Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-04-02
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 avril 1914 02 avril 1914
Description : 1914/04/02 (A34,N11927). 1914/04/02 (A34,N11927).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1720928
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
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Le Petit Havre
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L’ANGLETERRE
Et ta Question Irlandaise
1 .
£’Angleterre traverse en ce moment, à
Cause du Home Rule, une des crises politi-
ques les plus graves, les plus troublantes
de son histoire. Voté trois fois par la Cham-
bre des communes, le Home Rule irlandais,
•malgré le veto uniquement suspensif de la
Chambre des lords, va devenir loi inces-
samment. La période législative de ce grand
problème, qui a rempli, quia empoisonné
tout ie XIX* siècle britannique, pouvait
donc, il y a quelques mois, paraître close.
L’exécution seule de la mesure restait à
Opérer.
Or, quelque compliquée qu’elle soit en
apparence, la question irlandaise l’est en-
core bien davantage dans la réalité. Pays
conquis, brimé, pressuré par les Anglais,
l’Irlande a contre son vainqueur des griefs
séculaires. Tous, à vrai dire, ne sont plus
égalementjustifiésaujourd’hui.mais, comme
on dit, l’aiguillon est resté au coeur. Le
grief religion v par exemple n’existe plus
guère en ucmi depuis l’émancipation des
catholiques en 1829, surtout depuis que
l’Eglise anglicane a cessé d’être en Irlande
une Eglise d’Etat<1870) ; mais la passion
religieuse subsiste, et le catholique irlan-
dais continue de détester le protestant an-
glais, tout comme il eçt détesté et méprisé
par lui. Le grief économique d’un peuple
spolié de ses terres par le conquérant, et
féduit au rôle diminué de tenancier, a éga-
lement perdu de sa force depuis que des
lois sévères protègent le fermier contre son
propriétaire et ont même entrepris de re-
constituer, par lé rachat et l’expropriation,
la petite propriété au bénéfice de la race
locale. Mais, en dépit, de ces palliatifs très
sérieux, le grief national subsiste entier.
Les Irlandais, peuple vraiment spécial, dis-
tincts des Anglais par ie caractère, la reli-
gion, les moeurs, la manière d’être, distincts
aussi par le fait d’une rancune séculaire
■que le temps n’atténue pas,^veulent s’ad-
fninistrer cuxmômoa. Ilo ovut laS GU ru*
gime arbitraire et policier que l’Angleterre
fait peser sur eux «t qui rappelle la Prusse
et la Russie plus que le traditionnel libéra-
lisme d’Outre-Mancbe.
Contre cette revendication d’autonomie
Iles conservateurs anglais n’ont cessé de
protester : c’est le démembrement de l’Em-
pire, disent-ils l Les libéraux, au contraire,
depuis Gladstone» «nt compris que la qùes.
tion devait être réglée coûte que coûte,
pour la tranquillité, pour la sécurité même
de la-Grande-Bretagne. Ils ont réussi à ob-
tenir, dans ce sens, des majorités parle-
mentaires, mais je ne suis pas sûr que l’o-
pinion britannique dans son ensemble les
ait approuvés. Il y a en effet une terrible
résistance, qui vient non seulement des
protestants d’Angleterre, mais surtout des
protestants d’Irlande. Et c’est là que l’affai-
re achève de se compliquer jusqu’à l’inso-
luble.
Si l’Irlande contenait seulement des
Irlandais catholiques, la solution serait re-
lativement facile. Mais la province de l’Uls-
ter, située au Nord-Est de l’île, en face de
l’Ecosse, contient, elle, une majorité d’An-
glais et d’Ecossais immigrés, qui sont pro-
testants. Supposez le Home Rule réalisé,
ces protestants, forcément en minorité dans
le Parlement de Dublin, vont ils donc être
abandonnés à l’arbitraire irlandais, dont
on peut après tout justement redouter les
vengeances ? L’argument est puissant, sur-
tout si l’on songe à l’humiliation qui en
résulterait pour l’orgueil bien connu du
protestantisme britannique.
L’exécution du Home Rule devait donc
se heurter, dans l’Ulster, c’est-à-dire dans
l’Irlande protestante, à une inévitable résis-
tance. Résistance légale, se diront peut-être
les gens qui ne connaissent pas la verte
Erin ! — Ce serait mal la connaître que
d’escompter sa modération. Le caractère ir-
landais est violent, passionné, incapable de
supporter une règle, ami du désordre par
tempérament, presque par goût. Pas de pays
où l’on tire plus facilement des coups de
fusil pour raison politique : qu’on sé sou-
vienne seulement des agitations agraires*
du siècle dernier l
€ Nous savions cela des Irlandais, m’ob-
jectera-t-on, mais n’est-ce pas des immigrés
protestants que vous parlez en ce mo-
ment ?» — En effet, mais, chose curieuse,
ces immigrés (comme il arrive souvent dans
les pays conquis) se sont laissé peu à peu
influencer et comme imprégüer par l’atmos-
phère ambiante. Malgré leurs bruyantes
protestations de britannisme, malgré leur
mépris affiché pour la race irlandaise, ils
sont eùx-mêmes, sans s’en douter, devenus
en quelque manière des Irlandais : même
agitation chronique, même amour du bruit
et dès manifestations, même goût pour l’ap-
pel à la violence. Belfast est, au même titre
que Dublin ou Cork, une ville de désordre !
Le parti conservateur, adversaire du
Home Rule, devait donc trouver, dans l’Uls-
ter où il est tout puissant, un admirable
terrain de résistance. Mais, ses armes léga-
les de résistance étant épuisées dès l’ins-
tant que le veto de la Chambre des lords
n’est plus que suspensif, il b’est rallié à la
méthode de l’action directe. « Quoi, dira-
t-on ? L’action directe, dans la vieille An-
gleterre, ét préconisée par l’un des deux
grands partis traditionnels ! » — Le spec-
tacle est piquant en effet, mais nos voisins
changent avec une vertigineuse rapidité : ]
les suffragettes les ont habitués au specta-
cle quotidien de la violence ; leurs syndi-
calistes sont plus intransigeants que ie&
nôtres ; leurs grèves plus révolutionnaires t
Il leur était réservé de nous donner en ou-
tre l’exemple d’une préparation raisonnée à
la giiAppA f*.i
a Nous résisterons par la force au Home
Rulél» Tel est en effet le cri qui s’est;
élevé dans l’Uister. Sous l’infiueàce d’un
homme considérable, sir Edward Carson,
grand avocat de Londres et de Dublin, s’est
organisée à Belfast une véritable armée de
révolte : 160,000 hommes disent les con-
servateurs. Le chiffre, est évidemment exa-
géré, et ces recrues hâtives ne résisteraient
sans doute pas à l’armée régulière. Mais (et,
nous touchons ici au summum de la crise),; ■
voici que l’armée régulière refuse de mar-
cher I
La gravité des faits ne peut être niée. Où-,
apprenait, il y à une huitaine de jours, que
des mouvements de troupes se produisaient
vers l’Ulster ; il s’agissait, pour le gouver-
nement,d’occuper les points stratégiques et.
de se préparer à toutes les éventualités.
Mais presque en même temps, les bruits les
plus graves, les plus invraisemblables cir-
culaient ; des officiers avaient refusé de
marcher, et le gouvernement, au lieu de
les punir, négociait avec eux ; il allait
jusqu’à leur promettre « de ne pas profiter
de son droit pour écraser uns opposition dé
principe à la politique du Home Rule ». Or,
l’invraisemblable était strictement vrai :
rengagement avait été pris par le ministre
de la guerre, et l’on s’explique l’extraordi-
naire faiblesse du chef de l’armée, si l’on,
réfléchit que la presque totalité des officiers
anglais sont des fils de famille étroitement
et passionnément conservateurs. C’est le.
danger des guerres civiles que d’affaiblir
ou de briser dans la main des gouvernants
leurs armes les plus légales.
On devine l’indignation, le scandale
dans les rangs libéraux. M. Asquith a du
désavouer son ministre, tout en refusant
d’abord sa démission ainsi que celle du
général en chef, sir John French, et de son
chef d’état-major. Puis, sous la pression
de l’opinion, toutes ces démissions ont été
acceptées ; M. Asquith a pris lui-même le
portefeuille de la guerre et, suivant
Tusage, se présentera devant les électeurs
dans quelques jours (son changement de
portefeuille entraînant automatiquement
sa démission de membre de la Chambre
des communes). Mais ce n’est pas une so-
lution, car les révoltés restent en armes et
les officiers dans l’expectative. La crise
demeure donc ouverte dans toute sa gra-
vité ; elle ne peut plus être résolue que par
un seul moyen, l’appel au pays.
