Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-04-04
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 avril 1914 04 avril 1914
Description : 1914/04/04 (A34,N11929). 1914/04/04 (A34,N11929).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1720941
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
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sstions Municipales
SITUATION SCOLAIRE
■ Lps questions scolaires sont suivies au
Havre avec un intérêt tout particulier.
C’est que, bien avant même la promulga-
tion delà loi Ferry, en 1882, sur l’instruc-
tion gratuite, laïque et obligatoire, de sé
rieux eflorts avaient été accomplis en no-
tre ville pour le développement de l’instruc-
tion à tous ses degrés. Nous avions déjà, à
l’Hôtel de Ville, des cours d’enseignement
supérieur ; des bourses de licence étaient
venues s’ajouter aux bourses d’enseigne-
ment secondaire ; des écoles primaires su-
périeures, des écoles industrielles — de-
venues plus tard écoles d’enseignement
technique — existaient et même étaient
citées comme modèles ; enfin les munici-
palités républicaines avaient commencé
l’extension nécessaire de l’enseignement
primaire élémentaire. En sorte que nous ne
fûmes pas surpris par les obligations édic-
tées par la loi de 1882 qui, chez nous, avait
été prévue et même devancée.
Nous reviendrons quelque jour, plus à
loisir, sur cette période si féconde en heu-
reux développements et nous dirons avec
quel esprit de méthode, avec quel esprit de
suite, notre organisation universitaire s’est
depuis lors augmentée. Aujourd'hui, nous
nous contenterons d’exposer la situation
présente en ce qui concerne l’enseignement
primaire élémentaire*
Au 1er janvier dernier, nos Ecoles com-
munales, au nombre de 49, renfermaient
344 classes (162 pour les Ecoles de garçons,
150 pour les Ecoles de filles et 32 pour les
Ecoles maternelles).
En comparant le nombre des élèves répar-
tis dans les Ecoles de la Ville, en 1912 et
en 1913, on obtenait les chiffres suivants :
En décembre 1912 : Ecoles de garçons,
7,753 élèves ; Ecoles de ((lies, 7,509 élèves ;
Ecoles maternelles, 4,281 élèves. Au total
19,543 élèves.
, En décembre 1913 : Ecoles de garçons,
7.807 élèves ; Ecoles de fffresT7,501 élèves ;
Ecoles maternelles, 4,093 élèves. Au total,
19,-401 élèves.
| Ainsi, d’une année à l’autre, on pouvait
constater en décembre 1913: pour les écoles
de garçons 54 élèves en plus; pour les
écoles de filles, 8 élèves en moins ; pour les
écéles maternelles, 188 élèves en moins.
} De décembre 1912 à décembre 1913, le
nombre des écoles privées avait diminué de
deux unités. A cette dernière date (3 écoles
de garçons, 19 écoles de filles et l 'école ma-
ternelle) elles recevaient 2.919 élèves (662
garçons, 2.223 filles et 34 enfants pour l’éco-
le maternelle), — et subissaient une dimi-
nution totale de 51 élèves,
i Et au 1er janvier 1914, le nombre total
I des élèves inscrits dans les écoles publiques
et privées se répartissait ainsi :
t Ecoles publiques., 19.401 Elèves
| Ecoles priyées..... 2.919 — ___
1. Si l’on y ajoutait le nombre des élèves
{fréquentant les établissements d’enseigne-
ment secondaire (1,173) et des enfants ins-
truits dans la famille (6, et ce chiffre sous
toutes réserves) — soit 1.179 élèves — on
constatait, comme total de la fréquentation
scolaire, 23.499 élèves,
t En ce qui regarde le nombre d’enfants
d’âge scolaire (de 6 à 13 ans) habitant le
Havre, le dernier recensement de 1911 en
accuse 16,333. D’autre part, les calculs les
plus minutieux certifient l’inscription de
16,400 élèves « havrais ». Si bien que
la statistique nous porterait à conclare que
la loi sur l’obligation est complètement
appliquée. Il n’y a guère de réfractaires
absolus.
Cependant la fréquentation effective ne
répond pas entièrement au nombre d’ins-
criptions, et la Commission scolaire, qui
fonctionne avec une régularité parfaite et
qui accomplit sa tâche avec un zèle des plus
méritoires, a été bien obligée d’appeler l’at-
tention sur les absences beaucoup trop
nombreuses qui ont pour causes la négli-
gence des, parents et le vagabondage des en-
fants.
Aussi, en 1913, conformément aux ins-
tructions de M. le procureur de la Répu-
blique, 146 enfants (garçons et filles! ren-
contrés dans les rues pendant les heures
de classe, ont été signalés à la Commission
scolaire, par les soins de la police muni-
cipale. Sur ce nombre, 136 ont été con-
duits dans les commissariats, 32 ont été
signalés à la mairie comme ne fréquentant
aucune école. Parmi ces mêmes enfants,
23 ont été confiés soit à l’Assistance publi-
que, soit au Comité de Défense et de Pro-
tection des enfants traduits en justice ; 2
ont été condamnés comme vagabonds.
Au regard de la situation au 1er janvier
1914, celle du 31 mars est la suivante :
Le nombre des Ecoles communales étant
de 49, avec 344 classes occupées et 14 clas-
ses vacantes, on compte : 7,743 élèves gar-
çons, 7,445 filles, 4,147 enfants dans les
Ecoles maternelles. Au total, 19,335 éco-
liers, soit une diminution sur le trimestre
précédent de 64 garçons, 56 filles, et une
augmentation de 54 unités dans les Ecoles
maternelles.
Si l’on tient compte des rigueurs de
l’hiver et de l’important effectif de notre
population scolaire, les très légères dimi-
nutions constatées sont insignifiantes. Mais
il demeure que la situation ne laisseras
de mériter l’attention de la Commission
scolaire, laquelle d’ailleurs, pendant le
trimestre écoulé, a cité devant elle 205
délinquants, dont 41- ont été excusés, 71
blâmés, 126 affichés ; 20 condamnations à
l’amende ont été prononcées. D’autre part,
toutes les institutions scolaires annexes:
r Gaies» -dee EeQ-les, Cantines scolaires, con-
tinuent leurs efforts grâce à là générosité
| du Conseil municipal, grâce aussi à la
vigilance attentive et au dévouement de
l’administration communale et du personnel
enseignant.
Eu résumé, la situation des Ecoles com-
munales du Havre reste très bonne. Elle
est excellente et même remarquable, si on
la compare à celle de la plupart des autres
villes, — et cette situation est due pour
beaucoup au fonctionnement d’oeuvres an-
nexes de l’Ecole qui n’existent que rare-
ment ailleurs en des conditions aussi com-
plètes. Et c’est pourquoi le Parlement a eu
raison naguère de se préoccuper des lois
scolaires, et de les rendre plus sévères en
ce qui concerne notamment la non-fréquen-
tation.
Tu. VALLÉE.
903 millions pour la Scienco
D’après le Daily Telegrah, M. John D.
Rockefeller aurait fait don d’nne somme de
cinq millions de francs à l’Institut pour les
recherches médicales, qui porte son nom ;
ce nouveau dou s’ajoute aux 45 millions que
le roi da pétrole a déjà donnés à cet institut,
et il est destiné à fonder et à entretenir une
section spéciale qui étudiera les maladies des
animaux.
On calcule que les sommes données par
M. Rockefeller pour les progrès de la
science et pour l’éducation de ses sembla-
bles s'élèvent à un total de 903,750,000
francs.
Mea Culpa
Cotnme il est difficile de bien se
J aire comprendre l Ou, plutôt, comme
il est difficile de bien exprimer sa pen-
sée!
Avant-hier, à propos du secret pro-
fessionnel, fai pris à partie M. Escar-
guel, directeur de /'Indépendant des
Pyrénées-Orientales (on commence à
le savoir l) Or il me revient que, du
même coup, je me serais appliqué à
moi-même Un camouflet sur ma figure
de journaliste, ce qui n'est pas flat-
teur, En relisant mon papier je re-
connais que Von pourrait peut-être,
en effet, s'y tromper — précisons*
donc, puisqu’aussi bien il y va de
l’honneur de la profession !... i
J’ai parlé du secret professionnel
au sens strict du mot, du secret dont
la violation constitue un délit, le seul
que la loi connaisse ; sur ce point, je
n'ai rien à retrancher ni à ajouter :
le journaliste ne relève point de ce
secret professionnel puisqu’on essaie-
rait en vain d’obtenir contre lui, de ce
chef, une condamnation.
