Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-03-25
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 mars 1914 25 mars 1914
Description : 1914/03/25 (A34,N11919). 1914/03/25 (A34,N11919).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172084p
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
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PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
lAEET-A-TJX
(LONDRES, 34 Mars, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE r-a; |
Comptant.. soutenu *66 7/« 18/6 -/-
3 mois * 65 16/- 40/- -/-
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Comptant .) * 176 5/- 17/6 -/-
3 moiS.....)soütenn *178 -/- 15/- -f-
FER
Comptant ..1 caIme * 50/7 % -/- -/-
8 mois ) * 61/1 -/- Id
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 33 mars DU.
NEW-YC*’,K, 24 MARS
Cotons » mars, hausse 4 points ; mai
hausse 4 points ; juillet, inchangé ; octobre
baisse 4 points.
Cotés t hausse 14 à 17 points.
NEW-YORK, 24 MARS
l. IÜ ion L mchiir
Cuivre Standard disp. 14 12 14 06
— avril 14 12 14 06
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CHICAGO, 24 MARS
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Saindoux sur. Mai.10 77 10 80
Tnlllnl ' ^ tO 97 tt —
LA DATE DES ELECTIONS
L’Agence Havas publie la note suivante :
Nous sommes en mesure d’affirmer que la
date des élections reste fixée de façon for-
melle au 26 avril prochain.
Le décret de convocation des électeurs pa-
raîtra prochainement.
LE MEURTRE DE M.CALMETTE
Mme Caillaux à l’Instruction
Après avoir fait les déclarations que nous
relatons d’autre part, Mme Caillaux raconte
qu’après le déjeuner, elle alla dans un bu-
reau de placement où elle retint une bonne
pour le lendemain matin ; puis, à 3 h. 1/2,
elle se rendit chez un armurier pour ache-
ter un revolver, car elle désirait etre armée
ponr voyager dans la Sarthe au cours de la
campagne électorale de sou mari.
Quand elle eut choisi un browning, elle
l’essaya dans le sous-sol et avant de se reti-
rer, elle voulut charger son revolver. Elle
aurait désiré ne mettre que deux cartou-
ches, mais la présence d’un empiré qui
n’aurait pu que s’étonner de ce nombre,
l’obligea à' le remplir complètement.
Delà, Mme Caillaux se retira chez elle.
Elle écrivit une lettre à son mari ou elle lui
déclarait : « La France et la République ont
besoin de toi ; je ne Veux pas que tu te sacri-
fies I »
Elle recommanda sa femme de chambre à
M. Caillaux au cas où elle ne serait pas ren-
trée à sept heures, puis elle se fit conduire
au Figaro.
Mme Caillaux raconte alors son arrivée et
sa longue attente au Figaro. Quand elle eut
fiait passer sa carte à M. Calmette, elle enten
dit celui-ci dire à l’huissier : « Faites entrer
Mme Caillaux ».
Mme Caillaux fut irritée d’entendre pro-
noncer son nom et de savoir sa présence ré-
vélée.
a Quand je me trouvai en présence de M.
Calmette, qui avait fait tant as mal à mon
mari, ajonta-t elle, et sachant ma présence
connue de tous, je tirai en dirigeant mon
arme vers le bas. Puis je continuai sans
m’en apercevoir. »
Mme Caillaux a répété qu’elle ne voulait
pas tuer M. Calmette ; qu’elle voulait fui
donner seulement un avertissement.
Son interrogatoire terminé, Mme Caillaux
B été reconduite à Saint-Lazare.
Une Lettre de M. Henri Bernstein
M. Henri Bernstein vient d’adresser aa Fi-
garo une lettre dans laquelle il dit que tous
ceux qui connaissaient M. Calmette auront
accueilli le témoignage de Mme Estradère
par un haussement d’épaules dédaigneux,
mais qu’il n’y a pas que les amis do mort, il
y a le pays, il y aura la cour d’assises et c’est
pourquoi M. Henri Bernstein dit qu’il vient
S’écrire à M. Boucard pour le prier de l’en-
tendre, car il possède des renseignements
précis sur les questions et se flatte de dé-
montrer en quelques minutes au juge d’ins-
truction, ce que vaut l’histoire qu’on lui a
contée hier.
L’AFFAIRE ROCHETTE
WJÊte lettre lie M. JBarracg
NICE.— M. Darracq, mis en cause dans
l’affaire Rochette, communique une dépêché
qu’il vient d’adresser à un journal de Paris :
« J’ai connaissance à l’instant de votre
article tendant à faire supposer que je suis
l’X... dont s’est préoccupé la Commission
d’enquête.
» Je proteste énergiquement et déclare
que vous êtes dans l’erreur.
» Il me suffira dé vous affirmer : 1» Que je
n’ai pas l’honneur de conn i re Me Maurice
Bernard ; 2» Que je ne l’ai jamais vu ; 3° Que
Me Jallu n’a jamais cessé d’être mon conseil;
4° Que je ne l’ai dessaisi d’aucun de mes
dossiers ; 5» Qu’il continue à avoir toute ma
confiance.
» Je vous prie d’interroger Me Maurice
Bernard et Me Jailu, qui respectueux de la
vérité, ne pourront que vous confirmer mes
dires.
» Salutations distinguées.
» Signé : DARRACQ ».
A LA COMMISSION DU BUDGET
Après avoir entendu M. René Renoult, mi-
nistre des finances, la Commission do bud-
get a repoussé par 11 voix contre 9 sa propo-
sition tendant à insérer dans la loi de finan-
ces un projet relatif à l’impôt sur la rente
et l’impôt complémentaire sur le revenu.
Ce3 projets ont été renvoyés pour études
à la commission de législation fiscale.
LE DÉGRÈVEMENT FONCIER
, La Commission de législation fiscale a ra-
tifié hier le texte voté par le Sénat, concer-
nant le dégrèvement foncier et l’imposition
des valeurs mobilières à partir du premier
juillet prochain.
' M. Dumenil-a été nommé rapporteur.
NOMINATIONS ET MUTATIONS
DANS L'ARMÉE
Sont promus au grade de capitaine :
Les lieutenants Mercier du Paty de Clara,
du 129e d’infanterie, affecté au 16e bataillon
de chasseurs ; Cabanel, du 132e d’iofaaterie,
affecté au 129e, et Bizô, du 3ie d’infanterie,
affecté au 129&.
Mil. Harel, capitaine au 48e d’infanterie,
passe au 129e ; ûespoisse, capitaine au 129e,
passe au 37e ; Berthet, capitaine au 139e,
passe au 129e.
M. Joly, lieutenant-colonel d’infanterie,
est maintenu chef de l'état-major du com-
mandement supérieur de la défense du Ha-
vre.
Le médecin-major de lre classe Schntfe-
laere, de l’hospice mixte du Havre, est pro-
mu médecin principal de 2e classe.
—" ” «S
CHEZ LES SOUS-AGENTS DES P. T. T.
Dans sa réunion d hier, le Congrès de l’As-
sociation générale des sous-agents des P.T.T.
a décidé qu’il y a lieu de procéder à ta trans-
formation de l'Association générale en Syn-
dicat, sans se préoccuper de la question de
la légalité et justement dans le but de faire
intervenir une décision des pouvoirs pu-
blics à ce sujet.
Les statuts seront mis en harmonie avec
la loi du 21 mars 1884.
AU MAROC
Le Général Lyautey à Rabat
RABAT.— Le général Lyautey, venant de
Casablanca, est arrivé en automobile hier
après-midi, à 6 heures.
Il a été acclamé par une foule considérable
massée aux portes de la ville.
■ ■■■■ III I.M.—
UN BAC COULÉ PAR UN REMORQUEUR
. BERLIN. — Hier soir, vers 5 h. 1/2, à Kce-
penirk, un bac transportant une vingtaine
d’ouvriers, dont plusieurs femmes d’une fa-
brique de la ville, a été abordé par un re-
morqueur et coulé.
Sept passagers seulement ont pu être sau-
vés ; un seul cadavre a été retrouvé.
L’AVIATION ET LA T. S. F.
AU SERVICE DE LA POLICE
MIANI (Floride). — Hier, un nègre soup-
çonné d’avoir volé une broche de diamants,
s’etait enfui sur un vapeur faisant route
pour ies Bermudes.
Un détective aviateur prévenu de cette
fuite, monta un hydravion et s’élança à la
poursuite du vapeur. Il le rejoignit à 21
milles en mer, l’accosta, fouilla le nègre et
le trouva porteur de la broche dérobée. Il
fit monter le nègre dans son hydravion et
rarneDa son prisonnier.
