Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-05-15
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 mai 1914 15 mai 1914
Description : 1914/05/15 (A34,N11969). 1914/05/15 (A34,N11969).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172135n
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/12/2020
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Le Petit Havre
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Variétés Economiqnes et Politiques
les Bleetioesjn Bretagne
La Bretagne politique ne sort presque
pas transformée des dernières élections. Il
y avait eu depuis dix ans, parmi les popu-
lations bretonnes (surtout bretonnantes),
an courant très vif vers la Gauche. Mais
iette fois-ci, chacun couche, ou à peu
près, sur ses positions.
Pour comprendre la Bretagne, il faut se
-garder de l’envisager comme un tout. Il y a,
en réalité, trois Bretagnes absolument dif-
férentes lés unes des autres. La Bretagne
continentale (je propose du moins de l’ap-
peler ainsi) est cellè'qui n’a jamais été
conquise d’une façon durable par l’invasion
celtique ; elle couvre les deux départe-
ments surtout terriens de la Loire-Infé-
rieure et de l’IIIe-et-Vilaine, à l’exception
des arrondissements de Saint-Nazaire, Re-
don et Montfort, et elle se distingue mal du
Maine et de l’Anjou voisins. La Bretagne
française (ou Pays gallo), qui vient ensuite
et qui s’étend sur la partie orientale des
Côtes-du-Nord et du Morbihan, est celle
qui a été conquise et peuplée par les Cel-
tes, du VIe au IX 8 siècle, mais qui a été
perdue ensuite par eux. La Bretagne bre-
tonnante enûn, seule Bretagne proprement
dite, est celle qui par la race et la langue
demeure'encore aujourd’hui exclusivement
celtique.
Cette petite analyse historique ou géo-
graphique était nécessaire, car elle est la
base de toute la politique bretonne contem-
poraine. Nous résumerons, d’un mot, là
situation électorale de la Bretagne sous la
Troisième République en disant que les
deux premières divisions sont et restent
entre les mains de la Droite, tandis que la
troisième, qui est démocratique de tempé-
rament, s’oriente nettement à Gauche.
La Bretagne continentale ne révèle, en
1914, aucun changement. Elle appartenait
en majorité à la Droite et continue de lui
appartenir. Mettons à part les deux circons-
criptions de Saint-Malo qui, à la façon
normande, nomment pour raisons person-
nelles deux députés de Gauche, sans être
nettement elles-mêmes orientées dans ce
sens, nous ne trouvons de républicains (au
Sens laïque et traditionnel du mot) qu’à
Rennes, à Nantes et à Saint-Nazaire, c’est-
à-dire dans les milieux urbains ou mariti-
mes. Mais, dans toutes les campagnes de
l’Ille-et-Vilaine ou de la Loire-Inférieure, ce
sont des cléricaux purs, des royalistes ou
des bonapartistes qui l’emportent. MM.
Lefas (Fougères), Porteu (Montfort) appar-
tiennent, quelles que soient les épithètes
qu’il leur plaît de choisir, à la Droite catho-
lique ; MM. du Halgouët (Redon), de Ker-
nier (Vitré), de Montaigu (Saint-Nazaire 2e),
de Juigné (Paimboeuf), de la Ferrônays(An-
cenis) se classent dans la Droite pure ou
même royalistes ; MM. de Dion (Nantes 4«)
et Ginoux-Defermon (Châteaubriant) sont
des plébiscitaires. Pas d’illusions à avoir :
cette région ne vient pas à la République.
Le pays gallo est soumis presque aussi
étroitement aux influences du passé. Si l’on
y discerne, dans la population, certains fer-
ments d’un « républicanisme plus social
que politique » (comme l’écrivait déjà Mi-
phelet il y a plus de cinquante ans), il faut
avouer que l’influence du prêtre et du
noble y demeure dominante. A l’exception
des villes de Dinan et de Vannes, à l’ex-
ception encore de la bordure côtière qui
est par tradition républicaine, tout le pays
rural demeure acquis à ta Droite^ La 2°
circonscription de Vannes, la 2e cir-
conscription de Dinan, l’arrondissement
I de Ploërmel (où le jeune 8ac de Rohan suc-
cède à son père), semblent des fiefs réac-
tionnaires impossibles à conquérir. G’est
que le tempérament du Breton gallo ne
convient pas à la lutte : il est passif et
subit, même quand c’est de mauvais gré,
la pression qui vient des autorités sociales.
Une évolution prochaine n’est pas à prévoir
de ce côté-là. N
L’aspect change pour ainsi dire du tout
au tout quand on entre dans le pays pure-
ment celtique.Immédiatement l’atmosphère
politique devient celle d’nne démocratie
égalitaire, passionnée, turbulente et —
chose qui paraîtra paradoxale à plus d’un
— anticléricale. Le Breton bretonnant, qui
est incontestablement religieux, n’aime pas
se laisser conduire politiquement par les
prêtres. De là la violence des batailles, sur
le terrain anticlérical, dans la plupart des
circonscriptions. A Pontivy (l’ancien siège
du comte de'Mun), M. Brard, radical, qui
avait été élu il y a quatre ans, est battu à
500 voix de majorité : c’eSt un champ de
bataille qpi est disputé, entre la Droite et
la Gauche, depuis 1876. Mais, dans le' Tré-
gorrois (Guingamp et Lannion, le pays de
Renan), les anticléricaux l’emportent de
haute lutte : MM. de Kerguézec, Even,
Turmel sont des hommes d’extrême-gauche,
qui ont gagné leurs sièges, en 1906 et
1910, sur la Droite la plus rétrograde et
qui semblent bien avoir retourné le pays
d’une façon durable*
Nous venons de parler du Morbihan. Dans
le Finistère la situation est plus complexe.
II y a d’abord, dans le pays de Léon, une
forteresse catholique inexpugnable. M. de
Mun (Morlaix 2e), M. Simon (Brest 2e),
M. Soubigou (Brest 3e) sont nommés comme
catholiques et peuvent être considérés
comme imbattables. Par contre, les répu-
blicains laïques possèdent le centre et le
sud du département ; La Cornouaille est ré-
publicaine depuis la Révolution française !
Mais le socialisme a fait son apparition il y
a une dizaine d’années, II a conquis Brest,
et il jette le trouble partout. Les marins
propriétaires résistent à son action; mais
les marins sardiniers, prolétaires pâr cer-
tains côtés et en tout cas fort éprouvés par
une crise récente, se laissent de plus en
plus séduire par la doctrine socialiste ou du
moins par les espérances vagues qu’elle sou-
lèvechez eux, Des candidats unifiés ont pro-
voqué un triple ballottage dans les trois cir-
conscriptions de Quimpec. À l’élection par-
tielle de 1912, dans la lre circonscription
de Quimper, la dissidence socialiste avait
même fait passer un droitier. Il y a là, pour
l’avenir du parti républicain finistérien,
une grave menace.
On voit, par ce bref tableau, que les chan-
gements sont peu considérables dans cette
partie de la France. C’est qu’on y trouve
des blocs d’opinion politique compacts qui,
de part et d’autre, sont pour ainsi dire im-
possibles à entamer.
ANDRÉ SIEGFRIED.
"M”«™»*«»miiginmir8îT-Tiiilli1i II mi IIH
Deux Officiers allemands
en Territoire français
Deux officiers allemands, en nniforme,
ont franchi la fronlière, sabre an côté,et sont
venus en territoire français, près de Mailiy-
sur-Seilles.
Ils sont ensuite rentrés en territoire an-
nexé, en faisant des gestes de provocation,
puis sont revenus sur leurs pas et ont gagné
le village de Secourt, effectuant ainsi un par-
cours de deux kilomètres environ en terri-
toire français.
4 Ces deux officiers appartiennent l’un an
98« d’infanterie, et l’autre au 12« régiment
saxon, en garnison à Meiz.
Une dépêché de Berlin dit que le gouver-
nement impérial a prescrit une enquête.
Bardien de Sémaplioro assassiné
La Vaillance d’une Femme
Un gardien de sémaphore a été assassiné
dans sa guérite, sur la ligue du Nord, près
de Saint-Denis, dans des circonstances mys-
térieuses.
