Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-03-28
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 mars 1914 28 mars 1914
Description : 1914/03/28 (A34,N11922). 1914/03/28 (A34,N11922).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172087t
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
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Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage .des Journaux de la Région
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AU H A VR.E .* BUREAU DU JOURNAL, 112, boul 4 de Strasoourg.
g L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est -
A PARIS....7r.. l seule chargée de recevoir les Annonces pour
{ le Journal.
Le PETIT HA VUE est désigné pour les Annonces Judiciaires et légats
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Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure, 4 BO 9 Fr a s Fr
l’Oise et la Somme,...:...*
Autres Départements..., 6 Fr. 11 50 S53 »
Union Postale.. SLO » 20 Fr. O »
On s’abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Posta de Franc»
DINIIBE Huit
Paris, trais heures matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES, 37 Mars, Dépêche de 4 h. 30
TON ' COURS HAUSSE BAISSE
CBIVRE j ' \
Comptant. racilo 164 17/6 -/- -/- .
3 mois.....) i £65 5/- i/o
. ETAIA |
Comptant,.) ; * 174 8/- -/- . 15/-
3 mois J calme,* 1176 2/6 -/- * ta/6
FEU j 1
Comptant..) cajme 15°/ 7 % 111 * 4
3 mois....) *81/1 K ~h 2%d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 26 mars UU.
NEW-YORK, 27 MARS
Cotans i mars, inchangé ; mai, hausse
i point ; juillet, hausse i point; octobre,
Inchangé. — Soutenu,
t. Calés t baisse 4 à 10 points.
NEW-YORK, 27 MARS
t. M ion i. ruGUiti
Cuivre Standard disp. 14 — Ii 06
avril 14 — 14 06
Anialyniuat, 75 5'8 7a 3/4
tfev 15 25 15 26
CHICAGO, 27 MARS
Blé sur Mai. 93 1/4 93 li*
— Juillet.... 89 »/» 89 i 8
Maïs sur Mai t8 5/8 68 3 8
— Juillet.... 69 1/8 68 *4
Saindoux sur. Mai....... 10,8i 10 60
- Juillet.... 10 72 10 75
L’IMPOT SUR LE REVENU
A la Commission de Législation fiscale
La Commission de législation fiscale saisie
pour examen du projet de la Commission*
du budget relative à l'imuôt sur le revenu -a-
emis uu voeu dans lequel eue s'exprima
ainsi :
La Commission remarque avec satisfac-
tion que ia plupart des principes essentiels!
contenus dans ce projet sont identiques à*i
ceux qui ont été admis par la Commission';
de législation fiscale dans le texte qu’elle 1
présente à la Chambre en ce qui concernes;
l'impôt sur le capital, savoir :
1° des diminutions d’impôts considérables» i
accordées aux personnes mariées et aux fa-
milles nombreuses ; 2» dans l'établissement
de l’assiette de l’impôt, la réduction au mi-
nimum des contacts entre tes redevables et
l’administration du recouvrement ; 3« l'éta-
blissement au décès des redevables de
sanctions contre ceux qui auraient été in-
suffisamment imposés de leur vivant, étant
d’ailleurs observé que ces sanctions au dé-
cès en matière d'impôt sur le revenu n'ex-
cluent en aucune façon la possibilité d’y
adjoindre ultérieurement d’autres sanctions
opérant pendant la vie des redevables avec
maintien sur atténuation de celles prévues
au décès par la Commission du budget.
La Commission ne s’est pas encore oeen-
pée do l’impôt sur la rente.
LE MEURTRE DEM. CALMETTE
À l’Instruction
M. Boucart, juge d’instruction, a entendu
M. Buchet dont la soeur, amie de Mme Cail-
laux, reçut de cette dernière l’expression de
ses craintes au sujet de la publication des
lettres.
M. Henry Bernstein, ami intime de M. Cal-
mette, est ensuite venu déclarer que con-
trairement aux dires de Mme Estradère,
M. Calmette n’aurait eu nul besoin d’une in-
tervention intéressée pour obtenir une entre-
vue avec Mme Gueydon.
En effet, M. Bernstein lui-même et une
amie commune qui recevait Mme Gueydon
auraient facilement pu, si M. Calmette l’avait
désiré, ia mettre en rapports avec le direc-
teur du Figaro.
En tous cas, ce n’est pas à Mme Estradère
que M. Calmette aurait confié une mission
compromettante car ii était dans les termes
|es plus froids avec sa collaboratrice qui ne
possédait à aucun titre sa confiance.
A LA COUR D’ASSISES DE LA SEINE
L’Attentat de Bezons
S Parmi les témoins entendus hier après-
midi, M. Despujols, ingénieur à Bezons, est
venu déclarer qu’il téléphonait le 8 novem-
bre 1912, vers neuf heures du soir, lorsqu’il
entendit des voix s’élever, puis des cris de :
« Au secours 1 A l’assassin! » suivis de bruits
de détonations.
11 se précipita vers le bureau de poste et
quand il arriva, il trouva M. Carlier qui res-
pirait encore mais qui expira bientôt.
M. Erlbach, chez qui fréquentait Lacombe,.
vient dire qu’il entendit celui-ci tenir le pro-
pos suivant le lendemain du drame de Be-
zons : « Nous sommes allés hier soir faire un
coup daDS un bureau de poste ; nous avons
tué un homme qui tenait Denis par le cou».
1 L’audience est renvoyée an lendemain.
» Une dizaine de témoins restent à entendre.
Dernière Heure Régionale
Violent Incendie à Etretat
Au moment de mettre sous presse nous
apprenons qu’un incendie excessivement
grave s’est déclaré cette nuit à Etretat.
Tout un quartier de lu ville serait en
flammes.
A 2 heures du matin, le secours des pom-
piers du Havre a été sollicité, et, sur les ins-
tructions de M. le sons-préfet, i’auto-pompe
numéro i est partiè sous les ordres du lieu-
tenant Laforest.
La Disette de Main-d’OEuvre
ea Europe et l’Avenir
do Vieux Continent
Dans un récent article, intitulé Les
Transformations récentes de l'émigration eu-
ropéenne, nous constations qu’au moins au
coeur de l’Europe civilisée l’émigration
tend à faire placeà l’immigration.'Au point
de vue du rayonnement du Vieux Conti-
nent sur le Monde il y a là un fait histo-
rique de grande importance ; mais au point
de vue de l’avenir européen lui-même, la
chose n’apparaît plus seulement importante,
elle est grave. Notre article du 5 mars ap-
pelle donc nécessairement une suite. Après
avoir envahi le Monde, qui sait si, dans
l’avenir, l’Europe ne sera pas, à son tour,
envahie par lui ?
Les raisons qui ont fait diminuer très
rapidement l’émigration de l’Europe cen-
trale depuis vingt ans sont très claires.
C’est d’une part la mise en valeur de plus
en plus intensive du Continent, dont l’effet
naturel est de retenir sur place toutes les
énergies disponibles ; c’est aussi (bien que
les conséquences du phénomène commen-
cent à peine à se faire sentir ailleurs qu’en
France) la baisse rapide et générale de la
natalité. La première cause est déjà en
pleine action dans les pays germaniques
ainsi qu’en France, mais elle tardera da-
vantage à s’exercer dans les pays méditer-
ranéens, et l’on ne peut prévoir le moment
où elle s’appliquera aux milieux slaves.
Quant à la seconde, elle est en plein épa-
nouissement dans les régions françaises ;
mais il est facile de voir qu’elle menace
directement et presque immédiatement
l’Allemagne, l’Angleterre et d’une façon
générale toutes les sociétés européennes de
civilisation raffinée et de richesse considé-
rable. J’ai cru longtemps que la baisse de
la natalité était une question exclusive-
ment française, dangereuse pour la France
seule. Il devient évident, pour tous ceux
qui se soucient de regarder unpeu loin,
que c’est dès maintenant ou sf Ton Veut
que ce sera dès demain une question in-
téressant l’avenir même de l’Europe et sa
place dans le Monde.
