Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-02-22
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 février 1914 22 février 1914
Description : 1914/02/22 (A34,N11888). 1914/02/22 (A34,N11888).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
g- mnw —■ IPTT.Kfit fg Pages! % Ceriit» — tMBffliffi IATO -— 3 tolima (& Pages) Maunehe 22 Février 1914
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Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
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mars .. — — 14 06
Amalgamât, Cap».. 75 3/8 75 7/8
fer — —
CHICAGO, 21 FÉVRIER
G. Dü JOUR G. PRECBD .
Blé sur Mal....... 94 1/2 94 1/2
— ...... Juillet.... 89 1/4 89 3/8
Maïs sur Mal 66 i/8 66 3/8
— Juillet..,, 63 8/8 65 3/4
Saindoux sur. Mal....... iO 77 iO 77
— Juillet..., 10 95 10 95
NOTA. — Lundi, Marchés Américains clos.
— Anniversaire de Washington
LE CONGRÈS DES MAIRES
1 Le Congrès des maires, dans sa séance
d’hier après-midi, a émis nn voeu tendant à
faire reconnaître aux communes le droit
d’autoriser et de réglementer les divertisse-
ments locaux et régionaux ; un voeu deman-
dant que l’administration donne des instruc-
tions précises pour que l’on sache bien qne
tous ceux habitant dans unecommuneavant
le 4 février ont droit d’être inscrits snr la
liste électorale.
Le principe d’un voyage d’une délégation
de l’Association des maires de France pour
renouer les liens de l’Entente cordiale a été
ensuite adopté.
i Le Congres a été ensuite déclaré clos.
LA GRÈVE DES OFFICIERS
MÉCANICIENS
Le sons-secrétaire d’Etat à la marine mar-
chande a reçu hier les délégués des officiers
mécaniciens venus ponr lui exposer les re-
vendications de leur corporation.
Le ministre a déclaré qu'il demanderait an
Conseil d’administration de la Compagnie
des Messageries maritimes d’exàminér lès ré-
clamations des officiers mécaniciens et il a
promis que dès le début de la semaine pro-
chaine, u ferait une réponse décisive à cet
égard.
En attendant, il a été possible d’assnrer le
départ du courrier de Chine le 22 février.
L’ÉTAT SANITAIRE DE L’ARMÉE
M. Angagneur, dépoté de Lyon, déposera
4 la séance de inndi une demande tendant à
ce qne la Chambre nomme une commission
d’enqnête ponr examiner l’état sanitaire de
l’armée et établir les causes de morbidité.
Parmi les signataires de cette demande
d’enqnête figurent MM. Jaurès, Girod et Pé-
floya. ^ i
CHEZ LES MINEURS
AI.AIS. — La Fédération régionale des mi-
neurs du Gard, vient de faire placarder nne
affiche convoquant d’nrgence ies mineurs de
la région ponr aujourd’hui dimanche h la
Bourse du Travail.
D’autre part, le secrétaire fédéral pour le
bassin houiller d’AIais a reçu du secrétaire
général de la Fédération Nationale nn télé-
gramme ordonnant la grève générale immé-
diate.
: Cet ordre a été transmis à tous les syndi-
cats de la région.
* AUBIN. — La Chambre syndicale des ou-
vriers mineurs d’Aubin a décidé la grève
générale pour lundi matin.
CRANSAC. — Le Syndicat des mineurs du
bassin de Cransac a décidé la grève pour
lundi matin.
■ SAINT-ETIENNE. — Le Comité fédéral des
mineurs de la Loire a décidé hier soir la ces-
sation da travail ponr lundi matin.
; PARIS. — Il résulte des renseignements
Earvenus à Paris que contrairement aux
ruits répandus hier, le vote du Sénat a
donné entièrement satisfaction à la grande
majorité des mineurs.
Le Pas-de-Calais et le Nord qui représen-
tent la proportion la plus considérable des
travailleurs du sous-sol, se sont déclarés
pleinement satisfaits. D’autre part, on croit
savoir qne le bassin de Carnaux s’est pro-
noncé contre la grève générale.
: Dans ces conditions, on peut prévoir qne
le mouvement loin do se généraliser, n’inté-
tessera que certaines concessions isolées.
—mi «ffflfrr "i TI
AFFAIRE D’ESCROQUERIE
A la suite de nombreuses plaintes, le Par-
quet de la Seine vient de lancer 25 mandats
d’amener contre des individus qui exploi-
taient les commerçants et les industriels à la
recherche de fonds.
! Jusqu’à présent, six de ces individus ont
été arrêtés.
Depuis dix-huit mois, un million deux cent,
mille francs ont été ainsi escroqués.
L’ASSASSINAT^E M. CADIOU
RENNES. — VOuest-Eclctir publie aujour-
d’hui la note suivante :
Jeudi dernier 19 février, arrivait à Dinan
(Côtes-du-Nord) un voyageur de commerce
venant de Gain gain p, nommé Léopold The-
venot, qui descendit dans qn hôtel où il
s'inscrivit comme étant originaire dé l’Ariège.
Hier, à la table de l’hôtel, il se reconnut
comme étant le voyageur auquel l’ingénieur
Pierre avait montré le revolver.
Il ajouta qu’il avait tiré avec ce revolver
plusieurs balles dans le jardin du Moulin à
nne date qu’il place entre le i«* et le 5 jan-
vier. Par contre, il a affirmé n’avoir pas
acheté le revolver.
Thevenot a écrit au juge d’instruction da
Br'est pour lui demander a être entendu par
CPimmssion rogatoire.
CONDAMNÉ AUX TRAVAUX FORCÉS
REIMS. —• Quenardelle, l’assassin de l’en-
caisseur Labhé, vient d’être condamné aux
travaux forcés à perpétuité, le jury ayant
admis les circonstances atténuantes.
EXPÉRIENCE DE PARACHUTE
JUVISY. — Hier après-midi, nne expérience
de parachute a été faite sur le terrain d’avia-
tion.
Lemoine s’est élevé à 450 mètres avec M.
Bonnet, comme passager. A cette altitude,
Bonnet s’est jeté de i aéropiane et est des-
cendu en parachute.
Il est allé tomber dans la Seine.
La descente s’est effectuée en deux minu-
tes et demie.
Bonnet est sain et sauf.
TUÉE A COUPS DE FOURCHE
PAR SON MARI
MARSEILLE. — Un drame s’est déroulé hier
à Château-Renard.
