Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-03-24
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 mars 1914 24 mars 1914
Description : 1914/03/24 (A34,N11918). 1914/03/24 (A34,N11918).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1720839
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
'SF'Imf *- H,Ml fS Page») fraliaes — tDnwnfTBl non* — 5 fenlirowi (g$ pages» . Barti 21 Bars 1914
Admiaislratenr - Délégué - Gérait
O. RANDOLET
AdministratioB. Impressions et Annonces, TÉL. 10i7
85, Rue Fontenelle, 85
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus tort Tirage des f Journaux de la Région
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J.-J. CASPÀR - JORDAN
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Secrétaire Général : TH. VALLÉE
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AU HAVRE $..77 BUREAU DU JOURNAL, 112, boul 1 de Stras Dourg.
f L'AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
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( le Journal.
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces Judiciaires et légales
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1 Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,? -
I l’Oise et la Somme 4 5U J Fr‘ * ** lr*.
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Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
ÏAEÉTATJS:
-EOXDÎUïS, 83 Mars, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE
jfcomptant.. ,,al np *64 10/- io/- . -/-
(émois..... 1 *66 2/6 16/-
( ETAIN
Comptant.* 178 10/- 82/6 -/-
jb mois ferme * 177 6/- 60/- -/-
1 FER -
.Comptant./ cajme *80/7 % Id -/-
3 mois i *61/1 % -/- -/-
t Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
'du 41 mars IH4.
NEW-YORK, SS MARS
Cotons t mars, baisse 0 points ; mai,
baisse 7 points ; juillet, baisse 7 points ;
octobre, baisse 9 points.— A peine soutenu.
Calés i baisse 1 à 6 points.
NEW-YORK, 28 MARS
(. u ion i. RUtlUT
CuiTre Standard disp, li 06 13 07
— avril 14 06 13 97
Amalgamat. Cou... 76 3?4 76 1/8
Fer 15 35 15 25
CHICAGO, 23 MARS
G. DC JOUR G. PRBCED
Blé sur Mai #3 B 8 03 3 8
— Juillet.... 89»/* 88 3 4
Haïs sur Mai 69 7/8 68 7 8
— ..... Juillet.... 69 7/8 68 3-4
Saindouxsar. Mai....... 10 80 io 78
- f Juillet.... H— 10 98
la Commission d'Enqnête
sur l’Affaire Rochette
. •foïci le compte rendu analytique de la
fin de la séance de l’après-midi dont nous
Ipublions le début d’autre part :
! Plusieurs questions sont posées à M. Briand
knr la copie du document que possédait M.
Calmet'e.
M. Briand affirme que c’est uniquement à
cause de la mort'de M. Calmette que M. Bar-
thou a lu le document à la tribune.
« Je ne serais pas surpris, dit M. Briand,
que M. Barthou ait agi ainsi pour honorer la
mémoire de M. Calmette. Personnellement,
je me suis toujours refusé à donner à M.
Calmette des indications que dans des mai-
isons amies on me demandait sur cette af-
faire. »
Répondant toujours à des questions, l’an-
Cien président du Conseil déclare qu’il avait
toujours dit aux magistiats : « Vous allez
Aller devant la Commission d’enquête ; par-
lez selon voire conscience. »
Plus tard, j’ai dit un jour à M. Monis : « Le
procureur général ne parlera sur ces faits
que si vous le relevez du secret profes-
sionnel. »
M- Briand ajoute qu’il n’a jamais laissé les
pffiuences politiques pénétrer dans son cabi-
fjnetde garde des sceaux,
i « Après le récit que me fit M. Fabre, j’ai
leu l’impression qu'il aurait été révoqué s’il
m’avait pas obéi. Plus tard, il me dit qu’en
vagissant comme il l’avait fait, il avait cru ren-
dre service au gouvernement da moment ;
,'que le renvoi n’avait pas de conséquences
[juridiques. »
M. Briand dit qn’il n’a jamais sa au mo-
ment de l’arrestation de Rochette qne M.
iCaillaux s'intéressait aux affaires de ce finan-
cier.
Comme M. Franklin Bouillon Ini demande
«s'il n’a pas eu l’impression qu’il y a une
tendance au grossissement chez le procureur
{général, M. Briand répond que la question
stost .délicate.
« Songez, dit-il, que ce qu’on lni deman-
dait a du être cruel pour lui qui était opposé
la la remise. »
' M. Briand affirme que lorsqu’il conféra
{avec M. Fabre, il ignorait que MM. Monis et
ICaillaux avaient joué dans l’affaire de la re-
mise un rôle que M. Jaurès estima apparaître
{pomme inexplicable.
t Interrogé sur la déposition de M. Bidault
de l’Isle, M. Briand dit que ce magistrat a fait
fnn acte de solidarité professionnelle. Quant
& celle de M. Fabre, il n’est pas douteux, dit-
51, qu’en déposant devant vous, il a eu l’im-
jpression que c’était la fin de sa carrière.
> La Commission s’ajourne à demain matin
jSour entendre M. Barthou et à nouveau M.
Caillaux qui l’a demandé.
iLa Loi sur les Témoignages
reçus par la Commission
IfL’Ofliciel promulgue la loi relative aux té-
Aiioiguages reçus par la Commission d’en-
fquête parlementaire.
J|E MEURTRE DE M. CALMETTE
f L’Instruction
fyüï. Boucard, chargé de l’instruction de
^affaire Caillaux, a entendu hier après-midi,
foutre Mme Chartran, la princesse de Mesa-
jgne-Estradère et M. Isidore de Lara,
r Mme Mesagne-Estradère déclare que M.
(Calmette avait offert trente mille francs à
tpne personne détenant des photographies
ne trois letires qui avaient été détruites lors
fou divorce de M. Caillaux d’avec Mme Du-
lïrê_.
f La personne refusa d’ailleurs de livrer ces
{documents.
? Lorsqu’une de ces lettres signée « Ton
Ho » parut dans le Figaro, Mme Caillaux put
supposer que les deux autres étaient égale-
ment entre les mains de M. Calmette.
f M. Isidore de Lara confirme la déposition
Ile Mme Mesagne-Estradère.
i II déclare qn’il dioait avec Mme Caillaux
le lendemain de la publication par le Figa-
ro de la le.tre signée « Ton Jo ». Il conserve
lë souvenir de nndignation et des craintes de
|Ime Caillaux.
Le lendemain matin Mme Caillaux renou-
velait l’expression de ses craintes et mani-
festait l’intention de poursuivre le directeur
Idu Figaro. Des personnes présentes loi firent
remarquer qne M. Calmette soulèverait la
{question d’incompétence,
t M. de Lara donne ensnite de grandes pré-
jcisions sur l’état d’esprit de Mme Caillaux la
Veille du crime.
, A in suite de ces dépositions, Mme Caillaux
a été reconduite à St-Lazare.
Une Note du « Figaro 8
•••Le Figaro publie une note dans laquelle il
iroteste contre la déclaration faite par Mme
lesague-Estradère au juge d’instruction et
Suivant laquelle M. Calmette aurait offert à
nie dame X... et à Mme Mesagne-Estradère
mlle-mème une somme de 30,000 francs pour
g ménager une entrevue avec Mme Guey-
» première femme de M. Caillaux.
fait remarqner combien invraisemblable
l’attitude prêtée à M. Calmette et indique
. Mme Mesagne-Estradère n'était nulle-
ment au courant des intentions du directeur
du Figaro qu’elle ne voyait que fort rare-
ment.
