Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-03-17
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 mars 1914 17 mars 1914
Description : 1914/03/17 (A34,N11911). 1914/03/17 (A34,N11911).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1720763
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
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Le Petit Havre
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Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
a e • 4 e e
m ATTENTAT
COUTEE
M. Gaintte, directeur do 11 Figaro ”
-e-
Mffle Cailîaux, femme du Ministre des Finances, tire
plusieurs coups de revolver sur M. Calmette
Xres circonstances du drame. — L’arrestation de Mme Cailîaux
LE MINISTRE DES FINANCES OFFRE SA DÉMISSION
Mort de M. CALMETTE
Mme Caillauz au « Figaro >
Il était cinq heures lorsqu'une dame, très
grande, élégamment vêtue, pénétrait au Fi-
garo.
Elle s’adressa aux garçons de service qui
ce trouvaient sur le palier du premier étage
et leur demanda à causer à M. Calmette.
Les garçons demandèrent à la visiteuse do
bien vouloir leur dire qui iis devaient an*
noneer,
« Dites à M. Calmette, répondit la visi-
teuse, que c’est une dame qui ie connaît et
qui désire lui causer quelques instants. »
Le directeur du Figaro étant à ce moment
occupé, les garçons firent entrer la dame
dans un salon, la priant d’attendre quelques
instants.
.Près a’une heure s’était écoulée lorsque la
damé, revenant vers, les garçons, leur remit
nne enveloppe cachetée, les priant de ia
faire passer à M. Calmette.
A 6 h. 30, U. Calmette allait quitter le Fi-
garo en compagnie de M. Paul Bourget, lors-
que, débouchant sur le palier du premier
étage, il fut arrêté par les garçons qui lui
remirent l’enveloppe en lui disant qu elle
émanait d’une dame qui l’attendait au salon.
M. Calmette s’arrêta, ouvrit l’enveloppe et
sortit la carte qu’elle contenait et la tendant
à M. Paul Bourget, il lui dit : « Excusez-moi ;
jé vais la recevoir. »
Le directeur du Figaro revint alors sur ses
pas et se dirigea vers son bureau. Il donna
l’ordre aux huissiers d’introduire la visi-
teuse.
Elle venait à peine de franchir le seuil du
cabinet dont la porte venait d’être ouverte
par un garçon, lequel se disposait à tourner
le commutateur lorsque ia visiteuse arriva
à ce moment.
Le Drame
M. Calmette s’effaça pour la laisser passer.
Au même instant plusieurs coups de re-
volver retentirent.
Le directeur du Figaro s’affaissa dans son
fauteuil, qui se trouvait à proximité.
Les garçons qui se trouvaient dans le bu-
reau se précipitaient sur la visiteuse, mais
celle-ci répondit : « Laissez-moi 1 je suis une
femme. Je ne m’en irai pas 1 »
Au bruit des détonations, tous tes rédac-
teurs du Figaro, qui se trouvaient dans les
bateaux voisins, accoururent dans le cabinet
de leur directeur.
Iis le viieut blême et tout ensanglanté, as-
sis dans son fauteuil et poussant de faibles
gémissements.
Ils ne purent contenir un mouvement
d’indignation en apercevant la meurtrière
qui, sans un mot, attendait immobile dans
un coin de la pièce.
De tous côtés, on manda des docteurs et
bientôt arrivaient au Figaro ie docteur Ray-
mond, sénateur et le docteur Hartmann.
Arrestation de Mme Caillauz
Tandis que ceux-ci examinaient le blessé
et faisaient un pansement sommaire, des
gardiens de ia paix mettaient en état d’ar-
restation la meurtrière qui n’était autre —
on s’eu aperçut alors — que Mrno Joseph
Cailîaux, tarante du ministre de» finances.
Mme Cailîaux fut conduite immédiatement
au commissariat tandis que M. Calmette,
que l’on descendait, était hissé dans une au-
tomobile et emmené à la maison de sauté du
docteur Hartmann, à Neuilly.
Le directeur du Figaro qui n’avait pas
perdu connaissance fut soigné par le doc-
teur Raymond.
M. Caimette aidé par lui put descendre
l’escalier. Arrivé au milieu de l’étage, il dit
aux personnes qui l'entouraient : « Mes
amis I ma maison... J’ai fait tout mon de-
voir 1... »
La plupart des rédacteurs du Figaro ac-
courus firent cercle auiour de Mme Cailîaux.
Un d’eux, pour rompre le silence pénible
qui pesait sur l’assistance, dit : « Il faut em-
mener cette femme-au commissariat 1 »
Mme. Cailîaux qui, à ce moment, était as-
sise dans un fauteuil, répondit très tran-
quillement à ces paroles : « Je vous remer-
cie, Monsieur. Ma voiture est en bas. »
Et c’est dans sa propre voiture, qu’entou-
rée de quelques gardiens do la paix, Mme
Cailîaux fut conduite au bureau de M. Car-
pin, commissaire du Faubourg Montmartre.
Mme Cailîaux, int-oduite peu d’instants
après auprès de M. Carpin, commissaire, ne
se départit pas de son calme et de son sang-
froid. 6
Comment M. Caillauz apprit le drame
M. Cailîaux, qui avait passé la plus grande
partie de l’après-midi au Sénat, était rentré
depuis quelques instants au mioisière des
finances et se disposait à donner des signa-
tures à son chef de cabinet, M. de Labeyrie,
lorsqu’il apprit, à sept heures, par un coup
de téléphoné de M. Paoli, chef de cabinet, le
drame qui venait d’avoir lieu
Ou juge de l’émotion qui l’étreignit.
Rien dans l'attitude et les paroles précé-
dentes de Mme Cailîaux ne pouvait laisser
prévoir nu tel acte et c’est avec une douleur
Dieu compréhensible qu’il apprit les pre-
miers détails du drame.
Bientôt, des amis personnels, prévenus
par téléphone, arrivaient au ministère.
L’est ainsi qu’arrivèrent MM. Franklin
Bouillon, député ; Mal vy, ministre du com-
merce et René Renoult, ministre de l’inté-
rieur,
M. Cailîaux s’entretient rapidement avec
eux puis quitte le ministère à sept heures et
demie pour se rendre au commissariat où
avait été conduite Mme Cailîaux.
M. Cailiaur arrive au Commissariat
Vers 7 h. f/2, le ministre des finances ar-
riva au commissariat et tut à son tour intro-
duit près du commissaire de police au mo-
ment où celui-ci s’apprêtait à faire subir à
Mme Caiilaux un interrogatoire d'identité.
Assistaient à cet interrogatoire, en outre
du ministre des finances, MM. Lescouvé,
procureur de la République; Boucard, juge
d’instruction ; Mouton, directeur de ia po-
lice judiciaire.
Dans nne autre pièce attendaient, visible-
ment émus, MM. Ceccaldi et Franklin-Bouil-
lon, députés.
La nouvelle parvient à la Chambre
_ Ce n’est qu'à 7 h. 15 que l’on a connu à ia
Chambre des députés ie drame qui s’est dé-
roulé au Figaro.
La séance ayant été levée de bonne heure,
il n y avait plus au Palais Bourbon qu’une
dizaine de députés et de journalistes qui sont
immédiatement partis aux renseignements.
Si bien que l’événement au lieu de soule-
ver une grande émouon à la Chambre, a
provoqué, pour ce soir, la désertion totale.
L’attitude de Mme Caillauz
On a vu que rien ne pouvait faire prévoir
le geste de Mme Cailîaux. Hier encore, en
eflet, en se déclarant indignée de ia campa-
gne du Figaro, elle n’avait manifesté aucune
intention de se livrer à des violences.
« Mon mari, avait-elle dit, va intenter un
procès an civil à M. Gaston Calmette ; il lui
devra de gros dommages-intérêts pour ia
publication d’une lettre privée faite sans
l'assentiment du signataire et sans celui du
destinataire. »
Toutefois, par moments, l’indignation de
Mme Caiilaux prenait une forme plus vive,
mais rien ne laissait à penser qu’elle fut ca-
pable de l’acte auquel elle devait se livrer.
Mme Caiilaux, au cours de l’interrogatoire
que lui a fait subir le commissaire de ponce,
a affirmé qu’elle n’avait pas eu l’intention
de tuer le directeur du Figaro ; elle voulait
simplement lui donner une leçon.
