Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-04-07
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 avril 1914 07 avril 1914
Description : 1914/04/07 (A34,N11932). 1914/04/07 (A34,N11932).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1720975
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
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Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
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La Vie Commerciale et Maritime
.ES PORTS DU MAROC
Relié au Maroc par une première ligne
le navigation régulière, le port du Havre
Profilera directement du développement
jconomique des territoires sur lesquels
■t’étend notre protectorat. Et selon l’essor
4u’on donnera aux ports, principalement à
jeux de Casablanca, Mazagan, Saffi et Mo-
jador, desservis par des navires de la Com-
pagnie Générale Transatlantique en relation
avec notre établissement maritime, le trafic
s’accroîtra ; car la France est prête à acti-
ver les échanges.
Il est donc intéressant de rechercher quel-
les sont les dispositions prises pour aug-
menter l’outillage de notre colonie. Un rap-
port fait par M. Messimy, au nom de la
Commission chargée d’examiner le projet
de loi portant fixation au budget général de
l’exercice 1914 du Maroc vient précisément
de nous apporter des éclaircissements à re-
tenir.
Faute de moyens suffisants, on a dû pen-
dant quelques années n’entreprendre que
de petits travaux, d’ailleurs épars dans les
différents ports et sur tout le territoire.
C’est ainsi que, malgré l’accroissement con-
tinu du trafic, on s’est contenté de réparer
et de consolider le wharf branlant de Saffi.
A Mazagan, l’exiguïté des crédits n’a per-
, mis que de commencer là construction d’un
magasin pour la douane et d’amorcer la
route carrossable tracée jusqu’à Saffi. Seul
Casablanca a été mieux partagé. Mais il y
avait à cela des raisons stratégiques.
Cette situation doit prendre fin. Dans un
pays pour ainsi dire neuf au point de vue
économique, il faut stimuler le mouvement
commercial naissant et multiplier les cen-
tres d’activité, aussi bien à l’intérieur que
sur les côtes. Si les baies profondes font
défaut, sur la plus grande partie du littoral,
il existe néanmoins de nombreux ports,
d’un accès à peu près normal, autour des-
quels le commerce et l’industrie peuvent
trouver des éléments de prospérité.
C’est donc avec satisfaction qu’on ap-
prendra l’élaboration d’un .programme de j
sept millions de travaux. Certes, il ne s’a-
git que de dépenses*échelonnées. Mais elles
permettront néanmoins d’effectuer des tra-
vaux relativement considérables.
Les quatre ports qui, à l’heure actuelle,
sont particulièrement en rapport avec le
Havre, bénéficieront d’améliorations nota-
bles. Les abords de Casablanca, par terre,
seront rendus plus faciles. A Mazagan Ré-
tablissement d’un bassin pour légères em-
barcations de toutes sortes, barcasses et
remorqueurs, est prévu. A Saffi, on envisage
le renforcement et l’outillage de l’apponte-
ment existant qui a subi des avaries graves
et, si possible, l’installation d’un transbor-
deur aérien permettant Rembarquement di-
rect sur les grands navires, sinon de toutes
les marchandises au moins des céréales. A
Mogador on aménagera un petit port, pour
le matériel d’acconage, c’est-à-dire pour
le matériel servant au transbordement des
marchandises au moyen (t'allèges ou de
barcasses. Des terre-pleins seront en outre
tracés. Et, dans ces quatre ports, des pha-
res seront construits afin de rendre les
abords moins dangereux. Le coût total de
ces aménagements sera d’environ quatre
millions.
Ce sont là des dépenses urgentes qui ne
manqueront pas de produire de bons résul-
tats. Il suffit, au point de vue maritime, de
voir ce qui a été obtenu antérieurement
avec des crédits notoirement insuffisants
pour en être oonvaincu.
Avant notre occupation, une seule Com-
pagnie desservait la côte Occidentale du
Maroc. Elle effectuait irrégulièrement deux
voyages par mois avec escales facultatives
à Rabat, Mazagan et Saffi. Maintenant il y
a, assurés par plusieurs Compagnies, plus
de vingt voyages mensuels.
Les paquebots qui desservent les lignes
directes sont infiniment supérieurs aux ba-
teaux qui, jusqu’à ces dernières années,
étaient mis en service sur les lignes d’Algé-
rie. Le Maroc profite, en outre, de lignes
étrangères. Mais notre pavillon est le pre-
mier et il est à souhaiter que des mesures
soient prises pour maintenir, sinon amélio-
rer à notre profit, les proportions actuelles
du trafic. Notre marine marchande figure
en effet dans le mouvement des ports de la
zone française pour 32.6 0/0, alorsqu’après
elle vient la marine anglaise avec 23.90/0,
la marine espagnole avec 18.9 0/0 et la ma-
rine allemande avec 11 0/0.
Le mouvement de la navigation progres-
sera d’ailleurs inévitablement. A nous de
le capter ! La question de l’acconage qui,
naguère, entraînait de gros frais de trans-
bordement sans apporter des ressources ap-
préciables, est désormais réglée. Le service
qui assure le transbordement des marchan-
dises et le magasinage a été repris par
l’Administration du protectorat l’an der-
nier ét confié au directeur général des tra-
vaux publics. La nouvelle direction semble
être parvenue à éviter la crise dont on était
menacé à la suite des abus des autorités
chérifiennes. Et il est à présumer que, d’ni
peu, les recettes dépasseront les dépenses.
Quand on aura complété l’outillage des.
ports de l’Atlantique, multiplié autour les
voies ferrées et créé des routes, il convien-
dra aussi de s’occuper des ports orientaux
du Maroc. Cette question est des plus sé-
rieuses et, pourtant, elle a été perdue de
vue. Seule l’Espagne a pris position de ce
côté-là, alors qu’il est de notre intérêt d’ou-
vrir avec l’Algérie des voies autrement que
par terre.
Ainsi le chamo ouvert à notre activité
est vaste et sa mise en valeur comporte
d’importants sacrifices. L’effort à tenter
n’eat copaudant^ias on dieprAporitôtiaveo
les possibilités économiques de notre nou
velle possession et la Métropole doit s’y
consacrer avec ardeur afin de donner une
plus vigoureuse impulsion à son commerce
extérieur ef à sa ma rine marchande.
H. HOLLAÊNDER,
VOYAGE MINISTÉRIEL
M. Gauthier à Toulon
M. Gauthier, ministre de la marine, ac-
compagné de MM. le capitaine de vaisseau
Salaun, chef de son cabinet, et Le Moignic,
chef da secrétariat particulier, est arrivé
hier matin, à huit heures à Toulon, venant
de Marseille.
■ Il o été reçu sur le quai de La gare par les
vice-amiraux Chocheprai, préfet maritime ;
Boué de Lapeyrère, commandant en chef
l’armée navale ; Marin-Daniel, comman-
dant la deuxième escadre, et M. Dutreuil,
sons-préfet.
Le ministre de la marine s’est immédiate-
ment rendu à l’hôpital maritime de Saiate-
Anne, où il a visité les malades.
En quittant l’hôpital, le ministre de la ma-
rine s’est rendu A i’arsenal, où il a visité ie
croiseur-cuirassé Waldeck-Rousseau, échoué
dans le haisin depuis l’accident qui lui est
snrvenu an golfe Juan ; puis à bord du cui-
rassé Courbet portant pavillon du comman-
dant en chef de l’armée navale.
A midi, M. Gauthier a offert un déjeuner
aux amiraux présents à Toulon.
Magistrature assise
et Magistrature debout
Nous tfavons pas fini de parler de
l’affaire Rochette et de ses à côté ;
c’est qu’elle a remué tout un monde
et que malheureusement presque tou-
tes nos institutions y touchent, de près
ou de loin / Pour aujourd’hui, les vel-
léités manifestées par la Chambre en
vue d’assurer l’indépendance des ma-
gistrats et les sanctions que, pour com-
mencer, le gouvernement se propose
de prendre contre MM. Fabre et Bi-
dault de l’Isle, nous invitent à préci-
ser la situation actuelle de la magis-
trature.