D’autre part, dans son éditorial, le Figaro
renouvelle la déclaration qu’au jour de sa
mort M. Calmette n’avait plus aucune lettre
d’aucune sorte à publier et s’élève vivement
contre l’allégation qni a tenté de se faire
jour aujourd’hui au cours de l'instruction et
selon laquelle il voulait atteindre Mme CaiU
laux.
« Allons donc ! s’écrie-t-il ; en attendant
que nos témoins soient entendus par M.
Boucard, la collection du Figaro est là qui
répond ».
A propos de la lettre de M. Thaîamaa
L’OEuvre publie une lettre ouverte dâ
M. Gustave Téry à M. Laviss9, président du 1
Conseil supérieur de l'instruction publique*
dans laquelle il invite ce fonctionnaire à dé-
férer M.Thalamas, prolesseur de l'Université*
eu congé, au tribunal universitaire, en rai-
son de sa récente lettre à Mme Caillaux, ta
félicitant de son acte — lettre qui est l’apo-
logie d'un crime en même temps qu’une ex-
citation au meurtre.
M. Téry rappelle qu’il fat lui-même révo-
qué de ses fohetions universitaires pour s’ê-
tre permis une plaisanterie sur la barbe de/
M. Faîtières où l’on voulait voir une provo-1
cation an meurtre.
Il termine en exprimant l’espoir que les
pèreS de famille, justement indignes n'en
seront pas réduits a se taira justice, suivant
la méthode même qae recommande M. Tha-
lamas. - A
M. POINCARÉ AU BANQUET
DE LA PRESSE JUDICIAIRE
.Le président de- la République a présidé
hier soir le banquet anunel de l’Association
de la presse judiciaire.
An dessert, M. Poincaré a fait l’éloge de
l’Association qui enseigne la dignité, la te-
nue, la délicatesse professionnelles à ses
adhérents qoi sont ponr la justice des auxi-
liaires indispensables.
AU COMITÉ EXÉCUTIF
DU PARTI RADICAL
Le Comité exécutif do parti radical et ra-
dicai-socialiste s’est réuni hier soir socs la
présidence de M. Henri Michel, sénateur.
Celui-ci a rendu compte de la visite que le
bureau du Comité, apres les graves événe-
ments récents, avait ern devoir faire à M.
Caillaux pour l’assurer de la confiance et de
la sympathie du parti.
11 a été annoncé de différents côtés que
M. Caillaux allait se retirer de la vie politi-
que. Cette nouvelle est tout au moins pré-
maturée.
M. Bonnet, président delà Fédération de la
Seine, a ensuite présenté la motion sui-
vante :
«Le Comité exécutif du parti radical et
radical-socialiste, comptant sur le zèle da
Parlement pour terminer à bref délai le vote
da budget et considérant que le gouverne-
ment a fixé au 36 avril les élections législa-
tives, estime qu’il y aurait un grave inconvé-
nient à les retarder. »
Cette motion a été adoptée à l’unanimité.
Après ce vote, le Comité s’est occupé de
la situation électorale dans les divers dépar-
tements. Il a, en particulier, donné l’inves-
titure à M. Longray, dans la deuxième cir-
conscription de Ronen. ïïw'jpiv
AU CONSEIL MUNICIPAL DE PARIS
Par 40 voix contre 34, le Conseil municipal
de Paris a adopté un voeu disant que les en-
fants admis gratuitement dans les écoles pri-
vées, pourront bénéficier de la Caisse des
écoles.
POUR LES SOUS-AGENTS DES P. T. T.
La Commission du budget, d’accord avec
le gouvernement, a accordé une augmenta- f
tion de 700,000 francs pour l’élévation des
frais de séjour des sons-agents des P. T. T.
LA RÉSISTANCE CONTRE
LE HOME RULE EN IRLANDE
Le Calme à Belfast
BELFAST.— Le calme est complet. Les ma-
rins fraternisent avec les volontaires.
Sir Edward Carson va prolonger son sé-
jour dans l’Ulster ; il annonce que l’on con-
tinue à se préparer activement à résister à
toute tentative de coercition.
A la Chambre des Communes
LONDRES. — A la Chambre des Communes,
répondant à une question, M. Asquith a dé-
clare que le ministre de la guerre n’a donné
au général Paget aucune instruction relative
à une occupation de l’Ulster. Les seules ins-
tructions données au général la semaine
passée n’avaient trait qu’à des mouvements
de troupes.
Il ne s’agit là que de mesures de protec-
tion ; le gouvernement ne se propose aucune
antre opération.
Le général Gough et d’autres officiers
avaient interprété ces instructions dans un
sens pins étendu. Le Conseil de l’armée est
maintenant convaincujld’dy a£U un sim-
ple malentendu -
M. J.-d. CASPAR-JORDAN
Rédacteur en Chef du HAVRE et du PETIT HAVRE
FtlutO Eli,EMEU
i Cliché l’eut Bavr»
Notre Nouveau Rédacteur en Chef
La mort de notre excellent rédacteur en
chef et ami M. Ilippolyte Fénoux, survenue
au mois de décembre dernier, a créé, dans
notre maison du Petit Havre, un vide pro-
fond. Nous n’oublions pas tout ce que notre
journal doit à ce fin et spirituel écrivain, à
cet homme de sens avisé, qui était, on le
sait, une des figures les plus caractéristi-
ques et les plus sympathiques de notre cité.
Mais sa fonction restant sans titulaire, nous
avons dû nous préoccuper de lui chercher
uu successeur.
Le Conseil d’administration a tenu à ne
pas procéder hâtivement à ce choix. Le Petit
Havre n’est pas de ces maisons changeantes
où l’on modifie sans cesse (et en apparence
impunément) la liste des collaborateurs.
Nos rédacteurs, qui sont nos amis et les
amis de notre public, savent très bien que
l’autorité, dans notre ville, ne s’acquiert
que lentement et que le succès de l’écrivain
y est inséparable de l’çstime que sait méri-
ter l’homme. Notre journal est en outre so-
lidaire politiquement de son passé, qui
remonte à la fin de l’empire qu’il a combattu
et aux premières années de la République
qu’il a contribué, pour sa modeste part, à
raffermir. Il a toujours soutenu une politi-
que de progrès démocratique : contre les
retours offensifs de l’absolutisme et dé
la réaction, il s’est constamment montré
« libéral », dans le sens historique et répu-
blicain de ce mot ; contre les prétentions
intolérantes et irréfléchies de la démagogie,
il s’est invariablement souvenu qu’en notre
Normandie’seul peut définitivement triom-
pher le parti du bon sens et de la pondéra-
tion.
Telles étaient les préoccupations qui ont
inspiré nos recherches. Nous sommes cer-
tains de ne pas nous en être écartés en
choisissant comme rédacteur en chef
M. J.-J. Gaspar-Jordan, que nous avons
l’honneur de présenter aujourd’hui aux
lecteurs du Petit Havre.
