Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-03-22
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 mars 1914 22 mars 1914
Description : 1914/03/22 (A34,N11916). 1914/03/22 (A34,N11916).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172081j
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
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Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
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1 l’Oise et la Somme..... .
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DiMitn Hui
Pari», trou heure» matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NSW-YORK, ,21 MARS
Cotoni i mars, hausse 13 points ; mai,
âausse 8 points ; juillet, hausse 8 pointe ;
Octobre, hausse 5 points.
Calée i inchangé à hausse 8 pointe.
NSW-YORK. 2.1 MARS
i. m nn i. ructinr
Cuivre Standard disp. — — 13 97
— avril.......... — — 13 97
Amalgamât. Cop... 76 1/8 76 3/8
(Fer le 26
CHICAGO 21 MARS
C.-‘DU
Blé sur...... Mal....... 93 3/8 93 3/&
1 ...... Juillet.... 88 3/4 88 3/4
liais sur Mai 68 7/8 69 3'8
_ Juillet..;; 68 3 4 69 1/8
Aaledouxsar. Mai....... 10 78 10 8S
— Juillet.... 10 98 U 08
L’Interrogatoire de Mme Caillaux
Dans l’interrogatoire qu’elle a subi hier,
Urne Caillaux a déclaré que lorsque le Fi-
garo vint se joindre aux adversaires de M.
Caillaux et commença la publication d'arti-
cles contre loi, son indignation ne connnt
pins de bornes. . "■
Les révélations du Figaro, dont Mme Cau-
lanx était nne lectrice fidèle depuis de lon-
gues annéos.lui furent très pénibles. Le ven-
dredi 13 mars paraissait un fragment de
lettre signé « Ton Jo ».
Cette lettre, déclare Mme Caillant était
entre les mains d'nne personne détentrice,
je le sais, de deux lettres privées écrites a
moi par M. Caillaux alors que je n’étais pas
encore sa femme. Je craignais leur publica-
tion. J'ai téléphoné samedi matin à M. Tho-
jrel, avoné, et le spir du même jour, celui-ci
me faisait parvenir nn projet d’assignation
de M. Cal mette an civil avec qnelqnes notes
sur la jurisprudence suivie en pareil cas.
Des craintes ayant été manifestées devant
Mme Caillaux que M. Calmette ne déclinât la
compétence du tribunal et la publication des
documents ayant continué, Mme Caillaux
eut nne entrevue dont avec M. le président Monnier.
L’interrogatdi^êlii& Jffh^Çâtiîattx, qui a été
coupé de crises de larmes, a pris fin à
fi h. 1/2.
A 7 h. 40, Mme CaiUauxa quitté le Valais
de Justice pour rentrer à Saint-Lazare.
Elle était en taxi et accompagnée par deux
Inspecteurs. _■
LA COMMISSION D’ENQUÊTE
La Commission d’enqnête a entendu hier
MM. Lescouvé, Lanrence, Le Berquier, Fran-
çois Poncet, Bloch Laroque, Scherdlin, Cord.
magistrats, et M. Maurice Bernard, avocat de
Jlodu6tto<
Ensuite a eu lien la confrontation de MM.
Monis et Fabre.
AU MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR
T Des convocations viennent d’être adres-
sées par M. Malvy, ministre de l’intérieur
aux préfets afin de s’entretenir avec eux de
la situation politique dans lenr départe-
ment. _ „
Les audiences ont commencé vendredi ;
elles se poursuivront sans interruption pen-
dant le cours de ia semaine prochaine.
MANIFESTATION D’ÉTUDIANTS
Hier après-midi, deux cènts élèves sortant
du Lycée Condorcet, se sont rendus au CoS
tège Chaptal en conspuant M. Caillaux. lis
Ont été dispersés boulevard des Batignolies.
Vers quatre heures et demie, à la sortie du
Collège Chaptal, une centaine de jeunes gens
se sont groupés et ont parcouru le boulevard
des Batignolies mais ils ont été dispersés
place Clichy parles agents du 8e,
Une cinquantaine de jeunes gens ont alors
parcouru l’avenue de Clichy, suivis par des
agents.
Deux des manifestants ont été arretés et
conduits au commissariat deB Batignolies
pour avoir poussé des cris injurieux.
LE MAUVAIS TEMPS
, BÉZIERS . — Une terrible tempête de vent
Ct de neige a surpris la Commission du Con-
seil de révision qui se rendait en automobile
de Saint-Pons à la Salvetat, chef lien de can-
ton situé à 1,000 mètres d’altitude.
Les membres de la Commission ont été ar-
rêtés en pleine campagne. Lenr situation,
très critique, ne prit fin qu’au prix d’énor-
mes difficultés. Ils durent rebrousser che-
min et regagner Saint-P'ons.
Les opérations du Conseil de révision ont
été remises à nne date ultérieure.
L’ASSASSINAT DE M. CADIOU
LF.SNEVEN. M. Roudaut, pihartnacien à
^esneven, ami de M Fortin, sénateur, con-
firme qu’il n’a pas vu M. Gadiou à Paris le
4 et le a janvier dernier, comme le brnit en
avait couru. ,
La piste de M. Cadiou à Paris dans les pre-
miers jours de janvier doit donc être aban-
donnée. . .
LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE
EN GRÈCE
ATHÈNES. — Le général Eydoux, chef de la
mission française, a déclaré dans une inter-
view qu’il serait remplacé par un autre offi-
cier supérieur français et que les membres
dç la mission française continueraient leur
oeuvre en Grèce.
Les journaux sont unanimes à regretter le
départ du général.
- On croit savoir que le gouvernement hel-
lénique a fait hier une démarche auprès du
gouvernement français afin d’obtenir la pro-
longation du séjour du général Eydoux en
Grèce.
HEUBE;:SPQRl[y!.t
Match Joe Jeannette'- darpeâtiér 1
An quinzième round, Joe Jannette a battu
Carpentier ans points.
ELECTION AU CONSEIL GENERAL OU 4™ CANTON
Scrutin de Ballottage du 22 Mars 1914
UNION DES GAUCHES DES 6 CANTONS DU HAVRE
(Sections du 4® Canton et de Oraville-Sainte-Honorine)
G DEBREUILLE
Ancien Conseiller Municipal de Graville
Membre de la Commission Sanitaire de l’Arrondissement du Havre
CANDIDAT RÉPUBLICAIN DE GAUCHE
Avant le Scrutin
ÉLECTEURS DU 4* CANTON !
Le moment est ventrde vous prononcer définitivement.
Si vous croyez à l’utopie socialiste, si la nécessité de la défense nationale ne
vous préoccupe guère, si vous tenez aux procédés révolutionnaires pour assurer le pro-
grès social, si vous ne vous souciez pas de faire défendre vos intérêts par un homme
ayant des attaches profondes dans votre canton, vous voterez pour le citoyen
Lartigue.
Si, amis de l’ordre et de la légalité, mais fervents du repos hebdomadaire, vous
préférez affronter le péril révolutionnaire plutôt que de faire un effort électoral, vous
vous abstiendrez.
Mais si, républicains convaincus, citoyens conscients de votre devoir, vous dési-
rez que notre pays soit fort pour qu’il reste dans le monde l’artisan du progrès ; si vous
attendez d’une politique prudente et persévérante les réformes nécessaires pour le bien
de tous ; si vous croyez que, pour bien défendre les intérêts de votre canton, il faut les
bien connaître, comme seul le peut l’un des vôtres, — vous irez tous au scrutin pour
faire triompher la candidature républicaine et démocratique du Citoyen
G. DEBREUILLE |
L'Union des Gauches des six Cantons du Havre
(Sections du 4® Canton et de Graville-Sainte-Honorine)
Disoiplioe RlpiSimio
Au mois d’août 1913, lors des élections
pour le renouvellement du Conseil d’arron-
dissement, M. Déliot a fait, contre le ci-
toyen Lartigue, la campagne électorale que
nos lecteurs connaissent.
