Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-06-06
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 juin 1914 06 juin 1914
Description : 1914/06/06 (A34,N11991). 1914/06/06 (A34,N11991).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1721573
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
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Le Petit Havre
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Questions sociales
L'Assurance contre le
Chômage en Danemark
La question du chômage et de l’organisa-
tion de l’assurance coutre ce fléau, dont
souffre trop fréquemment la classe ouvrière,
est une de celles qui se posent dans tous
les pays et, par suite, donnent lieu dans
tous les pays aussi à des initiatives privées
ou publiques. Il peut être intéressant, par
conséquent, de rechercher quelles ont été
les méthodes employées dans les diverses
régions.
Une élude fort documentée de M. Ivar
Berendi.cn, député, parue dans un des der-
niers numéros de la revue Le Danemark, va
nous permettre aujourd’hui d’étffdier com-
ment fonctionne, dariS' pette monarchie, le
service d’assurances contrôle chômage. * .
L’origine s’eû trouve dans le développe-
ment dés institutions de solidarité ouvriè-
re. Bien avant que les caisses publiques
ne leur aient accordé un sou de subvention,
les ouvriers danois, en effet, : par leurs
caisses d’assistance mutuelle, payaient aux
camarades chômants de fortes indemnités.
Ces caisses d’assistance mutuelle étaient
des annexes des caisses syndicales.
Et ce fut la raison pour laq.uelte une vive
opposition se manifesta dans le pays et dans
le Parlement quand il fut question de faire
soutenir ces caisses par des ; subsides pré-
levés sur le budget de l’Etat: On craignait,
en effet, et même dans les milieux les plus
sympathiques au mouvement ouvrier, que
les syndicats ne soient tentés de se servir
de .ces ressources supplémentaires dans les'
conflits entre le capital et le travail. A
plus forte raison les projets de contribu-
tion de l’Etat étaient-ils vivement combat-
tus par tous les conservateurs, cependant
que, dans les milieux ruraux, op affectait
deregarder ia question du chômage comme
intéressant exclusivement les grandes vil-
les, et on voyait d'un très mauvais oeil la
perspective pour les cqntrib.uabjes ruraux
d’avoir à participer aux secours réservés
aux ouvriers des grandes agglomérations,
riches et industrielles.
Mais une accalmie finit par se produire,
une solution ayant été trouvée. L’adminis-
tration des Caisses de chômage fut confiée
à un directeur-administrateur nommé par
.le roi et à un conseil composé de patrons et
d’ouvriers, et les Caisses furent séparées
des Caisses syndicales. L’allocation de
l’Etat fut fixée à une somme limitée et pro-
portionnelle à la cotisation des ouvriers.
Les municipalités fixaient elles-mêmes la
somme de leur allocation, mais un maxi-
mum fut fixé proportionnellement à la coti-
sation des ouvriers.
Cette loi des Caisses d’assurance contre
le chômage fut votée unanimement par les
deux Chambres (1902). Il fut stipulé qu’une
révision devait avoir lieu en 1912.
Avec une énergie admirable les chefs des
syndicats ouvriers remplirent les cadres
des caisses, leur agitation avait pour but
d’y rallier tout le monde ouvrier même
ceux-là parmi les ouvriers qui ne chôment
presque jamais, même ies ouvriers des ate-
liersde l’Etat,et des municipalités (chemins
de fer, trams électriques, établissements de
gaz. etc.) et ils réussirent si bien qu'en
1911 l’allocation de l’Etat, fixée en 1902 à
400.000 francs par an (250.000 couronnes),
dépassait en 1911 un million (750.000 cou-
ronnes). En cas de chômage extraordinaire,
quand les caisses de chômage soumettent,
leurs membres à une cotisation extraordiV
dinaire, l’Etat votait aussi des allocations-;
extraordinaires.
Mais uu mouvement de réaction se pro-
duisit ; par deux fois, le Sénat refusa l’al-
location extraordinaire ; il y eut des plain-
tes contre le fonctionnement des caisses de.
chômage ; et finalement, quand arriva la
date de la révision prévue, ies discussions i
furent des plus vives au Parlement, notam- !
ment sur les trois points suivants : Conti-
nuerait-on à voter une allocation pour tous
les membres des caisses, ou iutroduirait-on
un maximum de salaire, de sorte que les
ouvriers dont les salaires seraient supé-
rieurs à ce salaire, ne bénéficieraient point
de la subvention de l’Etat ? En deuxième
lieu fixerait-on une fois pour toutes le
chiffre de l’allocation, ou continuerait-on à
le baser proportionnellement à la partici-
pation ouvrière ? Enfin subordonnerait-on
les caisses de chômage aux bureaux de pla-
cement publics, et ce, pour éviter les frau-
des ?
La Chambre arriva bien à réaliser nue
sorte de compromis accepté par tous les
partis, mais le Sénat refusa de le ratifier,
ét ib révision échoua une première fois ;
mais, à is.suite d’une crise ministérielle,
qui amena au pouvoir des hommes animés
de sentiments sincèrement libéraux et dé
mocrates, un texte put enfin être adoptée
par les deux assemblées.
Il maintient le principe de la proportion-
nelle pour l’allocation d’Etat, qui continue*
à être due à tous ies membres des caisses,
qui ne seront pas placées sous le contrôle *
des bureaux de placement.
Ainsi réorganisées et consolidées, les
caisses d’assistance vont pouvoir plus
aisément que dans la première période,
remplir leur rôle social, et fournir aux so-
ciologues et aux juristes des autres pays
d’utiles enseignements et de profitables;
expériences.
F. POLET.
Le Congrès d1 Assistance
Publique et Privée
Voici les voeux adoptés par la section <*'■'**
sistauce générale sur la réforme de la lui
d’assistance aux vieillards infirmes et incu-
rables :
l* Que des peines Sévères et efficaces soient
édictées contre les postulants A l'assistance et
>es personnes qui seraient convaincus de faus déclarations intentionnellement faites pour disse* !
muler leurs ressources: que le jugement de con-
damnation soit affiqfiô dans les emplacements ré-
serrés a cet usage ;
2» Qu’un seivice de contrôle sur place soit ins-
titué par décision ministérielle pour assurer la
pleine application delà toi ;
3* Que les barêmes de la loi du 16 juillet 16031
soient remplacés par ceux des lois du 13 juin et
du 14 juillet 1013.
La section des établissements pnb’ics de
biepfaisance sur le rapport deM. Gopaehon a
Souhaite une collaboration étroite entre les mé-
decins des hôpitaux rt les commissions adminis-
tratives a l’effet de trouver un modus vivendi pour
la rémunération des médecins en ce qui concerna
ies malades payants ; souhaite runirormitè de
méthode pour l’etablissement des budgets, comp-
tes moraux, etc.
Ap ès avoir souhaité nn bon voyage à M.
président Emile Loubet, qui est reparti
ponr Paris, les congressistes ont visité l'asile
d'aliénés, l’orphelinat de la Miséricorde,
l’institution des aveugles et sonrds-mnets et
les ateliers d’aveugies, puis ils se sont réunis
en un grand banquet à Palavas et sont allés
visiter les unités de l’escadre de la Méditer-
ranée, mouillées dans ses eanx.
LA CRISE HISISTËRIELLE
M. Viviani accepte de former le Ministère
C’est seulement hier soir après neuf
heures que M. Viviani a annoncé aux
journalistes qu’il-avait accepté officiel-
ment la mission de Jormer le minis-
tère ; et il a ajouté qu’il ne Jdllait pas
lai jaire dire autre chose, que sans
doute il avait en vue ses principaux
collaborateurs, mais que le cabinet
h'était pas encore constitué.
Nous observerons donc Ict réserve,
que le nouveau président du Conseil
nous recommande et nous attendront
à demain pour parler du ministère;
lorsque les noms de ses membres se-
ront officiellement connus.
La variété des personnalités qui ont
été mises en avant en ces derniers
jours nous engage d’ailleurs à la pru-
dence ; dans ce lot de ministrableS,
dont quelques-uns éminents, il y avait
de quoi jaire tout aussi bien un Cabi-
net modéré qu’un Cabinet avancé.
Cela confirme la souplesse du talent
de M. Viviani'que nous avons signalée
l’autre jour.
MM. Dupuy et Guist’hau n’au-
raient pas déparé un ministère Bar-
lliou ; mais aux dernières nouvelles le
vent souffle, semble-t-il, vers l’extrême ‘.
gauche ; il peut encore tourner et nous (
voulons espérer que M. Viviani star- ’
rêtera enfin à une combinaison d’union
républicaine, nèttement à gauche mais
sans démagogie.
