Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-03-01
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1914 01 mars 1914
Description : 1914/03/01 (A34,N11895). 1914/03/01 (A34,N11895).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172060g
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
54” Année —M* HJtS O Pages) SCciilfmft»—■EfflTIMMWATITC — S Centitofts (S Pages) Dimanche Ier Mars 19(4
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Paru, trois heures matin
DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 28 FÉVRIER
Cotons i mars, baisse 3 points ; mai,
baisse 5 points ; juillet, baisse 3 points ; octo-
bre, baisse 2 points.
Cotée < baisse 21 à 24 points.
NEW-YORK, 28 FÉVRIER
(. N 1091 (. KICIBHT
Cuivre Standard disp. — — 13 50
— mars 13 50
Aiualgainat. Cop... 74 1/2 74 1/4
Ver....... — — 15 —
CHICAGO, 28 FÉVRIER
G. DD JOUR ; C. PRBCED
Blé sur Mai....... 94 1/2 94 5 8
- Juillet.... 88 3/4 89 1 4
Maïs sur Mai 67 3/8 . 67 t/-4
. — Juillet.... 66 7,8 66 7 8
Saindoux sur. Mai....... 10 SS 10 70
Juillet.... iO 71 10 90
AU CONGRÈS DES
FAMILLES NOMBREUSES
Lu,LE. — Le Congrès national de la Ligne
des familles nombreuses a décidé qu’aux
prochaines élections, la ligce demanderait le
vote familial, le degrèvement des impôts et
la réduction du service militaire pour les
bis des familles nombreuses.
LE PARTI CATHOLIQUE "
La réunion ténue hier par le nonvean Par-
ti catholique, sous la présidence da colonel
Relier, a décidé qu’aux élections, l’action des
catholiques s’exercera uniquement sur le
terrain religieux en dehors de tont parti po-
litique.
D’autre part, la formation d’nn Comité
centrai de quinze membres a été résolue.
LE VOL DU SAC POSTAL
M. Gilbert, Juge d’instruction, accompagné
de M. Mouton, directeur de la police judi-
ciaire, s’est rendu rue Chauchat pour le vol
du sac de dépêches.
Le chauffeur a déclaré qu’il était descendu
SD même temps que le facteur ctqu‘11 s‘cl-
perçut alors que ta porte avait été ouverte.
A plusieurs reprises il s’était déjà plaint dn
fonctionnement défectueux de cette porte.
D'après les .premiers renseignements re-
cueillis, le vol serait bien moins important
qu’on ne le supposait tout d’abord. Le sac
volé ne contenait en effet que 19 plis chargés
renfermabt des titres à renouveler ou à re-
couponner envoyés à des agents de change ;
des lettres recommandées à taxe réduite
contenant ordinairement des ordres de
bourse.
LA GRÈVE DES OFFICIERS
MÉCANICIENS
MARSEILLE. — Les officiers mécaniciens
ont auopte an ordre da jonr déclarant qne
dans le cas où à bord des navires d’nne com-
pagnie en grève, tes officiers- mécaniciens
seraient remplacés par des officiers de l'Etat
on des agents techniques, leurs collègues
des autres Compagnies débarqueraient aus-
sitôt.
LES PLAINTES CONTRE
LES FRÈRES LOONEN
M Buucard, juge d’instruction, a reçu hier
de nouvelles plaintes contre les frères Ro-,
bert et Pierre Looneu, mais elles ne portent
que sur des sommes peu importantes.
Le conseil judiciaire de Pierre Loonen qui
possède encore une certaine fortune, a offert
de desintéresser les plaignants et, dans tes
premiers jours de la semaine prochaine, il
déposera une demande de mise en liberté
provisoire.
LA GREVE DES MINEURS
CHARLEVILLE. — La grève des ardoisiers de
Fumay est complète.
On ne signale ancnn incident.
BÉZIERS, — A Graissessac, la grève conti-
nue. Hier soir, M. Barthe, député, a engagé
les grévistes à attendre pour reprendre le
travail ia décision de la Fédération.
Le calme est absolu.
L’ASSASSINAT DE M. CADIOU
BREST. — Le jugé d’instruction a entendu
M. Huet-Kerbriant, avocat, et le docteur
Prong, de Morlaix, amis de M. Cadiou, qui
lui ont déclaré que le 11 janvier, M. fiignard,
contremaître à l’usine, leur avait rapporté
que dans lajnatinée du 30 décembre, Si. Ca-
diou avait eu une vive altercation avec l’in-
génieur Pierre et que depuis il n’avait pas
revu son directeur.
Le contremaître interrogé a affirmé que
cette altercation remontait an mois de sep-
tembre, mais ies témoins ont persisté dans
leurs déclarations.
Avant sa mort, M. Cad Paris que l’ingénieur P,erre avait écrit à
l’inspecteur général des poudres et sapêtres
pour dénoncer à ce dernier certaines malfa-
çons. M. Cadiou, en rentrant à l’usine, avait
déclare au contremaître que M. Pierre ne
resterait pas longtemps à l’usine. M. Cadiou
eut avec l’ingenieur de très vives explica-
tions.
M. Pierre, confronté, a reconnu les faits.
CHEVILLIARD A ROME
ROME. — L’aviateur Chevilliard a effectué
hier umte la série de ses acrobaties aerien-
nes en présence du roi et de ia reine d’Ita-
lie, de M. Barrère, ambassadeur de France,
et d’une très nombreuse assistance.
LE TESTAMENT DU CARDINAL
RAMPOLLA
ROME. — Le bruit court que le trère du do-
aie .ique Garetti aurait soustrait le testament
du cardinal Rampoila qui n’a jamais été re-
(iroaTé ; 4 l'aurait remis au baron Pjirana.
L’IMPOT GÂILLAUX
Le Parlement et l’Opinion
Le Sénat, en repo ussant mercredi der-
nier l'amendement Perchot, avait manifesté
sa volonté de réaliser l’impôt sur le re-
venu par étapes, cédule par cédule. La
Chambre, sollicitée par M.' Caillaux d’a-
dopter la méthode du tont ou rien, s’est
ralliée vendredi à la manière de voir du
ministre des finances. Nous n’hésitons pas
à dire (et ancnn de nos lecteurs ne s’en
étonnera) qu’à nos yeux c’est le S énat qui
a raison.
M. Aimond et après Ini M. Ribot avaient
magistralement exposé, devant la Haute-
Assemblée, les arguments en faveur d’une
réforme réalisée cédule par cédule : on ne
peut jeter bas, d’un trait de plume, 700 mil-
lions de recettes existantes, alors qu’on
n’est pas d’accord sur ce qui les remplacera
demain ; on ne peut ûon plus prétendre con-
sidérer la réforme comme un bloc devant
être accepté ou rejeté dans son ensemble,
car à ce compte-là les améliorations étu-
diées, préparées, acceptées, immédiatement
réalisables, risquent d’attendre fort long-
temps une application vivement désirée par
le pays. Bâtir pierre par pierre l’édifice des
réformes, disjoindre constamment le possi-
ble du bloc enfariné des programmes, voilà
n’est-il pas vrai la politique la plus fé-
conde : ce fut toujours celle de notre parti,
et c’est à lui en effet que la République
doit les réalisations qui sout l’oeuvre essen-
tielle du régime. *
M. Briand, M. Millerand ont repris de-
vant la Chambre la thèse qui avait triom-
phé au Luxembourg. Réalisons de suite,
ont-ils dit, les deux premiers titres du pro-
jet, relatifs à la réforme de l’impôt foncier :
le Sénat étant d’accord, c’est chose possi-
ble immédiatement. Si l’on vent au con-
traire lier le sort des deux premiers titres
au sort de l'ensemble, nous prévoyons, nous
sommes même sûrs que rien ne sera fait
avant la fin de la législature. Retoume-
1 rons-nous donc les mains vides devant les.
élooteuro ?
La thèse est excellente, pleine de sages-
se et d’esprit pratique. Si l’on avait tou-
jours procédé de la sorte depuis dix ans,
qne de résultats auraient été obtenus I
Combien surtout notre système d’impôts
serait meilleur ! Mais cette méthode, qui
est a proprement parler la vieille et fécon-
de méthode opportuniste, a toujours trouvé
devant elle et contre elle la prétention tran-
chante des partisans du « tout ou rien ».