Son acte accompli, Mme Caiilaux a été dé-
sarmée par des garçons de bureau du Figaro.
A i’un d’eux, elle a déclaré : « Puisque
dans ce pays, il n’y a p is de justice, je me
fais justice moi-même. Oa peut m’emmeoer
où i oa voudra ! »
LTnterrog.toira
M. et Mme Caiilaux aussitôt partis, l’un
pour son domicile particulier et l’autre pour
Saint-Lazare, les journalistes ont été reçus
par le commissaire de police qui leur a
déclaré :
« Mme Caiilaux a manifesté le désir que
ses déclarations fussent communiquées à la
presse, afin que la lumière soit faite, dit-ebe,
sur celte campagne de diffamation ».
Au commissaire, elle commença par rap-
peler la Campagne de diffamation.
Dernièrement, nue lettre privée adressée
à une femme, fut publiée.
Indignée, Mme Caiilaux se renseigna au-
près de personnes amies et, entre autres,
dit-on, auprès de M. le président Monnier,
sur les moyens de faire cesser cette publica-
tion. Il lui tut lépondu qu*. était bien diffi-
cile, sinon impossible, d’iutervenir.
Tous les jours, lui disait-on, des faits sem-
blables se produisaient, et souvent ceux qui
poursuivent le diffamateur se voient con-
damnés eux-mêmes.
Apprenant, d’autre part, que des lettres
plus intimes encore allaient paraître dans le
Figaro, Mme Caiilaux résolut de 1 empêcher.
Hier après-midi, elle achetait nu revolver
et après être rentrée chez elle, elle chargea
i’arme. Elle se fit ensuite conduire au Fi-
garo.
Là, elle attendit fort longtemps et fit re-
mettre une carte sons enveloppe à M. Gal-
I mette, puis fut reçue courtoisement et très
poliment par le directeur du Figaro.
M. Calmette, dit-elle, qui se trouvait der-
rière ton bureau, m’inviiaà m'asseoir et dit.:
« Quel est le but de votre visite, Madame ? »
— Vous le savez bien, répoudis-je. Je ne
viens pas pour vous dire bonjour 1
A ce moment, ne pouvant plus me maî-
triser plne longtemps, souffrant de l’bnmi-
liation infligée par cet homme à mou mari,
j’ai sorti mon arme qui était dissimulée dans
mon manchon. Je ie braquai sur lui et fis
feu de toutes les balles qu’il contenait».
M. Calmette, surpris à ia première détona-
tion, cherchait à se dissimuler derrière son
bureau et se baissait à droite et à gauche. Au
bruit des coups de feu, les garçons et ‘les
personnes qui se trouvaient dans les bureaux
accoururent.
Mme Caiilaux tendit son arme à l’un des
garçons qui, plus tard, te remit à un agent.
Enfin, Mme Caiilaux, toujours très calme,
termina l’interrogatoire par ces mots :
« Je regrette mon acte. Je n'avais d’ail-
leurs pas 1 intention de tuer M. Calmette et
je serais heureuse d’apprendre qu’il se réta-
blit. J’ai voulu seulement lui donner une
leçon I »
L’interrogatoire était terminé.
L’entrevue de M. et Mme Caillauz
Mme Caiilaux eut une entrevue de quel-
ques instants avec M. Caiilaux, dans une
salle voisine, en présence, dit-on de M.
Malvy,
M. et Mme Caiilaux paraissaient avoir
gardé le plus grand sang-froid.
M. Caillauz quitte le Commissariat
A 9 heures, Mme Caiilaux a quitte le com-
missariat de police en taxi-auto.
Elle a été aussitôt conduite à Saint-
Lazare.
A 9 heures 5, M. Caiilaux quittait à son
tour le commissariat de police.
Une Déclaration de M. Ceccaldi
M. Ceccaldi, député de l’Aisne, entendu
par des journalistes à la sortie de M. Cail-
laux du commissariat de police, a déclaré
que C8 qui avait amené le geste de Mme
Caiilaux, c’est le fo*i porte à ia connaissance
de celle-ci que le Figaro devait publier, au-
jourd’hui mardi, un nouveau document de
nature plus délicate enco>e que la récente
lettre produite par ce journal.
Mm 8 Caillauz
Mme Cailîaux, née Henriette Raiouard, est
née le 6 décembre 1874, à Paris.
Elle est l’epouse divorcée de M. Léo Cfa-
retie. Elle est inculpés de tentative de
meurtre.
Les suites politiques
Le président de la République et les mi-
nistres devaient dîner hier soir à l’ambassade
d’Italie.
Plusieurs membres du gouvernement se 1
sont aussitôt excusés.
II est probable qu’à l’issue de ce dîner M.
Gaston Doumergue voudra s’entretenir de la
situation arec ses collaborateurs.
L’avis général est que la démission de M.
Caiilaux sera acceptée et que sou successeur
an ministère des finances sera pris dans le
cabinet.
Conseil des Ministres
Les ministres se sont réunis bier soir, à
10 heures, en Conseil de Cabinet, souà la
présidence de M. Gasioa Doumergue.
M. Doumergue a tait connaître que M.
Caiilaux lui avait écrit pour lui annoncer sa
décision d’abandonner le portefeuille des
finances.
M. Malvy a été chargé de se rendre auprès
de M. Caiilaux pour lui demander, au nom
du Gouvernement, de retirer sa démission.
M. Caiilaux ayaDt refusé de se rendre à ses
instances, une seconde démarche a été faite
auprès de lui par M G"‘SOa Doumergue.
M. Caillanx a déclare de nouveau qu’il ne
croyait pas dans les circonstances présentes,
devoir continuer sa collaboration àu prési-
dent du conseil..
Les ministres ont pensé que cette réponse
ne devait pas être considérée comme défini-
tive et ont ajourné toute décision à demain.
La réunion des ministresn pris fin à mi-
nuit 20.
***
On parle de M. Renoult, ponr succéder à
M. Caiilaux, au ministère des finances.
Premier bulletin de santé
Les docteurs LetOurneux.Rayraaad, Cunéo
et Hartmann qui soigne »t actuellement M.
Gaston Calmette ont signé le bulletin de
santé suivant :
« M. Calmette a été atteint par trois billes :
une à la poitrine, une dans la parti» supé-
rieure de la ciiUse ; la troisième a pénétré
dans le petit bassia.
» Le pronostic et le traitement restent ré-
serves ».
Le 24 Bulletin de Santé
Dans la soirée, on a affich ■ le bulletin de
samé suivant à la porte du Figaro :
a 10 beures 30. — Un léger mienx s’est
produit. M. Calmette garde toute sa connais-
sance. On espère qu’aucune opération ne
sera nécessaire. »
M. Calmette subit une opération
A minuit, on déclare au Figaro que le pro-
fesseur Hartmann procède à une opération
chirurgicale sur M. Calmette.
Une Note du q Figaro »
Le Figaro publie ce malin le note suivante
signée de la rédaction, et qui porte comme
titre : Un Crime.
« Notre directeur avait accusé M. Caillanx
de cumuler ses fonctions de ministre des
finances avec celles d» présidant du Conseil
d’administration d’une banque étrangère,
d’avoir, par négligence, facilité un coup de
bourse sur la rente, d’avoir commis une for-
faiture en suspendant l’action de la justice
an bénéfice d’un escroc, et d’avoir déclaré i
en 1901 qu’il avait écrasé l’impôt sur le re- i
venu en ayant l’air de ie défendre.
» Au réquisitoire de notre directeur, M. '
Caillanx n’a pas répondu à la tribune, il n’a 1
pas poursuivi en Cour d’assises, il n’a pas <
envoyé de témoins, et hier soir, à six heu- t
res et demie, ia femme du ministre des
finances est venne au Figaro et a tenté d’as-
sassinor M. Calmette.
» Celui-çiest grièvement blessé-.Comment <
contenir notre colère et notre chagrin et i’an- ]
goisse que nous ressentons tous en pensant /
a notre chef tombé si vaillamment dans nne J
lutte qu’il savait si périlleuse et dont ii bravait 1
avec ua admirable sam»-froid tous les daa- î
gers. Gaston Calmette n’avait contre Cail-
laax ni haiae ni rancune personnelles. Il
considérait simplement ce ministre comme
nn-fléau na ional et voulait en debarrasser
le pays. Il l’en a débarrassé et notre cher
directeur, s’il survit, aura la joie d’appren-
dre que Caiilaux n’est plus ministre. La
France ne saurait garder une henre de pins,
au nombre de ses gouvernants, l’homme
moralement responsable d'un tel crime. »
*
* *
NIORT DE NI. CALMETTE
A une Artere einsg tîtt matin, en
tttfeiat-r ftif m. Vatnsette est muet
«le* suites tSe ses blessures.