La victime est M. Ulysse Poulain, âgé de
cinquante et un ans, garde-sémaphore, titu-
laire du ppste n« il, situé entre Saint-Denis
et PierrefUte-Stains, à un kilomètre de la
gare de Saint-Denis ; il était marié et habitait
une petite maison située à une vingtaine de
mètres de son kioSqae.
A trois heures du matin, Mme Ponlain fat
réveillée en sursaut par des.appels désespé-
rés provenant de la guérite, R lié reconnut'
la voix de son mt et à doua i-habi liée,
s’élança à son seconrs; elle le trouva à terre,
baignant dans nne mare de sang ; elle regar-
da aux alentours et ne vit personne. Elle
appela à l’aide le ménage Leverd, qui habite
une maisonnette voisine. Poulaia, complète-
ment inanimé, fut d’abord transporté chez
lui, ensuite à ia gare de Saint-Denis, d’où il
fut dirigé sur le cabinet médical de la gare
du Nord: •
Le blessé, qni n’a pas pu prononcer nne
parole, a succombé à quatre heures, sans
avoir repris connaissance. _
M. Mallet, commissaire spécial, a aussitôt
ouvert une enquête qui a établi que le mal-,
heureux employé avait été tué d’un coup dé
revolver ; la balle est entrée par l’arcade
sonrciilière gauche et est ressortie par
l’oreille droite ; elle a été retrouvée dans un
coin dé la guérite. Des traces de pas ont été
relevées autour du kiosque ; d’antre part, le
commissaire spécial a recueilli plusieurs té-
moignages établissant que trois individus
avaient été açerçus au petit jour en train de
changer de vetements dans un champ situé
non loin dn lien du crime.
Notons que Poulaia venait de donner la
voie libre, après le passage d’un train, au
moment où il fat assassiné, et que malgré
son douloureux émoi Mme Poulain as-
snra le service dn sémaphore sur le passage
d’un train qni suivait. C’est nn bel acte de
vaillance.
Le docteur Socquet, médecin légiste a exa-
miné le corps qni a été ensuite transporté à
la Morgue.
L'OCCUPATJON DE TAZA
Les morts de la colonne Gouraud
Le ministre de la guerre communique les
noms de nos tnés dans le combats dn 10
mai, livré par les troupes de la colonne
Gouraud.
Lieutenant Pierre Mazel, chevalier *da là
Légion-d’Honneur ; ; '
Sergent-major Poyét, de Saint-Gervais-sur-
Meymont (Puy-de-Dôme) ;
Sergent Letneur, du 2« bataillon sénéga-
lais, originaire de Saint-Cyr-des-Gâts (Ven-
dée) ;
Sergent Rondinean, du 2e sénégalais, ori-
ginaire-de GràndtJour, far Chomere (Loirc-
Inférieure) ;
Caporal Petit, dn 3e bataillon du 2« tirail-
leurs, originaire de Raddon (Haute-Saône).
La marche de la colonne Gouraud
Le ministère de la gnerre communique la
note suivante :
Le général Lyautey a adressé an ministre
de la gnerre un télégramme contenant des
détails complémentaires sur le combat du
12 mai, (colonne Gouraud), et dont voici le
résumé :
Le général Gouraud qui campait sur l’Oued
Amelil se portait dès 4 heures du matin en
trois' colonnes sur les hauteurs occupées par
les Tsouls, dont les contingents étaient reje-
tés successivement des deux premières
crêtes.
A 9 heures, nos troupes qni avaient mar-
qué un léger temps d’arrêt, pour souffler,
reprenaient l’attaque d’une troisième crête,
plus importante qu’ils enlevaient avec nn
élan d’une bravoure admirable.
A midi, elles étaient maîtresses de cette
crête, infligeant à l’ennemi des pertes consi-’
derabtes.
Le 13) le résident général a rejoint la co-
lonne Gouraud.
Aujourd’hui, 14, repos ; demain, 15, sauf
imprévu, le mouvement doit reprendre vers
Taza, d’où doit déboucher la colonne Baum-
garten.
La Politique Etrangère
de l'Allemagne
Au cours de la discussion, en deuxième
lecture, du budget des affaires étrangères,
M. de Jagow, secrétaire d’Etat à l’Office des
affaires étrangères, remplaçant le chancelier,
prend la parole.
* Depuis le dernier discours que le chan-
celier a prononcé ici, dit-il, la détente géné-
rale en Europe a fait nn progrès.
» Nous espérons que la liquidation de la
sitnation créée par la crise des Balkans, est
désormais assurée par l’acceptation par les
intéressés des décisions de Londres et de
Bucarest comm» bases de ia paix H faut ar-
demment souhaiter qu’aucune des parties
ne mette obstacle à l’exécution de ces trai-
ns ; et qne les difficultés inévitables dans
un si grand bouleversement s’arrangent à
l’amiable ».
M. de Jagow espéré que la régénération
de l’empire ottoman ne ponrra être que fa-
vorisée si le régime de la paix parmi les
différents éléments des territoires nonvelle-
ment partagés arrive à s’établir pratique-
ment.
Le secrétaire d’Etat dit ne pouvoir rien
communiquer au sujet des négociations en
cours eu Orient. « Je n’ai rien de nonvean à
ajouter à ce que j'ai dit lors de la première
lecture du budget sur les négociations avec
4’Angieterre. Elles se poursuivent des denx
côtés dans l’esprit amical qai a régné d’ail-
leurs eu dehors de cela dans nos relations
avec ce pays.
« Nous avons eu aussi des négociations avec la
France ; bien qu’elles fussept en première ligné
d’ordre financier et technique, je crois cependant,
au point de vue politique, pouvoir me féliciter de
ce que nous sommes arrivés avec notre voisin
occidental a une eiïten e qui fait disparaître de
tels motis a friction. »
An sujet de3 rapports de l’Allemague avec
la Rassie, il déchire :
Nos rapports avec la Russie ont récemment
préoccupé rte façon parîiculiôre l’opinion publi-
que. Le chancelier regrette tout particulièrement
aujourd’hui de ne pas vous faire lul-méme les dé-
clarations qui suivent.
Le jugement porté ces derniers jours dans un
procès intenté à des aéronautes allemands a causé
en Allemagne une émotion considérable. Nous
avons prié le gouvernement russe de nous com-
muniquer l’exposé des motifs du jugement. Je \-
suis obiigé, jusqu’à ce moment, de m’abstenir de
toute appréciation. U est certain que le courant
germanophobe qui existe déjà depuis un certain
temps dans une partie dé la presse russe est de-
venu dans ces derniers temps toujours plus in-
tense... (Attention! crie-t-on dans l’assistance),
et qu’il a conduit à une campagne presque systé-
matique. Ceux qui ont entretenu cette campagne
ne peuvent s’étonner si les échos de là forêt ré-
pètent les cris qu’on y pouese. (Vifs applaudisse-
ments). ü
'Nous avons assisté en Allemagne à une réac-
tion correspondante à l’action d’une partie de la
presse russe. Cette polémique a permis de cons-
tater une vérité insigne, l’ous ceux qui ont pu
observer la presse étrangère ont pu remarquer
que cette presse ne juge pas avec une même
mesuré l’Allemagne et les autres puissances,
Xoutqman(£est&tian tjjunde ces anciens officiers
estimes qui dexemps en tSïnfls renftreBi leur sf?~ *
bre avec quelque bruit, toutes ces manifestations %
dans un meeting d’un de nos clubs patriotiques
sont enregistrées dans la presse avec des airs
graves et inquiets, bien qu’il soit naturel que les
vagues de l'enthousiasme patriotique montent
dans de telles réunions un peu plus haut qu’ait- ,
leurs. Par contre, si nous sommes attaqués, com- :
me cela arrive tous les jours, par nos voisins de
l’Est ou de l’Ouest, ou môme, comme cela arrive
souv.-nt, par les deux ensemble, personne en de-
hors de l'Allemagne n’ÿ attache d’importance.