Il est dès aujourd’hui certain que la dis-
solution aura lieu prochainement et que
les élections générales se feront vers le
mois de juin, Les conservateurs ont atteint
le but qu’ils poursuivaient, arrêter l’execu-
tion du Home Rule ; Ils vont pouvoir encore
une fois consulter l’opinion sur la question
et profiter peut-être des rancunes multi-
ples qu’a soulevées la politique financière
deM. Lloyd George, Quant aux libéraux,
ils semblent vouloir prendre coipme plate-
forme la suprématie au pouvoir civil vis-à-
vis de l’armée désobéissante. La lutte sera
profondément intéressante et surtout essen-
tiellement nouvelle. La vieille Angleterre,
l’Angleterre de Taine a décidément vécu.
Pour la prudence de ce commentaire,
disons en terminant qu’il s’agit après tout
de « choses d’Irlande » et qu’il ne faut pas
les pousser tout à fait au tragique. Mais
quels ne seraient pas les cris des adversai-
res de la République si de tels événement»
se passaient chez nous 1
ANDRÉ SIEGFRIED.
CHUTES MORTELLES
d'Emile Yédrines et de deox aulres Aviatenps
Reims, I" avril.
Cet après-midi, à 3 ta. 30, Emile Védrine»,
frère cadet du célèbre aviateur Jules V é-
drines, essayait nu monoplan au-dessus d»
l’aérodrome de la Champagne ; soudain,
l’appareil capota et tomba sur le sol d’une-
hauteur de 25 mètres.
Le pilote a été tué sur le coup.
Emile Védrines était né à Saint-Denis le
27 décembre 1886. Le 1er juillet 1911, il pas-
sait son brevet de pilote, brevet n° 536.
Emile Védrines était an de nos pins hardis
pilotes et comptait à son actif de nombreu-
ses performances. Ou se souvient qu’il se
classa second de la coupe Gordon-Bennett,,
battant plusieurs records.
Il y trois mois Emile Védrines fat victi-
me ‘d’an accident qui faillit lai coûter
la vie. Cependant, grâce à son sang-froid,
il put sa dégager de son appareil qui était en
feu.
Ou sait que son frère est actuellement en
Egypte.
Cbâtons, 1« avril.
A 4 henres, l’aviatenr Pierre Testolat, chef
pilote, évoluait au-dessus du camp de Châ-
Ions, ayâ'ût â bord de soa appareil un pas-
sager, M. Clément Aviguey, lorsque sou-
dain ^aéroplane, pris dans un remous,
se retourna et vint s’écraser contre nn py-
lône.
Le réservoir à essence éclata et le mono-
plan prit feu
Lorsque l’aviateur et son passager ont
été retirés des décombres par les témoins
de l'accident, tous deux avaient cessé de
vivre,\
Le Secret professionnel
ïPM reçu hier une lettre d’un de nos
lecteurs, désireux que je lui répon-
de ici-même, et ce judicieux corres-
pondant a su si bien me flatter dans
mon amour,-propre que je m’empresse
de m’exécuter. Aussi bien le sujet
peut-il intéresser beaucoup de nos
amis : il s’agit du secret profession-
nel, à propos de l’article de l'indépen-
dant des Pyrénées-Orientales, qui est
à l’ordre du jour. (Entre parenthèses,
quand je voudrai faire connaître mon
nom à travers toute la France, je sau-
rai désormais quelle recette employer.)
M. Escarguel, qui est donc direc-
teur de ce journal, s’est fait l’écho, on
le sait, de la plus grave accusation
contre M. Monis, mais s’est refusé à
faire connaître ses sources en invo-
quant journaliste qui ne pourrait être consi-
déré comme ayant une valeur moindre
que celui de l’avocat ». S’il dépose
devant la Commission d'enquête, M.
Escarguel (ah l ce Midi !) fera, nous
prévient-il, son petit Maurice Bernard•
Qù’est-ce donc que ce secret profes-
sionnel que chacun revendique ? D’a-
bord, ce n’est pas un privilège, comme
on pourrait le croire ; c’est une obliga-
tion dont la méconnaissance constitue
un délit. C’est, en effet, au Code pénal
que nous trouvons sa définition en ces
termes :
« Les médecins, chirurgiens et au-
tres officiers de santé, ainsi que les
pharmaciens, les sages-femmes et tou-*
tes autres personnes dépositaires, par
état ou par profession,des secrets qu’on-
leur confie, qui auront révélé ces se-
crets. .. seront punis d’un emprison-
nement d’un mois à six mois, et d’une*
QXO.ëpdo 'frwncst à San franr^ a
Four les personnes, médecins, 'chi-
rurgiens, etc,, énumérées expressé-
ment danq ce texte,,pas d’hésitation.
Pour les autres, la jurisprudence dé-
cide qn’il s’agit de celles appelées a par
état ou par profession », à l’exclusion
de toutes autres, à recevoir des confi-
dences ayant un caractère obligatoire,
pour ceux qui les font. C’est le cas
des ministres des cultes, des avocats,
avoués et notaires, des magistrats et
commissaires de police ; il en est de
même des agents des postes et télégra-
phes en ce qui concerne le secret des
correspondances.
Mais, n’en déplaise à M. Escarguel,
les journalistes ne sont pas dans ce-
cas : s’ils reçoivent des confidences?
comme tout le monde, même s’ils sont
plus que d’autres — par une curiosité
que j’excuse volontiers — à l’affût de
tuyaux secrets, leur profession les
appelle plutôt à recevoir des communi-
cations qui doivent être colportées aux
quatre vents des deux ; en tout cas,
nul n’est obligé, si ce n’est par sottise
ou par habileté, de prendre pour confi-
dent un de ces terribles bavards. J’en
suis navré pour la gloire de notre cor-
poration, mais la vérité avant tout.
J’irai même jusqu’au bout en disant
que la jurisprudence a décidé expres-
sément que l’article de loi ci-dessus ne
s’appliquait pas aux journalistes et ne
leur permettait pas de refuser de dé-
poser en justice.
Quant a M‘ Maurice Bernard, il se
serait placé sur un terrain solide, s’il
s’était contenté de dire qu’il n’avait
agi dans cette affaire que comme avo-
cat de Rochette et qu’il était tenu par
le secret professionnel. La jurispru-
dence décide en effet que l’avocat est
tenu au secret inviolable, même en jus-
tice, sur tout ce qu’il apprend à ce
titre et que nul ne peut l’affranchir
de cette obligation, pas même celai
qui lui a fait confidence. Cette règle
peut paraître draconienne et irri-/
tante, mais à la réflexion on comprend
que c’est par son absolu seul qu’elle
sauvegarde le secret qui, sans cela,
serait à la merci d’appréciations plus
ou moins arbitraires.
Mais M. Maurice Bernard s'est
trouvé dans une situation d’autant
plus fausse qu’il était sorti de son rôle
d’avocat et il a, à la fois, trop et pas
assez parlé ; après nous avoir effrayé
par l’évocation de l’ombre du fameux
X, il devenait étrange de jouer du
secret professionnel pour laisser la
suspicion se poser sur la tête de chacun.
Ce sont des manoeuvres de ce genre
et des prétentions comme celles de M.
Escarguel qui discréditent une des
garanties essentielles que-nous aùcor-
de la loi et mettent le secret pro-
fessionnel au- rang du secret de Poli-
chinelle.
CASPAR-JORDAN.
Le Meurtre de M. Calmelle
f,a Déposition (te M. Dartlsou
Convoqué à- deux heures et demie par M.
Boucard, juge d’instruction, M. Barthou, an-
cien président du Conseil, est. arrivé exacte-
mpnf A l'heure .fixée an Palais en antomo-
bile ; il a été immédiatement introduit dans
te cabinet, dn magistrat, où ilest resté une
heure environ,
: L’ancien président du Conseil a résumé
ainsi à un de nos confrères les déclarations
qu’il venait de faire au juge d’instruction :
— Mme Caillaux, a-t-il dit, avait déclaré,
au cours d’an de ses interrogatoires, que
Mme Gueydan m’avait la un soir, sous un
réverbère, les retires dont la prévenue re-
doutait la publication. J’ai répondu à M. Bou-
carcUjue le fait est absolument inexact.
» Mme Gueydan habite la même avenue
que moi. Nous nous sommes rencontrés
tout à fait par hasard, il y a environ dix-
huit mois ; nous avons causé de bien des
choses, mais elle ne m’a pas dit un seul mot
de cesriettres, dont je n’ai connu l’existence
que par les révélations faites au lendemain
du meurtre de Calmette.