Les causes de la baisse de la natalité
sont ultra-connues, et je ne pense pas
qu’on ait, depuis un quart de siècle, écrit
rien de nouveau sur le sujet. Ce n’est pas
affaire de vigueur physique, mais exclusi-
vement de préoccupations économiques. Je
n’oublie pas sans doute, chez les popula-
tions très catholiques, la déférence aux re-
commandations de l’Eglise, mais de facteur
va diminuant d’importance chaque jour, et
'es gens (quand ils sont conscients) ne se
laissent guère plus guider en matière de
repeuplement — c’est uu fait— que par
des considérations d’économie : dans l’état
actuel de la société, les enfants, pour em-
ployer l’expression anglaise, ne « paient »
plus. Il en résulte (et l’on doit sans doute
le regretter) que les populations qui réflé-
chissent et raisonnent, c’est-à-dire les po-
pulations civilisées par opposition aux po-
pulations frustes ou rudimentaires, ont de
moins en moins d’enfants. Et qu’on ne s’y.
trompe pas, qu’on n’ailie se faire aucune
illusion, il en sera ainsi de plus en plus.
C’est nous Français qui avons les pre-
miers donné l’exemple, mais cet exemple
est aujourd’hui suivi de tous nos voisins,
dans la proportion même de leur richesse
et de leur raffinement. Sans qu’il soit be-
soin d’aucune considération, les chiffres,
dans leur état brut, sont probants :
T‘“"rde la natalité par 1,000 habitants.
1874-76 1908-10
Angleterre 35^9 p. 1,000 25,9 p. 1,000
Allemagne. ... 36 3 31,6
Autriche 38,8 33,2
Italie..... 37» 32,9
Belgique 31 8 24,3
Suède......... 30,3 25,4
Espagne 35,8 33.5
France25,3 19,8
Ainsi, le mouvement dé décroissance est
général ; il est particulièrement intense en
France et en Belgique, mais il s’affirme
avec une égale netteté dans toute l’Europe
centrale et même dans les pays méditerra-
néens. Seules les sociétés slaves ou semi-
orientales conservent les chiffres d’antan,
la Russie par exemple avec 48 naissances,
pour 1000, la Roumanie avec 40 pour 1000 :
j dés conditions en quelque sorte patriarca-
1 les continuent d’y prévaloir, et l’accroisse-
ment de la population y. est justement'pos-
sible parce que notre civilisation occiden-
tale ne s’y est encore qu’imparfai tentent
implantée.
La conclusion de ces faits s’impose, et
: elle est inquiétante. Il ne s’agit plus de sa-
voir si l’Europe continuera de peupler le
monde (elle ne le fait déjà plus qu’avec ses
éléments inférieurs), mais si elle sera ca-
pable de se peupler elle-même. C’est au
moment où l’activité industrielle du vieux
continent prend des proportions jusqu’ici
insoupçonnées que la matière humaine, si
; j’ose dire, lui fait défaut : il multiplie ses
■ capitaux, ses établissements de production,
ses machines, et voici que la ma în-d’oeuvre
1 lui manque pour mettre tout cela en ac-
■ tion t
■ L’exemple de la France, à cet égard, est
| bien connu. Dans le Nord, ce sont les Bel-
’ ges qui sont devenus nécessaires et se ré-
pandent annuellement dans vingt-cinq dé-
partements ; les Italiens envahissent notre
Midi ; à la Suisse nos fermiers et nos 'éle-
veurs empruntent périodiquement d’excel-
lents vachers et des domestiques de cultu-
re. L’appel à nos voisins n’a même pas
suffi : les Polonais commencent à affluer.
Dans l’Est, le récent et immense développe-
ment de notre industrie métallurgique n’est
possible que grâce à l’immigration de tra-
vailleurs exotiques ; l’arrondissement de
Briey contient plus de 50,000 étrangers. Ce
ne sont même plus toujours de3Ëuropéens :
les « chéchias » des Kabyles ont fait leur
apparition dans le bassin minier de Lens, et
tout récemment — le fait est grave — il y
a eu un embauchage de 2,000 Chinois.
Ce déficit de main-d’oeuvre n’est pas
limité à la France ; l’Allemagne en souffre
également. Dès aujourd’hui plus de 500,000
ouvriers slaves sont employés sur son ter-
ritoire, et c’est un des symptômes de cette
poussée ethnique russe, à laquelle nous fai-
sions allusion dans un précédent article et
dont les Allemands commencent à s’effrayer
sérieusement. Leur crainte du reste est lé-
gitime, car si leur natalité continue à dé-
croître au moment où celle des Russes se
maintient, il est inévitable qu’un envahis-
sement pacifique se produise de l’Est vers
l’Ouest. L’Allemagne, qui est toute voisine,
de l’immense réservoir de populations
qu’est la Russie, sera, plus que toute autre
Puissance occidentale, menacée par l’inva-
sion slave.
Or les Slaves sont sans doute encore des
Européens, mais tout proches déjà de l’Asie.
La slavisation de l’Europe serait pour elle
un commencement de déformation. Que dire
si des éléments extra-européens de plus en
plus nombreux devenaient, d’üne façon
chronique, nécessaires à sa mise en valeur?
C’est là que gît pour notre vieux continent
le véritable péi il de l’avenir, celui d’une
invasion lente et pacifique sans doute, mais
irrésistible, d’éléments ethniquement et so-
cialement étrangers. L’Empire romain a
jadis souffert du même mal. Pourquoi ca-
cher que nous en sommes atteints ? La civi-
lisation, en s’épanouissant, tend à produire
des conditions d'existence qui empêchent
son; renouvelleinetU, Les ueubteg. pauvçq^
ont Beaucoup d’enfants, parce qu'une vie ru-
dimentaire leur suffit ; les peuples civilisés
ne s’accroissent plus, parce que l’éducation
et l’existence d’un civilisé coûtent trop
cher et exigent trop d’efforts. Il y a là une
sorte de loi d’équilibre, dont le jeu fatal et
inexorable abaisse les superbes que nous
sommes.
« La pire disette pour un pays est la
disette d’hommes », a écrit Jean-Jacques
Rousseau. Cette parole, qui déjà s’applique
dangereusement à la France, semble devoir
être vraie, dans un avenir qui déjà se pres-
sent, pour tout l’Occident européen.
ANDRÉ SIEGFRIED.
Essai de Conclusion
(AVANT LA LETTRE)
Défendre dans la presse la liberté
individuelle est bien — que cette li-
berté à ce certain moment puisse être
incarnée par un nommé Rochette, soit
— mais le directeur du « Rappel »,
dont l’intervention malencontreuse a
déclanché l’affaire qui nous occupe,
aurait dû penser que l’on n’oppose pas
l’arbitraire à l’arbitraire. Ses démar-
ches pour provoquer l’intervention
gouvernementale en javeur de Ro-
chette rendent désormais vaines ses
belles protestations de naguère contre
l’intervention gouvernementale du mo-
ment de Varrestation de Rochette. Le
rôle de la presse est noble, pour les
causes les plus sûres comme pour les
causes les plus désespérées, s’il s’inspire
vraiment de principes et ne laisse pas
soupçonner des intrigues politiques ou
des calculs intéressés.
Puisque je parle de la presse, je di-
rai tout de suite et tout net que le cas
du Figaro ne me paraît guère meilleur
que celui du Rappel. Certes, je déplo-
re l’alicntat de Mme Caillaux et la
perte du distingué Calmette ; certes ce
dernier avait le droit de mener contre
M. Caillaux une campagne à laquelle
celui-ci prêtait le jlanc, mais, outre
qu’il y a certains procédés que Ton
n’emploie pas, cette campagne laissait
trop apercevoir l'intrigue et les calculs
auxquels je viens de Jaire allusion.
T ajouterai qu’un de mes étonnements,
au cours de cette affaire, a été tout à
coup de découvrir que le Figaro était
un journal républicain, défenseur de
nos principes les plus chers, anticham-
bre de nos ministres les plus en vue.
L’amitié est une chose excellente ;
M. Maurice Bernard aurait dû se rap-
peler qu’il ne Jaut pas la galvauder en
la mettant au service de causes en tout
cas douteuses. C’était son devoir de
bon déjenseur de demander la remise
qui pouvait profiter à son client po-
chette, mais il n’avait qu’à-se limiter
aux moyens légaux pour l'obtenir et
non pas, & défaut, à, provoquer, par
son ami Caillaux, l’intervention gou-
vermentale. Il a commis une Jante
gi ave à T encontre des règles mêmes de
l’Ordre, dont il est un des pontifes ;
il a beau pour cacher cette Jaute et
ne pas avouer la démarche qu’il a Jaite,
invoquer ridiculement le secret projes-
sionnel et ne pas citer VX mystérieux
dont il a évoqué l’ombre, il paiera
sans doute de son bâtonnat espéré son
inconcevable légèreté.
