Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-05-23
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 mai 1914 23 mai 1914
Description : 1914/05/23 (A34,N11977). 1914/05/23 (A34,N11977).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1721437
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
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Le Petit Havre
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Questions sociales
tmmmmÊHKmmmmmmmmmmmmm—iÊm
La Participation aux Bénéfices
en France et à l’Etranger
La conception de la participation des tra-
vailleurs aux bénéfices des entreprises
dans lesquelles ils sont employés n’est pas
nouvelle, et depuis de nombreuses années,
déjà, elle est pratiquée, tant en France
qu'à l’étranger, dans un nombre assez im-
portant d’établissements avec des modalités
d’application fort différentes, du reste. Il
ne saurait donc être question de se livrer
ici à une étude théorique, mais il ne sem-
blera peut-être pas hors de propos d’exami-
ner l’état actuel de cette institution, au
moment où, chez nous, elle prend'un re-
gain d’actualité par suite de certains pro-
jets ou propositions de lois déposés au Par-
lement.
On sait, en effet, comment M. Aristide
Briand, qui avait dans son discours du Neu-
bourg esquissé l’idée d’une participation,
obligatoire ou facultative, des travailleurs,
non seulement dans les bénéfices mais en-
core dans la direction des entreprises in ¬
dustrielles —An sait, en effet, disons-nous,
comment il vit son idée développée par un
de ses disciples, M. Etienne Antonelii, qui
consacra tout un volume aux a actions de
travail » ; et l’on sait aussi que cette idée
ayant ainsi pris son es^ér, M. Henry Ché-
ron, alors qu’il était ministre du travail et
de la prévoyance sociale, lui donna corps
en déposant surie bureau de la Chambre
un projet de loi tendant à la création de ces
actions du travail et régissant l’organisa-
tion et le fonctionnement de cette nouvelle
institution.
Et nous avons analysé ici mêjrne ce projet
dont la discussion s’est trouvée ajournée
par suite des' événements parlementaires
qu’on sait. Mais il egt très vraisemblable
qu’elle reviendra, sous une forme ou sous
une autre, pétulant la législature nouvelle.
Aussi lira-tAn avec profit les résultats
de l’enquête entreprise par le Board of
Trade en France, Allemagne, Pays-Bas,
Suisse, ItaücpEtats-^fmsv' Australie, Ca-
nada, et en Grande-Bretagne bien entendu.
Le rapport, qui vient de paraître, ne consi-
dère comme participation aux bénéfices que
l’institution hasée « sur un contrat entre
un patron et ses ouvriers, aux termes du-
quel ces derniers doivent recevoir, en ré-
munération partielle du travail, et en sus
du salaire ordinaire, une part fixée d’avance
dans les profits de l’entreprise. » Et cette
délimitation même n’én rend lés donnéés
de l’enquête que plus intéressantes au
point de vue législatif auquel nous nous
sommes placé.
Examinons donc les renseignements que
nous fournit le Board of Trade ;
En France on évalue à 114 le nombre des
entreprises pratiquant actuellement la par-
ticipation aux Bénéfices, non compris les
Sociétés ouvrières coopératives de produc-
tion, qui sont au nombre de 476.
Un point intéressant à mettre en lumière
en ce qui concerne les 114 entreprises non
coopératives, c’est la durée et la persis-
tance des tentatives de participation ; la
plupart des maisons qui ont adopté le sys-
tème de 1872 à 1874 4’ont en effet conservé
jusqu’à ce jour.
La participation aux bénéfices en France
présente plusieurs points caractéristiques ;
et d’abord en ce qui concerne les condi-
tions mêmes de la participation : d’une fa-
çon générale le droit à la participation
n’est acquis qu’après une certaine période
de stage, de un, deùx ou trois ans, le plus-
souvent. Quelques maisons exigent en ou-
tre des garanties de moralité.
Deuxième caractéristique du système
français : la dotation. Presque toutes les
entreprises, au moment de l’institution du
système, ont constitué un capital déstiné
surtout à assurer la participation aux vieux
employés qu’une retraite prochaine en au-
rait privés.
Enfin, en ce qui concerne les bonis, ou
pourcentage du bénéfice net total, ils sont
répartis entre les participants, soit au pro-
rata des salaires, soit au prorata de l’an-
cienneté des services, soit en proportion de
ces deux éléments combinés, en tenant
compte de l’importance de l’emploi, etc. Ils
peuvent être attribués en bloc à un fonds
commun à tous les employés (caisse de se-
cours ou de vieillesse) ; ou bien ils sont ré-
partis individuellement aux participants.
La grande majorité des maisons n’ac-
cepte pas le contrôle des bénéfices annon-
cés ; lorsque ce contrôle existe, il comporte
simplement la nomination d’un expert-
comptable chargé de déterminer si les bé-
néfices sont bien ceux annoncés et de con-
trôler si leur répartition a lieu conformé-
ment aux clauses de la convention insti-
tuant la participation.
Le système pratiqué en Grande-Bretagne
se rapproche très sensiblement de celui que
nous venons d’exposer comme étant appli-
qué chez nous. En Allemagne la participa-
tion a fait peu de progrès et la plupart des
essais tentés sont de date récente.; aux
Pays-Bas elle n’est guère en vigueur que»
dans des petites entreprises ; H en est de
même en Suisse, en Italie.
Aux Etats-Unis, la situation est toute dif-
férente ; il n’y a guère que 25 à 30 maisons
qui répartissent les bénéfices à leurs ou-
vriers, mais ce sont de très grandes^ socié-
tés, et c’est ainsi que, malgré ce petit nom-
bre d’entreprises, le nombre des ouvriers
intéressés s’élève à près de 101,000. Néan-
moins la participation ne semble pas très
en faveur dans la grande république Nord-
américaine, mais il faut tenir compte de la
très grande différence d’organisation de la
production, de l’opposition des syndicats
ouvriers, et aussi peut-être de la préférence
accordée par les patrons aux institutions
telles que les caisses de secours. contre la
maladie, les accidents, pour les retraites,
etc.
De cette simple excursion — si nous
pouvons dire — à travers l’enquête du
Board of Trade il semble résulter au pre-
mier abord que le système de la participa-
tion est surtout pratiqué en France et en
Grande-Bretagne, où il a, du reste, donné
des résultats encourageants.
Aussi peut-on sans hésitation souhaiter
de le voir s’étendre, notamment sous la
forme un peu particulière — mais corres-
pondant mieux, semble-t-il aux concep-
tions actuelles de la démocratie sociale —
des « actions du travail », toutes réserves
étant, bien entendu, faites d’avance sur les
modalités de réalisation.
F. POLET.
Le Minisire de la Marins à Toulon
M. Gauthier, ministre de la marine, est
arrivé hier matin à Toulon par le rapide de
onze heures pour assister à la fin des grandes
manoeuvres navales. 11 était accompagné de
son chef de cabinet, le commandant Salaua,
et de ses aides de camp, les lieutenants de
vaisseau Pirot et Raynaud. Il a été reçu sur
le quai de la gare par le vice-amiral Choçhe-
prat, préfet maritime, et le vice-amiral Ma-
rin-Darbei, commandant la première esca-
dre.
Le ministre de la marine et sa suite ont
déjenné à midi à Balagaier.
Le Président de In République
A. X-.YC33M
Le dèpai't de Paris
Le président de la République a quitté
Paris nier matin à neuf heures, se rendant à
Lyon où il passera trois journées. Ce dépla-
cement présidentiel est principalement mo-
tivé par la visite de l’exposition internatio-
nale urbàine, à laquelle sera consacré
l’après-midi de dimanche. Mais M. Poincaré
mettra à profit son séjour à Lyon pour inau-
gurer l’hôtel de la Mutualité, pour visiter la
chambre de'commerce et son musée des tis-
sus, l’Université, l’Ecole du service de santé
militaire, ('Hôtel-Dieu, etc.
Le chef de l’Etat est arrivé à la gare de
Lj’on avec le générai Beaudemonlin et les
lieutenants-coioneis Aubert et Paquette qui
raccompagneront pendant son voyage, M.
Pichon, secrétaire général civil, restant à
Paris.