Toute cette opération demanda moins
d’une heure.
La télégraphie sans fil dont le navire était
pourvu, joua un rôle important dans cette
arrestation sensationnelle C’est par elle
qu’on apprit que le nègre se trouvait à-bord
du navire dont la marche avait été retardée
par la marée basse.
La Situation politique en Perse
Le ministre de Russie à Téhéran a fait au
Rousskoté Slovo d’intéressantes commnnica-
iioas sur la situation en Perse et le rôle de
la Russie dans ce pays. La politique russe
en Perse a été, comme on sait, violemment
attaquée par la presse étrangère, surtout
par la presse allemande. Les déclarations
du diplomate russe remettent les choses au
point.
La Russie, déclare-t-il, ne s’oppose aucu-
nement à l’introduction en Perse d’une
Constitution et de réformes politiques. Le
manque de Constitution est cause de l'anar-
chie administrative où ce pays se débat,
mais les imprudences de la gauche parle-
mentaire persane semblent au gouverne-
ment russe plus pernicieuses qu’utiles. C’est
contre ces excès qri’il veut mettre en garde
les gouvernants de Téhéran. Oa a repré-
senté l’agitation anticonstitutionnelle à Azer-
baïdjan comme étant J’oeuvre du gouver-
neur général Soudcha ed Daouleh, soutenu
par les Russes.
Cette conception des choses est erronée.
La lutte anticonstitutionnelle à Azerbeidjan
est une manifestation populaire spontanée.
Le gouverneur et les Russes n’y entrent pour
rien.
Le ministre russe estime que c’est la con-
vention anglo-russe de 1907 qui a sauvegardé
l'indépendance persane. Quand le medjliss
aura été convoqué à nouveau et quand
Sultan Achmed Khan aura été couronné, on
pourra songer à l’évacuation des territoires
occupés dans le Nord. En attendant, la pré-
sence des troupes russes dans ce pays est
nécessaire.
La Russie et l’Angleterre discutent encore
le tracé du chemin de fer transpersan. La
Russie préconise le tracé Astora-Téhérau-
Jezd et la frontière hindoue. L’Angleterre
préférerait le tracé Téhérau-Ispahan-Bou-
chir et puis la côte.
La Situation Financière
Nous avons publié le texte complet de
l’important discours prononcé à la Cham-
bre, vendredi dernier, par M. Jules Sieg-
fried. ,
Après avoir constaté d’un mot que le
budget soumis au Parlement et que la si-
tuation du Trésor se présentent en des con-
ditions particulièrement difficiles, — et
telles qu’il n’en fut point de plus défavora-
bles depuis 1870, — M. Jules Siegfried
a résumé la situation financière avec la
plus grande netteté.
Le déficit du budget, reconnu par tous,
est de 704 millions.
Et comment propose-t-on de le cou vrir ?
De la façon suivante :
1° Par des économies pour 49 mil,
lions ;
2° Par le transport à un compte spécial
des dépenses du Maroc, 234 millions ;
3° Par un changement de l’année de
I base : 1913 au lieu de 1912,188 millions ;
I 4° Par des impôts nouveaux, pour 23
j millions ;
§? Par le boni de l’exercice 1912,112 mil-
lions
6° Par des obligations à court terme, pour
190 millions ; total ; 794 millions.
Or ce sont là simples expédients.
On propose49 millions d’économies.Est-il
bien sûr que ce sont là économies réelles ?
Est-il certain que ce ne sont pas dépenses
différées par insuffisance de crédits et qui
se retrouveront au budget supplémen-
taire ?
On transporte à un compte spécial des
dépenses du Maroc une somme de 234 mil-
lions. N’est-ce pas la réouverture des bud-
gets extraordinaires, dont l’extension est
toujours à craindre, dont l’expérience déjà
faite n’a donné que des résültats regret-
tables ?
On a pris pour base, dans l’évaluation
des recettes, celles de 1913, et non pas cel-,
les de la pénultième année, comme l’indi-
quait une pratiqué éprouvée et de précau-
tion sage/Est-il bien sûr qu’il n’y ait pas
imprudence dans l’adoption de ce nouveau
système ?
L’année dernière, les crédits supplémen-
taires ont été de 337 millions. Il y a quel-
ques années, ils ne dépassaient guère 100
millions. N’y a-t-il pas là une indication
formelle d’un accroissement continu dè dé-
penses non prévues au budget primitif, et
dont on ne peut prévoir le terme ?
Enfin, pour compléter l’équilibre du
budget, on propose l’émission d'obligations
à court terme pour une somme de 190 mil-
lions. Mais comment ia prochaine Chambre J
pourra-t-elle parer à cette charge nouvelle,
par quels moyens ?
Ce n’est pas tout. Si nous considérons la
situation du Trésor, elle est plus inquié-
tante peut-être que la situation précaire du
budget de 1914.
« La dette flottante, a dit M. Jules Sieg-
fried, était, fin décembre 1913, de 1,660
millions, dont 414 millions en bons du Tré-
sor, plus 207 millions en obligations à
court terme ; de plus, les dépenses hors
budget étaient, pour l’armement, de 68
millions, pour le casernement, de 234 mil-
lions et, pour la marine, de 62 millions ;
total, 362 millions. Le total de nos dettes
est donc de 2,022 millions.
» Enfin, les dépenses militaires aux
quelles il faut faire face sont estimées,
pour la guerçe à 1,410 millions. L’ensemble
des engagements s’élève donc à peu près à
4 milliards de francs,
» Je vous le demande, Messieurs, en
présence d'une situation financière pa-
reille, d’engagements de plus de 4 mil-
liards de francs, n’est- il pas imprudent de
ne pas avoir proposé ce que la Chambre
avait du reste voté avant la chute du mi-
nistère Barthou, je veux dire un emprunt
de 1,300 millions ? »
C’est bien le sentiment que nous avons
exprimé naguère ici-même.
La France est animée des sentiments les
plus pacifiques ; elle ne peut cependant avoir
la certitude d’une paix immuable. Si une
guerre éclatait, quel ne serait pas notre dé-
sarroi quand il nous faudrait entrer en
campagne avec deux milliards de dette
flottante et deux milliards d’engage-
ment de dépenses ! Et c’est ici qu’appa-
raît notre instable situation financière ac-
tuelle,situation vraiment inquiétante et qui
nous aurait été épargnée, — qui tout au
moins aurait été largement atténuée, — si
nous avions eu la sagesse de faire l’emprunt
de liquidation proposé par M. Charles Du-
mont.Son projet,dira-t-on, prêtait à certaines
critiques ? Sans doute, et nous ne l'avons
point dissimulé. Mais il présentait des pré-
cisions et des sécurités. Aujourd’hui nous
en sommes à tâcher de boucler le budget le
moins mal possible et à remettre ail lende-
main la solution des affaires les plus ur-
gentes et les plus sérieuses, — tel l'em-
prunt inévitable.
On a vu avec combien de clairvoyance
et de netteté M. Jules Siegfried a envisagé
ies conditions dans lesquelles pourrait être
fixé le prochain budget, l’étude judi-
cieuse qu’il a faite, eu sou discours, des.
impôts'indirects et directs, comment il
établit qûe partie des uns devraient être
considérablement allégés et comment aussi
certains nouveaux impôts directs seraient
nécessaires, pourvu qu’ils soient établis
avec aine équitable prudence. Et il se pro-
nonce : en faveur de l’impôt sur le revenu,
sans déclaration obligatoire, sans inquisi-
tion ni vexation ; pour la taxe sur les suc-
cessions ; pour la taxe sur la fortune acqui-
se. Gç sont là toutes considérations dictées
par l’expérience, par la raison, et d’inspira-
tion jtraiment démocratique et sociale.
Ai|ssf, le discours de M. Jules Siegfried
futjil hautement apprécié par la très gran-
de jkqor^$|#e là Chambre. Mais certaines
hostilités se manifestèrent dès qu’il s’alta-
qua*àu scandaleux privilège des bouilleurs
de cru, dont la disparition cependant au-
rait les conséquences morales les plus
appréciables et contribuerait, dans la plus
large mesure, à l’équilibre cherché de nos
budgets futurs.
Quand cet équilibre sera trouvé, la plus
grande prudence financière devra rester la
règle absolue des ministres et du Parle-
ment. Ce n’est pas sans raison que M. Jules
Siegfried, en se plaignant, des crédits sup-
plémentaires toujours accrus, s’est élevé
contre ce laisser-aller ministériel inexcu-
sable dont nous avons eu tant d’exemples.