MM.Monis et Caillaux ont cru devoir
tous deux étaler devant la Commission
l’intégrité de leur vie privée; que ne
mettent-ils leurs actes publics en ac-
cord avec cette virginité. Certes, on a ‘
l’habitude de soupçonner, à tort et à
travers, les hommes politiques, mais on
dirait qu’ils Jont tout ce qu’ils peuvent
pour cela. Il Jaut beaucoup de bonne
volonté pour croire que, simplement
pour Jaire plaisir à un ami, toute la
machine gouvernementale ait été mise
en mouvement. Mais, en admettant
qu’il en soit ainsi, où allons-nous si
nos ministres, dans une affaire aussi
grave que l’était déjà alors l'affaire
Rochette, croyent pouvoir accorder
ce qu’ôn. leur demande d’un coeur
léger, sans se soucier des conséquen-
ces. La justice est déjà bien diffi-
cile à rendre même dans la sérénité du
prétoire ; que sera-ce si, pour un oui
ou pour lin non, les ministres donnent
eux-mêmes l'exemple de la Jausser
de tout le poids de leur autorité.
Qu’ils ne disent pas qu’ils n’ont pas -
donné d’ordre — même s’ils n’ont ex-
primé qu’un désir, on sait bien qu’un
désir de ministre c'est un ordre,
surtout pour un pauvre Procureur
Général près la Cour d’appel de Paris
qui, évidemment, n’a pas à hésiter en-
tre sa conscience et sa situation.
Enfin, l’équité nous oblige à dire
qu’il est regrettable que M. Barthou
n’ait pas suivi l’exemple qui, hcqiore,
dcChs cëtM'àffdire', M. 'Briand èh lais-
sant le document Fabre au ministère
de la Justice et en imitant la discré-
tion de son collègue et ami. L’effort-
des bons républicains devrait tendre,
non pas à exploiter le scandale contre
des adversaires, mais à éviter, à l’ave-
nir, les occasions et les possibilités
mêmes de scandales, à bannir la Jaci-
lité qui nous Jait accueillir, sans sour-
ciller, dans les milieux politiques, tous
les hommes et tous les procédés ; qui,
par une pente douce, nous conduit de
la « bonne camaraderie » aux pires
abus et aux chocs en retour qui en ré-
sultent.
Il est grand temps, pour l’honneur
de la République, que ce régime de la
jacilité soit remplacé par un régime de
jermeté et de dignité sans lequel au-
cun gouvernement ne saurait avoir
l’autorité morale nécessaire.
Sans vouloir être un empêcheur de
danser un rond, surtout dans cette
modeste rubrique, je rappellerai, pour
marquer cette nécessité, ces mots pro-
phétiques d’un des Jondateurs de la
République, Edgar Quinet :
« Entre tant de partis ou de classes
qui se divisent, vous demandez lequel
aura la victoire ? Je réponds que celui-
là aura la puissance, Vautorité, la lé-
gitimité, qui, restant le plus fidèle à
l’idéal moral, s’en rapprochera davan-
tage. »
CASPAR-JORDAN.
Les Obsèques de Frédéric iislral
Les funérailles de Frédéric Mistral ont en
lien hier malin à dix heures, dans ca village
de Mailiane où il avait vécu son existence
glorieuse. Elles ont revêtu un caractère de
grandiose et impressionnante simplicité. On
avait procédé, jeudi soir à sept heures, à ia
mise en bière en présence des membres de
la famille. Sur ia poitrine du grand poète
ont été placées une photographie de Mme
Mistral a l’époque de son mariage, et une
photographie de Marie, nui depuis vingt-
sept ans, était la servante fidèle du maître.
A dix heures se fait la levée du corps. Le
curé de Mailiane, M. Celse, qui avait admi-
nistré les derniers sacrements à Mistral, a
officié, entouré par les curés des villages en-
vironnants. Les honneurs funèbres ont été
rendus par un escadron du 11® hnssards ve-
nu de Tarascon. Le cercueil est porté à l'égli-
se par tes hommes de Maiiiane qui ont tenu
à honneur de le porter ensuite sur leurs
épaules au cimetière.
Lé deuil était conduit par M. Rivière, frère
de Mme Mistral ; M. Damian, cousin du grand
poète, et Frédéric Mistral, son neveu.
Dans le cortège, qui comprenait environ
2,000 personnes, on remarquait M. Jacquier,
sous-secrétaire d’Etat aux beaux-arts, et le
colonel Péneloa, représentant le président
de la Républiqne.
A i’égiise, ou l’absoute a été donnée par le
curé Celse, l’abbé Mascie, ami personnel de
Mistral, a prononcé l’oraison funèbre du
grand poète provençal.
La fouie s’est ensuite réunie snr la place
de l’Eglise où les discours ont été prononcés.
C’est M. jacquier, sous-secrétaire d’Etat
aux beaux-arts, qui a donné lecture du dis-
> cours de M. lîené Vivian!, ministre de Tins-*
traction publique*
m dum EN CHEMIN DE FER
L'Assassinat II Mapipon Umi
—- ——
La Fuite du Meurtrier. — Son odyssée : à Avallou,
à Joigny et à Paris.
SON ARRESTATION AU HAVRE
Noire service de la Sûreté vient d’opérer
une excellente capture,celle d’un dangereux '
assassin dont i'exploit —-un crime commis
en wagon — fait l’objet depuis trois jours de
nombreux commentaires dans ia presse.
Voici des détails complets sur estte affaire
que nous avons tait connaître dans »o‘re
édition dî jeudi matin sous la rubrique
« Informations » :
Nous disions alors qu’un marchand de
bestiaux, Ernest Gnimard, âgé de 32 ans,
père de trois entants, et demeurant à Sur-
gy (Nièvre) avait été assassiné dans un train,
et jeté sur ia voie près de Augy, alors qu’il
regagnait son domicile, après avoir été ven-
dre à Paris, un groupe de douze chevaux
destinés à la boucherie.
Comme on ie verra par la suite, le coupa-
ble vient d’être arrêté en notre ville, aussi,
croyons-nous devoir donner quelques détails
complémentaires sur cette importante affai-
ra qui passionne non seulement les person-
nes ayant coutume de fréquenter les mar-
chés de Paris, mais aussi tous ceux qui, pra-
tiquant la vente de bétail snr pied ont l’ha-
bitude de circuler de jour et ae nuit en por-
tant avec eux d’importantes sommes d’ar-
gent.
t/e* Catlavre sur la Voie
Mercredi matin, à 5 h. 1/2, M. Léon Cha-
potin, habitant Augy, près d’Auxerre, em-
ployé de la voie s ur la ligue de Laroche à
Nevers, quittait sa maison pour se rendre à
son travail.
Au passage à niveau de la route d’Auxerre,
son attention tut attirée par divers objets
épars snr la voie, sur une longueur de 80
mètres : un petit chapeau d’enfant, des sou-
liers neufs, dès jupons, des bas, du sucre,
-des-boîtas ehocolat, etc. H fit part de sa
trouvaille à M. Tissier, brigadier poseur, qui
demeure au passage à nivean.
Tous deux, très intrigués, suivirent la
voie dans la direction d’Anxerre. Au kilo-
mètre 363, à 150 mètres du passage à niveau,
ils découvrirent, le long de la voie descen-
dante, le corps d’un homme étendu la lace
contre terre, dans un6 flaque de sang.
Le parquet d’Auxerre, prévenu par le
maire d’Augy, sè rendit sur les lieux. Les
premières constatations permirent d’établir
que le cadavre était tombé da train 131 qui
passe à Auxerre à 3 b. 17 du matin. Les
blessures à la tête et au visage, la main
droite du mort encore enfouie dans nne po-
che de son manteaa de fourrure indiquaient
que le malheureux avait été assassiné pen-
dant son sommeil. L’assassin s’était débar-
rassé du cadavre encombrant en le jetant
par la poriièreiTf"
Dans la poche intérieure de la veste de la
victime, on trouva un permis de circulation
délivré au nom d’Ernest Gnimard, timbré du
23 mars à la gare de Lyon, un récépissé tim-
bré de la gare de Sargy (Nièvre), un récépis-
sé de détaxe de 12 chevaux au même nom,
en date du 22 mars, une carte portant la
liste de douze chevaux livrés à Paris, nne
pièce établissant que le défunt avait reçu
une somme de 2,725 francs, et un gros por-
te-monnaie contenant 42 francs.
À l’aide de ces différentes pièces, l’identité
da défunt était facile à établir. On se trou-
vait en présence da cadavre de M. Ernest
Guimard, quarante ans, marchand de che;
vaux à Sargy (Nièvre). On apprit que, parti
de Surgy dimanche pour conduire douze
chevaux de boucherie au marché de Paris,
M. Guimard devait rentrer à son domicile le
matin, à l’arrivée du train 131, à Surgy. Ne
le voyant pas revenir, sa femme avait télé-
graphié à Auxerre.