Un piquet de la garde républicaine rendait
les honneurs. M. Poincaré a été reçu à sa
descente de voiture par M. William Martin,
directeur du protocole ; par M. Richard, qui
fait ses débuts de directeur de la Sûreté gé-
nérale ; par M. Gaston Doumergue, prési-
dent du Conseil, entouré de la plupart des
membres du gouvernement, ainsi qi.e par
les représentants de la Compagnie du
P.-L.-M. : MM. Dervillé, président du con-
seil d’administration ; Mauris, directeur ;
Margot, ingénieur en chef de "exploitation ;
Goy, secréiaire général ; Ruelle, inspecteur
principal chargé de la direction du train
présidentiel, et par M. Loth, sons-directeur
de la Compagnie des wagons-lits.
Après s’être entretenu pendant quelques
minutes avec les personnalités présentes, le
président monte dans le wagon-salon de son
train spécial ; M. Raoul Peret, ministre du
commerce, qui accompagnera M. Poincaré
pendant la totalité du voyage, y prend place
avec lui. ...
M. Lebrun, ministre des colonies, rejoin-
dra le président demain à Lyon ; MM. Doù-
mergue, président du Conseil, et M'tin, mi-
nistre du travail, le rejoindront dimanche.
A 8 h. 53 le train présidentiel démarre. De-
bout à la portière, M. Raymônd Poincaré ré-
pond aux saints qui lui sont adressés.
L’Arrivée à Lyon
Le train présidentiel pénètre à 3 h. 40 en
gape de Lyon Perraçhe. Pendant que tonne
la salve réglementaire de 101 coups de ca-
non, que les troupes chargées du service
d’honneur porte les armes et qu’une musi-
que mililaire joue la Marseillaise, le prési-
dent de la République, en habit, portant en
écharpe le grand-cordon de la Légion-d’Hon-
neur, descend de son wag<>n-salon ; MM.
William Martin, directeur du protocole, et
Richard, directeur de la Sûreté générale,
l’ont précédé sur le quai de la gare. Derrière
M. Poincaré, voici M. Raoul Peret, ministre
du commerce, et son chef de cabinet, M. Té-
not, le général Beaudemoulin, les lieute-
nants-colonels Aubert et Paquette, etc.
Le président est salué par le préfet, le gé-
néral Pouradier-Duteil, gouverneur militaire
de Lyon, par M. Herriot, maire et sénateur,
MM. Fonteille, Cazeneuve, Yermorel et Beau-
visage, sénateurs.
Les députés du Rhône, MM. Justin Godart,.
Bender, Gourd, Pays et Jeau Peyret, ce der-
nier nouvellement élu en remplacement de
M. Fleury-Ravarin, sont également sur le
quai de la gare. MM.Fleury Ravarin etBerlie,
non réélùs, ne sont pas présents ; le pre-
mier n’a pas répondu à l’invitation préfecto-
rale ; le second a refusé. Da même, MM. Ro-
gnon et Voillot, députés socialistes unifies,
n’auraient pas répondu à l’invitation. Les
deux autres, MM. Manus et M irretton, sont
sérieusement indisposés. Quant à MM. Augi-
gneur et Colliard, républicains socialisas,
on croit savoir qu'ils assisteront au dîner de
l’Hôtel de Ville S’ils ne se trouvent pas à
l’arrivée du président, c’est par suite d’un
empêchement tout à fait fortuit.
M..Poincaré est conduit dans un salon de
la garé, où devant le Conseil municipal, le
maire, M. Herriot, lai souhaite la bienvenue
en ces termes :
J’ai l’honneur de vous présenter, assemblée
pour vous saluer à la minute même de votre ar-
rivée, une très importante délégation du Conseil
municipal de la ville de Lyon. Appelé, depuis
longtemps déjà à diriger ce grand corps élu, je
puis vous donner l’assurance que sous la diver-
sité des étiquettes, il réunit de . hommes animés
tods'du même sentiment de dévouement. Ils sa
limitent à l’exercice d>qà si important des fonc-
tions que la loi leur confère, c'est-à-dire l’intérêt
du bien public, qui est leur seule prérogative.
Ainsi, accompdssHnt leur mandat avec autant de
sérieuse modestie, ils pensent accomplir leurs
obligations envers la République et la France.
M Poincaré adresse ses remerciements
très vifs au maire de Lyon et à ses collabo-
rateurs, dont il loue l’activité et le dévoue-
ment.
Après les compliments d’usage, le prési-
dent de la République sort de la gare et
monte dans un landau attelé de quatre che-
vaux conduits par des artilleurs. Il a à sa
gauche le ministre du commerce, en face de
lni le général Beaudemoulin et le maire.
Les autres voitures du cortège sont occu-
pées par les membres du Parlement, les con-
seillers municipaux et généraux. L’escorte
est formée par un escadron de cuirassiers.
Le président de la République, très accla-
mé tout le long du trajet par la foule qui
est considérable, se rend à la préfecture. Le
cortège s’arrête, à la demande de M.. Poin-
caré, devant le monument que la ville de
Lyon a élevé à la mémoire du président Car-
not qui tomba, il, y a vingt ans presque jour
pour jour, le 24 juin 1894, dans cette ville de
Lyon où il était venu visiter une exposiiion,
sous le poignard de l’anarcbiste Càserio. M.
Poincaré déposé une palme an pied de la
statue de son regretté prédécesseur.
Les Lyonnais se sont mis en trais pour re-
cevoir le président de la République. La ville
a été, pour ainsi dire, a remise à neuf ». Les
administrations, les commerçants et les par-
ticuliers ont rivalisé de zèle.
Les commerçants de la rue de la Républi-
que et de la rue du President-Carnot ont fait
installer des portiques, munis de lampes
électriques.
La ville est extrêmement animée. De tonte
la région, des trains ordinaires et des trains
supplémentaires ont amené des milliers de
voyageurs qui viennent saluer le président
de ia République.
Le temps est magnifique.
Une Affaire mystérieuse
aux Champs-Elysées
La justice se trouve en présence d’une
affaire que l’on avait prise tout d’abord pour
un banal fait-divers, mais qui est, en réalité,
des plus mystérieux.
Un homme a été écrasé par un tramway
Montrouge-Saint-Augustin, au rond-point
des Champs-Elysées. Son identité n’ayant pu
è re établie, son cadavre fut transporté à la
Morgue.
Or, en fouillant dans les poches du mort,
on ne trouva aucun papier, mais, dans un
vieux porte-monnaie placé dans la poche
droite du pantalon, on découvrit une somme
de 1,181 fr., dont 800 fr. en billets de ban-
que et une pièce de 100 fr. en or.
L’homme était vêtu comme un débardeur ;
on fut donc très étonné de cette découverte,
et M. Nourièr, commissaire de police du pre-
mier district, ouvrit immédiatement une en-
quête. . .
Il put établir que vers minuit quinze, 1 in-
connu, en complet état d’ébriété, se trouvait,
en compagnie de deux camarades au rond-
point des Champs Elysées. Le tramway
Montrouge Saint-Augustin, conduit par le
wattman Pourat, vint à pisser.
Soudain,Ton de ces deux individus^ don-
na une violente p mssée à l’homme vêtu en
débardeur et celui-ci vint s’étaler sous les
roues du lourd véhicule.
Affolés, les deux hommes prirent alors la
fuite. Ils ne purent être rejoints.
La som me trouvée sur te mort paraissant
des plus suspectes, M. Noorier a donné des
instructions au service an thropométrique
pour que le cadavse soit photographié et que
des recherches soient faites au service de
l’identité judiciaire.
Une Séance mouvementée
à la Chambre des Communes
Le Home Raie bill revenait, comme nous
l’avons dit hier en a Dernière heure », à la
Chambre des Communes pour la discussion
en troisième lecture. Le gouvernement
ayant, une nouvelle fois, affirmé sa volonté
de faire voter le projet sans modification
par ies Communes et de ne soumettre qu’nl-
térieurement au Parlement les modifica-
tions susceptibles d’amender la loi, l’oppo-
sition a réclame l’ajournement du débit et
par son attitude a obligé le président à lever
la séance.
Voici le compte rendu de cette violente
escarmouche parlementaire :
La discussion s’est ouverte par une décla-
ration de M. Asquith qui a d’abord rappelé
la proposition gouvernementale, tendant à
ce que le peup e de l’Uister sa pronoace lui-
même par voie de referendum sur son
incorporation future au gouvernement de
Dublin.
Cette proposition, a-t-il fait observer, est
des plus démocratiques et n’a rien pour ef-
frayer ceux qui croient représenter les senti-
ments de leurs compatriotes, M. Asquith a
d’ailleurs répété que le gouvernement est
tout disposé à accuei lir dans un esprit
sympathique toute proposition s’adaptant
mieux à l'objet poursuivi :
Msis, a-t-il ajouté, il faut préalablement à loute
négociation de ce genre que nous ayons le jnge-
meni ferme et délibéré de Celte assemblée sur nos
principales propositions.