Ce statut légal, vis à vis du gouver-
nement, diffère complètement selon
qu'il s’agit de la magistrature assise
ou de la magistrature debout. La
première comprend, on le sait, les ju-
ges proprement dits ou conseillers à
la Cour d’Appel et à la Cour de Cas-
sation, avec leurs divers présidents ;
ils rendent leurs jugements ou ar-
rêts « sur le siège ». La seconde com-
prend les membres du Parquet ou
Ministère public, depuis les substituts
du procureur de la République jus-
qu’au procureur général près la Cour
d’Appel ou la Cour de Cassation;
c’est debout qu’ils soutiennent L’accu-
sation à l’audience, ou dèjendent l’or-
dre public.
Les représentants du Ministère pu-
blic sont des magistrats d’une « na-
ture particulière », comme le disait
M. Fabre ; agissant au nom de la so-
ciété, ilsjormentun corps obéissant à
une direction unique. L'impulsion*
émane du Garde des sceaux et se
transmet à tous les degrés de la hié-
rarchie. Tout membre du Parquet est
tenu de prendre des réquisitions écrû
;. tçs ou d'intenter les poursuites récla-
mées par son chef. C’est seulement et
l audience qu’il est libre d’exprimer*
son opinion ; c’est ce qu’on explique
par la maxime :1a plume est serve,
mais la parole est libre.
On voit donc que les membres de la
magistrature debout sont purement et ,
simplement des fonctionnaires sous les
ordres directs du gouvernement qui
les nomme, les place et les déplace à ,
sa guise et a le droit de les frapper
disciplinairement, sans aucune forme
judiciaire. Parler de l’indépendance
de ces magistrats, c’est donc parler de
quelque chose qui n’existe pas ; avant
d’essayer de la préserver, il Jaudrait
l’établir légalement.
Les membres de la magistrature as-
sise sont beaucoup plus favorisés.
D’abord, quel que soit leur grade,
et sous la seule réserve des règlements
visant l’organisation intérieure des
tribunaux, ils n’ont d’ordre à recevoir
de personne dans l’exercice dé leurs
Jonctions de juges.
Puis, ils sont inamovibles, c’est-à-
dire qu’ils ne peuvent être déplacés
sans leur consentement, sauj par me-
sure disciplinaire.
Enfin, ils ne peuvent être Jrappés
disciplinairement que par le Conseil
supérieur de la magistrature, Jormêe
de la Cour de Cassation siégeant tou-
tes chambres réunies.
Tout cela constitue bien, en droit,
l’indépendance ; mais, en J ait, c’est le
gouvernement qui nomme et qui pro-
cède aussi à l’avancement de ces ma-
gistrats et l’indépendance se trouve
bien compromise quand il s’agit d’ar-
river aux bonnes places qui sont ra-
res.
La magistrature constitue un des
corps d’élites du pays ; mais sait-on
qu'on entre dans la carrière avec à
pdne 1,000 francs de traitement et
qnà Paris même bien des juges ne
gagnent que j.ooo francs par an ; or,
au prix qu'est le beurre !...
Sous l’Ancien régime, si paradoxal
que cela paraisse, les magistrats étaient
plus indépendants que maintenant
puisqu’après avoir acheté leur charge
ils étaient nommés par le Parlement
lui-même, sauf ratification du roi. Et
ce système vénal n’a pas produit les
mauvais résultats que l’on pourrait
croire, car appuyés sur leurs préroga- \
tives et sur la fortune qu’exigeait leur
situation, ces magistrats ont été pen-
dant longtemps les seuls à opposer une
barrière à l’absolutisme royal.
Cependant, je n’irai pas jusqu’à
proposer ce retour en arrière. Mais
peut-être faudrait-il s’inspirer de
l’exemple de l’Angleterre où les ma-
gistrats sont peu nombreux mais où
ie moindre juge de paix est un person-
nage largement appointé et heureux
de son sort,
CASPAR-JORDAN,
Le cas de M. Fabre
La Décision Ministérielle est ajournée
En raison dè l’absence d’un certain nom-
bre de ministres partis dans leur circons-
cription aussitôt après la clôture de la ses-
sion, le conseil de cabinet qui devait avoir
lien hier a été reporté à une date ultérieure.
Dans ce prochain Conseil, le gouvernement,
fixera son choix snr le successeur de M. Fa-
bre à la tête du parquet général de la Seine.
Toutefois, la solution à prendre ne devien-
dra définitive qu’après que le choix du gou-
vernement aura été soumis à l'agrément dut
président de la République.
Dès à présent, il est certain que M. Fabre-
sera remplacé dans son poste. Mais deux al-
ternatives ont été envisagées.
Certains membres du gouvernement ont
estimé qu’une fauta professionnelle ne pou-
vant être reprochée a ce haut magistrat, il
convenait de lui donner un poste à la Cour
de cassation, dont un membre recueillerait
sa succession. Dans cet ordre d’idées, plu-
sieurs noms ont été mis en avant, notam-
ment ceax de MM. Lecherbonnier, Fabre-
gaettes et André.
La candidature de M. Lecherbonnier, qui
a été le collaborateur de M. Monis à la chan-
cellerie, a été pour cette raison écartée.
Quant à M. André, récemment nommé à la
Cour de cassation, après avoir été directeur
des affaires criminelles an ministère de la
justice, il a fait connaître à des amis qui
l’avaient pressenti que pour des raisons de
eonvenauce personnelle, il préférerait rester
dans les fonctions qu’il exerce actuellement.
A défaut de conseillers à la Cour de cas-
sation, on a examiné la possibilité de rem-
placer M. Fabre par un des avocats généraux
a la Cour suprême.
La seconde alternative, qui parait rallier la
majorité des ministres, consisterait dans la
mise à la retraite de M. Fabre.
UN FAIT SANS PRÉCÈDENT
Témoignage i Président de la Képiihiigm
«A.3NÏS1
L’AFFAIRE CALMETTE
Nous avons annoncé hier dans notre
« Dernière Ilenre » que M. Foriclion, pre-
mier président de la Cour d’Appel, s’était
rendu à l’Elysée pour recevoir la déposition
de M. Raymond Poincaré.
En effet, le 2 avril dernier, M. Boucard
avait informé par lettre officielle ie parquet
de ia Seine du désir exprimé par M. Caii-
laux que le témoignage du chef de l’Etat fût
accueilli.
Le procureur de la République saisit la
chancellerie de l’incident. Restait à savoir à
quelle procédure on aurait recours pour
recevoir la déposition du président do la
République. C’est qu’en effet le Code est
muet à cet égard et il n’y a pas de précé-
dent.
Seuls les articles 510 et 311 du Code d’ins-
truction criminelle, qui. disposent que les
dépositions des grands dignitaires et du mi-
nistre de la jastice seront reçues par ie pre-
mier président de ia cour d’appel, pouvaient
être invoqués ; on estima que le chef de
l’Etat pouvait, en droit, être assimilé à un
« grand dignitaire » ou à un « ministre de
la justice » et qu’il n’y avait qu’à appliquer
en l’oGcarence la procédure qu’on aurait
appliquée à l'égard d’un garde des sceaux on
d’un très haut fonctionnaire de l’Etat, pro-
cédure qui confie an premier président de ia
cour d'appel le soin de îecueillir les déposi-
tions de cet ordre.
Voici le résumé de la déposition de M.
Riymond Poincaré qui confirme de tous
points les déclarations de M. Caillaux devant
le juge d’instruction :
— Le lundi 16 mars, un Conseil des mi-
nistres devait se réunir à 1 Elysée à 10 heu-
res ; avant que le Conseil commençât, les
principaux membres du Cabinet s’entrete-
naient tour à tour avec le président de ia Ré-
Kue. On allait passer dans ie grand sa-
s délibérations da Conseil, lorsque M.