Nous avons reproduit hier quelques-unes
des appréciations qu'il portait et sur le pro-
gramme et sur la personne du candidat so-
cialiste unifié.
Très énergiquement, il s’élevait contre
les doctrines collectivistes, contre l’anti-
patriotisme, contre les utopies révolution-
naires.
Avec beaucoup de bon sens, il soutenait
que le citoyen Lartigue, de passage au
Havre, ne pouvait pas connaître et défen-
dre les intérêts du 4® Canton.
M. Déliot montrait aux électeurs toutes
les responsabilités qu’ils encourraient en
permettant à un socialiste unifié de siéger
pour la première fois au Conseil d’arron-
dissement.
M. Déliot a reproduit Bs mêmes argu-
ments ; il les a longuement commentés et
développés au cours de la campagne électo-
rale qui s’est terminée pour lui dimanche
dernier.
Or, jeudi, il se désistait en faveur de
M. Lartigue !
Au nom de quels principes a-t-il pris
cette grave décision ?
Au nom de quel intérêt public prend-il
sur lui une responsabilité contre laquelle
il mettait en garde le corps électoral ?
M. Déliot veut faire croire aux électeurs
républicains que c’est au nom de la disci-
pline républicaine.
Etrange discipline, vraiment, celle qui
consiste à soutenir un candidat qu’on con-
sidérait la veille non pas seulement comme
un adversaire politique, mais comme un
antipatriote l
Etrange discipline,au nom de laquelle on
traite de Réactionnaire, au Havre, un can-
didat qui soutient le même programme que
celui défendu, è Paris, par les chefs éprou-
vés du parti républicain 1
Etrange discipline qui ne tient compte
ni des programmes, ni des principes, ni des
idées, ni des déclarations des candidats 1
Nous ne connaissions, en politique;
qu’une discipline : celle des partis. M. Dé-
liot se soumet à une discipline de per-
sonnes.
Les électeurs qui lui ont donné leurs
suffrages, désireux cependant et avant tout
de défendre les idées et les principes répiï-
blicains, les électeurs (Ju 4®'canton,sôqbièux
de confier leurs intérêts à un candidat qui
puisse les défendre au Conseil général en
pleine connaissance de cause, ne suivront
certainement pas M. Déliot dans la voie
qu’il leur a ainsi tracée.
Convaincus qu’il a signé son désistement
dans un moment de mauvaise humeur, ils
suivront tous la vraie, la sûre discipline
républicaine en votant en masse pour le
citoyen G. Debreuille.
TH. VALLÉE.
Nous avons reçu la lettre suivante que
nous insérons tout en regrettant que M. Lar-
tigue ait si peu de chances d’avancement et
en nous demandant si cela peut vraiment
lui valoir un titre de plus à la confiance
des électeurs.
Le Havre, le 21 mars 1914.
Monsieur le Rédacteur,
Je n’ai pas pour habitude de répondre par
la presse aux critiques dont j’ai toujours
été jusqu’ici, et à tort, l’objet, mais cepen-
dant je ne puis laisser passer sans y répon-
dre votre article de ce matin -: « Un dernier
mot » et je vous serais très obligé de vou-
loir bien insérer demain matin les démentis
suivants, en mêmes caractères et en môme
place que l’article cité plus haut.
1® Je ne suis pas au Havre depuis quel-
ques mois, mais depuis de longues années.
2° Je n’attends aucun avancement avant
15 ans au minimum ;
3° Je m’engage de la façon la plus for-
melle à rester au Havre tant que les élec-
teurs du 4® canton voudront bien m’accor-
der leur confiance.
D’autre part, je crois utile de signaler
que mon ami Combes avait fait une de-
mande de changement antérieure à sa no-
mination comme conseiller municipal et je
puis affirmer que s’il n’avait laissé au Con-
seil municipal deux socialistes, il n’aurait
pas quitté le Havre.
Je compte, Monsieur, sur votre loyauté
pour publier ces rectifications et je vous
prie de croire à ma parfaite considération.
LARTIGUE,
Commis des P. T. T.
Candidat du Parti Socialiste.
üm o -m i. n T n iififljpi
CARTES D'ÉLECTEUR
ÜM électeurs qui auraient égaré
leur caà'te saut prévenus yu’ils n’ont
qu’à ne rendre aujourd'hui diman-
che, à leur bureau de vote respectif
où iis pourront) muais d’une pièce
d'identité , et, accompagnés de deux
témoins, réclamer une nouvelle
carte et voter*
ê&mmm ëêmêm
LiSS Z HIRONDELLES ”
Photo Petit Havre
"Cliché Petit Havre
: ;. A la porté du théâtre — sortie des artistes —•
lès “ hirondelles ” se sont groupées pour s’en-*
voler de compagnie.
Frileuses et désorientées, vàgUêmëht in-
quiètes devant le grand inconnu du lende-
main, elles s’apprêtent à reprendre leur fol,
les « hirondelles. »
Elles se sont groupées aux portes dé la
cage avec des airjündécis el ffiôrnes, comme
si elles hésitaienrencore à la déserter.
Les passante distraits n’attachent point
d’intérêt à leur bavardage, pas pins qu’à lenr
mise de voyageuses. Ils vont, indifiérents,
frôlant lenr tronpe, sans même remarquer
qu’il y a dans lenr attitude à la fois de la
joie discrète et de la détresse.
Les hirondelles cherchent déjà lenr direc-
tion, le chemin rêvé qui conduit, sinon à la
fortapej dn moins à la certitude de la maté-
rielle. ’ÉtlI y a; malgré-tout,-dans ces yeux
las, l’illnsion du meillenr ëspoir.
Le monde dn théâtre n’est-il pas fait de
fictions et de rêves, de choses relatives et
conventionnelles ? Le secret de Brichantean
promenant à travers les amertnmes de la
vie nne âme confiante empanachée d’idéal
ne réside-t-il pas précisément dans le don de
l’imagination ? Descendu des tréteaux, le
brave homme poursuit son existence, l’oeil
encore rempli dn mirage de la toile peinte.
J’en ai connu pas mal de ces bons vienx
Don Quichotte de la Rampe envers lesquels
le sort se montra injuste. Ils n’en conser-
vaient pas moins l’auguste sérénité de l’art
qu’ils avaient dignement servi.
Ils portaient, sons lenr vienx rentre, la
majesté fripée dn manteau romantiqne.pt la
taille se redressait, en dépit des ans, dèsqne
la cervelle faisait s’épanouir an champ des
souvenirs la gloire vieillote d’une tirade on
le lyrisme d’un alexandrin.
Il y a qnelqnes années, dans nn petit coin
perdu de la côte normande, j’ai retrouvé,
rendu aux douceurs de la retraite, mécon-
nu, inconnu, anonyme, perdu dans la fonte,
nn grand premier comique qui fut véritable-
ment, en ses jours de succès, grand, pre-
mier et comique tout à la fois.