On nous a dit que, quel que soit l’amendement
qui puisse êlre apporte à la loi du Home Rôle,
quelle que soit la loi d’amendement qui puisse
être votée, rien n’ébranlerait la détermination de
la majorité, dans une autre assemblée, do rejeter
Cette loi en seconde lecture. Ea conséquence,
nous avons pensé que ce serait faire peidre son
temps à la Chambre des Communes que de lui
demander d’élaDorer des propositions d’amende-
ments qui, suivant toutes probabilités, seraient
rejetées sans discussion.
Eu terminant, M. Asquith demanda à la
Chambre da voter le Homa Ruie en troisième
lecture.
M. Bonar Law lni succéda. Il déclara qu il
est absurde de demander à la Chambre de
discuter le Home Ruie ea troisième lecture
dans ces conditions et qu’il ne voit pas l'uti-
lité de prendre part à cette discussion.
Plusieurs autres orateurs de l’opposition
att quôrent vigoureusement la gouverne-
ment. ' . „
Un député libéral, sir H. Dalziel, se joi-
gnit à eux pour dire qu’on a jamais deman-
dé à la Chambre de rendra un verdict sans
savoir si c’est ua verdict définitif.
Finalement, la motion d’ajournement dé-
posée par l’opposition est repoussée par 286
contre 176 voix. Le speaker appelle alors la
discussion sur le bill du Home Ruie en troi-
sième lect -re. Le speaker donne la parole à
un député unioniste, M. Campbell- Aussitôt,
de tous les bancs de l’opposition partent les
cris : « Ajournez I ajournez ! »
Ces cris se poursuivent sur l’air des lam-
pions et, comme ils ne cessent pas, le spea-
ker se lève, le silence se fait. Le speaker de-
mande alors à M Bonar Law s’il approuve
ce genre de manifestation. Plusieurs voix
crient : « Ne répondez pas 1 Ne repondez
pas 1 » M. Bonar Law répond :
Je ne veux pas critiquer, Monsieur, ce que vous
considérez êlre votre devoir, mais, quant à moi,
mon devoir est de ne pas répondre.
A ces mots les membres de l’opposition se
lèvent et font une ovation frénétique à M.
Bonar Law, brandissant des papiers dans la
direction du speaker. Le speaker dit :
Puisque M. Bonar Law r.-ruse de prêter son
concours pour le rétablissement de l’ordre, il ne
me reste pius, en présence de ce refus, qu’à sus-
pendre la séance,
M. Asquith, le Cabinet et leurs partisans,
qui restent à leurs places, sont l’objet d’une
bordée d’invectives de la part des membres
de l’opposition, qui quittent là salle. M. As-
quith èt les ministres se retirent à leur tour
avec leurs partisans, qui les acclament et
agitent leurs mouchoirs.
Il n’y avait pins qu’à lever la séance ;
c’est ce qui a été faitr Lundi on votera le
Home Ruie et mardi on partira pour les va-
cances de la Pentecôte.
L’opposition, paraît-il, est décidée a con-
tinuer l’obstruction jusqu’à ce que M. As-
quith fasse connaître ies amendements qn il
se pronose de présenter aux Lords.
On risque ainsi de tourner indéfiniment
dans un cercle vicie nx.
Une Pensée Claire
M. L. L. Klolz a fait paraître, dans la Re-
naissance, un exposé de la situation politi-
que. D y indique avec netteté et précision
les differents problèmes q >i se pos-mtd vant
le Parlement et que la majorité républicaine
de l’Assemblée aura a résoudre.
Après avoir rappe>é que, dans bien des
circonscriptions, « les libéraux qui combat-
tent l’école laïque et s’affichent patriotes de
carrefour, n’en ont pas moins, par haine du
régime, voté pour le pire contre le radical »,
le député de la Somme déclare que les ré-
publicains ont le devoir de combattre, la vi-
sière levée, l’Action libérale dont ies voix ne
sauraient à aucundegrè devenir les éléments
réguliers d’une majorité stablede gouverne-
ment.
Le Havre Eclair s’étonnai», hier encore,
que nous estimions impossible la parbeipa-
lion de l'Action libérale à un gouvernement
d’action républicaine.
Nous livrons à ses méditations cet article
dn Temps, où se trouvent commentées les
déclarations de M. L. L. Klolz, avec ce titre :
« Une pensée claire ».
... M. L. Klotz est sévère pour l’Action
libérale. Il ne l’est pas trop. Collègue de M.
Briand et de M. Pichon en 1910, il se sou-
vient que M. Piou aida M Gaillaux à affai-
blir le cabinet à propos d’un litige africain,
et que la formation du ministère Monis-
Caillaux fut la conséquence de cette belle
opération. Collègue de M. Barthou et de M.
Charles Dumont en 1913, il se souvient que
ce sont les conservateurs qui, à la commis-
sion du budget, sous la direction dé M.
Piou et de M. deMun — toujours l’Action
libérale ! — ont assuré l’échec des projets
du ministre des finances. Il a dépendu de
M. Piou et de M. de Mun que le ministère
Barthou se présentât devant la Chambre ea
défendeur avec la commission du budget
pour soi. au lieu de se présenter en deman-
deur contre la commission du budget.
Tous ceux qui ont un peu l’expérience des
débats parlementaires — et elle ne man-
que ni à M. Piou ni à M. de Mun — savent
dans quel état d’infériorité se trouve un
gouvernement lorsque la question est ainsi
posée et qu’il a la commission du budget
contre soi. La défaite devenait presque cer-
taine, et le coup mortel une fois porté, il ne
suffisait pas à MM. Piou et de Mun de voter
l’immunité de la fente pour réparer leur
faute. Il reste qu'ils ont contribue pour une
grande part à renverser le cabinet Barthou,.
à ouvrir le Parlement à ÎOü'Sorijalistes/et à
mettre en question la loi de trois ans. Voilà
l’oeuvre de l’Action libérale !
Nous ne pouvons suivre M. L. Klotz
lorsqu’il passe en revue tous les sujets où,
selon lui, les républicains peuvent s’accor-
der. Ce sont des projets économiques, fis-
caux ou sociaux, que l’ancien ministre exa-
mine brièvement et-résume en quelques li-
gnes qui attestent une connaissance pro-
fonde de cet ordrè de questions. Parfois,
M. L. Klolz indique les solutions qu’il en-
trevoit ou qu’il souhaite ; et le moment ve-
nu, nous aurions à les discuter. Aussi bien^
le titre de l’article : « Etre soi-même » si-
gnifie que l’ancien ministre de l’intérieur-
et des finances se souvient de ses origines
radicales, et qu’il ne peut traduire autre
chose que les aspirations générales de sou
parti. Mais on n’entendait pas autrefois
qu’un parti fût une secte ou une chose mor-
te. Un grand parti ne peut pas enfermer
toute sa vitalité dans des formules étroites,
comme celles du Congrès de Pau ; un
grand parti ne peut pas rejeter les leçons
de l’expérience, surtout de l’expérience que
donne le contact avec les réalités du pou-
voir. Autrefois, M. Clemenceau, vieux débu-
tant. avouait avec une spirituelle modestie
ce qu’il avait appris en acceptant les res-
ponsabilités de l’action gouvernementale.
La vigoureuse et lumineuse défense de
la loi de trois ans, qui sert de conclusion à
l’article de M. L. Klotz, devrait être lue et
relue par tous les républicains. M. L. Klotz
aurait-il pu l’écrire avec cette force de con-
viction, aurait-il pu démontrer aussi clai-
rement la vanité des demi-mesures et des
Dernière Heure
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3 mois 80UtenU €131 13/- - -/- -/-
FER
Comptant..' oalme Wft H *d -h
{mois.... 31/3 • % d -/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 21 mai iui4.
NEW-YORK, 22 MAI
Cotons t mai, hausse 4 points ; juillet,
baisse 3 points ; octobre, baisse 12 points ;
janvier, baisse 12 points. — Soutenn.
Calé* i inchangé à baisse 6 points.