Cette prétention, M. Caillaux l’a renouve-
lée vendredi. Vous aurez la réforme foncière,
a-t-il répondu, mais seulement si vous y
joignez, en un tout inséparable, l’impôt
complémentaire. C’est bien, n’est-ce pas, le
tout ou rien. Or, dans l’espèce, le résultat
sera pure stérilité. Qui peut s’y tromper en
effet? Autant la masse de l’opinion est
d’accord sur la transformation de l’impôt
foncier, autant elle reste hésitante, inquiète,
méfiante devant l’impôt complémentaire.
Escompter le vote de l’impôt complémen-
taire par le Sénat d’ici les élections, c’est
donc être naïf ou volontairement dupe ; et
baser une politique financière immédiate,
comme prétend le faire M. Caillaux, sur le
vote conjugué d’un pareil ensemble, c’est
s'acculer, c’est se résigner par avance à
l’inaction.
Il n’y a rien là qui effraie le ministère.
Vivre, durer jusqu’aux élections, afin de
« faire les élections », voilà pour le mo-
ment son seul souci. Le budget peut rester
dans un jétat d’effrayant déficit, la dette
flottante peut s’enfler dans des proportions
jusqu’ici inconnues, des réformes utiles et
unanimement désiFées peuvent demeurer
en suspens, peu lui importe. Il lui suffit,
pour être satisfait, de faire voter un texte
de principe qui ne trompe personne, qui
n’engage personne, qui ne change rien à
rien. La Chambre, en le suivant dans cette
voie, ne se grandit pas et ne répond certes
pas au désir secret du pays. Est-elle prête
même à voter dans le détail ce qu’elle pré-
conise dans l’ensemble par une vague for-
mule, c’est plus que douteux. Ecoutez la
rumeur des couloirs, et vous constaterez
que les amis du ministère sont les premiers
à savoir et à dire qu’on ne fora rien.
La consultation du suffrage universel est
heureusement proche. Puisse-t-elle appor-
ter un peu de clarté dans ce maquis de
procédure parlementaire, où les affirma-
tions en apparence las plus nettes perdent
leur sens moral. Il y a en ce moment une
audacieuse entreprise pour imposer à la na-
tion un système d’impôts dont elle ne veut
pas, en présentant les adversaires du sys-
tème Caillaux comme des esprits rétroga-
des et des intéressés jaloux qui se refusent
à prendre leur part des charges nationales.
Et si le Sénat, soucieux de sa responsabi-
lité, refuse de se lier les mains par une
accession d’ensemble,' on l’accuse de réac-
tion ! Il est simplement une fois de plus,
dans l’espèce, le défenseur clairvoyant des
finances françaises et du véritable intérêt
républicain.
Quant à nous, il n’est rien, dans cette
discussion, qui doive nous gêner. Nous
nous sommes, à bien des reprises, déclarés
partisans de l’impôt sur le revenu. Mais
nous n’accepterons jamais en bloc le projet
Caillaux, en reflpûoaak comme ou voudrait
nous y acculer, à discuter séparément ses
parties. Nous saurons, le moment venu,
conseiller à la richesse acquise les sacrifi-
ces qu’elle doit au pays, mais nous croyons
fermement que l’inquisition fiscale est le
plus grave danger politique qui puisse me-
nacer la popularité du régime.
Grand journal d’une importante cité com-
merciale, en contact étroit avec les élé-
ments de travail et d’initiative qui font la
force et la grandeur de notre port, le Petit
Havre ne peut ignorer de quel oeil le com-
merce envisage les projets fiscaux du mi-
nistère. La transformation de la patente en
an impôt sur les bénéfices commerciaux a
par avance échoué devant un toile général
M. Mascuraud lui-même a exprimé, à ce
sujet, par un désaveu retentissant, l’opi-
nion autorisée de son milieu. Allons-nous
méconnaître la portée de ces graves objec-
tions ? Certainement non, et il n/y aura pas
de formule, si habile soit-elle, qui puisse
nous faire perdre de vue l’opinion véritable
du pays et l’opinion évidente de nos conci-
toyens.
P. H.
HüUEelissPoIitiques
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin, à l’Elysée, sous la
présidence de M. Poincaré.
M. Doumergue a entretenu ie Conseil des
affaires extérieures.
Le garde des sceaux a fait signer un mou-
vement judiciaire.
Le ministre de l’intérieur a fait connaîtra
qne les mouvements grévistes paraissent en
décroissance. -
M. René Renonlt a soumis à la signature
du président de la République un mouve-
ment administratif qui n’interesse pas notre
région.
La suite du mouvement intéressant les
sous-préfets, secrétaires généraux et con-
seil iers de préfecture, paraîtra incessam-
ment.
Le Conseil fixera dans sa prochaine réu-
nion la date des élections.
Le ministre des finances a fait signer nn
mouvement dans le hant personnel de l’ad-
ministration centrale des finances.
mmém
A TRAVERS L’ILE
L r- LES DANSEURS
Les prochaines Elections
Ainsi que nous le disons d’autre • part, le
Conseil des ministres, dans sa réunion d’bier,
a décidé de fixer d’une façon définitive, dans
sa séance de mardi prochain, la date des
élections législatives.
Il a considéré que l’état des travaux parle-
mentaires, dune part, et l’époque de l’annee
à laquelle nous sommes arrivés lui impo-
saient l’obligation d’arrêter la date à laquelle
les électeurs seront convoqués ponr le re-
nouvellement de ia Chambre.
Mais dès maintenant, on peut considérer
qu’à moins d’événement inopiné, c’est la
date du 26 avril qui sera choisie. Le second
tour de scrutin, en ce cas, aurait lien le
10 mai.
Ou pense que la semaine prochaine suffira
pour terminer le vote du budget des dépen-
ses, que la discussion des recettes et de la
loi de finances pourra commencer le 9 mars
à la Chambre et que les derniers jonrs du
mois de mars seraient employas par le Sé-
nat à discuter à son tour !e budget de 1914.
INFORMATIONS
L’Attentat de la Place du Havre
On a parlé de l’attentat de la place du Ha-
vre, vendredi, à la neuvième chambre de la
Seine ; vous vous souvenez : cet exploit des
brigands tragiques, de Bonnot et Garnier,
jeut-êire en personne, et probablement de
Gailemin, qui coûta la vie a an agent nom-
mé Garnier... Vieille histoire I
Au banc des prévenus auraient dû venir
s’asseoir deux agents, Lucy et Hénaffe, mais
m Hénafie ni Lucy ne parurent. Comme civi-
lement responsables, on amait dû voir, der-
rière eux, le préfet de police et M. Devos,
père du jeune automobiliste qui mit si cou-
rageusement sa personne et sa voiture au
service des policiers pour se lancer à la
poursuite de la fameuse limousine grise des
brigands anarchistes. Mais ni M. Hennion ni
M. Devos ne vinrent. Rien ne les y obligeait
d’ailleurs.
Ce remue-ménage judiciaire — il y avait
en outre trois avocats — était provoqué par
une petite femme, toute petite et qui, au
banc de la partie civile, se faisait encore
plus petite qu’elle n’est en réalité, Mlle Chan-
dor.
On se souvient peut-être que lorsque la 80
chevaux de M. Devos fut lancée à la pour-
suite de la limousine de Garnier, Bonnot,
etc., elle ne les atteignit pas, mais qu’elle
écrasa une femme devant le Printemps.
Cette femme, c’était justement Mlle Chan-
dor.
Et Mlle Chandor réclame aujourd’hui une
indemnité de 50,000 francs, car elle fut griê-,
ventent biessée ; elle resta longtemps immo-
bilisée an lit ; l’un dé ses bras a perdu en
p*rtie la facilité de se mouvoir ; elle a man-
qué un mariage ; enfin elle est menacée de
perdre sa place.
A qui doit-elle demander ces domfnages-
intérôts ? Qui doit les lui payer ? M. Devos ?
Le préfet ce ponce ?
M. Devos père, au nom de son fils, qui est
soldat au Maroc, et en son nom propre, puis-
lu’il est cité comme civilement responsable
ïe son fils, répond, par l’oigane de M« Les-
pianit : « Moi, je ne dois rien. Mon fils a mis
ma voiture à la disposition de ta police, la
aolice l'a acceptée. L'accident regarde la po-
ice. Il ferait beau voir que pouravoir voulu
■endre un service à la police et an public,
)n me force à verser 50,000 francs !