Je l’ai surpris dans l’intimité de la petite
maison qui abritait ses soixante-dix ans
passés, en train de ressemèler ses chaus-
sures. Il tapait à tour do bras sur un cqir
réfractaire, et chaqne coup de martean était
scandé par nne envolée de souvenirs : rimes
classiques, çonplets démodés, répliques fa-
ID6QS68,
Le répertoire venait encore à l’aide de son
vieux serviteur en ranimant son zèle de cor-
donnier:amateur. Le vers, qu’il croyait à
jamais évanoui dans un repli de sa mé-
moire, surgissait à nouveau prestigieux et
sonore ; ét la rime en appelait an antre, puis
un autre.
Une mnsiqne ancienne et très douce, qui
conservait dans la grâce surannée de ses
rythmes le charme d’un passé ressuscité,
s’éveillait presque mécaniquement, pareille
à ces airs qu’on fait envoler après des
années de silence, rien qu’en tournant la
manivelle de ces petites boites où l'harmonie
fruste demeure en léthargie, dans la nuit
poussiéreuse des armoires.
— Thomas Corneille maniait bien le pied
de fer et l’alène... N’est-ce pas exalter l’art
immortel que de battre la semelle en redi-
sant les vers du grand fière? Que leur mé-
moire me pardonne si j’y glisse des chevilles.
J’en ai si facilement sons ia main t...
J’ai revu en pensée le brave homme, tout
à l’heure, quaud sur le seuil de la grande
maison, m’est apparue la bande inquiète des
hirondelles.
***
Le théâtre où triomphe l’illusion a cepen-
dant Je réalisme brutal de ses différences so-
ciales. Il a ses heureux et ses martyrs, ses
favorisés et scs victimes. Il a ses privilégiés
dont les notes sont d’or et ses collaborateurs
obscurs dont le grand souci est surtout la
note de la logeuse. II a ses hiérarchies et ses
«fiasses, ses étoiles et ses vers do terre.
Rien ne m’a toujours paru plus saisissant
qu’une répétition où le noble et galant sei-
gneur, l’opulent personnage qui jette sans
hésiter sa bourse pleine aux marauds, est
représenté par un pauvre diable en par-
dessus limé qui vient de déjeuner d’an crois-
sant ! ...
Les hirondelles de la scène ont ces simpli-
cités touchantes. Les frusques remises au
porte manteau de l’habilleur, le fard enlevé;
redevenues elles-mêmes, c’est-à-dire des hu-
manités, très humbles et pas riches, ces hi-
rondelies-là apparaissent plus inquiètes et
plus mornes dès qu’elles se sont échappées
des frises et que les dures nécessités de la
lrftté" lés ont replacées jsôus lé jour brutal
des réalités. ; ; -• • ••••
■T La Saison est close. ; On â touché les der-
nières avancés. Un camarade.'s’est chargé de;
. prendre au chemin de fer le « collectif» oui;
va permettre dé réaliser une petite écono-
mie Btir le transport. C’est l’heure critique
où l’on se sépare. > >
Lés nippes, soigneusement pliéeà, sau-
poudrées de naphtaline, ont réintégré leurs
paniers d’osier. Les «grandes vitesses» sont
déjà parties. On s’envolera demain avec nn
sac à main, tme valise, on bien nn simple
carton avec ses ficelles en croix... Pans!
Le rendez-vous de ces enfants de Thespis, le
point vers lequel convergent tons les soucis,
tous les espoirs, où les attendent des surpri-
ses heureuses on de dures amertumes, Paris
où ils ont, pour la plupart un tout petit
coin,-une chambrette minuscule qu’ils ap-
pellent d’aillenrs leur « appartement », en
enflant le mot suivant un travers familier
qui les amène à tont exagérer. Ils en pousse-
ront la porte avec la joie enfantine de se re-
trouver enfin « chez eux ».
Car ces ambulants sont des doux et bons
fanatiques du foyer familial. Ils en appré-
cient crantant pins le charme qu’ils en sont
régulièrement privés et que leur vie cahotée
de « meublés » en « meublés » n’a rien de ia
tranquillité qu’ils escomptent.
On se loge comme on peut, suivant les res-
sources, an hasard de la trouvaille. Les for-
tunés peuvent seuls s’offrir la fantaisie d’é-
voquer le souvenir d’un « home » dans les
campements improvisés de la vie d’artiste.
Un de ces heureux, la basse Vinche, bien
connn an Havre qui l’a souvent fêté, excel-
lait dans ces transformations pittoresques.
C’était nn ancien ouvrier tapissier. Il avait
conservé de sa profession première le goût
de la décoration murale, l’habileté de la ten-
ture. Pendant plusieurs années, il participa
avec éclat à nos saisons lyriques. Dès qu’il
avait choisi son logis et convenu le prix, R
faisait appeler le propriétaire :
— Maintenant, enievez-moi tous ces ri-
deaux, faites-moi disparaître tous ces
tapis.
— Vous Verrez que cela sera très bien...
Et je ne vous demande pas de rédaction.
Là-dessus, Vinche se dédoublait. L’ouvrier
tapissier se substituait. à la basse noble. Il
sortait de son bagage des étoffes exotiques et
rares, s’armait du martean, se calait les
joues de « semences ». Et pour un mois, il
improvisait en quelques heures une décora-
tion exquise. La beauté des tentures délica-
tes, drapées par le goût avisé d’un artiste,
transformait ia pièce en lui donnant un pi-
quant et savoureux caractère.
Mais c’était là la coquetterie d’un chanteur
heureux, auquel ses moyens pouvaient per-
mettre ces fantaisies élégantes. Brichantean
ignore ces raffiaements et ce iuxe. La cham-
bre a presque les rusticités de la cellule : le
lit, la table, la lampe et le fourneau à pé-
trole. Il vit si peu là-dedans, à vrai dire.
Toute son existence d’hiver ne s’écoule-t-
elle pas au théâtre, la journée prise par les
répétitions, soirée par la représentation?
On descend des planches la tête lourde, les
membres las. On y retourne au matin, les
yeux encore brouillés de sommeil, le cer-
veau encore rempli du rôle de la veille. Et
c’est la vie de tous les jours, la vie heurtée,
bizarre, capricieuse, laite leur à tour des
joies de la scène et des âpretés de la lutte, la
vie qu’on aime malgré ses cruautés et ses
traîtrises pour la satisfaction qu’elle procure,
à certaines heures, en vous mettant un peu
de rêve au coeur, en refrisant, pour un ins-
tant, les plumes du panache !
sr
* *
Que Thalie ait pour ses humbles amants
des attentions touchantes et bonnes t Us les
méritent par la constance de leur zèle et la
conscience de leurs services.
Songez donc combien il est aisé de faire le
saut par-dessus la rampe, de déserter le
théâtre et d’aller demander au café concert
des situations plus faciles, plus rémunéra-
trices. Un habit, une cravate blanche, une
demi-douzaine de chansons, un peu de voix,
il n’en faut pas. plus pour connaître ailleurs
l’honneur de la vedette.
Ils ne capitulent point, cependant. Le
théâtre a ses difficultés, ses déboires. Il as-
treint les petits comme les grands qui le
veulent défendre à des obligations pénibles,
à un travail ingrat où le succès se fait sou-
vent revêche, où la renommée se montre
exigeante et éphémère. Ils persistent cepen-
dant à lui demeurer fidèles et à l’aimer.
Faire do l’art 1 Sublime et généreuse pen-
sée qui habille un momèht de félicité mys-
térieuse i’amertpme.des jours qui passent et
rdes beatix projets qui s’effondrent. C’est dans
cette admirable et' respectable conviction
.qu’il faut cherçhçrJq raison de tant de se-
reine ■'confiance,’ de ; tant d’enthousia3ine, et
aussi, parfois, de tant de résignation doulou-
reuse.