» A l’heure actuelle d’ailleurs, j’ignore
complètement le contenu de ces lettres ;
quant à celle où il est question de l’impôt
sur ie revenu, j’en savais l’existence, comme
à peu près tout le monde ; mais c’est seule-
ment par la publication faite dans le Figaro
que j’en ai connu le texte.
» Telles sont les déclarations que, sons la
foi du serment, j’ai faites, dans les termes
les plus formels au juge d'instruction.
» J’ai ajouté que moa intervention auprès
dé Calmette n’a eu trait qn’à la non publi-
cation soit de documents relatifs à la politi-
que extérieure, soit du rapport Fabre lui-
même.
» La première démarche avait été faite sur
le désir de M. Doumergue et de M. Caillaux ;
j’ai fait la seconde d’accord avec M. Briand
et en sa présence,
» C’est tout ce que j’ai à dire. On. ne réus-
sira pas à me faire jouer, dans celte tragique
affaire, un rôle qui n’a pas été ie mien. Mais
je revendique à nouveau l’entière responsa-
bilité de tout ce que j’ai fait, dit, ou lu ».
La Commission d’Enquâts
sur l’Affaire Roclieîtt
La Commission d’enquête s’est réunie hier
matin sous la présidence de M. Jaurès, pour
procéder à l'audition des membres du cabi-
net Monis au sujet des allégations du jour»
nal l'Indépendant des Pyrénées-Orientales.
Déposition de M. JE mite Constant
M. Emile Constant, député, est introduit.
Invité à prêter serment, M. E. Constant le
limite exclusivement à ce qui concerne son
rôle comme sous-secrétaire d’Etat à l’inté»
rieur.
là. Jaurès : Avez-vous été l’objet de la part de
M. du Uesoil d’une démarche analogue a celle
dont parle l’Indéendant des Pyrénées-Orientales Y
Ge journal rapporte qu’un ministre aurait été l’ob-
jet de ta part de M du Mesnil d une démarche
lui laissant entrevoir qu’une des affaires de
napbto préparées et soutenues par Rochette rap-
porterait une somme assez forte pour que Ro-
chette restant en liberté rémunérât assez grasse-
ment tes concours qui lui auraient été accordés.
Avez-vous été l’objet, ou savez-vous qu’un col-
lègue ait été l’objet d'une démarche en ce sens Y
U. E. Constant : Non. La seule démarche qui
ait été faite auprès de moi est celle que M. du
Mesnil a rapportée. Il déclara qu'il est venu trois
fois à l’intérieur. Il déclara que la seconde fois,
M. Monis était absent, il était entré dans mon ca-
binet et m’avait demandé si je savais que l’af-
faire Rochette eût été l’objet d’une remise, le ré-
pondis que je n'en savais rien. Il a ajouté : « Vou-
iez-vous prévenir le président du Conseil que je
suis venu pour le voir Y » J'en ai fait part au pré-
sident du Conseil.
U. Jaurès : Conqaissiez-vous M. du Mesnil avant
d’arriver au ministère Y
M. E. Constant : Je l’avais vu une fois i un dé-
jeuner du Rappel.
if. Jaurès : M. du Mesnil n’a fait aucune allusion
devant vous aux intérêts, qui étaient mis en jeu
par la remise de-l’affaire Rochette Y
U. E. Constant : Non.
U. Jaurès : Vous n’avez pas fait visite à l’Elysé#
ces jours derniers Y
U. Emile Constant : En dehors de mon rôle dn
sous-secrétaire d’Etat je me refuse de répondre,
Je n’ai pas â répondre de conservations intime*
Je viens donner compte de ce que j’ai pu savoir
comme souS-secrélaire d’Etat à l’intérieur.Je vous
ai dit ce que j’avais appris de l’affaire Rochelle au
i mfntstère de l'intérieur.
M. Jaurès : Je me permets d’in9ister auprès
de M. Constant et de lui en donner lés raisons i
je vous demande si vous n’avez pas tenu sur les
démarches qui auraient été faites un propos
qui a pu donner naissance^ l’article de l’indépen-
dant des Pyrénéfs-Orientates.
M. •André Lefèvre : Je comprends que nous
puissions demander AM. Constant s’il a eu une
conversation sur l’affaire Rochette, mais nous n’a-
vons pas â lui demander s’il a eu une conversa-
tion avec le président de la République.
M. Jaurès : N'avez-vous pas tenu des propos
récents qui aient pu mettre en train la rumeur
dont il s’agit Y
M. Emile Constant ; Je n’ai connu le contenu
de l'article de l’indépendant que par la reproduc-
tion qu’on m’a signalée dans 1/fctitA Française.
Quant â mes conversations personnelles d’ami a
ami, vous me permettrez de les garder pour moi.
Je déclare que las propos rapportés sont faux.
M. Jaurès : Pourquoi vous retranchez-vous der-
rière ce droit général de ne pas révéler vos con-
versations Y
Si. E. Constant : CItez-moi une conversation, je
vous dirai si elle est exacte.
U. Jaurès : Vous n’avez tenu aucun propos qui
soit de nature à mettre cette rumeur en circula-
tion Y
M. Constant : Aucun.
M. Jaurès : Connaissez-vous M. Ésoarguel Y
if. Constant: Je l’ai vu dans un dîner personnel
II y a quinze jours.
if. Jaurès.: Vous n’avez rien dit à M. Brousse
sur cette question Y
if. André Lefèvre : V a-t-il des agendas ou des
bloc-notes à l’intérieur Y
M. E. Constant : Chaque matin on me faisait
passer la note des audiences. En ce quj me con-
cerne je n’avais pas d’agenda.
if. Jaurès : Si vous n’êes pas allé à l’Elysée,
pourquoi ne dites-vous pas non Y Vous couperiez
court aux difficultés.
if. Emile Constant : Je vous dois compte de ce
que je sais comme sous-secrétaire d’Eiat, mais
pas de mes conversations personnelles.
if. Jaurès : Il est établi que M. Constant ne veut
pas répondre sur cette question de fait : « Etes-
vous ailé à l’Elysée Y » Il comprend que son si-
lence va confirmer les premières impressions qui
résultent de l’article dei'indépendant des Pyrénées-
Orientales.
Le témoin se retire.
Déposition tSe M. Cruppi
M. Crappi, ancien ministre des affaires
étrangères, est introduit et prête serment.
if. Jaurès : Un article de l’indèpendmt a dit ré-
cemment qu’un membre du cabinet Moisis avait
fait une démarche à l’Elysée pour dire qu’il y avril
des raisons pour qjjo la retraite do M. Monis fui
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— Juillet.... 68 •/» 67 3 4
Saindoux sur. Mai..,,... 10 Sî io 47
n.1 Juillet.... 10 70 10 6$
LE BANQUET
DU
Parti Républicain Socialiste
Le Discours de 1. Aristide Briand
Des mesures d’ordre avaient été prises aux
abords de l’Elysée-Montmartre, où devait
avoir lieu le banquet du parti républicain-
socialiste en i’bonneur de M. Aristide Btiand.
Celui-ci est arrivé vers 7 heures ; aucune
manifestation ne s’est produite sur son pas-
sage.
Vers 8 heures, la foule s’amasse peu à peu
autour des barrages de police et bientôt plu-
sieurs centaines de manifestants munis de
sifflets à roulette et descendant de Montmar-
tre commencent à siffler.
Ils échangent des coups avec la police qui
veut les disperser.
Des cris de « A bas Briand I » se font en-
tendre. Les agents cherchent & déblayer le
boulevard, mais les manifestants reviennent
anssitôt.Lescris de a A bas Briand ! » repren-
nent alors, mais sont dominés par les sif-
flets.
.. une nouvelle colonne de manifestants en
tête de laquelle se trouvent MM. Dherbé-
court et Varenne, conseillers municipaux
socialistes unifiés du quartierYGustave Her-
vé et Tessier, de la Guerre Sociale, essaie de
pénétrer dans l'Elysée Montmartre en criant
« A bas Briand 1 ». La police expulse les ma-
nifestants qui se reforment un peu plus loin.
Trois arrestations sont opérées an cours
des charges.
Le banquet réunît I 800 convives. Ce nom-
bre aurait été largement dépassé, si l’on ne
s’était vu dans l’obligation, faute de place,
de refuser depuis plusieurs jours les nou-
velles adhésions.
Au champagne, M. Alexandre Zévaès, se-
crétaire général du .Parti, prend la parole.