A la suite jl’uue discussion d’intérêts, l’a-
griculténr Chaîne, âgé de 45 ans, père de
trois enfants, a tué sa femme à coups de
fourche.
Le meurtrier s’est acharné snr sa victime
dont le corps ne porte pas moins de soixan-
te-dix coups de fourche.
Chaine a été arrêté chez lui. Les gendarmes
l’ont trouvé paisiblement assis.
La victime était la troisième lemme de l’a-
gricuitenr. La première avait divorcé et la
seconde était morte il y a quelque temps
dans an asile d’aliénés.
INCENDIE D’UNE RAFFINERIE
PRAGUE. — Une raffinerie de sucre de Sed-
lee a été détruite hier par un incendie. Les
dégâts atteignent trois millions de francs.
LE NAUFRAGETETT"
GOÉLETTE « MEXICO »
LONDRES. — Les renseignements parvenus
à Wextord au sujet da naufrage de la goé-
lette norvégienne Mexico qui s’est échouée
aux îles Salten annonce que l’accident s’est
produit à minuit.
Les hommes de l’équipage ont été rejetés
à la côte ; trois hommes se sont noyés ainsi
qne trois antres qui se trouvaient dans an
bateau de sauvetage.
Le Mexico est complètement perdu.
LIS AFFAIRES D’ORllfï
Une déclaration du Gouvernement grec
ATHÈNES, — Le gouvernement grec a fait
hier aux ministres étrangers une communi-
cation verbale en réponse à la dernière note
des puissances.
La Grèce remercie les paissances pour la
solution équitable donnée à la question des
lies, solution conforme aux intérêts des
deux pays.
En ce qui concerne les territoires albanais,
la Grèce, se conformant à la décision des
puissances, va donner des ordres pour que
ses troupes évacuent dans le délai fixé.
L’ÉPILOGUE DUO RA ME CONJUGAL
BERLIN. — On mande de Mescritz qne les
jurés ont acquitté le comte de Mielzinski ac-
cusé d’avoir taé, en décembre dernier, sa
femme et son neveu qu’il avait surpris en
flagrant délit.
Wiirn i niMI
LE REICHSTAG
BERLIN. — Le Reichstag après avoir adopté
en seconde lecture le budget de la Marine,
s’est prorogé jusqu'au 25 février.
> l’WtjyWFMIIIW M'gWMMMaMjBBMjjijMÿ
HOBVEHCS Politiques
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin, à l’Elysée, sous la
présidence de M. Poincaré.
Les Affaires extérieures
M. Gaston Doumergne a fait connaître an
Conseil qn’il avait reçu la visite du prince
de Wied. 11 a entretenu ses collègues des
affaires extérieures.
L’aéronautique militaire et le Ravitaillement
de Paris
Le ministre de la guerre a indiqué qu’il
avait modifié l’organisation de l’aéronauti-
que militaire et préparé ies marchés relatifs
au ravitaillement de Paris.
Les Manuels Scolaires
Le ministre de l'instruction publiqne a
fait signer le décret modifiant celui du 1er
juillet 1913 sur les manuels scolaires.
Le Monument Massenet
M. René Viviani, quoique souffrant, a as-
sisté à la séance da Conseil des ministres,
mais il lai sera impossible de se rendre à
Monte-Carlo, où il devait prendre la parole
devant le monument Massenet, en présence
de Son Altesse te prince de Monaco.
Le Conseil a désigné, sur sa demande, M.
Jacquier, sous-secrétaire d’Etat aux beaux-
arts, qui représentera le gouvernement et
donnera lecture du discours consacré par
M. René Viviani à la mémoire- de Massenet.
T. S. F. et chèque postal
Le ministre da commerce a entretenu [le
Conseil de différentes questions relatives à
la télégraphie sans fil, aux téléphones et au
Chèque postal.
Les retraites des ouvriers mineurs
Le ministrè du travail a exposé les dispo-
sitions du projet sur ies retraites des ou-
vriers mineurs, adopté hier par le Sénat et
transmis à la Chambre. Le gouvernement a
décidé de demander la mise de ce projeté
l’ordre du jour de la Chambre.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i la lüilll IHTEm&n
ÎOS, rue Saint-Lazare, 109
(ImmouMs da t'HOTiL URmm
Le Ministère et les Trois Ans
L’Incident de Vendredi
à la Chambre
La théorie, la pratique constante du ré-
gime parlementaire exigent que le cabinet
au pouvoir soit en communion d’idées avec
la majorité de la Chambre sur les questions
essentielles. Que penser de la « majorité »
du cabinet Doumergue, qu’attendre de
l’autorité morale dont il peut disposer dans
le pays après l’incident de vendredi der-
nier ? Nous ne nous lasserons pas de répé-
ter que s’il est des combinaisons de cou-
loirs que les initiés de la politique com-
prennent et admettent, il est des équivo-
ques qu’un grand p ys comme la France
ne doit pas tolérer, dès l’instant qu’elles
portent sur des sujets essentiels à son exis-
tence même.
Les paroles prononcées par M. Maginot,
et qui ont déchaîné un gros tumulte à l’ex-
trême-gauche, n’avaient rien qui dût cho-
quer les amis du ministère, à supposer
qu’ils eussent pris au sérieux les déclara-
tions plusieurs fois faites par M. Doumer-
gue et par M. Noulens sur la loi de trois
ans. « Des mesures que le Parlement, dans
la plénitude de son libre examen, a jugées
indispensables à la défense nationale et sur
lesquelles on ne peut décemment espérer,
à quelques mois de distance, qu’il donne
l’invraisemblable spectacle de vouloir reve-
nir... », telle fut la phrase incriminée non
seulement par les socialistes, mais encore
sur les bancs des radicaux unifiés. Or, si
une opposition irresponsable, si un Congrès
de Pau peuvent réclamer le retour immé-
diat ou prochain à l’ancien système mili-
taire, aucun gouvernement digne de ce
nom ne peut, en face de l’Europe qui nous
regarde, en présence de l’Allemagne qui
continue de s’armer, mettre au rancart l’ar-
me que nous venons de forger. Nous l’avons
dit souvent : Il n’y a généralement, .dans
une situation donnée, qu’une seule attitude
gouvernementale possible. M. Maginot, ap-
puyé par MM. Doumergue et Noulens, l’a
eue vendredi. Mais évidemment sa majorité
n’était plus avec lui.