MORT DU VICE-AMIRAL DIEULOUARD
TOULON. — Le vice amiral Dieuiouard, du
cadre de réserve, est décédé,
LtTAT DE SANTÉ DU
COLONEL W1NTERFELD
TOULOUSE. — L’état du colonel allemand de
Winterleid s’est'légèrement amélioré.
L’AVIATEUR HANOUILLE SE NOYE
SAINT-SÉBASTIEN. — L'avisteur Hauouille
exécutait uu vol au-dessus de la baie quand
ie gouvernail de son appareil se détacha.
L’aviateur est alors tombé à l'eau et s’est
noyé.
« L’aviateur HanoniUe était bien connu au
Havre, où ii a de la famille.»
DEPECHES COMMERCIALES
Communications interrompues
Les Sociétés Agricoles
de Crédit Immobilier
A diverses reprises, le voeu a été for-
mulé dans des Congrès de différente nature
que le Parlement revint sur la loi du 26
février 1912, qui, annulant ce qu’avait réa-
lisé à ce point de vue celle du 13 mars
. 1910, avait retiré aux Sociétés de Crédit
^immobilier le droit d’effectuer des prêts
ayant pour objet de faciliter l’acquisition,
l’a ménagement, la transformation et la re-
constitution des petites exploitations rura-
les.
An dix-septième Congrès du Crédit po-
pulaire, l’attention des députés et des séna-
teurs fut à nouveau, et d’une manière plus
particulièrement insistante,attirée sur cette
question, — et, à la suite de ce Congrès, une
proposition de loi tendant à donner satis-
faction à cette revendication de la démo-
cratie rurale, fut déposée sur le bureau du
Sénat par M. Aléline, sénateur des Vosges,
et ancien ministre de l’agriculture.
Le rapport rédigé par M. Paul Strauss au
nom de la Commission chargée d’étudier
cetfe proposition, vient d’être distribué
aux membres de la Haute-Assemblée.
Il conclut au vote du texte suivant :
« Les Sociétés de crédit immobilier peu-
vent consentir, dans les conditions prévues
par la loi du 10 avril l908, aux personnes
visées par l’article 3 de la loi du 11 février
1914, des prêts individuels hypothécaires
pour leur faciliter l’acquisition, l’aménage-
ment, la transformation et la reconstitu-
tion de petites exoloitations rurales, dont
ia valeur n’excède pas 10,000 francs, quelle
qu’ën soit la surface.
» Ces prêts ne peuvent dépasser les
quatre cinquièmes de cette valeur, y com-
pris le prix de revient de la maison d’habi-
tation à bon marché, mais non compris le
montant des frais et la prime d’assurance.
» Pour les maisons d’habitation à bon
marché comprises dans ces petites exploi-
tations. les certificats provisoires de salu-
brité prévus par le paragraphe 3 de l’article
3 de la loi du 10 avril 1908 sont délivrés
par un délégué rural du Comité de patro-
nage des Habitations à bon marché et de la
Prévoyance sociale, désigné par lui à cet
effet dans chaque canton, en même temps
que l’autre délégué visé audit paragraphe,
et choisi parmi les membres des Syndicats
professionnels agricoles et des Sociétés
d’agriculture ou des Sociétés coopératives
agricoles de production, des Caisses de cré-
dit agricole mutuel, des Sociétés d’assu-
rances mutuelles agricoles. »
Soulignant la nécessité de cette réforme,
e rapporteur rappelle qu’en effet la loi de
1908 fut au début conçue au moins autant
dans l’intérêt des petits cultivateurs qu’au
profit des ouvriers ou employés des villes.
Mais il suffit de parcourir ia liste des qua-
rante et une Sociétés de crédit immobilier
pour se rendre compte qu’elles oui été fon-
dées surtout dans les centres industriels.
11 était donc éminemment souhaitable —
et c’est ce qu'a voulu faciliter la Commis-
sion en proposant le texte ci-dessus *-* que,
dans un avenir rapproché, puissent se fon-
der des Sociétés qui, par la situation et la
compétence de leurs promoteurs, aient sur-
tout pour objet d’étendre à l’agriculture le
bénéfice de la législation de 1908.
Ainsi qu’on l'a vu, la valeur globale des
exploitations visées par cette proposition de
loi est limitée à 10,000 francs ; la loi de
1908 exigeant de l’emprunteur l’épargne
préalable du cinquième de la valeur de
î'immeuble àjLçquérifj c’est doac ji 8,000
francs que se trouve flx? le maximum des
avances qui pourront être consenties.
Il convient, d’autre part, d’attirer l’atten-
tion sur le dernier paragraphe du texte que
nous avons publié plus haut, et qui répond
à une préoccupation d’hygiène manifestée
par un grand nombre d’agriculteurs, et qui
ne pouvait laisser indifférent M. Paul
Strauss, dont la compétence et l’activité
dans ce genre de questions sont connues.
Ces préoccupations étaient motivées par
la crainte que, malgré l’intérêt manifeste
que présente la conservation des petites
propriétés rurales et même leur diffusion,
on ne fût empêché de recourir aux facilités
d’emprunt nouvelles, parce, que la maison,
faisant déjà partie d’une petite exploita-
tion, ne répondrait pas à toutes les pres-
criptions d’hygiène des règlements actuels.
Ët pourtant on ne pouvait songer à
prêter des fonds d’Etat à un taux privilé-
gié d’intérêt, pour l’acquisition de maisons
gravement insalubres.
« Ces deux ordres de préoccupations, dit
l’éminent rapporteur, n’ont pas paru incon-
ciliables. Si l’on doit exiger, pour les mai-
sons rurales à construire, les mêmes condi-
tions d’hygiène que pour les maisons ur-
baines, on peut se relâcher des règles
strictes lorsqu’il s’agit de maisons exis-
tantes qui, moyennant certaines dépenses
d’appropriation, seraient susceptibles d'être
amenées à un état de salubrité suffisante.
» Alors que la loi sur la protection de la
santé publique paraît généralement trop
peu appliquée dans les campagnes, il y au-
rait là une sorte de mesure transitoire qui
ferait apparaître aux yeux des populations
rurales ia nécessité de l’hygiène du loge-
ment. »
Et c’est pour éviter qu’aucune espèce
sérieuse d’appréhension ne puisse subsis-
ter dans l’esprit des agriculteurs, qui pa-
raissaient surtout effrayés d’avance des
f exigences possibles des hygiénistes des
villes, — c’est dans cette intention que ia
Commission a cru pouvoir proposer que,
pour les maisons déjà bâties comprises
dans les petites exploitations rurales que
vise la loi nouvelle, les Comités de patro-
nage confieraient le soin d’établir les certi-
ficats provisoires de salubrité à des person-
nes particulièrement au courant des usages
et des besoins de la campagne.
On voit par cette courte analyse du rap-
port de M. Paul Strauss, que toutes précau
tions ont été prises pour éviter que des abus
puissent se commettre, et que cette loi,
dont ia justice et l’utilité sociale ne sau-
raient être contestées, ne se trouve détour-
née de sou but.
Ainsi conçue et rédigée, avec de tels
soucis à la base, la proposition de loi qui
est maintenant confiée à l’examen des séna-
teurs se présente comme une réforme sage,
capable de donner satisfaction aux légiti-
mes doléances des agriculteurs, et dont il
convient à ce titre de souhaiter la réalisa-
tion aussi prochaine que possible.
F. POLET.
Koiiffei]es_PoIitiques
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-seciétaires d’Etat se
sont reunis hier matin, à l'Elysée, sous la
présidence de M. Raymond Poincaré.
MM. Raynaud, Métin et Jacquier n’assis-
taient pas à la délibération.
Les Questions budgétaires et fiscales
Le ministre des finances a exposé au Con-
seil l’état des questions budgétaires et fisca-
les devant les deux Chambres.
Le prochain Conseil
Le prochain Conseil anra lien jeudi.
L’Affichage électoral
Nous avons dit que la Chambre venait de
ratifier le projet relatif à l’affichage électoral
qui avait été adopté par le Sénat.