Avocat à la Cour d’Appel de Paris,
fM. Gaspar-Jordan s’honore,, comme nom-'
bre de ses confrères, d’appartenir à la fois
àja carrièrefiu barreau et à celle du jour-
nalisme. Il est de ees républicains de con-'*
viction qui estiment que nul n’est pleine-
ment homme s’il ne mérite en même temps
le titre de citoyen : observateur attentif et
passionné de l’histoire politique de notre
temps, il a tenu à y intervenir, en homme
d’action, toutes les fois qu’il a pu servir
efficacement de nobles causes. Son action
comme avocat, comme journaliste, comme
citoyen s’est toujours inspirée à la même
source d’intelligence et de désintéresse-
ment.
Parlons d’abord de son fôle comme pu-
bliciste. Collaborateur, tour à tour, du Siè-
cle, de VAction, du Rappel, des Droits de
ïHomme, de la Grande Revue, des Docu-
ments du Progrès, du Courrier “Européen, du
Droit des Peuples, membre du Syndicat de
la presse étrangère, M. Gaspar-Jordan est de
ces journalistes qui ne mettront jamais
leur plume au service de causes qui ne
soient pas strictement en accord avec Jes_
aspirations de la Démocratie et les exigen-
ces de la Justice. Ses livres : La Révolution
religieuse d'après Edgar Quinet, Pour la Ré-
vision du Procès Ferrer, La Résistance légale
en Finlande, disent assez que la nature de
ses préoccupations le met en bonne place
au rang de ceux qui veulent une Républi-
que laïque démocratique, hardie même,
et soucieuse, suivant sa tradition, de tenir
sa place dans le monde en défendant le
droit des opprimés.
Dans cet esprit, qui est celui dont nous
nous réclamons ici, M. Gaspar-Jordan a
pris la part la plus active au mouvement des
idées démocratiques et sociales des dernières
années. Fondateur, en 1907, avec le haut
patronage de Frédéric Passy, de Hyacinthe
Loyson (le père), de M. Gabriel Séailles, de
« l’Union des Libres Penseurs et des Libres
Croyants », il est aujourd’hui le secrétaire-
général honoraire de pette association, pré-
sidée par M. Ferdinand Buisson. Secrétaire
de la a Société Franklin », il a dirigé depuis
1906, cette belle oeuvre dé propagation des
bibliothèques populaires, par les soins de
laquelle se distribuent, chaque année, plus
de 10.000 volumes aux bibliothèques de
troupe. Membre du Comité de direction de
« l’Institut International pour la diffusion
des expériences sociales », fondé sous le
patronage de MM. Léon Bourgeois, Descha-
nel, d’Estournélles de Constant, Albert Mé-
tin, etc., il a fait, comme délégué de cet
Institut, plusieurs voyages à travers l’Eu-
rope, grâce auxquels il a pu prendre des
affaires extérieures une connaissance dont
il fait bénéficier ses auditeurs de l’Ecole
des Hautes Etudes Sociales, où il est chargé
de cours, et qui sera également précieuse
à notre journal.
M. Gaspar-Jordan apparaît, par la simple
énumération de tous ces titres, comme un
homme dont l’activité débordante et géné-
reuse, parle mieux en sa faveur qu’une
longue série d’éloges.
Nous voulions un homme de convictions
politiques orientées dans le sens de la Dé-
mocratie : outre que nos tendances sont
dans ce sens, nous pensons qu’aucun régi- <
me durable et solide ne s’établira en Fran-
ce qu’avec le peuple et par le peuple. Le
passé de M. Gaspar-Jordan nous est garant
qu’il dirigera la rédaction de notre journal
dans l’esprit que nous désirons. Nous
savons en même temps qu’homme dans la
force de l’âge, préservé déjà par l’expé-
rience des exagérations dangereuses, il com-
prendra, en la partageant, la crainte que
l’opinicn normande a toujours eue des
choses faites avec trop de hâte, qui sont
frappées de stérilité parce que le temps se.
venge toujours de ce qu’on fait sans lui. ! ]
Nous avons d’autre part obtenu de trop
bons résultats par la collaboration générale
et amicale de tous les éléments de notre
personnel et de notre Conseil pour vouloir
y renoncer. Nous croyons la resserrer en-
core en élevant aux fonctions dé secrétaire
gênerai, notre précieux et fidèle collabora-
teur, M. Théophile Vallée, cheville ouvrière
de notre rédaction. M-.Yaüée est celai de
nos rédacteurs qui connaître mieux notre
Havre politique, SJÎU histoire, sa vie, ses as-
pirations, ses besoins. Aux côtés de M. Gas-
par-Jordan, avec un titre fait pour lui don-
ner toute l’autorité nécessaire,îf continuera
à maintenir le Petit Havre dans sa ligne de
journal républicain havrais.
Nos lecteurs savent que nous avons la
bonne fortune d’avoir comme collaborateur
M. André Siegfried dont l’érudition et le
talent sont tenus dans la plus haute estime
à l’Ecole des Sciences politiques où il pro-
fesse, et dont les livres, d’une documenta-
tion sûre et d’un style limpide, font autori-
té. Nous sommes heureux d’ajouter que
'eette collaboration à laquelle, nous le sa-
uvons, M. Caspar-Jordan atlache un grand
‘prix,restera désormais très étroite. M. André
{Siegfried complétera ainsi avec notre dis-
tingué correspondant M. Théodore Henry,
Syndic de la Presse .parlementaire de pro-
vince, notre collaboration parisienne.
Notre rédaction, s’appuyant en outre sur
{notre excellent administrateur-délégué, M.
Randolet, sur notre spirituel chroniqueur,
M. Herrenschmidt, si goûté du public, sur
nos dévoués rédacteurs, MM. Polet, Petit,
Hollaënder, sans oublier nos jeunes repor- !
Russie ei mm
(A propos d’une récente polémique
européenne)
ters et nos collaborateurs, spéciaux, sc
trouve de la sorte de nouveau au complet.
•Nous pouvons affronter l’avenir, persuadés
que nous sommes mieux que jamais quali-
fiés pour servir utilement l’intérêt de notre
Ville et celui de notre pays. G’est donc avee
lino entière confiance que le Conseil d’Ad-
ministralion présente M. J.-J. Gaspar-
Jordan, nouveau rédacteur en chef, aux
ieclenrs du Petit Havre.
Le Conseil d’Adminislralion.
Confession d’un Horsain
I Après la présentation trop bienveil-
lante et trop élogieuse du Conseil d'Ad-
ministration, je n’ai plus qu'à m'ex-
cuser d’être un « Horsain » ; mais, pa-
rodiant un mot fameux, je dirai tout
de suite : « Je le. suis, je ne le resterai
pas l »,
Je ne le resterai pas, parce que je
tiendrai à honneur d’être à la hau-
teur de la tâche que l’on m’a confiée, en
défendant dignement les intérêts de
la grande cité havraise auxquels mon
premier soin sera de m’initier dans
tous les détails. Mais, d'autre part, je
ne le resterai pas parce que, sans en
avoir l’air,j’ai de vieilles prédispositions
à devenir Havrais, et c'est ce que je tiens
à dire pour aujourd'hui.
En venant m’établir ail Havre, en
effet, je ne fais que réaliser, d’une
manière imprévue il est vrai, un vieux
rêve d’enfance et de jeunesse : Ma
mère était très liée avec une soeur du
docteur Gibert dont notre ville honore
à si juste titre la mémoire, et cette
soeur, aujourd'hui disparue, a été pour
moi non pas seulement une bienveil-
lante protectrice mais line grande
amie, une amie intime qui a façonné
un peu de mon âme.