Dans cet esprit nous regrettons le
rejus que M- Léon Bourgeois a dû
opposer à l'offre qui lui était Jaite >■
ç’est après l’acceptation de M. Vi-
viani, le seul fait certain de la soirée ;
ce n’est pas le plus heureux. M. Léon
Bourgeois ajoutait à sa qualité de
chef ■ dit parti radical, . ses vertus
de largeur d’esprit, ses connaissances
des affaires extérieures et son sens
des nécessités nationales ; aussi il au-
rait puêtre non seulement T honneur du
ministère mais aussi son conseil avisé.
Nous verrons demain par qui il aura
été remplacé.
CASPAH-JOHDAN.
Dans las Milieux Parlementaires
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 6 juin.
Hier soir et raêmece matin, lecabinetsem-
blait fait.Cet après-midi.il semble que de mi-
nute en minute tes difficultés grandissent.
Un à nn les principaux dépotés ou sénateurs
pressentis par M. Viviani ponr taire partie de
ia combinaison ministérielle, se retirent tan-
tôt parce qu’ils la trou vent trop avancée, tan-
tôt parce qu’ils la trouvent trop modérée.
Bien que celte nouvelle Chambre n’ait en-
core émis aucun vote sur les questions es-
sentielles à l’ordre dn jour qui sont lé main-
tien de la loi de trois ans et la question fis-
cale, il est visible dès à présent qu'elle est
coupée en deux fractions numériquement
presque égales et qu’il sera bien difficile au
nouveau ministère de subsister.
Dans ies couloirs de la Chambre on disait,
daus la soirée, qu’après les retas de MM.
Bourgeois e( Peytral de faire partie de la
combinaison, M. Viviani demanderait au pré-
sident de la République de choisir un autre
président da Conseil.
Dans cette hypothèse, qui M. Poincaré
chargerait-il dn lourd fardeau ? On met en
avant ie nom de M. Delcassé.
Mais, en ce cas, la majorité serait tout à
fait déplacée et l’ancien bloc marcherait en
rangs serrés contre le nouveau Cabinet.
M. Viviani, qni avait assumé aveo assez
d’ardeur la tâche de prendre en main les
rênes du gouvernement, doit commencer à
se rendre compte que la Chambre que lui a
l^g «r ° edécesseur est bien près d’être
fPv i*.. .. -«te.
T. II.
La Gofiïb&aisott Viviani
La crise ministériellctiX Pas encore reçn
de solution hier. On sait qub M. Viviani avait
désiré avoir la collaboration-ve M. Léon
Bouigeois, auquel il offrait le portefeuille
des affaires étrangères. Des négociation 8 86
sont poursuivies activement jeudi soli*-
hier matin, entra M. Viviani et M. Léoff"
Bourgeois ; mais finalement ce dernier, qui
hésitait beaucoup à rentrer aux affaires, a
donné une iéponse négative fondée en par-
tie sur des raisons politiques — l'applica-
tion sans restrictions de la loi de 3 ans, —
en partie sur des raisons personnelles tirées
de son état de santé.
Il a donc fallu au dernier moment modi-
fier ia combinaison que M. Viviani avait
conçue à l'origine.
) Hier matin M. Viviani a conféré au minis-
tère de l’instruction publique avec MM.
Malvy, Messimy, Gaston Thomson et Non-
iens qu’il a résolu de comprendre dans son
cabinet, puis il s'est rendu chez M. Léon
Bourgeois dont il n’a pu vaincre la résis-
tance, et qni a refusé, comme nous le disons
plu» haut, de se charger du portefeuille des
affaires étrangères.
M. Viviani est allé plusieurs fois dans la ,
matinée à i’Eiysée pjur mettre le président
de la République au courant de set combi-
naisons.
En dernière analyse, voici copiment se
présenterait la combinaison.
M. Viviani se chargerait des affaires étran-
gères qu'il joindrait à la présidence du con-
seil.
H demanderait à M. Emile Cjombes, ancien
président du conseil, de prendre ie porte-
feuille de l’Instruction publique. M. Viviani
a rendu visite à M. Combes à trois heures.
M. Malvy garderait l'intérieur, M. Noulens
céderait la guerre à M. Messimy et prendrait
ies finances.
M. Renoutt quitterait les finances ponr
aller aux travaux publics. M. Kiynaud irait
au commerce ou garderait l'agriculture.
M. Gaston Thomson se chargerait soit du
commerce, soit des colonies.
M. Justin Godart, élu jeudi vice-président
do la Clmnbre, serait ministre du travail.
Le portefeuille de la justice a été offert à
MtJeau Dupuy et celui de la marine à M.
Peytral.
Enfin M.Clémente!, premier vice-président
de la Clmnbre, entrerait dans le Cabinet
comme ministre des colonies ou comme mi-
nistre de l'agriculture.
Sigaàlons toutefois le bruit d’après lequel
M. Peytral ne ferait pas pirtle de la combi-
naison. Le sénateur des Bouches-du-Rhône,
qui n’ac epte, comme M. Léon Bourgeois,
que les trois ans sans restrictions, a en jeudi
une longue entrevae avec M. Viviani, qu'il
n’a pas revu depuis.
Le Cabinet se compléterait par {'institution
de sous-secrétaires d’Etat.
if serait question de faire passer M. Jac-
quier, des beaux-arts au ministère de l’inte-
riedr, et de nommer aux beaux-arts M.
Poasot.
M. Nail irait aux finances, et M. Maurice
Manoury à la guerre.
TRAGIOII PÊCHE AUX HOULES
Surpris par la marée, sur le banc du Ratier, douze
pêcheurs sont assaillis par les lames. — Le bateau
coule. — Quatre personnes se noytnt.
La cité Bricard, si terriblement éprouvée
il y a trois ans par l’affreux accident du 2t
mai 1911, dans lequel six personnes trouvè-
rent la mort en allant taire une partie de
pêche, vient d’è're mise en deuil à nouveau
par une non moins tragique expédition de
pêche qni a fait hier quatre victimes.
Ce douiouieux drame de la mer nous a
été détailté par ceux qui ont connu un af-
freux moment et c’est an milieu d’une poi-
gnante émotion que nous avons recueilli les
renseignements qu'on va lire.
I*re/iFi«'» vie uioulra
On sait que la cité Bricard donne asile à
de nombreux ouvriers qui travaillent sur
les chantiers de construction de la Société
des Forges et Chantiers de la Méditerranée,
mais aussi à toute une flotille de pêcheurs
qui pratiquent leur dur métier dans la biie
de Seine.
Lorsque vient l’été une nouvelle industrie
! apporte son profit dans celte petite colonie :
! ia pêche aux moules.
Il taut aller très loin pour recueillir ces
mollusques en tout état de fraîcheur. On les
trouW en gr.ipde quantité sur les banci de
Festuairs. lorsque la mer s'eslcomplètement
retirée Mii'Syour en assurer le repeuple-
ment, l'administ.-a'lon a, depuis longtemps,
réglementé cette pCu.*10- SR® n est permise
sur ces bancs que pecu5Qt *es m0ls ho mai,
juin, juillet et août-. . ■ .
A cette époque de l’année,-Uv 8 patrons des
barques se composent des équipé 8 iormées
le plus souvent de femmes pour alién a cha-
que marée basse du jour cueillir tes mov)‘°s
sur les rochers uu banc. Ils peuvent ainsi oi.
faire nn commerce assez important et leurs
expéditions régulières vont jusqu’au coeur
de notre département. Ces expéditions se
font de la gara de Graville-Sainte-Honorine,
pnisque ia cité se trouve elle-même sur le
territoire de cette commune.
Chaque jour donc, plusieurs barques quit-
tent la cite pour se rendre le pins souvent
sur le bane du Ratier où les moules sont en
grand nombre et d’excellente qualité.
JLea traStriaès «itc veflusn
Il était neuf heures et demie, hier matin,
lorsque quatre barques quittèrent les rives
de la cité Bricard.
L’Espérance était sous la conduite dn pa-
tron Simonei ; La Fauvette, Au patron Eugène
Elie ; La Berthe, da puron Duba, et la Sainte-
Marguerite, du patron Lefèvre.
Les quatre barques prenaient le large en-
semble pour se rendre sur le tien de pêche.
En cours de route, les pêcheurs qui mon-
taient la Sainte-Marguerite s’aperçurent qu’elle
avait une voie d’eau.
Le patron Lelèvre jugea que dans ces
conditions il avait trop de monde â son
bord. Il bêla L’Espérance et loi demanda de
prendre quatre personnes, afin d’alléger sa
barque.