Caillaux s’avança vers le chef de l’Etat :
» — Pourrais-je, Monsieur le président,
vous entretenir quelques instants en parti-
culier? lui demanda-t-il.
» M. Poincaré acquiesça immédiatement
an désir du ministre des finances, qui de-
meura quelques minutes en tête à tête avec
ie président de la République.
» — Je viens d'apprendre de la meilleure
source, dit aussitôt M. Caillaux à M. roin-
caré.qne les lettres privées, écrites par moi
à celle qui est aujourd’hui ma femme, ont
été remises au Figmo et que Gaston Calmette
compte faire usage de ces lettres. Je satt
qo il va les publier...
» Se récriant aussitôt, M. Poincaré pro-
testa avec force contre une pareille SUDDO*
silion : f™
» — On vous a ma! renseigné, dit-il. Ca!«
mette est nn galant homme ; il est incapa-
ble de publier jamais une lettre mettant vo-
tre femme en cause...
» Mais ie ministre des finances insiste :
les personnes qui l’ont informé ne peavent
se tromper. Et puis iij,’ a des indices qu'une
nouvelle publication se prépare.
. » — M. Cîimelte, dit-il, n’a-t-il pas ce ma-
tin même, dans le Figaro, publié un article
intitulé : « Intermède comique. Les notes
biographiques de laux. » Intermède 1 cela suppose quo quel-
que chose va venir après I il s’agit, de toute
évidence, de lettres privées, de lettres inti-
mes. ..
" C’est en vain que le président de la Ré-
publique cherche de son côté à convaincre
le ministre : jamais CatmetUe ne fera ci la t
Le fait que dans la lettre signée « ton Jo » il
a supprimé tous les passages étrangers à la
politique n’est-il pas la preuve que le direc-
teur du Figaro ne déposera jamais une cer-
taine limite et ne publiera pas de document*
touchant a des faits d'ordre privé ?
» Vainement M. Poincaré engage M. Cail-
laux à se renseigner de nouveau, à prendre
conseil de ses avocats. Dans une exclama-
tion, le ministre s’écrie :
» — Si Calmette fait cela, je le tue !...
» Le président fait alors tous ses eftorU
pour calmer son interlocuteur, mais il ne
peut y réussir.
» Aussi, dans l’après-midi, encore ému
par le souvenir de celte scène, la raconte-t il
à M. Doumergue, président d a Conseil, ami
personnel du ministre des Finances. M.Poin-
caré dit au président du Conseil combien D
crainte de M. Caillaux lui paraît sans fonde-
ment, et M Doumergue répond qu’il v»
s’efforcer à son tour de rassurer son collè-
gue et empêcher tout scandale...
» Mais if est déjà trop tard : à-l’heure où
M. Doumergue, quiUant Mpr^tot.de; la
République,descend les farciras de l’Elysée.
Mme Caillaux monte déjà celles da Figaro...»
Le récit du chef de l’Elat a été « rédigé par
écrit » comme le veut la loi, et signé par M.
Poincaré ; puis M. Foriclion l’a transmis au
juge d’instruction.
Villégiature Présidentielle
II. Poincaré arrive à Eze
Le président de la République et Mme
Raymond Poincaré, qui avaient quitté Paris
dimanche soir à S h. 20, par train spécial,
sont arrivés hier matin à 9 heures à Eze.
Ils ont été accompagnés par le préfet et le
maire jusqu’à leur villa par les autorités.
A ce moment, l’aviateur Maïcon, volant
sur son biplan, a laissé tomber une gerbe
de fleurs tricolore pour Mme Poincaré.
EZ9 est en fête. Des touristes sont venus de
toutes paris saluer le président de la Répu-
blique et admirer les beautés naturelles du
pays. Le paysage enchanteur est dressé
comme par miracle au-dessus de la mer la
pins bleue, la plus tendre, la plus orientale.
Quand on parcourt cette baie pittoresque,
on ne peut s’empêcher d’en évoquer le
passé. C’est devant la villa présidentielle,
sur les rocs balayés par les lames, que des
navigateurs phéniciens furent jetée par la
tempête. Aprô3 avoir été sauvés des flots, ils
construisirent un temple consacré à Isis ; la
bourgade prit le nom d’Isia, qui est devenue
Esa et enfin Eze.
Depuis le seizième siècle, l’histoire d’Ez*
se confond avec celle des autres hourgadei
du Comté de Nice. Mais il n’y a peut-être pas,
dans tout le midi de la France, une seule
agglomération qui donne plu* nettement
l’idée d’une ville de défense et de guerre au
moyen âge. « Voici cet étrange nid de vau-
tours, écrivait Théodore de Banville, en 1861,
ie petit village d’Eze bâti au sommet d’un
roc avec des quartiers de rochers. Il y a cer-
tainement une route qui va à Eza, et on
peut y arriver en carrosse.-Mais je me gar-
derai bien de voir le chemin prosaïque et
niais, auquel je neveux pas croire. Avant
lui, pour arriver à Eza, il fallait monter de
la mer, ou descendre du ciel, et on aurait
dépensé cinq cent raille écus pour y faire
venir un piano de 25 francs par moi3. Eza,
bâti par quelque Titan comme un défi au
dieu assembleur de nuages, sera prochaine-
ment sans doute orné d’un théâtre et éclairé
au gaz, et les vautours et les aigles s’enfui-
ront...»
La fantaisiste prophétie de Binville ne se
réalisera sans doute pas à bref délai. Mais,
déjà, au lieu du carrosse de naguère, le train
présidentiel est venu, rapide et trépidant,
jusque dans cél « Eza construit par quelque
Titan » apporter ses hôtes qui vont vivre
quelques semaines dans le calme de ce pays
de rêve.
Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LOVDRES, 6 Avril. Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE
Comptant..) çaLn tu 15/- -/- 1/3
8 mois 166 2/6 -J- -/-
ETAIN
Comptant.. e 169 S/- -/- j B/-
8 mois...., facile*» £ gy.
PER
îomptant. . calm& 161/4 & i H d -/-
) mois 1 UBI/IOA: 1 « d
Prix comparés avec-ceux de là deuxième Bourse
|u 3 avril tsi&.
NEW-YORK, 6 AVRIL
Coton* 1 mai, baisse 16 points ; juillet,
laisse 17 points ; octobre, baisse 13 points ;
janvier, baisse 13 points. — Soutenu.
Calée 1 baisse 10 à 12 points.
NEW-YORK, 6 AVRIL
L 11 nn i. maint
Cuivre Standard dispj 14 12 14 12
— mai .... 14 12 14 12
Amalgama t. Cap... 76 7/8 76 1/2
jffer 15 25 15 25
CHICAGO, 6 AVRIL
Vegj-i-i
C. OU JOUB G. PB8C8D
Blé sur...,,, Ma! 90 3 4 91 t/4
“ ...... Juillet.,,. 86 3/4 87 3 8
liais sur..,.. Mai «8 6 8 68 14
tfs, •••-.. Juillet., 68 8/8 68 1 >4
JJUUGOUX sar« Mai., io 50 io 47
> v Jk Juillet...10 67’ X 100$
üi. POINCARÉ A EZE
MENTON.—M. Fentana, maire, au nom de
la ville de Menton, a fait remettre an prési-
dent de ia République et à Mme Poincaré
une superbe gerbe de fleurs naturelles, en-
tourée d’un ruban tricolore, à leur arrivée
sur la Côte d’Azur.
NICE.—Le président de la République et
Mme Poincaré ont dejouné à midi dans ia
loggia de leur villa.
Dans l’après-midi, ils se sont rendus au
Cap d’Ail d’où ils sont rentrés à quatre heures
et demie.