Il nous semble utile de donner le texte de
cette loi qui va être applicable lors des pro-
chaines élections :
Article premier. — Pendant la durée de la pé-
riode électorale de toutes les élections, dans cha-
que commune, d-s emplacements spéciaux sont
réservés par l’auloritô municipale pour l’aDDOsi-
tion des affiches électorales.
Dans chacun de ces emplacements, une surface
égale sera attribuée & chaque candidat ou à cha-
que liste dé Candidats.
Le nombre maximum de ces emplacements, en
dehors de ceux établis à côté des sections de vote
est fixé à :
Cinq dans les communes ayant S00 électeurs et
moins.
Dix dans les autres, plus un par 3,000 électeurs
ou fraction supérieure a 2,000 dans tes communes
ayant plus .rte 5.0M) électeurs.
Tout affichage relatif à l’élection, même par affi-
ches timbrées, est interdit en dehors de cet em-
placement ou sur l’emplacement réservé aux au-
tres candidats.
Art. 2.— Si le maire refuse ou néglige de se
conformer aux prescriptions de l'article premier,
le préfet devra assurer immédiatement, par lui-
mê«e ou par un délégué, l’application de la loi.
Art 3. — Toute personne qui aura contrevenu
aux dispositions du dernier paragraphe de l’arti-
cle t" de la présente loi sera punie d’une amen-
de de cinq a quinze francs (5 à 15 fr.) par contra-
vention.
Art. 4. — En cas de récidive, les contrevenants
seront poursuivis devant le tribunal correclion-
net et ou rus d'une amende de seize a cent francs
(16 a ton fr.) par Contravention.
Ii y a récidive lorsque, dans les douze mois an-
térieurs au fait poursuivi, le contrevenant a déjà
subi une condamnation pour une contravention
identique.
L’article 463 du Code pénal est applicable aux
dispositions des articles 3 et 4 de la présente loi.
Art. 6. — Lorsque UDe commune devra com-
prendre plusieurs bureaux de vote, l’arrété pré-
fectoral déterminant ces bureaux devra être noti-
fié au maire avant l’ouverture de la période élec-
torale.
Art. 6. — La présente loi sera applicable à
i Algérie et aux colonies représentées au Parle-
ment»
l~]TIiAjyc*Eïl
RUSSIE
La Séance secrète de la Douma
La réunion des délégations de la Doanu
n a pris fin qu’après nne heure du matin
dimanche.
Le president du Conseil a exposé le désii
dn gouvernement de travailler avec le Par-
lement dans l’espoir de trouver chez les dé-
putés des dispositions favorables, puis M.
S isouof a indiqué l'état des relations de ta
Russie avec les gouvernements étrangers et
les amitiés sur lesquelles elle peat compter,
en insistant particulièrement sur l’aliiaacs
étroite qui la lie à la France.
Le ministre de la guerre, le général Sonk-
homlinor, et le général Gilinski, qui retin-
rent le plus longtemps l’attention des dépu-
tés, ont rendu compte enfin de la situation
de l’armée et des mesures qu’ils comptent
prendre, en indiquant les sacrifices néces-
saires, dans le domaine militaire et naval,
pour que les forces dont dispose la Russi*
répondent à ses be>oins actuels.
Le ministre de la guerre a demandé le
vote d’une nouvelle loi militaire ; il a ex-
pliqué que la défense du pays devait être
poussée jusqu'à l'extrême perfection, mais
il a ajoute que les mesures prises n8 tendent
qu’au maintien de la paix.
Les députés qui ont pris part à la réunion
observent une très grande réserve ; il par
rait cependant qu’une partie des crédits mi
litaires nécessaires, 450 millions de roubles,
dit-on, pourraient être couverts par un pré»
lève ment sur les réserves du Trésor.
L»s généraux Soukhomlinof et Gilinskj
ont dû également, dans leur communier
tion, envisager l'bypothèse d’ua conflit avec
une puissance de l’Ouest pour montrer la
nécessité de renforcer les contingents ad*
tnels.
LE PARLEMENT
Impressions de Séanct
(CB MOTBB COBBBSPOirOAirr PARTir.m.IEBJ
Paris, 16 mars.
La Chambre a consacré sa séance à l’exa-
men des derniers chapitres du budget du b
guerre et an budget des conventions et ga-
ranties d’intérêt. Il ne reste plus mainte-
nant, pour en finir avec le budget des dé-
penses, qu’à statuer sur un certain nombre
de chapitres réservé- à divers ministères.
La matinée de demain, sans doute, y suf-
fira. Ensuite, ou entamera la toi de finan-
ces, le plus gros morceau du budget ; cette
année surtout.
Au Luxembourg, impôt sur le revenu*
nouvelle bataille, moins retentissante assuré-
ment que celle relative à l’immunité de ia
rente, mais tout aussi serrée. Ii s’agissait,
cette fois, de regler le mode de perception
de l’impôt snr les valeurs étrangères, per-
ception que ie ministre des finances voulait
opérer par voie de retenue sur ie coupon
avec contrôle de l’Etat dans les banques. Ce
système, qui transformerait tes banquiers en
collecteurs d’impôt et les soumettrait à une
véritable inquisition de la part des agents du
fisc, la Commission l’avait d’abord acceptée,
mais M. Touron et M. Peytral ayant proposé
d'y substituer l’apposition sur les coupons
d’un timbre mobûe analogue au timbre de
quittance, elle rêc ama nne suspension de
séance afin de- procéder à un nouvel exa-
mea.
A la reprise, elle apporta an texte modifié
qui, tout en maintenant la retenoe snr le
coupon, faisait disparaître toutes les dispo-
sitions ayant un caractère inquisitorial.
C'est ainsi que les bordereaux ne devaient
plus porter ni le nom, ni la signature, ni
l’adresse dn déposant.
Ainsi med fié, le système devenait accep-
table et le ministre des finances fut bien
obligé de s’en contenter. S’il avait insisté, it
aurait certainement été battu. Ii est vrai
qu’il commence., à en prendre l'habitude.».
Demain, par exception, le Sénat ne siège pa£
T.H»
SENAT
Séance du i6 Mars
La séance est ouverte à 2 h. 40, sous la prêsF
dence de ai. DUBOST, président.
Le ministre des finances dépose, au nom dn
minis*e do la guerre, le projet - de loi relatifs la
constitution des cadres ci effectifs des différentes
armes. Lt> projet de loi est renvoyé à la Commis-
sion de l’ar mée
Est egaltment renvoyé S la Commission do
1 armée un projet de toi relatif à un contingent
supplémentaire de croix de la Légion d’honneur
pour les militaires ayant pris part aux operation*
du Maroc.
L’Impôt sur le Revenu
Le Sénat reprend l’examen de l'impôt sur le
revenu. (Titre II valeurs mobilières).
L’article 32 du projet est réservé, sur la deman-
de du ministre des finances d’accord avec la Com-
mission.
La discussion est engagée sur les articles 33
et 34.
Un long échange d’observations s’engage sur un
amendement de M. TOURON.
La commission se montre favorable S cet amen-
dement
H. LE MINISTRE DES FINANCES Combat trÔB
violemment la prise en considération.
Uue très vive altercation s’engage alors entre le
rapporteur de la commission, le ministre, MM.
Touron et Peyiral.
Le ministre très vouge, se dresse devant la
commission et l’accuse de vouloir enterrer le
débat.
« Le système proposé, dit-il, est inapplicable.
Le projet no tient plus, si on vote ta disposition
du timbre quinquennal ; je refuse pour ma part
de prendre la responsabilité de l’application de la
loi. »
On décide de suspendre la séance pendant une
berne, pour permettre à la Commission de rap-
porter sa décision.
A la reprise de ia séance, M. AIMOND annonce
que la Commission cooserve le système de ia re-
tenue sur le coupon établi par l’article 34.
M. TOURON se rallie à ce texte et l’article V
est adopte.
—■■■■' il ——■————
CHAMBRE DES DEPUTES
Séance du 16 mars
La séance est ouverte A 2 h. 45, sous la pré-
sidence de M. DESCHAKEL, président.