Or ce paradoxe ne peut durer d’un mi-
nistère qui, sur les problèmes primordiaux,
renie les déclarations agressives de ses
partisans, d’un ministère qui, sur toutes les
questions de gouvernement, ne peut comp-
ter surl’appui des siens,d’un gouvernement
qui agit exactement comme les prédécesseurs
qu’il a renversés, mais sans avoir le béné-
fice, vis-à-vis de l’Europe, d’une attitude
franche, puisqu’il est obligé chaque jour
de s’excuser auprès de ses militants des
mesures qu’il se voit obligé de prendre
pour faire vivre ou pour laisser vivre la
France.
Nous avions déjà vu le même singulier
et attristant spectacle à propos du relève-
ment de la solde des officiers : le ministère
ne l'a obtenue que malgré l’opposition de
ses amis. Nous retrouvons la même atmos-
phère, aujourd’hui qu’il s’agit du statut
militaire du pays. Certes nous comprenons
l’attitude de ceux qui ne veulent voir, dans
la loi de trois ans, qu’une mesure provi-
soire sur laquelle il conviendra de revenir
quand les circonstances le permettront.
Mais de là à s’insurger contre toute décla-
ration tendant à l’application sincère de la
loi, quel abîme ! L’incident de vendredi a
montré que toutes les fois qu’il ferait oeu-
vre de gouvernement, le ministère aurait
contre lui une bonne moitié de ses parti-
sans.
Le ministère, quand il s’est formé, a cru
qu’il pourrait se dispenser d’avoir une atti«
tude nette sur le plus redoutable problème
de l’heure présente. Il a pensé qu’il rassu-
rerait ses amis d’extrême-gauche par la
présence dans le cabinet dë" quelques par-
tisans avoués des «• deux ans », et qu’il
rassurerait le pays par des déclarations dont
on dirait ensuite aux violents qu’elles
valent ce qu’elles valent. Quel poids lourd
à porter ! L’opinion, elle, demande qu’on
lui parle sérieusement, et elle s’inqaiète
de voir toute parole ministérielle dans le
sens national accueillie par des huées dans
la presse officieuse.
Quant à l’extrême-gauche, elle s’impa-
tiente, car elle voit ainsi lui échapper une
plateforme électorale que, bien à tort sui-
vant nous, elle croit bonne. Tout cela ne
peut ni ne doit durer. Si l’on a la majorité,
il faut gouverner avec sa majorité, « avec
ses amis, pour le pays », selon la formule
gambetliste. Si l’on n’a pas la majorité, il
ne faut pas accepter le pouvoir. Mais com-
bien misérable l’attitude qui consiste à ne
rien faire, de peur de mécontenter ses amis,
de grouper ses ennemis ; quelle pitoyable
façon de gouverner que d’en être réduit à
faire honteusement, en s’excusant, les actes
les plus normaux d’un gouvernement ! A la
vérité, le ministère Doumergue expédie les
affaires courantes, il ne fait pas davantage.
Notre conclusion sera que. la faute en est
surtout aux hommes sur lesquels le minis-
tère essaie de s’appuyer. Le gouvernement
contient des individualités sérieuses, des
ministres qui se rendent compte des respon-
sabilités qu’ils ont assumées, non seule-
ment vis à vis du Parlement, mais vis à vis
du Pavs. Mais il poursuit une tâche impos-
sible en essayant de veiller aux grands in-
térêts de la nation d’accord avec le parti ra-
dical unifié. Ce parti n’est pas un parti de
gouvernement, c’est un parti d’opposition,
ajoutons : d’opposition démagogique. Tou-
tes les fois qu’il s’agira pour lui de choisir
entre une attitude de responsabilité gouver-
nementale et une attitude de flatterie vis à
vis des éléments avancés du corps électoral,
nous savons de quel côté penchera sou
choix. Nos radicaux unifiés havrais nous
ont, à cet égard, donné des leçons que nous
n’oublierons pas de si vite. Régner n’est
pas gouverner, disions-nous il y a quelques
semaines. Le parti radical unifié sait peut-
être régner. Il n’a rien de ce -qui qualifie un
parti pour gouverner un grand pays comme
îa France. J
P. H.
LE DILEMNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 21 février.
Le désarroi qne la séance d’hier a causé, &
la Chambre, dans les rangs des adversaires
de la loi de trois ans s’est encore accentué
aujourd’hui. Les déclarations de M. Maginot,
la poignée de mains snrtont qne M. Doumer-
gue a donnée au sous-secrétaire d’Etat de la
gaerre lorsqu’il vint se rasseoir an banc mi-
nistériel les a mis dans nn état de fureur in-
descriptible.
Aussi s’efforcent-ils, par tous les moyens
possibles, d’en atténuer les effets.
Le but qu’ils poursuivent est d’amener le
Présidât du Conseil à revenir sur les paro-
les prononcées par M. Maginot, à désavouer,
en un mot, son collaborateur.
Pour obtenir ce résultat, on demanderait
lnndiy comme sanction du débat, la nomi-
nation d’une Commission d’enquête parle-
mentaire chargée d’établir les responsabilités
dans l’application de la loi de trois ans.
C’est, parait-il, M. Angagneur, nn des plus
acharnés adversaires de cette loi, qni formu-
lerait cette proposition à la tribune.
Quelle sera l'attitude da gouvernement, en
présence de cette nouvelle mise en demeare?
On ne sait, mais il semble bien difficile,
malgré la formule de confiance dont elle
serait accompagnée, que la ministre se rallie
à nne semblable proposition.
En effet, si ie Cabinet Barthon a commencé
d’appliquer la loi de trois ans, le Cabinet
Doumergue a continué cette application et
nne enquête parlementaire sur des actes
dont il est responsable aurait le caractère
d’un blâme que nul gouvernement ne sau-
rait accepter.
En tont cas, qne ce soit à propos de l’en-
quête, qne ce soit sur les ordres du jour qui
seront déposés, il faudra qne le ministère
prenne nettement position.
La question est posée de telle façon qn’il
n’y a plus à tergiverser.
M. Doumergue, car c'est lni qui a mission,
en qualité de président dn Conseil, de parler
an nom da gouvernement, se trouvera en
présence de ce dilemme ; on désavouer M.
