Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-03-18
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 mars 1914 18 mars 1914
Description : 1914/03/18 (A34,N11912). 1914/03/18 (A34,N11912).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172077g
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
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Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
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Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces Judiciaires et légales
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Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,! * _ _ _ „ „ ■
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[texte manquant]
Pari», trois heures matin
DEPECHES COMMERCIALES
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LONDRES. 17 Mars. Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
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Prix comparés arec ceux de la deuxième Bourse
du 16 mars i
NEW-YORK, 17 MARS
Cotons t mars, baisse 15 points ; mai,
baisse 14 points ; juillet, baisse 14 points ;
octobre, baisse 9 points. — Soutenu.
Calés t hausse 18 à 23 points.
NEW-YORK. 17 MARS
. it m .. mentir
Cuivre Standard disp. 13 92 13 62
— avril.13 92 13 62
Amalgumat. Cop... 74 7,8 74 »/»
ffer 15— 15 —
CHICAGO, 17 MARS
C. I>0 -OUR G. PRRCSI>
Blé sur Mai....... 63»» 63 1/4
- Juillet.... 88 3 4 88 3/8
Maïs sur Mai....... 68 » » «7 '/8
— Juillet.... 67 1 1 67 1/1
Saindoux sar. Mai...... io 80 10 77
Juillet....) Il — 10 87
UBIE MANIFESTATION
A la suite de la note parue hier matin dans
l‘Action Française, note invitant les « came
lots du loy » à se réunir dans la soirée à
partir de 9 heures entre l’Opéra et la rue
Drouot pour manifester contre M. Caillaux
si ce dernier n’avait pas donné sa démission,
la pretecture de police avait pris 1 d’impor-
tantes mesures d’ordre pour prévenir tout
incident.
Alors que tout paraissait, devoir se passer
dans le calme, une manifestation subite se
produisit à 10 h. 20 à l’angle de la rne de Ri-
chelieu et du boulevard des Italiens.
MM Léon Daudet et Maurice Pujot ve-
naient d’arriver à la terrasse d’un café situé
à cet endroit, lorsque des cris : a A bas
Caillaux l’assassin t » se firent entendre.
M. Daudet, qui était en tenue de soirée,
monta alors sur une chaise et prononça une
harangue dans laquelle il s’éleva en termes
Violents contre l’ex-ministre qu’il traita d’as-
sassin.
Des clameurs s’élevèrent alors. La police
tenta de rétablir l’ordre, mais cette opération
amena quelques bagarres.
Plusieurs arrestations furent opérées.
Tandis que le calme se rétablissait à cet
endroit, un autre groupe de manifestants se
heurtait à un barrage d’agems près du Fau-
bourg-PoissODmère.
Les manifestants, conspuant toujours M.
Caillaux, revinrent au carrefour Drouot, où
la police était en permanence.
Deux nouvelles arrestations turentopérées.
Des agents reçurent quelques coups de canne
Bt furent contusionnes.
LE PROCUREUR FABRE
AURAIT DÉMISSIONNÉ
Le bruit a couru dans certaines rédactions
que le procureur Fabre a démissionné.
Mais étant donné l’heure tardive, il n’est
pas possible d’avoir confier n de ce
bruit.
LA QUESTION OU HOME RULE
BELFAST — Quatre mille vétérans du Sud
fle l’Atiique, incorporés dans les milices re-
belles dans la province de l’Ulster, ont reçu
1 ordre de mobilisation pour aujourd'hui.
C’est, dit-on, la réponse de i’Uister aux
concessions offertes par le gouvernement.
ÉTRANGER
ALLEMAGNE
La campagne antirosse
La campagne antirusse menée depuis
quelque temps dans la presse allemande pa-
raît devoir s’apaiser sous l’effet de la réper-
cussion financière qu’elle a provoquée sur le
marché de Bénin.
Dans un article que publie le rédacteur en
Chef du B>r mer T-gebtatt, il formule très
exactement les idées singulières de la diplo-
matie allemande : -
a li n’en reste pas moins un fait Impor-
tait que reconnaissent les politiciens les
plus expérimentés. Le colosse slave se m-t
en marche et pariout il va de l’avant. Avec
l’appui de l’argent et du chauvinisme fran-
çais, il devient un danger pour les voisins.
Ceci est vrai, mais on peut objecter que des
vérités aussi generales ne suffisent pas a
fonder et a établir une concepaon politique
et que la puissance grandissante de fa Russie
peut engendrer des situations qu’il n’est
guère possible de prévoir en ce moment.
» Un nouvel adversaire peut surgir en face
du gouvernement russe et il peut avoir be-
soin demain d’un nouvel ami.
» Dans toos les cas, il est utile de formu-
ler ce que l’Allemagne peut vouloir dans ses
relations avec la Rassie et ce qu’elle ne peut
accepter. Un affaiblissement nouveau de
1 Autriche, qui nous forcerait à de nouveaux
armements, est insupportable. Une atteinte
a 1 indépendance de la Scède provoquerait
en Allemagne un ouragan de coières. Le rô:e
de protecteur de l’empire turc est très in-
grat ; cependant personne ne peut négliger
bMtaterôu importants do l'Allemagne en
LE DRAME DU “FIGARO”
Ses Répercussions à la ©fiambre. Le Remaniement ministériel
LES
Leçons dn Brait
Le meurtre du distingué M. Calmette
provoque dans toute la presse les commen-
e taires les plus passionnés. Rarement en effet
événement aussi grave est venu troubler
l’histoire de notre troisième Répubiique.Les
journaux de droite, le Gaulois, VActionFran-
; çaise, la voient déjà, cette République,
' « finir dans le sang copieusement mêlé à la
boue ». Ils exagèrent, et ont le tort d’oublier
qu'en fait ce sont les monarchies qui ont
souvent fini dans le sang et la boue.
, Pour nous, nous dirons simplement, sans
passion ni parti pris, que la dignité de notre
pays exige l’abandon de certaines moeurs
qui ont rendu possible un pareil attentat.
D’abord, et sans vouloir accabler M.
Caillaux qui est aussi une des victimes du
drame, il faudrait se défaire de ce scepti-
; cisme par lequel, pour le choix de nos
chefs politiques, on ne sô préoccupe plus
guère de savoir s’ils sont ou non à l’abri de j
tout soupçon, s'ils ont ou non derrière eux
une carrière dont la dignité et la continuité
assurent leur autorité morale. Cette indif-
férence et cette légèreté ont d’ailleurs pour
résultat que l’on doute de tous, des bons
comme des mauvais : dans bien des mi-
lieux. un ministre, quel qu’il soit, ne peut
être considéré que comme un prévarica-
teur, un homme qui s’enrichit au détriment
de l’Etat ; c’est cet état d’esprit qui facilite J
bien des campagnes de presse.
ôrrrhfcudroit misai qae certaines oam- -I
pagnes ne soient pas possibles. Certes, M. I
Calmette était dans son droit d’attaquer
avec toute sa virulence de polémiste M. I
Caillaux qui y prêtait le flanc ; nous ne
sommes pas suspects de tendresse, ici, pour I
l’ancien ministre des finances, chef des
unifiés de Pau dont les procédés devaient I
appeler dés représailles ) mais il est cepen-
dant des excès dont un grand journal qui
se respecte devrait se garder.
Le Figaro et ses amis répètent obstiné-1
ment que la polémique dont M. Caillaux
était l’objet s’était strictement maintenue
sur le terrain politique et que l’homme
privé n’était pas visé ; nous regrettons I
d’être obligés de dire, devant la tombe de
l’éminent confrère dont nous déplorons la
perte, que le fait de publier une lettre d’or-
dre intime adressée à une femme, et qu’on
n’a pu se procurer que par des moyens
sujets à caution, dément cette assertion. I
Lorsqu’un homme écrit à une amie, il ne I
fait pas de politique ; on ne peut loyale-
ment tirer un argument politique des paro-
les qu’il laisse ainsi échapper - dans un mo- I
ment d’abandon et dont il n’a, par consé-
quent, pas mesuré :a portée. Ajoutons qu’il
résulte de renseignements recueillis par I
des journaux aussi différents qu’Excelsior i
et [’Humanité que cette lettre aurait. été
écrite à Mme Caillaux elle-même, alors
qu’elle était encore Mme Léo Claretie.