L’AFFAIRE_CALMETTE
Les rédacteurs du «Figaro» â l’instruction
M. Boucard, juge d’instruction, a reçu an
débat de l’après-midi d’hier la visite de M.
Prignon, greffier en chef de la cour d’appel
de Paris, qui est venu remettre au magistrat
le texte original de la déposition du prési-
dent de ia République ; c’est en effet M. Pri-
gnon qui a accompagné hier le premier pré-
sident Forichon chez ie chef de [ Etat.
Puis le juge d’instruction a recueilli la dépo-
sition de M. Latzarus, rédacteur au Figaro. Le
témoin confirme qu’a près le drame, la meur-
trière était absolument calme et qu’elle n’a
pas une*seule fois demandé des nouvelles de
sa victime.
« J’ai en l’occasion, a déclaré en outre H.
Latzarus, de parler plusieurs fois avec Gaston
Calmette, des papiers qu’ii possédait. Ou lui,
a beaucoup reproché d avoir dévoilé l’affaire
Prieu sans apporter de preuves écrites. U
m’a dit à deux reprises différentes qu’en par-
lant de cette affaire U avait en le dessein
d^mpêcher M. Caillaux de remplir sa caisse
électorale ; que son but étant atteint par. ia
divulgation qui emoêch it la continuation de
pourparlers criminels, ii cessait de s’inté-
resser à cette ailaire. Taut il était éloigné de
vouloir le scandale pour le scandale.
» Un jour, dans la seconde quinzaine de
janvier, ii me parla des démarches éplorées
que de hauts financiers avaient faites auprès
de lut pour qu’il cessât de parler des pres-
sions de M. Caillaux, sur les établissements
decrédit. Pais U me précisa le rôle de M.
Caillaux dans l’affaire d’Agadir. Et sortant de
son portefeuille deux documents, il me les
montra.
» Il poursuivit sa' campagne et publia un
jour le résumé du rapport Fabre.
» Je fui dis : a Vous avez le document Fa-
bre ? « Il répondit : « Ah ! oui, mais j’ai pro-
mis de ne pis le publier. »
» II sortie son portefeuille et en tira plu-
sieurs feuilles pliées. Il s’assit au bureau da
secrétaire de la rédaction et nous dit : « Je
vais vous le lire. » Il le lut et puis ie replaça
dans son portefeuille en disant avec un sou-
rire : « Je ne m’en sépare jamais ! »
» S’il avait possédé d’autres lettres on les
eût retrouvées après sa mort dans ce porte-
feuille où l’on a retrouvé les documents
d’Agadir et le document Fabre. »
Après cette déposition, M. Boucard a re-
cueilli celle de M. Frantz Reichel, rédacteur
au Figaro.
line Confrontation
W. Boucard a confronté hier Mme Gueydan
et MM. Vervoort et Desclos — ce dernier an-
cien chef de cabinet de M. Caillaux.
Mme Gueydan prétend qu’elle a reçu un
jour la visite de M. Vervoort qui venait lui
demander les éléments d’une brochure qu’il
désirait publier contre M. Caillaux.
M. Vervoort reconnaît qù’ll eut une entre-
vue avec Mme Gueydan, mais il affirme qae
ce fat sur le désir ae celle-ci.
« Nous envisageâmes, dit M. Vervoort, le
moyen de causer un scandale à la veille da
nouveau mariage de M. Caillaux. Je fis sem-
blant d’abonder dans le sens de Mme Guey-
dan, mais aussitôt sorti de chez elle, i’ailai.
au ministère où je vis M. Duclos que j’aver-
tis du danger qui menaçait M. Caillaux. »
Cette partie de ia déclaration de M. Ver-
voort fut confirmée par M. Ducios.
M. Vervoort ajouta que loin de vouloir
combattre M. Caillaux, il menait une cam-
pagne en sa faveur dans un petit journal
dont il était directeur.
Mme Gueydan a maintenu ses premières
affirmations.
AU MINISTÈRE DES COLONIES
Par arrêté du ministre des coionies en
date du 31 mars 1914, ont été nommés : chef
adjoint du cabinet du ministre, M. Pasquier,
adaiiiiistra’eur de 2° classe des services ci-
vils de l’Iudochiae ; Ferry, sous-chef de bu-
reau à l’administration centrale des colo-
nies.
LE MINISTRE DE LA MARINE A TOULON
, TOULON — M. Gauthier, ministre de la ma-
rine, après avoir visité l’Arsenal et la Pyro-
technie maritime, a quitté Toulon pour se
rendre dans l’Aude.
LE RENDEMENT DES IMPOTS
L’administration des finances vient de pu-
blier ie rendement des impôts pour le mois
de mars 1914.
Los recouvrements effectués se sont élevés
à 292,925,800 francs, accusant une plus-va-
lue de 12,141,700 francs par rapport aux
évaluations budgétaires et une plus-value
de 10,581,300 francs par rapport aux recou-
vrements effectués en mars 1913.
CHUTE D’UN AVIATEUR MILITAIRE
BESANÇON. — Un monoplan piloté par le
sous-officier Carnoy, da centre de Bron, con-
trarié par le vent, a capoté à quelques mè-
tres seulement an-dessns du terrain de ma-
noeuvres de Dol.
L’aviateur est sérieusement blessé à la
tête;
Le blessé a été transporté & l’Hôpital.
RECOMPENSE POUR ACTE DE COURAGE
Récompense pour acte de courage et de
dévouement (médaille de bronze), M. Jnies-
Edonard Daubeuf, aiguilleur à la Compagnie
de l'Etat, au Havre.
AeTElTsïïÎTAQE
SAINT MALO. — On a constaté prèî de la
gare de Dol, sur la voie ferrée de SaiDt-
Màio, qu’un signal avancé avait été coupé.
Le disque était maintenu dans sa situation
de fermeture, ce que n’avait pas dû prévoir
l’auteur de cet acte de sabotage.
La police spéciale a ouvert une enqnête.
ARRESTATION D’ÜN MEURTRIER
On vient d’arrêter à Vanves un nommé
Débrayé comme étant l’un des meurtriers
de l’agent Rougland, tué d’un coup de re-
vol vei^par des maltaiteurs qu’il voulait ar-
rêter.
BRÛLÉS VIFS
MAUBEUGE. — Le feu a détruit un immeu-
ble occupé par une dame veuve Envie, sa
fille et les jeunes enfants de celte dernière,
qui vit séparée de son mari Edouard Cara-
bin, ouvrier verrier.
‘Deux des entants, âgés de 8 et 5 ans ont
été retrouvés complètement carbonisés.
BLESSÉ D’UN COUP DE BAÏONNETTE
TOULON. — A la caserne da lit® d’infante-
rie, le soldat Franceschini, qui avait été giflé
par un de ses camarades nommé Gibert, a
porté à celui-ci un coup de baïonnette dans
le ventre.
- L’état de Gibert est désespéré.
UN ACTE DE*VENGEANCE
LORIENT. — La femme Braban, cultivatrice
à Nouerno-en-Clegue, a incendié, par esprit
de vengeance, la ferme des époux Le-
dousal.
La ferme a été entièrement détruit**
L’incendiaire a été arrêtée.
LE GÉNÉRAL LYAUTEY AU MAROC
TANGER, 6 avril (Casablanca, 5 avril). — Le
générai Lyautey, M. Tirard et les membres
des maisons civile et militaire, sont partis en.
automobile, à 2 heures de i’après-midi, pour
Rabat.
Le général Lyautey a été salué dans ht
cour de la résidence par les autorités.
LE BILL DU HOME RULE EST VOTÉ
LONDRES. — A la Chambre des Communes,
M. John Redmond, chef des nationalistes ir-
landais, a dit qu’il ne ferait rien de contraire
à un règlement équitable de la question ir-
landaise.
Il a engagé la Chambre à accepter les pro-
positions gouvernementales.