Certes, ! nous ne pouvons échapper aux
charges énormes qui nous sont imposées
pai, le. souci de notre défense nationale, et
nous ne saurions nous refuser aux dépen-
ses nécessitées par l’application des. lois
sociales. Mais il faut que les pouvoirs pu-
blics considèrent aussi que la capacité con-
tributive du pays a cependant ses limites,
que faute de s’en souvenir on risquerait de
décourager l’initiative, de restreindre le
travail, de supprimer l’épargne et dé tarir
les sources mêmes dè la richesse.
C’est à quoi aboutirait promptement une
politique de surenchère dont nous avons
déjà trop souffert depuis quelque temps, —
et à laquelle il faudra bien mettre un
terme, sous peine des conséquences les
plus graves.
TII. VALLÉE.
ENCORE fiü. DELIOT
A mes Collaborateurs
i J’avais l’intention de parler ce mâtin
de l'affaire, de la fameuse affaire,
l’affaire Rochette, Caillaux, ou Fabre,
comme il vous plaira de l’appeler,
— mais l’enquête, dont nous avons
publié în-extenso les principaux élé-
ments, n’est pas encore terminée et
peut-être convient-il d’attendre encore
un peu pour y voir plus clair. Toute
celte histoire est tellement déconcer-
tante, nos ministres, nos magistrats
et avocats y apparaissent sous un jour
si effarant, que Von hésite à porter,
les jugements nécessaires — surtout
si l’on veut être équitable et ne pas se
laisser emporter par ses passions en
dénonçant tout de suite la « crise du
régime ».
Je suis convaincu que le régime, qui
en a vu bien d'autres, se tirera encore
d’affaire, et cette sécurité me permet
de descendre des hauteurs de la poli-
tique générale, où l’air n’est d’ailleurs
pas très bon en ce moment, je le re-
connais, pour revenir au Havre et
même, si vous le voulez bien, dans
notre salle de Tédaction.
Je voudrais, en effet, pendant qu’il
en est temps encore, et parlant une
dernière fois du moi haïssable, dire
publiquement à tous mes collabora-
teurs merci de leur bon accueil.
«r Ça n’intéresse pas le lecteur vos
affaires de boutique » me souffle dans
l’oreille un conseiller grincheux.
Mais, sans bien connaître encore
« mon jutur fidèle lecteur », j’aime à
croire que mon voisin se trompe. Le
\ lecteur, j'imagine, tient beaucoup à
avoir un journal intéressant ; pour
qu’un journal soit intéressant il Jaut
qu’il soit bienfait ; pour qu’un jour-
nal soit bien fait, il Jaut, avant tout,
que sa rédaction forme une unité har.
monieuse. Donc le lecteur a intérêt à
savoir, une fois par hasard, ce qui se
passe dans les coulisses, en général
fermées, de la rédaction.
Je ne violerai pas le « secret profes-
sionnel » dont on fait une telle con-
sommation en ce moment, en disant
que mes collaborateurs en m'adoptant
d’emblée si aimablement m’ont fait
gagner d’un seul coup « quelques »
années de vie havraise, à tel point
que je puis parler couramment du
« bâteau d’Ronfleur » et du capitaine
Chemin dêfameuse mémoire !
Je leur répète donc, de tout coeur,
merci — et au travail, pour ne pas
décevoir « mon fidèle jutur lecteur »
déjà nommé, et, surtout, les anciens
et fidèles lecteurs du Petit Havre,
CASPAU-JOUDAN.
M. Déliot nous adresse la lettre suivante
dont nous n’aurons pas la cruauté de re-
fuser l’inserlion, nous souvenant que les
condamnés ont vingt-quatre heures pour
maudire leurs juges.
Notons seulement que, d’après lui, les
radicaux-socialistes auraient aussi vingt-
quatre heures pour rallier leurs troupes en
débandade ; c’est superbe, mais que n’ont-
ils sonné le ralliement samedi dernier ?
Havre le 23 mars 1914.
Monsieur le Rédacteur du
Petit Maire
Un succès dans le 4e Canton est chose si
rare pour vous, que je m’explique très bien
la joie qui éclate dans votre article de ce
matin, intitulé : Une première victoire.
Mais, comme je trouve cette joie intem- ]
peslive, je me permets de venir l’atlénuer
sensiblement au risque de passer pour un I
empêcheur de danser en rond dans votre j
salie de rédaction.
Vous oubliez d’abord que la réussite de
votre candidat n’est due qu’à un manque I
de discipline dans le parti Radical-Socia-
liste Ilavrais; fait qui ne se renouvellerai
pas, soyez-en convaincu, car toutes mesu- J
res sont déjà prises à cet effet.
Ensuite, vous n’avez pas remarqué que I
les trois quarts des voix que vous déclarez
etre fermement républicaines viennent des I
droites et que, malgré tout cela, votre can-1
didat est battu de près de cent voix par le j
candidat socialiste, appuyé par les radi- J
eaux-socialistes dans la section Mauvaise du j
4e Canton. j
Vous êtes tellement grisé par ce fameux j
succès que vous cognez à tort et à travers, J
vos amis eux-mêmes ne sont pas épargnés.
En effet, que visez-vous quand vous
parlez d’ambitieux de passage pour qui le I
Conseil général n’est, dans le 4e Canton,
qu’une salle d’attente pour candidats à la
députation ?
Bien mieux dans votre exubérance vous
faites de la commune de Graville « votre
cité » puisque seule elle a donné la majorité
à M. Debreuille et que vous déclarez que
l’élection d’hier prouve que le programme I
de votre Comité correspond bien au senti-1
ment de là population de votre cité.
Est-ce à dire que vous abandonnez le]
Havre parce qu’il vous a signifié hier qu’il
ne voulait pas de votre politique nébu- I,
leuse ? |
Mais alors c’est à croire que le succès J i
dont vous vous glorifiez et surtout votre 11
sens des affaires résolument opportuniste, I
vous permettront maintenant de donner j <
satisfaction à votre clientèle réactionnaire j |
de Graville. I <
C’est la grâce que je vous houhaite. j J
Je vous prie d’insérer cette lettre en pre- J
mière page, et d’agréer, M. le Rédacteur, j1
mes salutations distinguées. I j
CH . DÉLIOT, j J
Conseiller d'Arrondissement du 4e Canton. ] .
I !
L’IMPOT SU LA mm
MM. Théodore Reinach et Jules Siegfried J
viennent de déposer un amendement au j
projet du gouvernement tendant à insérer |
dans la loi de finances les dispositions rela- |
tives à l’impôt sur la rente repoussées par |
le Sénat. |
D’après cet amendement, les rentes qui |
seront émises postérieurement à la promul-
gation de la noavelle loi seraient soumises à I
l’impôt ; celles existant à l’heure actuelle en
seraient exemptes.
En outre, par voie de conséquence, MM.
Théodore Reinach et Jules Siegfried propo-
sent de supprimer les dispositions do projet
affranchissant de l’impôt sur le revenu les
rentes possédées par la Caisse Nationale des
retraites, les établissements de bienfaisance
reconnus d’utilité publique, la Caisse natio-
nale d’épargne, les Sociétés de secours mu-
tuels, etc., et par les titulaires dont le reve-
nu en rente serait inférieur à 625 francs et
le revenu total inférieur à 1,230 francs.
ÉTRANGER
JAPON
Démission du Cabinet
Le Parlement n’a pas adopté le budget, par
suite de divergences de vues entre les deux
Chambres, su sujettes diminutions à appor-
ter an programme des constructions nava-
les. Le cabinet a décidé de donner sa dé-
mission.
Le budget 1913-1914 restera en vigueur
pour 1914 1915, et la marine perdra dos cré-
dits s'élevant à environ 6 millions 500,000
livres sterling.
Cela vent dire probablement qu’il y aura
fine suspension de constructions navales.
On espère, dans certains cercles, que dans
ce cas, l’empereur prolongera la session.
LE PETIT HAVRE ILLUSTRE
13 Pages 5 Centimes 13 Pages
Tous les Mercredis
Douze pages abondamment bourrées de
texte et de dessins en noir et en coaleurs ;
voilà ce qu’offre le JMievre Illus-
tré pour cinq centimes.