Faire de l’art t Poursuivre un rêve, s’éle-
ver vers son idéal, être de ceux ! qui, ayant
éproiivé le frisson en pénétrant dans l’inti-
mité de l’oenvre, s’ingénient à> lenr tour
à le faire éprouver à d’autres ; dépen-
ser ainsi sans compter ce qqë certains ap-
pellent leur talent, ce qn’ils appellent, eux:
lenr « art », mais c'est toute leur tâche, tout!
leur sainte mission, à ces dispéifsaleiirs fit
manne intellectuelle. Iis vibfent’âveè le bol
espoir d’être compris et de faire vibrer det
âmes à l’unisson. La pensée est assez haute,
assez noble, la foi assez digne, pour que les
exigences soient accueillies d’un coeur léger
et rayonnant. Si les souliers prennent l’eau,
le front, au moins, a la faveur de Lôier 1er
étoiles.
— Encore un peu de ce succulent potage
aux blancs-mangers, mon cher marquis ?
— N’insistez pas de grâce.
— Alors,souftVez que je vous recommande
ce chaud-froid royal et fasse violence à votre
raffinement de gourmet.
Vous ne vous illusionnez point, n’est-ce
pas? Vous savez fort bien qu’en ce petit
théâtre provincial à mise en scène économi-
que, ie potage aux blancs-mangers n’est que
de la sciure de bois et le chaud-frôid dis bis-
cuits cassés. Mais admirez 'Brhfiianteau.
Voyez-le donc savourer ce rpgàli manger
lentement tout en hochant la tête, èn fia '
connaisseur. Et regardez encore,, olservetl
avec quelle souveraine élégance’ il lèvera
son gobelet d’argent —en 1er blanc — se
renversera sur sa chaise, fera claquer sa
langue et dira, les yeux mi-cios, dans une
béatitude d’épicurien :
— Un nectar des dieux l
Le marquis en jabots de dentelles vient
tout simplement d’avaler... du vent.
»
* *
A la porte du théâtre — sortie des artistes
— les hirondelles se sont goupées pour s’en-
voler de compagnie. Des feutres romanti-
ques, des mines blêmes que l’abus des fards
a rendues exsangues, des moustaches en
brosses à dents que la libération de la scène
autorise désormais pour quelques semaines,
des pardessns verdis par le printemps, an
col de faax astrakan qui fait songer au Saint
Guillanme de Çhonchette : la troupe va pren-
dre son essor.
Et d’autres hirondelles viendront après
elles qui, comme elles, s'envoleront à lenr
tour pour s’éparpiller au hasard de l’engage-
ment dans le grand ciel dn théâtre, un ciel
qui a, comme l’antre, ses « étoiles » et ses
infimes poussières errantes, ses génies fulgu-
rants et ses lueurs modestes, Innombrables,
anonymes, ses « vedettes » et ses comparses,
ses artistes et ses cabotins.
ALBERT-IIERRENSCHSIIDT.
©ISCOUBSf~Tî
de I. Joies SIEGFRIED
LA SITUATION FINANCIÈRE
Voici, d’après le Jou nal officiel, le texte
in extenso de l’important discours sur la si-
tuation financière prononcé à la Cbambre
par M. Jules Siegfried au cours de ia séance
as vendredi après -midi et dont nous avons
donné hier nne analyse ;
M: I.E PRÉSIDENT : La parole est à M. Sieg-
fried dans la discussion générale sur la loi de fi-
nances.
si. JULES SIEGFRIED : Messieurs, le budget qui
nous est soumis et la situation du Trésor se pré-
sentent dans des conditions particulièrement dif-
ficiles. Je crois que, depuis 1870, nous n’avons
pas eu une situation financière aussi défa-
vorable que celle que nous avons en ce mo-
ment-ci.
si. EDOUARD VAILLANT : Grâce & la loi de trois
ans t
SI. JULES SIEGFRIED : Je ne veux pas en re-
chercher les causes, -mais il convient de ne
rien cacher et de voir les choses telles qu’elle3
sont.
Lo déficit du budget, reconnu par tous, est de
79i millions. Comment vous propose-t-on de la
couvrir? De la façon suivante :
!• Par des économies pour 49 raillions ;
S* Par le transport à un compte spécial des dé-
penses du Maroc, 234 millions ;
3” Par un changement de l’année de base : 1913
au lien de 1912,18*1 millions ;
4» Par des impôts nouveaux, pour 23 mil-
lions ;
g» Par le boni de l’exercice 1912, 112 mil-
lions -,
6» Par des obligations à court terme, pour 19C
millions ; total : 79i millions.
Messieurs, si nous ne voulons pas nous payer
de mois, nous devons reconnaître que le budget,
adopté peut-être un peu trop facilement par la
Commission, est un budget d’expédients. En effet,
à part 49 millions d’économies et 23 millions d’im-
pôts nouveaux, le transport h un compte spécial
des dépenses du Maroc, 234 millions, n’esl-il pas
un expédient et la réouverture des budgets ex-
traordinaires ?
Or, messieurs, depuis des années, la Chambre a
toujours condamné les budgets extraordinaires.
Nous savons que, vers 1880 1882, ces budgets ex-
traordinaires avaient pris une telle extension que
la situation financière du pays avait été mise en
danger. 3 t
Vous le voyez, nous rentrons dans cette voie
des budgets extraordinaires. Pour moi, je consi-
dère que c’est une erreur, une faute, et que les
dépenses du Maroc qui, malheureusement, dure-
ront un certain nombre d’années, devraient être
mises dans le budget ordinaire etnonpas dans un
compte spécial, comme budget exiraordinairc.
Deuxième expédient : le changement de l’année
de base, c’est-à-dire la substitution des recettes
de 1913 à celles de 1912, soit 186 millions. .
Est-ce réellement un moyen de boucler un bud-
get, que de changer le système habituel d’estima-
tion des recettes ? ,
H consistait à prendre les recettes de la pénul-
tième année. Pour les besoins de la cause, on a
pris les recettes de l’année qui vient de se ««mi-
ner. Quelle en sera la conséquence ? C’est que,
précédemment, nous pouvions profiler des aug-
mentations de recettes à peu près certaines
pour comhier les dépenses supplémentaires;
Or, avons-nous l’illusion de penser qu’il ny
..... .î.,* An APA/UIC c n n nT âm on f Mirait ? MfilS (WD*
aura plus de crédits supplémentaires ? Mais coa*-
ment pourrons-nous les couvrir si nous n’avons
plus la possibilité de profiter de l’excédent de re-
cettes de l’année actuelle sur la pénultième an-
née ? Je considère qu’il y a là une faute et une
très grande imprudence.
Sans doute, vous pourrez me répondre qun
faudrait supprimer le plus possible des crédits
supplémentaires. Vous avez parfaitement raison
et je crois, sans critiquer personne, que nos mi-
nistres des finances et tous les ministres devraient
s’appliquer d’une façon toute spéciale à éviter les
crédits supplémentaires, qui sont la plaie de nos
budgets, plaie qui, ces dernières années, n aug-
mentô-danS'des proportions considérables,
fc* Vous savez, en effet, que, l’année dernière, les
crédits supplémentaires ont été de. 337 millions ;
n’est-ce’pas une somme tout à fait exagérée ? ij y
a quelques années, ils ne dépassaient guère ioû
Admiaislf sltof * Délégué - GlfSi}
O. RANDOLET
.Adresser tout ce qui concerne l'Administration
à M. 0. KANDOLBT
85, Bue Fontenelle, 35 1
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Le Petit Havre
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1 l’Oise et la Somme..... .