C’est comme cela que s’explique, à mon avis, la
protestation vigoureuse de notre presse, qui eut
pour effet de faire dire a un grand journal anglais
que si ce mouvement continuait, il aurait certai-
nement pour résultat un resserrement des liens
de l’Entente cordiale ; j’ai douté un moment de la
bonne foi de ce journal.
L’action de la presse sur la psychologie natio-
nale rend, dans une époque aussi nerveuse que
la nôtre, tout jeu de ce genre très dangereux.
Cet état d’irritation réciproque ne facilite point de
véritables solutions des affaires courantes. J’es-
père toutefois que les efforts des deux gouverne-
ments réussiront à endiguer les courants danger
reux L'idée que des rapports amicaux sont la
meilleure garantie des intérêts des deux peuples
reste toujours saine et vigoureuse. Elle est ga-
rantie par l’Histoire. J’ai des raisons de croire
que de son côté le gouvernement russe, sans se
laisser égarer par cette agitation, a lé désir de
maintenir avec nous ses anciennes relations de
bon voisinage.
M. de Jagow a, en outre, exposé toutes les
autres questions qui intéressent en ce mo-
ment la diplomatie allemande.
Un Raid de 6,000. kilométrés
Six Aviateurs militaires voient vers Le Havre
Un Pilote a failli se noyer à Dieppe. — Deux avions
sont détruits au Hoc et à Bléville,
TROIS AVIONS SONT REPARTIS POUR ANGERS
PiiOto et Clieljé t'eut Havre
L’avion du Capitaine Voisin “ La Jeanne-d’Arc ”, brisé a son atterrissage
Poursuivant son magnifique raid, com-
mencé il y a deux mois, et comprenant
déjà un parcours de plus de 6)000 kilomè-
mètres l’escadrille du capitaine Voisin a ac-
compli hier une étape où elle joua vérita-
blement de malheur ; dans cette même jour-
née trois unités, dont l’avion du chef de
groupe, ont été mis hors d’usage. Fort heu-
reus ment aucun des aviateurs n’a été
blessé grièvement.
Cette escadrille qui a effectué, dans une
partie de la France, une prodigieuse ran-
donnée, commencée depuis le 12 mars, se
compose des appareils suivants :
leame-d'Arc, dirigé pa» lo capitaine Voisin,,
chef de- feseadriUe, qu’accompagne le sa-
peur Destant.
Ville-de-Grenoble, monté par le lieutenant
Gabriel et le mécanicien Ledé.
Ville-de-Nîmes, monté par le lieutenant
Volmerance et le mécanicien Peyronnin.
Ville-de-Vichy, piloté par le maréchal-des-
logis Peltier d’Oisy, mécanicien Martin.
Viile-de-Dijon, maréchal-des-logis Clément,
mécanicien fialme.
Savoie, monté par le brigadier Blot et le
mécanicien Datournel.
* >
* *
Selon l’avis télégraphique reçu par notre
îoncitoyen M. Léon Molon, les 6 aéroplanes
levaient partir hier matin de Dunkerque
pour Angers en faisant escale an Havre.
Vous pensions et nous annoncions que les
irrivèes se feraient sur le terrain de Bléville
linsi qu’il en tut lors de la venue de précé-
ients aviateurs militaires ou civils.
L’escadrille partit bien de Dunkerque
vers 7 heures 46 du matin, mars avec com-'
me point de ralliement au Havre, l’hippo-
drome du Hoc.
Aussi, n’ayant pu soupçonner ce cas, les
îurieux, dès 9 heures du matin, se portaient
sn grand nombre à Bléville où, pas plus
qu’au Hoc d’aillenrs, aucun service d’or-
dre n’avait été organisé par l’autorité mili-
taire.
Après une longue attente, à 11 b. 46, le
ronflement d’an moteur réveille l’attention
,un peu lassée de la foule. A 1,000 mètres
d’altitude passe un appareil. Ii continue sa
route, ceux qui le montent n’ayant pas
aperça les signaux qui leur sont faits. Cresf
la Ville-de-Dijon qui va atterrir à midi 6 atf
champ de courses où d’autres avions, qui ne
furent pas aperçus à Bléville, l’avaient déjà
précédé.
A 11 h. 40, ùn second appareil apparaît
dans le lointain. Ii est beancoup moins haut
que le précédent et se tient à une altitude
d’environ 300 mètres. C’est le Savoie. Ceux
qui le montent : le brigadier Blot et le sa-
peur Dufournel, ayant aperçu, les signaux,
décident d’atterrir. Ils évoluent en spirale,
et.au moment d’atterrir,sautent au-dessus de
la haie de curieux qui barre l’accès du ter-
rain, ils arrivent ainsi brutalement dans les
blés. L’appareil est retourné complètement.
La foute, très impressionnée, se préci-
pite au secours des aviateurs. Les deux
hommes sont rapidement dégagés et,'tort
heureusement, on constate que, seul, le bri-
gadier Blot est légèrement contusionné aux
genoux. Ils se remettent vivement de leur
émotion, mais leur dépit e3t grand : l’appa-
reil est brisé, l’aile gauche est cassée, le
train d’atterrissage faussé.
Le grand oiseau est incapable de repren-
dre son vol et le malchanceux Blot songe la-
mentablement au but qu’il visait depuis
longtemps. Oa le plaindra en apprenant, en
effet, qu'il comptait le soir atteindre Angtrs
où habite sa famille...
Le premier moment d’émotion passé, l’ap-
pareil a été relevé ; on attend les autres
avions, quand, à midi trois minutes, à la
grande surprise des spectateurs, l’on voit
arriver sur. le terrain, une automobile dans
laquelle se trouve le capitaine Voisin, '■
Celui-ci fait connaître qu’avec son méca-
nicien Destaux, à bord du Jeanne d'Arc, il
est parvenu à atterrir au champ de courses
à 10 h. 26.
Son atterrissage a été également mouve-
menté.
Gêné par les vaches et par un sarcleuse
qui se trouvait au milieu de la pelouse,
Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
I..OIVDUES, 14 llfai. Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE .
Comptant ..) caImo *63-/- -/- j/8
3 mois 163 7/6 -/- 6/-
ETAIN
Comptant • * 183 18/- 7/6 -/-
3 mois..... ' SCno 1188 10/- 7/6 -/-
FER
Comptant..) câIme *si/7 ^ 2 y2 d -/-
mois Il i 81/7 Ü ■
avec ceux de la deuxième Bourse
ttu 13 mai 1914.
NEW-YORK, 14 MAI
Cotons « mai, hausse 31 points : juillet,
hausse 11 points ; octobre, hausse 16 points ;
janvier, hausse 14 points. — Très soutenu.
Calé* i hausse 4 à 6 points.
NBW-YORK. 14 MAI
. u tout i. meum
Cuivre Standard disp. 13 75 13 75
- jain 1375 1375
Amalgamat. Cop... 73 5 8 78 5/8
.] 15 25 15 25
CHICAGO, 14 MAI
C. ,90 i.OOR Cl. PRECRI)
Blé sut'.,...* Juillet.... 86 7/8 86 3/8
— Septembre 83iB 8 88 3 8
M®! 8 SRr Juillet.... 66 8 8 t-6 »/»
Septembre 66 4 8 06»/»
StuBfioux s ira JtnUet.... 10 48 40 02
~ septembre 1Q 30 u&j
LE RETOUR OU PRESIDENT
DE LA RÉPUBLIQUE
NIÇE. — Le président de la République et
Mme Poincaré ont quitté Eza hier soir à
8 h. 35, par train spécial.
Ils arriveront ce matin à Paris.
L’OCCUPATION DE TAZA
Les Pertes -françaises
Le général commandant les troupes du
Maroc oriental télégraphie- au ministère de
la guerre qu’au cours au combat du 10 mai
à Taza, ont été tués, outre le lieutenant Ma-
zel, du service des renseignements, le ser-
gent René Lacroix, du 1er étranger, et quatre
soldats indigènes ; il y a eu treize blessés
dont le maréchal-des-logis fourrier Raymond
Bourgeois, du 5« escadron, et douze indi-
gènes.
LÉGION-D’HONNEUR
M. Richard Strauss a été nommé officier de
la Légion-d’Honneur.