M. Edward Carson a déclaré que si le gou-
vernement retire du projet la limitation a six
ans de l’exclusion de l'Üister du Home Rule,
il portera la question devant la population
de l’Ulster.
La proposition du gouvernement a éti
maintenue.
LONDRES.— La Chambre des Communes 3
voté le bill da Home Raie en seconde leelurt
par 356 voix contre 276.
LES CHEMINOTS ITALIENS
ROME — Le ministre a reçu une délégation
de cheminots qui lui a remis un mémoire ds
ia Fédération des employ és des chemins de
fer.
Le ministre a eu une longue conversation
avec les délégués.
Il semble qu’une base d’accord serait trou-*
vée qui permettrait d’éviter la grève générale.
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La Vie Commerciale et Maritime
.ES PORTS DU MAROC
Relié au Maroc par une première ligne
le navigation régulière, le port du Havre
Profilera directement du développement
jconomique des territoires sur lesquels
■t’étend notre protectorat. Et selon l’essor
4u’on donnera aux ports, principalement à
jeux de Casablanca, Mazagan, Saffi et Mo-
jador, desservis par des navires de la Com-
pagnie Générale Transatlantique en relation
avec notre établissement maritime, le trafic
s’accroîtra ; car la France est prête à acti-
ver les échanges.
Il est donc intéressant de rechercher quel-
les sont les dispositions prises pour aug-
menter l’outillage de notre colonie. Un rap-
port fait par M. Messimy, au nom de la
Commission chargée d’examiner le projet
de loi portant fixation au budget général de
l’exercice 1914 du Maroc vient précisément
de nous apporter des éclaircissements à re-
tenir.
Faute de moyens suffisants, on a dû pen-
dant quelques années n’entreprendre que
de petits travaux, d’ailleurs épars dans les
différents ports et sur tout le territoire.
C’est ainsi que, malgré l’accroissement con-
tinu du trafic, on s’est contenté de réparer
et de consolider le wharf branlant de Saffi.
A Mazagan, l’exiguïté des crédits n’a per-
, mis que de commencer là construction d’un
magasin pour la douane et d’amorcer la
route carrossable tracée jusqu’à Saffi. Seul
Casablanca a été mieux partagé. Mais il y
avait à cela des raisons stratégiques.
Cette situation doit prendre fin. Dans un
pays pour ainsi dire neuf au point de vue
économique, il faut stimuler le mouvement
commercial naissant et multiplier les cen-
tres d’activité, aussi bien à l’intérieur que
sur les côtes. Si les baies profondes font
défaut, sur la plus grande partie du littoral,
il existe néanmoins de nombreux ports,
d’un accès à peu près normal, autour des-
quels le commerce et l’industrie peuvent
trouver des éléments de prospérité.
C’est donc avec satisfaction qu’on ap-
prendra l’élaboration d’un .programme de j
sept millions de travaux. Certes, il ne s’a-
git que de dépenses*échelonnées. Mais elles
permettront néanmoins d’effectuer des tra-
vaux relativement considérables.
Les quatre ports qui, à l’heure actuelle,
sont particulièrement en rapport avec le
Havre, bénéficieront d’améliorations nota-
bles. Les abords de Casablanca, par terre,
seront rendus plus faciles. A Mazagan Ré-
tablissement d’un bassin pour légères em-
barcations de toutes sortes, barcasses et
remorqueurs, est prévu. A Saffi, on envisage
le renforcement et l’outillage de l’apponte-
ment existant qui a subi des avaries graves
et, si possible, l’installation d’un transbor-
deur aérien permettant Rembarquement di-
rect sur les grands navires, sinon de toutes
les marchandises au moins des céréales. A
Mogador on aménagera un petit port, pour
le matériel d’acconage, c’est-à-dire pour
le matériel servant au transbordement des
marchandises au moyen (t'allèges ou de
barcasses. Des terre-pleins seront en outre
tracés. Et, dans ces quatre ports, des pha-
res seront construits afin de rendre les
abords moins dangereux. Le coût total de
ces aménagements sera d’environ quatre
millions.
Ce sont là des dépenses urgentes qui ne
manqueront pas de produire de bons résul-
tats. Il suffit, au point de vue maritime, de
voir ce qui a été obtenu antérieurement
avec des crédits notoirement insuffisants
pour en être oonvaincu.
Avant notre occupation, une seule Com-
pagnie desservait la côte Occidentale du
Maroc. Elle effectuait irrégulièrement deux
voyages par mois avec escales facultatives
à Rabat, Mazagan et Saffi. Maintenant il y
a, assurés par plusieurs Compagnies, plus
de vingt voyages mensuels.
Les paquebots qui desservent les lignes
directes sont infiniment supérieurs aux ba-
teaux qui, jusqu’à ces dernières années,
étaient mis en service sur les lignes d’Algé-
rie. Le Maroc profite, en outre, de lignes
étrangères. Mais notre pavillon est le pre-
mier et il est à souhaiter que des mesures
soient prises pour maintenir, sinon amélio-
rer à notre profit, les proportions actuelles
du trafic. Notre marine marchande figure
en effet dans le mouvement des ports de la
zone française pour 32.6 0/0, alorsqu’après
elle vient la marine anglaise avec 23.90/0,
la marine espagnole avec 18.9 0/0 et la ma-
rine allemande avec 11 0/0.
Le mouvement de la navigation progres-
sera d’ailleurs inévitablement. A nous de
le capter ! La question de l’acconage qui,
naguère, entraînait de gros frais de trans-
bordement sans apporter des ressources ap-
préciables, est désormais réglée. Le service
qui assure le transbordement des marchan-
dises et le magasinage a été repris par
l’Administration du protectorat l’an der-
nier ét confié au directeur général des tra-
vaux publics. La nouvelle direction semble
être parvenue à éviter la crise dont on était
menacé à la suite des abus des autorités
chérifiennes. Et il est à présumer que, d’ni
peu, les recettes dépasseront les dépenses.
Quand on aura complété l’outillage des.
ports de l’Atlantique, multiplié autour les
voies ferrées et créé des routes, il convien-
dra aussi de s’occuper des ports orientaux
du Maroc. Cette question est des plus sé-
rieuses et, pourtant, elle a été perdue de
vue. Seule l’Espagne a pris position de ce
côté-là, alors qu’il est de notre intérêt d’ou-
vrir avec l’Algérie des voies autrement que
par terre.
Ainsi le chamo ouvert à notre activité
est vaste et sa mise en valeur comporte
d’importants sacrifices. L’effort à tenter
n’eat copaudant^ias on dieprAporitôtiaveo
les possibilités économiques de notre nou
velle possession et la Métropole doit s’y
consacrer avec ardeur afin de donner une
plus vigoureuse impulsion à son commerce
extérieur ef à sa ma rine marchande.
H. HOLLAÊNDER,
VOYAGE MINISTÉRIEL
M. Gauthier à Toulon
M. Gauthier, ministre de la marine, ac-
compagné de MM. le capitaine de vaisseau
Salaun, chef de son cabinet, et Le Moignic,
chef da secrétariat particulier, est arrivé
hier matin, à huit heures à Toulon, venant
de Marseille.
■ Il o été reçu sur le quai de La gare par les
vice-amiraux Chocheprai, préfet maritime ;
Boué de Lapeyrère, commandant en chef
l’armée navale ; Marin-Daniel, comman-
dant la deuxième escadre, et M. Dutreuil,
sons-préfet.
Le ministre de la marine s’est immédiate-
ment rendu à l’hôpital maritime de Saiate-
Anne, où il a visité les malades.
En quittant l’hôpital, le ministre de la ma-
rine s’est rendu A i’arsenal, où il a visité ie
croiseur-cuirassé Waldeck-Rousseau, échoué
dans le haisin depuis l’accident qui lui est
snrvenu an golfe Juan ; puis à bord du cui-
rassé Courbet portant pavillon du comman-
dant en chef de l’armée navale.
