Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-03-27
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 mars 1914 27 mars 1914
Description : 1914/03/27 (A34,N11921). 1914/03/27 (A34,N11921).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
54“ Aînée — N* H,921 (6 Pages) 5 Centimes — EDITION Ml MATIN—f Centimes (6 Pages) Vendredi 27 Mars 1014
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Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES. MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
IMETALTJX
' LONDRES, 26 Mars, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE)
CUIVRE
Comptant.. A<1 *65-/- -/- 7/6
3 mois 168 7/6 -/- 7/6
ETAIN
Comptant..] 1 174 15/- -/- 28/-
3 mois.....) caIme i 176 18/-. -/- 20/-
FER
Comptant.. caIme 180/7 % 1 d 2 d
3 mois 1 iSl/l % -/- 3d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse,
du 25 mars i/14.
NEW-YORK, 26 MARS
Cotons t mars, baisse 3 points ; mai;
baisse S points ; juillet, hausse 6 points ,
octobre, hausse 6 points — Soutenu.
Calés t hausse 9 à 14 points.
NEW-YORK, 26 MARS
c. 11 ton t. nictiui
Cuivre Standard disp. 14 06 44 12
— avril 14 06 14 12
Amalgamât, Cou... 75 3/4 76 3 8
Fer 15 25 15 25
CHICAGO, 26 MARS
r,, ■ ‘JStntssr
C. DU JOUR ■ C. PRECSD
Blé sur Mai....,TrK 93 1/4 93 1/4
— Juillet.... 1 §9 1,8. 88 7/8
Maïs sur Mai 68 3,8 69 1/8
— Juillet.... 68 3,4 4. 69 3/8
Saindoux sur. Mai io 60 1 40 78
— Juillet— 10 78 | HT 9*
L’AFFAIRE ROCHETTE
A propos da l’X. — Lettres anonymes
et fantaisistes
A la fia de l’àprès-midi.on a prétendu dans
les couloirs de la Cbambre que Rochette
avait fait parvenir à la Commission d’en-
quête soit directement, soit par un intermé-
diaire, nne lettre dans laquelle il déclare que
c’est lui l’X auquel M® Maurice Bernard a fait
allusion.
On ajoutait que Rochette précisait en outre
que la démarche de M® Maurice Bernard au-
près de M. Caillaux n’avait en lien ni le 32
mars ni le 24, mais le 23 mars.
M Jaurès, interrogé à ce sujet, a affirmé
n’avoir reçu aucune lettre de ce genre.
C’est sans doute, a-t-il dit, an député qui,
voulant se venger de la mystification d’Hé-
gésippe Simon, a imaginé cette histoire pour
mystifier à son tour les journalistes.
La Commission a reçu un certain nombre
dtj lettres anonymes ; elles ont toutes été je-
tées au panier. Dans la joarnée est parve-
nue une lettre fantaisiste signée « Guy, avo-
cat », qui se prétendait être l’X. Cette lettre
a subi le sort des autres...
LE MEURTRE DE M. CALMETTE
M" 15 Caillaux à l’Instruction
Dans la seconde partie de l’interrogatoire
qu’elle a subi hier, Mme Cailiaux dit, que
sentant son mari prêt à se rendre justice
lui-même, elle avait décidé de lui éviter les
conséquences d’un pareil acte.
Ce qui précipita sa détermination, c’est la
certitude que la publication des lettres inti-
mes la concernant suivrait celle de la lettre
signée « Ton Jo ».
« Ces lettres, dit Mme Caillaux, étalaient
toute notre intimité. Leur divulgation dé-
passait la portée d’ane attaque politique. »
Confrontée avec les garçons du Figaro Ni-
cet et Sirac, Mme Caillaux affirme, malgré
leurs dénégations, qu’elle entendit pronon-
cer son nom par deux voix différentes au
moment ou elle fut introduite auprès de M.
Cal mette.
Nicet fait observer qu’il ignorait alors son-
nom ; il ne connut l’identité de la visiteuse
qu’après le drame, lorsque Mme Caillaux
s’écria : « Je suis Mme Caillaux ; je viens de
me faire rendre justice 1 »
Sirac entra dans le bureau du directeur au
bruit des détonations.
Ace moment, Mme Caillaux se tourna
vers lai avant de tirer le sixième coup de
feu.
Sirac n’a pas, lui non pins, entendu pro-
noncer le nom de Mme Cailianx.
Après ces confrontations, Mme Caillaux a
été reconduite à Saint-Lazare.
A LA COMMISSION DU BUDGET
La Commission du budget s’est réunie
pour examiner le projet d’impôt complé-
mentaire sur le revenu.
Après une longue discussion, elle a adop-
té le texte présenté par M. Java! au nom de
la sons commision, texte qui s’inspire à la
lois du projet du gouvernement et des con-
clusions du rapport de M. Noulens sur le
projet d'impôt national sur le revenu. Des
[observations sont présentées par divers
membres de la Commission sur les articles
relatifs à la déclaration.
M. Messimy a également présenté des
observations sur les pénalités applicables au
décès, après inventaire.
M. Javal ne tenant pas à défendre lui-mê-
me le rapport devant la Chambre, la Com-
mission a confié le soin à son rapporteur gé-
néral, M. Clémentel.
La discussion en viendra au cours de la
loi de finances.
La disjonction en sera réclamée par plu-
sieurs députés.
L’AFFAIRE DU « SOU DU SOLDAT »
Dans l’affaire dn « Sou du Soldat », la 9e
chambre correctionnelle a prononcé par dé-
faut les condamnations suivantes :
Vvetot, secrétaire de la section des Bour-
ses à la C. G. T., un an de prison et 200 fr.
d’amende ; Jean Batas, Etcneverry et Marie,
six mois de prison et 100 fr. d’amende.
Tous les autres inculpés — à l’exception
de Marck, trésorier de la C. G. T., et de
Pierre Bond qui sont acquittés — sont con-
damnés à huit mois de prison et 100 francs
d'amende.
L’ASSASSINAT DE M. CADIOU
BREST. — Les commissaires de la brigade?
Riobile ont reçu hier un important témoi-
gnage, celai de M. Lemeur, entrepreneur à
Landerneau, qui, dans la nuit du 27 au 28
janvier, a vu une antomobile passer devante,
sa maison vers nne heure du matin.
fil
B
a
.La voiture venait de la direction de Mor-
laix et se trouvait sur la route de Brest qui
basse devant l’usine de la Grand’Palnd ; elle
repassa à tonte vitesse à trois heures, se di-
rigeant vers Morlaix.
Le 27 janvier étant jour de foire à Cam-
mana, on peut rapprocher les déclarations
ge M. Lemeur de celles de Mme Lequerré,
.amiante à Guipa vas. oui affirme que deux
fermiers de cette commune qui revenaient
de la foire lai ont dit avoir rencontré vers
deux heures du matin une antomobile arrê
tée sur la route, juste en lace de l’endroit de
bois où le cadavre de M. Gadiou était en-
foui.
L’hypothèse de l’assassinat de M. Cadiou
loin de Landerneau et du transport dn corps
en automobile près du Moulin, devient donc
de moins en moins invraisemblable si l’on
se rappelle que le cadavre, quand il fut re-
trouvé dans le bois le 5 lévrier, ne paraissait
être enterré que depuis quelques jours.
LA MORT DE MISTRAL
M. Jacquier, sous-secrétaire d’Etat aux
Beaux-Arts, a été chargé de représenter le
gouvernement aux obsèques du poète Mis-
tral.
» i«te •
MANIFESTATIONS A SAINT-ÉTIENNE
SAINT ETIENNE. — Hier soir, une note pa-
raissait dans le Mémorial de la Loire, invitant
les jeunes patriotes stéphanois à se rendre ie
soir, vers 6 h. 45, vers le monument des
combattants de 70. pour protester contre les
projets attribués aux élèves du Lycée d’adres-
ser des félicitations à M. Tbalamas pour sa
lettre à Mme Caillaux.
Hier soir, quelques groupes se trouvaient
réunis près du monument des combattants
aux alentours duquel de nombreux agents
de police circulaient sous la direction de
deux commissaires.
Invités à circuler, les manifestants parmi
lesquels se trouvaient de nombreux came-
lots du roy,' tentèrent de se former en cor-
tège. Des cris de : « A bas Caillaux 1 Cons-
puez Thalamas ! Vive le Roi 1 » furent pous-
sés.
Finalement, les groupes furent dispersés
par la police, mais non sans tumulte.