. — Moi, répond Me Ulrich, an nom du pré-
’et de police, je ne suis pas responsable,
l’est M. Devos qui conduisait. C’est lui qui a
ïommis une maladresse, et Mlle Chandor fut
jeut-être imprudente.
— Payez l’un oa l’antre, mais payez !
l’écrie, an nom de Mile Cbandor, Me Jean
Brack.
If ne peut y avoir, en effet, discussion sur
e principe, semble-t-il. C’est déjà trop que
a blesses ait été forcée de plaider et surtout
le plaider si longtemps.
Ce n’est d’ailleurs pas fini, le jugement ne
levant être rendu ou'à huitaine.
Photo Petit narre
Clici.e Petit Eavrt
LA HUE PEHCA\VSLLE
C’était an temps où le vieux qnartier Saint-
François apparaissait, plus encore qn’aujour-
d’hni, coloré d’originalité exotique et de pit-
toresque;.
_I1 en a gardé des teintes vi... -, qui font de
l’ile nn des coins les plus curieux de la Cité.
Le décor n’a pas sensiblement changé. C'est
toujours le même défilé d'enseignes violen-
tes empruntant parfois an rébas une publi-
cité fantaisiste, toujours les mêfnes mots
bretons, anglais, allemands, norvégiens qui
sainent les compatriotes an passage, les
aguichent, les appellent, leur disent du haut
des vitres qu’on parle ici ia langue mater-
nelle ou que la maison tient en réserve des
a spécialités * du pays.
Ii suffit de flâner le long des boutiques du
vieux quartier pour faire en pensée nn
voyage a travers le monde, rien que par
la lecture des mot3 peiuts au-dessus de ia
porte, par l’auuition des langages qui se
croisent à travers les rues.
Saint-François conserve cet aspect bien
particulier que le cosmopolitisme marque
d’une empreinte singulière.
Je ne sais de spectacle plus saisissant, pins
vivant que celui que livre aux regards de
l’observaieur la rue Faidherbe à certaines
heures de la journée. La sortie des ouvriers
l’emplit d’un mouvement et d’un bruit de
ruche libérée. D.ins le grouillement des cas-
quettes et des cottes, ies petites voitures des
marchands jettent des notes amusantes. Un
ftot humain roule sur les trottoirs, déborde,
bat les devantures avec nn bruit sourd
de marée montante. La contusion des dia-
lectes, ies intonations faubouriennes mê-
lées aux rudesses gutturales du matelot alle-
mand, anx gravités nasillardes de l’améri-
cain, au chant doux et dur tour à tour du
breton, tont penser à quelque Tour de B,ibsl
qui viendrait de congédier ses travailleurs.
L’ile demeure le dernier refuge du pittores-
que à une époque où les besotus d’air et de
lumière, l’expansion vers les banlieues, les
larges trouées faites dans la décrépitude des
logis centenaires tendent de plus en plus à
aligner, à niveler, à ramener les maisons
neuves à un type consacré, à- faire disparaî-
tre pen à peu devant les nécessités pratiques
du présent la physionomie des choses que le
temps déforma et habilla de sa patine.
Saint-François persiste à montrer des traits
de sa rusticité première. Ils ne sont pas seule-
ment dans ia silhouet e de ses vieilles demeu-
res, dans leur figure parcheminée, dans les
verrues de ses masures, dans la fantaisi» de ses
toits de tuiles moussues que les années ont
Cabossés, comme si les antiques soupentes
livrées â toutes les pluies, à tous les vents,
à toutes les rigueurs du ciel, s’étaient anky-
losés dans une déformation rhumatismale.
Ils ne sont pas seulement, ces traits, dans
te pittoresque intense des cours intérieures,
dans cet invraisemblable assemblage d’ar-
doises et de plâtras qui grimpe à l’escalade
des gouttières et pour la détresse duquel ies
tuyaux de plomb dégringolés des eviers
semblent jouer un rôle de tuteur.
Ils sont dans mille petits détails de la vie
de tous ies jours, dans une coutume, dans
uu vêtement, dans une coiffe qui passe.dans
un tablier de soie bleue, dans un chapeau
de feutre à boucle d’écaille, dans un mot
que le vent emporte, dans une simple pan-
carte collée aux carreaux.
Passez rue Faidherbe etderaandez le «con-
sul breton ». Le premier enfant venu vous
conduira auprès d’un brave homme qui
joint à ses aptitudes d’interprète des fonc-
tions d’écrivain public.
*
* *
Mais, en ce temps-là, le vienx quartier
était pins étrange encore.
Il avait des petits coins où la saveni origi-
nale semblait plus forte et plus spéciale. Il
avait les « boîtes anglaises », cafés-chamants
dont l’installation sommaire contribuait à ta
note pittoresque, boîtes à musique, en effet,
où chaque soir, de neuf à minuit, des girls
et des néjçros burlesques venaient an milieu
de la cdentèle chanter leûr romance et
danser leurs gigues.
Grimpés sur une scène minuscule qui
rappelait la caisse vid» mise sens dessus
dessous, ils défilaient sans arrêt, accompa-
gnés par les ritournelles d’un piano las
a’avoir gémi sous des doigts implacables.
Et je ,les revois encore, les petites Anglai-
sés aux perruqaes blondes, aux jupes de
satinette ronge, aux tabliers blancs qui les
faisaient ressembler à de grands bibies, la
corde à danser roulée autour de ia taille.
Je les retrouve sans peine, les pseudo
négros à la mine barbouillée de noir
de bouchon qui, durant des quarts d’heure
dansaient la gigue, faisant résonner les plan-
ches de leurs talons à garnitures métalli-
ques. Ils sautillaient toujours, inlassables, les
bras flasques, les yeux rivés à la pendule,
la face impassible, pendant que le public
enthousiaste acclamait le champion, lui je-
tait des sous, hurlait des « Assez I », des
« Naver more! » que le négro continuait sa
danse machinale, insensée, épileptique, et
que la sueur coulant à grosses gonttes fai-
sait apparaître des petits sillons blancs dans
l'épaisseur du maquillage...
Parmi les nuages de fumée de tabac qui
pesaient lourdement sur la foule écrasée au-
tour des tab>es, dans les appels du garçon —
Par ici, Carafon t — les petites Anglaises dé-
roulaient, avec des gestes de poupées auto-
matiques, la simplicité enfantine de leurs
couplets,
Et la gigue terminait la chanson suivant Le
principe classique qui voulait aussi que le
dernier pas fut marqué par un baiser en-
voyé sur un sourire traditionnel, d’un geste
sec, du bout des ongles.
« Star Music Hall », boite à musique
bizarre et drôle où nous conduisîmes
un jonr François Coppée, un pardessus
jeté sur sa tenue d’académicien. Il prit
un intérêt si vif à ce spectacle nouveau pour
lui, qu’il faillit oublier le banquet officiel
,ervi ce soïr-là en son honneur.
*
* *
Mais en ce temps, vieux de trente ans
bientôt, où florissaient la gigue intensive et
les naïvetés de Tiddy fol-ol, la scie anglaise
alors à la mode, Saint-François avait aussi
son bal public. Il était sans formalisme tout
en restant de bonne tenue.’ On l’appelait
tout simplement le Bal des Puces.
L’établissement s’ouvrait rue d’Edreville,
à peu près au milieu de cet étroit boyau dont
ies hautes maisons se rapprochaient plus
encore à leur faite, pour échanger nne fra-
ternelle accolade de mansardes.
Il avait eu des destinées plus henrenses,
un passé de fortune et de renommée.
Parfois, au hasard de mes promenades
journalières avec le brave père Charles Ves-
que, qui connaissait si bien son Havre et
l’aima jusqne dans «es pavés, le fidèle histo-
riographe de nos rues se plaisait à me rap-
peler les anciennes splendeurs de ce temple
très profane de ia chorégraphie excentrique.
Le père Duchemin avait créé là une salle
de danse devenue fameuse. Chaque soir on
y polkait avec ardeur aux accords du violon
et de la clarinette Les dansenrs acquittaient
par avance le prix de leurs plaisirs. Lors-
que ia bonne harmonie des couples avait
des faiblesses et qu’il importait de remettre
un peu de paix et de sagesse parmi 1’ « hono-
rable société », tfn’y avait qu’un saut à faire
p»ur aller demander assistance et « chercher
un homme au pont ».