NEW-YORK, 22 MAI
. u ion . (. menu;
Cuivre Standard disp. 13 89 13 89
— juin ......... 13 89 13 89
âmalgamat, Cou... , 72 1 4 72 i 8
fer io 25 iS 23
CHICAGO. 22 MAI
Ç. DC .OUR PRRCRli
Blé IUT Juillet....' 87 i/ï 88 14
— ...... Septembre 86 1/4 86 3 4
liais sur..’... Juillet.... *7 8/8 67 i 8
— ...... Septembre 66 » » 65 3 4
Saindoux sur. Juillet.... 10 os 10 il
Septembre 10 21 10 30
Le Président de la République
LYON
LYON — Le président de la République,
accompagné du préfet ainsi que des séna-
teurs et des dépotés, a traverse les salons de
la préfecture dans lesquels étaient groupés
les autorités de la ville et du département.
Les présentations ont été faites par le pré-
fet. Aucune allocation n’a été prononcée.
La réception a pris fin sur le défilé des offi-
ciers de la garnison.
M. Poincaré a été ensuite conduit dans ses
appartements.
A 7 heures, le président de la République
s’est rendu au banquet qui Iniétaif offert à
l'Hôtel de Ville par la municipalité.
Sur Iq parcours, la foule a longuement ac-
clamé le président.
730 convives assistaient au banquet.
Au champagne, M. Herriot, maire de Lyon,
a fait l’éloge de la population lyonnaise ré-
partie entre diverses opinions, mais unie
sous la loi commune du travail.
Et elle salue dans le premier magistrat de
la République les vertus qu’elle honore et
qu'elle aime ; une vie fondée snr lelabeur et
qui dot an labeur tous ses succès.
M. Herriot a terminé en disant que la ville
de Lyon désire contribuer pour sa part à la
grandeur de la Patrie.
Répondant au maire, M. Poincaré a rappelé
le brillant passé de la ville de Lyon qui, de-
puis sa fondation, a été travaillée par le
besoin de l’action et la passion des problè-
mes économiques et moraux et où la vie
municipale a été intense et féconde.
Lyon, dit le président, est aujourd’hui nn
des organes les plus puissants du pays.
Le président est heureux de constater
qu’elle favorise par d’heureuses hardiesses
le progrès démocratique et social.
Elle est plus que jamais, dit-il, digne de
son antique renommée ; elle donne l’exem-
ple de la solidarité communale et poursuit
à l’abri des lois une oeuvre à là fois républi-
caine, patriotique et humaine.
LYON. — Après le banquet, la foule mas-
sée sur la place de l’Hôtet-de-Ville réclame
le président de la République qui paraît alors
deux fois au balcon et est l’objet d’applau-
dissements frénétiques et d’ovations prolon-
g0gg(
A dix heures, M. Poincaré se rend à pied
au Grand-Théâtre, où a lieu une représenta-
tion de gala donnée en son honnèur.
A son entrée dans la loge officielle, M.
Poincané est acclamé par tous les specta-
teurs qui se tiennent debout.
Le programme comprenait l’ouverture des
Maîtres Chanteurs, de Wagner, exécutée p ir
l’orchestre ; deux vieilles chansons dn XVI®
siècle, exécutées par la Schola Cantorum;
te premier acte de La Forêt, interprété avec
le concours d’arustes de l’Opéra ; différentes
chansons de Dupont et divers fragments de
Salomé.
Le président a quitté le théâtre un peu
après minuit pour rentrer à la préfecture ou
ii doit passer la nuit.
Malgré l’heure, avancée, une foule énorme
est toujours massée sur le parcours suivi
par le cortège et acclame chaleureusement
M. Poincaré.
LA SUCCESSION SÉNATORIALE DE
M. MAUJAN
La Fédération radicale et radicale socia-
liste s’est réunie hier soir pour dés gaer un
cand'dat à l’élection sénatoriale de ia Seine
le 21 juin prochain pour pourvoir an rem-
placement de M. Maujan, décédé.
Par acclamations, les délégués ont dési-
gné M. Fernand Buisson comme candidat
unique du parti radical-socialiste.
L’ancien député du XIII® arrondissement
n’assistait pas à la réunion,
L’INTERIM DU MINISTÈRE
DE LA QUERRE
L'Officiel publie un décret chargeant le mi-
nistre de l'instruction publique da l’intérim
du ministère de la marine.
L’AFFAIRE CALMETTE
La Chambre des mises en accusation, pré-
sidée par M. Milliard, s’est occupée hier
après-midi, à huis clos, de l’affaire Cal mette.
Elle a décidé que le rapport serait fait mar-
di prochain.
L’arrêt fixant la date du renvoi devant les
assises sera rendu vraisemblablement ven-
dredi 29 mai.
UN DÉPUTÉ EN AÉROPLANE
L’aviateur Molla, avec comme passager M.
Girod, député du Doubs, venant de Soissons,
a atterri hier soir, vers 7 heures, à Vincen-
nes, sans incident.
Avant de quitter Soissons, M. Girod a fait
nne conférence en plein air sur l'aviation et
il a donné le « baptême de l’air » à ses deux
enfants.
LES CONSEILS GÉNÉRAUX
SAINT-ETIENNE.— Le Conseil général a voté
les crédits necessaires à la réception du pré-
sident de la République qui fera un voyage
dans la Loire au mois de juillet prochain.
UN DISCOURS DE M. LUTAUD
ALGER.—A l’occasion de l’ouverture des
délégations financières, M. Lutaud, gonver-
neur général, a prononcé nn long discours
dans lequel il a déclaré que le grand événe-
ment qui vient de s accomplir à Taza est
pour l’Algérie d’une portée incalculable.
Après ce discours, l’assemblée a adressé
an général Lyautey ainsi qu'aux officiers et
ani trnnnea nlaces sous ses ordres l'expres-
MORT DE M- P0UX-LAVILLE
ORLÉANS. — M. Poux Laville, préfet du
Loiret, est mort hier matin, des suites d’une
grippe infectieuse. . . . , „ •
M. Gaston Poux Laville était né le S mai
1859. à Aibi (Tarn).
Le 18 avril 1871, il fut nommé secrétaire
gênerai de l’Ariège ; le 8 juin 1891, sous-pré-
fet de Figeac ; le 21 juillet 1894. sous-prefet
de Saint-Dié ; le 28 tevrier 1896, sous préfet
de Beliey, et le 24 septembre 1900, sous-pré-
fet de Toulon. * ’J! , ,
Il fut nommé sons-préfet du Havre le 2
juillet 1906, en remplacement de M. Piette,
nommé directeur du cabinet du prétet de la
Seine. . , v ,, »T
M. Poux-La ville fut remplacé par M. Nau-
din. -
CONDAMNATION D’UN MAIRE
QUIMPËR. — Le Tribunal correctionnel
vient de condamner le maire de Ploerdut à
trois mois de prison et cent irancs d’amende
pour falsification de permis de chasse et es-
croqueries.
LE VOYAGE DES SOUVERAINS DANOIS
AMSTERDAM. — Les souverains danois sont
arrives à Amsterdam.
LE FEU A L’EXPOSITION DE LEIPZIG
I EIPSIG. — Un incendie a éclaté hier dans
les combles d’un bâtiment de l’administra-
tion de l'exposition de Leipzig.
Le feu a été rapidement éteint.
LE FEU DANS UNE CASERNE
CONSTANTINOPLE. — Un incendie vient de
détruire l’aiie gauche de la caserne de Tach-
kichla.
Six marins qui participaient aax travaux
de sauvetage on été blessés. .
Huit pompiers, parmi lesquels un officier,
ont été blessés très grièvement.
LES AFFAIRES DU MAROC
Les Aviateurs français assassinés .
De l’enquête à laquelle s’est livré le service
militaire à la suite de l’assassinat du capitaine
aviateur Hervé et du mécanicien Roland, il
résulté que ces derniers ayant endommagé
leur appareil à l’atterrissage, s’en allèrent à
pied à la recherche d’un poste français.
Des indigènes ayant vu l’avion toucher
terre en informèrent un groupe de dissi-
dents qui vinrent aussitôt attaquer les avia-
teurs- . . „ ,
Ceux-ci, après s’être abrités derrière des
rochers, se défendirent courageusement et
soutinrent à coups de revolver un siège hé-
roïque jusqu’à la nuit. A ce moment, deux
indigènes, profitant de l’ob curité, surpri-
rent les aviateurs par derrière et les tuèrent
à bout portant.
Contrairement à ce qui a été dit, les corps
ne furent pas mutilés; ils furent seulement
dépouillés de leurs vêtements et abandonnés
sur le sol où des soldats, partis à leur re-
cherche, les retrouvèrent un peu plus tard.
Les assassins sont à l’heure actuelle connus
des autorités militaires.
d’état des blessés
Le ministre de la guerre communique
l'état des blessés dans le combat du 12 mai
à la Montagne des Tsonls : ..