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J on s'abonne également. SANS FRAIS, dans tous,les Burgaux de Poste de Frane»
DiMitn Hui
Pari», trou heure» matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NSW-YORK, ,21 MARS
Cotoni i mars, hausse 13 points ; mai,
âausse 8 points ; juillet, hausse 8 pointe ;
Octobre, hausse 5 points.
Calée i inchangé à hausse 8 pointe.
NSW-YORK. 2.1 MARS
i. m nn i. ructinr
Cuivre Standard disp. — — 13 97
— avril.......... — — 13 97
Amalgamât. Cop... 76 1/8 76 3/8
(Fer le 26
CHICAGO 21 MARS
C.-‘DU
Blé sur...... Mal....... 93 3/8 93 3/&
1 ...... Juillet.... 88 3/4 88 3/4
liais sur Mai 68 7/8 69 3'8
_ Juillet..;; 68 3 4 69 1/8
Aaledouxsar. Mai....... 10 78 10 8S
— Juillet.... 10 98 U 08
L’Interrogatoire de Mme Caillaux
Dans l’interrogatoire qu’elle a subi hier,
Urne Caillaux a déclaré que lorsque le Fi-
garo vint se joindre aux adversaires de M.
Caillaux et commença la publication d'arti-
cles contre loi, son indignation ne connnt
pins de bornes. . "■
Les révélations du Figaro, dont Mme Cau-
lanx était nne lectrice fidèle depuis de lon-
gues annéos.lui furent très pénibles. Le ven-
dredi 13 mars paraissait un fragment de
lettre signé « Ton Jo ».
Cette lettre, déclare Mme Caillant était
entre les mains d'nne personne détentrice,
je le sais, de deux lettres privées écrites a
moi par M. Caillaux alors que je n’étais pas
encore sa femme. Je craignais leur publica-
tion. J'ai téléphoné samedi matin à M. Tho-
jrel, avoné, et le spir du même jour, celui-ci
me faisait parvenir nn projet d’assignation
de M. Cal mette an civil avec qnelqnes notes
sur la jurisprudence suivie en pareil cas.
Des craintes ayant été manifestées devant
Mme Caillaux que M. Calmette ne déclinât la
compétence du tribunal et la publication des
documents ayant continué, Mme Caillaux
eut nne entrevue dont
L’interrogatdi^êlii& Jffh^Çâtiîattx, qui a été
coupé de crises de larmes, a pris fin à
fi h. 1/2.
A 7 h. 40, Mme CaiUauxa quitté le Valais
de Justice pour rentrer à Saint-Lazare.
Elle était en taxi et accompagnée par deux
Inspecteurs. _■
LA COMMISSION D’ENQUÊTE
La Commission d’enqnête a entendu hier
MM. Lescouvé, Lanrence, Le Berquier, Fran-
çois Poncet, Bloch Laroque, Scherdlin, Cord.
magistrats, et M. Maurice Bernard, avocat de
Jlodu6tto<
Ensuite a eu lien la confrontation de MM.
Monis et Fabre.
AU MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR
T Des convocations viennent d’être adres-
sées par M. Malvy, ministre de l’intérieur
aux préfets afin de s’entretenir avec eux de
la situation politique dans lenr départe-
ment. _ „
Les audiences ont commencé vendredi ;
elles se poursuivront sans interruption pen-
dant le cours de ia semaine prochaine.
MANIFESTATION D’ÉTUDIANTS
Hier après-midi, deux cènts élèves sortant
du Lycée Condorcet, se sont rendus au CoS
tège Chaptal en conspuant M. Caillaux. lis
Ont été dispersés boulevard des Batignolies.
Vers quatre heures et demie, à la sortie du
Collège Chaptal, une centaine de jeunes gens
se sont groupés et ont parcouru le boulevard
des Batignolies mais ils ont été dispersés
place Clichy parles agents du 8e,
Une cinquantaine de jeunes gens ont alors
parcouru l’avenue de Clichy, suivis par des
agents.
Deux des manifestants ont été arretés et
conduits au commissariat deB Batignolies
pour avoir poussé des cris injurieux.
LE MAUVAIS TEMPS
, BÉZIERS . — Une terrible tempête de vent
Ct de neige a surpris la Commission du Con-
seil de révision qui se rendait en automobile
de Saint-Pons à la Salvetat, chef lien de can-
ton situé à 1,000 mètres d’altitude.
Les membres de la Commission ont été ar-
rêtés en pleine campagne. Lenr situation,
très critique, ne prit fin qu’au prix d’énor-
mes difficultés. Ils durent rebrousser che-
min et regagner Saint-P'ons.
Les opérations du Conseil de révision ont
été remises à nne date ultérieure.
L’ASSASSINAT DE M. CADIOU
LF.SNEVEN. M. Roudaut, pihartnacien à
^esneven, ami de M Fortin, sénateur, con-
firme qu’il n’a pas vu M. Gadiou à Paris le
4 et le a janvier dernier, comme le brnit en
avait couru. ,
La piste de M. Cadiou à Paris dans les pre-
miers jours de janvier doit donc être aban-
donnée. . .
LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE
EN GRÈCE
ATHÈNES. — Le général Eydoux, chef de la
mission française, a déclaré dans une inter-
view qu’il serait remplacé par un autre offi-
cier supérieur français et que les membres
dç la mission française continueraient leur
oeuvre en Grèce.
Les journaux sont unanimes à regretter le
départ du général.
- On croit savoir que le gouvernement hel-
lénique a fait hier une démarche auprès du
gouvernement français afin d’obtenir la pro-
longation du séjour du général Eydoux en
Grèce.
HEUBE;:SPQRl[y!.t
Match Joe Jeannette'- darpeâtiér 1
An quinzième round, Joe Jannette a battu
Carpentier ans points.
ELECTION AU CONSEIL GENERAL OU 4™ CANTON
Scrutin de Ballottage du 22 Mars 1914
UNION DES GAUCHES DES 6 CANTONS DU HAVRE
(Sections du 4® Canton et de Oraville-Sainte-Honorine)
G DEBREUILLE
Ancien Conseiller Municipal de Graville
Membre de la Commission Sanitaire de l’Arrondissement du Havre
CANDIDAT RÉPUBLICAIN DE GAUCHE
Avant le Scrutin
ÉLECTEURS DU 4* CANTON !
Le moment est ventrde vous prononcer définitivement.
Si vous croyez à l’utopie socialiste, si la nécessité de la défense nationale ne
vous préoccupe guère, si vous tenez aux procédés révolutionnaires pour assurer le pro-
grès social, si vous ne vous souciez pas de faire défendre vos intérêts par un homme
ayant des attaches profondes dans votre canton, vous voterez pour le citoyen
Lartigue.
Si, amis de l’ordre et de la légalité, mais fervents du repos hebdomadaire, vous
préférez affronter le péril révolutionnaire plutôt que de faire un effort électoral, vous
vous abstiendrez.