Au cours de ces incidents, 23 arrestations
furent opérées, mais ces arrestations ne fu-
ient pas maintenues.
M. Lallemand, préfet de la Loire, s’était
rendu sur les lieux pour diriger le service
d’ordre.
ÉLECTIONS AU
CONSEIL DÉPARTEMENTAL
DES BOUCHES-DU-RHONE
MARSEILLE. — Les instituteurs ont élu hier
leurs délégués au Conseil départemental de
l’enseignement primaire.
La liste des instituteurs syndiqués a été
élue contre celle de l’Amicale et de l’Asso-
ciation des instituteurs.
AU PARLEMENT D’ALSACE
STRASBOURG. — La deuxième Chambre du
Parlement a voté deux motions concernant
nne amnistie pour les Alsaciens-Lorrains
réfractaires et la création de consulats en
Alsace-Lorraine.
LA RÉVISION DE LA
CONSTITUTION ROUMAINE
BUCAREST. — Le Sénat a adopté en premiè-
re lecture, par 92 voix contre 2, la proposi-
tion concernant la révision de la Constitu-
tion.
ÉTRAN G EK
ALSACE-LORRAINE
Le dessinateur lia nsi
condamné à trois mois de prison
Le tribunal correctionnel de Colmar a con-
damné, mercredi malin, ie dessinateur Ilaasi
à trois mois de prison « pour offense verbale
à des officiers de l’armée allemande dans un
café de Colmar ».
Le procureur requérait six mois de pri-
son.
Plusieurs officiers, cités comme témoins,
ont déclaré que Hansi avait brûlé dn sucre
pour purifier l’air. Une servante de la bras-
serie, qui avait assisté à la scène, est venue
déclarer qu’elle n’avait pas eu l’impression
que le geste de Hansi fat insultant, et qu’il
lui était paru comme nne farce que le des-
sinateur avait voulu faire.
ALLEMAGNE
Un Torpilleur a varié
Le torpilleur de haute mer 193 a été épe-
ronné et défoncé au^essus de la ligne de
flottaison par ie torpilleur 108, pendant les
manoeuvres de nuit qui ont en lieu mardi. Il
a trois déchirures à tribord et une à i’étam-
bot à bâbord. Il sera conduit aux docks de
Kiel.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
I h UH IKTEMOIUILE
*08, rue St-Lazare, 108
(Immeuble de f HOTEL TERMINUS)
Le Repos de l’après-midi
du Samedi dans l’industrie
Il serait superflu, même pour servir d’in-
troduclion à cette étude sur une proposi-
tion de loi tendant à établir le repos de
l’après-midi du samedi pour les ouvriers
adultes et pour les ouvrières dans les éta-
blissements industriels, — il serait super-
flu, disons-nous, de prétendre entrer dans
une nouvelle démonstration de la nécessité
des lois, dites de réglementation du travail.
Il est trop évident que, dans une démo-
cratie surtout, des mesures générales doi-
vent être prises pour définir les rapports du
capital et du travail, d’une part — et pour
défendre, d’autre part, la moins forte dés
deux parties en présence, contre l’usage
abusif que l’autre pourrait être tentée de
faire de sa force de production, et ce, trop
souvent au détriment de la vie et de la
prospérité nationales elles-mêmes.
La nécessité de ces interventions de l’E-,
tat dans l’organisation du travail a, du
resta, ëié dès longtem ps reconnue et, sans
avoir à dire ici les tentatives généreuses,
mais peut-être tro> fréquemment malhabi-
les ou imprudentes du législateur de 1848,
il nous suffira de rappeler Foeuvre, consi-
dérable à ce point de vue, déjà accomplie
par la troisième République.
Mais le champ à labourer est encore vaste
et le développement de l’industrialisme,
les transformations économiques et les
changements des conditions de la vie so-
ciale révèlent tous les jours de nouvelles
réformes à accomplir.
Parmi toutes celles-ci, il en est une qui
a fait, dans ces dernières années, l’objet
des préoccupations de nombreux écono-
mistes et sociologues, aussi bien dans
les milieux parlementaires que parmi les
groupements divers qui s’intéressent plus
particulièrement aux questions sociales.
Il s’agit du repos de l’après-midi du sa-
medi assurée aux ouvriers adultes et aux
ouvrières des établissements industriels,
dont il apparaît que d’importants résultats
peuvent être attendus.
La France se trouve actuellement dans \
une période critique, il n’y a pas à le dissi-
muler : la diminution de la natalité, la
mortalité infantile considérable, l’effrayante
contagion de la tuberculose et la terrible j
extension de l’alcoolisme privent progressi-
vement l’industrie de main-d’oeuvre.
Quelle méthode ou plutôt quelles mé-
thodes convient-il d’employer pour remé-
dier à cette situation ? Élles sont évidem-
ment nombreuses et d’ordres très divers.
Revenant à la question qui nous occupe
aujourd’hui, nous dirons que l’alcoolisme
et surtout la tuberculose trouvent souvent
leur origine dans le surmenage des longues
journées, et que, si la mort visite de si
nombreux berceaux, c’est que trop de mères
sont retenues à l’usine et ne peuvent veil-
ler sur leurs enfants.
Une solution équitable ne pourrait-elle
donc pas être trouvée dans un meilleur
aménagement du travail, dans la fixation
de sa durée quotidienne, en tenant compte
des observations physiologiques, et dans
l’augmentation des repos et des loisirs qui
permettent la reconstitution régulière des
forces, la vie familiale et l’instruction?
Des considérations de cette nature se
sont, depuis quelque temps déjà, fait jour
dans les délibérations parlementaires. C’est
ainsi que le 4 juillet 1912, la Chambre
ayant adopté un projet de loi tendant à ré-
duire à dix heures la durée normale du
travail des ouvriers adultes dans les éta-
blissements industriels, M. de Mun deman-
da, par voie d’amendement à ce projet,
l’établissement de la semaine anglaise, ou
tout au moins un commencement de réduc-
tion de la durée du travail l’après-midi du
samedi.
Pour ne pas retarder le vote de la loi de
dix heures, ia Commission du travail
obtint de M. de IVIun qu’il fit de son amen-
dement une proposition de loi spéciale, qui
fut bientôt déposée, cependant que le
Conseil supérieur du travail décidait l’ou-
verture d’une enquête, à laquelle répondi-
rent 1,288 institutions ou associations. A
la suite de cette enquête, la majorité du
Conseil adoptait un voeu fixant la journée
légale de travail pour les femmes em-
ployées dans l’industrie, à dix heures pour
les cinq premiers jours de la semaine, et
arrêtant le travail du samedi à midi.
Pour les hommes adultes, la même réso-
lution du Conseil supérieur du Travail
proposait les dispositions suivantes :
« La journée de travail des hommes
adultes employés dans l’industrie reste
soumise, pendant les cinq premiers jours
de la semaine, aux règles établies par le
décret-loi du 9 septembre 1848, modifié
par l’article 2 de la loi du 30 mars 1900.
» Le samedi, dans les industries qui se-
ront déterminées par la Commission per-
manente du Conseil supérieur du Travail,
le travail pourra cesser, pendant toute
l’année, ou seulement une partie de l’an-
née, le samedi après-midi.
» L’heure de cessation du travail sera
arrêtée d’un commun accord entre les syn-
dicats patronaux et ouvriers de la ville,
ou de la région, ou à défaut par les Con-
seils de prud’hommes. »
Un peu plus tard, M. Chéron, qui avait
eu l’occasion comme ministre du travail
d’étudier la question, déposa, après son
départ du ministère, une proposition de loi
tendant à établir tout au moins le repos du
samedi après-midi pour les femmes.
Les propositions de MM. de Mun et Ché-
ron ont été étudiées par la Commission du
travail, qui n’a pas manqué de s’inspirer
également des résultats de l’enquête et des
résolutions du Conseil supérieur — et, en
Son nom, M. Justin Godart vient de déposer
son rapport sur le bureau de la Chambre.
Après avoir insisté sur le caractère de
haute utilité sociale et nationale que pré-
sente la réforme proposée, et examiné les
successifs aspects du problème, il conclut
à l’adoption d’un texte spécifiant que «dans
les manufactures, fabriques, usines, ate-
, tiers et chantiers, dans les mines, minières
et carrières, dans les entreprises de char-
gement ou de déchargement ainsi que dans
' les dépendances de tous ces établissements
de quelque nature qu’ils soient, publics ou
privés, laïques ou religieux, même lors-
qu’ils ont un caractère d’enseignement pro-
fessionnel ou de bienfaisance, deux ans
après la promulgation de la loi, là journée
de travail debout le personnel, soit mixte,
soit coiîrphsé d’adultes seuls, devra, le sa-
medi et les veilles des jours fériés légaux,
se terminer à 4 heures de l’après-midi et sa
durée ne pourra dépasser huit heures. »
Six ans après la promulgation de cette loi
la journée de travail le samedi et les veilles
dès jours fériés légaux devrait se terminer à
midi et sa durée ne pourrait dépasser cinq
heures.