Et la variété de son contenn n’a d’égal que
son intérêt. Est-il, en effet, besoin d insister
sur l’attrait de cette publication qni, simul-
tanément, ne publie pas moins de quatre
romans dont trois illustrés : Tom le Domp-
teur, de Lonis Bonssenard ; Un Drame au
fond des Eaux, Rita la Tzigane, Le Rocher du
Mort, et des histoires amusantes comme le
Seigneur de Gastelmouyse et sa famille, Séraphin>■,
Lacouche, Bébé, 3 ans, i mètre 70, Les Gran
des Chasses deLapipe et MOHPOIO,
La Commission dïnquête
sur l’Affaire Reciretis
SÉANCES DU 84 MARS
Séance du matin
J Le séance est ouverte à neuf heures et do»
mie, sous la présidence de M. Jaurès.
I En voici le compte rendu in extenso :
M. Sinrllvnu
j M. Barthou est introduit. •
j M. Jaurès : Que savez-vous relativement à la
| remise de l’affaire, & l’histoire du document Fa-
| bre ? “ *
il. Barthou: Quand j’ai eu le document en
I muns, j avais mesuré l’étendue des colères eue
j je provoquerais.
1 i ôté injurié et digamé, mais je ne regrette
Dras les mêmes circonstances, je referais ce
j que j ai fait devant la Chambre
J ai été accusé d avoir inspiré la campagne
I de M. Calmette, do lui avoir fourni des documents
1 Je connaissais M. Calmette, dont j’étais l’ami
] depuis vingt-cinq ans.
Ni de près ni de loin, ni directement ni indireo
I tement, je n’ai été mêlé à la campagne faite par
| M Calmette contre M. Caillaux
Les deux Circonstances où je suis intervenu
| auprès de M. Calmette m’ont amené à demander
a M. Calmette de ne pas publier certains docu-
ments.
J’ai éié accusé d’avoir communiqué à M. Gal-
matte la fameuse lettre privée où U y avait des
allusions politiques.
Je l’ai complètement ignorée.
Je déclare sur moi> honneur que c’est par le
i Figaro que j’ai appris noD seulement le contenu
du document mais son existence môme.
' Cette déclaration s’applique à toutes les auires
lettrés privées dont on a parlé. Je ne les ai ja-
mais vues. Je ne les ai jamais connues. Je ne sais
pas co qu’elies conlienuent.
J’ai été appelé à intervenir près de M. Calmette
dans les conditions suivantes :
Il avait commencé sa campagne en janvier. Le
14 janvier, j’ai été sollicité par M. Doumergue,
président du Conseil, de faire une démarche au-
près do M. Calmette.
H me dit qu’il me demandait un service, non
d’intérêt personnel pour M. Caillaux et pour lui,
mais un service d’intérêt générai.
M. Doumergue croyait savoir que M. Calmette
devait publier des dépêches relatives à des affaires
qui n’étaient pas d’ordre intérieur.
Le soir même, je suis entré en communication
avec M. C ilmette.
Il m’a dit qu’il pourrait y avoir des inconvé-
nients à la publication de ces documents. Il me
dit qu’il ava t l’intention de les résumer. Je lui
ai montré les inconvénients de cette publication.
Cédant à mes supplications, il a renoncé à cette
publication.
Je suis venu à la Chambre. Après la séance, je
suis ailé trouver MM. Dournergue.ét CaülaûjLâu;
ministère des affaires étrangères, jé leur ai «Pce
que j’avais fait.
Ils m’en ont vivement remercié.
Garde des sceaux au moment de la Commission
d’enquête, si je n’ai pas été appelé devant elle,
j’ai eu à connaître de l’affaire Rochette..
M. du Mesnil a fait auprès de moi des démar-
ches ayant pour objet d’introduire une sorte d’ac-
tion disciplinaire contre un expert qui au cours
de l’instruction avait pris parti contre les opéra-
tions de Rochette.
II me demandait d’obtenir la radiation de cet
expert ou une enquête disciplinaire contre lui.
l’ai examiné ce qu’il y avait dans le dossier de
l’expert au ministère de la justice. J ai constaté
qu’à un moment il avait été l’objet d’une plainte
qui n’avait pas paru justifiée à un de mes prédé-
cesseurs.
Je déclarai à M. du Mesnil que je ne pouvais
rien faire.
Le résultat s’est immédiatement produit. J’ai été
violemment accusé et injurié à partir d’un mo-
ment très précis qu’on peut relever dans la col-
lection du Rappel.
Je suis lié par des relations d’amitié avec M»’
Maurice Bernard. Jamais il ne s’est servi de nos
relations personnelles pour que je mette mes
fonctions ae garde des sceaux au service de i’avo-
iwk
] Je me souviens qu’à un moment, M* Mauriee
] Bernard est venu me demander si l’on ce pour-
j rail pas ajourner le procès Rochette devant le tri-
| bunal civil dans l’intérêt de ses créanciers,
j II me faisait part de ce qui avait eu lieu lors de
I l’affaire Jaluzot.
| J’ai ,'remandé à M. Fabre son sentiment. Je me
[ suis heurté au refus le plus énergique de M. Fa-
| bre. Il eslimait que son devoir consistait à pour-
j suivre Rocbetle le plus activement possible.
| Il doit y avoir à la Chancellerie un rapport de
| M. Fabre indiquant les raisons pour lesquelles il
ne pouvait se prêter à la remise. Au moment où
la commission d’enquêlé s’est réunie, je me suis
rendu chczM. Briand, président du Conseil, avec
le procureur général et le procureur de la Répu-
blique.
M. Briand,avec qui je me solidariseentièrement,
était gardé des sceaux quand l’affaire était enga-
gée. C’était à lui qu’il appartenait de délier le pro-
cureur général et le procureur de la République
du secret professionnel. Nous leur avons donné
pour instructions de dire tout ce qu’ils savaient.
J’ai quitté le ministère de la justice. Un soir
j’apprends que l’affaire Rochette allait être remise.
C’était chez M. Lescouvé. M. Monier nous dit que
l’affaire allait être remise.
Stupéfaction do M. Lescouvé. M. Monier de dire:
« J’en suis certain ; M. Fabre a été appelé ; il a
subi une pression; l’affaire sera remise. »
Mon étonnement égalait celui de M. Lescouvé.
Quelques jours après, je rencontrai M. GJltaux
qui a fait allusion à eelto conversation. Il l’a si-
tuée quelques mois après la remise de l’affiire.
Il se trompe. Elle est contemporaine de la re-
mise. Elle a eu lieu dans la semaine où j’avais
été surpris do la révélation que je venais de rece-
voir.
Je dis à M. Caillaux : « Il se passe au ministère
de l’intérieur de3 choses qui m’étonnent. Le pré-
sident du Conseil a fait venir le procureur géné-
ral pour lui dire de faire remettre l’affaire Ro-
chette. »
M. Caillaux me répondit que c’était lui qui était
intervenu auprès de M. Moms pour demander la
remise.
Il me dit que Rochette avait la liste des frais
d’émission relatifs à certaines affaires antérieu-
res, qu’il se proposait de les publier, que cette
publication pouvait entraîner une grande émotion
et qu’il était intervenu auprès de M. Monis pour
lui dire d’empécher celle révélation.
La conversation s’est terminée à peu près sur
ces mots : « S’il y avait une intervention à faire,
pourquoi le président du Conseil est-il intervenu
de cette façon ? Il y a un garde des sceaux. »
M. Caillaux m’a répondu : « Il y a la manière;
M. Monis ne l’a pas t »
Quand j’ai entendu, cette révélation chez M,
Lescouvé, ia remise n'était pas prononcée. C’est
très peu de jours après qu’elle a eu lieu.
L’an dernier je suis devenu garde des sceaux
du Cabinet Briand.
M. Briand m’a remis une noie qui lui avait étt
confiée par M. Fabre au moment où il avait étu-
dié ie rôle de celui-ci dans la remise.
Avant qu’ii me la remit, j’en ignorais le con-
tenu.
J’ai été un peu embarrassé par ce document de
caractère imprévu.
J’ai eu la pensée de verser ce document à la di-
rection des affaires criminelles.
M. Briand m’a dit :« Non. C’est un document
qui m’a été remis personnellement.
— Que faut-il que j’en fasse ?
— Tous le passerez à votre successeur.
J’ai eu un instant la pensée de détruire co do»
cument
Je mô télicile donc l’avoir pas fait,
Administra leur - Délégué - Gérant
O. RANDOLET
AdffliüistrafiOD. Impressions et Annonces. TÉL. 10,47
35, Rue Fontenelle, 35
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Le Petit Havre
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AU HAVRE., >,. BUREAU DU JOURNAL, 112, boul 4 de Strasoourg.