Aussitôt informé du crime par le parquet,
le maire de Surgy prévint ia malheureuse
femme, mère de trois enfants : deux filles
de seize et sept ans et un garçon de neuf
ans. C’est à ces enfants qu’étaient destinés
les vêtements et les friandises trouvés sur la
voie. M. Guimard avait fait ccs emplettes la
veille à Paris.
Ajoutons que près de la station de
Champs-Saint-Bris, la gare après Augy, dans
là direction de Fevers, on trouva une cas-
quette neuve et un paquet de longes pour
chevaux. Ces longes appartenaient à M. Gui-
mard.
tS’une balte au front
L’autopsie a révélé que le marchand de
chevaux avait été tué d une balle de revol-
ver de gros calibre, qui le frappa en plein
front. Le projectile a été retrouvé dans ie
cervelet. La mort avait été instantanée. La
chate du corps sur ie ballast causa les au-
tres blessures remarquées au cou et au
visage.
Sans nul doute, le vol a été le mobile du .
crime.
A la gare de Lyon.M. Guimard était monté
dans un compartiment de troisième classe,
déjà occupé par trois voyageurs. Deux des
voyageurs descendirent e a gare d’Auxerre. Le
troisième voyageur devait être vraisembla-
blement l’auteur du crime et l’attentat a dû
être commis au départ d’Auxerre.
Dans ce compartiment en gare de Cercy-
la-Tour, une casquette a été trouvée sur la
banquette maculée de débris de cervelle.
Au marché aux chevaux, tout au fond# de
Vaugirard, il y eut un extraordinaire tu-
mntie lorsqu’on apprit par les journaux que
« Nénesse », c’est ainei qu’on désignait fami-
lièrement ie maquignon Guimard, avait été
assassiné en chemin de fer.
Jtt. tSuimard à Paria
M. Ernest Guimard était des plas connus
à Paris, sur le marché aux chevaux de la rue
Brancion, où il venait régulièrement depuis
une dizaine d’années.
Parti de Surgy (Nièvre) dimanche, dans la
matinée, M. Guimard, qui accompagnait un
i wagon contenant douze chevaux destinés a
la boucherie, arriva à Paris fcns l’après-midi.
Ul se rendit aussitôt me %$ercv. à 1 hôtel-
restaurant tenu pir M. Picquart où il avait
l’hibitade de descendre.
Lundi, dans ia matinée, M. Guimard sa
rendit au marché aux chevaux de Vaugirard.
A mi ii et demi, il avait vendu ses douze che-
vaux à la Compagnie française hippophagi-
que. Vers 5 heures, il loucha, à cette société
2,500 francs, solda ses dépenses chez M. bou-
des, puis au restaurant Trémouillère.
A huit heures, M. Guimard revint au res-
taurant Picquart, près de la gare de Lyon. U
dîna seul et fit un léger somme. A 10 h. 40,
il partit pour prendre son train, en compa-
gnie du commis Fernand Abraham.
M. Fernand Abraham, le commis de Gui-
mard, avait déclaré :
— J’ai accompagné mon patron au train
lundi soir. Sur le qaai, nous avons rencon-
tré un iudivila de trente-cinq ans environ,
grand, portant une forte moustache rousse,
coiffé d une casquette claire. Cet. individu,
nous lè connaissions, mon patron et moi,
pour l’avoir vu au marché aux chevaux. II
se disait courtier en chevaux. Il est monté
avec mon patron dans le même comparti-
ment. Sans doute ce voyageur pourrait-il
renseigner utilement sur le sort de l’infor-
tuné M. Guimard.
Celle déclaration fat commentée avec
bruit au marché. Quel était cet individu ?
Les maquignons cherchèrent. Sous le hall
où les eue vaux sont offerts à l’appréciation
des bouchers, dans les cabarets de la rue
Brancion, où les marchands, devant les ta-
bles embarrassées de verres traitent leurs
affaires argent comptant, chacun rappela ses
souvenirs afin de retrouver un élément qui
pût aider à la reconnaissance du mystérieux
personnage.
■■ C’en MStselusl !
Un marchand de chevaux que l’on appelle
communément « Sidi l’Arbi », donna chez
Trémollière, cabaret célèbre chez les bou-
chers de Vaugirard, quelques indications sur
l'énigmatique courtier en chevaux :
— Mais, tel que vous me le dépeignez, ce cour-
tier doit êlre Bachot, uu marchand de Courlenay,
habitant parfois à Monlereau et plus souvent â
Paris, dans les hôtels proches de la gare de Lyon.
Par ailleurs, M. Tnhet, nn marchand qui
avait serré ia main à Guimard, lundi, à
11 heures du soir, au départ du train à la
gare de Lyon, venait confirmer qu’il avait va
Bichot avec M. Guimard.
Alors, au marché aux chevaux, tous se mi-
rent à la recherche de Bachot, qui, sans dou-
te, donnerait de précieux renseignements
sur l’assassinat de M. Guimard. Mais, ni an
marché, ni dans ies bars proches, Bachot ne
fut découvert.
Un marchand. M. Soubeyrand, dit « Mi-
lord », déclara :
— Bachot, je l’ai vu pas plus tard que mardi
soir. Il était déjà revenu à Paris, et cependant ii
no m’a pas parlé de l’assassinat de Guimard. Ce-
pendant, il avait dû apprendre par les journaux
que le marchand avec lequel il était monté dans
le train avait été assassiné. Je l’ai vu à 5 heures,
dans un bistro de la ruo des Charbonniers ; il
était habillé de neuf. Je lui ai dit ;
» — Bachot, t’as l’air bien chic aujourd’hui ! »
11 m’a répondu :
» — Que veux-tu, mon vieux, on est en
bombe... Et, après m’avoir payé l’apéritif, il est
parti. »
Un autre marchand, M. Manrice, ajouta :
— Moi aussi, je l’ai rencontré mercredi, vers
6 heures, à la » Ville de Dreux », près de la gare
Montparnasse, il était en taxi-auto et semblât,
en effet, très « flambant neuf ». A moi aussi, il
a déclaré qu’il était en bombe. Mais pourquoi
diable, puisqu’il devait savoir la tragique fiu de
celui qu’il avait accompagné en chemin do fer,
pourquoi diable ce m’en a-t-il pas parlé ?
On s étonna alors de i’attitade de Bachot.
— Peut-être bien qu’il ne s’est pas montré parce
qu’il a peur des gens de la « secrète », suggéra
un marchand. Bachot a eu des histoires... Il a
peut-être peur...
Les inspecteurs de la Sûreté apprirent
qu’ii avait couché, sous un faux nom, dans
un hôtel de la rue de Cbâlons, pendant la
nnit de mardi à mercredi. Mais ensuite sa
trace se trouvait perdue.
Nous avons dit qu’on avait découvert sur
la voie du chemin de fer, des effets d’enfaut
jetés pêle-mêle près du corps de la victime.
Ces objets avaient été donnés à M. Gui-
mard, quelques minutes avant le départ du
train, par l’un de ses amis, M. Georges Gi-
rault, boucher. Le jeune fils de ce dernier
est en nourrice dans le pays de M. Guimard,
qui avait été chargé par lui de porter à la
nourrice de son fils un petit paquet.
M. Girault a déclaré :
— Lorsque je lui ai apporté le paquet
d’effets que je destinais à la nourrlee.de mon
fils, M. Guimard était déjà installe dans le
compartiment. J’ai aperça près de lui un
individu coiffé d’une casquette claire. Cet
individu, je le reconnais maintenant, c’était
Bachot.
M.a Fuite affolée île VAssassin
Il semble que Bichot ait voulu rééditer les
agissements da Leblanc, qui, en octobre
1908, entre Joigny et Laroche, assomma à
coups de marteau dans le même convoi, le
marchand de bestiaux Leuthreau.
Leblanc, descendit en g ire d’Auxerre, lais-
sant le cadavre de sa victime filer sur An-
ton, erra, désorienté, dans la ville, pour ren-
contrer finalement un employé des postes,
grâce à qai le nom de l’assassin fût connu
a’Auxerre. Leblanc se fit conduire à Troye»
en automobile et regagna Paris par le ré-
seau de l’Est.