Ces dispositions ne s’appliqueraient
point aux établissements qui, occupant
seulement des ouvriers adultes, n’en
comptent pas plus de cinq et n’emploient
pas une force motrice supérieure à trois
chevaux.
Sans doute, la Chambre actuelle n’aura
pas le loisir d’aborder l’étude de cette pro-
position et ce seront, par conséquent, les
députés élus aux scrutins prochains qui
seront appelés à se prononcer à son sujet,—
et nous ne pouvons donc aujourd’hui que
souhaiter qu’ils y apportent une solution
qui sache concilier à la fois les graves sou-
cis d’hygiène sociale qui ont animé les
membres de la Commission, et les légitimes
intérêts de l’industrie nationale.
F. POLET.
Récapitulons
(SUITE)
L’affaire Rochette, dans sa première
.phase, avait donné du fil à retordre à
M. Aristide Briand, garde des sceaux;
interpellé une première Jois pour avoir
laissé cet aimable financier poursui-
vre ses agissements, il le fut à nou-
veau, par la suite, pour l’avoir J ait
arrêter arbitrairement. Cela provoqua
même, on le sait, la première enquête
parlementaire ; de sorte qu’il faut
souhaiter qu’on ne s’occupe plus à
l’avenir de Rochette, ni en bien ni en
mal, car tout ce qui touche à cet hom-
me fatal doit avoir des dessous politi-
ques 1
Quoiqu'il en soit, à son retour au
ministère de la Justice, au début de
T912, M. Briand a la désagréable
surprise de constater que l’affaire qu’il
aurait voulu voir se solutionner rapi-
dement, était encore pendante, par
l’effet de la remise, devant la Cour
d’Appel ; il fait appeler le Procureur
Général et lui demande des explica-
tions ; le pauvre Procureur ne sait plus
à quel saint se vouer et pour se justi-
fier remet à son ministre une copie
d’une sorte de procès-verbal de son
entrevue avec M. Monis. Nous n'es-
sayerons pas de savoir exactement
quand l’original a été rédigé : M. Fa-
bre affirme que c’est le 22 mars 1911,
M. Caillaux affirme, son agenda en
main, que la démarche de M. Mau-
rice Bernard, qui a précédé toute cette
histoire, a eu lieu le 2$ mars.
M. Aristide Briand considère le
rapport Fabre comme une pièce confi-
dentielle, d’un caractère unilatéral
et qui ne pourrait être contrôlée que par
une enquête inadmissible sur ses pré-
décesseurs ; aussi, il se refuse à en
Jaire état devant la première Commis-
sion d’enquête et le Procureur, de
même, n’en souffle mot. Il circule ce-
pendant, depuis cette époque, des bruits
sur l'existence de ce Jameux procès•
verbal.
Lorsque M. BriancC quitte le minis-
tère de la Justice, il confie à son suc-
cesseur, M. Barthou, la pièce qui lui
avait été remise en tant que garde des
sceaux ; quand M. Barthou se retire à
son tour, il croit pouvoir l’emporter et
la garder désormais chez lui.
Les événements se précipitent] Nous
en arrivons à la campagne du Figaro
contre M, Caillaux dont « Vaboutisse-
ment, la conclusion logique était la
publication du rapport Fabre » (Figaro
du iy mars), «r Gaston Calmette, lâ-
chement Jrappé, n’a pas eu le temps de
,leporter à la connaissance du pays ».
(Figaro même date) bien qu’il eut donné
à M. Barthou sa parole d’honneur
qu’il ne le publierait pas
C’est, dès lors, M. Barthou lui-mê-
me qui se charge de faire connaître le
document visé en le lisant à la tribune,
le 18 mars, « parce qu’il estimait que
c’était un devoir d’honneur qu’il avait
à remplir envers Calmette ».
Ici une question à laquelle je ne me
charge pas de répondre : comment Cal-
mette a-t-il pu avoir une copie du rap-
port de M. Fabre ?
Ce dernier, indigné d’ailleurs que
son papier ne soit pas resté ail minis-
tère de la Justice, déclare que des tiers
n’ont pu en avoir connaissance que par
la copie remise à M. Briand, qu’il ne
s’est pas dessaisi uninstant de l’origi-
nal. M. Briand affirme qu’une copie
n’a pu être faite pendant que ce docu-
ment était sous sa garde, et M. Bar-
thou déclare non moins énergiquement
qu’il n’a pu être copié chez lui.
Mais, que dit ce rapport, outre ce
que nous savons déjà ? La phrase la
plus grave est celle-ci « M. Maurice
Bernard me déclara que, cédant aux
sollicitations de son ami le ministre
des finances, il allait se porter malade
et demander la remise ». Mais, il est
vrai que devant la Commission M. Fa-
bre lui-même a donné une toute autre
version de la genèse de cette affaire :
« Je sais que M. Maurice Bernard
était eh bons termes avec M. Caillaux
et qu'il a Jait intervenir M. Caillaux
pour obtenir cette remise ; s'il s’était
adressé directement à moi, j’aurais
rejusé ».
Quant à M. Maurice Bernard, il
affirme sur l’honneur que jamais M.
Caillaux ne l’a prié de demander la
remise ; mais il invoque le secret pro-
fessionnel pour se refuser à confirmer
la conversation que M. Caillaux dit
avoir eue avec lui et au cours de la-
quelle il aurait prié le ministre d’ap-
puyer sa demande de remise.
Plus tard, le secret professionnel
lui permet bien de révéler à la Com-
mission qu’une personne, ni homme
politique ni journaliste, est venue l’en-
courager à demander la remise au
Procureur en assurant qu’elle était
accordée d’avance ; mais ce secret se
fait de nouveau impérieux lorsqu’il
s’agit de désigner ce mystérieux per-
sonnage, trop bien renseigné.
M. Barthou vient encore augmenter
nos perplexités en nous déclarant que
M. Caillaux lui-même lui a dit que
Rochette aurait la liste des frais d’é-
mission de certaines affaires et dont la
publication pourrait entraîner une
grande émotion, sans doute, il est
facile de le comprendre, en révélant
les noms de ceux qui auraient émar-
gé.
M. Fabre et certains magistrats da
Parquet nous ramènent à des considé-
rations plus claires en nous montrant
l’intérêt évident qu’avait Rochette à
pouvoir poursuivre ses fructueuses opé-
rations pendant tout le temps de la
remise. Mais pourquoi faut-il que
sur une question du président de
la Commission, le Procureur Général
soit obligé de répondre qu’il n’a ja-
mais entretenu le ministre des Finan-
ces, M. Caillaux, des affaires Rochette
et de leur danger.
Nous croyons avoir exposé ainsi, le
plus impartialement possible, hier et
aujourd’hui, cette « ténébreuse affai-
re ». Gela nous permettra d’être d’au-
tant plus libre dans nos conclusions.
CASPAR-JORDAN.
mi in»
Ioiiielles_FolifSpes
Conseil de Cabinet
Les ministres et sous-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin au ministère des af-
faires étrangères, sous la présidence de M.
Gaston Doumergue.
M. Raynaud, souffrant, et MM. Noulens et
Gauthier, retenus à la Chambre des députés,
n’assistaient pas à la délibération.
Le Conseil a examiné successivement les
diverses questions à l’ordre du jour des deux
Assemblées.
Au Parti Républicain Démocratique
La Commission centrale exécutive du parti
républicain démocratique, réunie sous la
présidence de M. A. Carnot, a décidé de
mettre à la disposition des Comités et des
candidats du parti plusieurs tracts sur la loi
de trois ans. Ces tracts leur seront adressés
en nombre dans les premiers jours du mois
prochain en même temps que le texte du
discours que prononcera le jeudi 2 avril, au
Palais des Fêtes de Paris, M. Louis Barthou,
ancien président du Conseil, et d’autres bro-
chures et imprimés de propagande.
La Commission a continue ensuite l’exa-
men de la situation électorale dans les dé-
partements. A cette occasion, elle a renou-
velé et confirmé sa précédente décision de
n'accorder son investiture qu’à des candi-
dats ayant donné expressément leur adhé-
sion entière an programme du parti, et no-
tamment aux lois de laïcité.