Or, cettefemme d’élite avait une telle
dévotion pour son frère que chez elle
on n’entendait parler que du Havre et
toujours dans le sens le plus séduisant.
Aussi, l’imagination de cet âge aidant,
et l’attrait de la mer et des grands
navires, le Havre m’apparaissait-il
comme le port enchanté dont rêvent
les jeunes gens épris de voyages f
Je ne me suis jamais complètement
dégagé de ces impressions devenues
subconscientes, mais restées tenaces
comme tout ce qui vient du fond de
l’enfance. Elles me hantent plus que
jamais depuis mon arrivée ici : même
sous la pluie et la brume de ces der-
niers jours, je revis mon rêve de jadis
avec attendrissement, et dans une pro-
fonde pensée de reconnaissance pour
celle qui en a tissé involontairement
la trame et m’a appris ainsi à aimer
à l’avance ma nouvelle cité.
Sans doute, au jour le jour,' la réa-
lité me forcera bien à ouvrir les yeux
et à voir que tout n’est pas rose, même
au Havre. Mais à défaut d’un port
idyllique, je sais que j’y trouverai, avec
tout l’intérêt puissant qui s’y rat-
tache, un des plus gros ports commer-
çants du monde, le grand port fran-
çais transatlantique, et je serai fier de
participer désormais à sa vie écono-
mique et politique, .... î
CASPAR-JORDAN. I
f La Date des Elections , .^
Si nous en croyons le Petit Journal, un cer-
tain nombre de députés envisageraient l’é-
ventualité de l’ajournement de la date des
élections qui est, comme on sait, fixée au 36
avril.
Ils préféreraient que le premier tour eût
lieu seulement le 10 mai. Ils donnent deux
arguments à l’appui de leur opinion ; éloi-
gner le plas possible les élections da scan- '
date Rochette, et donner anx deux Gham- j
bres, avec ces quinze jours de répit, une
chance plus grande de voter le budget de
I9ià i
r La retentissante polémique de pressa
î qu’a promût**© l’article paru, le 2 inarsder-
5 nier dans la Ùaîellf- de Cologne sur les rela-
- tions politiques russo-âJlemandes semble à
- peu près épuisée. Le moment est venu d’en
- démêler le sens, ou tout au moins de Tes-
s sayer.
• . Les raisons qui ont pu déterminer un
l journal aussi sérieux, aussi responsable
i que la Gazette de Cologne, à adopter contre
• la Russie le langage habituel des panger-
manistes restent malgré tout mystérieu-
• ses. On ne peut que faire des hypothèses.
Faut-il penser que l’Allemagne a voulu, en
employant l'intimidation, préparer le re-
nouvellement du traité de commerce russo-
allemand qui arrive à échéance en 1917 î
G’est peu probable, car la manoeuvre se-
rait pour le moins prématurée. S'agit-il
d’amorcer de nouveaux armements ou plus
simplement de stimuler le zèle des contri-
buables qu’on saigne actuellement sans
pitié par l’impôt sur le capital ? G’est en-
core douteux, car l’opinion allemande, qui
est patriote ou au moins résignée, n’a pas
besoin, pour être réchauffée, d’interven-
tions d’une pareille violence.
Il est plus vraisemblable de penseï
que la mauvaise humeur allemande a
bien en effet visé la Russie et qu’on t
voulu donner un avertissement au gouver-
nement du tsar. Mais la préoccupation, au
lieu d’être économique comme on l’avait
supposé d’abord, était certainement mili-
taire et politique. On connaît la manière
germanique : le coup de poing sur la table
pour annoncer qu’on est désireux de cau-
ser. La campagne de la Gazette de Co-
logne est sans doute un coup de poing de
cette nature. Mais dans quel but ?
Les relations des deux cours sont tradi-
tionnellement amicales. Il s’agit de deux
souverains absolus, ou à peu près, qui dé-
fendent en Europe la dernière tradition du
gouvernement autoritaire. feunnieùt jft’âu-
raient-ils pas la nostalgie de la Sainte-
Alliance ? Mêmes dispositions dans les mi-
lieux bureaucratiques russes, recrutés en
majeure partie dans l’aristocratie pure-
ment germanique dés provinces bal tiques.
L’administration russe, plus allemande que
slave par ses manières et son éducation,
profondément conservatrice et méfiante des
démocraties, se trouve naturellement atti-
rée vers l’Empire d’Allemagne plus que
vers la République française. Nous sentons
bien cela, nous autres Français, et nous ne
manquons pas d’en être périodiquement
émus, nous demandant à chaque nouvelle
entrevue des deux empereurs si, pour des
raisons de politique intérieure, les deux
autocraties, les deux bureaucraties ne vont
pas s’entendre à notre détriment.
Mais les intérêts des cours et ceux des ad-
ministrations ne sont pas seuls en jeu ; il y a
encore les intérêts, combien plus puissants,
des nations elle-mêmes ; et c’est là finale-
ment que se trouve le facteur décisif. Mal-
gré certaines apparences tout extérieures,
la Russie est aussi peu allemande qu’il est
possible ; sa véritable personnalité réside
dans le slavisme et dans l’unité de la reli-
gion orthodoxe qui a pour chef le tsar lui-
même. Dans ces conditions, si des ententes
de chancellerie sont toujours possibles et
même faciles, la destinée même des deux
Empires tend à les séparer, à les opposer
l’un à l’autre, parce qu’ils symbolisent la
rivalité de deux races, de deux esprits, de
deux civilisations, celle du slavisme et du
germanisme.
Ainsi posée, la question prend un autre
aspect. L’intérêt allemand consiste à reje-
ter la Russie vers l’Asie. Quand les deux
empereurs se rapprochent, on voit aussitôt
le gouvernement de Saint-Pétersbourg ac-
centuer un drang nach Osten. C’est Guil-
laume II qui a poussé Nicolas H vers la
Mandchourie, et l’on comprend à merveille
qu’il préfère détourner vers l’Extrême-
Orient les ambitions toujours dangereuses
d’un voisin gênant. Mais les mirages et
même les promesses immédiates de la Sibé-
rie ou de la Mongolie ne sauraient faire ou-
blier aux Russes leur but historique, Cons-
tantinople, S’ils paraissent parfois le perdre
de vue, pendant de brèves périodes, ils y
reviennent toujours tôt ou tard, et alors le
contact européen reprend et la rivalité ger-
mano-slave reparaît.
G’est ce qui s’est produit depuis la guerre
russo-japonaise. Pendant les dix années qui
l’avaient précédée les Russes avaient fait
surtout figure asiatique ; ils ont, depuis
lors, fait surtout figure européenne. Leur
volonté, d’abord patiente et discrète, d’a*
voir en Europe une force militaire de pre-
mier ordre éclate aujourd’hui. L’effectif d»
leur armée active atteignait l’an dernier 1(
chiffre énorme de 1,240,000 hommes ; un*
augmentation de 76,000 hommes était pré-
vue pour 1913. Les déclarations récente!
du général Soukhomlinow laissent envisa-
ger une nouvelle augmentation, énormq
celle-ci, de 600,000 hommes. En même
temps l’Etat-major russe déclare renoncer à
la tactique défensive sur la frontière alle-
mande. Le réseau des chemins de fer stra-î
tégiques de concentration va être entière-
ment remanié, et, dans un récent emprunt
qu’il _a autorisé sur le marché de Paris, 1%
Admiaislratenr - Délégué - Gérait
O. RANDOLET
AdministratioB. Impressions et Annonces, TÉL. 10i7
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Le Petit Havre
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Le plus tort Tirage des f Journaux de la Région
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Secrétaire Général : TH. VALLÉE
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f L'AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
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Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces Judiciaires et légales
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1 Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,? -
I l’Oise et la Somme 4 5U J Fr‘ * ** lr*.