Mais à côté du secret professionnel
il y ale secret tout court qui a une
sauvegarde qui devrait être aussi puis-
sante que la loi, l'honneur. Chacun
peut être dépositaire de ce secret et
peut être appelé à le défendre avec
dignité, même au prix des plus grands
ennuis, même au prix d’une condam-
nation. Heureusement d’ailleurs que
la torture est abolie et que cette con-
damnation ne saurait être trop lour-
de : le témoin cité en justice et qui
refuse de déposer encourt une amende
de cent francs, au maximum. Toute-
fois la loi récente sur les pouvoirs de
la Commission d’enquête prévoit une
.amende de cent à mille francs.
M, Encarguel
bénéfice de Ce secret d’honneur, dût-
il lui en cuire? Sans vouloir discuter
à nouveau le cas de ce journaliste, je
ne le crois pas ; je citerai seulement
cette appréciation, qui me paraît dé-
cisive, du président de la Commis-
sion :
Qa’an journaliste qui reçoit commu-
nication d’un document, d’un fait dé-
montrable aussitôt qu’il a été divulgué,
refuse de faire connaître la source de
ses renseignements, très bien.
Le secretprofessionnel se comprend,
en la circonstance, parce qu’il ne fait
pas obstacle à ce que les hommes mis
en causé puissent se défendre. Mais
quand on met en circulation une ru-
meur qui porte sur une personne dé-
terminée, quand on fait peser une sus-
picion sans fournir un moyen d’en con-
trôler la valeur, ce n’est plus faire oeu-
vre de journaliste.
M. Jaurès emploie improprement le
terme de secret professionnel, mais je
ne fais pas de difficulté à reconnaître
que la profession de journaliste, sans
nous dispenser, de droit, de déposer
nous amène souvent à recevoir des
confidences qu’il va de notre honneur
de garder secrètes. Avant-hier, je par-
lais da journaliste bavard ; je ne me
contredis pas aujourd'hui, car le jour-
naliste a, par définition, une riche
nature : bavard lorsqu'il s’agit d’éveil-
ler les échos de la Renommée, il est
la discrétion même pour tout ce qui
constitue nécessairement la base ano-
nyme et solide de ses informations.
Mais il y a plus, le journaliste, qui
doit tout savoir, est amené à connaî-
tre bien des secrets de famille ou au-
tres, bien des peines et des hontes se-
crètes, et il met sa dignité à ne pas dé-
couvrir la vie privée, à aider même à
ce que l’oubli se fasse. Il joue ainsi
parfois, le triple rôle d’ami, de confes-
seur et d’avocat.
Enfin, dans certains cas où il y a des
risques judiciaires ou autres à courir,
le journaliste n’hésite pas à substituer
sa responsabilité à celle de son infor-
mateur. Je ne dirai pas qu’il devient
ainsi le martyr du secret profession-
nel, mais j’aime à croire que cela le
relève aux yeux de ceux qui, sur la
foi de mes propos incomplets de Vautre
jour, auraient pu par hasard s'imagi-
ner qu’il n’était qu’un loquace et in-
incorrigible curieux,
CASPAR-JORDAN.
La Commission d'Enquête
sur l’Affaire Rochette
MSépoaition tîe 91. EacargueM
JH. Escorguel : Je ce puis que répéter ma dépo-
sition d’hier. Je comprends fa gravité des révéla-
tions que j’ai été amené & faire parce qu’elles
peuvent compromettre dans la conscience publi-
que ceriaines personnes qui, à mon avis, ont été
les complices a'une manoeuvre que je réprouve,
eD favorisant l’évasion d’un escroc, mais ma
conscience ne me reproche rien ; un journaliste
a le droit de dire ce qu’il croit être la vérité ab-
solue. Je répété quiil m’est imposssible pour la
dignité de ma profession de laisser croire qu’un
journaliste est obligé de divulguer les sources
dont h tire ses renseignements. Je ne me permets
jamais de livrer à la publicité un nom qui m’a été
sonate stféaü du secret.
JH. Ceccaldi : Ne comprenez vous pas ce qu’il y'
a de dangereux à laisser-croire qu’un -journaliste
puisse dire que sa conscience est satisfaite quand
i(a jeté ta suspicion sur un grand nombre de per-
sonnes 1 Avez-Vous le droit, comme journaliste,
de jeter le discrédit sur des personnes en refu-
sant de les nommer ?
M. Escarguel : Le journaliste politique a des
sources d’informations diverses. Il les a comme
U peut. Une fois qu’il a reçu les confidences ou
les renseignements nécessaires pour se faire une
opinion, il fait son article. A ce moment, le rôle
du journaliste finit et le rôle d'homme d’honneur
vis-à-vis de ses informateurs commence. Je reste
un homme de conscience ; je suis sfir d’avoir le
respect de ma profession. J’ai conscience de ne
pas mériter le blâme de mes confrères en me re-
tranchant derrière le secret professionnel.
M. Ceccaldi : Si vons étiez poursuivi à l’occa-
sion do votre article, pourriez-vous garder cetté
attitude qui vous exposerait à des sanctions pe-
nales ? ,
M. Escarguel : Parfaitement.
M. Jaurès : Qu’un journaliste qui reçoit com-
munication d’un document, d’un fait démontrable
aussitôt qu’il a été divulgué refuse do faire con-
naître la source des renseignements, très bien i
Le secret se comprend en la circonstance, puis-
qu’il ne fait pas obstacle à ce que les hommes
mis en cause puissent se défendre. Mais quand on
met en circulation une rumeur qui porte sur une
personne déterminée, quand on fait peser une sus-
picion sans fournir un moyen d’en contrôler la va-
leur, ce n’est plus faire oeuvre de journaliste
Sans donner le nom des personnes qui vous
ont tenu le propos, pouvez-vous dire le nom
du membre du cabinet Monis qui a fait la démar-
che 1
M. Escarguel : Je ne le puis pas.
M. Jaurès : Vos informateurs seraient-ils les
mêmes que ceux qui ont fait la démarche ?
M. Escarguel : Non. Vous voulez m’entraîner à
dire que j’ai reçu la confidence de M. Emile
Constant. Je déclare n’avoir jamais reçu une ré-
vélation-directe de M Constant. Quand j’ai ra-
conté dans mon article c» que j avais appris, je
ne croyais pas que ce que j’avais dit serait connu
de tout le monde te surlendemain. Si j’avais
pensé qu’il en fût ainsi, je n’aurais pas fait mon
article.
Llie Rocktie
A LA CHAMBRE
Impressions de Séance
(i» floran ooittflâporroxirr ManaDuu)
Paris, 3 avril.
Même affluence que la veille. Même foule
Snte se bousculant devant les grilles,
e encombrement dans les salles d’at-
tente. Les amateurs de scandale parlemen-
taire que la séance d’hier avait profondé-
ment déçus, sont revenus aujourd’hui, aug-
mentés d’un nouveau contingent de curieux
et de tous ceux qui n’avaient pu réussir
hier à se caser.
Là questure, en prévision de ce retour of-
fensif do public, avait encore renforcé le
service d’ordre ; aussi, à l’ouverture des por-
tes, l’entrée s’opère-t-elle sans désordre.
En quelques minâtes, les tribunes publi-
ques sont bondées. Dans la loge diplomati
que, on remarque la présence de la prin-
cesse héritière de Grèce. Du côté des dépu-
tés, l’empressement est moins considérable.
De nouveaux vides se sont produits depais
hier. Quelques impatients, obsédés par le
souci de la réélection ont encore iâché pied.
Leur désir de s’en aller devait être bien im-
périeux pnisqne l’affaire Rochette, elle-mê-
me, n’a pas suffi {tour les retenir.
***
Dire que la Chambre — cne partie de la
Chambre, tont au moins — avait en l’outre-
cuidance de croire qn’il loi suffirait d’en-
voyer le budget au Sénat quelques jours
avant la séparation pour que celui-ci s’em-
pressât de le ratifier les yeux fermés i
Le budget lui-même, s’entend, car on pen-
sait bien que l’incorporation de l’impôt sur
ie revenu dans la lot de finances ne serait
pas acceptée an Luxembourg. On escomptait
même ce refus, dont les radicaux-unifiés se
seraient servi comme plateforme électorale.