La CommissioB d’Enqufite
sur l’Affaire Rochette
SÉANCES DU 26 MARS
Séance du matin
Voici le compte rendu in-extenso de ta
séance d’hier matin :
Aurtitioss été M. AEieseoitvt?
M. Lescouvé, procureur de ia République,
est introduit. Il prête serment.
il. Jaurès : Vous nous avez annoncé la pro-
duction de documents intéressant la Commis-
sion.
M Lescouvé : Je dépose deux pièces. La Com-
mission avait manifesté ie désir de savoir ai a ta
suite de la remise de l’affaire ie groupe Rochette
avait continué à se livrer a des opérations finan-
cières. Vous savez qu’à là suite de sa liberté pro-
visoire à laquelle le parquet général s’étalt tou-
jours énergiquement opposé, Rochette a pour-
suivi ses opérations. Refusée une première fois,
elle a été ensuite accordée.
La cause réside dans l’organisation défectueuse
du parquet de ta Seine. Dans les affaires de celte
nature nous ne pouvions pas arriver, avant l’or-
ganisation de la section financière, à un résultat
à moins d’un délai d’une année.
A partir de mai I9ti, et surtout en 1912 et en
1913, 8près que Rochette eut disparu, nous avions
reçu des plaintes nombreuses contre Rochette ou
le groupe Rochette. J’en remets l'état a la com-
mission. Certaines plaintes ont été classées com-
me n’étant pas fondées, ou comme se rapportant
à des affaires j'gées par l’arrêt de la Cour da
Rouen. Toutes pnt été l’objet de quatorze infor-
mations aujourd’hui réunies entre les mains de
M. le juge d’instruction Bourgarei. Des experis
ont été commis. Au sujet de ces informations en
cours, je suis lié par le secret professionnel.
M Painlevé : Avez-vous le texte des plaintes
déposées après la mise en liberté provisoire (mai
19.-8) jusqu’au 27 avril 1911 ?
M Lescouvé : Les plaintes que nous avons re-
çues depuis la remise se rapportent à des affaires
antérieures. Je donnerai à la commission ce soir
le renseignement que demande M. Painlevé.
La commission avait manifesté également le
désir de savoir si, en dehors des affaires ayant
fait l’objet de plaintes, fondées ou non fondées,
il n’y avait pas eu d’affaires auxquelles aurait été
mêlé Rochelle et qui montreraient l’intérêt qu’il
pouvait avoir à la remise.
Oa avait parlé d’une affaire de Naphtes Liano-
sof II m’a été déclaré qu’il n’y avait pas de plain-
te sur cette affaire. On m’a dit que les actions
émises à 200 francs étaient montées à 800 et
qu’elles étaient à 600 Je remets a la commission
le rapport que j'ai demandé sur celte affire.
if. J au es : Voulez vous donner lecture de ce
rapport 7
M. Lescouvé donne lecture du rapport, d’où il
résulte que les actions da la Lianosof ont été in-
troduites le 3 juillet 1911 à la cote du Syndicat des
banquiers en valeurs au comptant et qu’il est. de
notoriété publique que l’introducteur de ces litres
jusqu’au mois d’août 1912, époque a laquelle t’af-
faire a passé aux mains de M. Rosembefg, U
Banque rusro-asiatique, a. été dé tqus temps dési-
gnée pour le service de ladite société. *
u. Jaurès : J’ai reçu hier de M. itosemborg une
lettre par laquelle il déclare n’avoir jamais été
môle, ni lui, ni sa maison, à aucune des affaires
Rochette.
Pensez-vous qu’il y eût intérêt pour les groupes
qui menaient les affaires Rochette ou po ir ceux
qui se préparaient à les recueillir que Rochette ne
fût pas coud mué ?
M. Lescouvé : Ce n’est pas douteux pour Rochette
M-même.
M Jaurès : Je ne doute pas que les affaires qui
n’avaient de fondement que l’àcliritô de Ro-
chette avaient intérêt à ce que celui-ci fut en
liberté.
Je demande si pour une affaire comme
le Lianosof, qui parait solide, les groupes qui
s’y intéressaient avaient intérêt à ce que Ro-
chette restât en liberté. Ou au contraire la
disparition de Rochette, funeste aux affaires
fragiles, n’ètait-clie pas favorable aux affaires so-
lides en les débarrassant d'une influença sus-
pece ?
M. L scouvè : Le rapport dit que Rochette a in-
troduit l’affaire et soutenu les cours. C’est le jour
où Rochette a disparu que l’affaire est passée en
d’autres mains.
M. D-lakaye : Rochette s’entourait de finan-
< ciers avides et peu compétents. Il jouait toujours.
Il était expérimenté dans l’art .de jouer même sur
les bonnes valeurs et c’est ainsi qu’il les perdait.
Il était donc l’âme des bonnes et des mauvaises
affaires. À l’occasion de l’affaire du Paraguay il a
fait connaître par une lettre publique au’il
n’était pas dans t’affaire, mais qu’il donnait des
conseils
âf. André Lefèvre : La Lianosof est une affaire
réelle. La banque qui i’a introduite réalisait un
certain bénéfice par tilre. Il y avait intérêt pour
la banque émeiteuse à continuer a vivre et à ce
que Roch»lte ne fut pas condamné.
âf. L-boucq : Savez-vous quelque chose sur le
mouvement qui s’est produit en Bourse à une
époque récente et à l’occasion duquel on a pro-
noncé le nom de Rosemberg 7
H Lescouvé s J’ai su qu’on avait joué à la
Bourse. Le parquet a fait un8 enquête à la de-
mande du garde des sceaux. Le procureur géné-
ral en a été chargé ; il a commis M. Berthelot
qui a terminé son enquête ; mais le parquet de
la Seine n’en a jamais été chargé.
M. Painlevé : Jo voudrais vous poser une ques-
tion su sujet des raisons qu’aurait eues M* Ber-
nard de demander la remise de l’affaire Vous
avez dit qu’il aurait demanda la remise à l’insti-
gation du ministre des finances ou >u gouverne-
ment. Ce serait alors le gouvernement qui se se-
rait servi do R» Bernard comme d’un paravent
pour demander la remise.
M. Lescouvé : Je n’ai pas un mot à changer à
mes déclarations. M. Caillaux et M. Monis ont
bien reconnu qu’ils avaient fait une démarche
auprès du procureur général,
âf. Painlevé : Ce n’est pas cela.
M Lescouvé : M" Bernard n-dit que ce n’était pas
pour des convenances personnelies qu’il avait de-
mandé la remise.
M. Painlevé : M* Bernard a dit qu’il considérait
comme une lâcheté de laisser entendre qu’il ait
obéi aux instigations du ministre des finances.
il. Lescouvé . M* Bernard a dit qu’il n’avait pa*
compris ce que j’avais dit. J’affirme que j’ai tou-
jours compris que c’était a l'instigation de M. le
Ministre des finances que M* Bernard avait deman-
dé la remise.
âf. Pamlevé : It résulte de votre déposition que
M* Bernard vous aurait dit qu’il n’avait pas de-
mandé la remise pour des convenances person-
ne des.
âf. Lescouvé : II a dit : « On me l’a fait deman-
der ».
âf Jiurês : Dans votre conversation avec lui,
M* Bernard est allé plus loin. Il a dit à la commis-
sion : « J’ai reçu de quelqu’un l’assurance que je
pouvais demander la remise. » AM le procureur
il a dit : « C’est le gouvernement qui m’a prié de
la demander. »
âf. Lescouvé : M* Bernard ne nf’a pas dit : « J’ai
toujours compris, dans mes conversations avec
lui, que ce n’était pas pour ses convenances per-
sonnelles qu’il avait demandé la remise, que c’é-
tait à la demande du ministre des finances. J'ai
ignoré les motifs qu’avait eus le ministre des fi-
nances de demander la remise.
âf. Painlevé Je relève la contradiction entre
les déclarations de M. Lescouvé et de M* Ber-
nard.
âf. Lescouve : J’ai compris a la lecture du Temps
la contradiction qui pouvait exister entre la dé-
claration de M* Bernard et la giienne. J’ai télé-
phoné aussitôt a un ami commun, - M. le prési-
dent Monter, pour lui dire que je ce comprenais
pas la déposition de M* Bernard. Cet ami a fait
part de ma surprise a M* Maurice Bernard. Ce der-
nier est venu me trouver le lendemain et m’a dit:
« Tu n’as pas compris ce que j'ai dit. »
âf. A. Lefèvre : Je note que M. Bloch-Laroque a
rapporté la même impression de sa conversation
avec M* Bernard.