La Chambre adopte sans discussion divers pro-
jets concernant les allocations au personnel du
service maritime appelé à concourir A l’applica-
tion de la toi de I9Ù7 sur la sécurité de la naviga-
tion maritime ; l'exercice de la pêche côtier»;
l’admission des associations d’ouvriers français
aux marchés de travaux et de fourniture? à passer -
renfla» — flWWT nBiATIÜ — 5 fnflm»
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Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
a e • 4 e e
m ATTENTAT
COUTEE
M. Gaintte, directeur do 11 Figaro ”
-e-
Mffle Cailîaux, femme du Ministre des Finances, tire
plusieurs coups de revolver sur M. Calmette
Xres circonstances du drame. — L’arrestation de Mme Cailîaux
LE MINISTRE DES FINANCES OFFRE SA DÉMISSION
Mort de M. CALMETTE
Mme Caillauz au « Figaro >
Il était cinq heures lorsqu'une dame, très
grande, élégamment vêtue, pénétrait au Fi-
garo.
Elle s’adressa aux garçons de service qui
ce trouvaient sur le palier du premier étage
et leur demanda à causer à M. Calmette.
Les garçons demandèrent à la visiteuse do
bien vouloir leur dire qui iis devaient an*
noneer,
« Dites à M. Calmette, répondit la visi-
teuse, que c’est une dame qui ie connaît et
qui désire lui causer quelques instants. »
Le directeur du Figaro étant à ce moment
occupé, les garçons firent entrer la dame
dans un salon, la priant d’attendre quelques
instants.
.Près a’une heure s’était écoulée lorsque la
damé, revenant vers, les garçons, leur remit
nne enveloppe cachetée, les priant de ia
faire passer à M. Calmette.
A 6 h. 30, U. Calmette allait quitter le Fi-
garo en compagnie de M. Paul Bourget, lors-
que, débouchant sur le palier du premier
étage, il fut arrêté par les garçons qui lui
remirent l’enveloppe en lui disant qu elle
émanait d’une dame qui l’attendait au salon.
M. Calmette s’arrêta, ouvrit l’enveloppe et
sortit la carte qu’elle contenait et la tendant
à M. Paul Bourget, il lui dit : « Excusez-moi ;
jé vais la recevoir. »
Le directeur du Figaro revint alors sur ses
pas et se dirigea vers son bureau. Il donna
l’ordre aux huissiers d’introduire la visi-
teuse.
Elle venait à peine de franchir le seuil du
cabinet dont la porte venait d’être ouverte
par un garçon, lequel se disposait à tourner
le commutateur lorsque ia visiteuse arriva
à ce moment.
Le Drame
M. Calmette s’effaça pour la laisser passer.
Au même instant plusieurs coups de re-
volver retentirent.
Le directeur du Figaro s’affaissa dans son
fauteuil, qui se trouvait à proximité.
Les garçons qui se trouvaient dans le bu-
reau se précipitaient sur la visiteuse, mais
celle-ci répondit : « Laissez-moi 1 je suis une
femme. Je ne m’en irai pas 1 »
Au bruit des détonations, tous tes rédac-
teurs du Figaro, qui se trouvaient dans les
bateaux voisins, accoururent dans le cabinet
de leur directeur.
Iis le viieut blême et tout ensanglanté, as-
sis dans son fauteuil et poussant de faibles
gémissements.
Ils ne purent contenir un mouvement
d’indignation en apercevant la meurtrière
qui, sans un mot, attendait immobile dans
un coin de la pièce.
De tous côtés, on manda des docteurs et
bientôt arrivaient au Figaro ie docteur Ray-
mond, sénateur et le docteur Hartmann.
Arrestation de Mme Caillauz
Tandis que ceux-ci examinaient le blessé
et faisaient un pansement sommaire, des
gardiens de ia paix mettaient en état d’ar-
restation la meurtrière qui n’était autre —
on s’eu aperçut alors — que Mrno Joseph
Cailîaux, tarante du ministre de» finances.
Mme Cailîaux fut conduite immédiatement
au commissariat tandis que M. Calmette,
que l’on descendait, était hissé dans une au-
tomobile et emmené à la maison de sauté du
docteur Hartmann, à Neuilly.
Le directeur du Figaro qui n’avait pas
perdu connaissance fut soigné par le doc-
teur Raymond.
M. Caimette aidé par lui put descendre
l’escalier. Arrivé au milieu de l’étage, il dit
aux personnes qui l'entouraient : « Mes
amis I ma maison... J’ai fait tout mon de-
voir 1... »
La plupart des rédacteurs du Figaro ac-
courus firent cercle auiour de Mme Cailîaux.
Un d’eux, pour rompre le silence pénible
qui pesait sur l’assistance, dit : « Il faut em-
mener cette femme-au commissariat 1 »
Mme. Cailîaux qui, à ce moment, était as-
sise dans un fauteuil, répondit très tran-
quillement à ces paroles : « Je vous remer-
cie, Monsieur. Ma voiture est en bas. »
Et c’est dans sa propre voiture, qu’entou-
rée de quelques gardiens do la paix, Mme
Cailîaux fut conduite au bureau de M. Car-
pin, commissaire du Faubourg Montmartre.
Mme Cailîaux, int-oduite peu d’instants
après auprès de M. Carpin, commissaire, ne
se départit pas de son calme et de son sang-
froid. 6
Comment M. Caillauz apprit le drame
M. Cailîaux, qui avait passé la plus grande
partie de l’après-midi au Sénat, était rentré
depuis quelques instants au mioisière des
finances et se disposait à donner des signa-
tures à son chef de cabinet, M. de Labeyrie,
lorsqu’il apprit, à sept heures, par un coup
de téléphoné de M. Paoli, chef de cabinet, le
drame qui venait d’avoir lieu
Ou juge de l’émotion qui l’étreignit.
Rien dans l'attitude et les paroles précé-
dentes de Mme Cailîaux ne pouvait laisser
prévoir nu tel acte et c’est avec une douleur
Dieu compréhensible qu’il apprit les pre-
miers détails du drame.
Bientôt, des amis personnels, prévenus
par téléphone, arrivaient au ministère.
L’est ainsi qu’arrivèrent MM. Franklin
Bouillon, député ; Mal vy, ministre du com-
merce et René Renoult, ministre de l’inté-
rieur,
M. Cailîaux s’entretient rapidement avec
eux puis quitte le ministère à sept heures et
demie pour se rendre au commissariat où
avait été conduite Mme Cailîaux.
M. Cailiaur arrive au Commissariat
Vers 7 h. f/2, le ministre des finances ar-
riva au commissariat et tut à son tour intro-
duit près du commissaire de police au mo-
ment où celui-ci s’apprêtait à faire subir à
Mme Caiilaux un interrogatoire d'identité.
Assistaient à cet interrogatoire, en outre
du ministre des finances, MM. Lescouvé,
procureur de la République; Boucard, juge
d’instruction ; Mouton, directeur de ia po-
lice judiciaire.
Dans nne autre pièce attendaient, visible-
ment émus, MM. Ceccaldi et Franklin-Bouil-
lon, députés.
La nouvelle parvient à la Chambre
_ Ce n’est qu'à 7 h. 15 que l’on a connu à ia
Chambre des députés ie drame qui s’est dé-
roulé au Figaro.
La séance ayant été levée de bonne heure,
il n y avait plus au Palais Bourbon qu’une
dizaine de députés et de journalistes qui sont
immédiatement partis aux renseignements.
Si bien que l’événement au lieu de soule-
ver une grande émouon à la Chambre, a
provoqué, pour ce soir, la désertion totale.
L’attitude de Mme Caillauz
On a vu que rien ne pouvait faire prévoir
le geste de Mme Cailîaux. Hier encore, en
eflet, en se déclarant indignée de ia campa-
gne du Figaro, elle n’avait manifesté aucune
intention de se livrer à des violences.
« Mon mari, avait-elle dit, va intenter un
procès an civil à M. Gaston Calmette ; il lui
devra de gros dommages-intérêts pour ia
publication d’une lettre privée faite sans
l'assentiment du signataire et sans celui du
destinataire. »
Toutefois, par moments, l’indignation de
Mme Caiilaux prenait une forme plus vive,
mais rien ne laissait à penser qu’elle fut ca-
pable de l’acte auquel elle devait se livrer.
Mme Caiilaux, au cours de l’interrogatoire
que lui a fait subir le commissaire de ponce,
a affirmé qu’elle n’avait pas eu l’intention
de tuer le directeur du Figaro ; elle voulait
simplement lui donner une leçon.
Son acte accompli, Mme Caiilaux a été dé-
sarmée par des garçons de bureau du Figaro.