L’AFFAIRE DE LILLE
LILLE. — Une nouvelle perquisition a été!
opérée hier à la maison des Frères de la Doc-
trine chrétienne à Annapes, mais elle n’a
pas donné de^résultats.
Hier soir, sur commission rogatoire de M. ’
Gobert, juge d’instruction. M. Videt, com-
missaire aux délégations judiciaires, a saisi
à la mairie de Lille les registres contenant
les listes électorales.
Cos registres ont été placés sous scellés et
déposés au parouét.
UNE PLAINTE
M. Jules Auffray, candidat dans la cir-
conscription de Sceaux contre M. Albert
Thomas, élu député, s’est présenté hier
après-midi, accompagné de M. Chenu, chez
M. Roty, doyen des juges d’instruction, et a
déposé une plainte en faux et usage de faux
contreX.
Cette plainte est motivée par une affiche
intitulée « Déclaration », placardée le 9 mai
et signée Adolphe Chéron, candidat radical-
socialiste qui se retirait.
M. Auffray soutient que cette affiche est
l’oeuvre d’un faussaire et il s’est porté partie
civile.
LE MYSTÈRE DE LA GRAND’PALUD
BREST. — M. Bidart de la Noë, juge d’ins-
truction, a reçu hier les derniers témoigna-
ges des ouvriers de la Grand’Palud.
Plusieurs ont vu M. Cadiou le 30 décem-
bre arriver à l’usine vers huit heures du
matin et eu repartir avant neuf heures.
L’ingénieur Pierre arriva vers neuf heures
et demie. Il est donc fort possible qu’il n’ait
pas rencontré son directeur dans cette jour-
née du 30 décembre.
Le juge d’instruction a confié à M. de
Goulhezne, ingénieur des Ponts et Chaussées,
le soin de dresser les plans de l’usiae de la
Grand’Palud, de la maison de l’ingénieur et
des lieux où le cadavre de M. Cadiou a été
retrouvé.
GRÈVE DE GAZIERS
ROUBAIX. — Au cours d’une entrevue qui
a eu lieu dans le cabinet du juge de paix,
entre la direction de l’usine à gaz et nne dé-
légation des grévistes, satisfaction a été
accordée aux revendications du.personnel.
Le travail va reprendre aujourd'hui.
CURIEUX CAS DE FÉCONDITÉ
PALEBME. — Dans une clinique obstétrique, ]
nne femme du peuple a mis au monde .cinq j
.enfants qurïont tous en excellente saura. ■
LE VOL DU COLLIER 0E PERLES
M. Coûtant, juge d’fhstructïon, vient de
rendre nne ordonnance de noniieu dans
l’affaire du fameux collier de perles volé eu
juillet 1913, pendant le trajet de Paris à Lon-
dres, an préjudice de M. Max Mayer, bijou-
tier de Londres à qui il avait été expédie de
Paris par un correspondant.
L'instruction a donné lieu à de nombreu-
ses investigations en Angleterre ; elle a dé-
montré que les individus condamnés par la
justice anglaise n'avaient pas de complices
français, que la cire scellant la boite et le
, sucre qui avait remplacé le collier volé
étaient de fabrication anglaise et qu'aucun
employé dos Postes ne pouvait être soup-
çonné.
RUPTURE D’UN DIGUE
NANCY. — Hier matin, la digue du canal a
cédé à Fiaviguy. Le canal se vide dans la Mo-
selle.
A Toul, le service des Ponts et Chaussées
a pris des mesures pour éviter de graves dé-
gâts.
MANIFESTATION FRANCO-ANGLAISE
LONDRES. — L’ambassadeur de France a
présidé hier soir ie banquet annuel de la
Chambre de Commerce française à Londres.
. Des toasts cordiat^c ont été portés au pré-
sident de la République et au roi George.
Le président de la Chambre de commerce
française, très applaudi, a parlé du senti-
ment d’amitié qui unit l’Angleterre à la
France.
M. Paul Cambon, priant du voyage des
souverains anglais à Paris, a dit que l’ac-
cueil qai leur a été fait mon|le que l’En-
tente franco-anglaise n’est pas seulement"
l’accord de deux gouvernements,mais qu’elle
répond à nn sentiment profond dans le coeur
des deux nations.
L'Entente cordiale, qni a fait ses preuves
au point de-vue politique et au point de vue
commercial, est l'aUüce par le suffrage po-
nnlairn,
AU REICHSTAG
La Légion étrangère •
BERLIN. — Le député Weadel, socialiste
saxon, monte à la tribune. Il proteste contre
la violente campagne menée contre la légion
étrangère.
Le but atteint est exactement opposé à celui
que se propose cette campagne, dit-il.: Au reste,
le peuple français veut ia paix et désire nne. en-
tente avec l’Allemagne ; c’est ce que prouvent
les élections françaises.
Le député Spahn, du centre, prend la pa-
role :
« L’oratenr précédent a crié : # Vive la
France 1 », cette même France qui paye de
son argent les armes russes contre nous.
Cela suffit pour montrer ce qu’il faut pen-
ser de sa phraséologie. »
M. Spahn détend les mesures militaires
‘prises par l’Allemague.
L’orateur recommande un accord avec
l’Angleterre, qui, en particulier, pourrait
aider l'Allemagne à combattre les projets de
la Rassie contre l’intégrité territoriale de la
Chine.
■ Le peuple français et le peuple allemand sont
unis par le sentiment de l’internationalisme de ces
grands peuples civilisés.
De France, dit-il en concluant on me répondra
« Vive l'Allemagne » si je conclus aujourd’hui
mg n discours par te cri ae « Vive la France ».
(Applaudissements parmi les socialiste^ — Bruits
divers et vive hilarité au centre et a droite.)— Un
député conservateur crie : « Fi donc l »
Le prince Shonaich Carolath regrette qnn
les déclarations de M. S tzonow sur la poli-
tique étrangère russe ne soient pas encore
parues. Il estime que J’AEllemagne ne de-
vrait pas, par ses alliances, s’ôter tonte li-
berté d'action, et que si en Autriche ou
envisage les relations amicales avec d’au-
tres Etals oui peut taire la même chose en
Allemagne. Pour la politique allemande, le
mieux' est de maintenir autant que possible
de bonnes relations avec l’Angleterre et la
Russie.
BERLIN. — Au Reichstag. M. Zimmermann,
sous-secrétaire d'SEtat à l’< ffice des affaires
étrangères, répondant à diverses uueslio&s,
a déclaré que le gouvernement français li-
bère sans difficultés, sur la demande du
gouvernement allemand, les Allemands mi-
neurs qui se sont engagés à la légion étran-
gère. ■ ■
Le Conflit Mexico-Américain
Les Aviateurs Rebelles
WASHINGTON.— Le croiseur California an-
nonce que mercredi, les aviateurs des re-
belles zapatistes ont fait une nouvelle recon-
naissance des tranchées et des fortifications
des fédéraux à Mazatlaù et qu’ils ont lancé
des bombes qui ont explosé dans les lignes
fédérales.
Les pertes des fédéraux ne sont pas encore
connues.
UN COUVENT EN FEU
BRUXELLES. — Un incendie a détruit bref
matin le couvent des Pères Carmillions,
près de Termonde.
Les pèrea et les élèves étaient encore cou-
chés, aussi le sauvetage a-t-il été assez diffi-
cile.
Trois élèves ont été assez grièvement brû-
lés aux mains et à.la tête.
Les dégâts dépassent 150,000 francs.
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Pour la Coupe de distance
La date-limite pour l’attribution de la cou-
pe Pommery, première prime de 10,000 fr.,
sous ia formule, da nouveau, règlement, ex-
pire aujoura’bui vendredi 15 mai a minuit!
Cinq aviateurs sont engagés, ce sont : Marc
Bonnier, Verrier, Pierron, Chemet et Le-
noijr.
Marc Bôntiier, sur monoplan, qui avait ac-
compli le voyage de Vihaconblayli Angou-
lême, esk reparti hier matin vers l’Espagne
dans l'intention de gagner Tanger.
Pierre Verrier, sur son biplan, s'est envolé
de Rue dans la direction de ■ Aliemugae. ’
Lendit’ a pris son vyl de Juvisv.