C’étaient des événements exceptionnels.
Les.danseurs se faisaient généralement de-
voir de respecter la sérénité du père Duche-
min, son air amène et familial. Le mathurin
tapageur était prié dès le seuil d’aller crier
un peu plus'lom. Le Bal des Puces entendait
conserver sa réputation.
Je l’ai connu sur la fin de son règne. Le
succès l’avait quelque peu délaissé. La mai-
son était maussade et triste. D’impérieuses
raisons d’economie avaient fait sacrifier ie
luxe artistique. Le violon et la clarinette
avaient cédé la place à an simp e jouear
d’accordéon à ia foi faiblissante et frivole, car
il lui arrivait de s'arrêter au beau milieu
d’ua air, pour avaler un « doigt de vin
chaud ».
Mais on dansait toujours sous le papillon
de gaz de la saüe bas-e Polkeurs et valseurs
polissaient le plancher avec cette gravité ins-
tinctive que prend le populaie quand il se.
livre à la danse, comme s’il sacrifiait an
mystère d’un culte.
En ces temps là, les pas classiques de-
meuraient classiques ; le quadrille marquait
la limite des écarts fantaisistes, le « chahut»
des « Grille d’Egout » du moment n’étaient
qne des acrobaties de cabotines qni rava-
laient l’art noble. Le Tango ne songeait pas
encore à traverser les océans pour venir
révolutionner ies salons et scandaliser on
pape i
***
Un café-concert, La Scala, avait non loin
de là, la porte de ses coulisses. 11 arrivait
parfois qu’en quittant ses tréteaux, le tra-
! vail journalier fini, le « comique danseur »
à peine dégrime à grands coups de vaseline,
se hasardait jusqu à la porte au bal voisin.
C’était un artiste du genre, ce comique. Il
savait sur le bont du pied des chorégraphiés
exotiques. Il avait coutume de paraître en
scène en maillot noir, en frac et cravate
blanche. Ii saluait le public avec quelques
« jetés-battus » pleins de souplesse. II chan-
tait des rimes indigentes mais sincères :
Je débute dans la danse
I Et par mes nombreux progrès,
T Je compte bientôt, je pense,
| Remporter quelques succès.
| Et là-dessus, le comique-danseur vous fai-
sait passer avec lui en Angleterre, en Chine,
en RusSîe, en Italie. Ii évoquait tout cela par
des pas d’un pittoresque délicieusement
conventionnel, il avait dans les pieds la gigue
du matelot britannique, des sauts du man-
darin, les bras en chandeliers, l’index vers
le ciel, la danse des clavicules, avec les
jambes pliées brusquement détendues, à la
moujik, la Tarentelle trépidante arrosée
d’éclats de tambour de basque.
Et l’on revenait én France en dessinant, à
la grande joie de la salle, nne silhouette cra-
puleuse de rôdeur de barrière qui se déhan-
chait, se dépensait en gestes grossiers, dans
la folie exubérante d’un quadrille dit réa-
liste...
Oui, ces soirs-là, après avoir ramassé ses
« moissons de lauriers », le comique dan-
seur venait faire acte de repentance en ren-
dant hommage à ia correction classique.
La France avait mieux que les entrechats
de Valemin-ie-Désossé. Elle savait encore
danser saivant les vieux principes, et le Bai
des PuceS, sous ia vulgarité de son titre et
ie sans-façon de ses casquettes, savait don-
ner l’exemple d’une décence en forme de
po!k i on de valse..,
**#
Le noir boyau de la roe d’Edreviile s’est
élargi, transformé. Des bicoques sont tom-
bées pour amener là plus d'air et de lumiè-
re, faire dans la détresse de ces choses ago-
nisantes nne trouée de vie et de sauté.
Le bai Duchemin est aujourd’hui occupé
par l’entrepôt d’un marchand de vin...
Le soir, quand on passe dans les rues do
i’ile, des échos de musique vous arrivent
encore. Oa danse derrière ies vitres anx
rideaux clos, la salle de café débarrassée de
ses tables de bois blanc poussées contre les
mars.
Et les rusticités armoricaines, les gars de
la mer, les simples qu’entraînent une ritoar*
nelle d’accordéon paraissent ignorer encore
qu'il y a un tango, une furlana, des pas nou-
veaux révolutionnaires.
C’est encore l’âge des anciens rythmes.
Dans son décor archaïque de Saint-François,
C’est toujours le Passe qui danse.
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
Vol d'un Sac postal
Un vol important a été commis hier ma-
tin, à Paris, dans des conditions particulié-
rement audacieuses.
Chaque matin, un fourgon postal quitte le
bureau central de la rue Jean-Jacques Rous-
seau. Ce fourgon contient des sacs de va-
leurs à destination des grandes banques, des
Compagnies d’assurances et des agents de
change.
A 9 h. 1/2, le fourgon était arrêté me
Chauchat, devant la Banqne de l’Union Pari-
sienne, lorsqn’en déchargeant le sac destiné
à cette banque le commis des postes s’aper-
çut que le sac n» 5, adressé au Syndicat dès
agents de change, avait dispara.
Avant d’effectuer la livraison à la banqne
de l’Union Parisienne, le fourgon postal était
successivement allé à la Banque de Paris et
des Pays Bas, à la Société Générale et à la
Banqne Lehideux.
On ne peut donc établir à quel instant le
vol fut commis.
Cé sac contenait S lettres recommandées,
81 objets « à prix réduit» (ordres de Bourse)
et 19 valeurs déclarées (titres ou paquets de
titres).
Le montant du vol n’a pu être évalné sur
ie champ, la valeur des titres n’étant pas en-
core connue, mais il doit être considé-
rable.
drap Los®
Journée du Dimanche 1er Mars 1914
Le Havre.
SOCIÉTÉ DE TIR D’ALERTE (rue J.-B.-Eyrlès, 74).—
Be 9 b. a midi, de il h. à 17 h. Dernière journée
du Concours public dit «Pique-Nique» au fusil ou
mousqueton (Jouvet).
SALLE FRANKLIN. — A 14 h. 1/2. — Fête de la
« Mutualité Scolaire ».
SALLE DE LA LYRE HAVRAISE. — A ii h. t/2.
Concert et Bal de l’« Amicale des Instituteurs et
Institutrices ».
— A 2u b. t/2. Concert-Sauterie de l’« Union
Amicale des Ouvriers Coiffeurs ».
HÔTEL DES SOCIÉTÉS — A 11 b. 30, Matinée dan-
sante de la Société Modrrn-Styte.
Au MUSÉUM D'HISTOIHE NATURELLE. — Exposition
de poissons exotiques et de tonnes aquatiques
vivants.
GRAKD-THBATRB. — En matinée et soirée. Re-
présentations théâtrales.
THÉÂTRE-CIRQUE OMNIA. — En matinée et soirée
séances de Cinéma Pathé frères.
CINÉMA-GAUMONT. — En matinée et soirée pro-
jecions cinématographiques
RURSAAL-UINKMA. — En matinée et soirée, sôan
ces de Cinéma.
FOLIKS-BEROÉRI. — En matinée et en soirée, re-
vue locale : A la Gare t Scènes nouvelles.
SALLE DES FÊTES DE L’EURE. — En matinée a
soirée, séances du « Modern-Cinéma ».
GRANDE TAVERNE. — Apéritifs-concerts, Soiréf
artistique.
BRASSERIE UNIVERSELLE. — Apéritif-concert ri
soirée musicale
BRASSERIE TORTONI. — De 18 h. à 19 h. 1/4, Apé>
rkif-C*nceri.
BILLARD-PALACE — A 21 h. Cinéma. Concert
vocal et instrumental
Graville Sainte-Honorine. — Elections mu*
nicinales complémentaires.