Ce serait là la seule excuse de la meur- I <
trière qui, au. lieu d'être à la hauteur du I
rang qu’occupait son mari, a donné le plus
pitoyable des exemples. C’est un des symp-
tômes les plus inquiétants de notre temps <
que le déséquilibre moral atteigne toutes <
les classes de la société. Mme Caillaux a 8
sans doute prouvé qu’elle était une épouse î
aimante et dévouée en souffrant comme elle c
le faisait des attaques dirigées contre son s
mari ; mais pourquoi faut-il que pour lui 1
témoigner çe dévouement, elle n’ait trouvé 1
que le geste de la fille des rues qui défend i
son homme 1 La bourgeoisie qui prétend t
diriger les destinées de la France s’expose à ?
être balayée par quelque vague populaire I 11
si elle ne se décide à avoir les vertus né-
cessaires à son prestige.
« Mais, disait Mme Caillaux, j’ai d’abord g
été consulter le président du Tribunal de la r
Seine et il m’a dit lui-même qu’il n’y avait „
rien à faire par les voies légales, qu’un n
procès dure trop longtemps pour être effi- *'
cace... » C’est peut être vrai, et là encore
il faudrait une réforme, une réforme de nos
lois pour que, grâce à une procédure ra-
pide, les individus impatients M laver les
aflronts dont ils se croient atteints, soient
moins tentés de se faire justice eux-mêmes.
La République est un idéal ; les scanda-
les où nous trébuchons trop souvent nous
prouvent certes qu’il n’est pas atteint ;
mais ces tristes contingences ne diminuent
en rien l’idéal ; l’essentiel est que nous
profitions des leçons du jour pour faire un
pas de plus en avant sur le chemin mon-
tant et difficile qui mène au but que la
France s’est assigné.
p. à.
La Mâtiné 9 au “ F'garo ”
Dès la première heure hier matin, nn
service d’ordre a été établi aux portes dn Fi-
garo, rue Drouot, devant lesquelles station-
naient nn très grand nombre de curieux.
Dan, 1 «s bureaux du journal, c’est un conti-
nuel défi 1 é de personnalités parisiennes qui
s inscrivaient.
A neuf heures et demie, les magistrats
chargés de l'enquête, MM. Lescouvé, procu-
reur de la République, et Boucard, juge
d’instru r-tion, arrivèrent au Figaro accompa-
gnés de M. Carpin, commissaire de poiiee.
Dans le bureau même où M. Gaston Calmette
tut tué et où rien n’a été modifié, les magis-
trats ont procédé à une reconstitution du
drame d’après les interrogatoires de ceux
qui en furent les rares témoins. Les deux
dépositions les plus importantes sont incon-
testab ement celles des garçons de bureaux
Etienne Nicet et Adrien Sirac.
Le premier reçut Mme Caillaux vers cinq
heures. La visiteuse demandant à être intro-
duite auprès de M. Gaston Calmette, le gar-
çon Etienne Nicet lui demanda qui U devait
annoncer à son directeur. Maigre son insis-
tance, il ne put obtenir aucune réponse pré-
cise.
1 Dltes à M. Calmette que c’est une dame
I qu’il connaît bien ; il me recevra, vous
| verrez
| Le directeur dn Figaro n’étant pas au jour-1
I nal, le garçon de bureau cessa momentané- I
I ment d insister et Mme Caillaux alla atten- I
| dr-t dans nn salon voisin,
j Quand, vers six heures, M. Calmette arri-1
| va, Etienne Nicet retourna auprès de Mme I
I Caillaux.
J — Madame, lui dit-il, si vous voulez être J
I reçue, il faut absolument vous faire connaî- I
I tre. Si vous ne voulez pas me confier votre I
I nom, mettez votre carte de visite sous enve-1
I ioppe.
Alors, selon les déclarations du garçon de !
I bureau, Mme Caillaux tira de son mouchoir I
I nne enveloppe toute préparée, à en-tête de I
I la Chambre des députés, et la remit au gar- I
I çon.
| A îrien Sirac est le garçon de bureau qui I
| pénétra le pi Miner dansie bureau de M. Cal- I
f IUUIIIO-U même où se déroulait le |
I drame. Spécialement attaché au service de I
la direction, Adriea-Sirac- se trouvait dans un I
I couloir-antichambre sur lequel s’ouvre im-1
med u eineat la porte du bureau du direc- I
leur du Figaro. Le bruit soudain des déto- I
nations attira son attention et il sé précipita 1
chez M. Calmette.
Les déclarations faites par le garçon de J
bureau confirment la version du drame que I
f on connut et précisent ces details : quand I
Adrien Sirac entra dans le bureau de M. Cal-
mette, celui-ci cherchait à s’abriter derrière
son bureau ; la visiteuse au bruit que pro- I
duisit la porte eu s’ouvrant, se retourna, vit I
entrer le garçon qui se précipitait vers elle I
et braquant à nouveau son revolver sur le I
directeur du Figaro el.e tira une sixième
fois.
Dans la matinée encore on discutait sur le 1
point de savoir si Mme Cillaux avait tire I
»ur M Calmette cinq ou six bades. Les ré- I :
dacteurs du Figaro qui aidèrent hier matin I <
les magistrats dans leurs recherches ont dé- 11
clare que trois douilles vides avaient été I
trouvées dès le soir et que trois auties ont I i
été trouvées le matin. (
On sait que M Gaston Calmette fut atteint I I
par trois projectiles. Deux autres pénétré- J ]
rent dans un des meubles dn bureau placé I
près de celui a-ù la viewme déposa son cha- ! i
peau en entrant avec Mme Caillaux. Lasixiè- I t
me balle n’a pas été retiouvée.
Après les interrogatoires par les magis- I (
trats dés témoins du drame, les employés du I j
service anthropométrique ont photographié t
le bureau de M Calmette. Ces diverses opé- I i
ratioDS ont pris fin vers midi. A ce moment j
un groupe de trois cents jeunes gens sont I c
venus manifester devant le Figaro, pous- I t
sant des cris divers hostiles à M. Caillaux. h
Les agents ont dû intervenir pour rétablir la I c
circulation. I
Les mesures d'ordre
Des mesures exceptionnel es de police
! vieunent dêtre prises par M. Hennion en vue
de réprimer rapidement les matufeshuions
qui pourraient se produire à Paris. C’est
ainsi que les casernes des gardes républi-
cains ont été consignées, ainsi que les com-
pagnies de réserve, un escadron de gardes à
cheval est mobilisé dans la ebur de la ca-
serne de la Cité et la première compagnie de
la réserve a été envoyée en renfort au quar-
tier de la caserne de ta rue de la Banque.
Une grande animation régnait, vers deux
heures de l'aptes-midianx abords du Palais-
Bourbon. La toute manifestant une certaine
vff">rvesc9nceia police est intervenue pour
la disperser.
Les opérations Judiciaires
Après avoir recueilli les dépositions des
garçons de bureau Nicet et Sirac, que nous
relatons plus haut, et celle de M. Qrittaid,
secrétaire aujoiat de la rédaction du Figaro,
qui intervint aus«»ot «près le drame, les
magistrats firent reconstituer devant eux la
scène tragique, qui fut telle que nous l’avons
décrite, afin de se tendre compte des en-
droits précis où se trouvaient Mine Caillaux .
et sa victime lors du drame, et des pwripe-
ties de la poursuite dont le directeur du Fi-
garo fut l’objet.
D'autre part, les docteurs Socquetet Paul,
médecins légistes, se sont rendus à la mai-
son de santé dw Neuilly où fut transporté M.
Calmette pour pratiquer son autopsie.
Us constatèrent alors que celle des bles-
sures qui fut mortelle a «té produite par le
projectile qui atteignit l’aine et le rectum. »
Le Défenseur de Mme Caillaux
Mme Caillaux a manifesté le désir d’être
défendue par le bâtonnier Henri Robert.
Mais celui-ci étant donné ses relations d'af-
fection avec le regretté directeur du Figaro,
n’a pas pu accepter de plaider pour Mme
Caillaux.
D’autre part, M® Fernand Labori, ancien
bâtonnier, que M. Caillaux a prié d’assister
sa femme, a accepté et s’est rendu au cabi-
net de M. Boucard, juge d’instruction, où il
a consulté le dossier de l’affaire.
Il a vu hier Mme Caillaux. à Saint-Lazare.