Administralear • Délégué - Gérant
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Variétés Economiqnes et Politiques
les Bleetioesjn Bretagne
La Bretagne politique ne sort presque
pas transformée des dernières élections. Il
y avait eu depuis dix ans, parmi les popu-
lations bretonnes (surtout bretonnantes),
an courant très vif vers la Gauche. Mais
iette fois-ci, chacun couche, ou à peu
près, sur ses positions.
Pour comprendre la Bretagne, il faut se
-garder de l’envisager comme un tout. Il y a,
en réalité, trois Bretagnes absolument dif-
férentes lés unes des autres. La Bretagne
continentale (je propose du moins de l’ap-
peler ainsi) est cellè'qui n’a jamais été
conquise d’une façon durable par l’invasion
celtique ; elle couvre les deux départe-
ments surtout terriens de la Loire-Infé-
rieure et de l’IIIe-et-Vilaine, à l’exception
des arrondissements de Saint-Nazaire, Re-
don et Montfort, et elle se distingue mal du
Maine et de l’Anjou voisins. La Bretagne
française (ou Pays gallo), qui vient ensuite
et qui s’étend sur la partie orientale des
Côtes-du-Nord et du Morbihan, est celle
qui a été conquise et peuplée par les Cel-
tes, du VIe au IX 8 siècle, mais qui a été
perdue ensuite par eux. La Bretagne bre-
tonnante enûn, seule Bretagne proprement
dite, est celle qui par la race et la langue
demeure'encore aujourd’hui exclusivement
celtique.
Cette petite analyse historique ou géo-
graphique était nécessaire, car elle est la
base de toute la politique bretonne contem-
poraine. Nous résumerons, d’un mot, là
situation électorale de la Bretagne sous la
Troisième République en disant que les
deux premières divisions sont et restent
entre les mains de la Droite, tandis que la
troisième, qui est démocratique de tempé-
rament, s’oriente nettement à Gauche.
La Bretagne continentale ne révèle, en
1914, aucun changement. Elle appartenait
en majorité à la Droite et continue de lui
appartenir. Mettons à part les deux circons-
criptions de Saint-Malo qui, à la façon
normande, nomment pour raisons person-
nelles deux députés de Gauche, sans être
nettement elles-mêmes orientées dans ce
sens, nous ne trouvons de républicains (au
Sens laïque et traditionnel du mot) qu’à
Rennes, à Nantes et à Saint-Nazaire, c’est-
à-dire dans les milieux urbains ou mariti-
mes. Mais, dans toutes les campagnes de
l’Ille-et-Vilaine ou de la Loire-Inférieure, ce
sont des cléricaux purs, des royalistes ou
des bonapartistes qui l’emportent. MM.
Lefas (Fougères), Porteu (Montfort) appar-
tiennent, quelles que soient les épithètes
qu’il leur plaît de choisir, à la Droite catho-
lique ; MM. du Halgouët (Redon), de Ker-
nier (Vitré), de Montaigu (Saint-Nazaire 2e),
de Juigné (Paimboeuf), de la Ferrônays(An-
cenis) se classent dans la Droite pure ou
même royalistes ; MM. de Dion (Nantes 4«)
et Ginoux-Defermon (Châteaubriant) sont
des plébiscitaires. Pas d’illusions à avoir :
cette région ne vient pas à la République.
Le pays gallo est soumis presque aussi
étroitement aux influences du passé. Si l’on
y discerne, dans la population, certains fer-
ments d’un « républicanisme plus social
que politique » (comme l’écrivait déjà Mi-
phelet il y a plus de cinquante ans), il faut
avouer que l’influence du prêtre et du
noble y demeure dominante. A l’exception
des villes de Dinan et de Vannes, à l’ex-
ception encore de la bordure côtière qui
est par tradition républicaine, tout le pays
rural demeure acquis à ta Droite^ La 2°
circonscription de Vannes, la 2e cir-
conscription de Dinan, l’arrondissement
I de Ploërmel (où le jeune 8ac de Rohan suc-
cède à son père), semblent des fiefs réac-
tionnaires impossibles à conquérir. G’est
que le tempérament du Breton gallo ne
convient pas à la lutte : il est passif et
subit, même quand c’est de mauvais gré,
la pression qui vient des autorités sociales.
Une évolution prochaine n’est pas à prévoir
de ce côté-là. N
L’aspect change pour ainsi dire du tout
au tout quand on entre dans le pays pure-
ment celtique.Immédiatement l’atmosphère
politique devient celle d’nne démocratie
égalitaire, passionnée, turbulente et —
chose qui paraîtra paradoxale à plus d’un
— anticléricale. Le Breton bretonnant, qui
est incontestablement religieux, n’aime pas
se laisser conduire politiquement par les
prêtres. De là la violence des batailles, sur
le terrain anticlérical, dans la plupart des
circonscriptions. A Pontivy (l’ancien siège
du comte de'Mun), M. Brard, radical, qui
avait été élu il y a quatre ans, est battu à
500 voix de majorité : c’eSt un champ de
bataille qpi est disputé, entre la Droite et
la Gauche, depuis 1876. Mais, dans le' Tré-
gorrois (Guingamp et Lannion, le pays de
Renan), les anticléricaux l’emportent de
haute lutte : MM. de Kerguézec, Even,
Turmel sont des hommes d’extrême-gauche,
qui ont gagné leurs sièges, en 1906 et
1910, sur la Droite la plus rétrograde et
qui semblent bien avoir retourné le pays
d’une façon durable*
Nous venons de parler du Morbihan. Dans
le Finistère la situation est plus complexe.
II y a d’abord, dans le pays de Léon, une
forteresse catholique inexpugnable. M. de
Mun (Morlaix 2e), M. Simon (Brest 2e),
M. Soubigou (Brest 3e) sont nommés comme
catholiques et peuvent être considérés
comme imbattables. Par contre, les répu-
blicains laïques possèdent le centre et le
sud du département ; La Cornouaille est ré-
publicaine depuis la Révolution française !
Mais le socialisme a fait son apparition il y
a une dizaine d’années, II a conquis Brest,
et il jette le trouble partout. Les marins
propriétaires résistent à son action; mais
les marins sardiniers, prolétaires pâr cer-
tains côtés et en tout cas fort éprouvés par
une crise récente, se laissent de plus en
plus séduire par la doctrine socialiste ou du
moins par les espérances vagues qu’elle sou-
lèvechez eux, Des candidats unifiés ont pro-
voqué un triple ballottage dans les trois cir-
conscriptions de Quimpec. À l’élection par-
tielle de 1912, dans la lre circonscription
de Quimper, la dissidence socialiste avait
même fait passer un droitier. Il y a là, pour
l’avenir du parti républicain finistérien,
une grave menace.
On voit, par ce bref tableau, que les chan-
gements sont peu considérables dans cette
partie de la France. C’est qu’on y trouve
des blocs d’opinion politique compacts qui,
de part et d’autre, sont pour ainsi dire im-
possibles à entamer.
ANDRÉ SIEGFRIED.
"M”«™»*«»miiginmir8îT-Tiiilli1i II mi IIH
Deux Officiers allemands
en Territoire français
Deux officiers allemands, en nniforme,
ont franchi la fronlière, sabre an côté,et sont
venus en territoire français, près de Mailiy-
sur-Seilles.
Ils sont ensuite rentrés en territoire an-
nexé, en faisant des gestes de provocation,
puis sont revenus sur leurs pas et ont gagné
le village de Secourt, effectuant ainsi un par-
cours de deux kilomètres environ en terri-
toire français.
4 Ces deux officiers appartiennent l’un an
98« d’infanterie, et l’autre au 12« régiment
saxon, en garnison à Meiz.
Une dépêché de Berlin dit que le gouver-
nement impérial a prescrit une enquête.
Bardien de Sémaplioro assassiné
La Vaillance d’une Femme
Un gardien de sémaphore a été assassiné
dans sa guérite, sur la ligue du Nord, près
de Saint-Denis, dans des circonstances mys-
térieuses.