Il déclare que le problème des rapports de
l’Eglise et de l'Etat étant résolu, la démocratie
doit concentrer son activité sur les questions
d’ordre économique et social.
M. Zévaès remercie M. Aristide Briand d’a-
voir bien voulu honorer de sa présence la
manifestation de ce soir.
A c? moment, un convive crié : « Ta exa-
gères i » ;
On l’expulse aussitôt.
M Zévaès invite les convives an calme.
N’atiaChrz pas, dit—fl, d'importance à Cette
manifestation de Panique délégué parmi
nous de ia maison Rochette i
Lorsque M. Briand se lève, nne chaleu-
reuse ovation lui est faite par la salie en-
tière.
Le Discours de M. Briand
M. Briand dit que les paroles q'ut viennent
d’être prononcées l’émeuvent profondé-
ment et sont au réconfort pour lui au mo-
ment où des hommes, qui se réclament de ta
liberté, prétendent lui fermer la bouche.
Le Peuple comprend un régime de liberté
et veut que les hommes qui ont quelque
chose dans ie coeur, le disent sans détours.
Et c’est pourquoi ii est venu parier au coeur
de Paris.
M. Briand assume l’entière responsabilité
de tout ce qu’il a faitet si, étant au pouvoir,
il a pu émouvoir ses amis, il devait a la con-
fiance qü’on avait mise en lùi d’accomplir
ces actes quelque pénibles qu’ils fussent.
La masse, sourde aux cris de haine, s’édu-
que de plus en plus; elle comprend que
c’est par un effort lent qu’elle peut réaliser
le mieux être.
Quand un homme s’offre à la conduire,
elle le suit. Et c’est cette confiance qui per-
met de réaliser la tâche fixée.
a Nous sommes à une heure décisive. Deux
voies s’offrent devant le pays ».
M. Briand ne craint pas que la France dé-
serte te régime républicain à qui elle doit la
paix et des améliorations successives, Hais.
le Parii Républicain doit gouverner pour la
France entière. L’administration n’est pas au
service d’une classe. Il faut ouvrir la Fiance
à tons ses enfants t
M. Briand n’a jamais songé à désarmer les
états majors, mais ia masse en a assez d’être
toujours sous les coups que les états majors
se distribuent chaque jour.
L’orateur dit qn’on traite ses amis dé bou-
langistes parce qp’ils ont défendu l’idée de
patrie. Cependant, cette soriè de boulan-
gisme a infiltré la rue de Valois qui a pris le
programme défendu par MM. Briand, Bar-
thou et Mülerand dans leurs discours.
La loi de trois ans, la réforme fiscale sans
déclaration contrôlée, ia réforme électorale.
Voilà nos idées, dit M. Brjrnd. Elles ont
assuré ie succès des républicains venus de
Pan qui ies avaient adoptées. C’est donc que
ces idées avaient une force régulière.
Parlant des événements recents, M- Briand
dit que l'influence politique pénètre partout,
corrompt tout. lien résulte que ie malaise
se répand dans le pays :
« Nous voulons apporter à ce pays des re-
mèdes qui peuvent le guérir. Il tant que ia
République fisse régner la concorde et la
justice parmi les travailleurs. Ede doit don-
ner aux syndicats le droit de posséder et les
njoy«ns'dvutiiiser leur activité et d’aller sur
le marché du travail ».
M. Briand voudrait que ce soit la France
qui soit la première à avoir affranchi ie tra-
vailleur et proclamé la justice sociale.
M. Bria ida fini. Ses amis se précipitent
vers lui et ie feiieitent.
On crie : « Vive Briand ! Vive Miüerand ! »
Et l’ovation dure plus d'nn quart d’heure
— jusqu’au départ de M. Briand.
M. Briand a quitté la salle du banquet
sans incidents sérieux.
Au cours des manifestations qui se sont
produites depuis 8 heures du soir aux abords
ae l’Elysee-Montmartre, six arrestations ont
été obérées pour cris séditieux et voies de
fait.
La station dn Métropolitain d’Anvers a été
ouverte à 11 heures.
Au cours des manifestations, un agent de
PQlice a été blessé d’an coup de canne.
La Commission d’Jünquête
sur l'Affaire Rochetie
iVF. Maurice Darré* proleute con-
tre le* conclusions ite ia Voin -
Mission.
M. Maurice Barrés, député de la Seine, a
adressé à ia Commission d’enquête une pro-
testation contre les conclusions qu’eiie a
adoptées.
C'est d’abord l’altération du texte de M.
Jaurès que M. Barrés critique.
Il en.resuite que les conclusions qui de-
vaient être un rigoureux raccourci de la
réalité ne constituent plus qu’un document
minime ne- comportant aucune sanction.
L'apparente impartialité de la Commission
est clone une absolution injustifiée des faits
graves qui ont été apportés devant elle,
M. Btrrès prend pour exemple la pression
de M. Monis Sur ie procureur Fabre, pres-
sion avouée par son auteur et qui tombe
manifestement sous le coup de l’articlev179
du Code pénal, sons le mot « menaces ».
M. Barrés proteste donc contre l’acte du
commissaire qoi, chargé de taire ia justice
au nom du pays, doune au pays le spectacle
de i’inj ustice, de l’indulgence envers: un
homme politique convaincu d’abus de pou-
voir évident.
M. Barrés applique le même raisonnement
à M. Caillaux, complice de M. Monis.
Il s’élève ensuite contre le manque de
sanction contre les dénégations manifeste-
ment mensongères opposées par le ministre
actuel aux indications contrôlées par la Com-
mission.
Enfin, les conclusions de Ta Commission
constituent nne atteinte à ta conscience na-
tionale. C'est une leçon d’immoralité politi-
que qu’elles donnent à tout le pays ; c’est
un spectacle d’immunité accordée aux puis-
sants en face des humbles et des faibles.
M. Barrés ne yeut oas s’associer à cet
acte,
LE MEURTRE DE M- CALMETTE
L'Instruction
M. Vervoort, rédacteur au Gil Blas a con-
firmé à M. Boucard la déposition de son
directeur, M. Mortier.
Lorsqu’il fit valoir à Mme Gueydon les rai-
sons qui empêchaient la publication des
lettres dans te Gil Blas, son interlocutrice
n’insista pas le moins du monde.
Le témoin est convaincu qae M. Calmette
n’aurait pas publié les lettres intimes de M.
Caillaux.
M. Gustave Viterbo a entendu M. Calmette
à l’assemblée des journalistes parisiens tenue
quelques joors avant le drame, faire allusion
à certain documents qu’il possédait. M. Vi-
terbo eut l’impression absolument nette
qu’il s’agissait de documents politiques.
M- Avril, rédacteur au Figaro, proteste
contre l’interprétation donnée par M. Mor-
tier aux paroles : « Ce n’est pas fini ; noue
avons d’autres choses en réserve I ».
Il affirme que ces paroles faisaient allu-
sion au document Fabre, le senl que possé-
dait M. Calmette, en outre du document
concernant l’attitude de M. Caillaux dans
la cession du Congo et que des raisons pa-
triotiques empêchaient de publier.
En terminant, il rend hommage & l’intô
grité morale dé M. Calmette.
UN TORPILLEUR COULÉ
TOULON. — Le torpilleur 858 a coulé ea
face du cap Lardier, a i’Oaest de Saint-Tro-
pez, près de l’endroit où, ii y a nne dizaine
d’années, coula le torpilleur l'Espmgole.
Un groupe de torpilleurs de ia défense de
Toulon était parti pour effectuer des exer-
cices quand une voief d’eau se déclara à la
coque du torpilleur 358 par suite du défoa»
cernent des tôles.
L’équipage essaj a en vain de procéder i
nne réparation de iortune, mais le danger
devenant de plus en plus grand on songea
an sauvetage de l’équipage.
Tous les nommes purent être sauvés pat
le torpilleur 347,
Administra leur • Délégué - Gérant
O. RANDOLET
; Aflmînistpaftnn. impressions fl Annonces. TÉL. 10.4?
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Le Petit Havre
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Secrétaire Général : TH, VALLÉE
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AU HAVRE. .T7v BUREMJ DU JOURNAL, 112, boul* de Strasoourg.
I L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
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( -le Journal.
£s PETIT HAVRE est désigné pour les Annonces Judiciaires et légales
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l’Oise et la Somme .S * » Fr. Fr.
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i On s’abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux do Poste do Francs
L’ANGLETERRE
Et ta Question Irlandaise
1 .