Lieutenant-colonel Giiaudon, du 2® étran-
ger (fractures par coups de feu, blessures
très graves) ; capitaine Goursaud, du 1®*
suahis (décédé) ; lieutenant Souquière, de la
4® batterie du 1®' groupe d’artillerie (blessé)
et douze autres blessés.
RESCAPÉS DÉBARQUÉS
EN ANGLETERRE
GRANTON (Angleterre). — Le vapeufr Har*
pales est arrivé hier m la bara ue française Emile-et-Joseph, de ura-
1 sii ;Anfli ev\ii» dans ilna
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Questions sociales
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La Participation aux Bénéfices
en France et à l’Etranger
La conception de la participation des tra-
vailleurs aux bénéfices des entreprises
dans lesquelles ils sont employés n’est pas
nouvelle, et depuis de nombreuses années,
déjà, elle est pratiquée, tant en France
qu'à l’étranger, dans un nombre assez im-
portant d’établissements avec des modalités
d’application fort différentes, du reste. Il
ne saurait donc être question de se livrer
ici à une étude théorique, mais il ne sem-
blera peut-être pas hors de propos d’exami-
ner l’état actuel de cette institution, au
moment où, chez nous, elle prend'un re-
gain d’actualité par suite de certains pro-
jets ou propositions de lois déposés au Par-
lement.
On sait, en effet, comment M. Aristide
Briand, qui avait dans son discours du Neu-
bourg esquissé l’idée d’une participation,
obligatoire ou facultative, des travailleurs,
non seulement dans les bénéfices mais en-
core dans la direction des entreprises in ¬
dustrielles —An sait, en effet, disons-nous,
comment il vit son idée développée par un
de ses disciples, M. Etienne Antonelii, qui
consacra tout un volume aux a actions de
travail » ; et l’on sait aussi que cette idée
ayant ainsi pris son es^ér, M. Henry Ché-
ron, alors qu’il était ministre du travail et
de la prévoyance sociale, lui donna corps
en déposant surie bureau de la Chambre
un projet de loi tendant à la création de ces
actions du travail et régissant l’organisa-
tion et le fonctionnement de cette nouvelle
institution.
Et nous avons analysé ici mêjrne ce projet
dont la discussion s’est trouvée ajournée
par suite des' événements parlementaires
qu’on sait. Mais il egt très vraisemblable
qu’elle reviendra, sous une forme ou sous
une autre, pétulant la législature nouvelle.
Aussi lira-tAn avec profit les résultats
de l’enquête entreprise par le Board of
Trade en France, Allemagne, Pays-Bas,
Suisse, ItaücpEtats-^fmsv' Australie, Ca-
nada, et en Grande-Bretagne bien entendu.
Le rapport, qui vient de paraître, ne consi-
dère comme participation aux bénéfices que
l’institution hasée « sur un contrat entre
un patron et ses ouvriers, aux termes du-
quel ces derniers doivent recevoir, en ré-
munération partielle du travail, et en sus
du salaire ordinaire, une part fixée d’avance
dans les profits de l’entreprise. » Et cette
délimitation même n’én rend lés donnéés
de l’enquête que plus intéressantes au
point de vue législatif auquel nous nous
sommes placé.
Examinons donc les renseignements que
nous fournit le Board of Trade ;
En France on évalue à 114 le nombre des
entreprises pratiquant actuellement la par-
ticipation aux Bénéfices, non compris les
Sociétés ouvrières coopératives de produc-
tion, qui sont au nombre de 476.
Un point intéressant à mettre en lumière
en ce qui concerne les 114 entreprises non
coopératives, c’est la durée et la persis-
tance des tentatives de participation ; la
plupart des maisons qui ont adopté le sys-
tème de 1872 à 1874 4’ont en effet conservé
jusqu’à ce jour.
La participation aux bénéfices en France
présente plusieurs points caractéristiques ;
et d’abord en ce qui concerne les condi-
tions mêmes de la participation : d’une fa-
çon générale le droit à la participation
n’est acquis qu’après une certaine période
de stage, de un, deùx ou trois ans, le plus-
souvent. Quelques maisons exigent en ou-
tre des garanties de moralité.
Deuxième caractéristique du système
français : la dotation. Presque toutes les
entreprises, au moment de l’institution du
système, ont constitué un capital déstiné
surtout à assurer la participation aux vieux
employés qu’une retraite prochaine en au-
rait privés.
Enfin, en ce qui concerne les bonis, ou
pourcentage du bénéfice net total, ils sont
répartis entre les participants, soit au pro-
rata des salaires, soit au prorata de l’an-
cienneté des services, soit en proportion de
ces deux éléments combinés, en tenant
compte de l’importance de l’emploi, etc. Ils
peuvent être attribués en bloc à un fonds
commun à tous les employés (caisse de se-
cours ou de vieillesse) ; ou bien ils sont ré-
partis individuellement aux participants.
La grande majorité des maisons n’ac-
cepte pas le contrôle des bénéfices annon-
cés ; lorsque ce contrôle existe, il comporte
simplement la nomination d’un expert-
comptable chargé de déterminer si les bé-
néfices sont bien ceux annoncés et de con-
trôler si leur répartition a lieu conformé-
ment aux clauses de la convention insti-
tuant la participation.
Le système pratiqué en Grande-Bretagne
se rapproche très sensiblement de celui que
nous venons d’exposer comme étant appli-
qué chez nous. En Allemagne la participa-
tion a fait peu de progrès et la plupart des
essais tentés sont de date récente.; aux
Pays-Bas elle n’est guère en vigueur que»
dans des petites entreprises ; H en est de
même en Suisse, en Italie.
Aux Etats-Unis, la situation est toute dif-
férente ; il n’y a guère que 25 à 30 maisons
qui répartissent les bénéfices à leurs ou-
vriers, mais ce sont de très grandes^ socié-
tés, et c’est ainsi que, malgré ce petit nom-
bre d’entreprises, le nombre des ouvriers
intéressés s’élève à près de 101,000. Néan-
moins la participation ne semble pas très
en faveur dans la grande république Nord-
américaine, mais il faut tenir compte de la
très grande différence d’organisation de la
production, de l’opposition des syndicats
ouvriers, et aussi peut-être de la préférence
accordée par les patrons aux institutions
telles que les caisses de secours. contre la
maladie, les accidents, pour les retraites,
etc.
De cette simple excursion — si nous
pouvons dire — à travers l’enquête du
Board of Trade il semble résulter au pre-
mier abord que le système de la participa-
tion est surtout pratiqué en France et en
Grande-Bretagne, où il a, du reste, donné
des résultats encourageants.
Aussi peut-on sans hésitation souhaiter
de le voir s’étendre, notamment sous la
forme un peu particulière — mais corres-
pondant mieux, semble-t-il aux concep-
tions actuelles de la démocratie sociale —
des « actions du travail », toutes réserves
étant, bien entendu, faites d’avance sur les
modalités de réalisation.
F. POLET.
Le Minisire de la Marins à Toulon
M. Gauthier, ministre de la marine, est
arrivé hier matin à Toulon par le rapide de
onze heures pour assister à la fin des grandes
manoeuvres navales. 11 était accompagné de
son chef de cabinet, le commandant Salaua,
et de ses aides de camp, les lieutenants de
vaisseau Pirot et Raynaud. Il a été reçu sur
le quai de la gare par le vice-amiral Choçhe-
prat, préfet maritime, et le vice-amiral Ma-
rin-Darbei, commandant la première esca-
dre.
Le ministre de la marine et sa suite ont
déjenné à midi à Balagaier.
Le Président de In République
A. X-.YC33M
Le dèpai't de Paris
Le président de la République a quitté
Paris nier matin à neuf heures, se rendant à
Lyon où il passera trois journées. Ce dépla-
cement présidentiel est principalement mo-
tivé par la visite de l’exposition internatio-
nale urbàine, à laquelle sera consacré
l’après-midi de dimanche. Mais M. Poincaré
mettra à profit son séjour à Lyon pour inau-
gurer l’hôtel de la Mutualité, pour visiter la
chambre de'commerce et son musée des tis-
sus, l’Université, l’Ecole du service de santé
militaire, ('Hôtel-Dieu, etc.
Le chef de l’Etat est arrivé à la gare de
Lj’on avec le générai Beaudemonlin et les
lieutenants-coioneis Aubert et Paquette qui
raccompagneront pendant son voyage, M.