Or, Bachot, véritablement affolé après son
lâche attentat, semble s’être inspiré de ca
triste exemple. D’an coup de revolver à bout
portant, il tne Guimard entre Auxerre et
Augy, s’empare du portefeuille de sa victi-
me, puis, apeuré par la présence du corps,
on voulant donner le change en laissant
i croire à une çhate accidentelle, jette le ca»
Administrateur • Délégué - Gérant
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Administrâtion, Impressions «t Annonces. TÉL. 10.47
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g L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est -
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Le PETIT HA VUE est désigné pour les Annonces Judiciaires et légats
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On s’abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Posta de Franc»
DINIIBE Huit
Paris, trais heures matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES, 37 Mars, Dépêche de 4 h. 30
TON ' COURS HAUSSE BAISSE
CBIVRE j ' \
Comptant. racilo 164 17/6 -/- -/- .
3 mois.....) i £65 5/- i/o
. ETAIA |
Comptant,.) ; * 174 8/- -/- . 15/-
3 mois J calme,* 1176 2/6 -/- * ta/6
FEU j 1
Comptant..) cajme 15°/ 7 % 111 * 4
3 mois....) *81/1 K ~h 2%d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 26 mars UU.
NEW-YORK, 27 MARS
Cotans i mars, inchangé ; mai, hausse
i point ; juillet, hausse i point; octobre,
Inchangé. — Soutenu,
t. Calés t baisse 4 à 10 points.
NEW-YORK, 27 MARS
t. M ion i. ruGUiti
Cuivre Standard disp. 14 — Ii 06
avril 14 — 14 06
Anialyniuat, 75 5'8 7a 3/4
tfev 15 25 15 26
CHICAGO, 27 MARS
Blé sur Mai. 93 1/4 93 li*
— Juillet.... 89 »/» 89 i 8
Maïs sur Mai t8 5/8 68 3 8
— Juillet.... 69 1/8 68 *4
Saindoux sur. Mai....... 10,8i 10 60
- Juillet.... 10 72 10 75
L’IMPOT SUR LE REVENU
A la Commission de Législation fiscale
La Commission de législation fiscale saisie
pour examen du projet de la Commission*
du budget relative à l'imuôt sur le revenu -a-
emis uu voeu dans lequel eue s'exprima
ainsi :
La Commission remarque avec satisfac-
tion que ia plupart des principes essentiels!
contenus dans ce projet sont identiques à*i
ceux qui ont été admis par la Commission';
de législation fiscale dans le texte qu’elle 1
présente à la Chambre en ce qui concernes;
l'impôt sur le capital, savoir :
1° des diminutions d’impôts considérables» i
accordées aux personnes mariées et aux fa-
milles nombreuses ; 2» dans l'établissement
de l’assiette de l’impôt, la réduction au mi-
nimum des contacts entre tes redevables et
l’administration du recouvrement ; 3« l'éta-
blissement au décès des redevables de
sanctions contre ceux qui auraient été in-
suffisamment imposés de leur vivant, étant
d’ailleurs observé que ces sanctions au dé-
cès en matière d'impôt sur le revenu n'ex-
cluent en aucune façon la possibilité d’y
adjoindre ultérieurement d’autres sanctions
opérant pendant la vie des redevables avec
maintien sur atténuation de celles prévues
au décès par la Commission du budget.
La Commission ne s’est pas encore oeen-
pée do l’impôt sur la rente.
LE MEURTRE DEM. CALMETTE
À l’Instruction
M. Boucart, juge d’instruction, a entendu
M. Buchet dont la soeur, amie de Mme Cail-
laux, reçut de cette dernière l’expression de
ses craintes au sujet de la publication des
lettres.
M. Henry Bernstein, ami intime de M. Cal-
mette, est ensuite venu déclarer que con-
trairement aux dires de Mme Estradère,
M. Calmette n’aurait eu nul besoin d’une in-
tervention intéressée pour obtenir une entre-
vue avec Mme Gueydon.
En effet, M. Bernstein lui-même et une
amie commune qui recevait Mme Gueydon
auraient facilement pu, si M. Calmette l’avait
désiré, ia mettre en rapports avec le direc-
teur du Figaro.
En tous cas, ce n’est pas à Mme Estradère
que M. Calmette aurait confié une mission
compromettante car ii était dans les termes
|es plus froids avec sa collaboratrice qui ne
possédait à aucun titre sa confiance.
A LA COUR D’ASSISES DE LA SEINE
L’Attentat de Bezons
S Parmi les témoins entendus hier après-
midi, M. Despujols, ingénieur à Bezons, est
venu déclarer qu’il téléphonait le 8 novem-
bre 1912, vers neuf heures du soir, lorsqu’il
entendit des voix s’élever, puis des cris de :
« Au secours 1 A l’assassin! » suivis de bruits
de détonations.
11 se précipita vers le bureau de poste et
quand il arriva, il trouva M. Carlier qui res-
pirait encore mais qui expira bientôt.
M. Erlbach, chez qui fréquentait Lacombe,.
vient dire qu’il entendit celui-ci tenir le pro-
pos suivant le lendemain du drame de Be-
zons : « Nous sommes allés hier soir faire un
coup daDS un bureau de poste ; nous avons
tué un homme qui tenait Denis par le cou».
1 L’audience est renvoyée an lendemain.
» Une dizaine de témoins restent à entendre.
Dernière Heure Régionale
Violent Incendie à Etretat
Au moment de mettre sous presse nous
apprenons qu’un incendie excessivement
grave s’est déclaré cette nuit à Etretat.
Tout un quartier de lu ville serait en
flammes.
A 2 heures du matin, le secours des pom-
piers du Havre a été sollicité, et, sur les ins-
tructions de M. le sons-préfet, i’auto-pompe
numéro i est partiè sous les ordres du lieu-
tenant Laforest.
La Disette de Main-d’OEuvre
ea Europe et l’Avenir
do Vieux Continent
Dans un récent article, intitulé Les
Transformations récentes de l'émigration eu-
ropéenne, nous constations qu’au moins au
coeur de l’Europe civilisée l’émigration
tend à faire placeà l’immigration.'Au point
de vue du rayonnement du Vieux Conti-
nent sur le Monde il y a là un fait histo-
rique de grande importance ; mais au point
de vue de l’avenir européen lui-même, la
chose n’apparaît plus seulement importante,
elle est grave. Notre article du 5 mars ap-
pelle donc nécessairement une suite. Après
avoir envahi le Monde, qui sait si, dans
l’avenir, l’Europe ne sera pas, à son tour,
envahie par lui ?
Les raisons qui ont fait diminuer très
rapidement l’émigration de l’Europe cen-
trale depuis vingt ans sont très claires.
C’est d’une part la mise en valeur de plus
en plus intensive du Continent, dont l’effet
naturel est de retenir sur place toutes les
énergies disponibles ; c’est aussi (bien que
les conséquences du phénomène commen-
cent à peine à se faire sentir ailleurs qu’en
France) la baisse rapide et générale de la
natalité. La première cause est déjà en
pleine action dans les pays germaniques
ainsi qu’en France, mais elle tardera da-
vantage à s’exercer dans les pays méditer-
ranéens, et l’on ne peut prévoir le moment
où elle s’appliquera aux milieux slaves.
Quant à la seconde, elle est en plein épa-
nouissement dans les régions françaises ;
mais il est facile de voir qu’elle menace
directement et presque immédiatement
l’Allemagne, l’Angleterre et d’une façon
générale toutes les sociétés européennes de
civilisation raffinée et de richesse considé-
rable. J’ai cru longtemps que la baisse de
la natalité était une question exclusive-
ment française, dangereuse pour la France
seule. Il devient évident, pour tous ceux
qui se soucient de regarder unpeu loin,
que c’est dès maintenant ou sf Ton Veut
que ce sera dès demain une question in-
téressant l’avenir même de l’Europe et sa
place dans le Monde.
Les causes de la baisse de la natalité
sont ultra-connues, et je ne pense pas
qu’on ait, depuis un quart de siècle, écrit
rien de nouveau sur le sujet. Ce n’est pas
affaire de vigueur physique, mais exclusi-
vement de préoccupations économiques. Je
n’oublie pas sans doute, chez les popula-
tions très catholiques, la déférence aux re-
commandations de l’Eglise, mais de facteur
va diminuant d’importance chaque jour, et
'es gens (quand ils sont conscients) ne se
laissent guère plus guider en matière de
repeuplement — c’est uu fait— que par
des considérations d’économie : dans l’état
actuel de la société, les enfants, pour em-
ployer l’expression anglaise, ne « paient »
plus. Il en résulte (et l’on doit sans doute
le regretter) que les populations qui réflé-
chissent et raisonnent, c’est-à-dire les po-
pulations civilisées par opposition aux po-
pulations frustes ou rudimentaires, ont de
moins en moins d’enfants. Et qu’on ne s’y.
trompe pas, qu’on n’ailie se faire aucune
illusion, il en sera ainsi de plus en plus.