V Autres Départements 6 Fr. 4 JL S O 33 »
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Ij pn s’abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste dt> frjinee
Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
ÏAEÉTATJS:
-EOXDÎUïS, 83 Mars, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE
jfcomptant.. ,,al np *64 10/- io/- . -/-
(émois..... 1 *66 2/6 16/-
( ETAIN
Comptant.* 178 10/- 82/6 -/-
jb mois ferme * 177 6/- 60/- -/-
1 FER -
.Comptant./ cajme *80/7 % Id -/-
3 mois i *61/1 % -/- -/-
t Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
'du 41 mars IH4.
NEW-YORK, SS MARS
Cotons t mars, baisse 0 points ; mai,
baisse 7 points ; juillet, baisse 7 points ;
octobre, baisse 9 points.— A peine soutenu.
Calés i baisse 1 à 6 points.
NEW-YORK, 28 MARS
(. u ion i. RUtlUT
CuiTre Standard disp, li 06 13 07
— avril 14 06 13 97
Amalgamat. Cou... 76 3?4 76 1/8
Fer 15 35 15 25
CHICAGO, 23 MARS
G. DC JOUR G. PRBCED
Blé sur Mai #3 B 8 03 3 8
— Juillet.... 89»/* 88 3 4
Haïs sur Mai 69 7/8 68 7 8
— ..... Juillet.... 69 7/8 68 3-4
Saindouxsar. Mai....... 10 80 io 78
- f Juillet.... H— 10 98
la Commission d'Enqnête
sur l’Affaire Rochette
. •foïci le compte rendu analytique de la
fin de la séance de l’après-midi dont nous
Ipublions le début d’autre part :
! Plusieurs questions sont posées à M. Briand
knr la copie du document que possédait M.
Calmet'e.
M. Briand affirme que c’est uniquement à
cause de la mort'de M. Calmette que M. Bar-
thou a lu le document à la tribune.
« Je ne serais pas surpris, dit M. Briand,
que M. Barthou ait agi ainsi pour honorer la
mémoire de M. Calmette. Personnellement,
je me suis toujours refusé à donner à M.
Calmette des indications que dans des mai-
isons amies on me demandait sur cette af-
faire. »
Répondant toujours à des questions, l’an-
Cien président du Conseil déclare qu’il avait
toujours dit aux magistiats : « Vous allez
Aller devant la Commission d’enquête ; par-
lez selon voire conscience. »
Plus tard, j’ai dit un jour à M. Monis : « Le
procureur général ne parlera sur ces faits
que si vous le relevez du secret profes-
sionnel. »
M- Briand ajoute qu’il n’a jamais laissé les
pffiuences politiques pénétrer dans son cabi-
fjnetde garde des sceaux,
i « Après le récit que me fit M. Fabre, j’ai
leu l’impression qu'il aurait été révoqué s’il
m’avait pas obéi. Plus tard, il me dit qu’en
vagissant comme il l’avait fait, il avait cru ren-
dre service au gouvernement da moment ;
,'que le renvoi n’avait pas de conséquences
[juridiques. »
M. Briand dit qn’il n’a jamais sa au mo-
ment de l’arrestation de Rochette qne M.
iCaillaux s'intéressait aux affaires de ce finan-
cier.
Comme M. Franklin Bouillon Ini demande
«s'il n’a pas eu l’impression qu’il y a une
tendance au grossissement chez le procureur
{général, M. Briand répond que la question
stost .délicate.
« Songez, dit-il, que ce qu’on lni deman-
dait a du être cruel pour lui qui était opposé
la la remise. »
' M. Briand affirme que lorsqu’il conféra
{avec M. Fabre, il ignorait que MM. Monis et
ICaillaux avaient joué dans l’affaire de la re-
mise un rôle que M. Jaurès estima apparaître
{pomme inexplicable.
t Interrogé sur la déposition de M. Bidault
de l’Isle, M. Briand dit que ce magistrat a fait
fnn acte de solidarité professionnelle. Quant
& celle de M. Fabre, il n’est pas douteux, dit-
51, qu’en déposant devant vous, il a eu l’im-
jpression que c’était la fin de sa carrière.
> La Commission s’ajourne à demain matin
jSour entendre M. Barthou et à nouveau M.
Caillaux qui l’a demandé.
iLa Loi sur les Témoignages
reçus par la Commission
IfL’Ofliciel promulgue la loi relative aux té-
Aiioiguages reçus par la Commission d’en-
fquête parlementaire.
J|E MEURTRE DE M. CALMETTE
f L’Instruction
fyüï. Boucard, chargé de l’instruction de
^affaire Caillaux, a entendu hier après-midi,
foutre Mme Chartran, la princesse de Mesa-
jgne-Estradère et M. Isidore de Lara,
r Mme Mesagne-Estradère déclare que M.
(Calmette avait offert trente mille francs à
tpne personne détenant des photographies
ne trois letires qui avaient été détruites lors
fou divorce de M. Caillaux d’avec Mme Du-
lïrê_.
f La personne refusa d’ailleurs de livrer ces
{documents.
? Lorsqu’une de ces lettres signée « Ton
Ho » parut dans le Figaro, Mme Caillaux put
supposer que les deux autres étaient égale-
ment entre les mains de M. Calmette.
f M. Isidore de Lara confirme la déposition
Ile Mme Mesagne-Estradère.
i II déclare qn’il dioait avec Mme Caillaux
le lendemain de la publication par le Figa-
ro de la le.tre signée « Ton Jo ». Il conserve
lë souvenir de nndignation et des craintes de
|Ime Caillaux.
Le lendemain matin Mme Caillaux renou-
velait l’expression de ses craintes et mani-
festait l’intention de poursuivre le directeur
Idu Figaro. Des personnes présentes loi firent
remarquer qne M. Calmette soulèverait la
{question d’incompétence,
t M. de Lara donne ensnite de grandes pré-
jcisions sur l’état d’esprit de Mme Caillaux la
Veille du crime.
, A in suite de ces dépositions, Mme Caillaux
a été reconduite à St-Lazare.
Une Note du « Figaro 8
•••Le Figaro publie une note dans laquelle il
iroteste contre la déclaration faite par Mme
lesague-Estradère au juge d’instruction et
Suivant laquelle M. Calmette aurait offert à
nie dame X... et à Mme Mesagne-Estradère
mlle-mème une somme de 30,000 francs pour
g ménager une entrevue avec Mme Guey-
» première femme de M. Caillaux.
fait remarqner combien invraisemblable
l’attitude prêtée à M. Calmette et indique
. Mme Mesagne-Estradère n'était nulle-
ment au courant des intentions du directeur
du Figaro qu’elle ne voyait que fort rare-
ment.