Maginot, pour ramener à lni les socialistes
et les radicaux unifiés qui menacent de lui
échapper, ou se prononcer catégoriquement
ponr l’application intégrale de la loi de trois
ans, an risqne d’être accusé de faire la mê-
me politique que M. Barthon.
La séance de lundi anra donc, non seule-
ment au point de vue parlementaire mais an
point de vus national, une importance dé-
cisive.
T. H.
ÉTRANGER
ESPAGNE
Attentat dans un journal
Des jeunes gens partisans de don Jaime
ont pénétré en groupe mardi dans les locaux
de la rédaction da journal régionaiiste El
Heren à Barcelone et ont tiré quatre coups de
feu sur ie directeur de ce journal et sur l’un
de ses rédacteurs, les blessant tous deux lé-
gèrement.
Cette agression aurait été motivée par la
publication d’une caricature représentant le
fils du chef des jaimistes de la province don-
nant le bras à M. Lerronx, chef du parti ra-
dical.
MEXIQUE
Exécution d’un Anglais
Les partisans du gouvernement craignent
qn’à la snite de l’exécution de M. Benton,
l’Angleterre n’oblige les Etats-Unis à faire
une démarche qni pourrait finalement abou-
tir à l’intervention.
INFORMATIONS
L’Assassinat de M. Cadiott
M. Bidart de la Noë, le juge d’instruction
chargé de l’enquête sur l’assassinat de M. Ga-
diou, a entendu hier matin Mme Scrinpy, de
Poni-à-Mousson, belle-mère du trère de Mme
Cadiou, qni consulta la somnambule de
Nancy, dont les déclarations auraient fait
découvrir ie corps de l’usinier de la Grand’-
Palud.
Il a ensuite entendu la pythonisse elle-
même, Mme Camille Simon, veuve Hoff-
mann.
Les deux témoins ont maintenu les décla-
rations qu'elles ont déjà faites an commis-
saire de Nancy qui les avait interrogées sur
commission rogatoire du parquet de Brest.
Hieruprès-midi, M. Bidard de la Noë a reçu
les témoignages de Mme Richard et de Mlle
Guillerain, mère et tante de Mme Cadion.
Cette dernière qui'avait été également con-
voquée a répondu que son état de santé ne
lui permettait pas de faire lë voyage de Paris
à Brest.
On affirme que les renseignements fournis
par fa voyante auraient été suggérés par une
femme qui connaissait tontes les phases du
drame et qui, pour libérer sa conscience,
aurait usé de ce subterfuge.
§misms §émêm
ÜE ÛEHflIEH DES CüODOCHES
Photo p a n Cliché Petit Bnvre
LACOSIÊTL
C’était un bout de papier commun, plié en
quatre. J’y lus d’une écritare un peu trem-
blée mais encore droite et soignée :
« Yoici. J’ai nne bonne chose à vous dire,
Monsieur Albert. J’aurais nn grand plaisir à
vous faire constater que je ne sais pas en-
core mort. Un journal de Paris l’a annoncé
ces temps derniersrà propos de la reprise
des Bats de l’Opéra. Je l’ai lu. Sur le mo-
ment ça m’a fait un drôle de petit effet et je
me sois palpé... Vieilli, brise, fatigué, oui,
mais toojoars eu vie et pas du tout l’inten-
tion d’en sortir.
» Savez-vous, Monsieur Albert, j’ai encore
une bonne chose à vous dire. Seriez tout à
fait gentil de venir me voir, nn de ces qua-
tre matins, en passant. Prévenez-moi, je me
ferai raser... »
Et là-dessous, une signature triomphante,
empanachée d’un paraphe exubérant comme
an quadrille :
« Michalet dit Lacomète, Hospice Général.»
*
& #
Je n’ai pas prévenu Lacomète. Je suis allé
le surprendre cette semaine. J’ai trouvé le
vieux Clodoche au travail, un pinceau en
main, en train d’habiller d’une couche de
teinte grise des lits en fer, matériel d’hô-
pital.
J’atteste qne Lacomète est bel et bien vi-
vant, qn’il a bel esprit et bon oeil par l’aima-
ble assistance d’une bienfaisante paire de la-
nettes, que le coffre est, solide, l’oreille par-
fois un peu rétive mais pas trop infidèle ce-
pendant, et que le dernier représentant d’an
quatuor chorégraphique célèbre s’apprête à
franchir d’un pas résolu le seuil de !a qua-
tre-vingtième année.-
Le brave bonhomme a regardé passer les
années en dressant toujonrs devant le temps
qni meurtrit et qui blesse son amusante sil-
houette de Don Qaichotte.
Il semble l’avoir nargué de son grand nez
cocasse que chevauchent les lentilles rondes
de se3 besicles, de ses petits yeux brillants
et fias, de son crâne encore fleuri de quel-
ques mèches fantasques, indiciplinées.
Quand il lève son pinceau pour attaquer
une tête de lit, il donne l’impression qu’il
va s’envoler, qne ses grands bras prennent
lenr élan.
Et malgré le costume, malgré l’âge, mal-
gré les rides, malgré la gravité du masque,
malgré la différence da milieu, du cadre, je '
le retrouve encore, aux soirs de fortune et
de succès, sur la scène de l’Alcazar, quand
le quadrille des Clodoches surgissait eu scè-
ne dans la folie échevelée d’Orphée aux En-
fers et que la « Marchande de moules «.s’en-
levait dans nn trémoossis endiablé de den-
telles et de satinettes.
II y a trente-quatre ans de cela. Des jours
d’intortone et a’oubii ont glissé. Les Ctodo-
cbes se sont séparés, dispersés. Lacomète
s’est fixé an Havre. ■***
L’Alcazar, où il fut tour à tour artiste,
peinfre, menuisier, l’employa dans la cou- i
lisse après l’avoir vu danser sar les planches.
Quand vint la débâcle, la fermeture, la com-
plication de l’incendie, il y fut placé en hom-
me de confiance par les liquidateurs, comme
on laisse dans la maison an bon chien de
garde.
Et lorsaue s’çnvrit rue Frédérick-Lemaître
la salle Shinte-Cécile transformée sous le
nom de Folies-Bergère, son directeur, Félix
Mutai, dit à l’ancien Clodoche : « Viens avec
moi, Lacomète. Je trouverai bien à t’em-
ployer. »
Lacomète s’employa de son mieux. II fat
le grand ménager des accessoires, le créa-
teur d’innombrables richesses en Carton
doré, le roi funambulesque d’an monde de
splendeurs en toc, le collectionneur des
perles et du clinquant qne ses jeunes cama-
rades semaient sur la scène dans le brio
des entrechats, et que patiemment il remet- 1
tait en place, obscur serviteur d’une Terpsy-
chore ingrate.