Mais si, républicains convaincus, citoyens conscients de votre devoir, vous dési-
rez que notre pays soit fort pour qu’il reste dans le monde l’artisan du progrès ; si vous
attendez d’une politique prudente et persévérante les réformes nécessaires pour le bien
de tous ; si vous croyez que, pour bien défendre les intérêts de votre canton, il faut les
bien connaître, comme seul le peut l’un des vôtres, — vous irez tous au scrutin pour
faire triompher la candidature républicaine et démocratique du Citoyen
G. DEBREUILLE |
L'Union des Gauches des six Cantons du Havre
(Sections du 4® Canton et de Graville-Sainte-Honorine)
Disoiplioe RlpiSimio
Au mois d’août 1913, lors des élections
pour le renouvellement du Conseil d’arron-
dissement, M. Déliot a fait, contre le ci-
toyen Lartigue, la campagne électorale que
nos lecteurs connaissent.
Nous avons reproduit hier quelques-unes
des appréciations qu'il portait et sur le pro-
gramme et sur la personne du candidat so-
cialiste unifié.
Très énergiquement, il s’élevait contre
les doctrines collectivistes, contre l’anti-
patriotisme, contre les utopies révolution-
naires.
Avec beaucoup de bon sens, il soutenait
que le citoyen Lartigue, de passage au
Havre, ne pouvait pas connaître et défen-
dre les intérêts du 4® Canton.
M. Déliot montrait aux électeurs toutes
les responsabilités qu’ils encourraient en
permettant à un socialiste unifié de siéger
pour la première fois au Conseil d’arron-
dissement.
M. Déliot a reproduit Bs mêmes argu-
ments ; il les a longuement commentés et
développés au cours de la campagne électo-
rale qui s’est terminée pour lui dimanche
dernier.
Or, jeudi, il se désistait en faveur de
M. Lartigue !
Au nom de quels principes a-t-il pris
cette grave décision ?
Au nom de quel intérêt public prend-il
sur lui une responsabilité contre laquelle
il mettait en garde le corps électoral ?
M. Déliot veut faire croire aux électeurs
républicains que c’est au nom de la disci-
pline républicaine.
Etrange discipline, vraiment, celle qui
consiste à soutenir un candidat qu’on con-
sidérait la veille non pas seulement comme
un adversaire politique, mais comme un
antipatriote l
Etrange discipline,au nom de laquelle on
traite de Réactionnaire, au Havre, un can-
didat qui soutient le même programme que
celui défendu, è Paris, par les chefs éprou-
vés du parti républicain 1
Etrange discipline qui ne tient compte
ni des programmes, ni des principes, ni des
idées, ni des déclarations des candidats 1
Nous ne connaissions, en politique;
qu’une discipline : celle des partis. M. Dé-
liot se soumet à une discipline de per-
sonnes.
Les électeurs qui lui ont donné leurs
suffrages, désireux cependant et avant tout
de défendre les idées et les principes répiï-
blicains, les électeurs (Ju 4®'canton,sôqbièux
de confier leurs intérêts à un candidat qui
puisse les défendre au Conseil général en
pleine connaissance de cause, ne suivront
certainement pas M. Déliot dans la voie
qu’il leur a ainsi tracée.
Convaincus qu’il a signé son désistement
dans un moment de mauvaise humeur, ils
suivront tous la vraie, la sûre discipline
républicaine en votant en masse pour le
citoyen G. Debreuille.
TH. VALLÉE.
Nous avons reçu la lettre suivante que
nous insérons tout en regrettant que M. Lar-
tigue ait si peu de chances d’avancement et
en nous demandant si cela peut vraiment
lui valoir un titre de plus à la confiance
des électeurs.
Le Havre, le 21 mars 1914.
Monsieur le Rédacteur,
Je n’ai pas pour habitude de répondre par
la presse aux critiques dont j’ai toujours
été jusqu’ici, et à tort, l’objet, mais cepen-
dant je ne puis laisser passer sans y répon-
dre votre article de ce matin -: « Un dernier
mot » et je vous serais très obligé de vou-
loir bien insérer demain matin les démentis
suivants, en mêmes caractères et en môme
place que l’article cité plus haut.
1® Je ne suis pas au Havre depuis quel-
ques mois, mais depuis de longues années.
2° Je n’attends aucun avancement avant
15 ans au minimum ;
3° Je m’engage de la façon la plus for-
melle à rester au Havre tant que les élec-
teurs du 4® canton voudront bien m’accor-
der leur confiance.
D’autre part, je crois utile de signaler
que mon ami Combes avait fait une de-
mande de changement antérieure à sa no-
mination comme conseiller municipal et je
puis affirmer que s’il n’avait laissé au Con-
seil municipal deux socialistes, il n’aurait
pas quitté le Havre.
Je compte, Monsieur, sur votre loyauté
pour publier ces rectifications et je vous
prie de croire à ma parfaite considération.
LARTIGUE,
Commis des P. T. T.
Candidat du Parti Socialiste.
üm o -m i. n T n iififljpi
CARTES D'ÉLECTEUR
ÜM électeurs qui auraient égaré
leur caà'te saut prévenus yu’ils n’ont
qu’à ne rendre aujourd'hui diman-
che, à leur bureau de vote respectif
où iis pourront) muais d’une pièce
d'identité , et, accompagnés de deux
témoins, réclamer une nouvelle
carte et voter*
ê&mmm ëêmêm
LiSS Z HIRONDELLES ”
Photo Petit Havre
"Cliché Petit Havre
: ;. A la porté du théâtre — sortie des artistes —•
lès “ hirondelles ” se sont groupées pour s’en-*
voler de compagnie.
Frileuses et désorientées, vàgUêmëht in-
quiètes devant le grand inconnu du lende-
main, elles s’apprêtent à reprendre leur fol,
les « hirondelles. »
Elles se sont groupées aux portes dé la
cage avec des airjündécis el ffiôrnes, comme
si elles hésitaienrencore à la déserter.
Les passante distraits n’attachent point
d’intérêt à leur bavardage, pas pins qu’à lenr
mise de voyageuses. Ils vont, indifiérents,
frôlant lenr tronpe, sans même remarquer
qu’il y a dans lenr attitude à la fois de la
joie discrète et de la détresse.
Les hirondelles cherchent déjà lenr direc-
tion, le chemin rêvé qui conduit, sinon à la
fortapej dn moins à la certitude de la maté-
rielle. ’ÉtlI y a; malgré-tout,-dans ces yeux
las, l’illnsion du meillenr ëspoir.
Le monde dn théâtre n’est-il pas fait de
fictions et de rêves, de choses relatives et
conventionnelles ? Le secret de Brichantean
promenant à travers les amertnmes de la
vie nne âme confiante empanachée d’idéal
ne réside-t-il pas précisément dans le don de
l’imagination ? Descendu des tréteaux, le
brave homme poursuit son existence, l’oeil
encore rempli dn mirage de la toile peinte.
J’en ai connu pas mal de ces bons vienx
Don Quichotte de la Rampe envers lesquels
le sort se montra injuste. Ils n’en conser-
vaient pas moins l’auguste sérénité de l’art
qu’ils avaient dignement servi.
Ils portaient, sons lenr vienx rentre, la
majesté fripée dn manteau romantiqne.pt la
taille se redressait, en dépit des ans, dèsqne
la cervelle faisait s’épanouir an champ des
souvenirs la gloire vieillote d’une tirade on
le lyrisme d’un alexandrin.
Il y a qnelqnes années, dans nn petit coin
perdu de la côte normande, j’ai retrouvé,
rendu aux douceurs de la retraite, mécon-
nu, inconnu, anonyme, perdu dans la fonte,
nn grand premier comique qui fut véritable-
ment, en ses jours de succès, grand, pre-
mier et comique tout à la fois.