( L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
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( le Journal.
te PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces Judiciaires et légales
ABONNEMENTS TROIS Mois Six Mois UN AÏ»
..e Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,] « __ _ _
l’Oise et la Somme 4 50 » Fr. 4 8 Fr.
lutres Départements 6 Fr 4 4 50 ** -> „
Inion Postale 40 » *o Fr. Iô »
n s’abonne également, SAHS FRAIS, dans tous tes Bureaux de Poste de France
Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
lAEET-A-TJX
(LONDRES, 34 Mars, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE r-a; |
Comptant.. soutenu *66 7/« 18/6 -/-
3 mois * 65 16/- 40/- -/-
ETAIN
Comptant .) * 176 5/- 17/6 -/-
3 moiS.....)soütenn *178 -/- 15/- -f-
FER
Comptant ..1 caIme * 50/7 % -/- -/-
8 mois ) * 61/1 -/- Id
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 33 mars DU.
NEW-YC*’,K, 24 MARS
Cotons » mars, hausse 4 points ; mai
hausse 4 points ; juillet, inchangé ; octobre
baisse 4 points.
Cotés t hausse 14 à 17 points.
NEW-YORK, 24 MARS
l. IÜ ion L mchiir
Cuivre Standard disp. 14 12 14 06
— avril 14 12 14 06
Amalgamai. Cup,.. 76 3/4 76 3/4
Fer 15 25 15 25
CHICAGO, 24 MARS
C..M- ;ODR fi. PRKr.Rn
Blé *Bî< Mal 93 5/8 93 8 8
— . ", s>.. Juillet.... 89»/» 89»/.
Maïs sur.....l Mai 69 5.8 69 7/8
— Juillet.... 69 3 4 69 7/8
Saindoux sur. Mai.10 77 10 80
Tnlllnl ' ^ tO 97 tt —
LA DATE DES ELECTIONS
L’Agence Havas publie la note suivante :
Nous sommes en mesure d’affirmer que la
date des élections reste fixée de façon for-
melle au 26 avril prochain.
Le décret de convocation des électeurs pa-
raîtra prochainement.
LE MEURTRE DE M.CALMETTE
Mme Caillaux à l’Instruction
Après avoir fait les déclarations que nous
relatons d’autre part, Mme Caillaux raconte
qu’après le déjeuner, elle alla dans un bu-
reau de placement où elle retint une bonne
pour le lendemain matin ; puis, à 3 h. 1/2,
elle se rendit chez un armurier pour ache-
ter un revolver, car elle désirait etre armée
ponr voyager dans la Sarthe au cours de la
campagne électorale de sou mari.
Quand elle eut choisi un browning, elle
l’essaya dans le sous-sol et avant de se reti-
rer, elle voulut charger son revolver. Elle
aurait désiré ne mettre que deux cartou-
ches, mais la présence d’un empiré qui
n’aurait pu que s’étonner de ce nombre,
l’obligea à' le remplir complètement.
Delà, Mme Caillaux se retira chez elle.
Elle écrivit une lettre à son mari ou elle lui
déclarait : « La France et la République ont
besoin de toi ; je ne Veux pas que tu te sacri-
fies I »
Elle recommanda sa femme de chambre à
M. Caillaux au cas où elle ne serait pas ren-
trée à sept heures, puis elle se fit conduire
au Figaro.
Mme Caillaux raconte alors son arrivée et
sa longue attente au Figaro. Quand elle eut
fiait passer sa carte à M. Calmette, elle enten
dit celui-ci dire à l’huissier : « Faites entrer
Mme Caillaux ».
Mme Caillaux fut irritée d’entendre pro-
noncer son nom et de savoir sa présence ré-
vélée.
a Quand je me trouvai en présence de M.
Calmette, qui avait fait tant as mal à mon
mari, ajonta-t elle, et sachant ma présence
connue de tous, je tirai en dirigeant mon
arme vers le bas. Puis je continuai sans
m’en apercevoir. »
Mme Caillaux a répété qu’elle ne voulait
pas tuer M. Calmette ; qu’elle voulait fui
donner seulement un avertissement.
Son interrogatoire terminé, Mme Caillaux
B été reconduite à Saint-Lazare.
Une Lettre de M. Henri Bernstein
M. Henri Bernstein vient d’adresser aa Fi-
garo une lettre dans laquelle il dit que tous
ceux qui connaissaient M. Calmette auront
accueilli le témoignage de Mme Estradère
par un haussement d’épaules dédaigneux,
mais qu’il n’y a pas que les amis do mort, il
y a le pays, il y aura la cour d’assises et c’est
pourquoi M. Henri Bernstein dit qu’il vient
S’écrire à M. Boucard pour le prier de l’en-
tendre, car il possède des renseignements
précis sur les questions et se flatte de dé-
montrer en quelques minutes au juge d’ins-
truction, ce que vaut l’histoire qu’on lui a
contée hier.
L’AFFAIRE ROCHETTE
WJÊte lettre lie M. JBarracg
NICE.— M. Darracq, mis en cause dans
l’affaire Rochette, communique une dépêché
qu’il vient d’adresser à un journal de Paris :
« J’ai connaissance à l’instant de votre
article tendant à faire supposer que je suis
l’X... dont s’est préoccupé la Commission
d’enquête.
» Je proteste énergiquement et déclare
que vous êtes dans l’erreur.
» Il me suffira dé vous affirmer : 1» Que je
n’ai pas l’honneur de conn i re Me Maurice
Bernard ; 2» Que je ne l’ai jamais vu ; 3° Que
Me Jallu n’a jamais cessé d’être mon conseil;
4° Que je ne l’ai dessaisi d’aucun de mes
dossiers ; 5» Qu’il continue à avoir toute ma
confiance.
» Je vous prie d’interroger Me Maurice
Bernard et Me Jailu, qui respectueux de la
vérité, ne pourront que vous confirmer mes
dires.
» Salutations distinguées.
» Signé : DARRACQ ».
A LA COMMISSION DU BUDGET
Après avoir entendu M. René Renoult, mi-
nistre des finances, la Commission do bud-
get a repoussé par 11 voix contre 9 sa propo-
sition tendant à insérer dans la loi de finan-
ces un projet relatif à l’impôt sur la rente
et l’impôt complémentaire sur le revenu.
Ce3 projets ont été renvoyés pour études
à la commission de législation fiscale.
LE DÉGRÈVEMENT FONCIER
, La Commission de législation fiscale a ra-
tifié hier le texte voté par le Sénat, concer-
nant le dégrèvement foncier et l’imposition
des valeurs mobilières à partir du premier
juillet prochain.
' M. Dumenil-a été nommé rapporteur.
NOMINATIONS ET MUTATIONS
DANS L'ARMÉE
Sont promus au grade de capitaine :
Les lieutenants Mercier du Paty de Clara,
du 129e d’infanterie, affecté au 16e bataillon
de chasseurs ; Cabanel, du 132e d’iofaaterie,
affecté au 129e, et Bizô, du 3ie d’infanterie,
affecté au 129&.
Mil. Harel, capitaine au 48e d’infanterie,
passe au 129e ; ûespoisse, capitaine au 129e,
passe au 37e ; Berthet, capitaine au 139e,
passe au 129e.
M. Joly, lieutenant-colonel d’infanterie,
est maintenu chef de l'état-major du com-
mandement supérieur de la défense du Ha-
vre.
Le médecin-major de lre classe Schntfe-
laere, de l’hospice mixte du Havre, est pro-
mu médecin principal de 2e classe.
—" ” «S
CHEZ LES SOUS-AGENTS DES P. T. T.
Dans sa réunion d hier, le Congrès de l’As-
sociation générale des sous-agents des P.T.T.
a décidé qu’il y a lieu de procéder à ta trans-
formation de l'Association générale en Syn-
dicat, sans se préoccuper de la question de
la légalité et justement dans le but de faire
intervenir une décision des pouvoirs pu-
blics à ce sujet.
Les statuts seront mis en harmonie avec
la loi du 21 mars 1884.
AU MAROC
Le Général Lyautey à Rabat
RABAT.— Le général Lyautey, venant de
Casablanca, est arrivé en automobile hier
après-midi, à 6 heures.
Il a été acclamé par une foule considérable
massée aux portes de la ville.
■ ■■■■ III I.M.—
UN BAC COULÉ PAR UN REMORQUEUR
. BERLIN. — Hier soir, vers 5 h. 1/2, à Kce-
penirk, un bac transportant une vingtaine
d’ouvriers, dont plusieurs femmes d’une fa-
brique de la ville, a été abordé par un re-
morqueur et coulé.
Sept passagers seulement ont pu être sau-
vés ; un seul cadavre a été retrouvé.