C’est nous Français qui avons les pre-
miers donné l’exemple, mais cet exemple
est aujourd’hui suivi de tous nos voisins,
dans la proportion même de leur richesse
et de leur raffinement. Sans qu’il soit be-
soin d’aucune considération, les chiffres,
dans leur état brut, sont probants :
T‘“"rde la natalité par 1,000 habitants.
1874-76 1908-10
Angleterre 35^9 p. 1,000 25,9 p. 1,000
Allemagne. ... 36 3 31,6
Autriche 38,8 33,2
Italie..... 37» 32,9
Belgique 31 8 24,3
Suède......... 30,3 25,4
Espagne 35,8 33.5
France25,3 19,8
Ainsi, le mouvement dé décroissance est
général ; il est particulièrement intense en
France et en Belgique, mais il s’affirme
avec une égale netteté dans toute l’Europe
centrale et même dans les pays méditerra-
néens. Seules les sociétés slaves ou semi-
orientales conservent les chiffres d’antan,
la Russie par exemple avec 48 naissances,
pour 1000, la Roumanie avec 40 pour 1000 :
j dés conditions en quelque sorte patriarca-
1 les continuent d’y prévaloir, et l’accroisse-
ment de la population y. est justement'pos-
sible parce que notre civilisation occiden-
tale ne s’y est encore qu’imparfai tentent
implantée.
La conclusion de ces faits s’impose, et
: elle est inquiétante. Il ne s’agit plus de sa-
voir si l’Europe continuera de peupler le
monde (elle ne le fait déjà plus qu’avec ses
éléments inférieurs), mais si elle sera ca-
pable de se peupler elle-même. C’est au
moment où l’activité industrielle du vieux
continent prend des proportions jusqu’ici
insoupçonnées que la matière humaine, si
; j’ose dire, lui fait défaut : il multiplie ses
■ capitaux, ses établissements de production,
ses machines, et voici que la ma în-d’oeuvre
1 lui manque pour mettre tout cela en ac-
■ tion t
■ L’exemple de la France, à cet égard, est
| bien connu. Dans le Nord, ce sont les Bel-
’ ges qui sont devenus nécessaires et se ré-
pandent annuellement dans vingt-cinq dé-
partements ; les Italiens envahissent notre
Midi ; à la Suisse nos fermiers et nos 'éle-
veurs empruntent périodiquement d’excel-
lents vachers et des domestiques de cultu-
re. L’appel à nos voisins n’a même pas
suffi : les Polonais commencent à affluer.
Dans l’Est, le récent et immense développe-
ment de notre industrie métallurgique n’est
possible que grâce à l’immigration de tra-
vailleurs exotiques ; l’arrondissement de
Briey contient plus de 50,000 étrangers. Ce
ne sont même plus toujours de3Ëuropéens :
les « chéchias » des Kabyles ont fait leur
apparition dans le bassin minier de Lens, et
tout récemment — le fait est grave — il y
a eu un embauchage de 2,000 Chinois.
Ce déficit de main-d’oeuvre n’est pas
limité à la France ; l’Allemagne en souffre
également. Dès aujourd’hui plus de 500,000
ouvriers slaves sont employés sur son ter-
ritoire, et c’est un des symptômes de cette
poussée ethnique russe, à laquelle nous fai-
sions allusion dans un précédent article et
dont les Allemands commencent à s’effrayer
sérieusement. Leur crainte du reste est lé-
gitime, car si leur natalité continue à dé-
croître au moment où celle des Russes se
maintient, il est inévitable qu’un envahis-
sement pacifique se produise de l’Est vers
l’Ouest. L’Allemagne, qui est toute voisine,
de l’immense réservoir de populations
qu’est la Russie, sera, plus que toute autre
Puissance occidentale, menacée par l’inva-
sion slave.
Or les Slaves sont sans doute encore des
Européens, mais tout proches déjà de l’Asie.
La slavisation de l’Europe serait pour elle
un commencement de déformation. Que dire
si des éléments extra-européens de plus en
plus nombreux devenaient, d’üne façon
chronique, nécessaires à sa mise en valeur?
C’est là que gît pour notre vieux continent
le véritable péi il de l’avenir, celui d’une
invasion lente et pacifique sans doute, mais
irrésistible, d’éléments ethniquement et so-
cialement étrangers. L’Empire romain a
jadis souffert du même mal. Pourquoi ca-
cher que nous en sommes atteints ? La civi-
lisation, en s’épanouissant, tend à produire
des conditions d'existence qui empêchent
son; renouvelleinetU, Les ueubteg. pauvçq^
ont Beaucoup d’enfants, parce qu'une vie ru-
dimentaire leur suffit ; les peuples civilisés
ne s’accroissent plus, parce que l’éducation
et l’existence d’un civilisé coûtent trop
cher et exigent trop d’efforts. Il y a là une
sorte de loi d’équilibre, dont le jeu fatal et
inexorable abaisse les superbes que nous
sommes.
« La pire disette pour un pays est la
disette d’hommes », a écrit Jean-Jacques
Rousseau. Cette parole, qui déjà s’applique
dangereusement à la France, semble devoir
être vraie, dans un avenir qui déjà se pres-
sent, pour tout l’Occident européen.
ANDRÉ SIEGFRIED.
Essai de Conclusion
(AVANT LA LETTRE)
Défendre dans la presse la liberté
individuelle est bien — que cette li-
berté à ce certain moment puisse être
incarnée par un nommé Rochette, soit
— mais le directeur du « Rappel »,
dont l’intervention malencontreuse a
déclanché l’affaire qui nous occupe,
aurait dû penser que l’on n’oppose pas
l’arbitraire à l’arbitraire. Ses démar-
ches pour provoquer l’intervention
gouvernementale en javeur de Ro-
chette rendent désormais vaines ses
belles protestations de naguère contre
l’intervention gouvernementale du mo-
ment de Varrestation de Rochette. Le
rôle de la presse est noble, pour les
causes les plus sûres comme pour les
causes les plus désespérées, s’il s’inspire
vraiment de principes et ne laisse pas
soupçonner des intrigues politiques ou
des calculs intéressés.
Puisque je parle de la presse, je di-
rai tout de suite et tout net que le cas
du Figaro ne me paraît guère meilleur
que celui du Rappel. Certes, je déplo-
re l’alicntat de Mme Caillaux et la
perte du distingué Calmette ; certes ce
dernier avait le droit de mener contre
M. Caillaux une campagne à laquelle
celui-ci prêtait le jlanc, mais, outre
qu’il y a certains procédés que Ton
n’emploie pas, cette campagne laissait
trop apercevoir l'intrigue et les calculs
auxquels je viens de Jaire allusion.
T ajouterai qu’un de mes étonnements,
au cours de cette affaire, a été tout à
coup de découvrir que le Figaro était
un journal républicain, défenseur de
nos principes les plus chers, anticham-
bre de nos ministres les plus en vue.
L’amitié est une chose excellente ;
M. Maurice Bernard aurait dû se rap-
peler qu’il ne Jaut pas la galvauder en
la mettant au service de causes en tout
cas douteuses. C’était son devoir de
bon déjenseur de demander la remise
qui pouvait profiter à son client po-
chette, mais il n’avait qu’à-se limiter
aux moyens légaux pour l'obtenir et
non pas, & défaut, à, provoquer, par
son ami Caillaux, l’intervention gou-
vermentale. Il a commis une Jante
gi ave à T encontre des règles mêmes de
l’Ordre, dont il est un des pontifes ;
il a beau pour cacher cette Jaute et
ne pas avouer la démarche qu’il a Jaite,
invoquer ridiculement le secret projes-
sionnel et ne pas citer VX mystérieux
dont il a évoqué l’ombre, il paiera
sans doute de son bâtonnat espéré son
inconcevable légèreté.