A midi, M. Gauthier a offert un déjeuner
aux amiraux présents à Toulon.
Magistrature assise
et Magistrature debout
Nous tfavons pas fini de parler de
l’affaire Rochette et de ses à côté ;
c’est qu’elle a remué tout un monde
et que malheureusement presque tou-
tes nos institutions y touchent, de près
ou de loin / Pour aujourd’hui, les vel-
léités manifestées par la Chambre en
vue d’assurer l’indépendance des ma-
gistrats et les sanctions que, pour com-
mencer, le gouvernement se propose
de prendre contre MM. Fabre et Bi-
dault de l’Isle, nous invitent à préci-
ser la situation actuelle de la magis-
trature.
Ce statut légal, vis à vis du gouver-
nement, diffère complètement selon
qu'il s’agit de la magistrature assise
ou de la magistrature debout. La
première comprend, on le sait, les ju-
ges proprement dits ou conseillers à
la Cour d’Appel et à la Cour de Cas-
sation, avec leurs divers présidents ;
ils rendent leurs jugements ou ar-
rêts « sur le siège ». La seconde com-
prend les membres du Parquet ou
Ministère public, depuis les substituts
du procureur de la République jus-
qu’au procureur général près la Cour
d’Appel ou la Cour de Cassation;
c’est debout qu’ils soutiennent L’accu-
sation à l’audience, ou dèjendent l’or-
dre public.
Les représentants du Ministère pu-
blic sont des magistrats d’une « na-
ture particulière », comme le disait
M. Fabre ; agissant au nom de la so-
ciété, ilsjormentun corps obéissant à
une direction unique. L'impulsion*
émane du Garde des sceaux et se
transmet à tous les degrés de la hié-
rarchie. Tout membre du Parquet est
tenu de prendre des réquisitions écrû
;. tçs ou d'intenter les poursuites récla-
mées par son chef. C’est seulement et
l audience qu’il est libre d’exprimer*
son opinion ; c’est ce qu’on explique
par la maxime :1a plume est serve,
mais la parole est libre.
On voit donc que les membres de la
magistrature debout sont purement et ,
simplement des fonctionnaires sous les
ordres directs du gouvernement qui
les nomme, les place et les déplace à ,
sa guise et a le droit de les frapper
disciplinairement, sans aucune forme
judiciaire. Parler de l’indépendance
de ces magistrats, c’est donc parler de
quelque chose qui n’existe pas ; avant
d’essayer de la préserver, il Jaudrait
l’établir légalement.
Les membres de la magistrature as-
sise sont beaucoup plus favorisés.
D’abord, quel que soit leur grade,
et sous la seule réserve des règlements
visant l’organisation intérieure des
tribunaux, ils n’ont d’ordre à recevoir
de personne dans l’exercice dé leurs
Jonctions de juges.
Puis, ils sont inamovibles, c’est-à-
dire qu’ils ne peuvent être déplacés
sans leur consentement, sauj par me-
sure disciplinaire.
Enfin, ils ne peuvent être Jrappés
disciplinairement que par le Conseil
supérieur de la magistrature, Jormêe
de la Cour de Cassation siégeant tou-
tes chambres réunies.
Tout cela constitue bien, en droit,
l’indépendance ; mais, en J ait, c’est le
gouvernement qui nomme et qui pro-
cède aussi à l’avancement de ces ma-
gistrats et l’indépendance se trouve
bien compromise quand il s’agit d’ar-
river aux bonnes places qui sont ra-
res.
La magistrature constitue un des
corps d’élites du pays ; mais sait-on
qu'on entre dans la carrière avec à
pdne 1,000 francs de traitement et
qnà Paris même bien des juges ne
gagnent que j.ooo francs par an ; or,
au prix qu'est le beurre !...
Sous l’Ancien régime, si paradoxal
que cela paraisse, les magistrats étaient
plus indépendants que maintenant
puisqu’après avoir acheté leur charge
ils étaient nommés par le Parlement
lui-même, sauf ratification du roi. Et
ce système vénal n’a pas produit les
mauvais résultats que l’on pourrait
croire, car appuyés sur leurs préroga- \
tives et sur la fortune qu’exigeait leur
situation, ces magistrats ont été pen-
dant longtemps les seuls à opposer une
barrière à l’absolutisme royal.
Cependant, je n’irai pas jusqu’à
proposer ce retour en arrière. Mais
peut-être faudrait-il s’inspirer de
l’exemple de l’Angleterre où les ma-
gistrats sont peu nombreux mais où
ie moindre juge de paix est un person-
nage largement appointé et heureux
de son sort,
CASPAR-JORDAN,
Le cas de M. Fabre
La Décision Ministérielle est ajournée
En raison dè l’absence d’un certain nom-
bre de ministres partis dans leur circons-
cription aussitôt après la clôture de la ses-
sion, le conseil de cabinet qui devait avoir
lien hier a été reporté à une date ultérieure.
Dans ce prochain Conseil, le gouvernement,
fixera son choix snr le successeur de M. Fa-
bre à la tête du parquet général de la Seine.
Toutefois, la solution à prendre ne devien-
dra définitive qu’après que le choix du gou-
vernement aura été soumis à l'agrément dut
président de la République.
Dès à présent, il est certain que M. Fabre-
sera remplacé dans son poste. Mais deux al-
ternatives ont été envisagées.
Certains membres du gouvernement ont
estimé qu’une fauta professionnelle ne pou-
vant être reprochée a ce haut magistrat, il
convenait de lui donner un poste à la Cour
de cassation, dont un membre recueillerait
sa succession. Dans cet ordre d’idées, plu-
sieurs noms ont été mis en avant, notam-
ment ceax de MM. Lecherbonnier, Fabre-
gaettes et André.
La candidature de M. Lecherbonnier, qui
a été le collaborateur de M. Monis à la chan-
cellerie, a été pour cette raison écartée.
Quant à M. André, récemment nommé à la
Cour de cassation, après avoir été directeur
des affaires criminelles an ministère de la
justice, il a fait connaître à des amis qui
l’avaient pressenti que pour des raisons de
eonvenauce personnelle, il préférerait rester
dans les fonctions qu’il exerce actuellement.
A défaut de conseillers à la Cour de cas-
sation, on a examiné la possibilité de rem-
placer M. Fabre par un des avocats généraux
a la Cour suprême.
La seconde alternative, qui parait rallier la
majorité des ministres, consisterait dans la
mise à la retraite de M. Fabre.
UN FAIT SANS PRÉCÈDENT
Témoignage i Président de la Képiihiigm
«A.3NÏS1
L’AFFAIRE CALMETTE
Nous avons annoncé hier dans notre
« Dernière Ilenre » que M. Foriclion, pre-
mier président de la Cour d’Appel, s’était
rendu à l’Elysée pour recevoir la déposition
de M. Raymond Poincaré.
En effet, le 2 avril dernier, M. Boucard
avait informé par lettre officielle ie parquet
de ia Seine du désir exprimé par M. Caii-
laux que le témoignage du chef de l’Etat fût
accueilli.
Le procureur de la République saisit la
chancellerie de l’incident. Restait à savoir à
quelle procédure on aurait recours pour
recevoir la déposition du président do la
République. C’est qu’en effet le Code est
muet à cet égard et il n’y a pas de précé-
dent.
Seuls les articles 510 et 311 du Code d’ins-
truction criminelle, qui. disposent que les
dépositions des grands dignitaires et du mi-
nistre de la jastice seront reçues par ie pre-
mier président de ia cour d’appel, pouvaient
être invoqués ; on estima que le chef de
l’Etat pouvait, en droit, être assimilé à un
« grand dignitaire » ou à un « ministre de
la justice » et qu’il n’y avait qu’à appliquer
en l’oGcarence la procédure qu’on aurait
appliquée à l'égard d’un garde des sceaux on
d’un très haut fonctionnaire de l’Etat, pro-
cédure qui confie an premier président de ia
cour d'appel le soin de îecueillir les déposi-
tions de cet ordre.