L’AVIATION ET LA T. S. F.
AU SERVICE DE LA POLICE
MIANI (Floride). — Hier, un nègre soup-
çonné d’avoir volé une broche de diamants,
s’etait enfui sur un vapeur faisant route
pour ies Bermudes.
Un détective aviateur prévenu de cette
fuite, monta un hydravion et s’élança à la
poursuite du vapeur. Il le rejoignit à 21
milles en mer, l’accosta, fouilla le nègre et
le trouva porteur de la broche dérobée. Il
fit monter le nègre dans son hydravion et
rarneDa son prisonnier.
Toute cette opération demanda moins
d’une heure.
La télégraphie sans fil dont le navire était
pourvu, joua un rôle important dans cette
arrestation sensationnelle C’est par elle
qu’on apprit que le nègre se trouvait à-bord
du navire dont la marche avait été retardée
par la marée basse.
La Situation politique en Perse
Le ministre de Russie à Téhéran a fait au
Rousskoté Slovo d’intéressantes commnnica-
iioas sur la situation en Perse et le rôle de
la Russie dans ce pays. La politique russe
en Perse a été, comme on sait, violemment
attaquée par la presse étrangère, surtout
par la presse allemande. Les déclarations
du diplomate russe remettent les choses au
point.
La Russie, déclare-t-il, ne s’oppose aucu-
nement à l’introduction en Perse d’une
Constitution et de réformes politiques. Le
manque de Constitution est cause de l'anar-
chie administrative où ce pays se débat,
mais les imprudences de la gauche parle-
mentaire persane semblent au gouverne-
ment russe plus pernicieuses qu’utiles. C’est
contre ces excès qri’il veut mettre en garde
les gouvernants de Téhéran. Oa a repré-
senté l’agitation anticonstitutionnelle à Azer-
baïdjan comme étant J’oeuvre du gouver-
neur général Soudcha ed Daouleh, soutenu
par les Russes.
Cette conception des choses est erronée.
La lutte anticonstitutionnelle à Azerbeidjan
est une manifestation populaire spontanée.
Le gouverneur et les Russes n’y entrent pour
rien.
Le ministre russe estime que c’est la con-
vention anglo-russe de 1907 qui a sauvegardé
l'indépendance persane. Quand le medjliss
aura été convoqué à nouveau et quand
Sultan Achmed Khan aura été couronné, on
pourra songer à l’évacuation des territoires
occupés dans le Nord. En attendant, la pré-
sence des troupes russes dans ce pays est
nécessaire.
La Russie et l’Angleterre discutent encore
le tracé du chemin de fer transpersan. La
Russie préconise le tracé Astora-Téhérau-
Jezd et la frontière hindoue. L’Angleterre
préférerait le tracé Téhérau-Ispahan-Bou-
chir et puis la côte.
La Situation Financière
Nous avons publié le texte complet de
l’important discours prononcé à la Cham-
bre, vendredi dernier, par M. Jules Sieg-
fried. ,
Après avoir constaté d’un mot que le
budget soumis au Parlement et que la si-
tuation du Trésor se présentent en des con-
ditions particulièrement difficiles, — et
telles qu’il n’en fut point de plus défavora-
bles depuis 1870, — M. Jules Siegfried
a résumé la situation financière avec la
plus grande netteté.
Le déficit du budget, reconnu par tous,
est de 704 millions.
Et comment propose-t-on de le cou vrir ?
De la façon suivante :
1° Par des économies pour 49 mil,
lions ;
2° Par le transport à un compte spécial
des dépenses du Maroc, 234 millions ;
3° Par un changement de l’année de
I base : 1913 au lieu de 1912,188 millions ;
I 4° Par des impôts nouveaux, pour 23
j millions ;
§? Par le boni de l’exercice 1912,112 mil-
lions
6° Par des obligations à court terme, pour
190 millions ; total ; 794 millions.
Or ce sont là simples expédients.
On propose49 millions d’économies.Est-il
bien sûr que ce sont là économies réelles ?
Est-il certain que ce ne sont pas dépenses
différées par insuffisance de crédits et qui
se retrouveront au budget supplémen-
taire ?
On transporte à un compte spécial des
dépenses du Maroc une somme de 234 mil-
lions. N’est-ce pas la réouverture des bud-
gets extraordinaires, dont l’extension est
toujours à craindre, dont l’expérience déjà
faite n’a donné que des résültats regret-
tables ?
On a pris pour base, dans l’évaluation
des recettes, celles de 1913, et non pas cel-,
les de la pénultième année, comme l’indi-
quait une pratiqué éprouvée et de précau-
tion sage/Est-il bien sûr qu’il n’y ait pas
imprudence dans l’adoption de ce nouveau
système ?
L’année dernière, les crédits supplémen-
taires ont été de 337 millions. Il y a quel-
ques années, ils ne dépassaient guère 100
millions. N’y a-t-il pas là une indication
formelle d’un accroissement continu dè dé-
penses non prévues au budget primitif, et
dont on ne peut prévoir le terme ?
Enfin, pour compléter l’équilibre du
budget, on propose l’émission d'obligations
à court terme pour une somme de 190 mil-
lions. Mais comment ia prochaine Chambre J
pourra-t-elle parer à cette charge nouvelle,
par quels moyens ?
Ce n’est pas tout. Si nous considérons la
situation du Trésor, elle est plus inquié-
tante peut-être que la situation précaire du
budget de 1914.
« La dette flottante, a dit M. Jules Sieg-
fried, était, fin décembre 1913, de 1,660
millions, dont 414 millions en bons du Tré-
sor, plus 207 millions en obligations à
court terme ; de plus, les dépenses hors
budget étaient, pour l’armement, de 68
millions, pour le casernement, de 234 mil-
lions et, pour la marine, de 62 millions ;
total, 362 millions. Le total de nos dettes
est donc de 2,022 millions.
» Enfin, les dépenses militaires aux
quelles il faut faire face sont estimées,
pour la guerçe à 1,410 millions. L’ensemble
des engagements s’élève donc à peu près à
4 milliards de francs,
» Je vous le demande, Messieurs, en
présence d'une situation financière pa-
reille, d’engagements de plus de 4 mil-
liards de francs, n’est- il pas imprudent de
ne pas avoir proposé ce que la Chambre
avait du reste voté avant la chute du mi-
nistère Barthou, je veux dire un emprunt
de 1,300 millions ? »
C’est bien le sentiment que nous avons
exprimé naguère ici-même.
La France est animée des sentiments les
plus pacifiques ; elle ne peut cependant avoir
la certitude d’une paix immuable. Si une
guerre éclatait, quel ne serait pas notre dé-
sarroi quand il nous faudrait entrer en
campagne avec deux milliards de dette
flottante et deux milliards d’engage-
ment de dépenses ! Et c’est ici qu’appa-
raît notre instable situation financière ac-
tuelle,situation vraiment inquiétante et qui
nous aurait été épargnée, — qui tout au
moins aurait été largement atténuée, — si
nous avions eu la sagesse de faire l’emprunt
de liquidation proposé par M. Charles Du-
mont.Son projet,dira-t-on, prêtait à certaines
critiques ? Sans doute, et nous ne l'avons
point dissimulé. Mais il présentait des pré-
cisions et des sécurités. Aujourd’hui nous
en sommes à tâcher de boucler le budget le
moins mal possible et à remettre ail lende-
main la solution des affaires les plus ur-
gentes et les plus sérieuses, — tel l'em-
prunt inévitable.
On a vu avec combien de clairvoyance
et de netteté M. Jules Siegfried a envisagé
ies conditions dans lesquelles pourrait être
fixé le prochain budget, l’étude judi-
cieuse qu’il a faite, eu sou discours, des.
impôts'indirects et directs, comment il
établit qûe partie des uns devraient être
considérablement allégés et comment aussi
certains nouveaux impôts directs seraient
nécessaires, pourvu qu’ils soient établis
avec aine équitable prudence. Et il se pro-
nonce : en faveur de l’impôt sur le revenu,
sans déclaration obligatoire, sans inquisi-
tion ni vexation ; pour la taxe sur les suc-
cessions ; pour la taxe sur la fortune acqui-
se. Gç sont là toutes considérations dictées
par l’expérience, par la raison, et d’inspira-
tion jtraiment démocratique et sociale.
Ai|ssf, le discours de M. Jules Siegfried
futjil hautement apprécié par la très gran-
de jkqor^$|#e là Chambre. Mais certaines
hostilités se manifestèrent dès qu’il s’alta-
qua*àu scandaleux privilège des bouilleurs
de cru, dont la disparition cependant au-
rait les conséquences morales les plus
appréciables et contribuerait, dans la plus
large mesure, à l’équilibre cherché de nos
budgets futurs.