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Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES. MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
IMETALTJX
' LONDRES, 26 Mars, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE)
CUIVRE
Comptant.. A<1 *65-/- -/- 7/6
3 mois 168 7/6 -/- 7/6
ETAIN
Comptant..] 1 174 15/- -/- 28/-
3 mois.....) caIme i 176 18/-. -/- 20/-
FER
Comptant.. caIme 180/7 % 1 d 2 d
3 mois 1 iSl/l % -/- 3d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse,
du 25 mars i/14.
NEW-YORK, 26 MARS
Cotons t mars, baisse 3 points ; mai;
baisse S points ; juillet, hausse 6 points ,
octobre, hausse 6 points — Soutenu.
Calés t hausse 9 à 14 points.
NEW-YORK, 26 MARS
c. 11 ton t. nictiui
Cuivre Standard disp. 14 06 44 12
— avril 14 06 14 12
Amalgamât, Cou... 75 3/4 76 3 8
Fer 15 25 15 25
CHICAGO, 26 MARS
r,, ■ ‘JStntssr
C. DU JOUR ■ C. PRECSD
Blé sur Mai....,TrK 93 1/4 93 1/4
— Juillet.... 1 §9 1,8. 88 7/8
Maïs sur Mai 68 3,8 69 1/8
— Juillet.... 68 3,4 4. 69 3/8
Saindoux sur. Mai io 60 1 40 78
— Juillet— 10 78 | HT 9*
L’AFFAIRE ROCHETTE
A propos da l’X. — Lettres anonymes
et fantaisistes
A la fia de l’àprès-midi.on a prétendu dans
les couloirs de la Cbambre que Rochette
avait fait parvenir à la Commission d’en-
quête soit directement, soit par un intermé-
diaire, nne lettre dans laquelle il déclare que
c’est lui l’X auquel M® Maurice Bernard a fait
allusion.
On ajoutait que Rochette précisait en outre
que la démarche de M® Maurice Bernard au-
près de M. Caillaux n’avait en lien ni le 32
mars ni le 24, mais le 23 mars.
M Jaurès, interrogé à ce sujet, a affirmé
n’avoir reçu aucune lettre de ce genre.
C’est sans doute, a-t-il dit, an député qui,
voulant se venger de la mystification d’Hé-
gésippe Simon, a imaginé cette histoire pour
mystifier à son tour les journalistes.
La Commission a reçu un certain nombre
dtj lettres anonymes ; elles ont toutes été je-
tées au panier. Dans la joarnée est parve-
nue une lettre fantaisiste signée « Guy, avo-
cat », qui se prétendait être l’X. Cette lettre
a subi le sort des autres...
LE MEURTRE DE M. CALMETTE
M" 15 Caillaux à l’Instruction
Dans la seconde partie de l’interrogatoire
qu’elle a subi hier, Mme Cailiaux dit, que
sentant son mari prêt à se rendre justice
lui-même, elle avait décidé de lui éviter les
conséquences d’un pareil acte.
Ce qui précipita sa détermination, c’est la
certitude que la publication des lettres inti-
mes la concernant suivrait celle de la lettre
signée « Ton Jo ».
« Ces lettres, dit Mme Caillaux, étalaient
toute notre intimité. Leur divulgation dé-
passait la portée d’ane attaque politique. »
Confrontée avec les garçons du Figaro Ni-
cet et Sirac, Mme Caillaux affirme, malgré
leurs dénégations, qu’elle entendit pronon-
cer son nom par deux voix différentes au
moment ou elle fut introduite auprès de M.
Cal mette.
Nicet fait observer qu’il ignorait alors son-
nom ; il ne connut l’identité de la visiteuse
qu’après le drame, lorsque Mme Caillaux
s’écria : « Je suis Mme Caillaux ; je viens de
me faire rendre justice 1 »
Sirac entra dans le bureau du directeur au
bruit des détonations.
Ace moment, Mme Caillaux se tourna
vers lai avant de tirer le sixième coup de
feu.
Sirac n’a pas, lui non pins, entendu pro-
noncer le nom de Mme Cailianx.
Après ces confrontations, Mme Caillaux a
été reconduite à Saint-Lazare.
A LA COMMISSION DU BUDGET
La Commission du budget s’est réunie
pour examiner le projet d’impôt complé-
mentaire sur le revenu.
Après une longue discussion, elle a adop-
té le texte présenté par M. Java! au nom de
la sons commision, texte qui s’inspire à la
lois du projet du gouvernement et des con-
clusions du rapport de M. Noulens sur le
projet d'impôt national sur le revenu. Des
[observations sont présentées par divers
membres de la Commission sur les articles
relatifs à la déclaration.
M. Messimy a également présenté des
observations sur les pénalités applicables au
décès, après inventaire.
M. Javal ne tenant pas à défendre lui-mê-
me le rapport devant la Chambre, la Com-
mission a confié le soin à son rapporteur gé-
néral, M. Clémentel.
La discussion en viendra au cours de la
loi de finances.
La disjonction en sera réclamée par plu-
sieurs députés.
L’AFFAIRE DU « SOU DU SOLDAT »
Dans l’affaire dn « Sou du Soldat », la 9e
chambre correctionnelle a prononcé par dé-
faut les condamnations suivantes :
Vvetot, secrétaire de la section des Bour-
ses à la C. G. T., un an de prison et 200 fr.
d’amende ; Jean Batas, Etcneverry et Marie,
six mois de prison et 100 fr. d’amende.
Tous les autres inculpés — à l’exception
de Marck, trésorier de la C. G. T., et de
Pierre Bond qui sont acquittés — sont con-
damnés à huit mois de prison et 100 francs
d'amende.
L’ASSASSINAT DE M. CADIOU
BREST. — Les commissaires de la brigade?
Riobile ont reçu hier un important témoi-
gnage, celai de M. Lemeur, entrepreneur à
Landerneau, qui, dans la nuit du 27 au 28
janvier, a vu une antomobile passer devante,
sa maison vers nne heure du matin.
fil
B
a
.La voiture venait de la direction de Mor-
laix et se trouvait sur la route de Brest qui
basse devant l’usine de la Grand’Palnd ; elle
repassa à tonte vitesse à trois heures, se di-
rigeant vers Morlaix.
Le 27 janvier étant jour de foire à Cam-
mana, on peut rapprocher les déclarations
ge M. Lemeur de celles de Mme Lequerré,
.amiante à Guipa vas. oui affirme que deux
fermiers de cette commune qui revenaient
de la foire lai ont dit avoir rencontré vers
deux heures du matin une antomobile arrê
tée sur la route, juste en lace de l’endroit de
bois où le cadavre de M. Gadiou était en-
foui.
L’hypothèse de l’assassinat de M. Cadiou
loin de Landerneau et du transport dn corps
en automobile près du Moulin, devient donc
de moins en moins invraisemblable si l’on
se rappelle que le cadavre, quand il fut re-
trouvé dans le bois le 5 lévrier, ne paraissait
être enterré que depuis quelques jours.
LA MORT DE MISTRAL
M. Jacquier, sous-secrétaire d’Etat aux
Beaux-Arts, a été chargé de représenter le
gouvernement aux obsèques du poète Mis-
tral.
» i«te •
MANIFESTATIONS A SAINT-ÉTIENNE
SAINT ETIENNE. — Hier soir, une note pa-
raissait dans le Mémorial de la Loire, invitant
les jeunes patriotes stéphanois à se rendre ie
soir, vers 6 h. 45, vers le monument des
combattants de 70. pour protester contre les
projets attribués aux élèves du Lycée d’adres-
ser des félicitations à M. Tbalamas pour sa
lettre à Mme Caillaux.
Hier soir, quelques groupes se trouvaient
réunis près du monument des combattants
aux alentours duquel de nombreux agents
de police circulaient sous la direction de
deux commissaires.
Invités à circuler, les manifestants parmi
lesquels se trouvaient de nombreux came-
lots du roy,' tentèrent de se former en cor-
tège. Des cris de : « A bas Caillaux 1 Cons-
puez Thalamas ! Vive le Roi 1 » furent pous-
sés.
Finalement, les groupes furent dispersés
par la police, mais non sans tumulte.
Au cours de ces incidents, 23 arrestations
furent opérées, mais ces arrestations ne fu-
ient pas maintenues.
M. Lallemand, préfet de la Loire, s’était
rendu sur les lieux pour diriger le service
d’ordre.