£’Angleterre traverse en ce moment, à
Cause du Home Rule, une des crises politi-
ques les plus graves, les plus troublantes
de son histoire. Voté trois fois par la Cham-
bre des communes, le Home Rule irlandais,
•malgré le veto uniquement suspensif de la
Chambre des lords, va devenir loi inces-
samment. La période législative de ce grand
problème, qui a rempli, quia empoisonné
tout ie XIX* siècle britannique, pouvait
donc, il y a quelques mois, paraître close.
L’exécution seule de la mesure restait à
Opérer.
Or, quelque compliquée qu’elle soit en
apparence, la question irlandaise l’est en-
core bien davantage dans la réalité. Pays
conquis, brimé, pressuré par les Anglais,
l’Irlande a contre son vainqueur des griefs
séculaires. Tous, à vrai dire, ne sont plus
égalementjustifiésaujourd’hui.mais, comme
on dit, l’aiguillon est resté au coeur. Le
grief religion v par exemple n’existe plus
guère en ucmi depuis l’émancipation des
catholiques en 1829, surtout depuis que
l’Eglise anglicane a cessé d’être en Irlande
une Eglise d’Etat<1870) ; mais la passion
religieuse subsiste, et le catholique irlan-
dais continue de détester le protestant an-
glais, tout comme il eçt détesté et méprisé
par lui. Le grief économique d’un peuple
spolié de ses terres par le conquérant, et
féduit au rôle diminué de tenancier, a éga-
lement perdu de sa force depuis que des
lois sévères protègent le fermier contre son
propriétaire et ont même entrepris de re-
constituer, par lé rachat et l’expropriation,
la petite propriété au bénéfice de la race
locale. Mais, en dépit, de ces palliatifs très
sérieux, le grief national subsiste entier.
Les Irlandais, peuple vraiment spécial, dis-
tincts des Anglais par ie caractère, la reli-
gion, les moeurs, la manière d’être, distincts
aussi par le fait d’une rancune séculaire
■que le temps n’atténue pas,^veulent s’ad-
fninistrer cuxmômoa. Ilo ovut laS GU ru*
gime arbitraire et policier que l’Angleterre
fait peser sur eux «t qui rappelle la Prusse
et la Russie plus que le traditionnel libéra-
lisme d’Outre-Mancbe.
Contre cette revendication d’autonomie
Iles conservateurs anglais n’ont cessé de
protester : c’est le démembrement de l’Em-
pire, disent-ils l Les libéraux, au contraire,
depuis Gladstone» «nt compris que la qùes.
tion devait être réglée coûte que coûte,
pour la tranquillité, pour la sécurité même
de la-Grande-Bretagne. Ils ont réussi à ob-
tenir, dans ce sens, des majorités parle-
mentaires, mais je ne suis pas sûr que l’o-
pinion britannique dans son ensemble les
ait approuvés. Il y a en effet une terrible
résistance, qui vient non seulement des
protestants d’Angleterre, mais surtout des
protestants d’Irlande. Et c’est là que l’affai-
re achève de se compliquer jusqu’à l’inso-
luble.
Si l’Irlande contenait seulement des
Irlandais catholiques, la solution serait re-
lativement facile. Mais la province de l’Uls-
ter, située au Nord-Est de l’île, en face de
l’Ecosse, contient, elle, une majorité d’An-
glais et d’Ecossais immigrés, qui sont pro-
testants. Supposez le Home Rule réalisé,
ces protestants, forcément en minorité dans
le Parlement de Dublin, vont ils donc être
abandonnés à l’arbitraire irlandais, dont
on peut après tout justement redouter les
vengeances ? L’argument est puissant, sur-
tout si l’on songe à l’humiliation qui en
résulterait pour l’orgueil bien connu du
protestantisme britannique.
L’exécution du Home Rule devait donc
se heurter, dans l’Ulster, c’est-à-dire dans
l’Irlande protestante, à une inévitable résis-
tance. Résistance légale, se diront peut-être
les gens qui ne connaissent pas la verte
Erin ! — Ce serait mal la connaître que
d’escompter sa modération. Le caractère ir-
landais est violent, passionné, incapable de
supporter une règle, ami du désordre par
tempérament, presque par goût. Pas de pays
où l’on tire plus facilement des coups de
fusil pour raison politique : qu’on sé sou-
vienne seulement des agitations agraires*
du siècle dernier l
€ Nous savions cela des Irlandais, m’ob-
jectera-t-on, mais n’est-ce pas des immigrés
protestants que vous parlez en ce mo-
ment ?» — En effet, mais, chose curieuse,
ces immigrés (comme il arrive souvent dans
les pays conquis) se sont laissé peu à peu
influencer et comme imprégüer par l’atmos-
phère ambiante. Malgré leurs bruyantes
protestations de britannisme, malgré leur
mépris affiché pour la race irlandaise, ils
sont eùx-mêmes, sans s’en douter, devenus
en quelque manière des Irlandais : même
agitation chronique, même amour du bruit
et dès manifestations, même goût pour l’ap-
pel à la violence. Belfast est, au même titre
que Dublin ou Cork, une ville de désordre !
Le parti conservateur, adversaire du
Home Rule, devait donc trouver, dans l’Uls-
ter où il est tout puissant, un admirable
terrain de résistance. Mais, ses armes léga-
les de résistance étant épuisées dès l’ins-
tant que le veto de la Chambre des lords
n’est plus que suspensif, il b’est rallié à la
méthode de l’action directe. « Quoi, dira-
t-on ? L’action directe, dans la vieille An-
gleterre, ét préconisée par l’un des deux
grands partis traditionnels ! » — Le spec-
tacle est piquant en effet, mais nos voisins
changent avec une vertigineuse rapidité : ]
les suffragettes les ont habitués au specta-
cle quotidien de la violence ; leurs syndi-
calistes sont plus intransigeants que ie&
nôtres ; leurs grèves plus révolutionnaires t
Il leur était réservé de nous donner en ou-
tre l’exemple d’une préparation raisonnée à
la giiAppA f*.i
a Nous résisterons par la force au Home
Rulél» Tel est en effet le cri qui s’est;
élevé dans l’Uister. Sous l’infiueàce d’un
homme considérable, sir Edward Carson,
grand avocat de Londres et de Dublin, s’est
organisée à Belfast une véritable armée de
révolte : 160,000 hommes disent les con-
servateurs. Le chiffre, est évidemment exa-
géré, et ces recrues hâtives ne résisteraient
sans doute pas à l’armée régulière. Mais (et,
nous touchons ici au summum de la crise),; ■
voici que l’armée régulière refuse de mar-
cher I
La gravité des faits ne peut être niée. Où-,
apprenait, il y à une huitaine de jours, que
des mouvements de troupes se produisaient
vers l’Ulster ; il s’agissait, pour le gouver-
nement,d’occuper les points stratégiques et.
de se préparer à toutes les éventualités.
Mais presque en même temps, les bruits les
plus graves, les plus invraisemblables cir-
culaient ; des officiers avaient refusé de
marcher, et le gouvernement, au lieu de
les punir, négociait avec eux ; il allait
jusqu’à leur promettre « de ne pas profiter
de son droit pour écraser uns opposition dé
principe à la politique du Home Rule ». Or,
l’invraisemblable était strictement vrai :
rengagement avait été pris par le ministre
de la guerre, et l’on s’explique l’extraordi-
naire faiblesse du chef de l’armée, si l’on,
réfléchit que la presque totalité des officiers
anglais sont des fils de famille étroitement
et passionnément conservateurs. C’est le.
danger des guerres civiles que d’affaiblir
ou de briser dans la main des gouvernants
leurs armes les plus légales.
On devine l’indignation, le scandale
dans les rangs libéraux. M. Asquith a du
désavouer son ministre, tout en refusant
d’abord sa démission ainsi que celle du
général en chef, sir John French, et de son
chef d’état-major. Puis, sous la pression
de l’opinion, toutes ces démissions ont été
acceptées ; M. Asquith a pris lui-même le
portefeuille de la guerre et, suivant
Tusage, se présentera devant les électeurs
dans quelques jours (son changement de
portefeuille entraînant automatiquement
sa démission de membre de la Chambre
des communes). Mais ce n’est pas une so-
lution, car les révoltés restent en armes et
les officiers dans l’expectative. La crise
demeure donc ouverte dans toute sa gra-
vité ; elle ne peut plus être résolue que par
un seul moyen, l’appel au pays.