Les deux embarcations furent bientôt bord
à bord et le transbordement se fit, de sorte
que l'Espérance eut ainsi douze personnes à
bord.
La Sainte-Marguerite, qu’il fallait convoyer,
fut prise à la remorque par La-Fauvette, et
la flattille de pêche fit route jusqu'au banc
sans incident. Eté y abordait vers if heures.
La pêche fut fructueuse, le banc étant très
découvert
Le ciel s’était couvert depuis le matin et le
vent s’était mis à soufflwr assez violemment
du Nord Ouest, s'engouffrant dans l’estuaire.
Lorsque le reflux se produisit, la mer de-
vint moutonneuse. Les lames se mirent à
l’ass.ut du banc. Les pêcheurs, songeant an
retour, regagnèrent leurs embarcations,
fortement lestees par le produit de la pêche.
L'Espérance eut bientôt ses douze person-
nes à bord : le patron Simouel, son matelot
•Robert Trébncien, âgé de 19 ans, puis les
pêcheuses et jeunes pêcheurs : Mmes Elise
Moufray, Soudet, Leboucher, Leroulley,
Michonneau ; René Habert, 15 ans ; Henri
Leroulley, 14 ans ; Marcel Michonneau, 13
ans ; Georges Ti ébucien, 14 ans ; Adrien
Ssbullot, 43 ans.
Ce tetour du flot s'anoonçait mal. Les la-
mes étaient trop fortes pour l’embarcation
qui était à l'ancre le long des roches Soa
patron attendait qu’elle florie convenable-
ment p >ur s'éloigner du banc. Mais l’eau,
au lieu de venir doucement, arrivait par de
longs rouleaux qni s’écrasaient sur la bar-
que, passaient par dessus et s’éparpillaient
en écume sur le sable du banc non recou-
, vert encore.
Bientôt la situation devint intolérable. Les
malheureux étaient trempés et voyaient arri-
ver chaque lame avec effroi car l’embarca-
tion, sous ies coups de ressac, s’inclinait
effroyablement.
Une lame pins violente que les autres
vint alors soulever l’embarcation et U fit
Chavirer sur le banc. La situation devint
tragique. Le patron Simone! sauta des pre-
miers sur le banc. Voyant qu’il n’avait de
l’eau qu’à mi-corps, il cria aux femmes et
aux enfants de l'imiter, p >ur se réfugier sur
le sable SPC. Plusieurs écoutèrent ce sage
conseil, mais au comble de l’émoi, quatre
femmes se j-tèrent à l’eau et s'évanouirent.
AveCvinfiniment de.peine. M. Simouel réus-it
à les tirer l’una après l’autre et les déposa
sur le sable Trois enfants n’avaient pas
voulu se jeter à l’eau par craime de »e
noyer. Ils étaient restés sur la barque bal-
lottée par les lames et poussaient des cris
déchirants.
Le patron Simonel avait lâché l’amarre
qui maintenait la barque à l'ancre. Il espé-
rait pouvoir la tirer à sec, avec le secours
des lames, jusqu’an milieu du banc, pour
remonter à bord au dernier moment si par
hasard leur position critique n’était pas
ape»^ 8 Par quelque autre barque. Mais YEs-
pérar.cê*l*i} devenue la proie des lames Ii
fut imposKfli'Je de la maintenir. Les naufra-
gés avaient vd pion ter l’eau à l’assaut du
barïc. Iis étaient maintenant submerges, et
luttaient avec ies flot» qui leur passaient
par dessus la tê e.
Grimpés autour du mât, deux jeunes en-
fants essay lient de se monter au-dessus de
l’eau et criaient d’une voix déchirante î
a Maman ! Maman I »
ÉPI élffMVrffHI'S
C'est à ce moment suprême qu’arrivèrent
sur tes lieux deux ou trois embatcaiious.
Le patron Eugène Ehe s’èlartt aperçu da
naufrage arrivait UvvcLa-Fauveltetsl recueillit
le patron Simonel, son matelot Robert Tié-
bucien, puis une femme, Mme Michonneau.
Une autre barque du port d’Honfleur, dont
nous n’avons pn connaître que le nom da
brave patron nommé Magloire, recueillait,
de son côté, cinq on six personnes, plus
mortes que vives, et ies emmenait à Ron-
fleur. •
Pendant que ces saoveiages s’effectuaient,
la barque naufragée avait été roulee par les
lames et bientôt ou ne U vit plus. Qu’étaient
devenus les trois enfants qu’on avait aperçus
se cramponnant au mât. Avaient-ils été en-
gloutis, où la barque à’Hunfleur avait-elle
réussi a les atteindre ? Ces enfants étaient
Marcel Michonneau, âgé de 13 ans ; Adrien
Sit>u Ilot, 13 ans et Georges Trébucien, 14 ans.
C’est dans cette crueiie incertitude que le
patron Simonel dut reprendre la route de la
cité Bricard, à bord de la Fauvette. Avec lui
se trouvait une mère éplorée, Mme Michon-
neau, âgée de 43 ans Elle avait en l’angois-
sante vision de son fils accroché au mât, lut-
tant contre ia tempête. Un pressentiment de
l’horrible réalité dut i’élreindre et elle tom-
ba inerte dans ia barque. Malgré tous les
soins dont t'entourèrent ses sau veteurs, l’in-
fortunée rendit le dernier soupir avant que
la barque eut aitt-iot la cité.
Eu y arrivant, le patron Simonel ne put
que donner de vagues renseignements sur
le sauvetage. Il ignorait le nombre de per-
sonnes recueillies par la barque d Ronfleur
et, pas plus que IUI, Eugène Eue ue put cal-
mer l’angoisse dans les familles éplorees. II
fallait attendre ia rentrée des naufragés.
Dernière Heure
PARI8. TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LOiVURES. 5 Juin. Dépêche de 4 h. 30
il ' " " "
>< TON COURS HAUSSB BAISSE
CUIVRE
Comptant. , 161 U/6 -/- ’ 8/-
8 mois !** 168 8/- -/- B/-
ETAIN
Comptant . 1138 8/6 -/- 37/6
3 mois..... trrésuI’ »I40 -/- -/- 40/-
FER
Comptant J caijie 81/8 -/- l y, d
lmois....i 81/6 -/- 8d
Prix comparés aveo ceux de ia deuxième Bourse
lu 4 juin 1)14.
NEW-YORK, 8 JtWN
Cotons i juillet, inchangé ; août, hausse
S points ; octobre, hausse 7 points ; janvier,
hausse 8 points. — Soutenu,
L'aléa i baisse 3 à 8 points.
NEW-YORK. B JUIN
. H ion . 'ucunr
pulvre Standard disp. 13 65 13 65
— août 43 65 43 65
Amalgamas. Cap.. ; 74 3/8 71 5 8
Fer 46 — 45 —
CHICAGO. B JUIN
6. nr .ouft i. »RRRR<
Blé sur Juillet...» 86 5 8 86 7/8
— Septembre 85 1 8 88 1 8
Maïs sur Juillet.... 69 3 1 «V 3 8
— Septembre 67 • » 66 7 8
Saindoux sar. Juillet. .. 9 07 to 07
r: ... 1 Saptembrai 19 45 10 85
LA
CRISE mjSTËULLI
Le Ministère n’est pas encore constitué
M. René Viviani a continué hier après-midi
ses démarches.
MM. Léon Bourgeois et Emile Combes
qu’il avait pressentis en vue de leur entrée
éventuelle dans la combinaison, se sont ré-
cusés.
A 5 heures, M Viviani a en une nouvelle
entrevue avec le président de la République.
A 6 heures, il a réuni au ministère de l’in-
térieur : MM. Bienvenu-Martin, Gauthier,
Milliès-Lacroix, Noulens, Messimy, Malvy,
René Renoua, Fernand David, Thomson,
Raynaud. Godart, Abel Ferry et Ponsot.
A 8 h. 15, M. Viviani s’est absenté du mi-
nistère de l’intérieur pour aller à l’Elysée
annoncer an président de la République
qu’il acceptait officiellement la mission de
constituer le cabinet.
En quittant l’Elysée,M. Viviani est retourné
an ministère de l'intérieur où la conférence
s’est pousuivie jusqu’après neuf heures.
M. Viviani verra aujourd’hui, à midi le
président de la République ; il espère pou-
voir lui communiquer a ce moment la liste
de ses collaborateurs.
La journée d’hier. — Les démarches de
M. Viviani
M. Viviani a accepté officiellement la mis-
sion de constituer ie cabinet.
Voilà le fait important de la journée.