ÉLECTIONS AU
CONSEIL DÉPARTEMENTAL
DES BOUCHES-DU-RHONE
MARSEILLE. — Les instituteurs ont élu hier
leurs délégués au Conseil départemental de
l’enseignement primaire.
La liste des instituteurs syndiqués a été
élue contre celle de l’Amicale et de l’Asso-
ciation des instituteurs.
AU PARLEMENT D’ALSACE
STRASBOURG. — La deuxième Chambre du
Parlement a voté deux motions concernant
nne amnistie pour les Alsaciens-Lorrains
réfractaires et la création de consulats en
Alsace-Lorraine.
LA RÉVISION DE LA
CONSTITUTION ROUMAINE
BUCAREST. — Le Sénat a adopté en premiè-
re lecture, par 92 voix contre 2, la proposi-
tion concernant la révision de la Constitu-
tion.
ÉTRAN G EK
ALSACE-LORRAINE
Le dessinateur lia nsi
condamné à trois mois de prison
Le tribunal correctionnel de Colmar a con-
damné, mercredi malin, ie dessinateur Ilaasi
à trois mois de prison « pour offense verbale
à des officiers de l’armée allemande dans un
café de Colmar ».
Le procureur requérait six mois de pri-
son.
Plusieurs officiers, cités comme témoins,
ont déclaré que Hansi avait brûlé dn sucre
pour purifier l’air. Une servante de la bras-
serie, qui avait assisté à la scène, est venue
déclarer qu’elle n’avait pas eu l’impression
que le geste de Hansi fat insultant, et qu’il
lui était paru comme nne farce que le des-
sinateur avait voulu faire.
ALLEMAGNE
Un Torpilleur a varié
Le torpilleur de haute mer 193 a été épe-
ronné et défoncé au^essus de la ligne de
flottaison par ie torpilleur 108, pendant les
manoeuvres de nuit qui ont en lieu mardi. Il
a trois déchirures à tribord et une à i’étam-
bot à bâbord. Il sera conduit aux docks de
Kiel.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
I h UH IKTEMOIUILE
*08, rue St-Lazare, 108
(Immeuble de f HOTEL TERMINUS)
Le Repos de l’après-midi
du Samedi dans l’industrie
Il serait superflu, même pour servir d’in-
troduclion à cette étude sur une proposi-
tion de loi tendant à établir le repos de
l’après-midi du samedi pour les ouvriers
adultes et pour les ouvrières dans les éta-
blissements industriels, — il serait super-
flu, disons-nous, de prétendre entrer dans
une nouvelle démonstration de la nécessité
des lois, dites de réglementation du travail.
Il est trop évident que, dans une démo-
cratie surtout, des mesures générales doi-
vent être prises pour définir les rapports du
capital et du travail, d’une part — et pour
défendre, d’autre part, la moins forte dés
deux parties en présence, contre l’usage
abusif que l’autre pourrait être tentée de
faire de sa force de production, et ce, trop
souvent au détriment de la vie et de la
prospérité nationales elles-mêmes.
La nécessité de ces interventions de l’E-,
tat dans l’organisation du travail a, du
resta, ëié dès longtem ps reconnue et, sans
avoir à dire ici les tentatives généreuses,
mais peut-être tro> fréquemment malhabi-
les ou imprudentes du législateur de 1848,
il nous suffira de rappeler Foeuvre, consi-
dérable à ce point de vue, déjà accomplie
par la troisième République.
Mais le champ à labourer est encore vaste
et le développement de l’industrialisme,
les transformations économiques et les
changements des conditions de la vie so-
ciale révèlent tous les jours de nouvelles
réformes à accomplir.
Parmi toutes celles-ci, il en est une qui
a fait, dans ces dernières années, l’objet
des préoccupations de nombreux écono-
mistes et sociologues, aussi bien dans
les milieux parlementaires que parmi les
groupements divers qui s’intéressent plus
particulièrement aux questions sociales.
Il s’agit du repos de l’après-midi du sa-
medi assurée aux ouvriers adultes et aux
ouvrières des établissements industriels,
dont il apparaît que d’importants résultats
peuvent être attendus.
La France se trouve actuellement dans \
une période critique, il n’y a pas à le dissi-
muler : la diminution de la natalité, la
mortalité infantile considérable, l’effrayante
contagion de la tuberculose et la terrible j
extension de l’alcoolisme privent progressi-
vement l’industrie de main-d’oeuvre.
Quelle méthode ou plutôt quelles mé-
thodes convient-il d’employer pour remé-
dier à cette situation ? Élles sont évidem-
ment nombreuses et d’ordres très divers.
Revenant à la question qui nous occupe
aujourd’hui, nous dirons que l’alcoolisme
et surtout la tuberculose trouvent souvent
leur origine dans le surmenage des longues
journées, et que, si la mort visite de si
nombreux berceaux, c’est que trop de mères
sont retenues à l’usine et ne peuvent veil-
ler sur leurs enfants.
Une solution équitable ne pourrait-elle
donc pas être trouvée dans un meilleur
aménagement du travail, dans la fixation
de sa durée quotidienne, en tenant compte
des observations physiologiques, et dans
l’augmentation des repos et des loisirs qui
permettent la reconstitution régulière des
forces, la vie familiale et l’instruction?
Des considérations de cette nature se
sont, depuis quelque temps déjà, fait jour
dans les délibérations parlementaires. C’est
ainsi que le 4 juillet 1912, la Chambre
ayant adopté un projet de loi tendant à ré-
duire à dix heures la durée normale du
travail des ouvriers adultes dans les éta-
blissements industriels, M. de Mun deman-
da, par voie d’amendement à ce projet,
l’établissement de la semaine anglaise, ou
tout au moins un commencement de réduc-
tion de la durée du travail l’après-midi du
samedi.
Pour ne pas retarder le vote de la loi de
dix heures, ia Commission du travail
obtint de M. de IVIun qu’il fit de son amen-
dement une proposition de loi spéciale, qui
fut bientôt déposée, cependant que le
Conseil supérieur du travail décidait l’ou-
verture d’une enquête, à laquelle répondi-
rent 1,288 institutions ou associations. A
la suite de cette enquête, la majorité du
Conseil adoptait un voeu fixant la journée
légale de travail pour les femmes em-
ployées dans l’industrie, à dix heures pour
les cinq premiers jours de la semaine, et
arrêtant le travail du samedi à midi.
Pour les hommes adultes, la même réso-
lution du Conseil supérieur du Travail
proposait les dispositions suivantes :
« La journée de travail des hommes
adultes employés dans l’industrie reste
soumise, pendant les cinq premiers jours
de la semaine, aux règles établies par le
décret-loi du 9 septembre 1848, modifié
par l’article 2 de la loi du 30 mars 1900.
» Le samedi, dans les industries qui se-
ront déterminées par la Commission per-
manente du Conseil supérieur du Travail,
le travail pourra cesser, pendant toute
l’année, ou seulement une partie de l’an-
née, le samedi après-midi.
» L’heure de cessation du travail sera
arrêtée d’un commun accord entre les syn-
dicats patronaux et ouvriers de la ville,
ou de la région, ou à défaut par les Con-
seils de prud’hommes. »
Un peu plus tard, M. Chéron, qui avait
eu l’occasion comme ministre du travail
d’étudier la question, déposa, après son
départ du ministère, une proposition de loi
tendant à établir tout au moins le repos du
samedi après-midi pour les femmes.
Les propositions de MM. de Mun et Ché-
ron ont été étudiées par la Commission du
travail, qui n’a pas manqué de s’inspirer
également des résultats de l’enquête et des
résolutions du Conseil supérieur — et, en
Son nom, M. Justin Godart vient de déposer
son rapport sur le bureau de la Chambre.
Après avoir insisté sur le caractère de
haute utilité sociale et nationale que pré-
sente la réforme proposée, et examiné les
successifs aspects du problème, il conclut
à l’adoption d’un texte spécifiant que «dans
les manufactures, fabriques, usines, ate-
, tiers et chantiers, dans les mines, minières
et carrières, dans les entreprises de char-
gement ou de déchargement ainsi que dans
' les dépendances de tous ces établissements
de quelque nature qu’ils soient, publics ou
privés, laïques ou religieux, même lors-
qu’ils ont un caractère d’enseignement pro-
fessionnel ou de bienfaisance, deux ans
après la promulgation de la loi, là journée
de travail debout le personnel, soit mixte,
soit coiîrphsé d’adultes seuls, devra, le sa-
medi et les veilles des jours fériés légaux,
se terminer à 4 heures de l’après-midi et sa
durée ne pourra dépasser huit heures. »
Six ans après la promulgation de cette loi
la journée de travail le samedi et les veilles
dès jours fériés légaux devrait se terminer à
midi et sa durée ne pourrait dépasser cinq
heures.