Il est dès aujourd’hui certain que la dis-
solution aura lieu prochainement et que
les élections générales se feront vers le
mois de juin, Les conservateurs ont atteint
le but qu’ils poursuivaient, arrêter l’execu-
tion du Home Rule ; Ils vont pouvoir encore
une fois consulter l’opinion sur la question
et profiter peut-être des rancunes multi-
ples qu’a soulevées la politique financière
deM. Lloyd George, Quant aux libéraux,
ils semblent vouloir prendre coipme plate-
forme la suprématie au pouvoir civil vis-à-
vis de l’armée désobéissante. La lutte sera
profondément intéressante et surtout essen-
tiellement nouvelle. La vieille Angleterre,
l’Angleterre de Taine a décidément vécu.
Pour la prudence de ce commentaire,
disons en terminant qu’il s’agit après tout
de « choses d’Irlande » et qu’il ne faut pas
les pousser tout à fait au tragique. Mais
quels ne seraient pas les cris des adversai-
res de la République si de tels événement»
se passaient chez nous 1
ANDRÉ SIEGFRIED.
CHUTES MORTELLES
d'Emile Yédrines et de deox aulres Aviatenps
Reims, I" avril.
Cet après-midi, à 3 ta. 30, Emile Védrine»,
frère cadet du célèbre aviateur Jules V é-
drines, essayait nu monoplan au-dessus d»
l’aérodrome de la Champagne ; soudain,
l’appareil capota et tomba sur le sol d’une-
hauteur de 25 mètres.
Le pilote a été tué sur le coup.
Emile Védrines était né à Saint-Denis le
27 décembre 1886. Le 1er juillet 1911, il pas-
sait son brevet de pilote, brevet n° 536.
Emile Védrines était an de nos pins hardis
pilotes et comptait à son actif de nombreu-
ses performances. Ou se souvient qu’il se
classa second de la coupe Gordon-Bennett,,
battant plusieurs records.
Il y trois mois Emile Védrines fat victi-
me ‘d’an accident qui faillit lai coûter
la vie. Cependant, grâce à son sang-froid,
il put sa dégager de son appareil qui était en
feu.
Ou sait que son frère est actuellement en
Egypte.
Cbâtons, 1« avril.
A 4 henres, l’aviatenr Pierre Testolat, chef
pilote, évoluait au-dessus du camp de Châ-
Ions, ayâ'ût â bord de soa appareil un pas-
sager, M. Clément Aviguey, lorsque sou-
dain ^aéroplane, pris dans un remous,
se retourna et vint s’écraser contre nn py-
lône.
Le réservoir à essence éclata et le mono-
plan prit feu
Lorsque l’aviateur et son passager ont
été retirés des décombres par les témoins
de l'accident, tous deux avaient cessé de
vivre,\
Le Secret professionnel
ïPM reçu hier une lettre d’un de nos
lecteurs, désireux que je lui répon-
de ici-même, et ce judicieux corres-
pondant a su si bien me flatter dans
mon amour,-propre que je m’empresse
de m’exécuter. Aussi bien le sujet
peut-il intéresser beaucoup de nos
amis : il s’agit du secret profession-
nel, à propos de l’article de l'indépen-
dant des Pyrénées-Orientales, qui est
à l’ordre du jour. (Entre parenthèses,
quand je voudrai faire connaître mon
nom à travers toute la France, je sau-
rai désormais quelle recette employer.)
M. Escarguel, qui est donc direc-
teur de ce journal, s’est fait l’écho, on
le sait, de la plus grave accusation
contre M. Monis, mais s’est refusé à
faire connaître ses sources en invo-
quant
déré comme ayant une valeur moindre
que celui de l’avocat ». S’il dépose
devant la Commission d'enquête, M.
Escarguel (ah l ce Midi !) fera, nous
prévient-il, son petit Maurice Bernard•
Qù’est-ce donc que ce secret profes-
sionnel que chacun revendique ? D’a-
bord, ce n’est pas un privilège, comme
on pourrait le croire ; c’est une obliga-
tion dont la méconnaissance constitue
un délit. C’est, en effet, au Code pénal
que nous trouvons sa définition en ces
termes :
« Les médecins, chirurgiens et au-
tres officiers de santé, ainsi que les
pharmaciens, les sages-femmes et tou-*
tes autres personnes dépositaires, par
état ou par profession,des secrets qu’on-
leur confie, qui auront révélé ces se-
crets. .. seront punis d’un emprison-
nement d’un mois à six mois, et d’une*
QXO.ëpdo 'frwncst à San franr^ a
Four les personnes, médecins, 'chi-
rurgiens, etc,, énumérées expressé-
ment danq ce texte,,pas d’hésitation.
Pour les autres, la jurisprudence dé-
cide qn’il s’agit de celles appelées a par
état ou par profession », à l’exclusion
de toutes autres, à recevoir des confi-
dences ayant un caractère obligatoire,
pour ceux qui les font. C’est le cas
des ministres des cultes, des avocats,
avoués et notaires, des magistrats et
commissaires de police ; il en est de
même des agents des postes et télégra-
phes en ce qui concerne le secret des
correspondances.
Mais, n’en déplaise à M. Escarguel,
les journalistes ne sont pas dans ce-
cas : s’ils reçoivent des confidences?
comme tout le monde, même s’ils sont
plus que d’autres — par une curiosité
que j’excuse volontiers — à l’affût de
tuyaux secrets, leur profession les
appelle plutôt à recevoir des communi-
cations qui doivent être colportées aux
quatre vents des deux ; en tout cas,
nul n’est obligé, si ce n’est par sottise
ou par habileté, de prendre pour confi-
dent un de ces terribles bavards. J’en
suis navré pour la gloire de notre cor-
poration, mais la vérité avant tout.
J’irai même jusqu’au bout en disant
que la jurisprudence a décidé expres-
sément que l’article de loi ci-dessus ne
s’appliquait pas aux journalistes et ne
leur permettait pas de refuser de dé-
poser en justice.
Quant a M‘ Maurice Bernard, il se
serait placé sur un terrain solide, s’il
s’était contenté de dire qu’il n’avait
agi dans cette affaire que comme avo-
cat de Rochette et qu’il était tenu par
le secret professionnel. La jurispru-
dence décide en effet que l’avocat est
tenu au secret inviolable, même en jus-
tice, sur tout ce qu’il apprend à ce
titre et que nul ne peut l’affranchir
de cette obligation, pas même celai
qui lui a fait confidence. Cette règle
peut paraître draconienne et irri-/
tante, mais à la réflexion on comprend
que c’est par son absolu seul qu’elle
sauvegarde le secret qui, sans cela,
serait à la merci d’appréciations plus
ou moins arbitraires.
Mais M. Maurice Bernard s'est
trouvé dans une situation d’autant
plus fausse qu’il était sorti de son rôle
d’avocat et il a, à la fois, trop et pas
assez parlé ; après nous avoir effrayé
par l’évocation de l’ombre du fameux
X, il devenait étrange de jouer du
secret professionnel pour laisser la
suspicion se poser sur la tête de chacun.
Ce sont des manoeuvres de ce genre
et des prétentions comme celles de M.
Escarguel qui discréditent une des
garanties essentielles que-nous aùcor-
de la loi et mettent le secret pro-
fessionnel au- rang du secret de Poli-
chinelle.
CASPAR-JORDAN.
Le Meurtre de M. Calmelle
f,a Déposition (te M. Dartlsou
Convoqué à- deux heures et demie par M.
Boucard, juge d’instruction, M. Barthou, an-
cien président du Conseil, est. arrivé exacte-
mpnf A l'heure .fixée an Palais en antomo-
bile ; il a été immédiatement introduit dans
te cabinet, dn magistrat, où ilest resté une
heure environ,
: L’ancien président du Conseil a résumé
ainsi à un de nos confrères les déclarations
qu’il venait de faire au juge d’instruction :
— Mme Caillaux, a-t-il dit, avait déclaré,
au cours d’an de ses interrogatoires, que
Mme Gueydan m’avait la un soir, sous un
réverbère, les retires dont la prévenue re-
doutait la publication. J’ai répondu à M. Bou-
carcUjue le fait est absolument inexact.
» Mme Gueydan habite la même avenue
que moi. Nous nous sommes rencontrés
tout à fait par hasard, il y a environ dix-
huit mois ; nous avons causé de bien des
choses, mais elle ne m’a pas dit un seul mot
de cesriettres, dont je n’ai connu l’existence
que par les révélations faites au lendemain
du meurtre de Calmette.
» A l’heure actuelle d’ailleurs, j’ignore
complètement le contenu de ces lettres ;
quant à celle où il est question de l’impôt
sur ie revenu, j’en savais l’existence, comme
à peu près tout le monde ; mais c’est seule-
ment par la publication faite dans le Figaro
que j’en ai connu le texte.
» Telles sont les déclarations que, sons la
foi du serment, j’ai faites, dans les termes
les plus formels au juge d'instruction.