Au Ministère des Finances
| M. Caillaux s’est rendu hier matin au mi-
I nistère des finances, où il a reçu quelques
| amis personnels. Il a ensuite conféré avec
I MM. Privat-De^chanel, secrétaire générai du
I iJlini8tèro, et Labeyrie, chef de son cabinet.
Très ému, M. Caillaux n’a pu, paraît-il, rete-
I nir ses larmes.
Selon certains renseignements, M. Caillaux
aurait exprimé la fume intention de se re-
tira de la^vie politique et ne solliciterait
donc pas Te renouvellement de son rnahââi
lors des prochaines élections.
( D’autre part, on espère dans l’entourage
du ministre des finances, qu’après nne pé-
riode de découragement, M. Caillaux renon-
I cera à ce projet.
A la Frison Saint-Lazare
Ayant obtenu du juge d'instruction un
permis de communiquer, M. Caillaux s’est
rendu à la prison Saint Lazare où il s’est en-
trenu avec Mme Caillaux.
La consigne est très rigoureuse à la prison
où l’on se refnse à fournir le moindrerensei-
gnement sur l'altitude de Mme Caillaux de-
puis son incarcération.
A 11 h. 30, un restaurant du boulevard de I
Strasbourg lui taisait apporter le repas léger I
qu’elle avait commandé.'
Vers la fia de ia matinée le bruit a circulé I
dans Paris avec persistance, et particulière-1
ment en Bourse et au Palais que Mme Cail- I
laux aurait tenté de se suicider.
L’administration pénitentiaire dément for- I
mellement celte nouvelle dont rien n’expli- I
que l’origine.
La Lettre de Mme Caillaux
Le ministre des finances a tait parvenir au !
Parquet une letireque sa femme avait laissée j
à son nom, rue Alphonse-de-Neuvilte, avant J
de se rendre rue Drouot, et dans laquelle I
Mme Caiiiaux écrivait à son mari : « Je vais I
feire justice ! » Ou sait que cette lettre a été 1
troûvSe par MTUÜailtattx après que le crime I
eut été commis.
lïotes biographiques sur
M. Gaston Calmette I
M. Gaston Calmette, qui était né à Paris
en 1858, avait débuté très jeune dans lejour-
! naltsine, où il ne tarda pas à prendre une
place très importante.
D'abord rédacteur au Figaro, il s’était mis
eu pleine hw ère en obtenant du roi d'Ita-
lie, Humbert II, par requête écrite, la mise
en liberté de son ami, ie capitaine français
Romani, qui avait été arrêté sous i’incuipa-
tion d’esp.onriage.
La même année, en 1894, M. Gaston Cal-
mette devint secrétaire de la réfaction du Fi-
garo. Ea 1903, quand, à la suiie d’tnsidents
tumultueux que l’on se rappelle, MM. Peri-
vrer et de Rodays abandonnèrent ce journal,
it en devint diri-c eur-gerant et, depuis cette
époque, il y publia régulièrement de courts
articles de polémiqué.
C’était un journaliste extrêmement pari-
sien, très répandu dans le moud» des lettres
et des theâ res. It était ie frère du docteur
Calmette, qui dirige l'Institut Pasteur, de
Lille.
M. Gaston Calmette a conduit avec vigueur
plusieurs campagnes politiques. Le Figaro,
sous sa direction, a mené contre Certains
parlementaires, notamment contre M. Del-
cassé, une très vive guerre d’épigrammvs.
Depuis la constitution du ministère Doumer-
gaes il n’avait cassé de combattre quotidien-
nement M. Caillaux.
Il avait longtemps spécialisé son activité
de journaliste dans l’actualité parisienne et
bouievardière, mais depuis que ii visait plus haut, et se préoccupait surtout
des grands problèmes politiques. C’est ainsi
qn’il lutta ardemment, dans le Figaro, en
faveur de la loi de trois ans.
Le Cabinet Doumergne
* ET LA
Démission lie M. Caillaux
L’impression dans les Vouloirs delà Chambre
(De notre Correspondant particulier)
Paris, i7 mars.
Une incroyable effervescence a régné pen-
dant toute la journée aux abords et à l’inté-
rieur du Palais-Bourbon. Dès la première
heure, une foute nombreuse stationnait de- I
vant les grilles, foule hostile, à laquelle,
bientôt, vint se joindre une bande d'étu-
diant» conspuant M. Caillaux.
La police, maadee en toute bâte, dispersa
les manifestants qui s'éloignèrent en conti-
nuant à crier, sar l’air des Lampions : Assas-
sin t Assâsdn t...
Quelques instants avant, nn autre inci-1
dent, étranger celui-là au drame d’hier, s’é- I
tait produit snr la place de Bourgogne. M. I
Augagiuuir, en habit et en cravate blanche, I
arrivait pour présider la séance du matin, I
lorèque, au moment où il allait pénétrer
dins la cour d’bonneur, une dame l’avait I
frappe au visage. Cet incident causa un cer- I
tain émoi parmi les députés qui étaient ve-
nus très nombreux, émoi tout passager d’ail-
leurs, et qui n’était rien en comparaison de I
l’agitation profonde, douloureuse provoquée I
par le criminel attentat dont une femme I
— la femme d’un ministre i — s’est rendae
coupable. j
Cette agitation était pins vive, pins pro-
fonde encore au début de l’après-midi.
Quelles conséquences le drame sanglant
d’bier soir allait—il avoir au point de vue
politique et ministériel ? se demandait-on
dans les ^couloirs encombrés. Que la démis-..
sion de M. Caillaux fut définitive, personne
n’en doutait. Comment, après ce qui s’est
passé, aurait-il ose rester an pouvoir ? Mais
par qui serait-il remplacé ? Un incident se
produiraitril en séance et qui le sauverait ®
Sur ces deux points on ne tarda pas à être
fixé. Le portefeuille des finances, annonçait
une note officieuse, était attribué à M René
Renoult et M. Malvy passait à l’intérieur.
Quant à l’incident dont tout le monde par-
lait, c’est M. Deiabaye qui allait le provo-
quer. ..
A ce moment précis, on colportait dans
les couloirs une lettre adressée à Mme Cail-
laux par M Thalamus, lettre où le député
de Seme-et-Oise, parle de « presse immon-
rdé » et dans laquelle se trouve cette phrase :
à l'authenticité de laquelleon ne voulait d’a-
bord pas croire, donna lieu à des commen-
taires^ passionnés et c’est an milieu d’une
agitation intense que la séance de l’après-
midi a commencé.
T. H.
An Démission fie M. Vailtauae
I M. Caillaux a fait savoir au président du
| Conseil qn’ii persistait d’une manière irré-
I vocable dans sa résolution de se démettre de
I ses fonctions de ministre des finances.
I Le successeur de M. Caillaux a été désigné
I dans an Conseil de cabinet qne les minis-
| très ont tenu au ministère des affaires étran-
I gères.
»*#
I JLe remaniement ministériel
j _ A ce Conseil de cabinet, réuni sous la pré-
I sidence de M. Doumergue, pour régler la
I situation provoquée par suite de la démis-
I sion definitive de M. Caillaux, il a été dé-
I cidé :
1® Que M. René Renoult passerait du mi-
nistère de Tinterieur au ministère des finan-
ces ;
2® Que M. Malvy, ministre du commerce,
passerait au ministère de l’intérieur ;
3® Que M Raoul Pêret, sous-secrétaire
d’Etât A. 2’intérieur, deviendrait ministre du
commerce.
M. Doumergue, à l’issue de ce Conseil,
s’est rendu chez le président de la Républi-
I que pour lui faire signer les nouveaux dé-
crets consacrant ces choix et le ministère
ainsi reconstitué pourra se présenter de-
devant la Chambre pour la continuation de
la discussion budgétaire.
On fait remarquer que M. Renoult a été
précédemment sous-secrétaire d’Etat aux
finances et devant la Chambre rapporteur de
l’impôt sur le revenu.
[texte manquant]
I ïï,e Ma&giovt fie M. Fabre
sur M'Affaire Jteehetfe
I Voici le texte du document lu par M. Bar-
I thou à la tribune au cours de la seance
J d’hier :
j Cour d’Appel de Paris. — Cabinet du Procureur
général. — Procès-verbal copie.