Ces dispositions ne s’appliqueraient
point aux établissements qui, occupant
seulement des ouvriers adultes, n’en
comptent pas plus de cinq et n’emploient
pas une force motrice supérieure à trois
chevaux.
Sans doute, la Chambre actuelle n’aura
pas le loisir d’aborder l’étude de cette pro-
position et ce seront, par conséquent, les
députés élus aux scrutins prochains qui
seront appelés à se prononcer à son sujet,—
et nous ne pouvons donc aujourd’hui que
souhaiter qu’ils y apportent une solution
qui sache concilier à la fois les graves sou-
cis d’hygiène sociale qui ont animé les
membres de la Commission, et les légitimes
intérêts de l’industrie nationale.
F. POLET.
Récapitulons
(SUITE)
L’affaire Rochette, dans sa première
.phase, avait donné du fil à retordre à
M. Aristide Briand, garde des sceaux;
interpellé une première Jois pour avoir
laissé cet aimable financier poursui-
vre ses agissements, il le fut à nou-
veau, par la suite, pour l’avoir J ait
arrêter arbitrairement. Cela provoqua
même, on le sait, la première enquête
parlementaire ; de sorte qu’il faut
souhaiter qu’on ne s’occupe plus à
l’avenir de Rochette, ni en bien ni en
mal, car tout ce qui touche à cet hom-
me fatal doit avoir des dessous politi-
ques 1
Quoiqu'il en soit, à son retour au
ministère de la Justice, au début de
T912, M. Briand a la désagréable
surprise de constater que l’affaire qu’il
aurait voulu voir se solutionner rapi-
dement, était encore pendante, par
l’effet de la remise, devant la Cour
d’Appel ; il fait appeler le Procureur
Général et lui demande des explica-
tions ; le pauvre Procureur ne sait plus
à quel saint se vouer et pour se justi-
fier remet à son ministre une copie
d’une sorte de procès-verbal de son
entrevue avec M. Monis. Nous n'es-
sayerons pas de savoir exactement
quand l’original a été rédigé : M. Fa-
bre affirme que c’est le 22 mars 1911,
M. Caillaux affirme, son agenda en
main, que la démarche de M. Mau-
rice Bernard, qui a précédé toute cette
histoire, a eu lieu le 2$ mars.
M. Aristide Briand considère le
rapport Fabre comme une pièce confi-
dentielle, d’un caractère unilatéral
et qui ne pourrait être contrôlée que par
une enquête inadmissible sur ses pré-
décesseurs ; aussi, il se refuse à en
Jaire état devant la première Commis-
sion d’enquête et le Procureur, de
même, n’en souffle mot. Il circule ce-
pendant, depuis cette époque, des bruits
sur l'existence de ce Jameux procès•
verbal.
Lorsque M. BriancC quitte le minis-
tère de la Justice, il confie à son suc-
cesseur, M. Barthou, la pièce qui lui
avait été remise en tant que garde des
sceaux ; quand M. Barthou se retire à
son tour, il croit pouvoir l’emporter et
la garder désormais chez lui.
Les événements se précipitent] Nous
en arrivons à la campagne du Figaro
contre M, Caillaux dont « Vaboutisse-
ment, la conclusion logique était la
publication du rapport Fabre » (Figaro
du iy mars), «r Gaston Calmette, lâ-
chement Jrappé, n’a pas eu le temps de
,leporter à la connaissance du pays ».
(Figaro même date) bien qu’il eut donné
à M. Barthou sa parole d’honneur
qu’il ne le publierait pas
C’est, dès lors, M. Barthou lui-mê-
me qui se charge de faire connaître le
document visé en le lisant à la tribune,
le 18 mars, « parce qu’il estimait que
c’était un devoir d’honneur qu’il avait
à remplir envers Calmette ».
Ici une question à laquelle je ne me
charge pas de répondre : comment Cal-
mette a-t-il pu avoir une copie du rap-
port de M. Fabre ?
Ce dernier, indigné d’ailleurs que
son papier ne soit pas resté ail minis-
tère de la Justice, déclare que des tiers
n’ont pu en avoir connaissance que par
la copie remise à M. Briand, qu’il ne
s’est pas dessaisi uninstant de l’origi-
nal. M. Briand affirme qu’une copie
n’a pu être faite pendant que ce docu-
ment était sous sa garde, et M. Bar-
thou déclare non moins énergiquement
qu’il n’a pu être copié chez lui.
Mais, que dit ce rapport, outre ce
que nous savons déjà ? La phrase la
plus grave est celle-ci « M. Maurice
Bernard me déclara que, cédant aux
sollicitations de son ami le ministre
des finances, il allait se porter malade
et demander la remise ». Mais, il est
vrai que devant la Commission M. Fa-
bre lui-même a donné une toute autre
version de la genèse de cette affaire :
« Je sais que M. Maurice Bernard
était eh bons termes avec M. Caillaux
et qu'il a Jait intervenir M. Caillaux
pour obtenir cette remise ; s'il s’était
adressé directement à moi, j’aurais
rejusé ».
Quant à M. Maurice Bernard, il
affirme sur l’honneur que jamais M.
Caillaux ne l’a prié de demander la
remise ; mais il invoque le secret pro-
fessionnel pour se refuser à confirmer
la conversation que M. Caillaux dit
avoir eue avec lui et au cours de la-
quelle il aurait prié le ministre d’ap-
puyer sa demande de remise.
Plus tard, le secret professionnel
lui permet bien de révéler à la Com-
mission qu’une personne, ni homme
politique ni journaliste, est venue l’en-
courager à demander la remise au
Procureur en assurant qu’elle était
accordée d’avance ; mais ce secret se
fait de nouveau impérieux lorsqu’il
s’agit de désigner ce mystérieux per-
sonnage, trop bien renseigné.
M. Barthou vient encore augmenter
nos perplexités en nous déclarant que
M. Caillaux lui-même lui a dit que
Rochette aurait la liste des frais d’é-
mission de certaines affaires et dont la
publication pourrait entraîner une
grande émotion, sans doute, il est
facile de le comprendre, en révélant
les noms de ceux qui auraient émar-
gé.
M. Fabre et certains magistrats da
Parquet nous ramènent à des considé-
rations plus claires en nous montrant
l’intérêt évident qu’avait Rochette à
pouvoir poursuivre ses fructueuses opé-
rations pendant tout le temps de la
remise. Mais pourquoi faut-il que
sur une question du président de
la Commission, le Procureur Général
soit obligé de répondre qu’il n’a ja-
mais entretenu le ministre des Finan-
ces, M. Caillaux, des affaires Rochette
et de leur danger.
Nous croyons avoir exposé ainsi, le
plus impartialement possible, hier et
aujourd’hui, cette « ténébreuse affai-
re ». Gela nous permettra d’être d’au-
tant plus libre dans nos conclusions.
CASPAR-JORDAN.
mi in»
Ioiiielles_FolifSpes
Conseil de Cabinet
Les ministres et sous-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin au ministère des af-
faires étrangères, sous la présidence de M.
Gaston Doumergue.
M. Raynaud, souffrant, et MM. Noulens et
Gauthier, retenus à la Chambre des députés,
n’assistaient pas à la délibération.
Le Conseil a examiné successivement les
diverses questions à l’ordre du jour des deux
Assemblées.
Au Parti Républicain Démocratique
La Commission centrale exécutive du parti
républicain démocratique, réunie sous la
présidence de M. A. Carnot, a décidé de
mettre à la disposition des Comités et des
candidats du parti plusieurs tracts sur la loi
de trois ans. Ces tracts leur seront adressés
en nombre dans les premiers jours du mois
prochain en même temps que le texte du
discours que prononcera le jeudi 2 avril, au
Palais des Fêtes de Paris, M. Louis Barthou,
ancien président du Conseil, et d’autres bro-
chures et imprimés de propagande.
La Commission a continue ensuite l’exa-
men de la situation électorale dans les dé-
partements. A cette occasion, elle a renou-
velé et confirmé sa précédente décision de
n'accorder son investiture qu’à des candi-
dats ayant donné expressément leur adhé-
sion entière an programme du parti, et no-
tamment aux lois de laïcité.