Pichon, secrétaire général civil, restant à
Paris.
Un piquet de la garde républicaine rendait
les honneurs. M. Poincaré a été reçu à sa
descente de voiture par M. William Martin,
directeur du protocole ; par M. Richard, qui
fait ses débuts de directeur de la Sûreté gé-
nérale ; par M. Gaston Doumergue, prési-
dent du Conseil, entouré de la plupart des
membres du gouvernement, ainsi qi.e par
les représentants de la Compagnie du
P.-L.-M. : MM. Dervillé, président du con-
seil d’administration ; Mauris, directeur ;
Margot, ingénieur en chef de "exploitation ;
Goy, secréiaire général ; Ruelle, inspecteur
principal chargé de la direction du train
présidentiel, et par M. Loth, sons-directeur
de la Compagnie des wagons-lits.
Après s’être entretenu pendant quelques
minutes avec les personnalités présentes, le
président monte dans le wagon-salon de son
train spécial ; M. Raoul Peret, ministre du
commerce, qui accompagnera M. Poincaré
pendant la totalité du voyage, y prend place
avec lui. ...
M. Lebrun, ministre des colonies, rejoin-
dra le président demain à Lyon ; MM. Doù-
mergue, président du Conseil, et M'tin, mi-
nistre du travail, le rejoindront dimanche.
A 8 h. 53 le train présidentiel démarre. De-
bout à la portière, M. Raymônd Poincaré ré-
pond aux saints qui lui sont adressés.
L’Arrivée à Lyon
Le train présidentiel pénètre à 3 h. 40 en
gape de Lyon Perraçhe. Pendant que tonne
la salve réglementaire de 101 coups de ca-
non, que les troupes chargées du service
d’honneur porte les armes et qu’une musi-
que mililaire joue la Marseillaise, le prési-
dent de la République, en habit, portant en
écharpe le grand-cordon de la Légion-d’Hon-
neur, descend de son wag<>n-salon ; MM.
William Martin, directeur du protocole, et
Richard, directeur de la Sûreté générale,
l’ont précédé sur le quai de la gare. Derrière
M. Poincaré, voici M. Raoul Peret, ministre
du commerce, et son chef de cabinet, M. Té-
not, le général Beaudemoulin, les lieute-
nants-colonels Aubert et Paquette, etc.
Le président est salué par le préfet, le gé-
néral Pouradier-Duteil, gouverneur militaire
de Lyon, par M. Herriot, maire et sénateur,
MM. Fonteille, Cazeneuve, Yermorel et Beau-
visage, sénateurs.
Les députés du Rhône, MM. Justin Godart,.
Bender, Gourd, Pays et Jeau Peyret, ce der-
nier nouvellement élu en remplacement de
M. Fleury-Ravarin, sont également sur le
quai de la gare. MM.Fleury Ravarin etBerlie,
non réélùs, ne sont pas présents ; le pre-
mier n’a pas répondu à l’invitation préfecto-
rale ; le second a refusé. Da même, MM. Ro-
gnon et Voillot, députés socialistes unifies,
n’auraient pas répondu à l’invitation. Les
deux autres, MM. Manus et M irretton, sont
sérieusement indisposés. Quant à MM. Augi-
gneur et Colliard, républicains socialisas,
on croit savoir qu'ils assisteront au dîner de
l’Hôtel de Ville S’ils ne se trouvent pas à
l’arrivée du président, c’est par suite d’un
empêchement tout à fait fortuit.
M..Poincaré est conduit dans un salon de
la garé, où devant le Conseil municipal, le
maire, M. Herriot, lai souhaite la bienvenue
en ces termes :
J’ai l’honneur de vous présenter, assemblée
pour vous saluer à la minute même de votre ar-
rivée, une très importante délégation du Conseil
municipal de la ville de Lyon. Appelé, depuis
longtemps déjà à diriger ce grand corps élu, je
puis vous donner l’assurance que sous la diver-
sité des étiquettes, il réunit de . hommes animés
tods'du même sentiment de dévouement. Ils sa
limitent à l’exercice d>qà si important des fonc-
tions que la loi leur confère, c'est-à-dire l’intérêt
du bien public, qui est leur seule prérogative.
Ainsi, accompdssHnt leur mandat avec autant de
sérieuse modestie, ils pensent accomplir leurs
obligations envers la République et la France.
M Poincaré adresse ses remerciements
très vifs au maire de Lyon et à ses collabo-
rateurs, dont il loue l’activité et le dévoue-
ment.
Après les compliments d’usage, le prési-
dent de la République sort de la gare et
monte dans un landau attelé de quatre che-
vaux conduits par des artilleurs. Il a à sa
gauche le ministre du commerce, en face de
lni le général Beaudemoulin et le maire.
Les autres voitures du cortège sont occu-
pées par les membres du Parlement, les con-
seillers municipaux et généraux. L’escorte
est formée par un escadron de cuirassiers.
Le président de la République, très accla-
mé tout le long du trajet par la foule qui
est considérable, se rend à la préfecture. Le
cortège s’arrête, à la demande de M.. Poin-
caré, devant le monument que la ville de
Lyon a élevé à la mémoire du président Car-
not qui tomba, il, y a vingt ans presque jour
pour jour, le 24 juin 1894, dans cette ville de
Lyon où il était venu visiter une exposiiion,
sous le poignard de l’anarcbiste Càserio. M.
Poincaré déposé une palme an pied de la
statue de son regretté prédécesseur.
Les Lyonnais se sont mis en trais pour re-
cevoir le président de la République. La ville
a été, pour ainsi dire, a remise à neuf ». Les
administrations, les commerçants et les par-
ticuliers ont rivalisé de zèle.
Les commerçants de la rue de la Républi-
que et de la rue du President-Carnot ont fait
installer des portiques, munis de lampes
électriques.
La ville est extrêmement animée. De tonte
la région, des trains ordinaires et des trains
supplémentaires ont amené des milliers de
voyageurs qui viennent saluer le président
de ia République.
Le temps est magnifique.
Une Affaire mystérieuse
aux Champs-Elysées
La justice se trouve en présence d’une
affaire que l’on avait prise tout d’abord pour
un banal fait-divers, mais qui est, en réalité,
des plus mystérieux.
Un homme a été écrasé par un tramway
Montrouge-Saint-Augustin, au rond-point
des Champs-Elysées. Son identité n’ayant pu
è re établie, son cadavre fut transporté à la
Morgue.
Or, en fouillant dans les poches du mort,
on ne trouva aucun papier, mais, dans un
vieux porte-monnaie placé dans la poche
droite du pantalon, on découvrit une somme
de 1,181 fr., dont 800 fr. en billets de ban-
que et une pièce de 100 fr. en or.
L’homme était vêtu comme un débardeur ;
on fut donc très étonné de cette découverte,
et M. Nourièr, commissaire de police du pre-
mier district, ouvrit immédiatement une en-
quête. . .
Il put établir que vers minuit quinze, 1 in-
connu, en complet état d’ébriété, se trouvait,
en compagnie de deux camarades au rond-
point des Champs Elysées. Le tramway
Montrouge Saint-Augustin, conduit par le
wattman Pourat, vint à pisser.
Soudain,Ton de ces deux individus^ don-
na une violente p mssée à l’homme vêtu en
débardeur et celui-ci vint s’étaler sous les
roues du lourd véhicule.
Affolés, les deux hommes prirent alors la
fuite. Ils ne purent être rejoints.
La som me trouvée sur te mort paraissant
des plus suspectes, M. Noorier a donné des
instructions au service an thropométrique
pour que le cadavse soit photographié et que
des recherches soient faites au service de
l’identité judiciaire.
Une Séance mouvementée
à la Chambre des Communes
Le Home Raie bill revenait, comme nous
l’avons dit hier en a Dernière heure », à la
Chambre des Communes pour la discussion
en troisième lecture. Le gouvernement
ayant, une nouvelle fois, affirmé sa volonté
de faire voter le projet sans modification
par ies Communes et de ne soumettre qu’nl-
térieurement au Parlement les modifica-
tions susceptibles d’amender la loi, l’oppo-
sition a réclame l’ajournement du débit et
par son attitude a obligé le président à lever
la séance.
Voici le compte rendu de cette violente
escarmouche parlementaire :
La discussion s’est ouverte par une décla-
ration de M. Asquith qui a d’abord rappelé
la proposition gouvernementale, tendant à
ce que le peup e de l’Uister sa pronoace lui-
même par voie de referendum sur son
incorporation future au gouvernement de
Dublin.