La victime est M. Ulysse Poulain, âgé de
cinquante et un ans, garde-sémaphore, titu-
laire du ppste n« il, situé entre Saint-Denis
et PierrefUte-Stains, à un kilomètre de la
gare de Saint-Denis ; il était marié et habitait
une petite maison située à une vingtaine de
mètres de son kioSqae.
A trois heures du matin, Mme Ponlain fat
réveillée en sursaut par des.appels désespé-
rés provenant de la guérite, R lié reconnut'
la voix de son mt et à doua i-habi liée,
s’élança à son seconrs; elle le trouva à terre,
baignant dans nne mare de sang ; elle regar-
da aux alentours et ne vit personne. Elle
appela à l’aide le ménage Leverd, qui habite
une maisonnette voisine. Poulaia, complète-
ment inanimé, fut d’abord transporté chez
lui, ensuite à ia gare de Saint-Denis, d’où il
fut dirigé sur le cabinet médical de la gare
du Nord: •
Le blessé, qni n’a pas pu prononcer nne
parole, a succombé à quatre heures, sans
avoir repris connaissance. _
M. Mallet, commissaire spécial, a aussitôt
ouvert une enquête qui a établi que le mal-,
heureux employé avait été tué d’un coup dé
revolver ; la balle est entrée par l’arcade
sonrciilière gauche et est ressortie par
l’oreille droite ; elle a été retrouvée dans un
coin dé la guérite. Des traces de pas ont été
relevées autour du kiosque ; d’antre part, le
commissaire spécial a recueilli plusieurs té-
moignages établissant que trois individus
avaient été açerçus au petit jour en train de
changer de vetements dans un champ situé
non loin dn lien du crime.
Notons que Poulaia venait de donner la
voie libre, après le passage d’un train, au
moment où il fat assassiné, et que malgré
son douloureux émoi Mme Poulain as-
snra le service dn sémaphore sur le passage
d’un train qni suivait. C’est nn bel acte de
vaillance.
Le docteur Socquet, médecin légiste a exa-
miné le corps qni a été ensuite transporté à
la Morgue.
L'OCCUPATJON DE TAZA
Les morts de la colonne Gouraud
Le ministre de la guerre communique les
noms de nos tnés dans le combats dn 10
mai, livré par les troupes de la colonne
Gouraud.
Lieutenant Pierre Mazel, chevalier *da là
Légion-d’Honneur ; ; '
Sergent-major Poyét, de Saint-Gervais-sur-
Meymont (Puy-de-Dôme) ;
Sergent Letneur, du 2« bataillon sénéga-
lais, originaire de Saint-Cyr-des-Gâts (Ven-
dée) ;
Sergent Rondinean, du 2e sénégalais, ori-
ginaire-de GràndtJour, far Chomere (Loirc-
Inférieure) ;
Caporal Petit, dn 3e bataillon du 2« tirail-
leurs, originaire de Raddon (Haute-Saône).
La marche de la colonne Gouraud
Le ministère de la gnerre communique la
note suivante :
Le général Lyautey a adressé an ministre
de la gnerre un télégramme contenant des
détails complémentaires sur le combat du
12 mai, (colonne Gouraud), et dont voici le
résumé :
Le général Gouraud qui campait sur l’Oued
Amelil se portait dès 4 heures du matin en
trois' colonnes sur les hauteurs occupées par
les Tsouls, dont les contingents étaient reje-
tés successivement des deux premières
crêtes.
A 9 heures, nos troupes qni avaient mar-
qué un léger temps d’arrêt, pour souffler,
reprenaient l’attaque d’une troisième crête,
plus importante qu’ils enlevaient avec nn
élan d’une bravoure admirable.
A midi, elles étaient maîtresses de cette
crête, infligeant à l’ennemi des pertes consi-’
derabtes.
Le 13) le résident général a rejoint la co-
lonne Gouraud.
Aujourd’hui, 14, repos ; demain, 15, sauf
imprévu, le mouvement doit reprendre vers
Taza, d’où doit déboucher la colonne Baum-
garten.
La Politique Etrangère
de l'Allemagne
Au cours de la discussion, en deuxième
lecture, du budget des affaires étrangères,
M. de Jagow, secrétaire d’Etat à l’Office des
affaires étrangères, remplaçant le chancelier,
prend la parole.
* Depuis le dernier discours que le chan-
celier a prononcé ici, dit-il, la détente géné-
rale en Europe a fait nn progrès.
» Nous espérons que la liquidation de la
sitnation créée par la crise des Balkans, est
désormais assurée par l’acceptation par les
intéressés des décisions de Londres et de
Bucarest comm» bases de ia paix H faut ar-
demment souhaiter qu’aucune des parties
ne mette obstacle à l’exécution de ces trai-
ns ; et qne les difficultés inévitables dans
un si grand bouleversement s’arrangent à
l’amiable ».
M. de Jagow espéré que la régénération
de l’empire ottoman ne ponrra être que fa-
vorisée si le régime de la paix parmi les
différents éléments des territoires nonvelle-
ment partagés arrive à s’établir pratique-
ment.
Le secrétaire d’Etat dit ne pouvoir rien
communiquer au sujet des négociations en
cours eu Orient. « Je n’ai rien de nonvean à
ajouter à ce que j'ai dit lors de la première
lecture du budget sur les négociations avec
4’Angieterre. Elles se poursuivent des denx
côtés dans l’esprit amical qai a régné d’ail-
leurs eu dehors de cela dans nos relations
avec ce pays.
« Nous avons eu aussi des négociations avec la
France ; bien qu’elles fussept en première ligné
d’ordre financier et technique, je crois cependant,
au point de vue politique, pouvoir me féliciter de
ce que nous sommes arrivés avec notre voisin
occidental a une eiïten e qui fait disparaître de
tels motis a friction. »
An sujet de3 rapports de l’Allemague avec
la Rassie, il déchire :
Nos rapports avec la Russie ont récemment
préoccupé rte façon parîiculiôre l’opinion publi-
que. Le chancelier regrette tout particulièrement
aujourd’hui de ne pas vous faire lul-méme les dé-
clarations qui suivent.
Le jugement porté ces derniers jours dans un
procès intenté à des aéronautes allemands a causé
en Allemagne une émotion considérable. Nous
avons prié le gouvernement russe de nous com-
muniquer l’exposé des motifs du jugement. Je \-
suis obiigé, jusqu’à ce moment, de m’abstenir de
toute appréciation. U est certain que le courant
germanophobe qui existe déjà depuis un certain
temps dans une partie dé la presse russe est de-
venu dans ces derniers temps toujours plus in-
tense... (Attention! crie-t-on dans l’assistance),
et qu’il a conduit à une campagne presque systé-
matique. Ceux qui ont entretenu cette campagne
ne peuvent s’étonner si les échos de là forêt ré-
pètent les cris qu’on y pouese. (Vifs applaudisse-
ments). ü
'Nous avons assisté en Allemagne à une réac-
tion correspondante à l’action d’une partie de la
presse russe. Cette polémique a permis de cons-
tater une vérité insigne, l’ous ceux qui ont pu
observer la presse étrangère ont pu remarquer
que cette presse ne juge pas avec une même
mesuré l’Allemagne et les autres puissances,
Xoutqman(£est&tian tjjunde ces anciens officiers
estimes qui dexemps en tSïnfls renftreBi leur sf?~ *
bre avec quelque bruit, toutes ces manifestations %
dans un meeting d’un de nos clubs patriotiques
sont enregistrées dans la presse avec des airs
graves et inquiets, bien qu’il soit naturel que les
vagues de l'enthousiasme patriotique montent
dans de telles réunions un peu plus haut qu’ait- ,
leurs. Par contre, si nous sommes attaqués, com- :
me cela arrive tous les jours, par nos voisins de
l’Est ou de l’Ouest, ou môme, comme cela arrive
souv.-nt, par les deux ensemble, personne en de-
hors de l'Allemagne n’ÿ attache d’importance.
C’est comme cela que s’explique, à mon avis, la
protestation vigoureuse de notre presse, qui eut
pour effet de faire dire a un grand journal anglais
que si ce mouvement continuait, il aurait certai-
nement pour résultat un resserrement des liens
de l’Entente cordiale ; j’ai douté un moment de la
bonne foi de ce journal.