I J’ai été mandé par M. Monis, président du
I Conseil ; il voulait me parler de l’affaire Ro-
I chette. Il me dît que le gouvernement te-
1 naît à ce qu’elle ne vînt pas devant la Cour
I le 27 avril, date fixée depuis longtemps ;
I qu’ebe pouvait créer des embarras au rni-
I nistre des finances au moment où celm-ci
| avait déjà les affaires de liquidation des con-
I grégations religieuses, celle du Crédit Fon-
I cier et autres da même genre.
I Le président du Conseil me donna l’ordre
I d’obtenir du président de ia Cb-rabre cor-
I rectionneile la remise de cette affaire après
I les vacances judiciaires d’avrii et de septem-
I bre. J ai protesté avec énergie. J’ai indiqué
I combien il m’était impossible de remplir
| nue mission pareille. J’di suppûé qu’on lais-
| iât l’affaire Rochette suivre son cours nor-
I mal.
| Le président du Conseil maintint ses or-
| dres et m’invita à aller le revoir pour lui
| rendre compte.
J’étais indigné. Je sentais bien que c'étaient
I les amis de Rochelle qui avaient monté ce
f coup invraisemblable.
Le vendredi 24 mars, M® Maurice Bernard
| vint au Parquet. Il me déciara que codant I
I aux sollicitations de son ami, le ministre des
I finances, il allait se porter malade et deman-1
der la remise après les grandes vacances de I
l’affaire Rochette. Je lui répondis qu’il avait I
l’air très bten ponant, mais qu’il ne m’ap- I
parlerait pas ae discuter les raisons de santé
personnelles invoquées et que je ne pouvais,
| le cas échéant, que m’en rapporter à la sa-1
gesse du président. Il écrivit à ce magis- I
trat.
Celui-ci, que je n’avais pas vu, que je ne I
voulais pas voir, répondit par un refus. M®
Bernard se montra tort irrité, II vint récrimi- I
ner auprès de moi et me fit comprendre, pir |
des allusions à peine voilées, qu’il était au I
coura.t ms tout.
Que devais-je faire? Après nu violentcom-1
bai intérieur, après une véritabl» crise dont I
fut témoin et seul témoin mon ami et substi-
tut Bleeh Laroqse, je me sais décidé, con-
traint par la violence exercée sur moi, à
obéir.
J’ai fait venir le président Bidault de Piste. I
Je lui ai exposé avec émotion les hésitations
où je me trouvais. Finalement M. Bidaust de I
i’Isie a consenti, par affection pour moi, à
la remise.
Le sJ*r même, c’est-à-dire le jeudi 30
mars, je suis ailé chez le président dn Con-
seil. Je lai dis ce que j’avais fait. Il a para
fort content. Je l’étais beaucoup moins.
Dans l’antichambre, j’ai vu M. du Mesnil,
directeur du Rappel, journal favorable à Ro-
chette et m'outrageant fréquemment, venu
sans doute demander si je m’étais soumis.
Jamais je n’ai subi une pareille humilia-
tion.
31 mars fôil,
jSjghf ; VICTOR FABRE,
LE PARLEMENT
Impressions de Sèanee
(DK KOIBK OO&aBSPQNDANT PARTICDLIBB)
Paris, 17 mars
Après le terrible drame où M. Gaston Cal»
mette a trouvé la mort, on aurait pu, peut-
être s’abstenir aujourd’hui tout au moins,
d'en apporter l’écho à la tribune.
M. Frayssinet, dont la motion snr l’incom-
patibilité des fonctions de ministre des finan-
ces avec celle d’administrateur de Société!
financières, devait être discutée cet après-
midi, en avait, pour sou compte, jugé ainsi.
Dès ce matin, il avait informé la présiden-
ce que, dans ces douloureuses circonstan-
ces, il ne maintenait pas sa motion mais, ce
qu’il n’avait pas cm devoir faire, M. Delahaya
l a fait à sa place.
| C’est déjà lui qui, l’autre jour, avait sou*
I levé le premier incident, c’est lui encore
j qui a provoqué le débat d’aujourd’hui. M,
| Ûelahaye, en effet, n’est pas seulement un
adversaire acharné, implacable de M. Caii-
1 iaux, il était aussi un ami personnel de M.
I Gaston Caimetle ; double raison pour lui
I d’iotervenir.
J II a dû attendre pour celà jusqa’a la fin de
I l’après-midi, la Chambre n’ayant pas voulu,
1 pour l’entendre, interrompre la discussion
I du budget.
I Ah 1 par exemple, on n’écoutait guère. Qui
I diable pouvait s’intéresser aujourd’hui a ia
j reconstruction de l’Imprimerie Nationale ?
Toute une série d’orateurs, cependant
j parlèrent sur ce sujet et M. Renoult, minis-
I tre des finances depnis quelques heures &
| peine, leur répondit ; mais, pen à peu, la
I Chambre devenait plus nerveuse, plus im-
I patiente, si bien qu'il fallut enfin renvoyer
le débat budgétaire pour donner la parole k
M. Delahaye. Ace moment, tous les députés
qui se trouvaieut dans les couloirs accoura-
rent en séance, et M. Doumergue, suivi de
MM. Monis, B en venu Mutin, Noulens, Fer-
nand David, Métin, Jacquier, vint s’asseoir
au banc du Gouvernement.
M. Delahaye, qui tenait à la main nu exem-
plaire du Figaro encadré de noir, commença
sur le ton amer, concentré qui lui est habi-
tuel, mais, progressivement, sa voix s’é-
chauffa, et c’est d’une voix vibrante qu’il
donna lecture de la lettre de M. Thalamas,
dont le texte avait couru, quelque» instants
avant, dans les couloirs. Cette lecture fut ac-
cueillie par des murmures, par des huées
presque générales. Seuls, quelques radicaux,
quelques socialistes, applaudirent.
I Ensuite, M. Delahaye en vint à l’objet mê-
| me de son intervention, la pression que M»
J M-nis, à ('instigation de M. CaiLaux, aurait
J exercée sur les magistrats du 'Parquet pour
I faire ajourner l’affaire Rochette et le rapport
I qne le procureur général aurait adressé, à ce
| moment, au garde des des sceaux.
1 Celte pression, M. Monis déclara ne l'avoir
jamais exercée, ce rapport il nia l’a voir ja-
mais en et M Jaurès, dont il invoquait le té»
I moign ige, s’empressa de le lui donner. Si ce
j document existe, s’écria l'ancien président
I de ia Commission d’enquête, comment se
| fait-il qu’on ait attendu jusqu’à ce jour pour
I Je produire.
A ces mots, la gauche éclata en bravos;,
I (/instant d’après, M. Dounergue venait de»
clarer à son tour que le rapport auquel on
I faisait allusion n’existait pas dans les archi»
I ves de la chancellerie.
I Le président du Conseil ne refasait pas»
I d’ailleurs, de faire la lumière ; il acceptait,
I comme M. Monis, qa’on fit une enquête^
I qu’on donnât même à la Commission char»
gée des pouvoirs judiciaires, mais lui aussi,
s’étonnait, puisqu’on prétendait le connai-
I ire, que ce document fût jusqu’ici resté
I ignoré.
| C’est alors que M. Barthou intervint et
I qu’il donna lecture du rapport Fabre sur le-
I quel roulait maintenant tout le débat, rap»
I port que M. Briand lui avait remis en quit»
I tant le pouvoir, rapport qui n’avait aoeùn
caractère officiel et qu’il avait conserve, a-t*
I il oit, dans un sentiment de dignité person»
I nelie.
A partir de ce moment, la discussion prend
I une tournure nettement politique.
Ce fut alors une lutte ardente entre le mi-
nistre actuel et le chef du précédent Cabinet,
lutte que la Chambre, de plus en plus hou-
leuse, de plus en pins enfiévrée, siüi; avec
nn intérêt passionné.
Les clameurs et les bravos éclataient tan-
tôt sur les b-iocs ministériels, tantôt sur
ceux des opposants selon que M. Doumer-
gue ou M. Barthou pariaient.
Il en fut de même pendant l'intervention
de M. Ceccaldi, l’ami ie plus cher, le confi-
dent de M. Caillaux.
Ua point, toutefois, restait obscur.
Quoi avait été exactement ie rôle de M.
Monis ?
Comme celui-ci restait silencieux à son
banc, le centre «t la droite se mirent à crier i
« Monis 1 Monis ! »
Enfin M. Monis dut se résigner à prendra
la parole.