Cette proposition, a-t-il fait observer, est
des plus démocratiques et n’a rien pour ef-
frayer ceux qui croient représenter les senti-
ments de leurs compatriotes, M. Asquith a
d’ailleurs répété que le gouvernement est
tout disposé à accuei lir dans un esprit
sympathique toute proposition s’adaptant
mieux à l'objet poursuivi :
Msis, a-t-il ajouté, il faut préalablement à loute
négociation de ce genre que nous ayons le jnge-
meni ferme et délibéré de Celte assemblée sur nos
principales propositions.
On nous a dit que, quel que soit l’amendement
qui puisse êlre apporte à la loi du Home Rôle,
quelle que soit la loi d’amendement qui puisse
être votée, rien n’ébranlerait la détermination de
la majorité, dans une autre assemblée, do rejeter
Cette loi en seconde lecture. Ea conséquence,
nous avons pensé que ce serait faire peidre son
temps à la Chambre des Communes que de lui
demander d’élaDorer des propositions d’amende-
ments qui, suivant toutes probabilités, seraient
rejetées sans discussion.
Eu terminant, M. Asquith demanda à la
Chambre da voter le Homa Ruie en troisième
lecture.
M. Bonar Law lni succéda. Il déclara qu il
est absurde de demander à la Chambre de
discuter le Home Ruie ea troisième lecture
dans ces conditions et qu’il ne voit pas l'uti-
lité de prendre part à cette discussion.
Plusieurs autres orateurs de l’opposition
att quôrent vigoureusement la gouverne-
ment. ' . „
Un député libéral, sir H. Dalziel, se joi-
gnit à eux pour dire qu’on a jamais deman-
dé à la Chambre de rendra un verdict sans
savoir si c’est ua verdict définitif.
Finalement, la motion d’ajournement dé-
posée par l’opposition est repoussée par 286
contre 176 voix. Le speaker appelle alors la
discussion sur le bill du Home Ruie en troi-
sième lect -re. Le speaker donne la parole à
un député unioniste, M. Campbell- Aussitôt,
de tous les bancs de l’opposition partent les
cris : « Ajournez I ajournez ! »
Ces cris se poursuivent sur l’air des lam-
pions et, comme ils ne cessent pas, le spea-
ker se lève, le silence se fait. Le speaker de-
mande alors à M Bonar Law s’il approuve
ce genre de manifestation. Plusieurs voix
crient : « Ne répondez pas 1 Ne repondez
pas 1 » M. Bonar Law répond :
Je ne veux pas critiquer, Monsieur, ce que vous
considérez êlre votre devoir, mais, quant à moi,
mon devoir est de ne pas répondre.
A ces mots les membres de l’opposition se
lèvent et font une ovation frénétique à M.
Bonar Law, brandissant des papiers dans la
direction du speaker. Le speaker dit :
Puisque M. Bonar Law r.-ruse de prêter son
concours pour le rétablissement de l’ordre, il ne
me reste pius, en présence de ce refus, qu’à sus-
pendre la séance,
M. Asquith, le Cabinet et leurs partisans,
qui restent à leurs places, sont l’objet d’une
bordée d’invectives de la part des membres
de l’opposition, qui quittent là salle. M. As-
quith èt les ministres se retirent à leur tour
avec leurs partisans, qui les acclament et
agitent leurs mouchoirs.
Il n’y avait pins qu’à lever la séance ;
c’est ce qui a été faitr Lundi on votera le
Home Ruie et mardi on partira pour les va-
cances de la Pentecôte.
L’opposition, paraît-il, est décidée a con-
tinuer l’obstruction jusqu’à ce que M. As-
quith fasse connaître ies amendements qn il
se pronose de présenter aux Lords.
On risque ainsi de tourner indéfiniment
dans un cercle vicie nx.
Une Pensée Claire
M. L. L. Klolz a fait paraître, dans la Re-
naissance, un exposé de la situation politi-
que. D y indique avec netteté et précision
les differents problèmes q >i se pos-mtd vant
le Parlement et que la majorité républicaine
de l’Assemblée aura a résoudre.
Après avoir rappe>é que, dans bien des
circonscriptions, « les libéraux qui combat-
tent l’école laïque et s’affichent patriotes de
carrefour, n’en ont pas moins, par haine du
régime, voté pour le pire contre le radical »,
le député de la Somme déclare que les ré-
publicains ont le devoir de combattre, la vi-
sière levée, l’Action libérale dont ies voix ne
sauraient à aucundegrè devenir les éléments
réguliers d’une majorité stablede gouverne-
ment.
Le Havre Eclair s’étonnai», hier encore,
que nous estimions impossible la parbeipa-
lion de l'Action libérale à un gouvernement
d’action républicaine.
Nous livrons à ses méditations cet article
dn Temps, où se trouvent commentées les
déclarations de M. L. L. Klolz, avec ce titre :
« Une pensée claire ».
... M. L. Klotz est sévère pour l’Action
libérale. Il ne l’est pas trop. Collègue de M.
Briand et de M. Pichon en 1910, il se sou-
vient que M. Piou aida M Gaillaux à affai-
blir le cabinet à propos d’un litige africain,
et que la formation du ministère Monis-
Caillaux fut la conséquence de cette belle
opération. Collègue de M. Barthou et de M.
Charles Dumont en 1913, il se souvient que
ce sont les conservateurs qui, à la commis-
sion du budget, sous la direction dé M.
Piou et de M. deMun — toujours l’Action
libérale ! — ont assuré l’échec des projets
du ministre des finances. Il a dépendu de
M. Piou et de M. de Mun que le ministère
Barthou se présentât devant la Chambre ea
défendeur avec la commission du budget
pour soi. au lieu de se présenter en deman-
deur contre la commission du budget.
Tous ceux qui ont un peu l’expérience des
débats parlementaires — et elle ne man-
que ni à M. Piou ni à M. de Mun — savent
dans quel état d’infériorité se trouve un
gouvernement lorsque la question est ainsi
posée et qu’il a la commission du budget
contre soi. La défaite devenait presque cer-
taine, et le coup mortel une fois porté, il ne
suffisait pas à MM. Piou et de Mun de voter
l’immunité de la fente pour réparer leur
faute. Il reste qu'ils ont contribue pour une
grande part à renverser le cabinet Barthou,.
à ouvrir le Parlement à ÎOü'Sorijalistes/et à
mettre en question la loi de trois ans. Voilà
l’oeuvre de l’Action libérale !
Nous ne pouvons suivre M. L. Klotz
lorsqu’il passe en revue tous les sujets où,
selon lui, les républicains peuvent s’accor-
der. Ce sont des projets économiques, fis-
caux ou sociaux, que l’ancien ministre exa-
mine brièvement et-résume en quelques li-
gnes qui attestent une connaissance pro-
fonde de cet ordrè de questions. Parfois,
M. L. Klolz indique les solutions qu’il en-
trevoit ou qu’il souhaite ; et le moment ve-
nu, nous aurions à les discuter. Aussi bien^
le titre de l’article : « Etre soi-même » si-
gnifie que l’ancien ministre de l’intérieur-
et des finances se souvient de ses origines
radicales, et qu’il ne peut traduire autre
chose que les aspirations générales de sou
parti. Mais on n’entendait pas autrefois
qu’un parti fût une secte ou une chose mor-
te. Un grand parti ne peut pas enfermer
toute sa vitalité dans des formules étroites,
comme celles du Congrès de Pau ; un
grand parti ne peut pas rejeter les leçons
de l’expérience, surtout de l’expérience que
donne le contact avec les réalités du pou-
voir. Autrefois, M. Clemenceau, vieux débu-
tant. avouait avec une spirituelle modestie
ce qu’il avait appris en acceptant les res-
ponsabilités de l’action gouvernementale.
La vigoureuse et lumineuse défense de
la loi de trois ans, qui sert de conclusion à
l’article de M. L. Klotz, devrait être lue et
relue par tous les républicains. M. L. Klotz
aurait-il pu l’écrire avec cette force de con-
viction, aurait-il pu démontrer aussi clai-
rement la vanité des demi-mesures et des
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Septembre 10 21 10 30
Le Président de la République
LYON
LYON — Le président de la République,
accompagné du préfet ainsi que des séna-
teurs et des dépotés, a traverse les salons de
la préfecture dans lesquels étaient groupés
les autorités de la ville et du département.
Les présentations ont été faites par le pré-
fet. Aucune allocation n’a été prononcée.