Voici le résumé de la déposition de M.
Riymond Poincaré qui confirme de tous
points les déclarations de M. Caillaux devant
le juge d’instruction :
— Le lundi 16 mars, un Conseil des mi-
nistres devait se réunir à 1 Elysée à 10 heu-
res ; avant que le Conseil commençât, les
principaux membres du Cabinet s’entrete-
naient tour à tour avec le président de ia Ré-
Kue. On allait passer dans ie grand sa-
s délibérations da Conseil, lorsque M.
Caillaux s’avança vers le chef de l’Etat :
» — Pourrais-je, Monsieur le président,
vous entretenir quelques instants en parti-
culier? lui demanda-t-il.
» M. Poincaré acquiesça immédiatement
an désir du ministre des finances, qui de-
meura quelques minutes en tête à tête avec
ie président de la République.
» — Je viens d'apprendre de la meilleure
source, dit aussitôt M. Caillaux à M. roin-
caré.qne les lettres privées, écrites par moi
à celle qui est aujourd’hui ma femme, ont
été remises au Figmo et que Gaston Calmette
compte faire usage de ces lettres. Je satt
qo il va les publier...
» Se récriant aussitôt, M. Poincaré pro-
testa avec force contre une pareille SUDDO*
silion : f™
» — On vous a ma! renseigné, dit-il. Ca!«
mette est nn galant homme ; il est incapa-
ble de publier jamais une lettre mettant vo-
tre femme en cause...
» Mais ie ministre des finances insiste :
les personnes qui l’ont informé ne peavent
se tromper. Et puis iij,’ a des indices qu'une
nouvelle publication se prépare.
. » — M. Cîimelte, dit-il, n’a-t-il pas ce ma-
tin même, dans le Figaro, publié un article
intitulé : « Intermède comique. Les notes
biographiques de
que chose va venir après I il s’agit, de toute
évidence, de lettres privées, de lettres inti-
mes. ..
" C’est en vain que le président de la Ré-
publique cherche de son côté à convaincre
le ministre : jamais CatmetUe ne fera ci la t
Le fait que dans la lettre signée « ton Jo » il
a supprimé tous les passages étrangers à la
politique n’est-il pas la preuve que le direc-
teur du Figaro ne déposera jamais une cer-
taine limite et ne publiera pas de document*
touchant a des faits d'ordre privé ?
» Vainement M. Poincaré engage M. Cail-
laux à se renseigner de nouveau, à prendre
conseil de ses avocats. Dans une exclama-
tion, le ministre s’écrie :
» — Si Calmette fait cela, je le tue !...
» Le président fait alors tous ses eftorU
pour calmer son interlocuteur, mais il ne
peut y réussir.
» Aussi, dans l’après-midi, encore ému
par le souvenir de celte scène, la raconte-t il
à M. Doumergue, président d a Conseil, ami
personnel du ministre des Finances. M.Poin-
caré dit au président du Conseil combien D
crainte de M. Caillaux lui paraît sans fonde-
ment, et M Doumergue répond qu’il v»
s’efforcer à son tour de rassurer son collè-
gue et empêcher tout scandale...
» Mais if est déjà trop tard : à-l’heure où
M. Doumergue, quiUant Mpr^tot.de; la
République,descend les farciras de l’Elysée.
Mme Caillaux monte déjà celles da Figaro...»
Le récit du chef de l’Elat a été « rédigé par
écrit » comme le veut la loi, et signé par M.
Poincaré ; puis M. Foriclion l’a transmis au
juge d’instruction.
Villégiature Présidentielle
II. Poincaré arrive à Eze
Le président de la République et Mme
Raymond Poincaré, qui avaient quitté Paris
dimanche soir à S h. 20, par train spécial,
sont arrivés hier matin à 9 heures à Eze.
Ils ont été accompagnés par le préfet et le
maire jusqu’à leur villa par les autorités.
A ce moment, l’aviateur Maïcon, volant
sur son biplan, a laissé tomber une gerbe
de fleurs tricolore pour Mme Poincaré.
EZ9 est en fête. Des touristes sont venus de
toutes paris saluer le président de la Répu-
blique et admirer les beautés naturelles du
pays. Le paysage enchanteur est dressé
comme par miracle au-dessus de la mer la
pins bleue, la plus tendre, la plus orientale.
Quand on parcourt cette baie pittoresque,
on ne peut s’empêcher d’en évoquer le
passé. C’est devant la villa présidentielle,
sur les rocs balayés par les lames, que des
navigateurs phéniciens furent jetée par la
tempête. Aprô3 avoir été sauvés des flots, ils
construisirent un temple consacré à Isis ; la
bourgade prit le nom d’Isia, qui est devenue
Esa et enfin Eze.
Depuis le seizième siècle, l’histoire d’Ez*
se confond avec celle des autres hourgadei
du Comté de Nice. Mais il n’y a peut-être pas,
dans tout le midi de la France, une seule
agglomération qui donne plu* nettement
l’idée d’une ville de défense et de guerre au
moyen âge. « Voici cet étrange nid de vau-
tours, écrivait Théodore de Banville, en 1861,
ie petit village d’Eze bâti au sommet d’un
roc avec des quartiers de rochers. Il y a cer-
tainement une route qui va à Eza, et on
peut y arriver en carrosse.-Mais je me gar-
derai bien de voir le chemin prosaïque et
niais, auquel je neveux pas croire. Avant
lui, pour arriver à Eza, il fallait monter de
la mer, ou descendre du ciel, et on aurait
dépensé cinq cent raille écus pour y faire
venir un piano de 25 francs par moi3. Eza,
bâti par quelque Titan comme un défi au
dieu assembleur de nuages, sera prochaine-
ment sans doute orné d’un théâtre et éclairé
au gaz, et les vautours et les aigles s’enfui-
ront...»
La fantaisiste prophétie de Binville ne se
réalisera sans doute pas à bref délai. Mais,
déjà, au lieu du carrosse de naguère, le train
présidentiel est venu, rapide et trépidant,
jusque dans cél « Eza construit par quelque
Titan » apporter ses hôtes qui vont vivre
quelques semaines dans le calme de ce pays
de rêve.
Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LOVDRES, 6 Avril. Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE
Comptant..) çaLn tu 15/- -/- 1/3
8 mois 166 2/6 -J- -/-
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Comptant.. e 169 S/- -/- j B/-
8 mois...., facile*» £ gy.
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NEW-YORK, 6 AVRIL
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NEW-YORK, 6 AVRIL
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üi. POINCARÉ A EZE
MENTON.—M. Fentana, maire, au nom de
la ville de Menton, a fait remettre an prési-
dent de ia République et à Mme Poincaré
une superbe gerbe de fleurs naturelles, en-
tourée d’un ruban tricolore, à leur arrivée
sur la Côte d’Azur.
NICE.—Le président de la République et
Mme Poincaré ont dejouné à midi dans ia
loggia de leur villa.
Dans l’après-midi, ils se sont rendus au
Cap d’Ail d’où ils sont rentrés à quatre heures
et demie.
L’AFFAIRE_CALMETTE
Les rédacteurs du «Figaro» â l’instruction
M. Boucard, juge d’instruction, a reçu an
débat de l’après-midi d’hier la visite de M.
Prignon, greffier en chef de la cour d’appel
de Paris, qui est venu remettre au magistrat
le texte original de la déposition du prési-
dent de ia République ; c’est en effet M. Pri-
gnon qui a accompagné hier le premier pré-
sident Forichon chez ie chef de [ Etat.
Puis le juge d’instruction a recueilli la dépo-
sition de M. Latzarus, rédacteur au Figaro. Le
témoin confirme qu’a près le drame, la meur-
trière était absolument calme et qu’elle n’a
pas une*seule fois demandé des nouvelles de
sa victime.