Mais, après ses explications, l’obscqrité de-
meura aussi profonde.
Une nouvelle charge de M. Jaurès, dirigée
cecte fois contre M. Briand qui, d’ailleurs,
était absent, mit fin au débat.
Il ne restait plus qu’à lui donner nne con-
clusion.
Cette conclusion, adoptée à l’nnanimitê,
ce fut de taire revivre l’ancienne Commis-
sion d’enquête Rochette et de l’investir da
pouvoir judiciaire.
Mais, sur ce dernier point, la sanction da
Sénat est nécessaire.
Cette sanction, consentira-t-il à la donnert
T. H.
Administrateur* Délégué- Gérant
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l'AdministratloB
à M. 0. RANDOLET
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Saindoux sar. Mai...... io 80 10 77
Juillet....) Il — 10 87
UBIE MANIFESTATION
A la suite de la note parue hier matin dans
l‘Action Française, note invitant les « came
lots du loy » à se réunir dans la soirée à
partir de 9 heures entre l’Opéra et la rue
Drouot pour manifester contre M. Caillaux
si ce dernier n’avait pas donné sa démission,
la pretecture de police avait pris 1 d’impor-
tantes mesures d’ordre pour prévenir tout
incident.
Alors que tout paraissait, devoir se passer
dans le calme, une manifestation subite se
produisit à 10 h. 20 à l’angle de la rne de Ri-
chelieu et du boulevard des Italiens.
MM Léon Daudet et Maurice Pujot ve-
naient d’arriver à la terrasse d’un café situé
à cet endroit, lorsque des cris : a A bas
Caillaux l’assassin t » se firent entendre.
M. Daudet, qui était en tenue de soirée,
monta alors sur une chaise et prononça une
harangue dans laquelle il s’éleva en termes
Violents contre l’ex-ministre qu’il traita d’as-
sassin.
Des clameurs s’élevèrent alors. La police
tenta de rétablir l’ordre, mais cette opération
amena quelques bagarres.
Plusieurs arrestations furent opérées.
Tandis que le calme se rétablissait à cet
endroit, un autre groupe de manifestants se
heurtait à un barrage d’agems près du Fau-
bourg-PoissODmère.
Les manifestants, conspuant toujours M.
Caillaux, revinrent au carrefour Drouot, où
la police était en permanence.
Deux nouvelles arrestations turentopérées.
Des agents reçurent quelques coups de canne
Bt furent contusionnes.
LE PROCUREUR FABRE
AURAIT DÉMISSIONNÉ
Le bruit a couru dans certaines rédactions
que le procureur Fabre a démissionné.
Mais étant donné l’heure tardive, il n’est
pas possible d’avoir confier n de ce
bruit.
LA QUESTION OU HOME RULE
BELFAST — Quatre mille vétérans du Sud
fle l’Atiique, incorporés dans les milices re-
belles dans la province de l’Ulster, ont reçu
1 ordre de mobilisation pour aujourd'hui.
C’est, dit-on, la réponse de i’Uister aux
concessions offertes par le gouvernement.
ÉTRANGER
ALLEMAGNE
La campagne antirosse
La campagne antirusse menée depuis
quelque temps dans la presse allemande pa-
raît devoir s’apaiser sous l’effet de la réper-
cussion financière qu’elle a provoquée sur le
marché de Bénin.
Dans un article que publie le rédacteur en
Chef du B>r mer T-gebtatt, il formule très
exactement les idées singulières de la diplo-
matie allemande : -
a li n’en reste pas moins un fait Impor-
tait que reconnaissent les politiciens les
plus expérimentés. Le colosse slave se m-t
en marche et pariout il va de l’avant. Avec
l’appui de l’argent et du chauvinisme fran-
çais, il devient un danger pour les voisins.
Ceci est vrai, mais on peut objecter que des
vérités aussi generales ne suffisent pas a
fonder et a établir une concepaon politique
et que la puissance grandissante de fa Russie
peut engendrer des situations qu’il n’est
guère possible de prévoir en ce moment.
» Un nouvel adversaire peut surgir en face
du gouvernement russe et il peut avoir be-
soin demain d’un nouvel ami.
» Dans toos les cas, il est utile de formu-
ler ce que l’Allemagne peut vouloir dans ses
relations avec la Rassie et ce qu’elle ne peut
accepter. Un affaiblissement nouveau de
1 Autriche, qui nous forcerait à de nouveaux
armements, est insupportable. Une atteinte
a 1 indépendance de la Scède provoquerait
en Allemagne un ouragan de coières. Le rô:e
de protecteur de l’empire turc est très in-
grat ; cependant personne ne peut négliger
bMtaterôu importants do l'Allemagne en
LE DRAME DU “FIGARO”
Ses Répercussions à la ©fiambre. Le Remaniement ministériel
LES
Leçons dn Brait
Le meurtre du distingué M. Calmette
provoque dans toute la presse les commen-
e taires les plus passionnés. Rarement en effet
événement aussi grave est venu troubler
l’histoire de notre troisième Répubiique.Les
journaux de droite, le Gaulois, VActionFran-
; çaise, la voient déjà, cette République,
' « finir dans le sang copieusement mêlé à la
boue ». Ils exagèrent, et ont le tort d’oublier
qu'en fait ce sont les monarchies qui ont
souvent fini dans le sang et la boue.
, Pour nous, nous dirons simplement, sans
passion ni parti pris, que la dignité de notre
pays exige l’abandon de certaines moeurs
qui ont rendu possible un pareil attentat.
D’abord, et sans vouloir accabler M.
Caillaux qui est aussi une des victimes du
drame, il faudrait se défaire de ce scepti-
; cisme par lequel, pour le choix de nos
chefs politiques, on ne sô préoccupe plus
guère de savoir s’ils sont ou non à l’abri de j
tout soupçon, s'ils ont ou non derrière eux
une carrière dont la dignité et la continuité
assurent leur autorité morale. Cette indif-
férence et cette légèreté ont d’ailleurs pour
résultat que l’on doute de tous, des bons
comme des mauvais : dans bien des mi-
lieux. un ministre, quel qu’il soit, ne peut
être considéré que comme un prévarica-
teur, un homme qui s’enrichit au détriment
de l’Etat ; c’est cet état d’esprit qui facilite J
bien des campagnes de presse.
ôrrrhfcudroit misai qae certaines oam- -I
pagnes ne soient pas possibles. Certes, M. I
Calmette était dans son droit d’attaquer
avec toute sa virulence de polémiste M. I
Caillaux qui y prêtait le flanc ; nous ne
sommes pas suspects de tendresse, ici, pour I
l’ancien ministre des finances, chef des
unifiés de Pau dont les procédés devaient I
appeler dés représailles ) mais il est cepen-
dant des excès dont un grand journal qui
se respecte devrait se garder.
Le Figaro et ses amis répètent obstiné-1
ment que la polémique dont M. Caillaux
était l’objet s’était strictement maintenue
sur le terrain politique et que l’homme
privé n’était pas visé ; nous regrettons I
d’être obligés de dire, devant la tombe de
l’éminent confrère dont nous déplorons la
perte, que le fait de publier une lettre d’or-
dre intime adressée à une femme, et qu’on
n’a pu se procurer que par des moyens
sujets à caution, dément cette assertion. I
Lorsqu’un homme écrit à une amie, il ne I
fait pas de politique ; on ne peut loyale-
ment tirer un argument politique des paro-
les qu’il laisse ainsi échapper - dans un mo- I
ment d’abandon et dont il n’a, par consé-
quent, pas mesuré :a portée. Ajoutons qu’il
résulte de renseignements recueillis par I
des journaux aussi différents qu’Excelsior i
et [’Humanité que cette lettre aurait. été
écrite à Mme Caillaux elle-même, alors
qu’elle était encore Mme Léo Claretie.
Ce serait là la seule excuse de la meur- I <
trière qui, au. lieu d'être à la hauteur du I
rang qu’occupait son mari, a donné le plus
pitoyable des exemples. C’est un des symp-
tômes les plus inquiétants de notre temps <
que le déséquilibre moral atteigne toutes <
les classes de la société. Mme Caillaux a 8
sans doute prouvé qu’elle était une épouse î
aimante et dévouée en souffrant comme elle c
le faisait des attaques dirigées contre son s
mari ; mais pourquoi faut-il que pour lui 1
témoigner çe dévouement, elle n’ait trouvé 1
que le geste de la fille des rues qui défend i
son homme 1 La bourgeoisie qui prétend t
diriger les destinées de la France s’expose à ?