Soucieux de sa dignité, résolu à ne p is
laisser porter atteinte aux prérogatives qu’il
tient de la Constitution, le Sénat déclara tout
net qu’il ne se prêterait pas à cette manoeu-
vre. Oa il prendrait le temps nécessaire pour
discuter le budget, ou ii ne ie discuterait pas
du tout, laissant à la Chambre la responsa-
bilité de se représenter devant ses électeurs
sans _avcûr wi ■defiriiliv eiu ci/l ion qu»-
trième budget. En même temps, la hante
Assemblée faisait savoir an gouvernement
que si ou ne lui envoyait pas les douzièmes
provisoires aujourd’hui, elle ne pourrait les
examiner que... mardi prochain.
Mardi, en pleine période électorale III au-
rait donc fallu siéger la semaine prochaine.
Cela ne faisait pas l’affaire des députés. En-
core moins celle du gouvernement. Voilà
pourquoi M. Doumergue a si vivement in-
sisté pour que les douzièmes soient disentés
sans retard. Voilà pourquoi ia Chambre les a
votés ce matin au pas de course.
L’après-midi, pendant que le ministre des
finances les portait au Luxembourg et que,
le Sénat, pour faciliter le départ, consentait
à les discuter d’urgence, on reprenait, au
Palais-Bourbon, le débat sur l’affaire Ro-
chotts»
Comme hier, la Chambre a semblé prendre
à tâche de résister aux entraînements et con-
server tout son calme. Elle a fait de son
mieux pour cela et si elle n’y a pas toujours
réussi c’est déjà tort bien de sa part de
l’avoir tenté.
Le premier discours qu’elle entendit, ce-
lui du rapporteur, n’était d’ailleurs pas de
nature à déchaîner les passions. M. de Foi-
levillè est un homme pondéré, enclin par
tempérament à éviter tontes les exagéra-
tions, an jurisconsulte dont chacun se plaît
à reconnaître la compétence et l’impartia-
lité.
Les arguments qu’il fit valoir pour dé-
montrer que les poursuites réclamées contre
MM. Monis et Caillaux pour forfaiture ou
corruption étaient légalement impossibles
fût, en effet, toute juridique et, à part quel-
ques interruptions de M. Delabaye, la Cham-
bre récojita avec beaucoup d’attention.
Le silence redoubla quand M. Briand fit
son apparition à la tribune. L’ancien prési-
dent du Conseil, très maître de lui, tenait à
protester contre « la vague formule de re-
gret» que la Commission d’enquête a cru de-
voir employer à sou égard. Avec sa mer-
veilleuse lucidité d’esprit et de parole, il ex-
pliqua le rôle qu’il eût à remplir dans cette-
affaire, les conseils de correction, de fran-
chise qu’il donna anx magistrats, la conduite
prudente et sage qu’il crut devoir tenir lors-
que le procureur général lui remit le fa-
meux document, la conversation qu’il eut
par la suite avec M Monis.
Le fait grave, à son avis, le fait abomina-
ble, c’est i ingérence de la politique dans le
fonctionnement normal de la justice, la
pression exercée sur des magistrats. Son
rô’e 1 ii est irréprochable. Son devoir 7 il a
conscience de l’avoir accompli tont entier,
sans porter atteinte à la solidarité qui lie
entre eux les gouvernements successifs,
sans avoir rien fait pour cacher la vérité.
Aucun blâme, aucan regret, si léger tut-il,
ne saurait l’effl eurer et c\sst avec une par-
faite sérénité qu’il s’en remet au jugement
du pays.
Ce langage a produit sur la Chambre une
impression profonde, et quand, d’an pas
tranquille, il regagna sa place, la Chambre
presque tout entière le salua d’une chaleu-
ureuse ovation. Seuls, les socialistes et les
radicaux avancés restéren- ieux.
Avec M. Colly, le débat <4* plus animé.
Porte parole des unifiés, M. Coily attaquait
violemment M. Briand et surtout M. Bar-
thon, auquel il reprochait d’avoir « volé » le
document Fabre et de s’en être servi com-
me i’apache se sert de l’os de mouton pour
« poignarder » un adversaire politique.
Celte comparaison nn peu hardie fit sou-
rire. Aussi bien, la Chambre a commue de
ne pas attacher plus d’importance qu’il ne
convient aux intempérances de langage du
député socialiste, et M. Deschanel lui-même,
au lieu de taire appel aux sévérités du rè-
glement, se contenta de lui adresser une sé-
rieuse admonestation.
Ensuite, on. entendit la voix grave de M.
Maurice Barrés qni renouvela devant la
Chambre les protestations qu’il avait formu-
lées à la Commission d’enquête ; la voix
claironnante de M. Marcel Sembat, qui pro-
clamait la nécessité de réformer nos moeurs
politiques, puis M. Barthou prit la parole.
M. Barthou, comme M. Briand, tenait i
protester contre le passage des conclusions
de ia Commission denquete le visant per-
sonnellement.
Comme loi, il rappela en détail le rôle
qu’il joua dans celte regrettable affaire, les
démarches qu’il fit auprès de M. Calmette à
la demande même de MM. Mouiset Caillaux,
la promesse qu’ii obtint du directeur du Fi-
garo de ne pas publier certains documents ;
ses hésitations avant de prodaire à la tribu-
ne le rapport Fabre.
Com«ae-M. Briand, il déclara que sa cons-
cience ne lui reprochait rien et ii s’en remit
an jugement du pays. Comme lui, il fut vi-
vement applaudi.
Une controverse assez obscure s’engagea
ensuite entre MM. Doumergue, Barthou et
Briand, controverse sur laquelle vint sa
greffer une altercation fort vive du président
au Conseil avec un député du centre, M.
Bonnefous, à qni M. Doumergue reprochait
de profiter de ce qu’il était assis derrière le
banc des ministres pour surveiller les actes
du gouvernement. Il fut même à ce propos
question d’un duel,mais l’affairé fut facilement
arrangée.
Sur ce, malgré M. Jaurès qui demandait le
r> nvoi au lendemain, la Chambre suspendit
sa délibération pour la reprendre après dî-
ner, voulant, coûte que coûte, en flair, lut
iallût-il siéger jusqu’à une heure avancée de
la nuit.
Lorsque les députés revinrent, ils eurent
beaucoup de peine à pénétrer dans ie Palais
car la foule avait forcé les barrages et avait
envahi la cour d’entrée et menaçait de bri-
ser les portes.
C’était nne bousculade sans nom. Les
huissiers avaient nn peu perdu la tête et
faisaient des efforts désespérés pour lutter
contre le flot sans cesse grossisant.
Personne ne trouvait grâce devant enx.
Mme Deschanel elle-même fut repoussés
avec pertes et fracas et comme elle se nom-
mait : « Oui t oui t nous la connaissons cel-
le-là I » lui répondit d’un ton bourru uu
gardien du Palais.
C’est seulement au bout d’un long mo-
ment qu’elle parvint à se faire reconnaître
et qu’on la conduisit, avec force excuses,
jusqu’à la tribune du président.
Si la foule était nombreuse au dehors, en
revanche, les députés étaient fort peu nom-
breux. Mais quelle turbulence 1 quelle ner-
vosité f
Sitôt la séance ouverte, M. Jaurès prit ia
Dermere Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
, LONDRES. 3 Avril. Dépêche de 4 h. 30
» TON COURS HAUSSE BAISSE
! CUIVRE
'Comptant.. facile t «5 15/- -/- 2/6
|j3mois *66-/- -/- 2/6
\ !' ETAIN
Comptant.. < 169 5/- -/- 40/—
!3mois tacile < m 5// -/- 30/-
FER
Comptant.. tacije 151/3 -/- 1 d
3 mois <51/9 -/- Id
; Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 2 avril 1H4.
NEW-YORK, S AVRIL
. Cotnng : mai, hausse 3 points ; juillet,
hausse 8 points ; octobre, hausse 5 points ;
(janvier, hausse 5 points.— Soutenu.
. Calée t baisse 8 à 10 points.
NEW-YORK, S AVRIL
(. u ion t. Kicnun
Cuivre Standard disp. 14 12 14 14
— mai 1412 14 14
■Amalgamati Cap... 76 1/2 77 1/4
Ver 15 25 15 25
CHICAGO. S AVRIL
C. DU JOUR C. PRECED
Blé sur...... Ma! 91 3 8 91 38
— Juillet.... 87 3/8 87 1/2
Mais sur Mai es t/4 67 3 4
— Juillet.... 68 |/8 68 3 8
Stlàdoaxsur. Mai....... to ni 10 57
■=■ Juillet.... 10 72 10 77
LE MEURTRE DE M- CALMETTE
A l’Instruction
M- Georges Bonnamour, mis en cause par
M. Pierre Mortier au sujet d’une conversa-
tion qu’il aurait eue avec M. Auguste Avril
dans tes couloirs de la Chambre, a été en-
tendu hier après-midi par M. Boucard.