» J’ai ajouté que moa intervention auprès
dé Calmette n’a eu trait qn’à la non publi-
cation soit de documents relatifs à la politi-
que extérieure, soit du rapport Fabre lui-
même.
» La première démarche avait été faite sur
le désir de M. Doumergue et de M. Caillaux ;
j’ai fait la seconde d’accord avec M. Briand
et en sa présence,
» C’est tout ce que j’ai à dire. On. ne réus-
sira pas à me faire jouer, dans celte tragique
affaire, un rôle qui n’a pas été ie mien. Mais
je revendique à nouveau l’entière responsa-
bilité de tout ce que j’ai fait, dit, ou lu ».
La Commission d’Enquâts
sur l’Affaire Roclieîtt
La Commission d’enquête s’est réunie hier
matin sous la présidence de M. Jaurès, pour
procéder à l'audition des membres du cabi-
net Monis au sujet des allégations du jour»
nal l'Indépendant des Pyrénées-Orientales.
Déposition de M. JE mite Constant
M. Emile Constant, député, est introduit.
Invité à prêter serment, M. E. Constant le
limite exclusivement à ce qui concerne son
rôle comme sous-secrétaire d’Etat à l’inté»
rieur.
là. Jaurès : Avez-vous été l’objet de la part de
M. du Uesoil d’une démarche analogue a celle
dont parle l’Indéendant des Pyrénées-Orientales Y
Ge journal rapporte qu’un ministre aurait été l’ob-
jet de ta part de M du Mesnil d une démarche
lui laissant entrevoir qu’une des affaires de
napbto préparées et soutenues par Rochette rap-
porterait une somme assez forte pour que Ro-
chette restant en liberté rémunérât assez grasse-
ment tes concours qui lui auraient été accordés.
Avez-vous été l’objet, ou savez-vous qu’un col-
lègue ait été l’objet d'une démarche en ce sens Y
U. E. Constant : Non. La seule démarche qui
ait été faite auprès de moi est celle que M. du
Mesnil a rapportée. Il déclara qu'il est venu trois
fois à l’intérieur. Il déclara que la seconde fois,
M. Monis était absent, il était entré dans mon ca-
binet et m’avait demandé si je savais que l’af-
faire Rochette eût été l’objet d’une remise, le ré-
pondis que je n'en savais rien. Il a ajouté : « Vou-
iez-vous prévenir le président du Conseil que je
suis venu pour le voir Y » J'en ai fait part au pré-
sident du Conseil.
U. Jaurès : Conqaissiez-vous M. du Mesnil avant
d’arriver au ministère Y
M. E. Constant : Je l’avais vu une fois i un dé-
jeuner du Rappel.
if. Jaurès : M. du Mesnil n’a fait aucune allusion
devant vous aux intérêts, qui étaient mis en jeu
par la remise de-l’affaire Rochette Y
U. E. Constant : Non.
U. Jaurès : Vous n’avez pas fait visite à l’Elysé#
ces jours derniers Y
U. Emile Constant : En dehors de mon rôle dn
sous-secrétaire d’Etat je me refuse de répondre,
Je n’ai pas â répondre de conservations intime*
Je viens donner compte de ce que j’ai pu savoir
comme souS-secrélaire d’Etat à l’intérieur.Je vous
ai dit ce que j’avais appris de l’affaire Rochelle au
i mfntstère de l'intérieur.
M. Jaurès : Je me permets d’in9ister auprès
de M. Constant et de lui en donner lés raisons i
je vous demande si vous n’avez pas tenu sur les
démarches qui auraient été faites un propos
qui a pu donner naissance^ l’article de l’indépen-
dant des Pyrénéfs-Orientates.
M. •André Lefèvre : Je comprends que nous
puissions demander AM. Constant s’il a eu une
conversation sur l’affaire Rochette, mais nous n’a-
vons pas â lui demander s’il a eu une conversa-
tion avec le président de la République.
M. Jaurès : N'avez-vous pas tenu des propos
récents qui aient pu mettre en train la rumeur
dont il s’agit Y
M. Emile Constant ; Je n’ai connu le contenu
de l'article de l’indépendant que par la reproduc-
tion qu’on m’a signalée dans 1/fctitA Française.
Quant â mes conversations personnelles d’ami a
ami, vous me permettrez de les garder pour moi.
Je déclare que las propos rapportés sont faux.
M. Jaurès : Pourquoi vous retranchez-vous der-
rière ce droit général de ne pas révéler vos con-
versations Y
Si. E. Constant : CItez-moi une conversation, je
vous dirai si elle est exacte.
U. Jaurès : Vous n’avez tenu aucun propos qui
soit de nature à mettre cette rumeur en circula-
tion Y
M. Constant : Aucun.
M. Jaurès : Connaissez-vous M. Ésoarguel Y
if. Constant: Je l’ai vu dans un dîner personnel
II y a quinze jours.
if. Jaurès.: Vous n’avez rien dit à M. Brousse
sur cette question Y
if. André Lefèvre : V a-t-il des agendas ou des
bloc-notes à l’intérieur Y
M. E. Constant : Chaque matin on me faisait
passer la note des audiences. En ce quj me con-
cerne je n’avais pas d’agenda.
if. Jaurès : Si vous n’êes pas allé à l’Elysée,
pourquoi ne dites-vous pas non Y Vous couperiez
court aux difficultés.
if. Emile Constant : Je vous dois compte de ce
que je sais comme sous-secrétaire d’Eiat, mais
pas de mes conversations personnelles.
if. Jaurès : Il est établi que M. Constant ne veut
pas répondre sur cette question de fait : « Etes-
vous ailé à l’Elysée Y » Il comprend que son si-
lence va confirmer les premières impressions qui
résultent de l’article dei'indépendant des Pyrénées-
Orientales.
Le témoin se retire.
Déposition tSe M. Cruppi
M. Crappi, ancien ministre des affaires
étrangères, est introduit et prête serment.
if. Jaurès : Un article de l’indèpendmt a dit ré-
cemment qu’un membre du cabinet Moisis avait
fait une démarche à l’Elysée pour dire qu’il y avril
des raisons pour qjjo la retraite do M. Monis fui
Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
3VEETA.TJX
.LONDRES, l*r Avril, Dépêche de 4 h. 30
TON cocas HAUSSE BAISSE
CUIVRE
Comptant.Jsoutenii *68 12/6 10/-- -/-
3mois...rf.; *66-/- 10/- -/-
ETAIN
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3 mois faclle * 174 7/6 -/- 10/-
FER
Comptantferm0 *81/3 6 d
t mois i * 81/9 8 d -/-
Prix comparés avec ceux de ta deuxième Bourse
du 31 mars l»tf.
NEW-YORK, Ier AVRIL
Caton» t mai, baisse 9 points ; juillet,
baisse 2 points ; octobre, baisse 4 points ;
janvier, baisse 5 points. — Soutenu.
Calé» i hausse 11 à 13 points.
N HW-Y O RK, 1er AVRIL
t- n ions. - «. rucniiT
jDulwe Standard disp. 14 12 14 05
— mai 14 12 14 05
Amalgainat. Cop... 77 i/8 76 1/2
JFer 15 25 15 25
CHICAGO, ter AVRIL
\ C. DU JOUR C. PREGED
Blé sur Mai 91 3 8 91 1/8
— Juillet.... 87*,'» Z 86 8 8
Mais sur Mai. > 67 3/8 67 t 8
— Juillet.... 68 •/» 67 3 4
Saindoux sur. Mai..,,... 10 Sî io 47
n.1 Juillet.... 10 70 10 6$
LE BANQUET
DU
Parti Républicain Socialiste
Le Discours de 1. Aristide Briand
Des mesures d’ordre avaient été prises aux
abords de l’Elysée-Montmartre, où devait
avoir lieu le banquet du parti républicain-
socialiste en i’bonneur de M. Aristide Btiand.
Celui-ci est arrivé vers 7 heures ; aucune
manifestation ne s’est produite sur son pas-
sage.
Vers 8 heures, la foule s’amasse peu à peu
autour des barrages de police et bientôt plu-
sieurs centaines de manifestants munis de
sifflets à roulette et descendant de Montmar-
tre commencent à siffler.
Ils échangent des coups avec la police qui
veut les disperser.
Des cris de « A bas Briand I » se font en-
tendre. Les agents cherchent & déblayer le
boulevard, mais les manifestants reviennent
anssitôt.Lescris de a A bas Briand ! » repren-
nent alors, mais sont dominés par les sif-
flets.