L’action de la presse sur la psychologie natio-
nale rend, dans une époque aussi nerveuse que
la nôtre, tout jeu de ce genre très dangereux.
Cet état d’irritation réciproque ne facilite point de
véritables solutions des affaires courantes. J’es-
père toutefois que les efforts des deux gouverne-
ments réussiront à endiguer les courants danger
reux L'idée que des rapports amicaux sont la
meilleure garantie des intérêts des deux peuples
reste toujours saine et vigoureuse. Elle est ga-
rantie par l’Histoire. J’ai des raisons de croire
que de son côté le gouvernement russe, sans se
laisser égarer par cette agitation, a lé désir de
maintenir avec nous ses anciennes relations de
bon voisinage.
M. de Jagow a, en outre, exposé toutes les
autres questions qui intéressent en ce mo-
ment la diplomatie allemande.
Un Raid de 6,000. kilométrés
Six Aviateurs militaires voient vers Le Havre
Un Pilote a failli se noyer à Dieppe. — Deux avions
sont détruits au Hoc et à Bléville,
TROIS AVIONS SONT REPARTIS POUR ANGERS
PiiOto et Clieljé t'eut Havre
L’avion du Capitaine Voisin “ La Jeanne-d’Arc ”, brisé a son atterrissage
Poursuivant son magnifique raid, com-
mencé il y a deux mois, et comprenant
déjà un parcours de plus de 6)000 kilomè-
mètres l’escadrille du capitaine Voisin a ac-
compli hier une étape où elle joua vérita-
blement de malheur ; dans cette même jour-
née trois unités, dont l’avion du chef de
groupe, ont été mis hors d’usage. Fort heu-
reus ment aucun des aviateurs n’a été
blessé grièvement.
Cette escadrille qui a effectué, dans une
partie de la France, une prodigieuse ran-
donnée, commencée depuis le 12 mars, se
compose des appareils suivants :
leame-d'Arc, dirigé pa» lo capitaine Voisin,,
chef de- feseadriUe, qu’accompagne le sa-
peur Destant.
Ville-de-Grenoble, monté par le lieutenant
Gabriel et le mécanicien Ledé.
Ville-de-Nîmes, monté par le lieutenant
Volmerance et le mécanicien Peyronnin.
Ville-de-Vichy, piloté par le maréchal-des-
logis Peltier d’Oisy, mécanicien Martin.
Viile-de-Dijon, maréchal-des-logis Clément,
mécanicien fialme.
Savoie, monté par le brigadier Blot et le
mécanicien Datournel.
* >
* *
Selon l’avis télégraphique reçu par notre
îoncitoyen M. Léon Molon, les 6 aéroplanes
levaient partir hier matin de Dunkerque
pour Angers en faisant escale an Havre.
Vous pensions et nous annoncions que les
irrivèes se feraient sur le terrain de Bléville
linsi qu’il en tut lors de la venue de précé-
ients aviateurs militaires ou civils.
L’escadrille partit bien de Dunkerque
vers 7 heures 46 du matin, mars avec com-'
me point de ralliement au Havre, l’hippo-
drome du Hoc.
Aussi, n’ayant pu soupçonner ce cas, les
îurieux, dès 9 heures du matin, se portaient
sn grand nombre à Bléville où, pas plus
qu’au Hoc d’aillenrs, aucun service d’or-
dre n’avait été organisé par l’autorité mili-
taire.
Après une longue attente, à 11 b. 46, le
ronflement d’an moteur réveille l’attention
,un peu lassée de la foule. A 1,000 mètres
d’altitude passe un appareil. Ii continue sa
route, ceux qui le montent n’ayant pas
aperça les signaux qui leur sont faits. Cresf
la Ville-de-Dijon qui va atterrir à midi 6 atf
champ de courses où d’autres avions, qui ne
furent pas aperçus à Bléville, l’avaient déjà
précédé.
A 11 h. 40, ùn second appareil apparaît
dans le lointain. Ii est beancoup moins haut
que le précédent et se tient à une altitude
d’environ 300 mètres. C’est le Savoie. Ceux
qui le montent : le brigadier Blot et le sa-
peur Dufournel, ayant aperçu, les signaux,
décident d’atterrir. Ils évoluent en spirale,
et.au moment d’atterrir,sautent au-dessus de
la haie de curieux qui barre l’accès du ter-
rain, ils arrivent ainsi brutalement dans les
blés. L’appareil est retourné complètement.
La foute, très impressionnée, se préci-
pite au secours des aviateurs. Les deux
hommes sont rapidement dégagés et,'tort
heureusement, on constate que, seul, le bri-
gadier Blot est légèrement contusionné aux
genoux. Ils se remettent vivement de leur
émotion, mais leur dépit e3t grand : l’appa-
reil est brisé, l’aile gauche est cassée, le
train d’atterrissage faussé.
Le grand oiseau est incapable de repren-
dre son vol et le malchanceux Blot songe la-
mentablement au but qu’il visait depuis
longtemps. Oa le plaindra en apprenant, en
effet, qu'il comptait le soir atteindre Angtrs
où habite sa famille...
Le premier moment d’émotion passé, l’ap-
pareil a été relevé ; on attend les autres
avions, quand, à midi trois minutes, à la
grande surprise des spectateurs, l’on voit
arriver sur. le terrain, une automobile dans
laquelle se trouve le capitaine Voisin, '■
Celui-ci fait connaître qu’avec son méca-
nicien Destaux, à bord du Jeanne d'Arc, il
est parvenu à atterrir au champ de courses
à 10 h. 26.
Son atterrissage a été également mouve-
menté.
Gêné par les vaches et par un sarcleuse
qui se trouvait au milieu de la pelouse,
Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
I..OIVDUES, 14 llfai. Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE .
Comptant ..) caImo *63-/- -/- j/8
3 mois 163 7/6 -/- 6/-
ETAIN
Comptant • * 183 18/- 7/6 -/-
3 mois..... ' SCno 1188 10/- 7/6 -/-
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Comptant..) câIme *si/7 ^ 2 y2 d -/-
mois Il i 81/7 Ü ■
avec ceux de la deuxième Bourse
ttu 13 mai 1914.
NEW-YORK, 14 MAI
Cotons « mai, hausse 31 points : juillet,
hausse 11 points ; octobre, hausse 16 points ;
janvier, hausse 14 points. — Très soutenu.
Calé* i hausse 4 à 6 points.
NBW-YORK. 14 MAI
. u tout i. meum
Cuivre Standard disp. 13 75 13 75
- jain 1375 1375
Amalgamat. Cop... 73 5 8 78 5/8
.] 15 25 15 25
CHICAGO, 14 MAI
C. ,90 i.OOR Cl. PRECRI)
Blé sut'.,...* Juillet.... 86 7/8 86 3/8
— Septembre 83iB 8 88 3 8
M®! 8 SRr Juillet.... 66 8 8 t-6 »/»
Septembre 66 4 8 06»/»
StuBfioux s ira JtnUet.... 10 48 40 02
~ septembre 1Q 30 u&j
LE RETOUR OU PRESIDENT
DE LA RÉPUBLIQUE
NIÇE. — Le président de la République et
Mme Poincaré ont quitté Eza hier soir à
8 h. 35, par train spécial.
Ils arriveront ce matin à Paris.
L’OCCUPATION DE TAZA
Les Pertes -françaises
Le général commandant les troupes du
Maroc oriental télégraphie- au ministère de
la guerre qu’au cours au combat du 10 mai
à Taza, ont été tués, outre le lieutenant Ma-
zel, du service des renseignements, le ser-
gent René Lacroix, du 1er étranger, et quatre
soldats indigènes ; il y a eu treize blessés
dont le maréchal-des-logis fourrier Raymond
Bourgeois, du 5« escadron, et douze indi-
gènes.
LÉGION-D’HONNEUR
M. Richard Strauss a été nommé officier de
la Légion-d’Honneur.
