750 millim à Nice.
Forte pression Ouest Europe.
Dépression Italie.
Temps probable; Vent des régions Nord, temps
nuageux et un peu Irais.
Dernière Heure
PARI8, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 6 JUIN
Cotons t juillet, baisse 1 point ; août,
baisse 3 points ; octobre, baisse 2 points.
Calé* 1 hausse 7 à 14 points.
NEW-YORK, 0 JUIN
. u nn . mcnn
Cuivre Standard disp. — — 13 65
— août — — 13 65
Amalgamat. Cap... 72 «/» 71 3/8
fer 16 —
CHICAGO. 6 JUIN
r. »r OCTR .. DHEGRi
Blé sur Juillet.... 86 3/4 86 5 8
— Septembre 85 1.& 85 18
Mais sur Juillet.... 70 3 4 69 3 4
— Septembre 67 s/8 67 » s
Saindoux sur. Juillet. .. 40 07 9 97
— Septembre 40 25 40 15
GRAVE ACCIDENT
AU CAMP DE CHALONS
REIMS. — Un grave accident est arrivé an
camp de Cbâlons. Un escadron dn. 16e dra-
gons, après avoir exécute des feux de guerre
sur silhouettes, reçut l’ordre de charger.
Le cavalier Carton ayant henrté un fil
d’acier maintenant un pilône d’aviation, fit
panache avec son cheval.
Le pilône tomba sur un autre soldat nom-
mé Briand, qui fut également renversé sous
sa monture.
Les deux blessés ont été transportés â l’hô-
pitai militaire.
L’état du cavalier Carton est désespéré.
LA
u mniKieLU
IL Desohanel à l'Elysée
Le président de la Répubiiqne ayant prié
le president de la Chambre des députés de
venir conférer avec lui, lui a dit que la crise
s’étant ouverte sans vote parlementaire,
l'élection à la présidence de la Chambre
pouvait paraître une indication et il lui a
demandé s’il consentirait à former an ca-‘-
binet.
M. Deschanel a répondu qu'étant donné le
caractère de l’électron présidentielle tel qn’ii
l’a d fiai, U croit devoir remplir le man-
dat qu’it tient de la confiance de 411 députés
d'opinions diverses. *
Il a ensuite indiqué au président les per-
sonnages politiques auxquels, à son avis, il
pourrait être tait appel.
L’entretien de M. Deschanel a pris fin à
5 h. 1/2.
A ce moment, le président de la Républi-
que a reçu M. Roosevelt, ancien président
des Etats-Unis, qui était accompagné de
l’ambassadeur de cet Etat.
M. Poincaré fait appeler H. Delcassé '
Le président de la Répubiiqne a prié M.
Delcassé de venir s’entretenir avec lui à
l’Elysée, mais celui-ci, un peu souffrant, a
fait annoncer qu'il ne pourrait se rendre au-
près de M. Poincaré dans la soirée.
L’indisposition de M. Delcassé ne présente
aucun caractère de gravité. On croit que M.
Delcasse pourra se rendre ce matin à l’appel
du président.
11 est bien difficile de dire qnel accueil
fera M. Delcassé aux ouvertures du prési-
dent. Les avis, à ce sujet, sont très parta-
gés.
Certains amis de M. Delcassé estimer»
qu’il peut et doit constituer ie nouveau Ca-
binet. Mais M. Delcassé reprendrait-il ia ten-
tative de concentration républicaine que n’a
pu rea»iser M. Viviani ou voudrait-ii consti-
tuer nn cabinet homogène uniquement com-
posé de radicaux non unifiés et de républi-
cains de ganche ?
Dans la première hypothèse, M. Delcassé
se henrteiait aux mêmes difficultés qu’a ren-
contrées M. Viviani.
Il est, personne ne l’igaore, partisan résolu
de la loi de trois ans. Il se refuse à laisser
entretenir dans ie pays l’illusion que l’on
paisse avant longtemps, réduire la durée du
service militaire.
Les radicaux unifiés qai n’ont pas accepté
la formule cependant adoucie de M. Viviani
reculeraient probablement devant celle, au-
trement intransigeante de M. Delcassé.
M. Delcassé voudrait-il éliminer de sa com-
binaison les radicaux unifiés? Une partie de
cenx-ci voteraient sans doute quand même
pour Ini, mais le gros des troupes s’allierait
aux socialistes unifiés et il se formerait ainsi
à la Chambre une minorité républicaine im-
portante.
La situation, on le voit, est loin d’être'
éclaircie.
LA VENGEANCE DU BERGER
ARRAS. — Congédié par son patron, le
berger Corbeau, 30 ans, habitant Wancourt,
a tue de trois coups de revolver la fille de
son maître, Mile Florence Deiambre, âgée de
23 ans.
Le meurtrier a ensuite t^ntô de se suici-
der, mais n’ayant pu se tuer avec son revol-
ver, il s’est pendu.