.. une nouvelle colonne de manifestants en
tête de laquelle se trouvent MM. Dherbé-
court et Varenne, conseillers municipaux
socialistes unifiés du quartierYGustave Her-
vé et Tessier, de la Guerre Sociale, essaie de
pénétrer dans l'Elysée Montmartre en criant
« A bas Briand 1 ». La police expulse les ma-
nifestants qui se reforment un peu plus loin.
Trois arrestations sont opérées an cours
des charges.
Le banquet réunît I 800 convives. Ce nom-
bre aurait été largement dépassé, si l’on ne
s’était vu dans l’obligation, faute de place,
de refuser depuis plusieurs jours les nou-
velles adhésions.
Au champagne, M. Alexandre Zévaès, se-
crétaire général du .Parti, prend la parole.
Il déclare que le problème des rapports de
l’Eglise et de l'Etat étant résolu, la démocratie
doit concentrer son activité sur les questions
d’ordre économique et social.
M. Zévaès remercie M. Aristide Briand d’a-
voir bien voulu honorer de sa présence la
manifestation de ce soir.
A c? moment, un convive crié : « Ta exa-
gères i » ;
On l’expulse aussitôt.
M Zévaès invite les convives an calme.
N’atiaChrz pas, dit—fl, d'importance à Cette
manifestation de Panique délégué parmi
nous de ia maison Rochette i
Lorsque M. Briand se lève, nne chaleu-
reuse ovation lui est faite par la salie en-
tière.
Le Discours de M. Briand
M. Briand dit que les paroles q'ut viennent
d’être prononcées l’émeuvent profondé-
ment et sont au réconfort pour lui au mo-
ment où des hommes, qui se réclament de ta
liberté, prétendent lui fermer la bouche.
Le Peuple comprend un régime de liberté
et veut que les hommes qui ont quelque
chose dans ie coeur, le disent sans détours.
Et c’est pourquoi ii est venu parier au coeur
de Paris.
M. Briand assume l’entière responsabilité
de tout ce qu’il a faitet si, étant au pouvoir,
il a pu émouvoir ses amis, il devait a la con-
fiance qü’on avait mise en lùi d’accomplir
ces actes quelque pénibles qu’ils fussent.
La masse, sourde aux cris de haine, s’édu-
que de plus en plus; elle comprend que
c’est par un effort lent qu’elle peut réaliser
le mieux être.
Quand un homme s’offre à la conduire,
elle le suit. Et c’est cette confiance qui per-
met de réaliser la tâche fixée.
a Nous sommes à une heure décisive. Deux
voies s’offrent devant le pays ».
M. Briand ne craint pas que la France dé-
serte te régime républicain à qui elle doit la
paix et des améliorations successives, Hais.
le Parii Républicain doit gouverner pour la
France entière. L’administration n’est pas au
service d’une classe. Il faut ouvrir la Fiance
à tons ses enfants t
M. Briand n’a jamais songé à désarmer les
états majors, mais ia masse en a assez d’être
toujours sous les coups que les états majors
se distribuent chaque jour.
L’orateur dit qn’on traite ses amis dé bou-
langistes parce qp’ils ont défendu l’idée de
patrie. Cependant, cette soriè de boulan-
gisme a infiltré la rue de Valois qui a pris le
programme défendu par MM. Briand, Bar-
thou et Mülerand dans leurs discours.
La loi de trois ans, la réforme fiscale sans
déclaration contrôlée, ia réforme électorale.
Voilà nos idées, dit M. Brjrnd. Elles ont
assuré ie succès des républicains venus de
Pan qui ies avaient adoptées. C’est donc que
ces idées avaient une force régulière.
Parlant des événements recents, M- Briand
dit que l'influence politique pénètre partout,
corrompt tout. lien résulte que ie malaise
se répand dans le pays :
« Nous voulons apporter à ce pays des re-
mèdes qui peuvent le guérir. Il tant que ia
République fisse régner la concorde et la
justice parmi les travailleurs. Ede doit don-
ner aux syndicats le droit de posséder et les
njoy«ns'dvutiiiser leur activité et d’aller sur
le marché du travail ».
M. Briand voudrait que ce soit la France
qui soit la première à avoir affranchi ie tra-
vailleur et proclamé la justice sociale.
M. Bria ida fini. Ses amis se précipitent
vers lui et ie feiieitent.
On crie : « Vive Briand ! Vive Miüerand ! »
Et l’ovation dure plus d'nn quart d’heure
— jusqu’au départ de M. Briand.
M. Briand a quitté la salle du banquet
sans incidents sérieux.
Au cours des manifestations qui se sont
produites depuis 8 heures du soir aux abords
ae l’Elysee-Montmartre, six arrestations ont
été obérées pour cris séditieux et voies de
fait.
La station dn Métropolitain d’Anvers a été
ouverte à 11 heures.
Au cours des manifestations, un agent de
PQlice a été blessé d’an coup de canne.
La Commission d’Jünquête
sur l'Affaire Rochetie
iVF. Maurice Darré* proleute con-
tre le* conclusions ite ia Voin -
Mission.
M. Maurice Barrés, député de la Seine, a
adressé à ia Commission d’enquête une pro-
testation contre les conclusions qu’eiie a
adoptées.
C'est d’abord l’altération du texte de M.
Jaurès que M. Barrés critique.
Il en.resuite que les conclusions qui de-
vaient être un rigoureux raccourci de la
réalité ne constituent plus qu’un document
minime ne- comportant aucune sanction.
L'apparente impartialité de la Commission
est clone une absolution injustifiée des faits
graves qui ont été apportés devant elle,
M. Btrrès prend pour exemple la pression
de M. Monis Sur ie procureur Fabre, pres-
sion avouée par son auteur et qui tombe
manifestement sous le coup de l’articlev179
du Code pénal, sons le mot « menaces ».
M. Barrés proteste donc contre l’acte du
commissaire qoi, chargé de taire ia justice
au nom du pays, doune au pays le spectacle
de i’inj ustice, de l’indulgence envers: un
homme politique convaincu d’abus de pou-
voir évident.
M. Barrés applique le même raisonnement
à M. Caillaux, complice de M. Monis.
Il s’élève ensuite contre le manque de
sanction contre les dénégations manifeste-
ment mensongères opposées par le ministre
actuel aux indications contrôlées par la Com-
mission.
Enfin, les conclusions de Ta Commission
constituent nne atteinte à ta conscience na-
tionale. C'est une leçon d’immoralité politi-
que qu’elles donnent à tout le pays ; c’est
un spectacle d’immunité accordée aux puis-
sants en face des humbles et des faibles.
M. Barrés ne yeut oas s’associer à cet
acte,
LE MEURTRE DE M- CALMETTE
L'Instruction
M. Vervoort, rédacteur au Gil Blas a con-
firmé à M. Boucard la déposition de son
directeur, M. Mortier.
Lorsqu’il fit valoir à Mme Gueydon les rai-
sons qui empêchaient la publication des
lettres dans te Gil Blas, son interlocutrice
n’insista pas le moins du monde.
Le témoin est convaincu qae M. Calmette
n’aurait pas publié les lettres intimes de M.
Caillaux.
M. Gustave Viterbo a entendu M. Calmette
à l’assemblée des journalistes parisiens tenue
quelques joors avant le drame, faire allusion
à certain documents qu’il possédait. M. Vi-
terbo eut l’impression absolument nette
qu’il s’agissait de documents politiques.
M- Avril, rédacteur au Figaro, proteste
contre l’interprétation donnée par M. Mor-
tier aux paroles : « Ce n’est pas fini ; noue
avons d’autres choses en réserve I ».
Il affirme que ces paroles faisaient allu-
sion au document Fabre, le senl que possé-
dait M. Calmette, en outre du document
concernant l’attitude de M. Caillaux dans
la cession du Congo et que des raisons pa-
triotiques empêchaient de publier.
En terminant, il rend hommage & l’intô
grité morale dé M. Calmette.
UN TORPILLEUR COULÉ
TOULON. — Le torpilleur 858 a coulé ea
face du cap Lardier, a i’Oaest de Saint-Tro-
pez, près de l’endroit où, ii y a nne dizaine
d’années, coula le torpilleur l'Espmgole.
Un groupe de torpilleurs de ia défense de
Toulon était parti pour effectuer des exer-
cices quand une voief d’eau se déclara à la
coque du torpilleur 358 par suite du défoa»
cernent des tôles.
L’équipage essaj a en vain de procéder i
nne réparation de iortune, mais le danger
devenant de plus en plus grand on songea
an sauvetage de l’équipage.
Tous les nommes purent être sauvés pat
le torpilleur 347,
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