Je l’ai surpris dans l’intimité de la petite
maison qui abritait ses soixante-dix ans
passés, en train de ressemèler ses chaus-
sures. Il tapait à tour do bras sur un cqir
réfractaire, et chaqne coup de martean était
scandé par nne envolée de souvenirs : rimes
classiques, çonplets démodés, répliques fa-
ID6QS68,
Le répertoire venait encore à l’aide de son
vieux serviteur en ranimant son zèle de cor-
donnier:amateur. Le vers, qu’il croyait à
jamais évanoui dans un repli de sa mé-
moire, surgissait à nouveau prestigieux et
sonore ; ét la rime en appelait an antre, puis
un autre.
Une mnsiqne ancienne et très douce, qui
conservait dans la grâce surannée de ses
rythmes le charme d’un passé ressuscité,
s’éveillait presque mécaniquement, pareille
à ces airs qu’on fait envoler après des
années de silence, rien qu’en tournant la
manivelle de ces petites boites où l'harmonie
fruste demeure en léthargie, dans la nuit
poussiéreuse des armoires.
— Thomas Corneille maniait bien le pied
de fer et l’alène... N’est-ce pas exalter l’art
immortel que de battre la semelle en redi-
sant les vers du grand fière? Que leur mé-
moire me pardonne si j’y glisse des chevilles.
J’en ai si facilement sons ia main t...
J’ai revu en pensée le brave homme, tout
à l’heure, quaud sur le seuil de la grande
maison, m’est apparue la bande inquiète des
hirondelles.
***
Le théâtre où triomphe l’illusion a cepen-
dant Je réalisme brutal de ses différences so-
ciales. Il a ses heureux et ses martyrs, ses
favorisés et scs victimes. Il a ses privilégiés
dont les notes sont d’or et ses collaborateurs
obscurs dont le grand souci est surtout la
note de la logeuse. II a ses hiérarchies et ses
«fiasses, ses étoiles et ses vers do terre.
Rien ne m’a toujours paru plus saisissant
qu’une répétition où le noble et galant sei-
gneur, l’opulent personnage qui jette sans
hésiter sa bourse pleine aux marauds, est
représenté par un pauvre diable en par-
dessus limé qui vient de déjeuner d’an crois-
sant ! ...
Les hirondelles de la scène ont ces simpli-
cités touchantes. Les frusques remises au
porte manteau de l’habilleur, le fard enlevé;
redevenues elles-mêmes, c’est-à-dire des hu-
manités, très humbles et pas riches, ces hi-
rondelies-là apparaissent plus inquiètes et
plus mornes dès qu’elles se sont échappées
des frises et que les dures nécessités de la
lrftté" lés ont replacées jsôus lé jour brutal
des réalités. ; ; -• • ••••
■T La Saison est close. ; On â touché les der-
nières avancés. Un camarade.'s’est chargé de;
. prendre au chemin de fer le « collectif» oui;
va permettre dé réaliser une petite écono-
mie Btir le transport. C’est l’heure critique
où l’on se sépare. > >
Lés nippes, soigneusement pliéeà, sau-
poudrées de naphtaline, ont réintégré leurs
paniers d’osier. Les «grandes vitesses» sont
déjà parties. On s’envolera demain avec nn
sac à main, tme valise, on bien nn simple
carton avec ses ficelles en croix... Pans!
Le rendez-vous de ces enfants de Thespis, le
point vers lequel convergent tons les soucis,
tous les espoirs, où les attendent des surpri-
ses heureuses on de dures amertumes, Paris
où ils ont, pour la plupart un tout petit
coin,-une chambrette minuscule qu’ils ap-
pellent d’aillenrs leur « appartement », en
enflant le mot suivant un travers familier
qui les amène à tont exagérer. Ils en pousse-
ront la porte avec la joie enfantine de se re-
trouver enfin « chez eux ».
Car ces ambulants sont des doux et bons
fanatiques du foyer familial. Ils en appré-
cient crantant pins le charme qu’ils en sont
régulièrement privés et que leur vie cahotée
de « meublés » en « meublés » n’a rien de ia
tranquillité qu’ils escomptent.
On se loge comme on peut, suivant les res-
sources, an hasard de la trouvaille. Les for-
tunés peuvent seuls s’offrir la fantaisie d’é-
voquer le souvenir d’un « home » dans les
campements improvisés de la vie d’artiste.
Un de ces heureux, la basse Vinche, bien
connn an Havre qui l’a souvent fêté, excel-
lait dans ces transformations pittoresques.
C’était nn ancien ouvrier tapissier. Il avait
conservé de sa profession première le goût
de la décoration murale, l’habileté de la ten-
ture. Pendant plusieurs années, il participa
avec éclat à nos saisons lyriques. Dès qu’il
avait choisi son logis et convenu le prix, R
faisait appeler le propriétaire :
— Maintenant, enievez-moi tous ces ri-
deaux, faites-moi disparaître tous ces
tapis.
— Vous Verrez que cela sera très bien...
Et je ne vous demande pas de rédaction.
Là-dessus, Vinche se dédoublait. L’ouvrier
tapissier se substituait. à la basse noble. Il
sortait de son bagage des étoffes exotiques et
rares, s’armait du martean, se calait les
joues de « semences ». Et pour un mois, il
improvisait en quelques heures une décora-
tion exquise. La beauté des tentures délica-
tes, drapées par le goût avisé d’un artiste,
transformait ia pièce en lui donnant un pi-
quant et savoureux caractère.
Mais c’était là la coquetterie d’un chanteur
heureux, auquel ses moyens pouvaient per-
mettre ces fantaisies élégantes. Brichantean
ignore ces raffiaements et ce iuxe. La cham-
bre a presque les rusticités de la cellule : le
lit, la table, la lampe et le fourneau à pé-
trole. Il vit si peu là-dedans, à vrai dire.
Toute son existence d’hiver ne s’écoule-t-
elle pas au théâtre, la journée prise par les
répétitions, soirée par la représentation?
On descend des planches la tête lourde, les
membres las. On y retourne au matin, les
yeux encore brouillés de sommeil, le cer-
veau encore rempli du rôle de la veille. Et
c’est la vie de tous les jours, la vie heurtée,
bizarre, capricieuse, laite leur à tour des
joies de la scène et des âpretés de la lutte, la
vie qu’on aime malgré ses cruautés et ses
traîtrises pour la satisfaction qu’elle procure,
à certaines heures, en vous mettant un peu
de rêve au coeur, en refrisant, pour un ins-
tant, les plumes du panache !
sr
* *
Que Thalie ait pour ses humbles amants
des attentions touchantes et bonnes t Us les
méritent par la constance de leur zèle et la
conscience de leurs services.
Songez donc combien il est aisé de faire le
saut par-dessus la rampe, de déserter le
théâtre et d’aller demander au café concert
des situations plus faciles, plus rémunéra-
trices. Un habit, une cravate blanche, une
demi-douzaine de chansons, un peu de voix,
il n’en faut pas. plus pour connaître ailleurs
l’honneur de la vedette.
Ils ne capitulent point, cependant. Le
théâtre a ses difficultés, ses déboires. Il as-
treint les petits comme les grands qui le
veulent défendre à des obligations pénibles,
à un travail ingrat où le succès se fait sou-
vent revêche, où la renommée se montre
exigeante et éphémère. Ils persistent cepen-
dant à lui demeurer fidèles et à l’aimer.
Faire do l’art 1 Sublime et généreuse pen-
sée qui habille un momèht de félicité mys-
térieuse i’amertpme.des jours qui passent et
rdes beatix projets qui s’effondrent. C’est dans
cette admirable et' respectable conviction
.qu’il faut cherçhçrJq raison de tant de se-
reine ■'confiance,’ de ; tant d’enthousia3ine, et
aussi, parfois, de tant de résignation doulou-
reuse.