Mais la crise n’est pas complètement dé-
nouée et il a fallu renoncer 4 l’espoir que
l’on avait de voir paraître au Journal Officiel
de ce matin les noms des nouveaux minis-
tres.
M. Viviani a rencontré en effet beaucoup
de difficultés au cours de ses pourparlers et
ces difficultés ont même paru à un moment
telles qu’on s’est demandé s’il n’aliait pas
renoncer à poursuivre ses démarches.
M. Léon Bourgeois avait, on le sait, ajour-
né à hier sa réponse définitive. Les démar-
ches pressantes faites auprès de lui n’ont pn
vaincre la résistance du sénateur de la Mar-
ne. Des raisons de santé ont été invoquées ;
elles n’ont pas été les seules.
M. Bourgeois n’a pn s’entendre complète-
ment avec M. Viviani sur la formule de la
déclaration ministérielle et il a même de-
mandé qu'une note tut communiquée aux
journaux pour piéctser le point du désac-
cord.
M. Emile Combes, lui non plas, n’a pn
donner sou concours. Il a déclare que l’état
de santé de sa femme obligeait celle-ci à s’é-
loigner de Paris pendant quelque temps et
qu’il tenait a l’accompagner.
« Ma femme, a-t-il ajouté en souriant, m’a
menacé du divorce si j'entrais au minis-
tère i »
M. Peytral à qui M. Viviani voulait confier
ie portefeuille do ia marine, s’est également
récusé :
« Je rendrai, dit-il, pins de services au ca-
binet en restant à la'présidence de la com-
mission sénatoriale des finances, à m'em-
ployer à faire voter ies projets financiers
dont elle est saisie, plutôt qu’en prenant ie
ministère de la marine, pour lequel je ne
me sens nullement préparé. »
M. Vi*iani aurait voulu faire entrer dans
sa combinaison M. Clementel pour ie carac-
tère duquel il a une grande estime.
M. Clementel, pour les raisons indiquées
hier, ne tient pas autrement à prendre un
portefeuille. Mais d’autres considérations po-
Iiliques et aussi l’équilibre entré les diffé-
rentes fractions représentées dans le Cabinet
ont pu être invoquées et ont permis à M.
Clementel de reprendre sa liberté.
M. Jean Dupuy enfin, était on des pivots
de la combinaison Viviani et sa présence
permettait à cette combinaison de conserver
son caractère d’union entré les groupements
républicains.
Le sénatenr des Hantes-Pyrénées a estimé
qn’il no pourrait représenter seul dans le
Cabinet l’élément modéré et ii a indiqué que
la présence de M. Ciémentel lai paraissait
indispensable.
A cette présence était subordonnée son
acceptation.
L’accord, en cette circonstance, n’a pu se
faire. C’est à ce moment-que M. Viviani a dû
hésiter pour savoir s’il continuerait ou non
ses démarches.
Sur les conseils qui loi ont été dopnés, les
encouragements qu’il a reç s, M. Viviani n'a
pas abandonné et, à 8 h. 15, ii informait le
president de la République qu’il acceptait
officiellement ia mission de constituer le
Cabinet.
Les Collaborateurs de M. Vivian!
Préa’ablement à cette visite à l’Elysée, M.
Viviani avait réuni an mini-itèie de l'inté-
rieur tes hommes politiques appelés à faire
partie de sa combinaison, soit comme mi-
nistres, soit comme sous-secrétaires d’Etat :
MM. Malvy, Rienvenh-Marlir, Noulens, Mes-
simy, Gauthier, Thomson, Raynaud, Godart,
Rsné Renouit, Jacquier, Ponsot, Maunonry,
C’est au cours de cette réunion que l’on a
décidé de demander à M. Fernand David,
membre du groupe de la gauche radicale,
comme M. Ciémentel, de conserver le porte-
feuille des travaux publics.
M. Fernand David, mandé aussitôt, a don-
né son acceptation.
M. Bieuvcnu-Marün devait être ministre
de l'instruction publique an début de la
réuniou ; iLest devenu ministre de la jus-
tice après le refus de M. Jean Dupuy et M.
René Reuoult qui, une heure pins tôt, ailait
au ministère des travaux publics, prenait ie
ministère de l’instrnciion publique.
Les colonies n’avaient pas de titulaire ; ii
fallait un sénateur.
Oa hésitait entre MM. Mllliès-Laoroix et
Chantemps. Tous deux tarent même appe-
lés au ministère de l’intérieur, mais finale-
ment, M. MiUiès-Lacroix devenait ministre
des colonies.
La réunion prit fia nn peu après nenf
heures.
M. Viviani, interrogé par les journalistes,
à sa sortie du ministère, a dit :
a J'ai informé le président de ia Républi-
que que j'acceptais de former le cabinet. C’est
tout. Ne me faites pas dire autre ebose. II ue
taut pas qu’il y ait d’équivoque. Le cabinet
n’est pas encore constitué. J’ai éprouvé au-
jourd’hui beaucoup de d fficaités, subi des
r'-fus. Aucune répartition de portefeuilles
n’est encore faite. La liste exacte de mes
collaborateurs n’est même pas encore arrê-
tée. Je pense aboutir demain. Je vous ren-
voie à demain midi. »
Il se pent que des modifications soient
encore apportées à la liste arrêtée par M.
Viviani tant ique les décrets n'om pas para
au Journal Officiel. Il convient donc de n être
pr-s trop affirmatif.
Ii y a beaucoup de chances cependant pour
que la lisoe ci-dessous, officieuse hier soir,
devienne officielle demain.
Une L:ste officieuse de Ministres
Présidence dn Conseil et Affaires étrangè-
res, M. Viviani; Justice, AI. Bienvenu-Martin ;
Finances. M. Noulens ; Intérieur, M. Malvy ;
Guerre, M. ’ALssimy ; Marine, M. Gauthier ;
Instruction publique, M. René Renouit ; Tra-
vaux publics, M. Fernand David ; Commer-
ce, M. Thomson ; Agriculture, M. Rtynaud ;
Travail, M. Godart ; Colonies, M. Milhès La-
croix.
sous-secrétariats d’Etat : affaires étran-
gères* M. Abel Ferry ; beaux-arts, M. Ponsot ;
intérieur, M. Jacquier ; -guerre, M. Maunoury,
Il est possible que M. Ajam conserve le
sous-secrétariat d'Etat de la marine mar-
chande. La question n’est pas encore tran-
chée.
A l’heure actuelle; il n'y a que quatre
sous-secrétariats d'Etat ; il y en aura cinq
avec la création d’un sous-secrétariat des
affaires étrangères, ce qui entraînerait une
demande do crédits supolémentaires que
l’on veut éviter
M. Viviani ci M. Jean Dupuy
Dans la soirée, M. Viviani a eu une nou-
velle conversation avec M. Jean Dupuy. A la
suite de cette conversation a été com-
muniquée à l'Agence Havas une note indi-
quant que M. Jean Dupuy restait à la dispo-
sition de M. Viviani.
Cette note a une réelle importance étant
donnés les incidents de la journée et les ré-
solutions prises au cours de la réunion du
ministère de l'intérieur, réunion à laque,.e
n’assistiit pas M. Jean Dupuy.
Doit-on considérer maintenant comme
pi subie la rentrée deM. Jean Dupuy dans
la combinaison ?
L’axe politique de celle-ci,, en serait évi-
demment modifié, mais nous croyons qu'il
faut sur ce point être extrêmement circons-
pect. Une nouvelle modification de la liste
arrêtée dans ia soirée ne se produira évidem-
ment pas sans quelques comn'icaiions ;
aussi convient-il d’at'eadre les événements
et de réserver lont pronostic
M- Viviani réunira aujourd’hui à onz» heu-
res du matin ses i a tors col abnrateurs, et
c’est à ce moment que la crise sera dévouée
ou que M. Viviani rendra ses pouvoirs au
chef de l’Etat.
I i Ol
L’ACCIDENT D’AVIATION De DIJON
DUON. — Suivant de nouveaux renseigne-
ments sur l’accident d’aviation qui s’est pro-
duit sur la lisière da bois de Montial, le
lieutenant Adam Giroone, en passant an
dessus de Val-S zon, à une hauteur de 708
mètres, se trouva soudain en plein brouil-
lard.
On pense que i’aviatenr voulut descendre
pour se rendre compte de l’endroit où il se
trouvait. C’est alors qu’il entra à une vitesse
de 120 kilomètres à l’heure sur les arbres,
ue qui provoqua une chute terrible.
L’officier fut pris sous son appareil com-
plètement détruit.
Le mécanicien Ronx, qui l’accorop'gnait,
eut ia poitrine défoncée et, comme ioidcier»
mourut sur ie coup.