D’autre part, dans son éditorial, le Figaro
renouvelle la déclaration qu’au jour de sa
mort M. Calmette n’avait plus aucune lettre
d’aucune sorte à publier et s’élève vivement
contre l’allégation qni a tenté de se faire
jour aujourd’hui au cours de l'instruction et
selon laquelle il voulait atteindre Mme CaiU
laux.
« Allons donc ! s’écrie-t-il ; en attendant
que nos témoins soient entendus par M.
Boucard, la collection du Figaro est là qui
répond ».
A propos de la lettre de M. Thaîamaa
L’OEuvre publie une lettre ouverte dâ
M. Gustave Téry à M. Laviss9, président du 1
Conseil supérieur de l'instruction publique*
dans laquelle il invite ce fonctionnaire à dé-
férer M.Thalamas, prolesseur de l'Université*
eu congé, au tribunal universitaire, en rai-
son de sa récente lettre à Mme Caillaux, ta
félicitant de son acte — lettre qui est l’apo-
logie d'un crime en même temps qu’une ex-
citation au meurtre.
M. Téry rappelle qu’il fat lui-même révo-
qué de ses fohetions universitaires pour s’ê-
tre permis une plaisanterie sur la barbe de/
M. Faîtières où l’on voulait voir une provo-1
cation an meurtre.
Il termine en exprimant l’espoir que les
pèreS de famille, justement indignes n'en
seront pas réduits a se taira justice, suivant
la méthode même qae recommande M. Tha-
lamas. - A
M. POINCARÉ AU BANQUET
DE LA PRESSE JUDICIAIRE
.Le président de- la République a présidé
hier soir le banquet anunel de l’Association
de la presse judiciaire.
An dessert, M. Poincaré a fait l’éloge de
l’Association qui enseigne la dignité, la te-
nue, la délicatesse professionnelles à ses
adhérents qoi sont ponr la justice des auxi-
liaires indispensables.
AU COMITÉ EXÉCUTIF
DU PARTI RADICAL
Le Comité exécutif do parti radical et ra-
dicai-socialiste s’est réuni hier soir socs la
présidence de M. Henri Michel, sénateur.
Celui-ci a rendu compte de la visite que le
bureau du Comité, apres les graves événe-
ments récents, avait ern devoir faire à M.
Caillaux pour l’assurer de la confiance et de
la sympathie du parti.
11 a été annoncé de différents côtés que
M. Caillaux allait se retirer de la vie politi-
que. Cette nouvelle est tout au moins pré-
maturée.
M. Bonnet, président delà Fédération de la
Seine, a ensuite présenté la motion sui-
vante :
«Le Comité exécutif du parti radical et
radical-socialiste, comptant sur le zèle da
Parlement pour terminer à bref délai le vote
da budget et considérant que le gouverne-
ment a fixé au 36 avril les élections législa-
tives, estime qu’il y aurait un grave inconvé-
nient à les retarder. »
Cette motion a été adoptée à l’unanimité.
Après ce vote, le Comité s’est occupé de
la situation électorale dans les divers dépar-
tements. Il a, en particulier, donné l’inves-
titure à M. Longray, dans la deuxième cir-
conscription de Ronen. ïïw'jpiv
AU CONSEIL MUNICIPAL DE PARIS
Par 40 voix contre 34, le Conseil municipal
de Paris a adopté un voeu disant que les en-
fants admis gratuitement dans les écoles pri-
vées, pourront bénéficier de la Caisse des
écoles.
POUR LES SOUS-AGENTS DES P. T. T.
La Commission du budget, d’accord avec
le gouvernement, a accordé une augmenta- f
tion de 700,000 francs pour l’élévation des
frais de séjour des sons-agents des P. T. T.
LA RÉSISTANCE CONTRE
LE HOME RULE EN IRLANDE
Le Calme à Belfast
BELFAST.— Le calme est complet. Les ma-
rins fraternisent avec les volontaires.
Sir Edward Carson va prolonger son sé-
jour dans l’Ulster ; il annonce que l’on con-
tinue à se préparer activement à résister à
toute tentative de coercition.
A la Chambre des Communes
LONDRES. — A la Chambre des Communes,
répondant à une question, M. Asquith a dé-
clare que le ministre de la guerre n’a donné
au général Paget aucune instruction relative
à une occupation de l’Ulster. Les seules ins-
tructions données au général la semaine
passée n’avaient trait qu’à des mouvements
de troupes.
Il ne s’agit là que de mesures de protec-
tion ; le gouvernement ne se propose aucune
antre opération.
Le général Gough et d’autres officiers
avaient interprété ces instructions dans un
sens pins étendu. Le Conseil de l’armée est
maintenant convaincujld’dy a£U un sim-
ple malentendu -
M. J.-d. CASPAR-JORDAN
Rédacteur en Chef du HAVRE et du PETIT HAVRE
FtlutO Eli,EMEU
i Cliché l’eut Bavr»
Notre Nouveau Rédacteur en Chef
La mort de notre excellent rédacteur en
chef et ami M. Ilippolyte Fénoux, survenue
au mois de décembre dernier, a créé, dans
notre maison du Petit Havre, un vide pro-
fond. Nous n’oublions pas tout ce que notre
journal doit à ce fin et spirituel écrivain, à
cet homme de sens avisé, qui était, on le
sait, une des figures les plus caractéristi-
ques et les plus sympathiques de notre cité.
Mais sa fonction restant sans titulaire, nous
avons dû nous préoccuper de lui chercher
uu successeur.
Le Conseil d’administration a tenu à ne
pas procéder hâtivement à ce choix. Le Petit
Havre n’est pas de ces maisons changeantes
où l’on modifie sans cesse (et en apparence
impunément) la liste des collaborateurs.
Nos rédacteurs, qui sont nos amis et les
amis de notre public, savent très bien que
l’autorité, dans notre ville, ne s’acquiert
que lentement et que le succès de l’écrivain
y est inséparable de l’çstime que sait méri-
ter l’homme. Notre journal est en outre so-
lidaire politiquement de son passé, qui
remonte à la fin de l’empire qu’il a combattu
et aux premières années de la République
qu’il a contribué, pour sa modeste part, à
raffermir. Il a toujours soutenu une politi-
que de progrès démocratique : contre les
retours offensifs de l’absolutisme et dé
la réaction, il s’est constamment montré
« libéral », dans le sens historique et répu-
blicain de ce mot ; contre les prétentions
intolérantes et irréfléchies de la démagogie,
il s’est invariablement souvenu qu’en notre
Normandie’seul peut définitivement triom-
pher le parti du bon sens et de la pondéra-
tion.
Telles étaient les préoccupations qui ont
inspiré nos recherches. Nous sommes cer-
tains de ne pas nous en être écartés en
choisissant comme rédacteur en chef
M. J.-J. Gaspar-Jordan, que nous avons
l’honneur de présenter aujourd’hui aux
lecteurs du Petit Havre.
Avocat à la Cour d’Appel de Paris,
fM. Gaspar-Jordan s’honore,, comme nom-'
bre de ses confrères, d’appartenir à la fois
àja carrièrefiu barreau et à celle du jour-
nalisme. Il est de ees républicains de con-'*
viction qui estiment que nul n’est pleine-
ment homme s’il ne mérite en même temps
le titre de citoyen : observateur attentif et
passionné de l’histoire politique de notre
temps, il a tenu à y intervenir, en homme
d’action, toutes les fois qu’il a pu servir
efficacement de nobles causes. Son action
comme avocat, comme journaliste, comme
citoyen s’est toujours inspirée à la même
source d’intelligence et de désintéresse-
ment.