Administrateur • Dél égaé - Gérant
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne t'Administration
à M. 0. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adressa Télégraphique : RANDOLET Havre
Adiioistration. Impressions et Annonces, TÉ1.10.17
Le Petit Havre
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Le plus fort Tirage des Joïtrnaux de la Région
REDACTION
Adresser tout oe qul.ooaoerne la Rédaotloa
85, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE t iv« *r.eo
AU HAVRE..... BUREAU DU JOURNAL, 112, boul* deStrasoourg. 9
( L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est I
A PARIS.-..-»*.. | seule chargée de recevoir les Annonces pour n
( ie Journal. fl
Le PETIT HAVRE est désigné pour les Annonces Judiciaires et légales
ABONNEMENTS TROIS Mois Six Mois* UN AN
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,; , r_ __ _ ,
l’Oise et la Somme . 4 BO ° Fr- * **
Autres Départements. 6 Fr. 11 50 S2S2 »
Union Postale ÎO » BO Fr AO »
On s’abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux da Poste de France
llHltlI IEEE
Paru, trois heures matin
DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 28 FÉVRIER
Cotons i mars, baisse 3 points ; mai,
baisse 5 points ; juillet, baisse 3 points ; octo-
bre, baisse 2 points.
Cotée < baisse 21 à 24 points.
NEW-YORK, 28 FÉVRIER
(. N 1091 (. KICIBHT
Cuivre Standard disp. — — 13 50
— mars 13 50
Aiualgainat. Cop... 74 1/2 74 1/4
Ver....... — — 15 —
CHICAGO, 28 FÉVRIER
G. DD JOUR ; C. PRBCED
Blé sur Mai....... 94 1/2 94 5 8
- Juillet.... 88 3/4 89 1 4
Maïs sur Mai 67 3/8 . 67 t/-4
. — Juillet.... 66 7,8 66 7 8
Saindoux sur. Mai....... 10 SS 10 70
Juillet.... iO 71 10 90
AU CONGRÈS DES
FAMILLES NOMBREUSES
Lu,LE. — Le Congrès national de la Ligne
des familles nombreuses a décidé qu’aux
prochaines élections, la ligce demanderait le
vote familial, le degrèvement des impôts et
la réduction du service militaire pour les
bis des familles nombreuses.
LE PARTI CATHOLIQUE "
La réunion ténue hier par le nonvean Par-
ti catholique, sous la présidence da colonel
Relier, a décidé qu’aux élections, l’action des
catholiques s’exercera uniquement sur le
terrain religieux en dehors de tont parti po-
litique.
D’autre part, la formation d’nn Comité
centrai de quinze membres a été résolue.
LE VOL DU SAC POSTAL
M. Gilbert, Juge d’instruction, accompagné
de M. Mouton, directeur de la police judi-
ciaire, s’est rendu rue Chauchat pour le vol
du sac de dépêches.
Le chauffeur a déclaré qu’il était descendu
SD même temps que le facteur ctqu‘11 s‘cl-
perçut alors que ta porte avait été ouverte.
A plusieurs reprises il s’était déjà plaint dn
fonctionnement défectueux de cette porte.
D'après les .premiers renseignements re-
cueillis, le vol serait bien moins important
qu’on ne le supposait tout d’abord. Le sac
volé ne contenait en effet que 19 plis chargés
renfermabt des titres à renouveler ou à re-
couponner envoyés à des agents de change ;
des lettres recommandées à taxe réduite
contenant ordinairement des ordres de
bourse.
LA GRÈVE DES OFFICIERS
MÉCANICIENS
MARSEILLE. — Les officiers mécaniciens
ont auopte an ordre da jonr déclarant qne
dans le cas où à bord des navires d’nne com-
pagnie en grève, tes officiers- mécaniciens
seraient remplacés par des officiers de l'Etat
on des agents techniques, leurs collègues
des autres Compagnies débarqueraient aus-
sitôt.
LES PLAINTES CONTRE
LES FRÈRES LOONEN
M Buucard, juge d’instruction, a reçu hier
de nouvelles plaintes contre les frères Ro-,
bert et Pierre Looneu, mais elles ne portent
que sur des sommes peu importantes.
Le conseil judiciaire de Pierre Loonen qui
possède encore une certaine fortune, a offert
de desintéresser les plaignants et, dans tes
premiers jours de la semaine prochaine, il
déposera une demande de mise en liberté
provisoire.
LA GREVE DES MINEURS
CHARLEVILLE. — La grève des ardoisiers de
Fumay est complète.
On ne signale ancnn incident.
BÉZIERS, — A Graissessac, la grève conti-
nue. Hier soir, M. Barthe, député, a engagé
les grévistes à attendre pour reprendre le
travail ia décision de la Fédération.
Le calme est absolu.
L’ASSASSINAT DE M. CADIOU
BREST. — Le jugé d’instruction a entendu
M. Huet-Kerbriant, avocat, et le docteur
Prong, de Morlaix, amis de M. Cadiou, qui
lui ont déclaré que le 11 janvier, M. fiignard,
contremaître à l’usine, leur avait rapporté
que dans lajnatinée du 30 décembre, Si. Ca-
diou avait eu une vive altercation avec l’in-
génieur Pierre et que depuis il n’avait pas
revu son directeur.
Le contremaître interrogé a affirmé que
cette altercation remontait an mois de sep-
tembre, mais ies témoins ont persisté dans
leurs déclarations.
Avant sa mort, M. Cad
l’inspecteur général des poudres et sapêtres
pour dénoncer à ce dernier certaines malfa-
çons. M. Cadiou, en rentrant à l’usine, avait
déclare au contremaître que M. Pierre ne
resterait pas longtemps à l’usine. M. Cadiou
eut avec l’ingenieur de très vives explica-
tions.
M. Pierre, confronté, a reconnu les faits.
CHEVILLIARD A ROME
ROME. — L’aviateur Chevilliard a effectué
hier umte la série de ses acrobaties aerien-
nes en présence du roi et de ia reine d’Ita-
lie, de M. Barrère, ambassadeur de France,
et d’une très nombreuse assistance.
LE TESTAMENT DU CARDINAL
RAMPOLLA
ROME. — Le bruit court que le trère du do-
aie .ique Garetti aurait soustrait le testament
du cardinal Rampoila qui n’a jamais été re-
(iroaTé ; 4 l'aurait remis au baron Pjirana.
L’IMPOT GÂILLAUX
Le Parlement et l’Opinion
Le Sénat, en repo ussant mercredi der-
nier l'amendement Perchot, avait manifesté
sa volonté de réaliser l’impôt sur le re-
venu par étapes, cédule par cédule. La
Chambre, sollicitée par M.' Caillaux d’a-
dopter la méthode du tont ou rien, s’est
ralliée vendredi à la manière de voir du
ministre des finances. Nous n’hésitons pas
à dire (et ancnn de nos lecteurs ne s’en
étonnera) qu’à nos yeux c’est le S énat qui
a raison.
M. Aimond et après Ini M. Ribot avaient
magistralement exposé, devant la Haute-
Assemblée, les arguments en faveur d’une
réforme réalisée cédule par cédule : on ne
peut jeter bas, d’un trait de plume, 700 mil-
lions de recettes existantes, alors qu’on
n’est pas d’accord sur ce qui les remplacera
demain ; on ne peut ûon plus prétendre con-
sidérer la réforme comme un bloc devant
être accepté ou rejeté dans son ensemble,
car à ce compte-là les améliorations étu-
diées, préparées, acceptées, immédiatement
réalisables, risquent d’attendre fort long-
temps une application vivement désirée par
le pays. Bâtir pierre par pierre l’édifice des
réformes, disjoindre constamment le possi-
ble du bloc enfariné des programmes, voilà
n’est-il pas vrai la politique la plus fé-
conde : ce fut toujours celle de notre parti,
et c’est à lui en effet que la République
doit les réalisations qui sout l’oeuvre essen-
tielle du régime. *
M. Briand, M. Millerand ont repris de-
vant la Chambre la thèse qui avait triom-
phé au Luxembourg. Réalisons de suite,
ont-ils dit, les deux premiers titres du pro-
jet, relatifs à la réforme de l’impôt foncier :
le Sénat étant d’accord, c’est chose possi-
ble immédiatement. Si l’on vent au con-
traire lier le sort des deux premiers titres
au sort de l'ensemble, nous prévoyons, nous
sommes même sûrs que rien ne sera fait
avant la fin de la législature. Retoume-
1 rons-nous donc les mains vides devant les.
élooteuro ?