Adminiilralrtif- Délégué - Gérant
O. RANDOLET
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35, Rue Fontanelle, 35
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|j On s'abonne également, SAHS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de Franee ‘
Questions sociales
L'Assurance contre le
Chômage en Danemark
La question du chômage et de l’organisa-
tion de l’assurance coutre ce fléau, dont
souffre trop fréquemment la classe ouvrière,
est une de celles qui se posent dans tous
les pays et, par suite, donnent lieu dans
tous les pays aussi à des initiatives privées
ou publiques. Il peut être intéressant, par
conséquent, de rechercher quelles ont été
les méthodes employées dans les diverses
régions.
Une élude fort documentée de M. Ivar
Berendi.cn, député, parue dans un des der-
niers numéros de la revue Le Danemark, va
nous permettre aujourd’hui d’étffdier com-
ment fonctionne, dariS' pette monarchie, le
service d’assurances contrôle chômage. * .
L’origine s’eû trouve dans le développe-
ment dés institutions de solidarité ouvriè-
re. Bien avant que les caisses publiques
ne leur aient accordé un sou de subvention,
les ouvriers danois, en effet, : par leurs
caisses d’assistance mutuelle, payaient aux
camarades chômants de fortes indemnités.
Ces caisses d’assistance mutuelle étaient
des annexes des caisses syndicales.
Et ce fut la raison pour laq.uelte une vive
opposition se manifesta dans le pays et dans
le Parlement quand il fut question de faire
soutenir ces caisses par des ; subsides pré-
levés sur le budget de l’Etat: On craignait,
en effet, et même dans les milieux les plus
sympathiques au mouvement ouvrier, que
les syndicats ne soient tentés de se servir
de .ces ressources supplémentaires dans les'
conflits entre le capital et le travail. A
plus forte raison les projets de contribu-
tion de l’Etat étaient-ils vivement combat-
tus par tous les conservateurs, cependant
que, dans les milieux ruraux, op affectait
deregarder ia question du chômage comme
intéressant exclusivement les grandes vil-
les, et on voyait d'un très mauvais oeil la
perspective pour les cqntrib.uabjes ruraux
d’avoir à participer aux secours réservés
aux ouvriers des grandes agglomérations,
riches et industrielles.
Mais une accalmie finit par se produire,
une solution ayant été trouvée. L’adminis-
tration des Caisses de chômage fut confiée
à un directeur-administrateur nommé par
.le roi et à un conseil composé de patrons et
d’ouvriers, et les Caisses furent séparées
des Caisses syndicales. L’allocation de
l’Etat fut fixée à une somme limitée et pro-
portionnelle à la cotisation des ouvriers.
Les municipalités fixaient elles-mêmes la
somme de leur allocation, mais un maxi-
mum fut fixé proportionnellement à la coti-
sation des ouvriers.
Cette loi des Caisses d’assurance contre
le chômage fut votée unanimement par les
deux Chambres (1902). Il fut stipulé qu’une
révision devait avoir lieu en 1912.
Avec une énergie admirable les chefs des
syndicats ouvriers remplirent les cadres
des caisses, leur agitation avait pour but
d’y rallier tout le monde ouvrier même
ceux-là parmi les ouvriers qui ne chôment
presque jamais, même ies ouvriers des ate-
liersde l’Etat,et des municipalités (chemins
de fer, trams électriques, établissements de
gaz. etc.) et ils réussirent si bien qu'en
1911 l’allocation de l’Etat, fixée en 1902 à
400.000 francs par an (250.000 couronnes),
dépassait en 1911 un million (750.000 cou-
ronnes). En cas de chômage extraordinaire,
quand les caisses de chômage soumettent,
leurs membres à une cotisation extraordiV
dinaire, l’Etat votait aussi des allocations-;
extraordinaires.
Mais uu mouvement de réaction se pro-
duisit ; par deux fois, le Sénat refusa l’al-
location extraordinaire ; il y eut des plain-
tes contre le fonctionnement des caisses de.
chômage ; et finalement, quand arriva la
date de la révision prévue, ies discussions i
furent des plus vives au Parlement, notam- !
ment sur les trois points suivants : Conti-
nuerait-on à voter une allocation pour tous
les membres des caisses, ou iutroduirait-on
un maximum de salaire, de sorte que les
ouvriers dont les salaires seraient supé-
rieurs à ce salaire, ne bénéficieraient point
de la subvention de l’Etat ? En deuxième
lieu fixerait-on une fois pour toutes le
chiffre de l’allocation, ou continuerait-on à
le baser proportionnellement à la partici-
pation ouvrière ? Enfin subordonnerait-on
les caisses de chômage aux bureaux de pla-
cement publics, et ce, pour éviter les frau-
des ?
La Chambre arriva bien à réaliser nue
sorte de compromis accepté par tous les
partis, mais le Sénat refusa de le ratifier,
ét ib révision échoua une première fois ;
mais, à is.suite d’une crise ministérielle,
qui amena au pouvoir des hommes animés
de sentiments sincèrement libéraux et dé
mocrates, un texte put enfin être adoptée
par les deux assemblées.
Il maintient le principe de la proportion-
nelle pour l’allocation d’Etat, qui continue*
à être due à tous ies membres des caisses,
qui ne seront pas placées sous le contrôle *
des bureaux de placement.
Ainsi réorganisées et consolidées, les
caisses d’assistance vont pouvoir plus
aisément que dans la première période,
remplir leur rôle social, et fournir aux so-
ciologues et aux juristes des autres pays
d’utiles enseignements et de profitables;
expériences.
F. POLET.
Le Congrès d1 Assistance
Publique et Privée
Voici les voeux adoptés par la section <*'■'**
sistauce générale sur la réforme de la lui
d’assistance aux vieillards infirmes et incu-
rables :
l* Que des peines Sévères et efficaces soient
édictées contre les postulants A l'assistance et
>es personnes qui seraient convaincus de faus
muler leurs ressources: que le jugement de con-
damnation soit affiqfiô dans les emplacements ré-
serrés a cet usage ;
2» Qu’un seivice de contrôle sur place soit ins-
titué par décision ministérielle pour assurer la
pleine application delà toi ;
3* Que les barêmes de la loi du 16 juillet 16031
soient remplacés par ceux des lois du 13 juin et
du 14 juillet 1013.
La section des établissements pnb’ics de
biepfaisance sur le rapport deM. Gopaehon a
Souhaite une collaboration étroite entre les mé-
decins des hôpitaux rt les commissions adminis-
tratives a l’effet de trouver un modus vivendi pour
la rémunération des médecins en ce qui concerna
ies malades payants ; souhaite runirormitè de
méthode pour l’etablissement des budgets, comp-
tes moraux, etc.
Ap ès avoir souhaité nn bon voyage à M.
président Emile Loubet, qui est reparti
ponr Paris, les congressistes ont visité l'asile
d'aliénés, l’orphelinat de la Miséricorde,
l’institution des aveugles et sonrds-mnets et
les ateliers d’aveugies, puis ils se sont réunis
en un grand banquet à Palavas et sont allés
visiter les unités de l’escadre de la Méditer-
ranée, mouillées dans ses eanx.
LA CRISE HISISTËRIELLE
M. Viviani accepte de former le Ministère
C’est seulement hier soir après neuf
heures que M. Viviani a annoncé aux
journalistes qu’il-avait accepté officiel-
ment la mission de Jormer le minis-
tère ; et il a ajouté qu’il ne Jdllait pas
lai jaire dire autre chose, que sans
doute il avait en vue ses principaux
collaborateurs, mais que le cabinet
h'était pas encore constitué.
Nous observerons donc Ict réserve,
que le nouveau président du Conseil
nous recommande et nous attendront
à demain pour parler du ministère;
lorsque les noms de ses membres se-
ront officiellement connus.
La variété des personnalités qui ont
été mises en avant en ces derniers
jours nous engage d’ailleurs à la pru-
dence ; dans ce lot de ministrableS,
dont quelques-uns éminents, il y avait
de quoi jaire tout aussi bien un Cabi-
net modéré qu’un Cabinet avancé.
Cela confirme la souplesse du talent
de M. Viviani'que nous avons signalée
l’autre jour.
MM. Dupuy et Guist’hau n’au-
raient pas déparé un ministère Bar-
lliou ; mais aux dernières nouvelles le
vent souffle, semble-t-il, vers l’extrême ‘.
gauche ; il peut encore tourner et nous (
voulons espérer que M. Viviani star- ’
rêtera enfin à une combinaison d’union
républicaine, nèttement à gauche mais
sans démagogie.