Quand cet équilibre sera trouvé, la plus
grande prudence financière devra rester la
règle absolue des ministres et du Parle-
ment. Ce n’est pas sans raison que M. Jules
Siegfried, en se plaignant, des crédits sup-
plémentaires toujours accrus, s’est élevé
contre ce laisser-aller ministériel inexcu-
sable dont nous avons eu tant d’exemples.
Certes, ! nous ne pouvons échapper aux
charges énormes qui nous sont imposées
pai, le. souci de notre défense nationale, et
nous ne saurions nous refuser aux dépen-
ses nécessitées par l’application des. lois
sociales. Mais il faut que les pouvoirs pu-
blics considèrent aussi que la capacité con-
tributive du pays a cependant ses limites,
que faute de s’en souvenir on risquerait de
décourager l’initiative, de restreindre le
travail, de supprimer l’épargne et dé tarir
les sources mêmes dè la richesse.
C’est à quoi aboutirait promptement une
politique de surenchère dont nous avons
déjà trop souffert depuis quelque temps, —
et à laquelle il faudra bien mettre un
terme, sous peine des conséquences les
plus graves.
TII. VALLÉE.
ENCORE fiü. DELIOT
A mes Collaborateurs
i J’avais l’intention de parler ce mâtin
de l'affaire, de la fameuse affaire,
l’affaire Rochette, Caillaux, ou Fabre,
comme il vous plaira de l’appeler,
— mais l’enquête, dont nous avons
publié în-extenso les principaux élé-
ments, n’est pas encore terminée et
peut-être convient-il d’attendre encore
un peu pour y voir plus clair. Toute
celte histoire est tellement déconcer-
tante, nos ministres, nos magistrats
et avocats y apparaissent sous un jour
si effarant, que Von hésite à porter,
les jugements nécessaires — surtout
si l’on veut être équitable et ne pas se
laisser emporter par ses passions en
dénonçant tout de suite la « crise du
régime ».
Je suis convaincu que le régime, qui
en a vu bien d'autres, se tirera encore
d’affaire, et cette sécurité me permet
de descendre des hauteurs de la poli-
tique générale, où l’air n’est d’ailleurs
pas très bon en ce moment, je le re-
connais, pour revenir au Havre et
même, si vous le voulez bien, dans
notre salle de Tédaction.
Je voudrais, en effet, pendant qu’il
en est temps encore, et parlant une
dernière fois du moi haïssable, dire
publiquement à tous mes collabora-
teurs merci de leur bon accueil.
«r Ça n’intéresse pas le lecteur vos
affaires de boutique » me souffle dans
l’oreille un conseiller grincheux.
Mais, sans bien connaître encore
« mon jutur fidèle lecteur », j’aime à
croire que mon voisin se trompe. Le
\ lecteur, j'imagine, tient beaucoup à
avoir un journal intéressant ; pour
qu’un journal soit intéressant il Jaut
qu’il soit bienfait ; pour qu’un jour-
nal soit bien fait, il Jaut, avant tout,
que sa rédaction forme une unité har.
monieuse. Donc le lecteur a intérêt à
savoir, une fois par hasard, ce qui se
passe dans les coulisses, en général
fermées, de la rédaction.
Je ne violerai pas le « secret profes-
sionnel » dont on fait une telle con-
sommation en ce moment, en disant
que mes collaborateurs en m'adoptant
d’emblée si aimablement m’ont fait
gagner d’un seul coup « quelques »
années de vie havraise, à tel point
que je puis parler couramment du
« bâteau d’Ronfleur » et du capitaine
Chemin dêfameuse mémoire !
Je leur répète donc, de tout coeur,
merci — et au travail, pour ne pas
décevoir « mon fidèle jutur lecteur »
déjà nommé, et, surtout, les anciens
et fidèles lecteurs du Petit Havre,
CASPAU-JOUDAN.
M. Déliot nous adresse la lettre suivante
dont nous n’aurons pas la cruauté de re-
fuser l’inserlion, nous souvenant que les
condamnés ont vingt-quatre heures pour
maudire leurs juges.
Notons seulement que, d’après lui, les
radicaux-socialistes auraient aussi vingt-
quatre heures pour rallier leurs troupes en
débandade ; c’est superbe, mais que n’ont-
ils sonné le ralliement samedi dernier ?
Havre le 23 mars 1914.
Monsieur le Rédacteur du
Petit Maire
Un succès dans le 4e Canton est chose si
rare pour vous, que je m’explique très bien
la joie qui éclate dans votre article de ce
matin, intitulé : Une première victoire.
Mais, comme je trouve cette joie intem- ]
peslive, je me permets de venir l’atlénuer
sensiblement au risque de passer pour un I
empêcheur de danser en rond dans votre j
salie de rédaction.
Vous oubliez d’abord que la réussite de
votre candidat n’est due qu’à un manque I
de discipline dans le parti Radical-Socia-
liste Ilavrais; fait qui ne se renouvellerai
pas, soyez-en convaincu, car toutes mesu- J
res sont déjà prises à cet effet.
Ensuite, vous n’avez pas remarqué que I
les trois quarts des voix que vous déclarez
etre fermement républicaines viennent des I
droites et que, malgré tout cela, votre can-1
didat est battu de près de cent voix par le j
candidat socialiste, appuyé par les radi- J
eaux-socialistes dans la section Mauvaise du j
4e Canton. j
Vous êtes tellement grisé par ce fameux j
succès que vous cognez à tort et à travers, J
vos amis eux-mêmes ne sont pas épargnés.
En effet, que visez-vous quand vous
parlez d’ambitieux de passage pour qui le I
Conseil général n’est, dans le 4e Canton,
qu’une salle d’attente pour candidats à la
députation ?
Bien mieux dans votre exubérance vous
faites de la commune de Graville « votre
cité » puisque seule elle a donné la majorité
à M. Debreuille et que vous déclarez que
l’élection d’hier prouve que le programme I
de votre Comité correspond bien au senti-1
ment de là population de votre cité.
Est-ce à dire que vous abandonnez le]
Havre parce qu’il vous a signifié hier qu’il
ne voulait pas de votre politique nébu- I,
leuse ? |
Mais alors c’est à croire que le succès J i
dont vous vous glorifiez et surtout votre 11
sens des affaires résolument opportuniste, I
vous permettront maintenant de donner j <
satisfaction à votre clientèle réactionnaire j |
de Graville. I <
C’est la grâce que je vous houhaite. j J
Je vous prie d’insérer cette lettre en pre- J
mière page, et d’agréer, M. le Rédacteur, j1
mes salutations distinguées. I j
CH . DÉLIOT, j J
Conseiller d'Arrondissement du 4e Canton. ] .
I !
L’IMPOT SU LA mm
MM. Théodore Reinach et Jules Siegfried J
viennent de déposer un amendement au j
projet du gouvernement tendant à insérer |
dans la loi de finances les dispositions rela- |
tives à l’impôt sur la rente repoussées par |
le Sénat. |
D’après cet amendement, les rentes qui |
seront émises postérieurement à la promul-
gation de la noavelle loi seraient soumises à I
l’impôt ; celles existant à l’heure actuelle en
seraient exemptes.
En outre, par voie de conséquence, MM.
Théodore Reinach et Jules Siegfried propo-
sent de supprimer les dispositions do projet
affranchissant de l’impôt sur le revenu les
rentes possédées par la Caisse Nationale des
retraites, les établissements de bienfaisance
reconnus d’utilité publique, la Caisse natio-
nale d’épargne, les Sociétés de secours mu-
tuels, etc., et par les titulaires dont le reve-
nu en rente serait inférieur à 625 francs et
le revenu total inférieur à 1,230 francs.
ÉTRANGER
JAPON
Démission du Cabinet
Le Parlement n’a pas adopté le budget, par
suite de divergences de vues entre les deux
Chambres, su sujettes diminutions à appor-
ter an programme des constructions nava-
les. Le cabinet a décidé de donner sa dé-
mission.
Le budget 1913-1914 restera en vigueur
pour 1914 1915, et la marine perdra dos cré-
dits s'élevant à environ 6 millions 500,000
livres sterling.
Cela vent dire probablement qu’il y aura
fine suspension de constructions navales.
On espère, dans certains cercles, que dans
ce cas, l’empereur prolongera la session.