« J’ai en l’occasion, a déclaré en outre H.
Latzarus, de parler plusieurs fois avec Gaston
Calmette, des papiers qu’ii possédait. Ou lui,
a beaucoup reproché d avoir dévoilé l’affaire
Prieu sans apporter de preuves écrites. U
m’a dit à deux reprises différentes qu’en par-
lant de cette affaire U avait en le dessein
d^mpêcher M. Caillaux de remplir sa caisse
électorale ; que son but étant atteint par. ia
divulgation qui emoêch it la continuation de
pourparlers criminels, ii cessait de s’inté-
resser à cette ailaire. Taut il était éloigné de
vouloir le scandale pour le scandale.
» Un jour, dans la seconde quinzaine de
janvier, ii me parla des démarches éplorées
que de hauts financiers avaient faites auprès
de lut pour qu’il cessât de parler des pres-
sions de M. Caillaux, sur les établissements
decrédit. Pais U me précisa le rôle de M.
Caillaux dans l’affaire d’Agadir. Et sortant de
son portefeuille deux documents, il me les
montra.
» Il poursuivit sa' campagne et publia un
jour le résumé du rapport Fabre.
» Je fui dis : a Vous avez le document Fa-
bre ? « Il répondit : « Ah ! oui, mais j’ai pro-
mis de ne pis le publier. »
» II sortie son portefeuille et en tira plu-
sieurs feuilles pliées. Il s’assit au bureau da
secrétaire de la rédaction et nous dit : « Je
vais vous le lire. » Il le lut et puis ie replaça
dans son portefeuille en disant avec un sou-
rire : « Je ne m’en sépare jamais ! »
» S’il avait possédé d’autres lettres on les
eût retrouvées après sa mort dans ce porte-
feuille où l’on a retrouvé les documents
d’Agadir et le document Fabre. »
Après cette déposition, M. Boucard a re-
cueilli celle de M. Frantz Reichel, rédacteur
au Figaro.
line Confrontation
W. Boucard a confronté hier Mme Gueydan
et MM. Vervoort et Desclos — ce dernier an-
cien chef de cabinet de M. Caillaux.
Mme Gueydan prétend qu’elle a reçu un
jour la visite de M. Vervoort qui venait lui
demander les éléments d’une brochure qu’il
désirait publier contre M. Caillaux.
M. Vervoort reconnaît qù’ll eut une entre-
vue avec Mme Gueydan, mais il affirme qae
ce fat sur le désir ae celle-ci.
« Nous envisageâmes, dit M. Vervoort, le
moyen de causer un scandale à la veille da
nouveau mariage de M. Caillaux. Je fis sem-
blant d’abonder dans le sens de Mme Guey-
dan, mais aussitôt sorti de chez elle, i’ailai.
au ministère où je vis M. Duclos que j’aver-
tis du danger qui menaçait M. Caillaux. »
Cette partie de ia déclaration de M. Ver-
voort fut confirmée par M. Ducios.
M. Vervoort ajouta que loin de vouloir
combattre M. Caillaux, il menait une cam-
pagne en sa faveur dans un petit journal
dont il était directeur.
Mme Gueydan a maintenu ses premières
affirmations.
AU MINISTÈRE DES COLONIES
Par arrêté du ministre des coionies en
date du 31 mars 1914, ont été nommés : chef
adjoint du cabinet du ministre, M. Pasquier,
adaiiiiistra’eur de 2° classe des services ci-
vils de l’Iudochiae ; Ferry, sous-chef de bu-
reau à l’administration centrale des colo-
nies.
LE MINISTRE DE LA MARINE A TOULON
, TOULON — M. Gauthier, ministre de la ma-
rine, après avoir visité l’Arsenal et la Pyro-
technie maritime, a quitté Toulon pour se
rendre dans l’Aude.
LE RENDEMENT DES IMPOTS
L’administration des finances vient de pu-
blier ie rendement des impôts pour le mois
de mars 1914.
Los recouvrements effectués se sont élevés
à 292,925,800 francs, accusant une plus-va-
lue de 12,141,700 francs par rapport aux
évaluations budgétaires et une plus-value
de 10,581,300 francs par rapport aux recou-
vrements effectués en mars 1913.
CHUTE D’UN AVIATEUR MILITAIRE
BESANÇON. — Un monoplan piloté par le
sous-officier Carnoy, da centre de Bron, con-
trarié par le vent, a capoté à quelques mè-
tres seulement an-dessns du terrain de ma-
noeuvres de Dol.
L’aviateur est sérieusement blessé à la
tête;
Le blessé a été transporté & l’Hôpital.
RECOMPENSE POUR ACTE DE COURAGE
Récompense pour acte de courage et de
dévouement (médaille de bronze), M. Jnies-
Edonard Daubeuf, aiguilleur à la Compagnie
de l'Etat, au Havre.
AeTElTsïïÎTAQE
SAINT MALO. — On a constaté prèî de la
gare de Dol, sur la voie ferrée de SaiDt-
Màio, qu’un signal avancé avait été coupé.
Le disque était maintenu dans sa situation
de fermeture, ce que n’avait pas dû prévoir
l’auteur de cet acte de sabotage.
La police spéciale a ouvert une enqnête.
ARRESTATION D’ÜN MEURTRIER
On vient d’arrêter à Vanves un nommé
Débrayé comme étant l’un des meurtriers
de l’agent Rougland, tué d’un coup de re-
vol vei^par des maltaiteurs qu’il voulait ar-
rêter.
BRÛLÉS VIFS
MAUBEUGE. — Le feu a détruit un immeu-
ble occupé par une dame veuve Envie, sa
fille et les jeunes enfants de celte dernière,
qui vit séparée de son mari Edouard Cara-
bin, ouvrier verrier.
‘Deux des entants, âgés de 8 et 5 ans ont
été retrouvés complètement carbonisés.
BLESSÉ D’UN COUP DE BAÏONNETTE
TOULON. — A la caserne da lit® d’infante-
rie, le soldat Franceschini, qui avait été giflé
par un de ses camarades nommé Gibert, a
porté à celui-ci un coup de baïonnette dans
le ventre.
- L’état de Gibert est désespéré.
UN ACTE DE*VENGEANCE
LORIENT. — La femme Braban, cultivatrice
à Nouerno-en-Clegue, a incendié, par esprit
de vengeance, la ferme des époux Le-
dousal.
La ferme a été entièrement détruit**
L’incendiaire a été arrêtée.
LE GÉNÉRAL LYAUTEY AU MAROC
TANGER, 6 avril (Casablanca, 5 avril). — Le
générai Lyautey, M. Tirard et les membres
des maisons civile et militaire, sont partis en.
automobile, à 2 heures de i’après-midi, pour
Rabat.
Le général Lyautey a été salué dans ht
cour de la résidence par les autorités.
LE BILL DU HOME RULE EST VOTÉ
LONDRES. — A la Chambre des Communes,
M. John Redmond, chef des nationalistes ir-
landais, a dit qu’il ne ferait rien de contraire
à un règlement équitable de la question ir-
landaise.
Il a engagé la Chambre à accepter les pro-
positions gouvernementales.
M. Edward Carson a déclaré que si le gou-
vernement retire du projet la limitation a six
ans de l’exclusion de l'Üister du Home Rule,
il portera la question devant la population
de l’Ulster.
La proposition du gouvernement a éti
maintenue.
LONDRES.— La Chambre des Communes 3
voté le bill da Home Raie en seconde leelurt
par 356 voix contre 276.
LES CHEMINOTS ITALIENS
ROME — Le ministre a reçu une délégation
de cheminots qui lui a remis un mémoire ds
ia Fédération des employ és des chemins de
fer.
Le ministre a eu une longue conversation
avec les délégués.
Il semble qu’une base d’accord serait trou-*
vée qui permettrait d’éviter la grève générale.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
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MOS. rue St-Lazare, 108
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