Dans cet esprit nous regrettons le
rejus que M- Léon Bourgeois a dû
opposer à l'offre qui lui était Jaite >■
ç’est après l’acceptation de M. Vi-
viani, le seul fait certain de la soirée ;
ce n’est pas le plus heureux. M. Léon
Bourgeois ajoutait à sa qualité de
chef ■ dit parti radical, . ses vertus
de largeur d’esprit, ses connaissances
des affaires extérieures et son sens
des nécessités nationales ; aussi il au-
rait puêtre non seulement T honneur du
ministère mais aussi son conseil avisé.
Nous verrons demain par qui il aura
été remplacé.
CASPAH-JOHDAN.
Dans las Milieux Parlementaires
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 6 juin.
Hier soir et raêmece matin, lecabinetsem-
blait fait.Cet après-midi.il semble que de mi-
nute en minute tes difficultés grandissent.
Un à nn les principaux dépotés ou sénateurs
pressentis par M. Viviani ponr taire partie de
ia combinaison ministérielle, se retirent tan-
tôt parce qu’ils la trou vent trop avancée, tan-
tôt parce qu’ils la trouvent trop modérée.
Bien que celte nouvelle Chambre n’ait en-
core émis aucun vote sur les questions es-
sentielles à l’ordre dn jour qui sont lé main-
tien de la loi de trois ans et la question fis-
cale, il est visible dès à présent qu'elle est
coupée en deux fractions numériquement
presque égales et qu’il sera bien difficile au
nouveau ministère de subsister.
Dans ies couloirs de la Chambre on disait,
daus la soirée, qu’après les retas de MM.
Bourgeois e( Peytral de faire partie de la
combinaison, M. Viviani demanderait au pré-
sident de la République de choisir un autre
président da Conseil.
Dans cette hypothèse, qui M. Poincaré
chargerait-il dn lourd fardeau ? On met en
avant ie nom de M. Delcassé.
Mais, en ce cas, la majorité serait tout à
fait déplacée et l’ancien bloc marcherait en
rangs serrés contre le nouveau Cabinet.
M. Viviani, qni avait assumé aveo assez
d’ardeur la tâche de prendre en main les
rênes du gouvernement, doit commencer à
se rendre compte que la Chambre que lui a
l^g «r ° edécesseur est bien près d’être
fPv i*.. .. -«te.
T. II.
La Gofiïb&aisott Viviani
La crise ministériellctiX Pas encore reçn
de solution hier. On sait qub M. Viviani avait
désiré avoir la collaboration-ve M. Léon
Bouigeois, auquel il offrait le portefeuille
des affaires étrangères. Des négociation 8 86
sont poursuivies activement jeudi soli*-
hier matin, entra M. Viviani et M. Léoff"
Bourgeois ; mais finalement ce dernier, qui
hésitait beaucoup à rentrer aux affaires, a
donné une iéponse négative fondée en par-
tie sur des raisons politiques — l'applica-
tion sans restrictions de la loi de 3 ans, —
en partie sur des raisons personnelles tirées
de son état de santé.
Il a donc fallu au dernier moment modi-
fier ia combinaison que M. Viviani avait
conçue à l'origine.
) Hier matin M. Viviani a conféré au minis-
tère de l’instruction publique avec MM.
Malvy, Messimy, Gaston Thomson et Non-
iens qu’il a résolu de comprendre dans son
cabinet, puis il s'est rendu chez M. Léon
Bourgeois dont il n’a pu vaincre la résis-
tance, et qni a refusé, comme nous le disons
plu» haut, de se charger du portefeuille des
affaires étrangères.
M. Viviani est allé plusieurs fois dans la ,
matinée à i’Eiysée pjur mettre le président
de la République au courant de set combi-
naisons.
En dernière analyse, voici copiment se
présenterait la combinaison.
M. Viviani se chargerait des affaires étran-
gères qu'il joindrait à la présidence du con-
seil.
H demanderait à M. Emile Cjombes, ancien
président du conseil, de prendre ie porte-
feuille de l’Instruction publique. M. Viviani
a rendu visite à M. Combes à trois heures.
M. Malvy garderait l'intérieur, M. Noulens
céderait la guerre à M. Messimy et prendrait
ies finances.
M. Renoutt quitterait les finances ponr
aller aux travaux publics. M. Kiynaud irait
au commerce ou garderait l'agriculture.
M. Gaston Thomson se chargerait soit du
commerce, soit des colonies.
M. Justin Godart, élu jeudi vice-président
do la Clmnbre, serait ministre du travail.
Le portefeuille de la justice a été offert à
MtJeau Dupuy et celui de la marine à M.
Peytral.
Enfin M.Clémente!, premier vice-président
de la Clmnbre, entrerait dans le Cabinet
comme ministre des colonies ou comme mi-
nistre de l'agriculture.
Sigaàlons toutefois le bruit d’après lequel
M. Peytral ne ferait pas pirtle de la combi-
naison. Le sénateur des Bouches-du-Rhône,
qui n’ac epte, comme M. Léon Bourgeois,
que les trois ans sans restrictions, a en jeudi
une longue entrevae avec M. Viviani, qu'il
n’a pas revu depuis.
Le Cabinet se compléterait par {'institution
de sous-secrétaires d’Etat.
if serait question de faire passer M. Jac-
quier, des beaux-arts au ministère de l’inte-
riedr, et de nommer aux beaux-arts M.
Poasot.
M. Nail irait aux finances, et M. Maurice
Manoury à la guerre.
TRAGIOII PÊCHE AUX HOULES
Surpris par la marée, sur le banc du Ratier, douze
pêcheurs sont assaillis par les lames. — Le bateau
coule. — Quatre personnes se noytnt.
La cité Bricard, si terriblement éprouvée
il y a trois ans par l’affreux accident du 2t
mai 1911, dans lequel six personnes trouvè-
rent la mort en allant taire une partie de
pêche, vient d’è're mise en deuil à nouveau
par une non moins tragique expédition de
pêche qni a fait hier quatre victimes.
Ce douiouieux drame de la mer nous a
été détailté par ceux qui ont connu un af-
freux moment et c’est an milieu d’une poi-
gnante émotion que nous avons recueilli les
renseignements qu'on va lire.
I*re/iFi«'» vie uioulra
On sait que la cité Bricard donne asile à
de nombreux ouvriers qui travaillent sur
les chantiers de construction de la Société
des Forges et Chantiers de la Méditerranée,
mais aussi à toute une flotille de pêcheurs
qui pratiquent leur dur métier dans la biie
de Seine.
Lorsque vient l’été une nouvelle industrie
! apporte son profit dans celte petite colonie :
! ia pêche aux moules.
Il taut aller très loin pour recueillir ces
mollusques en tout état de fraîcheur. On les
trouW en gr.ipde quantité sur les banci de
Festuairs. lorsque la mer s'eslcomplètement
retirée Mii'Syour en assurer le repeuple-
ment, l'administ.-a'lon a, depuis longtemps,
réglementé cette pCu.*10- SR® n est permise
sur ces bancs que pecu5Qt *es m0ls ho mai,
juin, juillet et août-. . ■ .
A cette époque de l’année,-Uv 8 patrons des
barques se composent des équipé 8 iormées
le plus souvent de femmes pour alién a cha-
que marée basse du jour cueillir tes mov)‘°s
sur les rochers uu banc. Ils peuvent ainsi oi.
faire nn commerce assez important et leurs
expéditions régulières vont jusqu’au coeur
de notre département. Ces expéditions se
font de la gara de Graville-Sainte-Honorine,
pnisque ia cité se trouve elle-même sur le
territoire de cette commune.
Chaque jour donc, plusieurs barques quit-
tent la cite pour se rendre le pins souvent
sur le bane du Ratier où les moules sont en
grand nombre et d’excellente qualité.
JLea traStriaès «itc veflusn
Il était neuf heures et demie, hier matin,
lorsque quatre barques quittèrent les rives
de la cité Bricard.
L’Espérance était sous la conduite dn pa-
tron Simonei ; La Fauvette, Au patron Eugène
Elie ; La Berthe, da puron Duba, et la Sainte-
Marguerite, du patron Lefèvre.
Les quatre barques prenaient le large en-
semble pour se rendre sur le tien de pêche.
En cours de route, les pêcheurs qui mon-
taient la Sainte-Marguerite s’aperçurent qu’elle
avait une voie d’eau.
Le patron Lelèvre jugea que dans ces
conditions il avait trop de monde â son
bord. Il bêla L’Espérance et loi demanda de
prendre quatre personnes, afin d’alléger sa
barque.