LE PETIT HAVRE ILLUSTRE
13 Pages 5 Centimes 13 Pages
Tous les Mercredis
Douze pages abondamment bourrées de
texte et de dessins en noir et en coaleurs ;
voilà ce qu’offre le JMievre Illus-
tré pour cinq centimes.
Et la variété de son contenn n’a d’égal que
son intérêt. Est-il, en effet, besoin d insister
sur l’attrait de cette publication qni, simul-
tanément, ne publie pas moins de quatre
romans dont trois illustrés : Tom le Domp-
teur, de Lonis Bonssenard ; Un Drame au
fond des Eaux, Rita la Tzigane, Le Rocher du
Mort, et des histoires amusantes comme le
Seigneur de Gastelmouyse et sa famille, Séraphin>■,
Lacouche, Bébé, 3 ans, i mètre 70, Les Gran
des Chasses deLapipe et MOHPOIO,
La Commission dïnquête
sur l’Affaire Reciretis
SÉANCES DU 84 MARS
Séance du matin
J Le séance est ouverte à neuf heures et do»
mie, sous la présidence de M. Jaurès.
I En voici le compte rendu in extenso :
M. Sinrllvnu
j M. Barthou est introduit. •
j M. Jaurès : Que savez-vous relativement à la
| remise de l’affaire, & l’histoire du document Fa-
| bre ? “ *
il. Barthou: Quand j’ai eu le document en
I muns, j avais mesuré l’étendue des colères eue
j je provoquerais.
1 i ôté injurié et digamé, mais je ne regrette
Dras les mêmes circonstances, je referais ce
j que j ai fait devant la Chambre
J ai été accusé d avoir inspiré la campagne
I de M. Calmette, do lui avoir fourni des documents
1 Je connaissais M. Calmette, dont j’étais l’ami
] depuis vingt-cinq ans.
Ni de près ni de loin, ni directement ni indireo
I tement, je n’ai été mêlé à la campagne faite par
| M Calmette contre M. Caillaux
Les deux Circonstances où je suis intervenu
| auprès de M. Calmette m’ont amené à demander
a M. Calmette de ne pas publier certains docu-
ments.
J’ai éié accusé d’avoir communiqué à M. Gal-
matte la fameuse lettre privée où U y avait des
allusions politiques.
Je l’ai complètement ignorée.
Je déclare sur moi> honneur que c’est par le
i Figaro que j’ai appris noD seulement le contenu
du document mais son existence môme.
' Cette déclaration s’applique à toutes les auires
lettrés privées dont on a parlé. Je ne les ai ja-
mais vues. Je ne les ai jamais connues. Je ne sais
pas co qu’elies conlienuent.
J’ai été appelé à intervenir près de M. Calmette
dans les conditions suivantes :
Il avait commencé sa campagne en janvier. Le
14 janvier, j’ai été sollicité par M. Doumergue,
président du Conseil, de faire une démarche au-
près do M. Calmette.
H me dit qu’il me demandait un service, non
d’intérêt personnel pour M. Caillaux et pour lui,
mais un service d’intérêt générai.
M. Doumergue croyait savoir que M. Calmette
devait publier des dépêches relatives à des affaires
qui n’étaient pas d’ordre intérieur.
Le soir même, je suis entré en communication
avec M. C ilmette.
Il m’a dit qu’il pourrait y avoir des inconvé-
nients à la publication de ces documents. Il me
dit qu’il ava t l’intention de les résumer. Je lui
ai montré les inconvénients de cette publication.
Cédant à mes supplications, il a renoncé à cette
publication.
Je suis venu à la Chambre. Après la séance, je
suis ailé trouver MM. Dournergue.ét CaülaûjLâu;
ministère des affaires étrangères, jé leur ai «Pce
que j’avais fait.
Ils m’en ont vivement remercié.
Garde des sceaux au moment de la Commission
d’enquête, si je n’ai pas été appelé devant elle,
j’ai eu à connaître de l’affaire Rochette..
M. du Mesnil a fait auprès de moi des démar-
ches ayant pour objet d’introduire une sorte d’ac-
tion disciplinaire contre un expert qui au cours
de l’instruction avait pris parti contre les opéra-
tions de Rochette.
II me demandait d’obtenir la radiation de cet
expert ou une enquête disciplinaire contre lui.
l’ai examiné ce qu’il y avait dans le dossier de
l’expert au ministère de la justice. J ai constaté
qu’à un moment il avait été l’objet d’une plainte
qui n’avait pas paru justifiée à un de mes prédé-
cesseurs.
Je déclarai à M. du Mesnil que je ne pouvais
rien faire.
Le résultat s’est immédiatement produit. J’ai été
violemment accusé et injurié à partir d’un mo-
ment très précis qu’on peut relever dans la col-
lection du Rappel.
Je suis lié par des relations d’amitié avec M»’
Maurice Bernard. Jamais il ne s’est servi de nos
relations personnelles pour que je mette mes
fonctions ae garde des sceaux au service de i’avo-
iwk
] Je me souviens qu’à un moment, M* Mauriee
] Bernard est venu me demander si l’on ce pour-
j rail pas ajourner le procès Rochette devant le tri-
| bunal civil dans l’intérêt de ses créanciers,
j II me faisait part de ce qui avait eu lieu lors de
I l’affaire Jaluzot.
| J’ai ,'remandé à M. Fabre son sentiment. Je me
[ suis heurté au refus le plus énergique de M. Fa-
| bre. Il eslimait que son devoir consistait à pour-
j suivre Rocbetle le plus activement possible.
| Il doit y avoir à la Chancellerie un rapport de
| M. Fabre indiquant les raisons pour lesquelles il
ne pouvait se prêter à la remise. Au moment où
la commission d’enquêlé s’est réunie, je me suis
rendu chczM. Briand, président du Conseil, avec
le procureur général et le procureur de la Répu-
blique.
M. Briand,avec qui je me solidariseentièrement,
était gardé des sceaux quand l’affaire était enga-
gée. C’était à lui qu’il appartenait de délier le pro-
cureur général et le procureur de la République
du secret professionnel. Nous leur avons donné
pour instructions de dire tout ce qu’ils savaient.
J’ai quitté le ministère de la justice. Un soir
j’apprends que l’affaire Rochette allait être remise.
C’était chez M. Lescouvé. M. Monier nous dit que
l’affaire allait être remise.
Stupéfaction do M. Lescouvé. M. Monier de dire:
« J’en suis certain ; M. Fabre a été appelé ; il a
subi une pression; l’affaire sera remise. »
Mon étonnement égalait celui de M. Lescouvé.
Quelques jours après, je rencontrai M. GJltaux
qui a fait allusion à eelto conversation. Il l’a si-
tuée quelques mois après la remise de l’affiire.
Il se trompe. Elle est contemporaine de la re-
mise. Elle a eu lieu dans la semaine où j’avais
été surpris do la révélation que je venais de rece-
voir.
Je dis à M. Caillaux : « Il se passe au ministère
de l’intérieur de3 choses qui m’étonnent. Le pré-
sident du Conseil a fait venir le procureur géné-
ral pour lui dire de faire remettre l’affaire Ro-
chette. »
M. Caillaux me répondit que c’était lui qui était
intervenu auprès de M. Moms pour demander la
remise.
Il me dit que Rochette avait la liste des frais
d’émission relatifs à certaines affaires antérieu-
res, qu’il se proposait de les publier, que cette
publication pouvait entraîner une grande émotion
et qu’il était intervenu auprès de M. Monis pour
lui dire d’empécher celle révélation.
La conversation s’est terminée à peu près sur
ces mots : « S’il y avait une intervention à faire,
pourquoi le président du Conseil est-il intervenu
de cette façon ? Il y a un garde des sceaux. »
M. Caillaux m’a répondu : « Il y a la manière;
M. Monis ne l’a pas t »
Quand j’ai entendu, cette révélation chez M,
Lescouvé, ia remise n'était pas prononcée. C’est
très peu de jours après qu’elle a eu lieu.
L’an dernier je suis devenu garde des sceaux
du Cabinet Briand.
M. Briand m’a remis une noie qui lui avait étt
confiée par M. Fabre au moment où il avait étu-
dié ie rôle de celui-ci dans la remise.
Avant qu’ii me la remit, j’en ignorais le con-
tenu.
J’ai été un peu embarrassé par ce document de
caractère imprévu.
J’ai eu la pensée de verser ce document à la di-
rection des affaires criminelles.
M. Briand m’a dit :« Non. C’est un document
qui m’a été remis personnellement.
— Que faut-il que j’en fasse ?
— Tous le passerez à votre successeur.
J’ai eu un instant la pensée de détruire co do»
cument
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