La thèse est excellente, pleine de sages-
se et d’esprit pratique. Si l’on avait tou-
jours procédé de la sorte depuis dix ans,
qne de résultats auraient été obtenus I
Combien surtout notre système d’impôts
serait meilleur ! Mais cette méthode, qui
est a proprement parler la vieille et fécon-
de méthode opportuniste, a toujours trouvé
devant elle et contre elle la prétention tran-
chante des partisans du « tout ou rien ».
Cette prétention, M. Caillaux l’a renouve-
lée vendredi. Vous aurez la réforme foncière,
a-t-il répondu, mais seulement si vous y
joignez, en un tout inséparable, l’impôt
complémentaire. C’est bien, n’est-ce pas, le
tout ou rien. Or, dans l’espèce, le résultat
sera pure stérilité. Qui peut s’y tromper en
effet? Autant la masse de l’opinion est
d’accord sur la transformation de l’impôt
foncier, autant elle reste hésitante, inquiète,
méfiante devant l’impôt complémentaire.
Escompter le vote de l’impôt complémen-
taire par le Sénat d’ici les élections, c’est
donc être naïf ou volontairement dupe ; et
baser une politique financière immédiate,
comme prétend le faire M. Caillaux, sur le
vote conjugué d’un pareil ensemble, c’est
s'acculer, c’est se résigner par avance à
l’inaction.
Il n’y a rien là qui effraie le ministère.
Vivre, durer jusqu’aux élections, afin de
« faire les élections », voilà pour le mo-
ment son seul souci. Le budget peut rester
dans un jétat d’effrayant déficit, la dette
flottante peut s’enfler dans des proportions
jusqu’ici inconnues, des réformes utiles et
unanimement désiFées peuvent demeurer
en suspens, peu lui importe. Il lui suffit,
pour être satisfait, de faire voter un texte
de principe qui ne trompe personne, qui
n’engage personne, qui ne change rien à
rien. La Chambre, en le suivant dans cette
voie, ne se grandit pas et ne répond certes
pas au désir secret du pays. Est-elle prête
même à voter dans le détail ce qu’elle pré-
conise dans l’ensemble par une vague for-
mule, c’est plus que douteux. Ecoutez la
rumeur des couloirs, et vous constaterez
que les amis du ministère sont les premiers
à savoir et à dire qu’on ne fora rien.
La consultation du suffrage universel est
heureusement proche. Puisse-t-elle appor-
ter un peu de clarté dans ce maquis de
procédure parlementaire, où les affirma-
tions en apparence las plus nettes perdent
leur sens moral. Il y a en ce moment une
audacieuse entreprise pour imposer à la na-
tion un système d’impôts dont elle ne veut
pas, en présentant les adversaires du sys-
tème Caillaux comme des esprits rétroga-
des et des intéressés jaloux qui se refusent
à prendre leur part des charges nationales.
Et si le Sénat, soucieux de sa responsabi-
lité, refuse de se lier les mains par une
accession d’ensemble,' on l’accuse de réac-
tion ! Il est simplement une fois de plus,
dans l’espèce, le défenseur clairvoyant des
finances françaises et du véritable intérêt
républicain.
Quant à nous, il n’est rien, dans cette
discussion, qui doive nous gêner. Nous
nous sommes, à bien des reprises, déclarés
partisans de l’impôt sur le revenu. Mais
nous n’accepterons jamais en bloc le projet
Caillaux, en reflpûoaak comme ou voudrait
nous y acculer, à discuter séparément ses
parties. Nous saurons, le moment venu,
conseiller à la richesse acquise les sacrifi-
ces qu’elle doit au pays, mais nous croyons
fermement que l’inquisition fiscale est le
plus grave danger politique qui puisse me-
nacer la popularité du régime.
Grand journal d’une importante cité com-
merciale, en contact étroit avec les élé-
ments de travail et d’initiative qui font la
force et la grandeur de notre port, le Petit
Havre ne peut ignorer de quel oeil le com-
merce envisage les projets fiscaux du mi-
nistère. La transformation de la patente en
an impôt sur les bénéfices commerciaux a
par avance échoué devant un toile général
M. Mascuraud lui-même a exprimé, à ce
sujet, par un désaveu retentissant, l’opi-
nion autorisée de son milieu. Allons-nous
méconnaître la portée de ces graves objec-
tions ? Certainement non, et il n/y aura pas
de formule, si habile soit-elle, qui puisse
nous faire perdre de vue l’opinion véritable
du pays et l’opinion évidente de nos conci-
toyens.
P. H.
HüUEelissPoIitiques
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin, à l’Elysée, sous la
présidence de M. Poincaré.
M. Doumergue a entretenu ie Conseil des
affaires extérieures.
Le garde des sceaux a fait signer un mou-
vement judiciaire.
Le ministre de l’intérieur a fait connaîtra
qne les mouvements grévistes paraissent en
décroissance. -
M. René Renonlt a soumis à la signature
du président de la République un mouve-
ment administratif qui n’interesse pas notre
région.
La suite du mouvement intéressant les
sous-préfets, secrétaires généraux et con-
seil iers de préfecture, paraîtra incessam-
ment.
Le Conseil fixera dans sa prochaine réu-
nion la date des élections.
Le ministre des finances a fait signer nn
mouvement dans le hant personnel de l’ad-
ministration centrale des finances.
mmém
A TRAVERS L’ILE
L r- LES DANSEURS
Les prochaines Elections
Ainsi que nous le disons d’autre • part, le
Conseil des ministres, dans sa réunion d’bier,
a décidé de fixer d’une façon définitive, dans
sa séance de mardi prochain, la date des
élections législatives.
Il a considéré que l’état des travaux parle-
mentaires, dune part, et l’époque de l’annee
à laquelle nous sommes arrivés lui impo-
saient l’obligation d’arrêter la date à laquelle
les électeurs seront convoqués ponr le re-
nouvellement de ia Chambre.
Mais dès maintenant, on peut considérer
qu’à moins d’événement inopiné, c’est la
date du 26 avril qui sera choisie. Le second
tour de scrutin, en ce cas, aurait lien le
10 mai.
Ou pense que la semaine prochaine suffira
pour terminer le vote du budget des dépen-
ses, que la discussion des recettes et de la
loi de finances pourra commencer le 9 mars
à la Chambre et que les derniers jonrs du
mois de mars seraient employas par le Sé-
nat à discuter à son tour !e budget de 1914.
INFORMATIONS
L’Attentat de la Place du Havre
On a parlé de l’attentat de la place du Ha-
vre, vendredi, à la neuvième chambre de la
Seine ; vous vous souvenez : cet exploit des
brigands tragiques, de Bonnot et Garnier,
jeut-êire en personne, et probablement de
Gailemin, qui coûta la vie a an agent nom-
mé Garnier... Vieille histoire I
Au banc des prévenus auraient dû venir
s’asseoir deux agents, Lucy et Hénaffe, mais
m Hénafie ni Lucy ne parurent. Comme civi-
lement responsables, on amait dû voir, der-
rière eux, le préfet de police et M. Devos,
père du jeune automobiliste qui mit si cou-
rageusement sa personne et sa voiture au
service des policiers pour se lancer à la
poursuite de la fameuse limousine grise des
brigands anarchistes. Mais ni M. Hennion ni
M. Devos ne vinrent. Rien ne les y obligeait
d’ailleurs.
Ce remue-ménage judiciaire — il y avait
en outre trois avocats — était provoqué par
une petite femme, toute petite et qui, au
banc de la partie civile, se faisait encore
plus petite qu’elle n’est en réalité, Mlle Chan-
dor.
On se souvient peut-être que lorsque la 80
chevaux de M. Devos fut lancée à la pour-
suite de la limousine de Garnier, Bonnot,
etc., elle ne les atteignit pas, mais qu’elle
écrasa une femme devant le Printemps.
Cette femme, c’était justement Mlle Chan-
dor.
Et Mlle Chandor réclame aujourd’hui une
indemnité de 50,000 francs, car elle fut griê-,
ventent biessée ; elle resta longtemps immo-
bilisée an lit ; l’un dé ses bras a perdu en
p*rtie la facilité de se mouvoir ; elle a man-
qué un mariage ; enfin elle est menacée de
perdre sa place.
A qui doit-elle demander ces domfnages-
intérôts ? Qui doit les lui payer ? M. Devos ?
Le préfet ce ponce ?