Parfois aussi, il remontait sur les tréteanf,
prenait un bout de rôle, acceptait nne
« panne », trouvait le moyen de faire quel-
que chose d’nn personnage insignifiant, rien
que par la façon dont il l’amplifiait dans la
note caricaturale, rien que par le naturel
d’un comique cascadant qui poursuivait sa
fantaisie, à travers les vicissitudes de la vie
et Tes désillusions de la scène, depuis là
belle humeur débridée des frétillements de
la famille Clodoch»» ■
Une de ces dernières silhonettes — j’en al
gardé souvenir — fut dans nne desrevnes
d’Albert René nn type cocasse de membre
de la Commission théâtrale.
En ces temps là, les membres de la Com-
mission dn Théâtre se distinguaient surtout
par leur absence.aux représentations de dé-
buts. Des personnes très jnfofmées assurent
sans rire que c’est bien changé depuis, et je
les veux croire. Le revnfste avait gentiment
raillé cette indifférence, et Lacomète, en ha-
bit, le gilet en désordre, la cravate blanche
dénouée, le chapeau accordéonesqne, était
amené par deux gardiens de la paix qui, par
la force, le conduisaient aux séances de la
Commission.
Je revois la tête, la mèche collée sur le
crâne, les yeux effarés, l’air affalé dn mal-
heureux... Uu pantin de Guignol supé-
rieur 1
,. .Et puis, les revers sont venus à mesure
que s’éteignait l’écho des derniers bravos.
Les quelques économies du vieux Clodoche
se volatilisèrent. Dès amis oublièrent et le
vieux danseur et l’argent qu’il leur prêta
aux soirs de gloire. La détresse frappa an
matin à la porte.
— Mais entrez donc, cria Lacomète, en
avançant un siège.
Il crat, en sa Donne âme d’artiste, qne la
mégère s’accommoderait d’nne boutade, d’un
mot d’esprit, d’une pirouette. Il plaisanta la
misère et lui conta des histoires drôles.
Il en avait plein la tête, des histoires drô-
les, en tas, en touffes, en farandoles. Il en
piquait sur toutes les aventures et les mésa-
ventures de cinquante ans de théâtre, de
concerts et de bais. Ii en avait d’héroïques
comme celle de 1862 où les Clodoches dansè-
rent à l’Opéra, devant l’empereur qui les
félicita et donna une forme palpable à son
témoignage de satisfaction.
11 en avait de piqaantes et de sentimenta-
les, des vieilles comme lui, des fraîches
comme les joues de la dansense, des histoi-
res de la veille et du matin.
— Figurez-vous que tantôt, à la répétition,
un camarade s’est adressé au directeur pour
avoir un conseil. La brochure portait cette
mention : « Le personnage sort à gauche en
prenant un air obséquieux ». Ce mot « obsé-
quieux » l’inquiétait. Que fallait-il exacte-
ment entendre par là ? Il s’en ouvrit au di-
recteur, homme d’action mais peu lettré.
—Un air obséquieux?,.. Voyons, c’est
bête comme tout ce que vous me demandez
là... Obséquieux, obsèques.. .Avez pas com-
pris qu’il faut sortir avec un air d’enterre-
ment ?... »
L’infortnne sourit parfois, mais ne se con-
tente point de mots cocasses. Lacomète n’eut
point d’illusion au reste. Le jour où il fallut
aire un grànd adieu aux choses de la scène,
aux lauriers de papier doré, ce fut l’établisse-
ment hospitalier qui le recueillit et qui
donna à ses vieux jours une retraite que je
veux leur souhaiter, de grand coeur, aima-
ble et douce.
**#
Tout en conversant — le vieillard a con-
servé une remarqnablefidélitéde mémoire—.
l’ami continuait de peindre ses lits,apportant
à ce travail nne minuéie fort attentive. Laco-
mète n’est plus danseur, mais Micbaiet est
peintre.
Au fait, comment Michalet est-il devenu
nn jour Lacomète ?
— Le plus drôlement dn monde, m’a-t-il
dit. Jeune homme, j’étais cannier, mot ri-
golo. J’entends que j’étais dans les cannes et
les parapluies, comme Ciodomir Ricard —
devenu Clodoche — était sculpteur.
» Nous ne songions, à celte époque, à la
danse, qne tont a fait occasionnellement. La
grande distraction du petit groupe de cama-
rades était le canotage. Pas un dimanche
qne les rives de la Seine et de la Marne ne
retentissent de nos exploits. L’équipe, sou-
vent victoriense dans les concours, avait
acquis une si flatteuse réputation qu’on l’in-
vitait un peu partout pour fêter ie succès
de notre canot Fmd-l'Air.
» C’est ainsi qu’au soir de 1855, au bord
de la Seine, à Petibry, le duc de Châtean-
Villars nous offrit la plus charmante hospi-
talité. Dîner en plein air. Chansons de bon
goût. J’envoie quelques « balançoires » soi-
gnées. SuGCès.
» NOU3 sortons sur la terrasse par un ciel
superbe et je découvre toatà coup la comète,
la comète de 55, qui se promenait là-haut e«
robe à queuet
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Cuivre Standard disp. — — f 14 06
mars .. — — 14 06
Amalgamât, Cap».. 75 3/8 75 7/8
fer — —
CHICAGO, 21 FÉVRIER
G. Dü JOUR G. PRECBD .
Blé sur Mal....... 94 1/2 94 1/2
— ...... Juillet.... 89 1/4 89 3/8
Maïs sur Mal 66 i/8 66 3/8
— Juillet..,, 63 8/8 65 3/4
Saindoux sur. Mal....... iO 77 iO 77
— Juillet..., 10 95 10 95
NOTA. — Lundi, Marchés Américains clos.
— Anniversaire de Washington
LE CONGRÈS DES MAIRES
1 Le Congrès des maires, dans sa séance
d’hier après-midi, a émis nn voeu tendant à
faire reconnaître aux communes le droit
d’autoriser et de réglementer les divertisse-
ments locaux et régionaux ; un voeu deman-
dant que l’administration donne des instruc-
tions précises pour que l’on sache bien qne
tous ceux habitant dans unecommuneavant
le 4 février ont droit d’être inscrits snr la
liste électorale.