Parlons d’abord de son fôle comme pu-
bliciste. Collaborateur, tour à tour, du Siè-
cle, de VAction, du Rappel, des Droits de
ïHomme, de la Grande Revue, des Docu-
ments du Progrès, du Courrier “Européen, du
Droit des Peuples, membre du Syndicat de
la presse étrangère, M. Gaspar-Jordan est de
ces journalistes qui ne mettront jamais
leur plume au service de causes qui ne
soient pas strictement en accord avec Jes_
aspirations de la Démocratie et les exigen-
ces de la Justice. Ses livres : La Révolution
religieuse d'après Edgar Quinet, Pour la Ré-
vision du Procès Ferrer, La Résistance légale
en Finlande, disent assez que la nature de
ses préoccupations le met en bonne place
au rang de ceux qui veulent une Républi-
que laïque démocratique, hardie même,
et soucieuse, suivant sa tradition, de tenir
sa place dans le monde en défendant le
droit des opprimés.
Dans cet esprit, qui est celui dont nous
nous réclamons ici, M. Gaspar-Jordan a
pris la part la plus active au mouvement des
idées démocratiques et sociales des dernières
années. Fondateur, en 1907, avec le haut
patronage de Frédéric Passy, de Hyacinthe
Loyson (le père), de M. Gabriel Séailles, de
« l’Union des Libres Penseurs et des Libres
Croyants », il est aujourd’hui le secrétaire-
général honoraire de pette association, pré-
sidée par M. Ferdinand Buisson. Secrétaire
de la a Société Franklin », il a dirigé depuis
1906, cette belle oeuvre dé propagation des
bibliothèques populaires, par les soins de
laquelle se distribuent, chaque année, plus
de 10.000 volumes aux bibliothèques de
troupe. Membre du Comité de direction de
« l’Institut International pour la diffusion
des expériences sociales », fondé sous le
patronage de MM. Léon Bourgeois, Descha-
nel, d’Estournélles de Constant, Albert Mé-
tin, etc., il a fait, comme délégué de cet
Institut, plusieurs voyages à travers l’Eu-
rope, grâce auxquels il a pu prendre des
affaires extérieures une connaissance dont
il fait bénéficier ses auditeurs de l’Ecole
des Hautes Etudes Sociales, où il est chargé
de cours, et qui sera également précieuse
à notre journal.
M. Gaspar-Jordan apparaît, par la simple
énumération de tous ces titres, comme un
homme dont l’activité débordante et géné-
reuse, parle mieux en sa faveur qu’une
longue série d’éloges.
Nous voulions un homme de convictions
politiques orientées dans le sens de la Dé-
mocratie : outre que nos tendances sont
dans ce sens, nous pensons qu’aucun régi- <
me durable et solide ne s’établira en Fran-
ce qu’avec le peuple et par le peuple. Le
passé de M. Gaspar-Jordan nous est garant
qu’il dirigera la rédaction de notre journal
dans l’esprit que nous désirons. Nous
savons en même temps qu’homme dans la
force de l’âge, préservé déjà par l’expé-
rience des exagérations dangereuses, il com-
prendra, en la partageant, la crainte que
l’opinicn normande a toujours eue des
choses faites avec trop de hâte, qui sont
frappées de stérilité parce que le temps se.
venge toujours de ce qu’on fait sans lui. ! ]
Nous avons d’autre part obtenu de trop
bons résultats par la collaboration générale
et amicale de tous les éléments de notre
personnel et de notre Conseil pour vouloir
y renoncer. Nous croyons la resserrer en-
core en élevant aux fonctions dé secrétaire
gênerai, notre précieux et fidèle collabora-
teur, M. Théophile Vallée, cheville ouvrière
de notre rédaction. M-.Yaüée est celai de
nos rédacteurs qui connaître mieux notre
Havre politique, SJÎU histoire, sa vie, ses as-
pirations, ses besoins. Aux côtés de M. Gas-
par-Jordan, avec un titre fait pour lui don-
ner toute l’autorité nécessaire,îf continuera
à maintenir le Petit Havre dans sa ligne de
journal républicain havrais.
Nos lecteurs savent que nous avons la
bonne fortune d’avoir comme collaborateur
M. André Siegfried dont l’érudition et le
talent sont tenus dans la plus haute estime
à l’Ecole des Sciences politiques où il pro-
fesse, et dont les livres, d’une documenta-
tion sûre et d’un style limpide, font autori-
té. Nous sommes heureux d’ajouter que
'eette collaboration à laquelle, nous le sa-
uvons, M. Caspar-Jordan atlache un grand
‘prix,restera désormais très étroite. M. André
{Siegfried complétera ainsi avec notre dis-
tingué correspondant M. Théodore Henry,
Syndic de la Presse .parlementaire de pro-
vince, notre collaboration parisienne.
Notre rédaction, s’appuyant en outre sur
{notre excellent administrateur-délégué, M.
Randolet, sur notre spirituel chroniqueur,
M. Herrenschmidt, si goûté du public, sur
nos dévoués rédacteurs, MM. Polet, Petit,
Hollaënder, sans oublier nos jeunes repor- !
Russie ei mm
(A propos d’une récente polémique
européenne)
ters et nos collaborateurs, spéciaux, sc
trouve de la sorte de nouveau au complet.
•Nous pouvons affronter l’avenir, persuadés
que nous sommes mieux que jamais quali-
fiés pour servir utilement l’intérêt de notre
Ville et celui de notre pays. G’est donc avee
lino entière confiance que le Conseil d’Ad-
ministralion présente M. J.-J. Gaspar-
Jordan, nouveau rédacteur en chef, aux
ieclenrs du Petit Havre.
Le Conseil d’Adminislralion.
Confession d’un Horsain
I Après la présentation trop bienveil-
lante et trop élogieuse du Conseil d'Ad-
ministration, je n’ai plus qu'à m'ex-
cuser d’être un « Horsain » ; mais, pa-
rodiant un mot fameux, je dirai tout
de suite : « Je le. suis, je ne le resterai
pas l »,
Je ne le resterai pas, parce que je
tiendrai à honneur d’être à la hau-
teur de la tâche que l’on m’a confiée, en
défendant dignement les intérêts de
la grande cité havraise auxquels mon
premier soin sera de m’initier dans
tous les détails. Mais, d'autre part, je
ne le resterai pas parce que, sans en
avoir l’air,j’ai de vieilles prédispositions
à devenir Havrais, et c'est ce que je tiens
à dire pour aujourd'hui.
En venant m’établir ail Havre, en
effet, je ne fais que réaliser, d’une
manière imprévue il est vrai, un vieux
rêve d’enfance et de jeunesse : Ma
mère était très liée avec une soeur du
docteur Gibert dont notre ville honore
à si juste titre la mémoire, et cette
soeur, aujourd'hui disparue, a été pour
moi non pas seulement une bienveil-
lante protectrice mais line grande
amie, une amie intime qui a façonné
un peu de mon âme.