être balayée par quelque vague populaire I 11
si elle ne se décide à avoir les vertus né-
cessaires à son prestige.
« Mais, disait Mme Caillaux, j’ai d’abord g
été consulter le président du Tribunal de la r
Seine et il m’a dit lui-même qu’il n’y avait „
rien à faire par les voies légales, qu’un n
procès dure trop longtemps pour être effi- *'
cace... » C’est peut être vrai, et là encore
il faudrait une réforme, une réforme de nos
lois pour que, grâce à une procédure ra-
pide, les individus impatients M laver les
aflronts dont ils se croient atteints, soient
moins tentés de se faire justice eux-mêmes.
La République est un idéal ; les scanda-
les où nous trébuchons trop souvent nous
prouvent certes qu’il n’est pas atteint ;
mais ces tristes contingences ne diminuent
en rien l’idéal ; l’essentiel est que nous
profitions des leçons du jour pour faire un
pas de plus en avant sur le chemin mon-
tant et difficile qui mène au but que la
France s’est assigné.
p. à.
La Mâtiné 9 au “ F'garo ”
Dès la première heure hier matin, nn
service d’ordre a été établi aux portes dn Fi-
garo, rue Drouot, devant lesquelles station-
naient nn très grand nombre de curieux.
Dan, 1 «s bureaux du journal, c’est un conti-
nuel défi 1 é de personnalités parisiennes qui
s inscrivaient.
A neuf heures et demie, les magistrats
chargés de l'enquête, MM. Lescouvé, procu-
reur de la République, et Boucard, juge
d’instru r-tion, arrivèrent au Figaro accompa-
gnés de M. Carpin, commissaire de poiiee.
Dans le bureau même où M. Gaston Calmette
tut tué et où rien n’a été modifié, les magis-
trats ont procédé à une reconstitution du
drame d’après les interrogatoires de ceux
qui en furent les rares témoins. Les deux
dépositions les plus importantes sont incon-
testab ement celles des garçons de bureaux
Etienne Nicet et Adrien Sirac.
Le premier reçut Mme Caillaux vers cinq
heures. La visiteuse demandant à être intro-
duite auprès de M. Gaston Calmette, le gar-
çon Etienne Nicet lui demanda qui U devait
annoncer à son directeur. Maigre son insis-
tance, il ne put obtenir aucune réponse pré-
cise.
1 Dltes à M. Calmette que c’est une dame
I qu’il connaît bien ; il me recevra, vous
| verrez
| Le directeur dn Figaro n’étant pas au jour-1
I nal, le garçon de bureau cessa momentané- I
I ment d insister et Mme Caillaux alla atten- I
| dr-t dans nn salon voisin,
j Quand, vers six heures, M. Calmette arri-1
| va, Etienne Nicet retourna auprès de Mme I
I Caillaux.
J — Madame, lui dit-il, si vous voulez être J
I reçue, il faut absolument vous faire connaî- I
I tre. Si vous ne voulez pas me confier votre I
I nom, mettez votre carte de visite sous enve-1
I ioppe.
Alors, selon les déclarations du garçon de !
I bureau, Mme Caillaux tira de son mouchoir I
I nne enveloppe toute préparée, à en-tête de I
I la Chambre des députés, et la remit au gar- I
I çon.
| A îrien Sirac est le garçon de bureau qui I
| pénétra le pi Miner dansie bureau de M. Cal- I
f IUUIIIO-U même où se déroulait le |
I drame. Spécialement attaché au service de I
la direction, Adriea-Sirac- se trouvait dans un I
I couloir-antichambre sur lequel s’ouvre im-1
med u eineat la porte du bureau du direc- I
leur du Figaro. Le bruit soudain des déto- I
nations attira son attention et il sé précipita 1
chez M. Calmette.
Les déclarations faites par le garçon de J
bureau confirment la version du drame que I
f on connut et précisent ces details : quand I
Adrien Sirac entra dans le bureau de M. Cal-
mette, celui-ci cherchait à s’abriter derrière
son bureau ; la visiteuse au bruit que pro- I
duisit la porte eu s’ouvrant, se retourna, vit I
entrer le garçon qui se précipitait vers elle I
et braquant à nouveau son revolver sur le I
directeur du Figaro el.e tira une sixième
fois.
Dans la matinée encore on discutait sur le 1
point de savoir si Mme Cillaux avait tire I
»ur M Calmette cinq ou six bades. Les ré- I :
dacteurs du Figaro qui aidèrent hier matin I <
les magistrats dans leurs recherches ont dé- 11
clare que trois douilles vides avaient été I
trouvées dès le soir et que trois auties ont I i
été trouvées le matin. (
On sait que M Gaston Calmette fut atteint I I
par trois projectiles. Deux autres pénétré- J ]
rent dans un des meubles dn bureau placé I
près de celui a-ù la viewme déposa son cha- ! i
peau en entrant avec Mme Caillaux. Lasixiè- I t
me balle n’a pas été retiouvée.
Après les interrogatoires par les magis- I (
trats dés témoins du drame, les employés du I j
service anthropométrique ont photographié t
le bureau de M Calmette. Ces diverses opé- I i
ratioDS ont pris fin vers midi. A ce moment j
un groupe de trois cents jeunes gens sont I c
venus manifester devant le Figaro, pous- I t
sant des cris divers hostiles à M. Caillaux. h
Les agents ont dû intervenir pour rétablir la I c
circulation. I
Les mesures d'ordre
Des mesures exceptionnel es de police
! vieunent dêtre prises par M. Hennion en vue
de réprimer rapidement les matufeshuions
qui pourraient se produire à Paris. C’est
ainsi que les casernes des gardes républi-
cains ont été consignées, ainsi que les com-
pagnies de réserve, un escadron de gardes à
cheval est mobilisé dans la ebur de la ca-
serne de la Cité et la première compagnie de
la réserve a été envoyée en renfort au quar-
tier de la caserne de ta rue de la Banque.
Une grande animation régnait, vers deux
heures de l'aptes-midianx abords du Palais-
Bourbon. La toute manifestant une certaine
vff">rvesc9nceia police est intervenue pour
la disperser.
Les opérations Judiciaires
Après avoir recueilli les dépositions des
garçons de bureau Nicet et Sirac, que nous
relatons plus haut, et celle de M. Qrittaid,
secrétaire aujoiat de la rédaction du Figaro,
qui intervint aus«»ot «près le drame, les
magistrats firent reconstituer devant eux la
scène tragique, qui fut telle que nous l’avons
décrite, afin de se tendre compte des en-
droits précis où se trouvaient Mine Caillaux .
et sa victime lors du drame, et des pwripe-
ties de la poursuite dont le directeur du Fi-
garo fut l’objet.
D'autre part, les docteurs Socquetet Paul,
médecins légistes, se sont rendus à la mai-
son de santé dw Neuilly où fut transporté M.
Calmette pour pratiquer son autopsie.
Us constatèrent alors que celle des bles-
sures qui fut mortelle a «té produite par le
projectile qui atteignit l’aine et le rectum. »
Le Défenseur de Mme Caillaux
Mme Caillaux a manifesté le désir d’être
défendue par le bâtonnier Henri Robert.
Mais celui-ci étant donné ses relations d'af-
fection avec le regretté directeur du Figaro,
n’a pas pu accepter de plaider pour Mme
Caillaux.
D’autre part, M® Fernand Labori, ancien
bâtonnier, que M. Caillaux a prié d’assister
sa femme, a accepté et s’est rendu au cabi-
net de M. Boucard, juge d’instruction, où il
a consulté le dossier de l’affaire.
Il a vu hier Mme Caillaux. à Saint-Lazare.
Au Ministère des Finances
| M. Caillaux s’est rendu hier matin au mi-
I nistère des finances, où il a reçu quelques
| amis personnels. Il a ensuite conféré avec
I MM. Privat-De^chanel, secrétaire générai du
I iJlini8tèro, et Labeyrie, chef de son cabinet.
Très ému, M. Caillaux n’a pu, paraît-il, rete-
I nir ses larmes.
Selon certains renseignements, M. Caillaux
aurait exprimé la fume intention de se re-
tira de la^vie politique et ne solliciterait
donc pas Te renouvellement de son rnahââi
lors des prochaines élections.