Le principe d’un voyage d’une délégation
de l’Association des maires de France pour
renouer les liens de l’Entente cordiale a été
ensuite adopté.
i Le Congres a été ensuite déclaré clos.
LA GRÈVE DES OFFICIERS
MÉCANICIENS
Le sons-secrétaire d’Etat à la marine mar-
chande a reçu hier les délégués des officiers
mécaniciens venus ponr lui exposer les re-
vendications de leur corporation.
Le ministre a déclaré qu'il demanderait an
Conseil d’administration de la Compagnie
des Messageries maritimes d’exàminér lès ré-
clamations des officiers mécaniciens et il a
promis que dès le début de la semaine pro-
chaine, u ferait une réponse décisive à cet
égard.
En attendant, il a été possible d’assnrer le
départ du courrier de Chine le 22 février.
L’ÉTAT SANITAIRE DE L’ARMÉE
M. Angagneur, dépoté de Lyon, déposera
4 la séance de inndi une demande tendant à
ce qne la Chambre nomme une commission
d’enqnête ponr examiner l’état sanitaire de
l’armée et établir les causes de morbidité.
Parmi les signataires de cette demande
d’enqnête figurent MM. Jaurès, Girod et Pé-
floya. ^ i
CHEZ LES MINEURS
AI.AIS. — La Fédération régionale des mi-
neurs du Gard, vient de faire placarder nne
affiche convoquant d’nrgence ies mineurs de
la région ponr aujourd’hui dimanche h la
Bourse du Travail.
D’autre part, le secrétaire fédéral pour le
bassin houiller d’AIais a reçu du secrétaire
général de la Fédération Nationale nn télé-
gramme ordonnant la grève générale immé-
diate.
: Cet ordre a été transmis à tous les syndi-
cats de la région.
* AUBIN. — La Chambre syndicale des ou-
vriers mineurs d’Aubin a décidé la grève
générale pour lundi matin.
CRANSAC. — Le Syndicat des mineurs du
bassin de Cransac a décidé la grève pour
lundi matin.
■ SAINT-ETIENNE. — Le Comité fédéral des
mineurs de la Loire a décidé hier soir la ces-
sation da travail ponr lundi matin.
; PARIS. — Il résulte des renseignements
Earvenus à Paris que contrairement aux
ruits répandus hier, le vote du Sénat a
donné entièrement satisfaction à la grande
majorité des mineurs.
Le Pas-de-Calais et le Nord qui représen-
tent la proportion la plus considérable des
travailleurs du sous-sol, se sont déclarés
pleinement satisfaits. D’autre part, on croit
savoir qne le bassin de Carnaux s’est pro-
noncé contre la grève générale.
: Dans ces conditions, on peut prévoir qne
le mouvement loin do se généraliser, n’inté-
tessera que certaines concessions isolées.
—mi «ffflfrr "i TI
AFFAIRE D’ESCROQUERIE
A la suite de nombreuses plaintes, le Par-
quet de la Seine vient de lancer 25 mandats
d’amener contre des individus qui exploi-
taient les commerçants et les industriels à la
recherche de fonds.
! Jusqu’à présent, six de ces individus ont
été arrêtés.
Depuis dix-huit mois, un million deux cent,
mille francs ont été ainsi escroqués.
L’ASSASSINAT^E M. CADIOU
RENNES. — VOuest-Eclctir publie aujour-
d’hui la note suivante :
Jeudi dernier 19 février, arrivait à Dinan
(Côtes-du-Nord) un voyageur de commerce
venant de Gain gain p, nommé Léopold The-
venot, qui descendit dans qn hôtel où il
s'inscrivit comme étant originaire dé l’Ariège.
Hier, à la table de l’hôtel, il se reconnut
comme étant le voyageur auquel l’ingénieur
Pierre avait montré le revolver.
Il ajouta qu’il avait tiré avec ce revolver
plusieurs balles dans le jardin du Moulin à
nne date qu’il place entre le i«* et le 5 jan-
vier. Par contre, il a affirmé n’avoir pas
acheté le revolver.
Thevenot a écrit au juge d’instruction da
Br'est pour lui demander a être entendu par
CPimmssion rogatoire.
CONDAMNÉ AUX TRAVAUX FORCÉS
REIMS. —• Quenardelle, l’assassin de l’en-
caisseur Labhé, vient d’être condamné aux
travaux forcés à perpétuité, le jury ayant
admis les circonstances atténuantes.
EXPÉRIENCE DE PARACHUTE
JUVISY. — Hier après-midi, nne expérience
de parachute a été faite sur le terrain d’avia-
tion.
Lemoine s’est élevé à 450 mètres avec M.
Bonnet, comme passager. A cette altitude,
Bonnet s’est jeté de i aéropiane et est des-
cendu en parachute.
Il est allé tomber dans la Seine.
La descente s’est effectuée en deux minu-
tes et demie.
Bonnet est sain et sauf.
TUÉE A COUPS DE FOURCHE
PAR SON MARI
MARSEILLE. — Un drame s’est déroulé hier
à Château-Renard.
A la suite jl’uue discussion d’intérêts, l’a-
griculténr Chaîne, âgé de 45 ans, père de
trois enfants, a tué sa femme à coups de
fourche.
Le meurtrier s’est acharné snr sa victime
dont le corps ne porte pas moins de soixan-
te-dix coups de fourche.
Chaine a été arrêté chez lui. Les gendarmes
l’ont trouvé paisiblement assis.
La victime était la troisième lemme de l’a-
gricuitenr. La première avait divorcé et la
seconde était morte il y a quelque temps
dans an asile d’aliénés.
INCENDIE D’UNE RAFFINERIE
PRAGUE. — Une raffinerie de sucre de Sed-
lee a été détruite hier par un incendie. Les
dégâts atteignent trois millions de francs.
LE NAUFRAGETETT"
GOÉLETTE « MEXICO »
LONDRES. — Les renseignements parvenus
à Wextord au sujet da naufrage de la goé-
lette norvégienne Mexico qui s’est échouée
aux îles Salten annonce que l’accident s’est
produit à minuit.