Or, cettefemme d’élite avait une telle
dévotion pour son frère que chez elle
on n’entendait parler que du Havre et
toujours dans le sens le plus séduisant.
Aussi, l’imagination de cet âge aidant,
et l’attrait de la mer et des grands
navires, le Havre m’apparaissait-il
comme le port enchanté dont rêvent
les jeunes gens épris de voyages f
Je ne me suis jamais complètement
dégagé de ces impressions devenues
subconscientes, mais restées tenaces
comme tout ce qui vient du fond de
l’enfance. Elles me hantent plus que
jamais depuis mon arrivée ici : même
sous la pluie et la brume de ces der-
niers jours, je revis mon rêve de jadis
avec attendrissement, et dans une pro-
fonde pensée de reconnaissance pour
celle qui en a tissé involontairement
la trame et m’a appris ainsi à aimer
à l’avance ma nouvelle cité.
Sans doute, au jour le jour,' la réa-
lité me forcera bien à ouvrir les yeux
et à voir que tout n’est pas rose, même
au Havre. Mais à défaut d’un port
idyllique, je sais que j’y trouverai, avec
tout l’intérêt puissant qui s’y rat-
tache, un des plus gros ports commer-
çants du monde, le grand port fran-
çais transatlantique, et je serai fier de
participer désormais à sa vie écono-
mique et politique, .... î
CASPAR-JORDAN. I
f La Date des Elections , .^
Si nous en croyons le Petit Journal, un cer-
tain nombre de députés envisageraient l’é-
ventualité de l’ajournement de la date des
élections qui est, comme on sait, fixée au 36
avril.
Ils préféreraient que le premier tour eût
lieu seulement le 10 mai. Ils donnent deux
arguments à l’appui de leur opinion ; éloi-
gner le plas possible les élections da scan- '
date Rochette, et donner anx deux Gham- j
bres, avec ces quinze jours de répit, une
chance plus grande de voter le budget de
I9ià i
r La retentissante polémique de pressa
î qu’a promût**© l’article paru, le 2 inarsder-
5 nier dans la Ùaîellf- de Cologne sur les rela-
- tions politiques russo-âJlemandes semble à
- peu près épuisée. Le moment est venu d’en
- démêler le sens, ou tout au moins de Tes-
s sayer.
• . Les raisons qui ont pu déterminer un
l journal aussi sérieux, aussi responsable
i que la Gazette de Cologne, à adopter contre
• la Russie le langage habituel des panger-
manistes restent malgré tout mystérieu-
• ses. On ne peut que faire des hypothèses.
Faut-il penser que l’Allemagne a voulu, en
employant l'intimidation, préparer le re-
nouvellement du traité de commerce russo-
allemand qui arrive à échéance en 1917 î
G’est peu probable, car la manoeuvre se-
rait pour le moins prématurée. S'agit-il
d’amorcer de nouveaux armements ou plus
simplement de stimuler le zèle des contri-
buables qu’on saigne actuellement sans
pitié par l’impôt sur le capital ? G’est en-
core douteux, car l’opinion allemande, qui
est patriote ou au moins résignée, n’a pas
besoin, pour être réchauffée, d’interven-
tions d’une pareille violence.
Il est plus vraisemblable de penseï
que la mauvaise humeur allemande a
bien en effet visé la Russie et qu’on t
voulu donner un avertissement au gouver-
nement du tsar. Mais la préoccupation, au
lieu d’être économique comme on l’avait
supposé d’abord, était certainement mili-
taire et politique. On connaît la manière
germanique : le coup de poing sur la table
pour annoncer qu’on est désireux de cau-
ser. La campagne de la Gazette de Co-
logne est sans doute un coup de poing de
cette nature. Mais dans quel but ?
Les relations des deux cours sont tradi-
tionnellement amicales. Il s’agit de deux
souverains absolus, ou à peu près, qui dé-
fendent en Europe la dernière tradition du
gouvernement autoritaire. feunnieùt jft’âu-
raient-ils pas la nostalgie de la Sainte-
Alliance ? Mêmes dispositions dans les mi-
lieux bureaucratiques russes, recrutés en
majeure partie dans l’aristocratie pure-
ment germanique dés provinces bal tiques.
L’administration russe, plus allemande que
slave par ses manières et son éducation,
profondément conservatrice et méfiante des
démocraties, se trouve naturellement atti-
rée vers l’Empire d’Allemagne plus que
vers la République française. Nous sentons
bien cela, nous autres Français, et nous ne
manquons pas d’en être périodiquement
émus, nous demandant à chaque nouvelle
entrevue des deux empereurs si, pour des
raisons de politique intérieure, les deux
autocraties, les deux bureaucraties ne vont
pas s’entendre à notre détriment.
Mais les intérêts des cours et ceux des ad-
ministrations ne sont pas seuls en jeu ; il y a
encore les intérêts, combien plus puissants,
des nations elle-mêmes ; et c’est là finale-
ment que se trouve le facteur décisif. Mal-
gré certaines apparences tout extérieures,
la Russie est aussi peu allemande qu’il est
possible ; sa véritable personnalité réside
dans le slavisme et dans l’unité de la reli-
gion orthodoxe qui a pour chef le tsar lui-
même. Dans ces conditions, si des ententes
de chancellerie sont toujours possibles et
même faciles, la destinée même des deux
Empires tend à les séparer, à les opposer
l’un à l’autre, parce qu’ils symbolisent la
rivalité de deux races, de deux esprits, de
deux civilisations, celle du slavisme et du
germanisme.
Ainsi posée, la question prend un autre
aspect. L’intérêt allemand consiste à reje-
ter la Russie vers l’Asie. Quand les deux
empereurs se rapprochent, on voit aussitôt
le gouvernement de Saint-Pétersbourg ac-
centuer un drang nach Osten. C’est Guil-
laume II qui a poussé Nicolas H vers la
Mandchourie, et l’on comprend à merveille
qu’il préfère détourner vers l’Extrême-
Orient les ambitions toujours dangereuses
d’un voisin gênant. Mais les mirages et
même les promesses immédiates de la Sibé-
rie ou de la Mongolie ne sauraient faire ou-
blier aux Russes leur but historique, Cons-
tantinople, S’ils paraissent parfois le perdre
de vue, pendant de brèves périodes, ils y
reviennent toujours tôt ou tard, et alors le
contact européen reprend et la rivalité ger-
mano-slave reparaît.
G’est ce qui s’est produit depuis la guerre
russo-japonaise. Pendant les dix années qui
l’avaient précédée les Russes avaient fait
surtout figure asiatique ; ils ont, depuis
lors, fait surtout figure européenne. Leur
volonté, d’abord patiente et discrète, d’a*
voir en Europe une force militaire de pre-
mier ordre éclate aujourd’hui. L’effectif d»
leur armée active atteignait l’an dernier 1(
chiffre énorme de 1,240,000 hommes ; un*
augmentation de 76,000 hommes était pré-
vue pour 1913. Les déclarations récente!
du général Soukhomlinow laissent envisa-
ger une nouvelle augmentation, énormq
celle-ci, de 600,000 hommes. En même
temps l’Etat-major russe déclare renoncer à
la tactique défensive sur la frontière alle-
mande. Le réseau des chemins de fer stra-î
tégiques de concentration va être entière-
ment remanié, et, dans un récent emprunt
qu’il _a autorisé sur le marché de Paris, 1%
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