( D’autre part, on espère dans l’entourage
du ministre des finances, qu’après nne pé-
riode de découragement, M. Caillaux renon-
I cera à ce projet.
A la Frison Saint-Lazare
Ayant obtenu du juge d'instruction un
permis de communiquer, M. Caillaux s’est
rendu à la prison Saint Lazare où il s’est en-
trenu avec Mme Caillaux.
La consigne est très rigoureuse à la prison
où l’on se refnse à fournir le moindrerensei-
gnement sur l'altitude de Mme Caillaux de-
puis son incarcération.
A 11 h. 30, un restaurant du boulevard de I
Strasbourg lui taisait apporter le repas léger I
qu’elle avait commandé.'
Vers la fia de ia matinée le bruit a circulé I
dans Paris avec persistance, et particulière-1
ment en Bourse et au Palais que Mme Cail- I
laux aurait tenté de se suicider.
L’administration pénitentiaire dément for- I
mellement celte nouvelle dont rien n’expli- I
que l’origine.
La Lettre de Mme Caillaux
Le ministre des finances a tait parvenir au !
Parquet une letireque sa femme avait laissée j
à son nom, rue Alphonse-de-Neuvilte, avant J
de se rendre rue Drouot, et dans laquelle I
Mme Caiiiaux écrivait à son mari : « Je vais I
feire justice ! » Ou sait que cette lettre a été 1
troûvSe par MTUÜailtattx après que le crime I
eut été commis.
lïotes biographiques sur
M. Gaston Calmette I
M. Gaston Calmette, qui était né à Paris
en 1858, avait débuté très jeune dans lejour-
! naltsine, où il ne tarda pas à prendre une
place très importante.
D'abord rédacteur au Figaro, il s’était mis
eu pleine hw ère en obtenant du roi d'Ita-
lie, Humbert II, par requête écrite, la mise
en liberté de son ami, ie capitaine français
Romani, qui avait été arrêté sous i’incuipa-
tion d’esp.onriage.
La même année, en 1894, M. Gaston Cal-
mette devint secrétaire de la réfaction du Fi-
garo. Ea 1903, quand, à la suiie d’tnsidents
tumultueux que l’on se rappelle, MM. Peri-
vrer et de Rodays abandonnèrent ce journal,
it en devint diri-c eur-gerant et, depuis cette
époque, il y publia régulièrement de courts
articles de polémiqué.
C’était un journaliste extrêmement pari-
sien, très répandu dans le moud» des lettres
et des theâ res. It était ie frère du docteur
Calmette, qui dirige l'Institut Pasteur, de
Lille.
M. Gaston Calmette a conduit avec vigueur
plusieurs campagnes politiques. Le Figaro,
sous sa direction, a mené contre Certains
parlementaires, notamment contre M. Del-
cassé, une très vive guerre d’épigrammvs.
Depuis la constitution du ministère Doumer-
gaes il n’avait cassé de combattre quotidien-
nement M. Caillaux.
Il avait longtemps spécialisé son activité
de journaliste dans l’actualité parisienne et
bouievardière, mais depuis que
des grands problèmes politiques. C’est ainsi
qn’il lutta ardemment, dans le Figaro, en
faveur de la loi de trois ans.
Le Cabinet Doumergne
* ET LA
Démission lie M. Caillaux
L’impression dans les Vouloirs delà Chambre
(De notre Correspondant particulier)
Paris, i7 mars.
Une incroyable effervescence a régné pen-
dant toute la journée aux abords et à l’inté-
rieur du Palais-Bourbon. Dès la première
heure, une foute nombreuse stationnait de- I
vant les grilles, foule hostile, à laquelle,
bientôt, vint se joindre une bande d'étu-
diant» conspuant M. Caillaux.
La police, maadee en toute bâte, dispersa
les manifestants qui s'éloignèrent en conti-
nuant à crier, sar l’air des Lampions : Assas-
sin t Assâsdn t...
Quelques instants avant, nn autre inci-1
dent, étranger celui-là au drame d’hier, s’é- I
tait produit snr la place de Bourgogne. M. I
Augagiuuir, en habit et en cravate blanche, I
arrivait pour présider la séance du matin, I
lorèque, au moment où il allait pénétrer
dins la cour d’bonneur, une dame l’avait I
frappe au visage. Cet incident causa un cer- I
tain émoi parmi les députés qui étaient ve-
nus très nombreux, émoi tout passager d’ail-
leurs, et qui n’était rien en comparaison de I
l’agitation profonde, douloureuse provoquée I
par le criminel attentat dont une femme I
— la femme d’un ministre i — s’est rendae
coupable. j
Cette agitation était pins vive, pins pro-
fonde encore au début de l’après-midi.
Quelles conséquences le drame sanglant
d’bier soir allait—il avoir au point de vue
politique et ministériel ? se demandait-on
dans les ^couloirs encombrés. Que la démis-..
sion de M. Caillaux fut définitive, personne
n’en doutait. Comment, après ce qui s’est
passé, aurait-il ose rester an pouvoir ? Mais
par qui serait-il remplacé ? Un incident se
produiraitril en séance et qui le sauverait ®
Sur ces deux points on ne tarda pas à être
fixé. Le portefeuille des finances, annonçait
une note officieuse, était attribué à M René
Renoult et M. Malvy passait à l’intérieur.
Quant à l’incident dont tout le monde par-
lait, c’est M. Deiabaye qui allait le provo-
quer. ..
A ce moment précis, on colportait dans
les couloirs une lettre adressée à Mme Cail-
laux par M Thalamus, lettre où le député
de Seme-et-Oise, parle de « presse immon-
rdé » et dans laquelle se trouve cette phrase :
bord pas croire, donna lieu à des commen-
taires^ passionnés et c’est an milieu d’une
agitation intense que la séance de l’après-
midi a commencé.
T. H.
An Démission fie M. Vailtauae
I M. Caillaux a fait savoir au président du
| Conseil qn’ii persistait d’une manière irré-
I vocable dans sa résolution de se démettre de
I ses fonctions de ministre des finances.
I Le successeur de M. Caillaux a été désigné
I dans an Conseil de cabinet qne les minis-
| très ont tenu au ministère des affaires étran-
I gères.
»*#
I JLe remaniement ministériel
j _ A ce Conseil de cabinet, réuni sous la pré-
I sidence de M. Doumergue, pour régler la
I situation provoquée par suite de la démis-
I sion definitive de M. Caillaux, il a été dé-
I cidé :
1® Que M. René Renoult passerait du mi-
nistère de Tinterieur au ministère des finan-
ces ;
2® Que M. Malvy, ministre du commerce,
passerait au ministère de l’intérieur ;
3® Que M Raoul Pêret, sous-secrétaire
d’Etât A. 2’intérieur, deviendrait ministre du
commerce.
M. Doumergue, à l’issue de ce Conseil,
s’est rendu chez le président de la Républi-
I que pour lui faire signer les nouveaux dé-
crets consacrant ces choix et le ministère
ainsi reconstitué pourra se présenter de-
devant la Chambre pour la continuation de
la discussion budgétaire.
On fait remarquer que M. Renoult a été
précédemment sous-secrétaire d’Etat aux
finances et devant la Chambre rapporteur de
l’impôt sur le revenu.
[texte manquant]
I ïï,e Ma&giovt fie M. Fabre
sur M'Affaire Jteehetfe
I Voici le texte du document lu par M. Bar-
I thou à la tribune au cours de la seance
J d’hier :
j Cour d’Appel de Paris. — Cabinet du Procureur
général. — Procès-verbal copie.
I J’ai été mandé par M. Monis, président du
I Conseil ; il voulait me parler de l’affaire Ro-
I chette. Il me dît que le gouvernement te-
1 naît à ce qu’elle ne vînt pas devant la Cour
I le 27 avril, date fixée depuis longtemps ;
I qu’ebe pouvait créer des embarras au rni-
I nistre des finances au moment où celm-ci
| avait déjà les affaires de liquidation des con-
I grégations religieuses, celle du Crédit Fon-
I cier et autres da même genre.