Les hommes de l’équipage ont été rejetés
à la côte ; trois hommes se sont noyés ainsi
qne trois antres qui se trouvaient dans an
bateau de sauvetage.
Le Mexico est complètement perdu.
LIS AFFAIRES D’ORllfï
Une déclaration du Gouvernement grec
ATHÈNES, — Le gouvernement grec a fait
hier aux ministres étrangers une communi-
cation verbale en réponse à la dernière note
des puissances.
La Grèce remercie les paissances pour la
solution équitable donnée à la question des
lies, solution conforme aux intérêts des
deux pays.
En ce qui concerne les territoires albanais,
la Grèce, se conformant à la décision des
puissances, va donner des ordres pour que
ses troupes évacuent dans le délai fixé.
L’ÉPILOGUE DUO RA ME CONJUGAL
BERLIN. — On mande de Mescritz qne les
jurés ont acquitté le comte de Mielzinski ac-
cusé d’avoir taé, en décembre dernier, sa
femme et son neveu qu’il avait surpris en
flagrant délit.
Wiirn i niMI
LE REICHSTAG
BERLIN. — Le Reichstag après avoir adopté
en seconde lecture le budget de la Marine,
s’est prorogé jusqu'au 25 février.
> l’WtjyWFMIIIW M'gWMMMaMjBBMjjijMÿ
HOBVEHCS Politiques
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin, à l’Elysée, sous la
présidence de M. Poincaré.
Les Affaires extérieures
M. Gaston Doumergne a fait connaître an
Conseil qn’il avait reçu la visite du prince
de Wied. 11 a entretenu ses collègues des
affaires extérieures.
L’aéronautique militaire et le Ravitaillement
de Paris
Le ministre de la guerre a indiqué qu’il
avait modifié l’organisation de l’aéronauti-
que militaire et préparé ies marchés relatifs
au ravitaillement de Paris.
Les Manuels Scolaires
Le ministre de l'instruction publiqne a
fait signer le décret modifiant celui du 1er
juillet 1913 sur les manuels scolaires.
Le Monument Massenet
M. René Viviani, quoique souffrant, a as-
sisté à la séance da Conseil des ministres,
mais il lai sera impossible de se rendre à
Monte-Carlo, où il devait prendre la parole
devant le monument Massenet, en présence
de Son Altesse te prince de Monaco.
Le Conseil a désigné, sur sa demande, M.
Jacquier, sous-secrétaire d’Etat aux beaux-
arts, qui représentera le gouvernement et
donnera lecture du discours consacré par
M. René Viviani à la mémoire- de Massenet.
T. S. F. et chèque postal
Le ministre da commerce a entretenu [le
Conseil de différentes questions relatives à
la télégraphie sans fil, aux téléphones et au
Chèque postal.
Les retraites des ouvriers mineurs
Le ministrè du travail a exposé les dispo-
sitions du projet sur ies retraites des ou-
vriers mineurs, adopté hier par le Sénat et
transmis à la Chambre. Le gouvernement a
décidé de demander la mise de ce projeté
l’ordre du jour de la Chambre.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i la lüilll IHTEm&n
ÎOS, rue Saint-Lazare, 109
(ImmouMs da t'HOTiL URmm
Le Ministère et les Trois Ans
L’Incident de Vendredi
à la Chambre
La théorie, la pratique constante du ré-
gime parlementaire exigent que le cabinet
au pouvoir soit en communion d’idées avec
la majorité de la Chambre sur les questions
essentielles. Que penser de la « majorité »
du cabinet Doumergue, qu’attendre de
l’autorité morale dont il peut disposer dans
le pays après l’incident de vendredi der-
nier ? Nous ne nous lasserons pas de répé-
ter que s’il est des combinaisons de cou-
loirs que les initiés de la politique com-
prennent et admettent, il est des équivo-
ques qu’un grand p ys comme la France
ne doit pas tolérer, dès l’instant qu’elles
portent sur des sujets essentiels à son exis-
tence même.
Les paroles prononcées par M. Maginot,
et qui ont déchaîné un gros tumulte à l’ex-
trême-gauche, n’avaient rien qui dût cho-
quer les amis du ministère, à supposer
qu’ils eussent pris au sérieux les déclara-
tions plusieurs fois faites par M. Doumer-
gue et par M. Noulens sur la loi de trois
ans. « Des mesures que le Parlement, dans
la plénitude de son libre examen, a jugées
indispensables à la défense nationale et sur
lesquelles on ne peut décemment espérer,
à quelques mois de distance, qu’il donne
l’invraisemblable spectacle de vouloir reve-
nir... », telle fut la phrase incriminée non
seulement par les socialistes, mais encore
sur les bancs des radicaux unifiés. Or, si
une opposition irresponsable, si un Congrès
de Pau peuvent réclamer le retour immé-
diat ou prochain à l’ancien système mili-
taire, aucun gouvernement digne de ce
nom ne peut, en face de l’Europe qui nous
regarde, en présence de l’Allemagne qui
continue de s’armer, mettre au rancart l’ar-
me que nous venons de forger. Nous l’avons
dit souvent : Il n’y a généralement, .dans
une situation donnée, qu’une seule attitude
gouvernementale possible. M. Maginot, ap-
puyé par MM. Doumergue et Noulens, l’a
eue vendredi. Mais évidemment sa majorité
n’était plus avec lui.
Or ce paradoxe ne peut durer d’un mi-
nistère qui, sur les problèmes primordiaux,
renie les déclarations agressives de ses
partisans, d’un ministère qui, sur toutes les
questions de gouvernement, ne peut comp-
ter surl’appui des siens,d’un gouvernement
qui agit exactement comme les prédécesseurs
qu’il a renversés, mais sans avoir le béné-
fice, vis-à-vis de l’Europe, d’une attitude
franche, puisqu’il est obligé chaque jour
de s’excuser auprès de ses militants des
mesures qu’il se voit obligé de prendre
pour faire vivre ou pour laisser vivre la
France.
Nous avions déjà vu le même singulier
et attristant spectacle à propos du relève-
ment de la solde des officiers : le ministère
ne l'a obtenue que malgré l’opposition de
ses amis. Nous retrouvons la même atmos-
phère, aujourd’hui qu’il s’agit du statut
militaire du pays. Certes nous comprenons
l’attitude de ceux qui ne veulent voir, dans
la loi de trois ans, qu’une mesure provi-
soire sur laquelle il conviendra de revenir
quand les circonstances le permettront.