Faire de l’art t Poursuivre un rêve, s’éle-
ver vers son idéal, être de ceux ! qui, ayant
éproiivé le frisson en pénétrant dans l’inti-
mité de l’oenvre, s’ingénient à> lenr tour
à le faire éprouver à d’autres ; dépen-
ser ainsi sans compter ce qqë certains ap-
pellent leur talent, ce qn’ils appellent, eux:
lenr « art », mais c'est toute leur tâche, tout!
leur sainte mission, à ces dispéifsaleiirs fit
manne intellectuelle. Iis vibfent’âveè le bol
espoir d’être compris et de faire vibrer det
âmes à l’unisson. La pensée est assez haute,
assez noble, la foi assez digne, pour que les
exigences soient accueillies d’un coeur léger
et rayonnant. Si les souliers prennent l’eau,
le front, au moins, a la faveur de Lôier 1er
étoiles.
— Encore un peu de ce succulent potage
aux blancs-mangers, mon cher marquis ?
— N’insistez pas de grâce.
— Alors,souftVez que je vous recommande
ce chaud-froid royal et fasse violence à votre
raffinement de gourmet.
Vous ne vous illusionnez point, n’est-ce
pas? Vous savez fort bien qu’en ce petit
théâtre provincial à mise en scène économi-
que, ie potage aux blancs-mangers n’est que
de la sciure de bois et le chaud-frôid dis bis-
cuits cassés. Mais admirez 'Brhfiianteau.
Voyez-le donc savourer ce rpgàli manger
lentement tout en hochant la tête, èn fia '
connaisseur. Et regardez encore,, olservetl
avec quelle souveraine élégance’ il lèvera
son gobelet d’argent —en 1er blanc — se
renversera sur sa chaise, fera claquer sa
langue et dira, les yeux mi-cios, dans une
béatitude d’épicurien :
— Un nectar des dieux l
Le marquis en jabots de dentelles vient
tout simplement d’avaler... du vent.
»
* *
A la porte du théâtre — sortie des artistes
— les hirondelles se sont goupées pour s’en-
voler de compagnie. Des feutres romanti-
ques, des mines blêmes que l’abus des fards
a rendues exsangues, des moustaches en
brosses à dents que la libération de la scène
autorise désormais pour quelques semaines,
des pardessns verdis par le printemps, an
col de faax astrakan qui fait songer au Saint
Guillanme de Çhonchette : la troupe va pren-
dre son essor.
Et d’autres hirondelles viendront après
elles qui, comme elles, s'envoleront à lenr
tour pour s’éparpiller au hasard de l’engage-
ment dans le grand ciel dn théâtre, un ciel
qui a, comme l’antre, ses « étoiles » et ses
infimes poussières errantes, ses génies fulgu-
rants et ses lueurs modestes, Innombrables,
anonymes, ses « vedettes » et ses comparses,
ses artistes et ses cabotins.
ALBERT-IIERRENSCHSIIDT.
©ISCOUBSf~Tî
de I. Joies SIEGFRIED
LA SITUATION FINANCIÈRE
Voici, d’après le Jou nal officiel, le texte
in extenso de l’important discours sur la si-
tuation financière prononcé à la Cbambre
par M. Jules Siegfried au cours de ia séance
as vendredi après -midi et dont nous avons
donné hier nne analyse ;
M: I.E PRÉSIDENT : La parole est à M. Sieg-
fried dans la discussion générale sur la loi de fi-
nances.
si. JULES SIEGFRIED : Messieurs, le budget qui
nous est soumis et la situation du Trésor se pré-
sentent dans des conditions particulièrement dif-
ficiles. Je crois que, depuis 1870, nous n’avons
pas eu une situation financière aussi défa-
vorable que celle que nous avons en ce mo-
ment-ci.
si. EDOUARD VAILLANT : Grâce & la loi de trois
ans t
SI. JULES SIEGFRIED : Je ne veux pas en re-
chercher les causes, -mais il convient de ne
rien cacher et de voir les choses telles qu’elle3
sont.
Lo déficit du budget, reconnu par tous, est de
79i millions. Comment vous propose-t-on de la
couvrir? De la façon suivante :
!• Par des économies pour 49 raillions ;
S* Par le transport à un compte spécial des dé-
penses du Maroc, 234 millions ;
3” Par un changement de l’année de base : 1913
au lien de 1912,18*1 millions ;
4» Par des impôts nouveaux, pour 23 mil-
lions ;
g» Par le boni de l’exercice 1912, 112 mil-
lions -,
6» Par des obligations à court terme, pour 19C
millions ; total : 79i millions.
Messieurs, si nous ne voulons pas nous payer
de mois, nous devons reconnaître que le budget,
adopté peut-être un peu trop facilement par la
Commission, est un budget d’expédients. En effet,
à part 49 millions d’économies et 23 millions d’im-
pôts nouveaux, le transport h un compte spécial
des dépenses du Maroc, 234 millions, n’esl-il pas
un expédient et la réouverture des budgets ex-
traordinaires ?
Or, messieurs, depuis des années, la Chambre a
toujours condamné les budgets extraordinaires.
Nous savons que, vers 1880 1882, ces budgets ex-
traordinaires avaient pris une telle extension que
la situation financière du pays avait été mise en
danger. 3 t
Vous le voyez, nous rentrons dans cette voie
des budgets extraordinaires. Pour moi, je consi-
dère que c’est une erreur, une faute, et que les
dépenses du Maroc qui, malheureusement, dure-
ront un certain nombre d’années, devraient être
mises dans le budget ordinaire etnonpas dans un
compte spécial, comme budget exiraordinairc.
Deuxième expédient : le changement de l’année
de base, c’est-à-dire la substitution des recettes
de 1913 à celles de 1912, soit 186 millions. .
Est-ce réellement un moyen de boucler un bud-
get, que de changer le système habituel d’estima-
tion des recettes ? ,
H consistait à prendre les recettes de la pénul-
tième année. Pour les besoins de la cause, on a
pris les recettes de l’année qui vient de se ««mi-
ner. Quelle en sera la conséquence ? C’est que,
précédemment, nous pouvions profiler des aug-
mentations de recettes à peu près certaines
pour comhier les dépenses supplémentaires;
Or, avons-nous l’illusion de penser qu’il ny
..... .î.,* An APA/UIC c n n nT âm on f Mirait ? MfilS (WD*
aura plus de crédits supplémentaires ? Mais coa*-
ment pourrons-nous les couvrir si nous n’avons
plus la possibilité de profiter de l’excédent de re-
cettes de l’année actuelle sur la pénultième an-
née ? Je considère qu’il y a là une faute et une
très grande imprudence.
Sans doute, vous pourrez me répondre qun
faudrait supprimer le plus possible des crédits
supplémentaires. Vous avez parfaitement raison
et je crois, sans critiquer personne, que nos mi-
nistres des finances et tous les ministres devraient
s’appliquer d’une façon toute spéciale à éviter les
crédits supplémentaires, qui sont la plaie de nos
budgets, plaie qui, ces dernières années, n aug-
mentô-danS'des proportions considérables,
fc* Vous savez, en effet, que, l’année dernière, les
crédits supplémentaires ont été de. 337 millions ;
n’est-ce’pas une somme tout à fait exagérée ? ij y
a quelques années, ils ne dépassaient guère ioû
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