Il reconnaît qu’il a pris part à cette con-
versation qui fut très vive.
M. Pierre Mortier, dit-il, a rappelé que le
jour où le Figaro publia un article contre
l’impôt sur le revenn, je me suis élevé con-
tre cet article devant M. Avril qui répondit :
« Ce n’est pas fini I nous possédons d’autres
documents autrement graves t » et me dit
que ces documents étaient d’un ordte poli-
tique.
Le témoin dit qu’il rencontrait quotidien-
nement M. Avril à la Chambre. Il ne lui
a jamais entendu dire que les publications
du Figaro contre M. Caillaux devaient conte-
nir des documents d’ordre privé.
M. Avril lui a déclaré un jour que If. Cal-
mette possédait deux documents écrasants
contre M. Caillaux ; l’un d’ordre politique
qui ne serait jamais publié, l’autre d’ordre
judiciaire : le document Fabre.
M. Boucard a demandé à M. François Du-
pré, fils de Mme Gueydan, si quelqu’un l’a-
vait sollicité de ménager une entrevae entre
Mme Gueydan, sa mère et M. Gaston Cal-
mette et si, comme l’ont prétendu certaines
personnes, on lui avait offert pour cela une
somme d’argent.
M. Dupré répondit de la manière la pins
formelle que pareille proposition ne lui avait
pas été faite.
— Connaissiez-vous M. Calmette T
— Non seulement, je ne le connaissais
pas, mais je ne l’ai jamais vu t
— Et Mme Estradère, la connaissiez-
vous î
— Pas davantage t
— Avez-vous entendu parler en dehors de
Mme Gueydan des lettres échangées entre
M. Caillaux et l’inculpée 1
— Sur l’honneur j’affirme que je n’ai ja-
mais entendu aucun propos relatif à ces
letties.Pent-être des allusions vagues de ma
mère au moment de son divorce, mais c’est
tont ! J’ajoute, à cette occasion, que ma
mère m’a fait part de la visite de M. Ver-
voort le jour où elle le vit. Ce jour-là, elle
était indignée. Elle me dit qu’elle avait re-
poussé les propositions de publication qu’on
lui avait faites.
M. François Dupré sera probablement con-
fronté avec Mme Enradôre.car ii a demandé
à être mis en présence de quiconque a parlé
de l’entrevue sollicitée.
L’ASSASSINAT DE M. GADIOU
BREST. — Le juge d’instruction a entendu
hier après-midi M. Bolloch, liquidateur de
l’usine de la Grand’Palud, au sujet de la
comptabilité de cet établissement.
Puis Julia Juzeau, ia bonne de l’ingénieur
Pierre, a précisé que son maîire avait, les
l«r et 2 janvier, déjeuné à une heure à Lan-
derneau, puis qu’il était reparti pour l’usine
à deux heures et qn’il avait passé toute la
journée à la Grana’Palnd.
M. Pierre a été également interrogé en
présence de son avocat.
Il a reconnu que la balle trouvée dans le
cou de M. Gadiou correspondait au calibre
du revolver qu’ii avait acheté à Landerneau
et qu’il revendit à un voyageur de commerce.
Mme Gadiou et l’ingsniaur Pierre seront
confrontés mardi prochain.
AU CONSEIL MUNICIPAL DE PARIS
Le Conseil municipal de Paris vient d’é-
mettre le voeu que les fonctions de maire de
la Ville de Paris ne soient plus confiées à des
eariemeRteires oa à d^s fonctionnaires,
ÉBOULEMENT DANS UNE MINE
SAINT-ETIENNE. — Un éboulement s’est pro-
duit aux puits Saint-Dominique, aux mines
de Montrambert.
Un mineur nommé Losderne, âgé de 51
ans, pris sous les décombres, a été tué.
ACCIDENT D’AVIATIOft
DUON. — L’aviateur Verrier parti hier ma-
tin de Calais pour Dijon, a endommagé son
biplan en atterrissant près du village de
Chateauneaf. L’aviateur est indemne.
M. ASQUITH A NEWCASTLE
NEWCASTLE. — M. Asquith a harangué la
foule à la gare pendant un arrêt du train.
« Nous vivons, dit-il, à une époque criti-
que ; les principes fondamentaux sont atta-
qués et de graves questions sont en jeu.
Mais si l’union se maintient entre les foi es s
des travailleurs pour le progrès, nous pour-
rons consolider et compléter la grande oeu-
vre que nous avons entreprise ».
An moment du départ du train, une suf-
fragette a tenté de pénétrer dans le wagon
pour y jeter des publications et des insignes
sùffragistes. Elle a été saisie par denx gen-
darmes, mais elle s’est évanouie dans la ba-
garre.
Elle a été remise en liberté quelques ins-
tants-plus tard.
EXPLOITS DE SUFFRAGETTES
GLASGOW. — Hier matin, des suffragettes
ont tenté de faire sauter l’église de Belmont,
dans l’ouest de ia ville.
Trois explosions se sont produites.
La porte et le perron ont seuls été endom-
magée,
LIS AFFAIRES D’OIUËNT
Combats en Albanie
Les Rebelles entrent dans Koritza
Durazzo, 3 avril.
D’après les télégrammes parvenus ici, les
rebelles sont arrivés aujourd’hui devant Ko-
ritza et ont canonné la viiie. Un sanglant
combat s’est engagé entre eux et la gen-
darmerie qui forme la garnison ; on ne
sait pas encore de façon sûre quelle en est
l’issue.
Durazzo, 3 avril.
Suivant de nouveanx renseignements, des
groupes de Macédoniens et d’Epirotes ont
réussi à pénétrer furtivement dans Koritza
et y ont attaqué à coups de tusil les habita-
tions des Albanais.Le major hollandais Ruel-
ier, commandant ia gendarmerie albanaise,
est resté sur la défensive. Les assaillants ont
en l’avantage sur tes Albanais et ie major
Roeller a ôté grièvement blessé.
La prise de Koritza est imminente, malgré
le concours apporte par les musulmans des
campagnes à îa défense de ia ville.
Les garnisons albanaises ont été chassées
d’an certain nombre d’autres villes de l’Al-
banie méridionale.
La Liquidation des Retraites Ouvrières
Le ministre du Travail communique la
note suivante :
« Le ministère dn Travail, à la suite des
mesures prises eu février dernier, arrive à
liquider chaque semaine 1,000 dossiers au
moins de plus que le nombre des dossiers de
liquidation qui parviennent au service.
» Les dossiers dont la liquidation deman-
de le plus temps et ceux qui, par consé-
quent, amènent le plus de réclamations,
sont les dossiers contentieux. Les uns se
rencontrent en cours de liquidation an mi-
nistère du Travail même, ceux par exemple
pour lesquels il manque nne pièce. Leur
, nombre était, en janvier dernier, de 10.900.
comprenant tous ceux sur lesquels des ré-
clamations, d’ailleurs justifiées, se sont pro-
duites.
» Le ministère du Travail a chargé une
équipe spéciale de leur liquidation et a em-
ployé tous les moyens en son pouvoir pour
faire venir les pièces manquantes des dépap
tements ou des communes intéressées.
« Aussi, le total de ces dossiers anciens
qni étaient de 10,900 an l«r janvier 1914, tom
bait-il à 7,285 le 7 février et à 3,253 le 2$
mars. Bientôt, ie ministère du Travail n’aura
pins qii’uu petit nombre de dossiers conten-
tieux, ceax qa’il est inévitable de rencontrer
dans le cours des liquidations normales.
a Restent maintenant les dossiers ancieni
qui sont arrêtés pour causes d’erreurs ou
a’omissions après leur départ du ministère
du Travail et en dehors de l’àction même du
ministre dans les caisses chargées de délivrer
ie titre de pension. La Caisse nationale, où
va l’immense majorité des cartes, comptai!
an 1er janvier 1914, 86,865 de ces dossrerx
Aujourd’hui, grâce à un effort continuel, il
n’en reste plus que 19,781, dont 17,778 sonf
en voie de liquidation definitive.