A i’un d’eux, elle a déclaré : « Puisque
dans ce pays, il n’y a p is de justice, je me
fais justice moi-même. Oa peut m’emmeoer
où i oa voudra ! »
LTnterrog.toira
M. et Mme Caiilaux aussitôt partis, l’un
pour son domicile particulier et l’autre pour
Saint-Lazare, les journalistes ont été reçus
par le commissaire de police qui leur a
déclaré :
« Mme Caiilaux a manifesté le désir que
ses déclarations fussent communiquées à la
presse, afin que la lumière soit faite, dit-ebe,
sur celte campagne de diffamation ».
Au commissaire, elle commença par rap-
peler la Campagne de diffamation.
Dernièrement, nue lettre privée adressée
à une femme, fut publiée.
Indignée, Mme Caiilaux se renseigna au-
près de personnes amies et, entre autres,
dit-on, auprès de M. le président Monnier,
sur les moyens de faire cesser cette publica-
tion. Il lui tut lépondu qu*. était bien diffi-
cile, sinon impossible, d’iutervenir.
Tous les jours, lui disait-on, des faits sem-
blables se produisaient, et souvent ceux qui
poursuivent le diffamateur se voient con-
damnés eux-mêmes.
Apprenant, d’autre part, que des lettres
plus intimes encore allaient paraître dans le
Figaro, Mme Caiilaux résolut de 1 empêcher.
Hier après-midi, elle achetait nu revolver
et après être rentrée chez elle, elle chargea
i’arme. Elle se fit ensuite conduire au Fi-
garo.
Là, elle attendit fort longtemps et fit re-
mettre une carte sons enveloppe à M. Gal-
I mette, puis fut reçue courtoisement et très
poliment par le directeur du Figaro.
M. Calmette, dit-elle, qui se trouvait der-
rière ton bureau, m’inviiaà m'asseoir et dit.:
« Quel est le but de votre visite, Madame ? »
— Vous le savez bien, répoudis-je. Je ne
viens pas pour vous dire bonjour 1
A ce moment, ne pouvant plus me maî-
triser plne longtemps, souffrant de l’bnmi-
liation infligée par cet homme à mou mari,
j’ai sorti mon arme qui était dissimulée dans
mon manchon. Je ie braquai sur lui et fis
feu de toutes les balles qu’il contenait».
M. Calmette, surpris à ia première détona-
tion, cherchait à se dissimuler derrière son
bureau et se baissait à droite et à gauche. Au
bruit des coups de feu, les garçons et ‘les
personnes qui se trouvaient dans les bureaux
accoururent.
Mme Caiilaux tendit son arme à l’un des
garçons qui, plus tard, te remit à un agent.
Enfin, Mme Caiilaux, toujours très calme,
termina l’interrogatoire par ces mots :
« Je regrette mon acte. Je n'avais d’ail-
leurs pas 1 intention de tuer M. Calmette et
je serais heureuse d’apprendre qu’il se réta-
blit. J’ai voulu seulement lui donner une
leçon I »
L’interrogatoire était terminé.
L’entrevue de M. et Mme Caillauz
Mme Caiilaux eut une entrevue de quel-
ques instants avec M. Caiilaux, dans une
salle voisine, en présence, dit-on de M.
Malvy,
M. et Mme Caiilaux paraissaient avoir
gardé le plus grand sang-froid.
M. Caillauz quitte le Commissariat
A 9 heures, Mme Caiilaux a quitte le com-
missariat de police en taxi-auto.
Elle a été aussitôt conduite à Saint-
Lazare.
A 9 heures 5, M. Caiilaux quittait à son
tour le commissariat de police.
Une Déclaration de M. Ceccaldi
M. Ceccaldi, député de l’Aisne, entendu
par des journalistes à la sortie de M. Cail-
laux du commissariat de police, a déclaré
que C8 qui avait amené le geste de Mme
Caiilaux, c’est le fo*i porte à ia connaissance
de celle-ci que le Figaro devait publier, au-
jourd’hui mardi, un nouveau document de
nature plus délicate enco>e que la récente
lettre produite par ce journal.
Mm 8 Caillauz
Mme Cailîaux, née Henriette Raiouard, est
née le 6 décembre 1874, à Paris.
Elle est l’epouse divorcée de M. Léo Cfa-
retie. Elle est inculpés de tentative de
meurtre.
Les suites politiques
Le président de la République et les mi-
nistres devaient dîner hier soir à l’ambassade
d’Italie.
Plusieurs membres du gouvernement se 1
sont aussitôt excusés.
II est probable qu’à l’issue de ce dîner M.
Gaston Doumergue voudra s’entretenir de la
situation arec ses collaborateurs.
L’avis général est que la démission de M.
Caiilaux sera acceptée et que sou successeur
an ministère des finances sera pris dans le
cabinet.
Conseil des Ministres
Les ministres se sont réunis bier soir, à
10 heures, en Conseil de Cabinet, souà la
présidence de M. Gasioa Doumergue.
M. Doumergue a tait connaître que M.
Caiilaux lui avait écrit pour lui annoncer sa
décision d’abandonner le portefeuille des
finances.
M. Malvy a été chargé de se rendre auprès
de M. Caiilaux pour lui demander, au nom
du Gouvernement, de retirer sa démission.
M. Caiilaux ayaDt refusé de se rendre à ses
instances, une seconde démarche a été faite
auprès de lui par M G"‘SOa Doumergue.
M. Caillanx a déclare de nouveau qu’il ne
croyait pas dans les circonstances présentes,
devoir continuer sa collaboration àu prési-
dent du conseil..
Les ministres ont pensé que cette réponse
ne devait pas être considérée comme défini-
tive et ont ajourné toute décision à demain.
La réunion des ministresn pris fin à mi-
nuit 20.
***
On parle de M. Renoult, ponr succéder à
M. Caiilaux, au ministère des finances.
Premier bulletin de santé
Les docteurs LetOurneux.Rayraaad, Cunéo
et Hartmann qui soigne »t actuellement M.
Gaston Calmette ont signé le bulletin de
santé suivant :
« M. Calmette a été atteint par trois billes :
une à la poitrine, une dans la parti» supé-
rieure de la ciiUse ; la troisième a pénétré
dans le petit bassia.
» Le pronostic et le traitement restent ré-
serves ».
Le 24 Bulletin de Santé
Dans la soirée, on a affich ■ le bulletin de
samé suivant à la porte du Figaro :
a 10 beures 30. — Un léger mienx s’est
produit. M. Calmette garde toute sa connais-
sance. On espère qu’aucune opération ne
sera nécessaire. »
M. Calmette subit une opération
A minuit, on déclare au Figaro que le pro-
fesseur Hartmann procède à une opération
chirurgicale sur M. Calmette.
Une Note du q Figaro »
Le Figaro publie ce malin le note suivante
signée de la rédaction, et qui porte comme
titre : Un Crime.
« Notre directeur avait accusé M. Caillanx
de cumuler ses fonctions de ministre des
finances avec celles d» présidant du Conseil
d’administration d’une banque étrangère,
d’avoir, par négligence, facilité un coup de
bourse sur la rente, d’avoir commis une for-
faiture en suspendant l’action de la justice
an bénéfice d’un escroc, et d’avoir déclaré i
en 1901 qu’il avait écrasé l’impôt sur le re- i
venu en ayant l’air de ie défendre.
» Au réquisitoire de notre directeur, M. '
Caillanx n’a pas répondu à la tribune, il n’a 1
pas poursuivi en Cour d’assises, il n’a pas <
envoyé de témoins, et hier soir, à six heu- t
res et demie, ia femme du ministre des
finances est venne au Figaro et a tenté d’as-
sassinor M. Calmette.
» Celui-çiest grièvement blessé-.Comment <
contenir notre colère et notre chagrin et i’an- ]
goisse que nous ressentons tous en pensant /
a notre chef tombé si vaillamment dans nne J
lutte qu’il savait si périlleuse et dont ii bravait 1
avec ua admirable sam»-froid tous les daa- î
gers. Gaston Calmette n’avait contre Cail-
laax ni haiae ni rancune personnelles. Il
considérait simplement ce ministre comme
nn-fléau na ional et voulait en debarrasser
le pays. Il l’en a débarrassé et notre cher
directeur, s’il survit, aura la joie d’appren-
dre que Caiilaux n’est plus ministre. La
France ne saurait garder une henre de pins,
au nombre de ses gouvernants, l’homme
moralement responsable d'un tel crime. »
*
* *
NIORT DE NI. CALMETTE
A une Artere einsg tîtt matin, en
tttfeiat-r ftif m. Vatnsette est muet
«le* suites tSe ses blessures.