Les deux embarcations furent bientôt bord
à bord et le transbordement se fit, de sorte
que l'Espérance eut ainsi douze personnes à
bord.
La Sainte-Marguerite, qu’il fallait convoyer,
fut prise à la remorque par La-Fauvette, et
la flattille de pêche fit route jusqu'au banc
sans incident. Eté y abordait vers if heures.
La pêche fut fructueuse, le banc étant très
découvert
Le ciel s’était couvert depuis le matin et le
vent s’était mis à soufflwr assez violemment
du Nord Ouest, s'engouffrant dans l’estuaire.
Lorsque le reflux se produisit, la mer de-
vint moutonneuse. Les lames se mirent à
l’ass.ut du banc. Les pêcheurs, songeant an
retour, regagnèrent leurs embarcations,
fortement lestees par le produit de la pêche.
L'Espérance eut bientôt ses douze person-
nes à bord : le patron Simouel, son matelot
•Robert Trébncien, âgé de 19 ans, puis les
pêcheuses et jeunes pêcheurs : Mmes Elise
Moufray, Soudet, Leboucher, Leroulley,
Michonneau ; René Habert, 15 ans ; Henri
Leroulley, 14 ans ; Marcel Michonneau, 13
ans ; Georges Ti ébucien, 14 ans ; Adrien
Ssbullot, 43 ans.
Ce tetour du flot s'anoonçait mal. Les la-
mes étaient trop fortes pour l’embarcation
qui était à l'ancre le long des roches Soa
patron attendait qu’elle florie convenable-
ment p >ur s'éloigner du banc. Mais l’eau,
au lieu de venir doucement, arrivait par de
longs rouleaux qni s’écrasaient sur la bar-
que, passaient par dessus et s’éparpillaient
en écume sur le sable du banc non recou-
, vert encore.
Bientôt la situation devint intolérable. Les
malheureux étaient trempés et voyaient arri-
ver chaque lame avec effroi car l’embarca-
tion, sous ies coups de ressac, s’inclinait
effroyablement.
Une lame pins violente que les autres
vint alors soulever l’embarcation et U fit
Chavirer sur le banc. La situation devint
tragique. Le patron Simone! sauta des pre-
miers sur le banc. Voyant qu’il n’avait de
l’eau qu’à mi-corps, il cria aux femmes et
aux enfants de l'imiter, p >ur se réfugier sur
le sable SPC. Plusieurs écoutèrent ce sage
conseil, mais au comble de l’émoi, quatre
femmes se j-tèrent à l’eau et s'évanouirent.
AveCvinfiniment de.peine. M. Simouel réus-it
à les tirer l’una après l’autre et les déposa
sur le sable Trois enfants n’avaient pas
voulu se jeter à l’eau par craime de »e
noyer. Ils étaient restés sur la barque bal-
lottée par les lames et poussaient des cris
déchirants.
Le patron Simonel avait lâché l’amarre
qui maintenait la barque à l'ancre. Il espé-
rait pouvoir la tirer à sec, avec le secours
des lames, jusqu’an milieu du banc, pour
remonter à bord au dernier moment si par
hasard leur position critique n’était pas
ape»^ 8 Par quelque autre barque. Mais YEs-
pérar.cê*l*i} devenue la proie des lames Ii
fut imposKfli'Je de la maintenir. Les naufra-
gés avaient vd pion ter l’eau à l’assaut du
barïc. Iis étaient maintenant submerges, et
luttaient avec ies flot» qui leur passaient
par dessus la tê e.
Grimpés autour du mât, deux jeunes en-
fants essay lient de se monter au-dessus de
l’eau et criaient d’une voix déchirante î
a Maman ! Maman I »
ÉPI élffMVrffHI'S
C'est à ce moment suprême qu’arrivèrent
sur tes lieux deux ou trois embatcaiious.
Le patron Eugène Ehe s’èlartt aperçu da
naufrage arrivait UvvcLa-Fauveltetsl recueillit
le patron Simonel, son matelot Robert Tié-
bucien, puis une femme, Mme Michonneau.
Une autre barque du port d’Honfleur, dont
nous n’avons pn connaître que le nom da
brave patron nommé Magloire, recueillait,
de son côté, cinq on six personnes, plus
mortes que vives, et ies emmenait à Ron-
fleur. •
Pendant que ces saoveiages s’effectuaient,
la barque naufragée avait été roulee par les
lames et bientôt ou ne U vit plus. Qu’étaient
devenus les trois enfants qu’on avait aperçus
se cramponnant au mât. Avaient-ils été en-
gloutis, où la barque à’Hunfleur avait-elle
réussi a les atteindre ? Ces enfants étaient
Marcel Michonneau, âgé de 13 ans ; Adrien
Sit>u Ilot, 13 ans et Georges Trébucien, 14 ans.
C’est dans cette crueiie incertitude que le
patron Simonel dut reprendre la route de la
cité Bricard, à bord de la Fauvette. Avec lui
se trouvait une mère éplorée, Mme Michon-
neau, âgée de 43 ans Elle avait en l’angois-
sante vision de son fils accroché au mât, lut-
tant contre ia tempête. Un pressentiment de
l’horrible réalité dut i’élreindre et elle tom-
ba inerte dans ia barque. Malgré tous les
soins dont t'entourèrent ses sau veteurs, l’in-
fortunée rendit le dernier soupir avant que
la barque eut aitt-iot la cité.
Eu y arrivant, le patron Simonel ne put
que donner de vagues renseignements sur
le sauvetage. Il ignorait le nombre de per-
sonnes recueillies par la barque d Ronfleur
et, pas plus que IUI, Eugène Eue ue put cal-
mer l’angoisse dans les familles éplorees. II
fallait attendre ia rentrée des naufragés.
Dernière Heure
PARI8. TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LOiVURES. 5 Juin. Dépêche de 4 h. 30
il ' " " "
>< TON COURS HAUSSB BAISSE
CUIVRE
Comptant. , 161 U/6 -/- ’ 8/-
8 mois !** 168 8/- -/- B/-
ETAIN
Comptant . 1138 8/6 -/- 37/6
3 mois..... trrésuI’ »I40 -/- -/- 40/-
FER
Comptant J caijie 81/8 -/- l y, d
lmois....i 81/6 -/- 8d
Prix comparés aveo ceux de ia deuxième Bourse
lu 4 juin 1)14.
NEW-YORK, 8 JtWN
Cotons i juillet, inchangé ; août, hausse
S points ; octobre, hausse 7 points ; janvier,
hausse 8 points. — Soutenu,
L'aléa i baisse 3 à 8 points.
NEW-YORK. B JUIN
. H ion . 'ucunr
pulvre Standard disp. 13 65 13 65
— août 43 65 43 65
Amalgamas. Cap.. ; 74 3/8 71 5 8
Fer 46 — 45 —
CHICAGO. B JUIN
6. nr .ouft i. »RRRR<
Blé sur Juillet...» 86 5 8 86 7/8
— Septembre 85 1 8 88 1 8
Maïs sur Juillet.... 69 3 1 «V 3 8
— Septembre 67 • » 66 7 8
Saindoux sar. Juillet. .. 9 07 to 07
r: ... 1 Saptembrai 19 45 10 85
LA
CRISE mjSTËULLI
Le Ministère n’est pas encore constitué
M. René Viviani a continué hier après-midi
ses démarches.
MM. Léon Bourgeois et Emile Combes
qu’il avait pressentis en vue de leur entrée
éventuelle dans la combinaison, se sont ré-
cusés.
A 5 heures, M Viviani a en une nouvelle
entrevue avec le président de la République.
A 6 heures, il a réuni au ministère de l’in-
térieur : MM. Bienvenu-Martin, Gauthier,
Milliès-Lacroix, Noulens, Messimy, Malvy,
René Renoua, Fernand David, Thomson,
Raynaud. Godart, Abel Ferry et Ponsot.
A 8 h. 15, M. Viviani s’est absenté du mi-
nistère de l’intérieur pour aller à l’Elysée
annoncer an président de la République
qu’il acceptait officiellement la mission de
constituer le cabinet.
En quittant l’Elysée,M. Viviani est retourné
an ministère de l'intérieur où la conférence
s’est pousuivie jusqu’après neuf heures.
M. Viviani verra aujourd’hui, à midi le
président de la République ; il espère pou-
voir lui communiquer a ce moment la liste
de ses collaborateurs.
La journée d’hier. — Les démarches de
M. Viviani
M. Viviani a accepté officiellement la mis-
sion de constituer ie cabinet.
Voilà le fait important de la journée.
Mais la crise n’est pas complètement dé-
nouée et il a fallu renoncer 4 l’espoir que
l’on avait de voir paraître au Journal Officiel
de ce matin les noms des nouveaux minis-
tres.