« Le ministre du Travail s’est efforcé dans
toute la mesure de sou pouvoir de faire hà*
ter les opérations qui se passent en dahorf
de son ministère. Ayant appris par le servie!
du contrôle, notamment, que, par suit!
d’errenrs d’adresses ou de négligences, u>
certain nombre d’intéressés n’avaient pas ro
ça l’avis de lenr liquidation définitive, il t
prescrit anx préfets de faire auprès des agent;
financiers toute diligence ponr avoir leü
noms de ces assurés en taisant recherche!
lenr adresse exacte et en lenr faisant déli-
vrer sans retard les titres déjà établis à lem
nom ».
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LE PETIT HAVRE à Parts
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sstions Municipales
SITUATION SCOLAIRE
■ Lps questions scolaires sont suivies au
Havre avec un intérêt tout particulier.
C’est que, bien avant même la promulga-
tion delà loi Ferry, en 1882, sur l’instruc-
tion gratuite, laïque et obligatoire, de sé
rieux eflorts avaient été accomplis en no-
tre ville pour le développement de l’instruc-
tion à tous ses degrés. Nous avions déjà, à
l’Hôtel de Ville, des cours d’enseignement
supérieur ; des bourses de licence étaient
venues s’ajouter aux bourses d’enseigne-
ment secondaire ; des écoles primaires su-
périeures, des écoles industrielles — de-
venues plus tard écoles d’enseignement
technique — existaient et même étaient
citées comme modèles ; enfin les munici-
palités républicaines avaient commencé
l’extension nécessaire de l’enseignement
primaire élémentaire. En sorte que nous ne
fûmes pas surpris par les obligations édic-
tées par la loi de 1882 qui, chez nous, avait
été prévue et même devancée.
Nous reviendrons quelque jour, plus à
loisir, sur cette période si féconde en heu-
reux développements et nous dirons avec
quel esprit de méthode, avec quel esprit de
suite, notre organisation universitaire s’est
depuis lors augmentée. Aujourd'hui, nous
nous contenterons d’exposer la situation
présente en ce qui concerne l’enseignement
primaire élémentaire*
Au 1er janvier dernier, nos Ecoles com-
munales, au nombre de 49, renfermaient
344 classes (162 pour les Ecoles de garçons,
150 pour les Ecoles de filles et 32 pour les
Ecoles maternelles).
En comparant le nombre des élèves répar-
tis dans les Ecoles de la Ville, en 1912 et
en 1913, on obtenait les chiffres suivants :
En décembre 1912 : Ecoles de garçons,
7,753 élèves ; Ecoles de ((lies, 7,509 élèves ;
Ecoles maternelles, 4,281 élèves. Au total
19,543 élèves.
, En décembre 1913 : Ecoles de garçons,
7.807 élèves ; Ecoles de fffresT7,501 élèves ;
Ecoles maternelles, 4,093 élèves. Au total,
19,-401 élèves.
| Ainsi, d’une année à l’autre, on pouvait
constater en décembre 1913: pour les écoles
de garçons 54 élèves en plus; pour les
écoles de filles, 8 élèves en moins ; pour les
écéles maternelles, 188 élèves en moins.
} De décembre 1912 à décembre 1913, le
nombre des écoles privées avait diminué de
deux unités. A cette dernière date (3 écoles
de garçons, 19 écoles de filles et l 'école ma-
ternelle) elles recevaient 2.919 élèves (662
garçons, 2.223 filles et 34 enfants pour l’éco-
le maternelle), — et subissaient une dimi-
nution totale de 51 élèves,
i Et au 1er janvier 1914, le nombre total
I des élèves inscrits dans les écoles publiques
et privées se répartissait ainsi :
t Ecoles publiques., 19.401 Elèves
| Ecoles priyées..... 2.919 — ___
1. Si l’on y ajoutait le nombre des élèves
{fréquentant les établissements d’enseigne-
ment secondaire (1,173) et des enfants ins-
truits dans la famille (6, et ce chiffre sous
toutes réserves) — soit 1.179 élèves — on
constatait, comme total de la fréquentation
scolaire, 23.499 élèves,
t En ce qui regarde le nombre d’enfants
d’âge scolaire (de 6 à 13 ans) habitant le
Havre, le dernier recensement de 1911 en
accuse 16,333. D’autre part, les calculs les
plus minutieux certifient l’inscription de
16,400 élèves « havrais ». Si bien que
la statistique nous porterait à conclare que
la loi sur l’obligation est complètement
appliquée. Il n’y a guère de réfractaires
absolus.
Cependant la fréquentation effective ne
répond pas entièrement au nombre d’ins-
criptions, et la Commission scolaire, qui
fonctionne avec une régularité parfaite et
qui accomplit sa tâche avec un zèle des plus
méritoires, a été bien obligée d’appeler l’at-
tention sur les absences beaucoup trop
nombreuses qui ont pour causes la négli-
gence des, parents et le vagabondage des en-
fants.
Aussi, en 1913, conformément aux ins-
tructions de M. le procureur de la Répu-
blique, 146 enfants (garçons et filles! ren-
contrés dans les rues pendant les heures
de classe, ont été signalés à la Commission
scolaire, par les soins de la police muni-
cipale. Sur ce nombre, 136 ont été con-
duits dans les commissariats, 32 ont été
signalés à la mairie comme ne fréquentant
aucune école. Parmi ces mêmes enfants,
23 ont été confiés soit à l’Assistance publi-
que, soit au Comité de Défense et de Pro-
tection des enfants traduits en justice ; 2
ont été condamnés comme vagabonds.
Au regard de la situation au 1er janvier
1914, celle du 31 mars est la suivante :
Le nombre des Ecoles communales étant
de 49, avec 344 classes occupées et 14 clas-
ses vacantes, on compte : 7,743 élèves gar-
çons, 7,445 filles, 4,147 enfants dans les
Ecoles maternelles. Au total, 19,335 éco-
liers, soit une diminution sur le trimestre
précédent de 64 garçons, 56 filles, et une
augmentation de 54 unités dans les Ecoles
maternelles.
Si l’on tient compte des rigueurs de
l’hiver et de l’important effectif de notre
population scolaire, les très légères dimi-
nutions constatées sont insignifiantes. Mais
il demeure que la situation ne laisseras
de mériter l’attention de la Commission
scolaire, laquelle d’ailleurs, pendant le
trimestre écoulé, a cité devant elle 205
délinquants, dont 41- ont été excusés, 71
blâmés, 126 affichés ; 20 condamnations à
l’amende ont été prononcées. D’autre part,
toutes les institutions scolaires annexes:
r Gaies» -dee EeQ-les, Cantines scolaires, con-
tinuent leurs efforts grâce à là générosité
| du Conseil municipal, grâce aussi à la
vigilance attentive et au dévouement de
l’administration communale et du personnel
enseignant.
Eu résumé, la situation des Ecoles com-
munales du Havre reste très bonne. Elle
est excellente et même remarquable, si on
la compare à celle de la plupart des autres
villes, — et cette situation est due pour
beaucoup au fonctionnement d’oeuvres an-
nexes de l’Ecole qui n’existent que rare-
ment ailleurs en des conditions aussi com-
plètes. Et c’est pourquoi le Parlement a eu
raison naguère de se préoccuper des lois
scolaires, et de les rendre plus sévères en
ce qui concerne notamment la non-fréquen-
tation.
Tu. VALLÉE.
903 millions pour la Scienco
D’après le Daily Telegrah, M. John D.
Rockefeller aurait fait don d’nne somme de
cinq millions de francs à l’Institut pour les
recherches médicales, qui porte son nom ;
ce nouveau dou s’ajoute aux 45 millions que
le roi da pétrole a déjà donnés à cet institut,
et il est destiné à fonder et à entretenir une
section spéciale qui étudiera les maladies des
animaux.
On calcule que les sommes données par
M. Rockefeller pour les progrès de la
science et pour l’éducation de ses sembla-
bles s'élèvent à un total de 903,750,000
francs.
Mea Culpa
Cotnme il est difficile de bien se
J aire comprendre l Ou, plutôt, comme
il est difficile de bien exprimer sa pen-
sée!
Avant-hier, à propos du secret pro-
fessionnel, fai pris à partie M. Escar-
guel, directeur de /'Indépendant des
Pyrénées-Orientales (on commence à
le savoir l) Or il me revient que, du
même coup, je me serais appliqué à
moi-même Un camouflet sur ma figure
de journaliste, ce qui n'est pas flat-
teur, En relisant mon papier je re-
connais que Von pourrait peut-être,
en effet, s'y tromper — précisons*
donc, puisqu’aussi bien il y va de
l’honneur de la profession !... i
J’ai parlé du secret professionnel
au sens strict du mot, du secret dont
la violation constitue un délit, le seul
que la loi connaisse ; sur ce point, je
n'ai rien à retrancher ni à ajouter :
le journaliste ne relève point de ce
secret professionnel puisqu’on essaie-
rait en vain d’obtenir contre lui, de ce
chef, une condamnation.