MM.Monis et Caillaux ont cru devoir
tous deux étaler devant la Commission
l’intégrité de leur vie privée; que ne
mettent-ils leurs actes publics en ac-
cord avec cette virginité. Certes, on a ‘
l’habitude de soupçonner, à tort et à
travers, les hommes politiques, mais on
dirait qu’ils Jont tout ce qu’ils peuvent
pour cela. Il Jaut beaucoup de bonne
volonté pour croire que, simplement
pour Jaire plaisir à un ami, toute la
machine gouvernementale ait été mise
en mouvement. Mais, en admettant
qu’il en soit ainsi, où allons-nous si
nos ministres, dans une affaire aussi
grave que l’était déjà alors l'affaire
Rochette, croyent pouvoir accorder
ce qu’ôn. leur demande d’un coeur
léger, sans se soucier des conséquen-
ces. La justice est déjà bien diffi-
cile à rendre même dans la sérénité du
prétoire ; que sera-ce si, pour un oui
ou pour lin non, les ministres donnent
eux-mêmes l'exemple de la Jausser
de tout le poids de leur autorité.
Qu’ils ne disent pas qu’ils n’ont pas -
donné d’ordre — même s’ils n’ont ex-
primé qu’un désir, on sait bien qu’un
désir de ministre c'est un ordre,
surtout pour un pauvre Procureur
Général près la Cour d’appel de Paris
qui, évidemment, n’a pas à hésiter en-
tre sa conscience et sa situation.
Enfin, l’équité nous oblige à dire
qu’il est regrettable que M. Barthou
n’ait pas suivi l’exemple qui, hcqiore,
dcChs cëtM'àffdire', M. 'Briand èh lais-
sant le document Fabre au ministère
de la Justice et en imitant la discré-
tion de son collègue et ami. L’effort-
des bons républicains devrait tendre,
non pas à exploiter le scandale contre
des adversaires, mais à éviter, à l’ave-
nir, les occasions et les possibilités
mêmes de scandales, à bannir la Jaci-
lité qui nous Jait accueillir, sans sour-
ciller, dans les milieux politiques, tous
les hommes et tous les procédés ; qui,
par une pente douce, nous conduit de
la « bonne camaraderie » aux pires
abus et aux chocs en retour qui en ré-
sultent.
Il est grand temps, pour l’honneur
de la République, que ce régime de la
jacilité soit remplacé par un régime de
jermeté et de dignité sans lequel au-
cun gouvernement ne saurait avoir
l’autorité morale nécessaire.
Sans vouloir être un empêcheur de
danser un rond, surtout dans cette
modeste rubrique, je rappellerai, pour
marquer cette nécessité, ces mots pro-
phétiques d’un des Jondateurs de la
République, Edgar Quinet :
« Entre tant de partis ou de classes
qui se divisent, vous demandez lequel
aura la victoire ? Je réponds que celui-
là aura la puissance, Vautorité, la lé-
gitimité, qui, restant le plus fidèle à
l’idéal moral, s’en rapprochera davan-
tage. »
CASPAR-JORDAN.
Les Obsèques de Frédéric iislral
Les funérailles de Frédéric Mistral ont en
lien hier malin à dix heures, dans ca village
de Mailiane où il avait vécu son existence
glorieuse. Elles ont revêtu un caractère de
grandiose et impressionnante simplicité. On
avait procédé, jeudi soir à sept heures, à ia
mise en bière en présence des membres de
la famille. Sur ia poitrine du grand poète
ont été placées une photographie de Mme
Mistral a l’époque de son mariage, et une
photographie de Marie, nui depuis vingt-
sept ans, était la servante fidèle du maître.
A dix heures se fait la levée du corps. Le
curé de Mailiane, M. Celse, qui avait admi-
nistré les derniers sacrements à Mistral, a
officié, entouré par les curés des villages en-
vironnants. Les honneurs funèbres ont été
rendus par un escadron du 11® hnssards ve-
nu de Tarascon. Le cercueil est porté à l'égli-
se par tes hommes de Maiiiane qui ont tenu
à honneur de le porter ensuite sur leurs
épaules au cimetière.
Lé deuil était conduit par M. Rivière, frère
de Mme Mistral ; M. Damian, cousin du grand
poète, et Frédéric Mistral, son neveu.
Dans le cortège, qui comprenait environ
2,000 personnes, on remarquait M. Jacquier,
sous-secrétaire d’Etat aux beaux-arts, et le
colonel Péneloa, représentant le président
de la Républiqne.
A i’égiise, ou l’absoute a été donnée par le
curé Celse, l’abbé Mascie, ami personnel de
Mistral, a prononcé l’oraison funèbre du
grand poète provençal.
La fouie s’est ensuite réunie snr la place
de l’Eglise où les discours ont été prononcés.
C’est M. jacquier, sous-secrétaire d’Etat
aux beaux-arts, qui a donné lecture du dis-
> cours de M. lîené Vivian!, ministre de Tins-*
traction publique*
m dum EN CHEMIN DE FER
L'Assassinat II Mapipon Umi
—- ——
La Fuite du Meurtrier. — Son odyssée : à Avallou,
à Joigny et à Paris.
SON ARRESTATION AU HAVRE
Noire service de la Sûreté vient d’opérer
une excellente capture,celle d’un dangereux '
assassin dont i'exploit —-un crime commis
en wagon — fait l’objet depuis trois jours de
nombreux commentaires dans ia presse.
Voici des détails complets sur estte affaire
que nous avons tait connaître dans »o‘re
édition dî jeudi matin sous la rubrique
« Informations » :
Nous disions alors qu’un marchand de
bestiaux, Ernest Gnimard, âgé de 32 ans,
père de trois entants, et demeurant à Sur-
gy (Nièvre) avait été assassiné dans un train,
et jeté sur ia voie près de Augy, alors qu’il
regagnait son domicile, après avoir été ven-
dre à Paris, un groupe de douze chevaux
destinés à la boucherie.
Comme on ie verra par la suite, le coupa-
ble vient d’être arrêté en notre ville, aussi,
croyons-nous devoir donner quelques détails
complémentaires sur cette importante affai-
ra qui passionne non seulement les person-
nes ayant coutume de fréquenter les mar-
chés de Paris, mais aussi tous ceux qui, pra-
tiquant la vente de bétail snr pied ont l’ha-
bitude de circuler de jour et ae nuit en por-
tant avec eux d’importantes sommes d’ar-
gent.
t/e* Catlavre sur la Voie
Mercredi matin, à 5 h. 1/2, M. Léon Cha-
potin, habitant Augy, près d’Auxerre, em-
ployé de la voie s ur la ligue de Laroche à
Nevers, quittait sa maison pour se rendre à
son travail.
Au passage à niveau de la route d’Auxerre,
son attention tut attirée par divers objets
épars snr la voie, sur une longueur de 80
mètres : un petit chapeau d’enfant, des sou-
liers neufs, dès jupons, des bas, du sucre,
-des-boîtas ehocolat, etc. H fit part de sa
trouvaille à M. Tissier, brigadier poseur, qui
demeure au passage à nivean.
Tous deux, très intrigués, suivirent la
voie dans la direction d’Anxerre. Au kilo-
mètre 363, à 150 mètres du passage à niveau,
ils découvrirent, le long de la voie descen-
dante, le corps d’un homme étendu la lace
contre terre, dans un6 flaque de sang.
Le parquet d’Auxerre, prévenu par le
maire d’Augy, sè rendit sur les lieux. Les
premières constatations permirent d’établir
que le cadavre était tombé da train 131 qui
passe à Auxerre à 3 b. 17 du matin. Les
blessures à la tête et au visage, la main
droite du mort encore enfouie dans nne po-
che de son manteaa de fourrure indiquaient
que le malheureux avait été assassiné pen-
dant son sommeil. L’assassin s’était débar-
rassé du cadavre encombrant en le jetant
par la poriièreiTf"
Dans la poche intérieure de la veste de la
victime, on trouva un permis de circulation
délivré au nom d’Ernest Gnimard, timbré du
23 mars à la gare de Lyon, un récépissé tim-
bré de la gare de Sargy (Nièvre), un récépis-
sé de détaxe de 12 chevaux au même nom,
en date du 22 mars, une carte portant la
liste de douze chevaux livrés à Paris, nne
pièce établissant que le défunt avait reçu
une somme de 2,725 francs, et un gros por-
te-monnaie contenant 42 francs.
À l’aide de ces différentes pièces, l’identité
da défunt était facile à établir. On se trou-
vait en présence da cadavre de M. Ernest
Guimard, quarante ans, marchand de che;
vaux à Sargy (Nièvre). On apprit que, parti
de Surgy dimanche pour conduire douze
chevaux de boucherie au marché de Paris,
M. Guimard devait rentrer à son domicile le
matin, à l’arrivée du train 131, à Surgy. Ne
le voyant pas revenir, sa femme avait télé-
graphié à Auxerre.