M. Devos père, au nom de son fils, qui est
soldat au Maroc, et en son nom propre, puis-
lu’il est cité comme civilement responsable
ïe son fils, répond, par l’oigane de M« Les-
pianit : « Moi, je ne dois rien. Mon fils a mis
ma voiture à la disposition de ta police, la
aolice l'a acceptée. L'accident regarde la po-
ice. Il ferait beau voir que pouravoir voulu
■endre un service à la police et an public,
)n me force à verser 50,000 francs !
. — Moi, répond Me Ulrich, an nom du pré-
’et de police, je ne suis pas responsable,
l’est M. Devos qui conduisait. C’est lui qui a
ïommis une maladresse, et Mlle Chandor fut
jeut-être imprudente.
— Payez l’un oa l’antre, mais payez !
l’écrie, an nom de Mile Cbandor, Me Jean
Brack.
If ne peut y avoir, en effet, discussion sur
e principe, semble-t-il. C’est déjà trop que
a blesses ait été forcée de plaider et surtout
le plaider si longtemps.
Ce n’est d’ailleurs pas fini, le jugement ne
levant être rendu ou'à huitaine.
Photo Petit narre
Clici.e Petit Eavrt
LA HUE PEHCA\VSLLE
C’était an temps où le vieux qnartier Saint-
François apparaissait, plus encore qn’aujour-
d’hni, coloré d’originalité exotique et de pit-
toresque;.
_I1 en a gardé des teintes vi... -, qui font de
l’ile nn des coins les plus curieux de la Cité.
Le décor n’a pas sensiblement changé. C'est
toujours le même défilé d'enseignes violen-
tes empruntant parfois an rébas une publi-
cité fantaisiste, toujours les mêfnes mots
bretons, anglais, allemands, norvégiens qui
sainent les compatriotes an passage, les
aguichent, les appellent, leur disent du haut
des vitres qu’on parle ici ia langue mater-
nelle ou que la maison tient en réserve des
a spécialités * du pays.
Ii suffit de flâner le long des boutiques du
vieux quartier pour faire en pensée nn
voyage a travers le monde, rien que par
la lecture des mot3 peiuts au-dessus de ia
porte, par l’auuition des langages qui se
croisent à travers les rues.
Saint-François conserve cet aspect bien
particulier que le cosmopolitisme marque
d’une empreinte singulière.
Je ne sais de spectacle plus saisissant, pins
vivant que celui que livre aux regards de
l’observaieur la rue Faidherbe à certaines
heures de la journée. La sortie des ouvriers
l’emplit d’un mouvement et d’un bruit de
ruche libérée. D.ins le grouillement des cas-
quettes et des cottes, ies petites voitures des
marchands jettent des notes amusantes. Un
ftot humain roule sur les trottoirs, déborde,
bat les devantures avec nn bruit sourd
de marée montante. La contusion des dia-
lectes, ies intonations faubouriennes mê-
lées aux rudesses gutturales du matelot alle-
mand, anx gravités nasillardes de l’améri-
cain, au chant doux et dur tour à tour du
breton, tont penser à quelque Tour de B,ibsl
qui viendrait de congédier ses travailleurs.
L’ile demeure le dernier refuge du pittores-
que à une époque où les besotus d’air et de
lumière, l’expansion vers les banlieues, les
larges trouées faites dans la décrépitude des
logis centenaires tendent de plus en plus à
aligner, à niveler, à ramener les maisons
neuves à un type consacré, à- faire disparaî-
tre pen à peu devant les nécessités pratiques
du présent la physionomie des choses que le
temps déforma et habilla de sa patine.
Saint-François persiste à montrer des traits
de sa rusticité première. Ils ne sont pas seule-
ment dans ia silhouet e de ses vieilles demeu-
res, dans leur figure parcheminée, dans les
verrues de ses masures, dans la fantaisi» de ses
toits de tuiles moussues que les années ont
Cabossés, comme si les antiques soupentes
livrées â toutes les pluies, à tous les vents,
à toutes les rigueurs du ciel, s’étaient anky-
losés dans une déformation rhumatismale.
Ils ne sont pas seulement, ces traits, dans
te pittoresque intense des cours intérieures,
dans cet invraisemblable assemblage d’ar-
doises et de plâtras qui grimpe à l’escalade
des gouttières et pour la détresse duquel ies
tuyaux de plomb dégringolés des eviers
semblent jouer un rôle de tuteur.
Ils sont dans mille petits détails de la vie
de tous ies jours, dans une coutume, dans
uu vêtement, dans une coiffe qui passe.dans
un tablier de soie bleue, dans un chapeau
de feutre à boucle d’écaille, dans un mot
que le vent emporte, dans une simple pan-
carte collée aux carreaux.
Passez rue Faidherbe etderaandez le «con-
sul breton ». Le premier enfant venu vous
conduira auprès d’un brave homme qui
joint à ses aptitudes d’interprète des fonc-
tions d’écrivain public.
*
* *
Mais, en ce temps-là, le vienx quartier
était pins étrange encore.
Il avait des petits coins où la saveni origi-
nale semblait plus forte et plus spéciale. Il
avait les « boîtes anglaises », cafés-chamants
dont l’installation sommaire contribuait à ta
note pittoresque, boîtes à musique, en effet,
où chaque soir, de neuf à minuit, des girls
et des néjçros burlesques venaient an milieu
de la cdentèle chanter leûr romance et
danser leurs gigues.
Grimpés sur une scène minuscule qui
rappelait la caisse vid» mise sens dessus
dessous, ils défilaient sans arrêt, accompa-
gnés par les ritournelles d’un piano las
a’avoir gémi sous des doigts implacables.
Et je ,les revois encore, les petites Anglai-
sés aux perruqaes blondes, aux jupes de
satinette ronge, aux tabliers blancs qui les
faisaient ressembler à de grands bibies, la
corde à danser roulée autour de ia taille.
Je les retrouve sans peine, les pseudo
négros à la mine barbouillée de noir
de bouchon qui, durant des quarts d’heure
dansaient la gigue, faisant résonner les plan-
ches de leurs talons à garnitures métalli-
ques. Ils sautillaient toujours, inlassables, les
bras flasques, les yeux rivés à la pendule,
la face impassible, pendant que le public
enthousiaste acclamait le champion, lui je-
tait des sous, hurlait des « Assez I », des
« Naver more! » que le négro continuait sa
danse machinale, insensée, épileptique, et
que la sueur coulant à grosses gonttes fai-
sait apparaître des petits sillons blancs dans
l'épaisseur du maquillage...
Parmi les nuages de fumée de tabac qui
pesaient lourdement sur la foule écrasée au-
tour des tab>es, dans les appels du garçon —
Par ici, Carafon t — les petites Anglaises dé-
roulaient, avec des gestes de poupées auto-
matiques, la simplicité enfantine de leurs
couplets,
Et la gigue terminait la chanson suivant Le
principe classique qui voulait aussi que le
dernier pas fut marqué par un baiser en-
voyé sur un sourire traditionnel, d’un geste
sec, du bout des ongles.
« Star Music Hall », boite à musique
bizarre et drôle où nous conduisîmes
un jonr François Coppée, un pardessus
jeté sur sa tenue d’académicien. Il prit
un intérêt si vif à ce spectacle nouveau pour
lui, qu’il faillit oublier le banquet officiel
,ervi ce soïr-là en son honneur.
*
* *
Mais en ce temps, vieux de trente ans
bientôt, où florissaient la gigue intensive et
les naïvetés de Tiddy fol-ol, la scie anglaise
alors à la mode, Saint-François avait aussi
son bal public. Il était sans formalisme tout
en restant de bonne tenue.’ On l’appelait
tout simplement le Bal des Puces.
L’établissement s’ouvrait rue d’Edreville,
à peu près au milieu de cet étroit boyau dont
ies hautes maisons se rapprochaient plus
encore à leur faite, pour échanger nne fra-
ternelle accolade de mansardes.
Il avait eu des destinées plus henrenses,
un passé de fortune et de renommée.
Parfois, au hasard de mes promenades
journalières avec le brave père Charles Ves-
que, qui connaissait si bien son Havre et
l’aima jusqne dans «es pavés, le fidèle histo-
riographe de nos rues se plaisait à me rap-
peler les anciennes splendeurs de ce temple
très profane de ia chorégraphie excentrique.