Mais à côté du secret professionnel
il y ale secret tout court qui a une
sauvegarde qui devrait être aussi puis-
sante que la loi, l'honneur. Chacun
peut être dépositaire de ce secret et
peut être appelé à le défendre avec
dignité, même au prix des plus grands
ennuis, même au prix d’une condam-
nation. Heureusement d’ailleurs que
la torture est abolie et que cette con-
damnation ne saurait être trop lour-
de : le témoin cité en justice et qui
refuse de déposer encourt une amende
de cent francs, au maximum. Toute-
fois la loi récente sur les pouvoirs de
la Commission d’enquête prévoit une
.amende de cent à mille francs.
M, Encarguel
bénéfice de Ce secret d’honneur, dût-
il lui en cuire? Sans vouloir discuter
à nouveau le cas de ce journaliste, je
ne le crois pas ; je citerai seulement
cette appréciation, qui me paraît dé-
cisive, du président de la Commis-
sion :
Qa’an journaliste qui reçoit commu-
nication d’un document, d’un fait dé-
montrable aussitôt qu’il a été divulgué,
refuse de faire connaître la source de
ses renseignements, très bien.
Le secretprofessionnel se comprend,
en la circonstance, parce qu’il ne fait
pas obstacle à ce que les hommes mis
en causé puissent se défendre. Mais
quand on met en circulation une ru-
meur qui porte sur une personne dé-
terminée, quand on fait peser une sus-
picion sans fournir un moyen d’en con-
trôler la valeur, ce n’est plus faire oeu-
vre de journaliste.
M. Jaurès emploie improprement le
terme de secret professionnel, mais je
ne fais pas de difficulté à reconnaître
que la profession de journaliste, sans
nous dispenser, de droit, de déposer
nous amène souvent à recevoir des
confidences qu’il va de notre honneur
de garder secrètes. Avant-hier, je par-
lais da journaliste bavard ; je ne me
contredis pas aujourd'hui, car le jour-
naliste a, par définition, une riche
nature : bavard lorsqu'il s’agit d’éveil-
ler les échos de la Renommée, il est
la discrétion même pour tout ce qui
constitue nécessairement la base ano-
nyme et solide de ses informations.
Mais il y a plus, le journaliste, qui
doit tout savoir, est amené à connaî-
tre bien des secrets de famille ou au-
tres, bien des peines et des hontes se-
crètes, et il met sa dignité à ne pas dé-
couvrir la vie privée, à aider même à
ce que l’oubli se fasse. Il joue ainsi
parfois, le triple rôle d’ami, de confes-
seur et d’avocat.
Enfin, dans certains cas où il y a des
risques judiciaires ou autres à courir,
le journaliste n’hésite pas à substituer
sa responsabilité à celle de son infor-
mateur. Je ne dirai pas qu’il devient
ainsi le martyr du secret profession-
nel, mais j’aime à croire que cela le
relève aux yeux de ceux qui, sur la
foi de mes propos incomplets de Vautre
jour, auraient pu par hasard s'imagi-
ner qu’il n’était qu’un loquace et in-
incorrigible curieux,
CASPAR-JORDAN.
La Commission d'Enquête
sur l’Affaire Rochette
MSépoaition tîe 91. EacargueM
JH. Escorguel : Je ce puis que répéter ma dépo-
sition d’hier. Je comprends fa gravité des révéla-
tions que j’ai été amené & faire parce qu’elles
peuvent compromettre dans la conscience publi-
que ceriaines personnes qui, à mon avis, ont été
les complices a'une manoeuvre que je réprouve,
eD favorisant l’évasion d’un escroc, mais ma
conscience ne me reproche rien ; un journaliste
a le droit de dire ce qu’il croit être la vérité ab-
solue. Je répété quiil m’est imposssible pour la
dignité de ma profession de laisser croire qu’un
journaliste est obligé de divulguer les sources
dont h tire ses renseignements. Je ne me permets
jamais de livrer à la publicité un nom qui m’a été
sonate stféaü du secret.
JH. Ceccaldi : Ne comprenez vous pas ce qu’il y'
a de dangereux à laisser-croire qu’un -journaliste
puisse dire que sa conscience est satisfaite quand
i(a jeté ta suspicion sur un grand nombre de per-
sonnes 1 Avez-Vous le droit, comme journaliste,
de jeter le discrédit sur des personnes en refu-
sant de les nommer ?
M. Escarguel : Le journaliste politique a des
sources d’informations diverses. Il les a comme
U peut. Une fois qu’il a reçu les confidences ou
les renseignements nécessaires pour se faire une
opinion, il fait son article. A ce moment, le rôle
du journaliste finit et le rôle d'homme d’honneur
vis-à-vis de ses informateurs commence. Je reste
un homme de conscience ; je suis sfir d’avoir le
respect de ma profession. J’ai conscience de ne
pas mériter le blâme de mes confrères en me re-
tranchant derrière le secret professionnel.
M. Ceccaldi : Si vons étiez poursuivi à l’occa-
sion do votre article, pourriez-vous garder cetté
attitude qui vous exposerait à des sanctions pe-
nales ? ,
M. Escarguel : Parfaitement.
M. Jaurès : Qu’un journaliste qui reçoit com-
munication d’un document, d’un fait démontrable
aussitôt qu’il a été divulgué refuse do faire con-
naître la source des renseignements, très bien i
Le secret se comprend en la circonstance, puis-
qu’il ne fait pas obstacle à ce que les hommes
mis en cause puissent se défendre. Mais quand on
met en circulation une rumeur qui porte sur une
personne déterminée, quand on fait peser une sus-
picion sans fournir un moyen d’en contrôler la va-
leur, ce n’est plus faire oeuvre de journaliste
Sans donner le nom des personnes qui vous
ont tenu le propos, pouvez-vous dire le nom
du membre du cabinet Monis qui a fait la démar-
che 1
M. Escarguel : Je ne le puis pas.
M. Jaurès : Vos informateurs seraient-ils les
mêmes que ceux qui ont fait la démarche ?
M. Escarguel : Non. Vous voulez m’entraîner à
dire que j’ai reçu la confidence de M. Emile
Constant. Je déclare n’avoir jamais reçu une ré-
vélation-directe de M Constant. Quand j’ai ra-
conté dans mon article c» que j avais appris, je
ne croyais pas que ce que j’avais dit serait connu
de tout le monde te surlendemain. Si j’avais
pensé qu’il en fût ainsi, je n’aurais pas fait mon
article.
Llie Rocktie
A LA CHAMBRE
Impressions de Séance
(i» floran ooittflâporroxirr ManaDuu)
Paris, 3 avril.
Même affluence que la veille. Même foule
Snte se bousculant devant les grilles,
e encombrement dans les salles d’at-
tente. Les amateurs de scandale parlemen-
taire que la séance d’hier avait profondé-
ment déçus, sont revenus aujourd’hui, aug-
mentés d’un nouveau contingent de curieux
et de tous ceux qui n’avaient pu réussir
hier à se caser.
Là questure, en prévision de ce retour of-
fensif do public, avait encore renforcé le
service d’ordre ; aussi, à l’ouverture des por-
tes, l’entrée s’opère-t-elle sans désordre.
En quelques minâtes, les tribunes publi-
ques sont bondées. Dans la loge diplomati
que, on remarque la présence de la prin-
cesse héritière de Grèce. Du côté des dépu-
tés, l’empressement est moins considérable.
De nouveaux vides se sont produits depais
hier. Quelques impatients, obsédés par le
souci de la réélection ont encore iâché pied.
Leur désir de s’en aller devait être bien im-
périeux pnisqne l’affaire Rochette, elle-mê-
me, n’a pas suffi {tour les retenir.
***
Dire que la Chambre — cne partie de la
Chambre, tont au moins — avait en l’outre-
cuidance de croire qn’il loi suffirait d’en-
voyer le budget au Sénat quelques jours
avant la séparation pour que celui-ci s’em-
pressât de le ratifier les yeux fermés i
Le budget lui-même, s’entend, car on pen-
sait bien que l’incorporation de l’impôt sur
ie revenu dans la lot de finances ne serait
pas acceptée an Luxembourg. On escomptait
même ce refus, dont les radicaux-unifiés se
seraient servi comme plateforme électorale.