L’AFFAIRE DE LILLE
LILLE. — Une nouvelle perquisition a été!
opérée hier à la maison des Frères de la Doc-
trine chrétienne à Annapes, mais elle n’a
pas donné de^résultats.
Hier soir, sur commission rogatoire de M. ’
Gobert, juge d’instruction. M. Videt, com-
missaire aux délégations judiciaires, a saisi
à la mairie de Lille les registres contenant
les listes électorales.
Cos registres ont été placés sous scellés et
déposés au parouét.
UNE PLAINTE
M. Jules Auffray, candidat dans la cir-
conscription de Sceaux contre M. Albert
Thomas, élu député, s’est présenté hier
après-midi, accompagné de M. Chenu, chez
M. Roty, doyen des juges d’instruction, et a
déposé une plainte en faux et usage de faux
contreX.
Cette plainte est motivée par une affiche
intitulée « Déclaration », placardée le 9 mai
et signée Adolphe Chéron, candidat radical-
socialiste qui se retirait.
M. Auffray soutient que cette affiche est
l’oeuvre d’un faussaire et il s’est porté partie
civile.
LE MYSTÈRE DE LA GRAND’PALUD
BREST. — M. Bidart de la Noë, juge d’ins-
truction, a reçu hier les derniers témoigna-
ges des ouvriers de la Grand’Palud.
Plusieurs ont vu M. Cadiou le 30 décem-
bre arriver à l’usine vers huit heures du
matin et eu repartir avant neuf heures.
L’ingénieur Pierre arriva vers neuf heures
et demie. Il est donc fort possible qu’il n’ait
pas rencontré son directeur dans cette jour-
née du 30 décembre.
Le juge d’instruction a confié à M. de
Goulhezne, ingénieur des Ponts et Chaussées,
le soin de dresser les plans de l’usiae de la
Grand’Palud, de la maison de l’ingénieur et
des lieux où le cadavre de M. Cadiou a été
retrouvé.
GRÈVE DE GAZIERS
ROUBAIX. — Au cours d’une entrevue qui
a eu lieu dans le cabinet du juge de paix,
entre la direction de l’usine à gaz et nne dé-
légation des grévistes, satisfaction a été
accordée aux revendications du.personnel.
Le travail va reprendre aujourd'hui.
CURIEUX CAS DE FÉCONDITÉ
PALEBME. — Dans une clinique obstétrique, ]
nne femme du peuple a mis au monde .cinq j
.enfants qurïont tous en excellente saura. ■
LE VOL DU COLLIER 0E PERLES
M. Coûtant, juge d’fhstructïon, vient de
rendre nne ordonnance de noniieu dans
l’affaire du fameux collier de perles volé eu
juillet 1913, pendant le trajet de Paris à Lon-
dres, an préjudice de M. Max Mayer, bijou-
tier de Londres à qui il avait été expédie de
Paris par un correspondant.
L'instruction a donné lieu à de nombreu-
ses investigations en Angleterre ; elle a dé-
montré que les individus condamnés par la
justice anglaise n'avaient pas de complices
français, que la cire scellant la boite et le
, sucre qui avait remplacé le collier volé
étaient de fabrication anglaise et qu'aucun
employé dos Postes ne pouvait être soup-
çonné.
RUPTURE D’UN DIGUE
NANCY. — Hier matin, la digue du canal a
cédé à Fiaviguy. Le canal se vide dans la Mo-
selle.
A Toul, le service des Ponts et Chaussées
a pris des mesures pour éviter de graves dé-
gâts.
MANIFESTATION FRANCO-ANGLAISE
LONDRES. — L’ambassadeur de France a
présidé hier soir ie banquet annuel de la
Chambre de Commerce française à Londres.
. Des toasts cordiat^c ont été portés au pré-
sident de la République et au roi George.
Le président de la Chambre de commerce
française, très applaudi, a parlé du senti-
ment d’amitié qui unit l’Angleterre à la
France.
M. Paul Cambon, priant du voyage des
souverains anglais à Paris, a dit que l’ac-
cueil qai leur a été fait mon|le que l’En-
tente franco-anglaise n’est pas seulement"
l’accord de deux gouvernements,mais qu’elle
répond à nn sentiment profond dans le coeur
des deux nations.
L'Entente cordiale, qni a fait ses preuves
au point de-vue politique et au point de vue
commercial, est l'aUüce par le suffrage po-
nnlairn,
AU REICHSTAG
La Légion étrangère •
BERLIN. — Le député Weadel, socialiste
saxon, monte à la tribune. Il proteste contre
la violente campagne menée contre la légion
étrangère.
Le but atteint est exactement opposé à celui
que se propose cette campagne, dit-il.: Au reste,
le peuple français veut ia paix et désire nne. en-
tente avec l’Allemagne ; c’est ce que prouvent
les élections françaises.
Le député Spahn, du centre, prend la pa-
role :
« L’oratenr précédent a crié : # Vive la
France 1 », cette même France qui paye de
son argent les armes russes contre nous.
Cela suffit pour montrer ce qu’il faut pen-
ser de sa phraséologie. »
M. Spahn détend les mesures militaires
‘prises par l’Allemague.
L’orateur recommande un accord avec
l’Angleterre, qui, en particulier, pourrait
aider l'Allemagne à combattre les projets de
la Rassie contre l’intégrité territoriale de la
Chine.
■ Le peuple français et le peuple allemand sont
unis par le sentiment de l’internationalisme de ces
grands peuples civilisés.
De France, dit-il en concluant on me répondra
« Vive l'Allemagne » si je conclus aujourd’hui
mg n discours par te cri ae « Vive la France ».
(Applaudissements parmi les socialiste^ — Bruits
divers et vive hilarité au centre et a droite.)— Un
député conservateur crie : « Fi donc l »
Le prince Shonaich Carolath regrette qnn
les déclarations de M. S tzonow sur la poli-
tique étrangère russe ne soient pas encore
parues. Il estime que J’AEllemagne ne de-
vrait pas, par ses alliances, s’ôter tonte li-
berté d'action, et que si en Autriche ou
envisage les relations amicales avec d’au-
tres Etals oui peut taire la même chose en
Allemagne. Pour la politique allemande, le
mieux' est de maintenir autant que possible
de bonnes relations avec l’Angleterre et la
Russie.
BERLIN. — Au Reichstag. M. Zimmermann,
sous-secrétaire d'SEtat à l’< ffice des affaires
étrangères, répondant à diverses uueslio&s,
a déclaré que le gouvernement français li-
bère sans difficultés, sur la demande du
gouvernement allemand, les Allemands mi-
neurs qui se sont engagés à la légion étran-
gère. ■ ■
Le Conflit Mexico-Américain
Les Aviateurs Rebelles
WASHINGTON.— Le croiseur California an-
nonce que mercredi, les aviateurs des re-
belles zapatistes ont fait une nouvelle recon-
naissance des tranchées et des fortifications
des fédéraux à Mazatlaù et qu’ils ont lancé
des bombes qui ont explosé dans les lignes
fédérales.
Les pertes des fédéraux ne sont pas encore
connues.
UN COUVENT EN FEU
BRUXELLES. — Un incendie a détruit bref
matin le couvent des Pères Carmillions,
près de Termonde.
Les pèrea et les élèves étaient encore cou-
chés, aussi le sauvetage a-t-il été assez diffi-
cile.
Trois élèves ont été assez grièvement brû-
lés aux mains et à.la tête.
Les dégâts dépassent 150,000 francs.
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Pour la Coupe de distance
La date-limite pour l’attribution de la cou-
pe Pommery, première prime de 10,000 fr.,
sous ia formule, da nouveau, règlement, ex-
pire aujoura’bui vendredi 15 mai a minuit!
Cinq aviateurs sont engagés, ce sont : Marc
Bonnier, Verrier, Pierron, Chemet et Le-
noijr.
Marc Bôntiier, sur monoplan, qui avait ac-
compli le voyage de Vihaconblayli Angou-
lême, esk reparti hier matin vers l’Espagne
dans l'intention de gagner Tanger.
Pierre Verrier, sur son biplan, s'est envolé
de Rue dans la direction de ■ Aliemugae. ’
Lendit’ a pris son vyl de Juvisv.
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