La CommissioB d’Enqufite
sur l’Affaire Rochette
SÉANCES DU 26 MARS
Séance du matin
Voici le compte rendu in-extenso de ta
séance d’hier matin :
Aurtitioss été M. AEieseoitvt?
M. Lescouvé, procureur de ia République,
est introduit. Il prête serment.
il. Jaurès : Vous nous avez annoncé la pro-
duction de documents intéressant la Commis-
sion.
M Lescouvé : Je dépose deux pièces. La Com-
mission avait manifesté ie désir de savoir ai a ta
suite de la remise de l’affaire ie groupe Rochette
avait continué à se livrer a des opérations finan-
cières. Vous savez qu’à là suite de sa liberté pro-
visoire à laquelle le parquet général s’étalt tou-
jours énergiquement opposé, Rochette a pour-
suivi ses opérations. Refusée une première fois,
elle a été ensuite accordée.
La cause réside dans l’organisation défectueuse
du parquet de ta Seine. Dans les affaires de celte
nature nous ne pouvions pas arriver, avant l’or-
ganisation de la section financière, à un résultat
à moins d’un délai d’une année.
A partir de mai I9ti, et surtout en 1912 et en
1913, 8près que Rochette eut disparu, nous avions
reçu des plaintes nombreuses contre Rochette ou
le groupe Rochette. J’en remets l'état a la com-
mission. Certaines plaintes ont été classées com-
me n’étant pas fondées, ou comme se rapportant
à des affaires j'gées par l’arrêt de la Cour da
Rouen. Toutes pnt été l’objet de quatorze infor-
mations aujourd’hui réunies entre les mains de
M. le juge d’instruction Bourgarei. Des experis
ont été commis. Au sujet de ces informations en
cours, je suis lié par le secret professionnel.
M Painlevé : Avez-vous le texte des plaintes
déposées après la mise en liberté provisoire (mai
19.-8) jusqu’au 27 avril 1911 ?
M Lescouvé : Les plaintes que nous avons re-
çues depuis la remise se rapportent à des affaires
antérieures. Je donnerai à la commission ce soir
le renseignement que demande M. Painlevé.
La commission avait manifesté également le
désir de savoir si, en dehors des affaires ayant
fait l’objet de plaintes, fondées ou non fondées,
il n’y avait pas eu d’affaires auxquelles aurait été
mêlé Rochelle et qui montreraient l’intérêt qu’il
pouvait avoir à la remise.
Oa avait parlé d’une affaire de Naphtes Liano-
sof II m’a été déclaré qu’il n’y avait pas de plain-
te sur cette affaire. On m’a dit que les actions
émises à 200 francs étaient montées à 800 et
qu’elles étaient à 600 Je remets a la commission
le rapport que j'ai demandé sur celte affire.
if. J au es : Voulez vous donner lecture de ce
rapport 7
M. Lescouvé donne lecture du rapport, d’où il
résulte que les actions da la Lianosof ont été in-
troduites le 3 juillet 1911 à la cote du Syndicat des
banquiers en valeurs au comptant et qu’il est. de
notoriété publique que l’introducteur de ces litres
jusqu’au mois d’août 1912, époque a laquelle t’af-
faire a passé aux mains de M. Rosembefg, U
Banque rusro-asiatique, a. été dé tqus temps dési-
gnée pour le service de ladite société. *
u. Jaurès : J’ai reçu hier de M. itosemborg une
lettre par laquelle il déclare n’avoir jamais été
môle, ni lui, ni sa maison, à aucune des affaires
Rochette.
Pensez-vous qu’il y eût intérêt pour les groupes
qui menaient les affaires Rochette ou po ir ceux
qui se préparaient à les recueillir que Rochette ne
fût pas coud mué ?
M. Lescouvé : Ce n’est pas douteux pour Rochette
M-même.
M Jaurès : Je ne doute pas que les affaires qui
n’avaient de fondement que l’àcliritô de Ro-
chette avaient intérêt à ce que celui-ci fut en
liberté.
Je demande si pour une affaire comme
le Lianosof, qui parait solide, les groupes qui
s’y intéressaient avaient intérêt à ce que Ro-
chette restât en liberté. Ou au contraire la
disparition de Rochette, funeste aux affaires
fragiles, n’ètait-clie pas favorable aux affaires so-
lides en les débarrassant d'une influença sus-
pece ?
M. L scouvè : Le rapport dit que Rochette a in-
troduit l’affaire et soutenu les cours. C’est le jour
où Rochette a disparu que l’affaire est passée en
d’autres mains.
M. D-lakaye : Rochette s’entourait de finan-
< ciers avides et peu compétents. Il jouait toujours.
Il était expérimenté dans l’art .de jouer même sur
les bonnes valeurs et c’est ainsi qu’il les perdait.
Il était donc l’âme des bonnes et des mauvaises
affaires. À l’occasion de l’affaire du Paraguay il a
fait connaître par une lettre publique au’il
n’était pas dans t’affaire, mais qu’il donnait des
conseils
âf. André Lefèvre : La Lianosof est une affaire
réelle. La banque qui i’a introduite réalisait un
certain bénéfice par tilre. Il y avait intérêt pour
la banque émeiteuse à continuer a vivre et à ce
que Roch»lte ne fut pas condamné.
âf. L-boucq : Savez-vous quelque chose sur le
mouvement qui s’est produit en Bourse à une
époque récente et à l’occasion duquel on a pro-
noncé le nom de Rosemberg 7
H Lescouvé s J’ai su qu’on avait joué à la
Bourse. Le parquet a fait un8 enquête à la de-
mande du garde des sceaux. Le procureur géné-
ral en a été chargé ; il a commis M. Berthelot
qui a terminé son enquête ; mais le parquet de
la Seine n’en a jamais été chargé.
M. Painlevé : Jo voudrais vous poser une ques-
tion su sujet des raisons qu’aurait eues M* Ber-
nard de demander la remise de l’affaire Vous
avez dit qu’il aurait demanda la remise à l’insti-
gation du ministre des finances ou >u gouverne-
ment. Ce serait alors le gouvernement qui se se-
rait servi do R» Bernard comme d’un paravent
pour demander la remise.
M. Lescouvé : Je n’ai pas un mot à changer à
mes déclarations. M. Caillaux et M. Monis ont
bien reconnu qu’ils avaient fait une démarche
auprès du procureur général,
âf. Painlevé : Ce n’est pas cela.
M Lescouvé : M" Bernard n-dit que ce n’était pas
pour des convenances personnelies qu’il avait de-
mandé la remise.
M. Painlevé : M* Bernard a dit qu’il considérait
comme une lâcheté de laisser entendre qu’il ait
obéi aux instigations du ministre des finances.
il. Lescouvé . M* Bernard a dit qu’il n’avait pa*
compris ce que j’avais dit. J’affirme que j’ai tou-
jours compris que c’était a l'instigation de M. le
Ministre des finances que M* Bernard avait deman-
dé la remise.
âf. Pamlevé : It résulte de votre déposition que
M* Bernard vous aurait dit qu’il n’avait pas de-
mandé la remise pour des convenances person-
ne des.
âf. Lescouvé : II a dit : « On me l’a fait deman-
der ».
âf Jiurês : Dans votre conversation avec lui,
M* Bernard est allé plus loin. Il a dit à la commis-
sion : « J’ai reçu de quelqu’un l’assurance que je
pouvais demander la remise. » AM le procureur
il a dit : « C’est le gouvernement qui m’a prié de
la demander. »
âf. Lescouvé : M* Bernard ne nf’a pas dit : « J’ai
toujours compris, dans mes conversations avec
lui, que ce n’était pas pour ses convenances per-
sonnelles qu’il avait demandé la remise, que c’é-
tait à la demande du ministre des finances. J'ai
ignoré les motifs qu’avait eus le ministre des fi-
nances de demander la remise.
âf. Painlevé Je relève la contradiction entre
les déclarations de M. Lescouvé et de M* Ber-
nard.
âf. Lescouve : J’ai compris a la lecture du Temps
la contradiction qui pouvait exister entre la dé-
claration de M* Bernard et la giienne. J’ai télé-
phoné aussitôt a un ami commun, - M. le prési-
dent Monter, pour lui dire que je ce comprenais
pas la déposition de M* Bernard. Cet ami a fait
part de ma surprise a M* Maurice Bernard. Ce der-
nier est venu me trouver le lendemain et m’a dit:
« Tu n’as pas compris ce que j'ai dit. »
âf. A. Lefèvre : Je note que M. Bloch-Laroque a
rapporté la même impression de sa conversation
avec M* Bernard.
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