Soucieux de sa dignité, résolu à ne p is
laisser porter atteinte aux prérogatives qu’il
tient de la Constitution, le Sénat déclara tout
net qu’il ne se prêterait pas à cette manoeu-
vre. Oa il prendrait le temps nécessaire pour
discuter le budget, ou ii ne ie discuterait pas
du tout, laissant à la Chambre la responsa-
bilité de se représenter devant ses électeurs
sans _avcûr wi ■defiriiliv eiu ci/l ion qu»-
trième budget. En même temps, la hante
Assemblée faisait savoir an gouvernement
que si ou ne lui envoyait pas les douzièmes
provisoires aujourd’hui, elle ne pourrait les
examiner que... mardi prochain.
Mardi, en pleine période électorale III au-
rait donc fallu siéger la semaine prochaine.
Cela ne faisait pas l’affaire des députés. En-
core moins celle du gouvernement. Voilà
pourquoi M. Doumergue a si vivement in-
sisté pour que les douzièmes soient disentés
sans retard. Voilà pourquoi ia Chambre les a
votés ce matin au pas de course.
L’après-midi, pendant que le ministre des
finances les portait au Luxembourg et que,
le Sénat, pour faciliter le départ, consentait
à les discuter d’urgence, on reprenait, au
Palais-Bourbon, le débat sur l’affaire Ro-
chotts»
Comme hier, la Chambre a semblé prendre
à tâche de résister aux entraînements et con-
server tout son calme. Elle a fait de son
mieux pour cela et si elle n’y a pas toujours
réussi c’est déjà tort bien de sa part de
l’avoir tenté.
Le premier discours qu’elle entendit, ce-
lui du rapporteur, n’était d’ailleurs pas de
nature à déchaîner les passions. M. de Foi-
levillè est un homme pondéré, enclin par
tempérament à éviter tontes les exagéra-
tions, an jurisconsulte dont chacun se plaît
à reconnaître la compétence et l’impartia-
lité.
Les arguments qu’il fit valoir pour dé-
montrer que les poursuites réclamées contre
MM. Monis et Caillaux pour forfaiture ou
corruption étaient légalement impossibles
fût, en effet, toute juridique et, à part quel-
ques interruptions de M. Delabaye, la Cham-
bre récojita avec beaucoup d’attention.
Le silence redoubla quand M. Briand fit
son apparition à la tribune. L’ancien prési-
dent du Conseil, très maître de lui, tenait à
protester contre « la vague formule de re-
gret» que la Commission d’enquête a cru de-
voir employer à sou égard. Avec sa mer-
veilleuse lucidité d’esprit et de parole, il ex-
pliqua le rôle qu’il eût à remplir dans cette-
affaire, les conseils de correction, de fran-
chise qu’il donna anx magistrats, la conduite
prudente et sage qu’il crut devoir tenir lors-
que le procureur général lui remit le fa-
meux document, la conversation qu’il eut
par la suite avec M Monis.
Le fait grave, à son avis, le fait abomina-
ble, c’est i ingérence de la politique dans le
fonctionnement normal de la justice, la
pression exercée sur des magistrats. Son
rô’e 1 ii est irréprochable. Son devoir 7 il a
conscience de l’avoir accompli tont entier,
sans porter atteinte à la solidarité qui lie
entre eux les gouvernements successifs,
sans avoir rien fait pour cacher la vérité.
Aucun blâme, aucan regret, si léger tut-il,
ne saurait l’effl eurer et c\sst avec une par-
faite sérénité qu’il s’en remet au jugement
du pays.
Ce langage a produit sur la Chambre une
impression profonde, et quand, d’an pas
tranquille, il regagna sa place, la Chambre
presque tout entière le salua d’une chaleu-
ureuse ovation. Seuls, les socialistes et les
radicaux avancés restéren- ieux.
Avec M. Colly, le débat <4* plus animé.
Porte parole des unifiés, M. Coily attaquait
violemment M. Briand et surtout M. Bar-
thon, auquel il reprochait d’avoir « volé » le
document Fabre et de s’en être servi com-
me i’apache se sert de l’os de mouton pour
« poignarder » un adversaire politique.
Celte comparaison nn peu hardie fit sou-
rire. Aussi bien, la Chambre a commue de
ne pas attacher plus d’importance qu’il ne
convient aux intempérances de langage du
député socialiste, et M. Deschanel lui-même,
au lieu de taire appel aux sévérités du rè-
glement, se contenta de lui adresser une sé-
rieuse admonestation.
Ensuite, on. entendit la voix grave de M.
Maurice Barrés qni renouvela devant la
Chambre les protestations qu’il avait formu-
lées à la Commission d’enquête ; la voix
claironnante de M. Marcel Sembat, qui pro-
clamait la nécessité de réformer nos moeurs
politiques, puis M. Barthou prit la parole.
M. Barthou, comme M. Briand, tenait i
protester contre le passage des conclusions
de ia Commission denquete le visant per-
sonnellement.
Comme loi, il rappela en détail le rôle
qu’il joua dans celte regrettable affaire, les
démarches qu’il fit auprès de M. Calmette à
la demande même de MM. Mouiset Caillaux,
la promesse qu’ii obtint du directeur du Fi-
garo de ne pas publier certains documents ;
ses hésitations avant de prodaire à la tribu-
ne le rapport Fabre.
Com«ae-M. Briand, il déclara que sa cons-
cience ne lui reprochait rien et ii s’en remit
an jugement du pays. Comme lui, il fut vi-
vement applaudi.
Une controverse assez obscure s’engagea
ensuite entre MM. Doumergue, Barthou et
Briand, controverse sur laquelle vint sa
greffer une altercation fort vive du président
au Conseil avec un député du centre, M.
Bonnefous, à qni M. Doumergue reprochait
de profiter de ce qu’il était assis derrière le
banc des ministres pour surveiller les actes
du gouvernement. Il fut même à ce propos
question d’un duel,mais l’affairé fut facilement
arrangée.
Sur ce, malgré M. Jaurès qui demandait le
r> nvoi au lendemain, la Chambre suspendit
sa délibération pour la reprendre après dî-
ner, voulant, coûte que coûte, en flair, lut
iallût-il siéger jusqu’à une heure avancée de
la nuit.
Lorsque les députés revinrent, ils eurent
beaucoup de peine à pénétrer dans ie Palais
car la foule avait forcé les barrages et avait
envahi la cour d’entrée et menaçait de bri-
ser les portes.
C’était nne bousculade sans nom. Les
huissiers avaient nn peu perdu la tête et
faisaient des efforts désespérés pour lutter
contre le flot sans cesse grossisant.
Personne ne trouvait grâce devant enx.
Mme Deschanel elle-même fut repoussés
avec pertes et fracas et comme elle se nom-
mait : « Oui t oui t nous la connaissons cel-
le-là I » lui répondit d’un ton bourru uu
gardien du Palais.
C’est seulement au bout d’un long mo-
ment qu’elle parvint à se faire reconnaître
et qu’on la conduisit, avec force excuses,
jusqu’à la tribune du président.
Si la foule était nombreuse au dehors, en
revanche, les députés étaient fort peu nom-
breux. Mais quelle turbulence 1 quelle ner-
vosité f
Sitôt la séance ouverte, M. Jaurès prit ia
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hausse 8 points ; octobre, hausse 5 points ;
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. Calée t baisse 8 à 10 points.
NEW-YORK, S AVRIL
(. u ion t. Kicnun
Cuivre Standard disp. 14 12 14 14
— mai 1412 14 14
■Amalgamati Cap... 76 1/2 77 1/4
Ver 15 25 15 25
CHICAGO. S AVRIL
C. DU JOUR C. PRECED
Blé sur...... Ma! 91 3 8 91 38
— Juillet.... 87 3/8 87 1/2
Mais sur Mai es t/4 67 3 4
— Juillet.... 68 |/8 68 3 8
Stlàdoaxsur. Mai....... to ni 10 57
■=■ Juillet.... 10 72 10 77
LE MEURTRE DE M- CALMETTE
A l’Instruction
M- Georges Bonnamour, mis en cause par
M. Pierre Mortier au sujet d’une conversa-
tion qu’il aurait eue avec M. Auguste Avril
dans tes couloirs de la Chambre, a été en-
tendu hier après-midi par M. Boucard.
Il reconnaît qu’il a pris part à cette con-
versation qui fut très vive.