Le père Duchemin avait créé là une salle
de danse devenue fameuse. Chaque soir on
y polkait avec ardeur aux accords du violon
et de la clarinette Les dansenrs acquittaient
par avance le prix de leurs plaisirs. Lors-
que ia bonne harmonie des couples avait
des faiblesses et qu’il importait de remettre
un peu de paix et de sagesse parmi 1’ « hono-
rable société », tfn’y avait qu’un saut à faire
p»ur aller demander assistance et « chercher
un homme au pont ».
C’étaient des événements exceptionnels.
Les.danseurs se faisaient généralement de-
voir de respecter la sérénité du père Duche-
min, son air amène et familial. Le mathurin
tapageur était prié dès le seuil d’aller crier
un peu plus'lom. Le Bal des Puces entendait
conserver sa réputation.
Je l’ai connu sur la fin de son règne. Le
succès l’avait quelque peu délaissé. La mai-
son était maussade et triste. D’impérieuses
raisons d’economie avaient fait sacrifier ie
luxe artistique. Le violon et la clarinette
avaient cédé la place à an simp e jouear
d’accordéon à ia foi faiblissante et frivole, car
il lui arrivait de s'arrêter au beau milieu
d’ua air, pour avaler un « doigt de vin
chaud ».
Mais on dansait toujours sous le papillon
de gaz de la saüe bas-e Polkeurs et valseurs
polissaient le plancher avec cette gravité ins-
tinctive que prend le populaie quand il se.
livre à la danse, comme s’il sacrifiait an
mystère d’un culte.
En ces temps là, les pas classiques de-
meuraient classiques ; le quadrille marquait
la limite des écarts fantaisistes, le « chahut»
des « Grille d’Egout » du moment n’étaient
qne des acrobaties de cabotines qni rava-
laient l’art noble. Le Tango ne songeait pas
encore à traverser les océans pour venir
révolutionner ies salons et scandaliser on
pape i
***
Un café-concert, La Scala, avait non loin
de là, la porte de ses coulisses. 11 arrivait
parfois qu’en quittant ses tréteaux, le tra-
! vail journalier fini, le « comique danseur »
à peine dégrime à grands coups de vaseline,
se hasardait jusqu à la porte au bal voisin.
C’était un artiste du genre, ce comique. Il
savait sur le bont du pied des chorégraphiés
exotiques. Il avait coutume de paraître en
scène en maillot noir, en frac et cravate
blanche. Ii saluait le public avec quelques
« jetés-battus » pleins de souplesse. II chan-
tait des rimes indigentes mais sincères :
Je débute dans la danse
I Et par mes nombreux progrès,
T Je compte bientôt, je pense,
| Remporter quelques succès.
| Et là-dessus, le comique-danseur vous fai-
sait passer avec lui en Angleterre, en Chine,
en RusSîe, en Italie. Ii évoquait tout cela par
des pas d’un pittoresque délicieusement
conventionnel, il avait dans les pieds la gigue
du matelot britannique, des sauts du man-
darin, les bras en chandeliers, l’index vers
le ciel, la danse des clavicules, avec les
jambes pliées brusquement détendues, à la
moujik, la Tarentelle trépidante arrosée
d’éclats de tambour de basque.
Et l’on revenait én France en dessinant, à
la grande joie de la salle, nne silhouette cra-
puleuse de rôdeur de barrière qui se déhan-
chait, se dépensait en gestes grossiers, dans
la folie exubérante d’un quadrille dit réa-
liste...
Oui, ces soirs-là, après avoir ramassé ses
« moissons de lauriers », le comique dan-
seur venait faire acte de repentance en ren-
dant hommage à ia correction classique.
La France avait mieux que les entrechats
de Valemin-ie-Désossé. Elle savait encore
danser saivant les vieux principes, et le Bai
des PuceS, sous ia vulgarité de son titre et
ie sans-façon de ses casquettes, savait don-
ner l’exemple d’une décence en forme de
po!k i on de valse..,
**#
Le noir boyau de la roe d’Edreviile s’est
élargi, transformé. Des bicoques sont tom-
bées pour amener là plus d'air et de lumiè-
re, faire dans la détresse de ces choses ago-
nisantes nne trouée de vie et de sauté.
Le bai Duchemin est aujourd’hui occupé
par l’entrepôt d’un marchand de vin...
Le soir, quand on passe dans les rues do
i’ile, des échos de musique vous arrivent
encore. Oa danse derrière ies vitres anx
rideaux clos, la salle de café débarrassée de
ses tables de bois blanc poussées contre les
mars.
Et les rusticités armoricaines, les gars de
la mer, les simples qu’entraînent une ritoar*
nelle d’accordéon paraissent ignorer encore
qu'il y a un tango, une furlana, des pas nou-
veaux révolutionnaires.
C’est encore l’âge des anciens rythmes.
Dans son décor archaïque de Saint-François,
C’est toujours le Passe qui danse.
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
Vol d'un Sac postal
Un vol important a été commis hier ma-
tin, à Paris, dans des conditions particulié-
rement audacieuses.
Chaque matin, un fourgon postal quitte le
bureau central de la rue Jean-Jacques Rous-
seau. Ce fourgon contient des sacs de va-
leurs à destination des grandes banques, des
Compagnies d’assurances et des agents de
change.
A 9 h. 1/2, le fourgon était arrêté me
Chauchat, devant la Banqne de l’Union Pari-
sienne, lorsqn’en déchargeant le sac destiné
à cette banque le commis des postes s’aper-
çut que le sac n» 5, adressé au Syndicat dès
agents de change, avait dispara.
Avant d’effectuer la livraison à la banqne
de l’Union Parisienne, le fourgon postal était
successivement allé à la Banque de Paris et
des Pays Bas, à la Société Générale et à la
Banqne Lehideux.
On ne peut donc établir à quel instant le
vol fut commis.
Cé sac contenait S lettres recommandées,
81 objets « à prix réduit» (ordres de Bourse)
et 19 valeurs déclarées (titres ou paquets de
titres).
Le montant du vol n’a pu être évalné sur
ie champ, la valeur des titres n’étant pas en-
core connue, mais il doit être considé-
rable.
drap Los®
Journée du Dimanche 1er Mars 1914
Le Havre.
SOCIÉTÉ DE TIR D’ALERTE (rue J.-B.-Eyrlès, 74).—
Be 9 b. a midi, de il h. à 17 h. Dernière journée
du Concours public dit «Pique-Nique» au fusil ou
mousqueton (Jouvet).
SALLE FRANKLIN. — A 14 h. 1/2. — Fête de la
« Mutualité Scolaire ».
SALLE DE LA LYRE HAVRAISE. — A ii h. t/2.
Concert et Bal de l’« Amicale des Instituteurs et
Institutrices ».
— A 2u b. t/2. Concert-Sauterie de l’« Union
Amicale des Ouvriers Coiffeurs ».
HÔTEL DES SOCIÉTÉS — A 11 b. 30, Matinée dan-
sante de la Société Modrrn-Styte.
Au MUSÉUM D'HISTOIHE NATURELLE. — Exposition
de poissons exotiques et de tonnes aquatiques
vivants.
GRAKD-THBATRB. — En matinée et soirée. Re-
présentations théâtrales.
THÉÂTRE-CIRQUE OMNIA. — En matinée et soirée
séances de Cinéma Pathé frères.
CINÉMA-GAUMONT. — En matinée et soirée pro-
jecions cinématographiques
RURSAAL-UINKMA. — En matinée et soirée, sôan
ces de Cinéma.
FOLIKS-BEROÉRI. — En matinée et en soirée, re-
vue locale : A la Gare t Scènes nouvelles.
SALLE DES FÊTES DE L’EURE. — En matinée a
soirée, séances du « Modern-Cinéma ».
GRANDE TAVERNE. — Apéritifs-concerts, Soiréf
artistique.
BRASSERIE UNIVERSELLE. — Apéritif-concert ri
soirée musicale
BRASSERIE TORTONI. — De 18 h. à 19 h. 1/4, Apé>
rkif-C*nceri.
BILLARD-PALACE — A 21 h. Cinéma. Concert
vocal et instrumental
Graville Sainte-Honorine. — Elections mu*
nicinales complémentaires.
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