M. Viviani a rencontré en effet beaucoup
de difficultés au cours de ses pourparlers et
ces difficultés ont même paru à un moment
telles qu’on s’est demandé s’il n’aliait pas
renoncer à poursuivre ses démarches.
M. Léon Bourgeois avait, on le sait, ajour-
né à hier sa réponse définitive. Les démar-
ches pressantes faites auprès de lui n’ont pn
vaincre la résistance du sénateur de la Mar-
ne. Des raisons de santé ont été invoquées ;
elles n’ont pas été les seules.
M. Bourgeois n’a pn s’entendre complète-
ment avec M. Viviani sur la formule de la
déclaration ministérielle et il a même de-
mandé qu'une note tut communiquée aux
journaux pour piéctser le point du désac-
cord.
M. Emile Combes, lui non plas, n’a pn
donner sou concours. Il a déclare que l’état
de santé de sa femme obligeait celle-ci à s’é-
loigner de Paris pendant quelque temps et
qu’il tenait a l’accompagner.
« Ma femme, a-t-il ajouté en souriant, m’a
menacé du divorce si j'entrais au minis-
tère i »
M. Peytral à qui M. Viviani voulait confier
ie portefeuille do ia marine, s’est également
récusé :
« Je rendrai, dit-il, pins de services au ca-
binet en restant à la'présidence de la com-
mission sénatoriale des finances, à m'em-
ployer à faire voter ies projets financiers
dont elle est saisie, plutôt qu’en prenant ie
ministère de la marine, pour lequel je ne
me sens nullement préparé. »
M. Vi*iani aurait voulu faire entrer dans
sa combinaison M. Clementel pour ie carac-
tère duquel il a une grande estime.
M. Clementel, pour les raisons indiquées
hier, ne tient pas autrement à prendre un
portefeuille. Mais d’autres considérations po-
Iiliques et aussi l’équilibre entré les diffé-
rentes fractions représentées dans le Cabinet
ont pu être invoquées et ont permis à M.
Clementel de reprendre sa liberté.
M. Jean Dupuy enfin, était on des pivots
de la combinaison Viviani et sa présence
permettait à cette combinaison de conserver
son caractère d’union entré les groupements
républicains.
Le sénatenr des Hantes-Pyrénées a estimé
qn’il no pourrait représenter seul dans le
Cabinet l’élément modéré et ii a indiqué que
la présence de M. Ciémentel lai paraissait
indispensable.
A cette présence était subordonnée son
acceptation.
L’accord, en cette circonstance, n’a pu se
faire. C’est à ce moment-que M. Viviani a dû
hésiter pour savoir s’il continuerait ou non
ses démarches.
Sur les conseils qui loi ont été dopnés, les
encouragements qu’il a reç s, M. Viviani n'a
pas abandonné et, à 8 h. 15, ii informait le
president de la République qu’il acceptait
officiellement ia mission de constituer le
Cabinet.
Les Collaborateurs de M. Vivian!
Préa’ablement à cette visite à l’Elysée, M.
Viviani avait réuni an mini-itèie de l'inté-
rieur tes hommes politiques appelés à faire
partie de sa combinaison, soit comme mi-
nistres, soit comme sous-secrétaires d’Etat :
MM. Malvy, Rienvenh-Marlir, Noulens, Mes-
simy, Gauthier, Thomson, Raynaud, Godart,
Rsné Renouit, Jacquier, Ponsot, Maunonry,
C’est au cours de cette réunion que l’on a
décidé de demander à M. Fernand David,
membre du groupe de la gauche radicale,
comme M. Ciémentel, de conserver le porte-
feuille des travaux publics.
M. Fernand David, mandé aussitôt, a don-
né son acceptation.
M. Bieuvcnu-Marün devait être ministre
de l'instruction publique an début de la
réuniou ; iLest devenu ministre de la jus-
tice après le refus de M. Jean Dupuy et M.
René Reuoult qui, une heure pins tôt, ailait
au ministère des travaux publics, prenait ie
ministère de l’instrnciion publique.
Les colonies n’avaient pas de titulaire ; ii
fallait un sénateur.
Oa hésitait entre MM. Mllliès-Laoroix et
Chantemps. Tous deux tarent même appe-
lés au ministère de l’intérieur, mais finale-
ment, M. MiUiès-Lacroix devenait ministre
des colonies.
La réunion prit fia nn peu après nenf
heures.
M. Viviani, interrogé par les journalistes,
à sa sortie du ministère, a dit :
a J'ai informé le président de ia Républi-
que que j'acceptais de former le cabinet. C’est
tout. Ne me faites pas dire autre ebose. II ue
taut pas qu’il y ait d’équivoque. Le cabinet
n’est pas encore constitué. J’ai éprouvé au-
jourd’hui beaucoup de d fficaités, subi des
r'-fus. Aucune répartition de portefeuilles
n’est encore faite. La liste exacte de mes
collaborateurs n’est même pas encore arrê-
tée. Je pense aboutir demain. Je vous ren-
voie à demain midi. »
Il se pent que des modifications soient
encore apportées à la liste arrêtée par M.
Viviani tant ique les décrets n'om pas para
au Journal Officiel. Il convient donc de n être
pr-s trop affirmatif.
Ii y a beaucoup de chances cependant pour
que la lisoe ci-dessous, officieuse hier soir,
devienne officielle demain.
Une L:ste officieuse de Ministres
Présidence dn Conseil et Affaires étrangè-
res, M. Viviani; Justice, AI. Bienvenu-Martin ;
Finances. M. Noulens ; Intérieur, M. Malvy ;
Guerre, M. ’ALssimy ; Marine, M. Gauthier ;
Instruction publique, M. René Renouit ; Tra-
vaux publics, M. Fernand David ; Commer-
ce, M. Thomson ; Agriculture, M. Rtynaud ;
Travail, M. Godart ; Colonies, M. Milhès La-
croix.
sous-secrétariats d’Etat : affaires étran-
gères* M. Abel Ferry ; beaux-arts, M. Ponsot ;
intérieur, M. Jacquier ; -guerre, M. Maunoury,
Il est possible que M. Ajam conserve le
sous-secrétariat d'Etat de la marine mar-
chande. La question n’est pas encore tran-
chée.
A l’heure actuelle; il n'y a que quatre
sous-secrétariats d'Etat ; il y en aura cinq
avec la création d’un sous-secrétariat des
affaires étrangères, ce qui entraînerait une
demande do crédits supolémentaires que
l’on veut éviter
M. Viviani ci M. Jean Dupuy
Dans la soirée, M. Viviani a eu une nou-
velle conversation avec M. Jean Dupuy. A la
suite de cette conversation a été com-
muniquée à l'Agence Havas une note indi-
quant que M. Jean Dupuy restait à la dispo-
sition de M. Viviani.
Cette note a une réelle importance étant
donnés les incidents de la journée et les ré-
solutions prises au cours de la réunion du
ministère de l'intérieur, réunion à laque,.e
n’assistiit pas M. Jean Dupuy.
Doit-on considérer maintenant comme
pi subie la rentrée deM. Jean Dupuy dans
la combinaison ?
L’axe politique de celle-ci,, en serait évi-
demment modifié, mais nous croyons qu'il
faut sur ce point être extrêmement circons-
pect. Une nouvelle modification de la liste
arrêtée dans ia soirée ne se produira évidem-
ment pas sans quelques comn'icaiions ;
aussi convient-il d’at'eadre les événements
et de réserver lont pronostic
M- Viviani réunira aujourd’hui à onz» heu-
res du matin ses i a tors col abnrateurs, et
c’est à ce moment que la crise sera dévouée
ou que M. Viviani rendra ses pouvoirs au
chef de l’Etat.
I i Ol
L’ACCIDENT D’AVIATION De DIJON
DUON. — Suivant de nouveaux renseigne-
ments sur l’accident d’aviation qui s’est pro-
duit sur la lisière da bois de Montial, le
lieutenant Adam Giroone, en passant an
dessus de Val-S zon, à une hauteur de 708
mètres, se trouva soudain en plein brouil-
lard.
On pense que i’aviatenr voulut descendre
pour se rendre compte de l’endroit où il se
trouvait. C’est alors qu’il entra à une vitesse
de 120 kilomètres à l’heure sur les arbres,
ue qui provoqua une chute terrible.
L’officier fut pris sous son appareil com-
plètement détruit.
Le mécanicien Ronx, qui l’accorop'gnait,
eut ia poitrine défoncée et, comme ioidcier»
mourut sur ie coup.
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