M. Pierre Mortier, dit-il, a rappelé que le
jour où le Figaro publia un article contre
l’impôt sur le revenn, je me suis élevé con-
tre cet article devant M. Avril qui répondit :
« Ce n’est pas fini I nous possédons d’autres
documents autrement graves t » et me dit
que ces documents étaient d’un ordte poli-
tique.
Le témoin dit qu’il rencontrait quotidien-
nement M. Avril à la Chambre. Il ne lui
a jamais entendu dire que les publications
du Figaro contre M. Caillaux devaient conte-
nir des documents d’ordre privé.
M. Avril lui a déclaré un jour que If. Cal-
mette possédait deux documents écrasants
contre M. Caillaux ; l’un d’ordre politique
qui ne serait jamais publié, l’autre d’ordre
judiciaire : le document Fabre.
M. Boucard a demandé à M. François Du-
pré, fils de Mme Gueydan, si quelqu’un l’a-
vait sollicité de ménager une entrevae entre
Mme Gueydan, sa mère et M. Gaston Cal-
mette et si, comme l’ont prétendu certaines
personnes, on lui avait offert pour cela une
somme d’argent.
M. Dupré répondit de la manière la pins
formelle que pareille proposition ne lui avait
pas été faite.
— Connaissiez-vous M. Calmette T
— Non seulement, je ne le connaissais
pas, mais je ne l’ai jamais vu t
— Et Mme Estradère, la connaissiez-
vous î
— Pas davantage t
— Avez-vous entendu parler en dehors de
Mme Gueydan des lettres échangées entre
M. Caillaux et l’inculpée 1
— Sur l’honneur j’affirme que je n’ai ja-
mais entendu aucun propos relatif à ces
letties.Pent-être des allusions vagues de ma
mère au moment de son divorce, mais c’est
tont ! J’ajoute, à cette occasion, que ma
mère m’a fait part de la visite de M. Ver-
voort le jour où elle le vit. Ce jour-là, elle
était indignée. Elle me dit qu’elle avait re-
poussé les propositions de publication qu’on
lui avait faites.
M. François Dupré sera probablement con-
fronté avec Mme Enradôre.car ii a demandé
à être mis en présence de quiconque a parlé
de l’entrevue sollicitée.
L’ASSASSINAT DE M. GADIOU
BREST. — Le juge d’instruction a entendu
hier après-midi M. Bolloch, liquidateur de
l’usine de la Grand’Palud, au sujet de la
comptabilité de cet établissement.
Puis Julia Juzeau, ia bonne de l’ingénieur
Pierre, a précisé que son maîire avait, les
l«r et 2 janvier, déjeuné à une heure à Lan-
derneau, puis qu’il était reparti pour l’usine
à deux heures et qn’il avait passé toute la
journée à la Grana’Palnd.
M. Pierre a été également interrogé en
présence de son avocat.
Il a reconnu que la balle trouvée dans le
cou de M. Gadiou correspondait au calibre
du revolver qu’ii avait acheté à Landerneau
et qu’il revendit à un voyageur de commerce.
Mme Gadiou et l’ingsniaur Pierre seront
confrontés mardi prochain.
AU CONSEIL MUNICIPAL DE PARIS
Le Conseil municipal de Paris vient d’é-
mettre le voeu que les fonctions de maire de
la Ville de Paris ne soient plus confiées à des
eariemeRteires oa à d^s fonctionnaires,
ÉBOULEMENT DANS UNE MINE
SAINT-ETIENNE. — Un éboulement s’est pro-
duit aux puits Saint-Dominique, aux mines
de Montrambert.
Un mineur nommé Losderne, âgé de 51
ans, pris sous les décombres, a été tué.
ACCIDENT D’AVIATIOft
DUON. — L’aviateur Verrier parti hier ma-
tin de Calais pour Dijon, a endommagé son
biplan en atterrissant près du village de
Chateauneaf. L’aviateur est indemne.
M. ASQUITH A NEWCASTLE
NEWCASTLE. — M. Asquith a harangué la
foule à la gare pendant un arrêt du train.
« Nous vivons, dit-il, à une époque criti-
que ; les principes fondamentaux sont atta-
qués et de graves questions sont en jeu.
Mais si l’union se maintient entre les foi es s
des travailleurs pour le progrès, nous pour-
rons consolider et compléter la grande oeu-
vre que nous avons entreprise ».
An moment du départ du train, une suf-
fragette a tenté de pénétrer dans le wagon
pour y jeter des publications et des insignes
sùffragistes. Elle a été saisie par denx gen-
darmes, mais elle s’est évanouie dans la ba-
garre.
Elle a été remise en liberté quelques ins-
tants-plus tard.
EXPLOITS DE SUFFRAGETTES
GLASGOW. — Hier matin, des suffragettes
ont tenté de faire sauter l’église de Belmont,
dans l’ouest de ia ville.
Trois explosions se sont produites.
La porte et le perron ont seuls été endom-
magée,
LIS AFFAIRES D’OIUËNT
Combats en Albanie
Les Rebelles entrent dans Koritza
Durazzo, 3 avril.
D’après les télégrammes parvenus ici, les
rebelles sont arrivés aujourd’hui devant Ko-
ritza et ont canonné la viiie. Un sanglant
combat s’est engagé entre eux et la gen-
darmerie qui forme la garnison ; on ne
sait pas encore de façon sûre quelle en est
l’issue.
Durazzo, 3 avril.
Suivant de nouveanx renseignements, des
groupes de Macédoniens et d’Epirotes ont
réussi à pénétrer furtivement dans Koritza
et y ont attaqué à coups de tusil les habita-
tions des Albanais.Le major hollandais Ruel-
ier, commandant ia gendarmerie albanaise,
est resté sur la défensive. Les assaillants ont
en l’avantage sur tes Albanais et ie major
Roeller a ôté grièvement blessé.
La prise de Koritza est imminente, malgré
le concours apporte par les musulmans des
campagnes à îa défense de ia ville.
Les garnisons albanaises ont été chassées
d’an certain nombre d’autres villes de l’Al-
banie méridionale.
La Liquidation des Retraites Ouvrières
Le ministre du Travail communique la
note suivante :
« Le ministère dn Travail, à la suite des
mesures prises eu février dernier, arrive à
liquider chaque semaine 1,000 dossiers au
moins de plus que le nombre des dossiers de
liquidation qui parviennent au service.
» Les dossiers dont la liquidation deman-
de le plus temps et ceux qui, par consé-
quent, amènent le plus de réclamations,
sont les dossiers contentieux. Les uns se
rencontrent en cours de liquidation an mi-
nistère du Travail même, ceux par exemple
pour lesquels il manque nne pièce. Leur
, nombre était, en janvier dernier, de 10.900.
comprenant tous ceux sur lesquels des ré-
clamations, d’ailleurs justifiées, se sont pro-
duites.
» Le ministère du Travail a chargé une
équipe spéciale de leur liquidation et a em-
ployé tous les moyens en son pouvoir pour
faire venir les pièces manquantes des dépap
tements ou des communes intéressées.
« Aussi, le total de ces dossiers anciens
qni étaient de 10,900 an l«r janvier 1914, tom
bait-il à 7,285 le 7 février et à 3,253 le 2$
mars. Bientôt, ie ministère du Travail n’aura
pins qii’uu petit nombre de dossiers conten-
tieux, ceax qa’il est inévitable de rencontrer
dans le cours des liquidations normales.
a Restent maintenant les dossiers ancieni
qui sont arrêtés pour causes d’erreurs ou
a’omissions après leur départ du ministère
du Travail et en dehors de l’àction même du
ministre dans les caisses chargées de délivrer
ie titre de pension. La Caisse nationale, où
va l’immense majorité des cartes, comptai!
an 1er janvier 1914, 86,865 de ces dossrerx
Aujourd’hui, grâce à un effort continuel, il
n’en reste plus que 19,781, dont 17,778 sonf
en voie de liquidation definitive.
« Le ministre du Travail s’est efforcé dans
toute la mesure de sou pouvoir de faire hà*
ter les opérations qui se passent en dahorf
de son ministère. Ayant appris par le servie!
du contrôle, notamment, que, par suit!
d’errenrs d’adresses ou de négligences, u>
certain nombre d’intéressés n’avaient pas ro
ça l’avis de lenr liquidation définitive, il t
prescrit anx préfets de faire auprès des agent;
financiers toute diligence ponr avoir leü
noms de ces assurés en taisant recherche!
lenr adresse exacte et en lenr faisant déli-
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