Aussitôt informé du crime par le parquet,
le maire de Surgy prévint ia malheureuse
femme, mère de trois enfants : deux filles
de seize et sept ans et un garçon de neuf
ans. C’est à ces enfants qu’étaient destinés
les vêtements et les friandises trouvés sur la
voie. M. Guimard avait fait ccs emplettes la
veille à Paris.
Ajoutons que près de la station de
Champs-Saint-Bris, la gare après Augy, dans
là direction de Fevers, on trouva une cas-
quette neuve et un paquet de longes pour
chevaux. Ces longes appartenaient à M. Gui-
mard.
tS’une balte au front
L’autopsie a révélé que le marchand de
chevaux avait été tué d une balle de revol-
ver de gros calibre, qui le frappa en plein
front. Le projectile a été retrouvé dans ie
cervelet. La mort avait été instantanée. La
chate du corps sur ie ballast causa les au-
tres blessures remarquées au cou et au
visage.
Sans nul doute, le vol a été le mobile du .
crime.
A la gare de Lyon.M. Guimard était monté
dans un compartiment de troisième classe,
déjà occupé par trois voyageurs. Deux des
voyageurs descendirent e a gare d’Auxerre. Le
troisième voyageur devait être vraisembla-
blement l’auteur du crime et l’attentat a dû
être commis au départ d’Auxerre.
Dans ce compartiment en gare de Cercy-
la-Tour, une casquette a été trouvée sur la
banquette maculée de débris de cervelle.
Au marché aux chevaux, tout au fond# de
Vaugirard, il y eut un extraordinaire tu-
mntie lorsqu’on apprit par les journaux que
« Nénesse », c’est ainei qu’on désignait fami-
lièrement ie maquignon Guimard, avait été
assassiné en chemin de fer.
Jtt. tSuimard à Paria
M. Ernest Guimard était des plas connus
à Paris, sur le marché aux chevaux de la rue
Brancion, où il venait régulièrement depuis
une dizaine d’années.
Parti de Surgy (Nièvre) dimanche, dans la
matinée, M. Guimard, qui accompagnait un
i wagon contenant douze chevaux destinés a
la boucherie, arriva à Paris fcns l’après-midi.
Ul se rendit aussitôt me %$ercv. à 1 hôtel-
restaurant tenu pir M. Picquart où il avait
l’hibitade de descendre.
Lundi, dans ia matinée, M. Guimard sa
rendit au marché aux chevaux de Vaugirard.
A mi ii et demi, il avait vendu ses douze che-
vaux à la Compagnie française hippophagi-
que. Vers 5 heures, il loucha, à cette société
2,500 francs, solda ses dépenses chez M. bou-
des, puis au restaurant Trémouillère.
A huit heures, M. Guimard revint au res-
taurant Picquart, près de la gare de Lyon. U
dîna seul et fit un léger somme. A 10 h. 40,
il partit pour prendre son train, en compa-
gnie du commis Fernand Abraham.
M. Fernand Abraham, le commis de Gui-
mard, avait déclaré :
— J’ai accompagné mon patron au train
lundi soir. Sur le qaai, nous avons rencon-
tré un iudivila de trente-cinq ans environ,
grand, portant une forte moustache rousse,
coiffé d une casquette claire. Cet. individu,
nous lè connaissions, mon patron et moi,
pour l’avoir vu au marché aux chevaux. II
se disait courtier en chevaux. Il est monté
avec mon patron dans le même comparti-
ment. Sans doute ce voyageur pourrait-il
renseigner utilement sur le sort de l’infor-
tuné M. Guimard.
Celle déclaration fat commentée avec
bruit au marché. Quel était cet individu ?
Les maquignons cherchèrent. Sous le hall
où les eue vaux sont offerts à l’appréciation
des bouchers, dans les cabarets de la rue
Brancion, où les marchands, devant les ta-
bles embarrassées de verres traitent leurs
affaires argent comptant, chacun rappela ses
souvenirs afin de retrouver un élément qui
pût aider à la reconnaissance du mystérieux
personnage.
■■ C’en MStselusl !
Un marchand de chevaux que l’on appelle
communément « Sidi l’Arbi », donna chez
Trémollière, cabaret célèbre chez les bou-
chers de Vaugirard, quelques indications sur
l'énigmatique courtier en chevaux :
— Mais, tel que vous me le dépeignez, ce cour-
tier doit êlre Bachot, uu marchand de Courlenay,
habitant parfois à Monlereau et plus souvent â
Paris, dans les hôtels proches de la gare de Lyon.
Par ailleurs, M. Tnhet, nn marchand qui
avait serré ia main à Guimard, lundi, à
11 heures du soir, au départ du train à la
gare de Lyon, venait confirmer qu’il avait va
Bichot avec M. Guimard.
Alors, au marché aux chevaux, tous se mi-
rent à la recherche de Bachot, qui, sans dou-
te, donnerait de précieux renseignements
sur l’assassinat de M. Guimard. Mais, ni an
marché, ni dans ies bars proches, Bachot ne
fut découvert.
Un marchand. M. Soubeyrand, dit « Mi-
lord », déclara :
— Bachot, je l’ai vu pas plus tard que mardi
soir. Il était déjà revenu à Paris, et cependant ii
no m’a pas parlé de l’assassinat de Guimard. Ce-
pendant, il avait dû apprendre par les journaux
que le marchand avec lequel il était monté dans
le train avait été assassiné. Je l’ai vu à 5 heures,
dans un bistro de la ruo des Charbonniers ; il
était habillé de neuf. Je lui ai dit ;
» — Bachot, t’as l’air bien chic aujourd’hui ! »
11 m’a répondu :
» — Que veux-tu, mon vieux, on est en
bombe... Et, après m’avoir payé l’apéritif, il est
parti. »
Un autre marchand, M. Manrice, ajouta :
— Moi aussi, je l’ai rencontré mercredi, vers
6 heures, à la » Ville de Dreux », près de la gare
Montparnasse, il était en taxi-auto et semblât,
en effet, très « flambant neuf ». A moi aussi, il
a déclaré qu’il était en bombe. Mais pourquoi
diable, puisqu’il devait savoir la tragique fiu de
celui qu’il avait accompagné en chemin do fer,
pourquoi diable ce m’en a-t-il pas parlé ?
On s étonna alors de i’attitade de Bachot.
— Peut-être bien qu’il ne s’est pas montré parce
qu’il a peur des gens de la « secrète », suggéra
un marchand. Bachot a eu des histoires... Il a
peut-être peur...
Les inspecteurs de la Sûreté apprirent
qu’ii avait couché, sous un faux nom, dans
un hôtel de la rue de Cbâlons, pendant la
nnit de mardi à mercredi. Mais ensuite sa
trace se trouvait perdue.
Nous avons dit qu’on avait découvert sur
la voie du chemin de fer, des effets d’enfaut
jetés pêle-mêle près du corps de la victime.
Ces objets avaient été donnés à M. Gui-
mard, quelques minutes avant le départ du
train, par l’un de ses amis, M. Georges Gi-
rault, boucher. Le jeune fils de ce dernier
est en nourrice dans le pays de M. Guimard,
qui avait été chargé par lui de porter à la
nourrice de son fils un petit paquet.
M. Girault a déclaré :
— Lorsque je lui ai apporté le paquet
d’effets que je destinais à la nourrlee.de mon
fils, M. Guimard était déjà installe dans le
compartiment. J’ai aperça près de lui un
individu coiffé d’une casquette claire. Cet
individu, je le reconnais maintenant, c’était
Bachot.
M.a Fuite affolée île VAssassin
Il semble que Bichot ait voulu rééditer les
agissements da Leblanc, qui, en octobre
1908, entre Joigny et Laroche, assomma à
coups de marteau dans le même convoi, le
marchand de bestiaux Leuthreau.
Leblanc, descendit en g ire d’Auxerre, lais-
sant le cadavre de sa victime filer sur An-
ton, erra, désorienté, dans la ville, pour ren-
contrer finalement un employé des postes,
grâce à qai le nom de l’assassin fût connu
a’Auxerre. Leblanc se fit conduire à Troye»
en automobile et regagna Paris par le ré-
seau de l’Est.
Or, Bachot, véritablement affolé après son
lâche attentat, semble s’être inspiré de ca
triste exemple. D’an coup de revolver à bout
portant, il tne Guimard entre Auxerre et
Augy, s’empare du portefeuille de sa victi-
me, puis, apeuré par la présence du corps,
on voulant donner le change en laissant
i croire à une çhate accidentelle, jette le ca»
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