I Le président du Conseil me donna l’ordre
I d’obtenir du président de ia Cb-rabre cor-
I rectionneile la remise de cette affaire après
I les vacances judiciaires d’avrii et de septem-
I bre. J ai protesté avec énergie. J’ai indiqué
I combien il m’était impossible de remplir
| nue mission pareille. J’di suppûé qu’on lais-
| iât l’affaire Rochette suivre son cours nor-
I mal.
| Le président du Conseil maintint ses or-
| dres et m’invita à aller le revoir pour lui
| rendre compte.
J’étais indigné. Je sentais bien que c'étaient
I les amis de Rochelle qui avaient monté ce
f coup invraisemblable.
Le vendredi 24 mars, M® Maurice Bernard
| vint au Parquet. Il me déciara que codant I
I aux sollicitations de son ami, le ministre des
I finances, il allait se porter malade et deman-1
der la remise après les grandes vacances de I
l’affaire Rochette. Je lui répondis qu’il avait I
l’air très bten ponant, mais qu’il ne m’ap- I
parlerait pas ae discuter les raisons de santé
personnelles invoquées et que je ne pouvais,
| le cas échéant, que m’en rapporter à la sa-1
gesse du président. Il écrivit à ce magis- I
trat.
Celui-ci, que je n’avais pas vu, que je ne I
voulais pas voir, répondit par un refus. M®
Bernard se montra tort irrité, II vint récrimi- I
ner auprès de moi et me fit comprendre, pir |
des allusions à peine voilées, qu’il était au I
coura.t ms tout.
Que devais-je faire? Après nu violentcom-1
bai intérieur, après une véritabl» crise dont I
fut témoin et seul témoin mon ami et substi-
tut Bleeh Laroqse, je me sais décidé, con-
traint par la violence exercée sur moi, à
obéir.
J’ai fait venir le président Bidault de Piste. I
Je lui ai exposé avec émotion les hésitations
où je me trouvais. Finalement M. Bidaust de I
i’Isie a consenti, par affection pour moi, à
la remise.
Le sJ*r même, c’est-à-dire le jeudi 30
mars, je suis ailé chez le président dn Con-
seil. Je lai dis ce que j’avais fait. Il a para
fort content. Je l’étais beaucoup moins.
Dans l’antichambre, j’ai vu M. du Mesnil,
directeur du Rappel, journal favorable à Ro-
chette et m'outrageant fréquemment, venu
sans doute demander si je m’étais soumis.
Jamais je n’ai subi une pareille humilia-
tion.
31 mars fôil,
jSjghf ; VICTOR FABRE,
LE PARLEMENT
Impressions de Sèanee
(DK KOIBK OO&aBSPQNDANT PARTICDLIBB)
Paris, 17 mars
Après le terrible drame où M. Gaston Cal»
mette a trouvé la mort, on aurait pu, peut-
être s’abstenir aujourd’hui tout au moins,
d'en apporter l’écho à la tribune.
M. Frayssinet, dont la motion snr l’incom-
patibilité des fonctions de ministre des finan-
ces avec celle d’administrateur de Société!
financières, devait être discutée cet après-
midi, en avait, pour sou compte, jugé ainsi.
Dès ce matin, il avait informé la présiden-
ce que, dans ces douloureuses circonstan-
ces, il ne maintenait pas sa motion mais, ce
qu’il n’avait pas cm devoir faire, M. Delahaya
l a fait à sa place.
| C’est déjà lui qui, l’autre jour, avait sou*
I levé le premier incident, c’est lui encore
j qui a provoqué le débat d’aujourd’hui. M,
| Ûelahaye, en effet, n’est pas seulement un
adversaire acharné, implacable de M. Caii-
1 iaux, il était aussi un ami personnel de M.
I Gaston Caimetle ; double raison pour lui
I d’iotervenir.
J II a dû attendre pour celà jusqa’a la fin de
I l’après-midi, la Chambre n’ayant pas voulu,
1 pour l’entendre, interrompre la discussion
I du budget.
I Ah 1 par exemple, on n’écoutait guère. Qui
I diable pouvait s’intéresser aujourd’hui a ia
j reconstruction de l’Imprimerie Nationale ?
Toute une série d’orateurs, cependant
j parlèrent sur ce sujet et M. Renoult, minis-
I tre des finances depnis quelques heures &
| peine, leur répondit ; mais, pen à peu, la
I Chambre devenait plus nerveuse, plus im-
I patiente, si bien qu'il fallut enfin renvoyer
le débat budgétaire pour donner la parole k
M. Delahaye. Ace moment, tous les députés
qui se trouvaieut dans les couloirs accoura-
rent en séance, et M. Doumergue, suivi de
MM. Monis, B en venu Mutin, Noulens, Fer-
nand David, Métin, Jacquier, vint s’asseoir
au banc du Gouvernement.
M. Delahaye, qui tenait à la main nu exem-
plaire du Figaro encadré de noir, commença
sur le ton amer, concentré qui lui est habi-
tuel, mais, progressivement, sa voix s’é-
chauffa, et c’est d’une voix vibrante qu’il
donna lecture de la lettre de M. Thalamas,
dont le texte avait couru, quelque» instants
avant, dans les couloirs. Cette lecture fut ac-
cueillie par des murmures, par des huées
presque générales. Seuls, quelques radicaux,
quelques socialistes, applaudirent.
I Ensuite, M. Delahaye en vint à l’objet mê-
| me de son intervention, la pression que M»
J M-nis, à ('instigation de M. CaiLaux, aurait
J exercée sur les magistrats du 'Parquet pour
I faire ajourner l’affaire Rochette et le rapport
I qne le procureur général aurait adressé, à ce
| moment, au garde des des sceaux.
1 Celte pression, M. Monis déclara ne l'avoir
jamais exercée, ce rapport il nia l’a voir ja-
mais en et M Jaurès, dont il invoquait le té»
I moign ige, s’empressa de le lui donner. Si ce
j document existe, s’écria l'ancien président
I de ia Commission d’enquête, comment se
| fait-il qu’on ait attendu jusqu’à ce jour pour
I Je produire.
A ces mots, la gauche éclata en bravos;,
I (/instant d’après, M. Dounergue venait de»
clarer à son tour que le rapport auquel on
I faisait allusion n’existait pas dans les archi»
I ves de la chancellerie.
I Le président du Conseil ne refasait pas»
I d’ailleurs, de faire la lumière ; il acceptait,
I comme M. Monis, qa’on fit une enquête^
I qu’on donnât même à la Commission char»
gée des pouvoirs judiciaires, mais lui aussi,
s’étonnait, puisqu’on prétendait le connai-
I ire, que ce document fût jusqu’ici resté
I ignoré.
| C’est alors que M. Barthou intervint et
I qu’il donna lecture du rapport Fabre sur le-
I quel roulait maintenant tout le débat, rap»
I port que M. Briand lui avait remis en quit»
I tant le pouvoir, rapport qui n’avait aoeùn
caractère officiel et qu’il avait conserve, a-t*
I il oit, dans un sentiment de dignité person»
I nelie.
A partir de ce moment, la discussion prend
I une tournure nettement politique.
Ce fut alors une lutte ardente entre le mi-
nistre actuel et le chef du précédent Cabinet,
lutte que la Chambre, de plus en plus hou-
leuse, de plus en pins enfiévrée, siüi; avec
nn intérêt passionné.
Les clameurs et les bravos éclataient tan-
tôt sur les b-iocs ministériels, tantôt sur
ceux des opposants selon que M. Doumer-
gue ou M. Barthou pariaient.
Il en fut de même pendant l'intervention
de M. Ceccaldi, l’ami ie plus cher, le confi-
dent de M. Caillaux.
Ua point, toutefois, restait obscur.
Quoi avait été exactement ie rôle de M.
Monis ?
Comme celui-ci restait silencieux à son
banc, le centre «t la droite se mirent à crier i
« Monis 1 Monis ! »
Enfin M. Monis dut se résigner à prendra
la parole.
Mais, après ses explications, l’obscqrité de-
meura aussi profonde.
Une nouvelle charge de M. Jaurès, dirigée
cecte fois contre M. Briand qui, d’ailleurs,
était absent, mit fin au débat.
Il ne restait plus qu’à lui donner nne con-
clusion.
Cette conclusion, adoptée à l’nnanimitê,
ce fut de taire revivre l’ancienne Commis-
sion d’enquête Rochette et de l’investir da
pouvoir judiciaire.
Mais, sur ce dernier point, la sanction da
Sénat est nécessaire.
Cette sanction, consentira-t-il à la donnert
T. H.
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