MORT DU VICE-AMIRAL DIEULOUARD
TOULON. — Le vice amiral Dieuiouard, du
cadre de réserve, est décédé,
LtTAT DE SANTÉ DU
COLONEL W1NTERFELD
TOULOUSE. — L’état du colonel allemand de
Winterleid s’est'légèrement amélioré.
L’AVIATEUR HANOUILLE SE NOYE
SAINT-SÉBASTIEN. — L'avisteur Hauouille
exécutait uu vol au-dessus de la baie quand
ie gouvernail de son appareil se détacha.
L’aviateur est alors tombé à l'eau et s’est
noyé.
« L’aviateur HanoniUe était bien connu au
Havre, où ii a de la famille.»
DEPECHES COMMERCIALES
Communications interrompues
Les Sociétés Agricoles
de Crédit Immobilier
A diverses reprises, le voeu a été for-
mulé dans des Congrès de différente nature
que le Parlement revint sur la loi du 26
février 1912, qui, annulant ce qu’avait réa-
lisé à ce point de vue celle du 13 mars
. 1910, avait retiré aux Sociétés de Crédit
^immobilier le droit d’effectuer des prêts
ayant pour objet de faciliter l’acquisition,
l’a ménagement, la transformation et la re-
constitution des petites exploitations rura-
les.
An dix-septième Congrès du Crédit po-
pulaire, l’attention des députés et des séna-
teurs fut à nouveau, et d’une manière plus
particulièrement insistante,attirée sur cette
question, — et, à la suite de ce Congrès, une
proposition de loi tendant à donner satis-
faction à cette revendication de la démo-
cratie rurale, fut déposée sur le bureau du
Sénat par M. Aléline, sénateur des Vosges,
et ancien ministre de l’agriculture.
Le rapport rédigé par M. Paul Strauss au
nom de la Commission chargée d’étudier
cetfe proposition, vient d’être distribué
aux membres de la Haute-Assemblée.
Il conclut au vote du texte suivant :
« Les Sociétés de crédit immobilier peu-
vent consentir, dans les conditions prévues
par la loi du 10 avril l908, aux personnes
visées par l’article 3 de la loi du 11 février
1914, des prêts individuels hypothécaires
pour leur faciliter l’acquisition, l’aménage-
ment, la transformation et la reconstitu-
tion de petites exoloitations rurales, dont
ia valeur n’excède pas 10,000 francs, quelle
qu’ën soit la surface.
» Ces prêts ne peuvent dépasser les
quatre cinquièmes de cette valeur, y com-
pris le prix de revient de la maison d’habi-
tation à bon marché, mais non compris le
montant des frais et la prime d’assurance.
» Pour les maisons d’habitation à bon
marché comprises dans ces petites exploi-
tations. les certificats provisoires de salu-
brité prévus par le paragraphe 3 de l’article
3 de la loi du 10 avril 1908 sont délivrés
par un délégué rural du Comité de patro-
nage des Habitations à bon marché et de la
Prévoyance sociale, désigné par lui à cet
effet dans chaque canton, en même temps
que l’autre délégué visé audit paragraphe,
et choisi parmi les membres des Syndicats
professionnels agricoles et des Sociétés
d’agriculture ou des Sociétés coopératives
agricoles de production, des Caisses de cré-
dit agricole mutuel, des Sociétés d’assu-
rances mutuelles agricoles. »
Soulignant la nécessité de cette réforme,
e rapporteur rappelle qu’en effet la loi de
1908 fut au début conçue au moins autant
dans l’intérêt des petits cultivateurs qu’au
profit des ouvriers ou employés des villes.
Mais il suffit de parcourir ia liste des qua-
rante et une Sociétés de crédit immobilier
pour se rendre compte qu’elles oui été fon-
dées surtout dans les centres industriels.
11 était donc éminemment souhaitable —
et c’est ce qu'a voulu faciliter la Commis-
sion en proposant le texte ci-dessus *-* que,
dans un avenir rapproché, puissent se fon-
der des Sociétés qui, par la situation et la
compétence de leurs promoteurs, aient sur-
tout pour objet d’étendre à l’agriculture le
bénéfice de la législation de 1908.
Ainsi qu’on l'a vu, la valeur globale des
exploitations visées par cette proposition de
loi est limitée à 10,000 francs ; la loi de
1908 exigeant de l’emprunteur l’épargne
préalable du cinquième de la valeur de
î'immeuble àjLçquérifj c’est doac ji 8,000
francs que se trouve flx? le maximum des
avances qui pourront être consenties.
Il convient, d’autre part, d’attirer l’atten-
tion sur le dernier paragraphe du texte que
nous avons publié plus haut, et qui répond
à une préoccupation d’hygiène manifestée
par un grand nombre d’agriculteurs, et qui
ne pouvait laisser indifférent M. Paul
Strauss, dont la compétence et l’activité
dans ce genre de questions sont connues.
Ces préoccupations étaient motivées par
la crainte que, malgré l’intérêt manifeste
que présente la conservation des petites
propriétés rurales et même leur diffusion,
on ne fût empêché de recourir aux facilités
d’emprunt nouvelles, parce, que la maison,
faisant déjà partie d’une petite exploita-
tion, ne répondrait pas à toutes les pres-
criptions d’hygiène des règlements actuels.
Ët pourtant on ne pouvait songer à
prêter des fonds d’Etat à un taux privilé-
gié d’intérêt, pour l’acquisition de maisons
gravement insalubres.
« Ces deux ordres de préoccupations, dit
l’éminent rapporteur, n’ont pas paru incon-
ciliables. Si l’on doit exiger, pour les mai-
sons rurales à construire, les mêmes condi-
tions d’hygiène que pour les maisons ur-
baines, on peut se relâcher des règles
strictes lorsqu’il s’agit de maisons exis-
tantes qui, moyennant certaines dépenses
d’appropriation, seraient susceptibles d'être
amenées à un état de salubrité suffisante.
» Alors que la loi sur la protection de la
santé publique paraît généralement trop
peu appliquée dans les campagnes, il y au-
rait là une sorte de mesure transitoire qui
ferait apparaître aux yeux des populations
rurales ia nécessité de l’hygiène du loge-
ment. »
Et c’est pour éviter qu’aucune espèce
sérieuse d’appréhension ne puisse subsis-
ter dans l’esprit des agriculteurs, qui pa-
raissaient surtout effrayés d’avance des
f exigences possibles des hygiénistes des
villes, — c’est dans cette intention que ia
Commission a cru pouvoir proposer que,
pour les maisons déjà bâties comprises
dans les petites exploitations rurales que
vise la loi nouvelle, les Comités de patro-
nage confieraient le soin d’établir les certi-
ficats provisoires de salubrité à des person-
nes particulièrement au courant des usages
et des besoins de la campagne.
On voit par cette courte analyse du rap-
port de M. Paul Strauss, que toutes précau
tions ont été prises pour éviter que des abus
puissent se commettre, et que cette loi,
dont ia justice et l’utilité sociale ne sau-
raient être contestées, ne se trouve détour-
née de sou but.
Ainsi conçue et rédigée, avec de tels
soucis à la base, la proposition de loi qui
est maintenant confiée à l’examen des séna-
teurs se présente comme une réforme sage,
capable de donner satisfaction aux légiti-
mes doléances des agriculteurs, et dont il
convient à ce titre de souhaiter la réalisa-
tion aussi prochaine que possible.
F. POLET.
Koiiffei]es_PoIitiques
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-seciétaires d’Etat se
sont reunis hier matin, à l'Elysée, sous la
présidence de M. Raymond Poincaré.
MM. Raynaud, Métin et Jacquier n’assis-
taient pas à la délibération.
Les Questions budgétaires et fiscales
Le ministre des finances a exposé au Con-
seil l’état des questions budgétaires et fisca-
les devant les deux Chambres.
Le prochain Conseil
Le prochain Conseil anra lien jeudi.
L’Affichage électoral
Nous avons dit que la Chambre venait de
ratifier le projet relatif à l’affichage électoral
qui avait été adopté par le Sénat.