BOURRASQUE SUR LA MÉDITERRANÉE
MARSEILLE. — Une véritable bourrasque
s’est abattue depuis ce matin sur Marseille,
rendant la circulation difficile ; les bateaux
ont dû doubler leurs amarres. Certains d’en-
tre eux se sont réfugiés dans ie port-abri de
i’Estaque.
| AU MEETING D’AVIATION
DE LONCHAMP
La plus grande part du succès an meeting
d’aviation de Longchamp est revenue à
Chanteloup.
Les épreuves ont donné les résultats sui-
vants :
Cross country : 1® Chanteloup, i3'23” ; 2®
Legagneux. 13 39’’ ; 3® Prévost, i4’i ’ ; 4® D j-
laplane, 18 48" 2/5 ; 5® Chemet, 2i’i9 ’ 2/5 ;
6® Barrault, 22 33”.
Handicap : 1® Prévost, 12’29”4/5 ; 2® Chan-
teloup, 12 44” 3/5 ; 3» Legagneux, 12 52” 3/6;
4° Chemet, 13’3 ’ 4/5.
Au cours dn meeting auquel assistaient les
édiles étrangers, une automobile, d’une va-
leur de 22,000 trancs, qui avait été abandon-
née momentanément sur ia route, a été vo-
lée par di s inconnus.
La police judiciaire a ouvert une enquête. .
ARRESTATION DE L'AGRESSEUR
DU SOLDEUR GAUZY
Mazoyer, l’individu qui blessa Gauzy, a
été arrêté hier après-midi, vers cinq heures,
rue des Yignoles.
Après avoir subi un interrogatoire d’iden-
tite chez M. Corne, juge d’instraction, il a
été écroué à la Santé.
BANDIT PRÉCOCE
LIÈGE. — Hier matin, à huit heures, un
jeune ouvrier de 17 ans, nommé Stroobants,
pénétrait la figure couverte d’un masqno
dans le bureau du caissier des usines de
Selossin où il avait travaillé pendant quelque
temps Sous la menace d’an revolver, il se
faisait alors remettre une somme de huit
mille francs par ie caissier. Poursuivi, le vo-
leur déchargea son arme sur les personnes
qui voulaient l’appréhender mais n’atteignit
aucun des poursuivants. Enfin .terrassé, le,
jeune bandit a été écroué â la prison de
Liège.
CONDAMNATION D’ON INCENDIAIRE
LORIENT. — La Cour d’assises du Morbihan
a condamné à cinq aus de réclusion le nom-
mé Pierre-Marie Guertais, âgé de 48 ans,,
tanneur, conseiller municipal de Fontivy,
convaincu d’incendie volontaire.
Etant en mauvaise situation com merciale,
il avait incendié sa tannerie dans la nuit du
13 au 14 mars dernier. Les dégâts tarent
considérables.
EXPLOSION DE GRISOU
KROMAIITY. — Une explosion de grison s’est
produite hier dans les soutes à charbon du
cuirassé Bellerophon.
Quatre chauffeurs ont été grièvement bles-
sés ; deux ne survivront pas à leurs bles-
sures.
LA QUESTION ALBANAISE
ROME. — On mande de Brindisi à la Tri-
èuna qu’un prince de la famille Bonaparte, •
pressenti par les chefs albanais, aurait fait
comprendre qu’il accepterait la couronne
d’Albanie.
FIN DE GRÈVE
MARSEILLE. — Les métallurgistes en grève
depuis vingt jours, ont décidé hier matin de
reprendre le travail lundi, aux anciennes
conditions.
LE DERBY AÉRIEN ANGLAIS
LONDRES. — Le Derby aérien anglais cons-
tituant un circuit de 95 railles au-dessus de
Londres, a eu lieu hier après-midi.
. C’est l’Américain Brock qui a été proclamé
gagnant de la Coupe du Daily Uni, en
1 h. 18’ Si".
Le 2® estGarr, en 1 b. 48’ 27”.
L’aviatenr français Noël, quoique arrivé
premier, n’a pas été aperçu à deux points dn
virage prescrits par le programme ; il a été,
en conséquence, disqualifie.
Verrier a été proclamé 3« en i h. 49’ 50”.
AU MAROC
TAZA. — Les trois tués de la colonne Bium-
garten dans le dernier engagement sont le
lieutenant Petersen, de la 2® compagnie du.
bataillon Met ; an spahis et dn goumier al-
gérien.
Le commandant Met, de la légion, a été at-
teint aux jambes.
Le caïd Hamed, des Honaran, six légion-
naires, dont an sergent, nn chasseur d'Afri-
que, un spahis, un indigène et deux gou-
miers ont été également blessés.
ACCIDENTS MORTELS D’AUTOMOBILE
DUBINCEN. — Une voiture de course fran-
çaise a dérapé à la vitesse de 80 kilomètres â
l’heure sur la route de Dubingen à Totten-
burg.
Le conducteur a été retrouvé mort sous
les débris de sa voitare.
NANTUA. — M. Jules Reffay, maire de Mer-
nay, minotier à Nurieux (Ain), a été tné
dans an accident d’automooiie survenu près
de Bellegarde-sur-Vaiserine.
ENCORE LA NEIGE
SAINT-ETIENNE. — La température est re-
devenue rigoureuse ; la neige a tombé ce
matin au Bessat et dans toute la région du
mont Pilât.
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