La réception a pris fin sur le défilé des offi-
ciers de la garnison.
M. Poincaré a été ensuite conduit dans ses
appartements.
A 7 heures, le président de la République
s’est rendu au banquet qui Iniétaif offert à
l'Hôtel de Ville par la municipalité.
Sur Iq parcours, la foule a longuement ac-
clamé le président.
730 convives assistaient au banquet.
Au champagne, M. Herriot, maire de Lyon,
a fait l’éloge de la population lyonnaise ré-
partie entre diverses opinions, mais unie
sous la loi commune du travail.
Et elle salue dans le premier magistrat de
la République les vertus qu’elle honore et
qu'elle aime ; une vie fondée snr lelabeur et
qui dot an labeur tous ses succès.
M. Herriot a terminé en disant que la ville
de Lyon désire contribuer pour sa part à la
grandeur de la Patrie.
Répondant au maire, M. Poincaré a rappelé
le brillant passé de la ville de Lyon qui, de-
puis sa fondation, a été travaillée par le
besoin de l’action et la passion des problè-
mes économiques et moraux et où la vie
municipale a été intense et féconde.
Lyon, dit le président, est aujourd’hui nn
des organes les plus puissants du pays.
Le président est heureux de constater
qu’elle favorise par d’heureuses hardiesses
le progrès démocratique et social.
Elle est plus que jamais, dit-il, digne de
son antique renommée ; elle donne l’exem-
ple de la solidarité communale et poursuit
à l’abri des lois une oeuvre à là fois républi-
caine, patriotique et humaine.
LYON. — Après le banquet, la foule mas-
sée sur la place de l’Hôtet-de-Ville réclame
le président de la République qui paraît alors
deux fois au balcon et est l’objet d’applau-
dissements frénétiques et d’ovations prolon-
g0gg(
A dix heures, M. Poincaré se rend à pied
au Grand-Théâtre, où a lieu une représenta-
tion de gala donnée en son honnèur.
A son entrée dans la loge officielle, M.
Poincané est acclamé par tous les specta-
teurs qui se tiennent debout.
Le programme comprenait l’ouverture des
Maîtres Chanteurs, de Wagner, exécutée p ir
l’orchestre ; deux vieilles chansons dn XVI®
siècle, exécutées par la Schola Cantorum;
te premier acte de La Forêt, interprété avec
le concours d’arustes de l’Opéra ; différentes
chansons de Dupont et divers fragments de
Salomé.
Le président a quitté le théâtre un peu
après minuit pour rentrer à la préfecture ou
ii doit passer la nuit.
Malgré l’heure, avancée, une foule énorme
est toujours massée sur le parcours suivi
par le cortège et acclame chaleureusement
M. Poincaré.
LA SUCCESSION SÉNATORIALE DE
M. MAUJAN
La Fédération radicale et radicale socia-
liste s’est réunie hier soir pour dés gaer un
cand'dat à l’élection sénatoriale de ia Seine
le 21 juin prochain pour pourvoir an rem-
placement de M. Maujan, décédé.
Par acclamations, les délégués ont dési-
gné M. Fernand Buisson comme candidat
unique du parti radical-socialiste.
L’ancien député du XIII® arrondissement
n’assistait pas à la réunion,
L’INTERIM DU MINISTÈRE
DE LA QUERRE
L'Officiel publie un décret chargeant le mi-
nistre de l'instruction publique da l’intérim
du ministère de la marine.
L’AFFAIRE CALMETTE
La Chambre des mises en accusation, pré-
sidée par M. Milliard, s’est occupée hier
après-midi, à huis clos, de l’affaire Cal mette.
Elle a décidé que le rapport serait fait mar-
di prochain.
L’arrêt fixant la date du renvoi devant les
assises sera rendu vraisemblablement ven-
dredi 29 mai.
UN DÉPUTÉ EN AÉROPLANE
L’aviateur Molla, avec comme passager M.
Girod, député du Doubs, venant de Soissons,
a atterri hier soir, vers 7 heures, à Vincen-
nes, sans incident.
Avant de quitter Soissons, M. Girod a fait
nne conférence en plein air sur l'aviation et
il a donné le « baptême de l’air » à ses deux
enfants.
LES CONSEILS GÉNÉRAUX
SAINT-ETIENNE.— Le Conseil général a voté
les crédits necessaires à la réception du pré-
sident de la République qui fera un voyage
dans la Loire au mois de juillet prochain.
UN DISCOURS DE M. LUTAUD
ALGER.—A l’occasion de l’ouverture des
délégations financières, M. Lutaud, gonver-
neur général, a prononcé nn long discours
dans lequel il a déclaré que le grand événe-
ment qui vient de s accomplir à Taza est
pour l’Algérie d’une portée incalculable.
Après ce discours, l’assemblée a adressé
an général Lyautey ainsi qu'aux officiers et
ani trnnnea nlaces sous ses ordres l'expres-
MORT DE M- P0UX-LAVILLE
ORLÉANS. — M. Poux Laville, préfet du
Loiret, est mort hier matin, des suites d’une
grippe infectieuse. . . . , „ •
M. Gaston Poux Laville était né le S mai
1859. à Aibi (Tarn).
Le 18 avril 1871, il fut nommé secrétaire
gênerai de l’Ariège ; le 8 juin 1891, sous-pré-
fet de Figeac ; le 21 juillet 1894. sous-prefet
de Saint-Dié ; le 28 tevrier 1896, sous préfet
de Beliey, et le 24 septembre 1900, sous-pré-
fet de Toulon. * ’J! , ,
Il fut nommé sons-préfet du Havre le 2
juillet 1906, en remplacement de M. Piette,
nommé directeur du cabinet du prétet de la
Seine. . , v ,, »T
M. Poux-La ville fut remplacé par M. Nau-
din. -
CONDAMNATION D’UN MAIRE
QUIMPËR. — Le Tribunal correctionnel
vient de condamner le maire de Ploerdut à
trois mois de prison et cent irancs d’amende
pour falsification de permis de chasse et es-
croqueries.
LE VOYAGE DES SOUVERAINS DANOIS
AMSTERDAM. — Les souverains danois sont
arrives à Amsterdam.
LE FEU A L’EXPOSITION DE LEIPZIG
I EIPSIG. — Un incendie a éclaté hier dans
les combles d’un bâtiment de l’administra-
tion de l'exposition de Leipzig.
Le feu a été rapidement éteint.
LE FEU DANS UNE CASERNE
CONSTANTINOPLE. — Un incendie vient de
détruire l’aiie gauche de la caserne de Tach-
kichla.
Six marins qui participaient aax travaux
de sauvetage on été blessés. .
Huit pompiers, parmi lesquels un officier,
ont été blessés très grièvement.
LES AFFAIRES DU MAROC
Les Aviateurs français assassinés .
De l’enquête à laquelle s’est livré le service
militaire à la suite de l’assassinat du capitaine
aviateur Hervé et du mécanicien Roland, il
résulté que ces derniers ayant endommagé
leur appareil à l’atterrissage, s’en allèrent à
pied à la recherche d’un poste français.
Des indigènes ayant vu l’avion toucher
terre en informèrent un groupe de dissi-
dents qui vinrent aussitôt attaquer les avia-
teurs- . . „ ,
Ceux-ci, après s’être abrités derrière des
rochers, se défendirent courageusement et
soutinrent à coups de revolver un siège hé-
roïque jusqu’à la nuit. A ce moment, deux
indigènes, profitant de l’ob curité, surpri-
rent les aviateurs par derrière et les tuèrent
à bout portant.
Contrairement à ce qui a été dit, les corps
ne furent pas mutilés; ils furent seulement
dépouillés de leurs vêtements et abandonnés
sur le sol où des soldats, partis à leur re-
cherche, les retrouvèrent un peu plus tard.
Les assassins sont à l’heure actuelle connus
des autorités militaires.
d’état des blessés
Le ministre de la guerre communique
l'état des blessés dans le combat du 12 mai
à la Montagne des Tsonls : ..
Lieutenant-colonel Giiaudon, du 2® étran-
ger (fractures par coups de feu, blessures
très graves) ; capitaine Goursaud, du 1®*
suahis (décédé) ; lieutenant Souquière, de la
4® batterie du 1®' groupe d’artillerie (blessé)
et douze autres blessés.
RESCAPÉS DÉBARQUÉS
EN ANGLETERRE
GRANTON (Angleterre). — Le vapeufr Har*
pales est arrivé hier m
1 sii ;Anfli ev\ii» dans ilna
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