Il nous semble utile de donner le texte de
cette loi qui va être applicable lors des pro-
chaines élections :
Article premier. — Pendant la durée de la pé-
riode électorale de toutes les élections, dans cha-
que commune, d-s emplacements spéciaux sont
réservés par l’auloritô municipale pour l’aDDOsi-
tion des affiches électorales.
Dans chacun de ces emplacements, une surface
égale sera attribuée & chaque candidat ou à cha-
que liste dé Candidats.
Le nombre maximum de ces emplacements, en
dehors de ceux établis à côté des sections de vote
est fixé à :
Cinq dans les communes ayant S00 électeurs et
moins.
Dix dans les autres, plus un par 3,000 électeurs
ou fraction supérieure a 2,000 dans tes communes
ayant plus .rte 5.0M) électeurs.
Tout affichage relatif à l’élection, même par affi-
ches timbrées, est interdit en dehors de cet em-
placement ou sur l’emplacement réservé aux au-
tres candidats.
Art. 2.— Si le maire refuse ou néglige de se
conformer aux prescriptions de l'article premier,
le préfet devra assurer immédiatement, par lui-
mê«e ou par un délégué, l’application de la loi.
Art 3. — Toute personne qui aura contrevenu
aux dispositions du dernier paragraphe de l’arti-
cle t" de la présente loi sera punie d’une amen-
de de cinq a quinze francs (5 à 15 fr.) par contra-
vention.
Art. 4. — En cas de récidive, les contrevenants
seront poursuivis devant le tribunal correclion-
net et ou rus d'une amende de seize a cent francs
(16 a ton fr.) par Contravention.
Ii y a récidive lorsque, dans les douze mois an-
térieurs au fait poursuivi, le contrevenant a déjà
subi une condamnation pour une contravention
identique.
L’article 463 du Code pénal est applicable aux
dispositions des articles 3 et 4 de la présente loi.
Art. 6. — Lorsque UDe commune devra com-
prendre plusieurs bureaux de vote, l’arrété pré-
fectoral déterminant ces bureaux devra être noti-
fié au maire avant l’ouverture de la période élec-
torale.
Art. 6. — La présente loi sera applicable à
i Algérie et aux colonies représentées au Parle-
ment»
l~]TIiAjyc*Eïl
RUSSIE
La Séance secrète de la Douma
La réunion des délégations de la Doanu
n a pris fin qu’après nne heure du matin
dimanche.
Le president du Conseil a exposé le désii
dn gouvernement de travailler avec le Par-
lement dans l’espoir de trouver chez les dé-
putés des dispositions favorables, puis M.
S isouof a indiqué l'état des relations de ta
Russie avec les gouvernements étrangers et
les amitiés sur lesquelles elle peat compter,
en insistant particulièrement sur l’aliiaacs
étroite qui la lie à la France.
Le ministre de la guerre, le général Sonk-
homlinor, et le général Gilinski, qui retin-
rent le plus longtemps l’attention des dépu-
tés, ont rendu compte enfin de la situation
de l’armée et des mesures qu’ils comptent
prendre, en indiquant les sacrifices néces-
saires, dans le domaine militaire et naval,
pour que les forces dont dispose la Russi*
répondent à ses be>oins actuels.
Le ministre de la guerre a demandé le
vote d’une nouvelle loi militaire ; il a ex-
pliqué que la défense du pays devait être
poussée jusqu'à l'extrême perfection, mais
il a ajoute que les mesures prises n8 tendent
qu’au maintien de la paix.
Les députés qui ont pris part à la réunion
observent une très grande réserve ; il par
rait cependant qu’une partie des crédits mi
litaires nécessaires, 450 millions de roubles,
dit-on, pourraient être couverts par un pré»
lève ment sur les réserves du Trésor.
L»s généraux Soukhomlinof et Gilinskj
ont dû également, dans leur communier
tion, envisager l'bypothèse d’ua conflit avec
une puissance de l’Ouest pour montrer la
nécessité de renforcer les contingents ad*
tnels.
LE PARLEMENT
Impressions de Séanct
(CB MOTBB COBBBSPOirOAirr PARTir.m.IEBJ
Paris, 16 mars.
La Chambre a consacré sa séance à l’exa-
men des derniers chapitres du budget du b
guerre et an budget des conventions et ga-
ranties d’intérêt. Il ne reste plus mainte-
nant, pour en finir avec le budget des dé-
penses, qu’à statuer sur un certain nombre
de chapitres réservé- à divers ministères.
La matinée de demain, sans doute, y suf-
fira. Ensuite, ou entamera la toi de finan-
ces, le plus gros morceau du budget ; cette
année surtout.
Au Luxembourg, impôt sur le revenu*
nouvelle bataille, moins retentissante assuré-
ment que celle relative à l’immunité de ia
rente, mais tout aussi serrée. Ii s’agissait,
cette fois, de regler le mode de perception
de l’impôt snr les valeurs étrangères, per-
ception que ie ministre des finances voulait
opérer par voie de retenue sur ie coupon
avec contrôle de l’Etat dans les banques. Ce
système, qui transformerait tes banquiers en
collecteurs d’impôt et les soumettrait à une
véritable inquisition de la part des agents du
fisc, la Commission l’avait d’abord acceptée,
mais M. Touron et M. Peytral ayant proposé
d'y substituer l’apposition sur les coupons
d’un timbre mobûe analogue au timbre de
quittance, elle rêc ama nne suspension de
séance afin de- procéder à un nouvel exa-
mea.
A la reprise, elle apporta an texte modifié
qui, tout en maintenant la retenoe snr le
coupon, faisait disparaître toutes les dispo-
sitions ayant un caractère inquisitorial.
C'est ainsi que les bordereaux ne devaient
plus porter ni le nom, ni la signature, ni
l’adresse dn déposant.
Ainsi med fié, le système devenait accep-
table et le ministre des finances fut bien
obligé de s’en contenter. S’il avait insisté, it
aurait certainement été battu. Ii est vrai
qu’il commence., à en prendre l'habitude.».
Demain, par exception, le Sénat ne siège pa£
T.H»
SENAT
Séance du i6 Mars
La séance est ouverte à 2 h. 40, sous la prêsF
dence de ai. DUBOST, président.
Le ministre des finances dépose, au nom dn
minis*e do la guerre, le projet - de loi relatifs la
constitution des cadres ci effectifs des différentes
armes. Lt> projet de loi est renvoyé à la Commis-
sion de l’ar mée
Est egaltment renvoyé S la Commission do
1 armée un projet de toi relatif à un contingent
supplémentaire de croix de la Légion d’honneur
pour les militaires ayant pris part aux operation*
du Maroc.
L’Impôt sur le Revenu
Le Sénat reprend l’examen de l'impôt sur le
revenu. (Titre II valeurs mobilières).
L’article 32 du projet est réservé, sur la deman-
de du ministre des finances d’accord avec la Com-
mission.
La discussion est engagée sur les articles 33
et 34.
Un long échange d’observations s’engage sur un
amendement de M. TOURON.
La commission se montre favorable S cet amen-
dement
H. LE MINISTRE DES FINANCES Combat trÔB
violemment la prise en considération.
Uue très vive altercation s’engage alors entre le
rapporteur de la commission, le ministre, MM.
Touron et Peyiral.
Le ministre très vouge, se dresse devant la
commission et l’accuse de vouloir enterrer le
débat.
« Le système proposé, dit-il, est inapplicable.
Le projet no tient plus, si on vote ta disposition
du timbre quinquennal ; je refuse pour ma part
de prendre la responsabilité de l’application de la
loi. »
On décide de suspendre la séance pendant une
berne, pour permettre à la Commission de rap-
porter sa décision.
A la reprise de ia séance, M. AIMOND annonce
que la Commission cooserve le système de ia re-
tenue sur le coupon établi par l’article 34.
M. TOURON se rallie à ce texte et l’article V
est adopte.
—■■■■' il ——■————
CHAMBRE DES DEPUTES
Séance du 16 mars
La séance est ouverte A 2 h. 45, sous la pré-
sidence de M. DESCHAKEL, président.
La Chambre adopte sans discussion divers pro-
jets concernant les allocations au personnel du
service maritime appelé à concourir A l’applica-
tion de la toi de I9Ù7 sur la sécurité de la naviga-
tion maritime ; l'exercice de la pêche côtier»;
l’admission des associations d’ouvriers français
aux marchés de travaux et de fourniture? à passer -
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