Mais de là à s’insurger contre toute décla-
ration tendant à l’application sincère de la
loi, quel abîme ! L’incident de vendredi a
montré que toutes les fois qu’il ferait oeu-
vre de gouvernement, le ministère aurait
contre lui une bonne moitié de ses parti-
sans.
Le ministère, quand il s’est formé, a cru
qu’il pourrait se dispenser d’avoir une atti«
tude nette sur le plus redoutable problème
de l’heure présente. Il a pensé qu’il rassu-
rerait ses amis d’extrême-gauche par la
présence dans le cabinet dë" quelques par-
tisans avoués des «• deux ans », et qu’il
rassurerait le pays par des déclarations dont
on dirait ensuite aux violents qu’elles
valent ce qu’elles valent. Quel poids lourd
à porter ! L’opinion, elle, demande qu’on
lui parle sérieusement, et elle s’inqaiète
de voir toute parole ministérielle dans le
sens national accueillie par des huées dans
la presse officieuse.
Quant à l’extrême-gauche, elle s’impa-
tiente, car elle voit ainsi lui échapper une
plateforme électorale que, bien à tort sui-
vant nous, elle croit bonne. Tout cela ne
peut ni ne doit durer. Si l’on a la majorité,
il faut gouverner avec sa majorité, « avec
ses amis, pour le pays », selon la formule
gambetliste. Si l’on n’a pas la majorité, il
ne faut pas accepter le pouvoir. Mais com-
bien misérable l’attitude qui consiste à ne
rien faire, de peur de mécontenter ses amis,
de grouper ses ennemis ; quelle pitoyable
façon de gouverner que d’en être réduit à
faire honteusement, en s’excusant, les actes
les plus normaux d’un gouvernement ! A la
vérité, le ministère Doumergue expédie les
affaires courantes, il ne fait pas davantage.
Notre conclusion sera que. la faute en est
surtout aux hommes sur lesquels le minis-
tère essaie de s’appuyer. Le gouvernement
contient des individualités sérieuses, des
ministres qui se rendent compte des respon-
sabilités qu’ils ont assumées, non seule-
ment vis à vis du Parlement, mais vis à vis
du Pavs. Mais il poursuit une tâche impos-
sible en essayant de veiller aux grands in-
térêts de la nation d’accord avec le parti ra-
dical unifié. Ce parti n’est pas un parti de
gouvernement, c’est un parti d’opposition,
ajoutons : d’opposition démagogique. Tou-
tes les fois qu’il s’agira pour lui de choisir
entre une attitude de responsabilité gouver-
nementale et une attitude de flatterie vis à
vis des éléments avancés du corps électoral,
nous savons de quel côté penchera sou
choix. Nos radicaux unifiés havrais nous
ont, à cet égard, donné des leçons que nous
n’oublierons pas de si vite. Régner n’est
pas gouverner, disions-nous il y a quelques
semaines. Le parti radical unifié sait peut-
être régner. Il n’a rien de ce -qui qualifie un
parti pour gouverner un grand pays comme
îa France. J
P. H.
LE DILEMNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 21 février.
Le désarroi qne la séance d’hier a causé, &
la Chambre, dans les rangs des adversaires
de la loi de trois ans s’est encore accentué
aujourd’hui. Les déclarations de M. Maginot,
la poignée de mains snrtont qne M. Doumer-
gue a donnée au sous-secrétaire d’Etat de la
gaerre lorsqu’il vint se rasseoir an banc mi-
nistériel les a mis dans nn état de fureur in-
descriptible.
Aussi s’efforcent-ils, par tous les moyens
possibles, d’en atténuer les effets.
Le but qu’ils poursuivent est d’amener le
Présidât du Conseil à revenir sur les paro-
les prononcées par M. Maginot, à désavouer,
en un mot, son collaborateur.
Pour obtenir ce résultat, on demanderait
lnndiy comme sanction du débat, la nomi-
nation d’une Commission d’enquête parle-
mentaire chargée d’établir les responsabilités
dans l’application de la loi de trois ans.
C’est, parait-il, M. Angagneur, nn des plus
acharnés adversaires de cette loi, qni formu-
lerait cette proposition à la tribune.
Quelle sera l'attitude da gouvernement, en
présence de cette nouvelle mise en demeare?
On ne sait, mais il semble bien difficile,
malgré la formule de confiance dont elle
serait accompagnée, que la ministre se rallie
à nne semblable proposition.
En effet, si ie Cabinet Barthon a commencé
d’appliquer la loi de trois ans, le Cabinet
Doumergue a continué cette application et
nne enquête parlementaire sur des actes
dont il est responsable aurait le caractère
d’un blâme que nul gouvernement ne sau-
rait accepter.
En tont cas, qne ce soit à propos de l’en-
quête, qne ce soit sur les ordres du jour qui
seront déposés, il faudra qne le ministère
prenne nettement position.
La question est posée de telle façon qn’il
n’y a plus à tergiverser.
M. Doumergue, car c'est lni qui a mission,
en qualité de président dn Conseil, de parler
an nom da gouvernement, se trouvera en
présence de ce dilemme ; on désavouer M.
Maginot, pour ramener à lni les socialistes
et les radicaux unifiés qui menacent de lui
échapper, ou se prononcer catégoriquement
ponr l’application intégrale de la loi de trois
ans, an risqne d’être accusé de faire la mê-
me politique que M. Barthon.
La séance de lundi anra donc, non seule-
ment au point de vue parlementaire mais an
point de vus national, une importance dé-
cisive.
T. H.
ÉTRANGER
ESPAGNE
Attentat dans un journal
Des jeunes gens partisans de don Jaime
ont pénétré en groupe mardi dans les locaux
de la rédaction da journal régionaiiste El
Heren à Barcelone et ont tiré quatre coups de
feu sur ie directeur de ce journal et sur l’un
de ses rédacteurs, les blessant tous deux lé-
gèrement.
Cette agression aurait été motivée par la
publication d’une caricature représentant le
fils du chef des jaimistes de la province don-
nant le bras à M. Lerronx, chef du parti ra-
dical.
MEXIQUE
Exécution d’un Anglais
Les partisans du gouvernement craignent
qn’à la snite de l’exécution de M. Benton,
l’Angleterre n’oblige les Etats-Unis à faire
une démarche qni pourrait finalement abou-
tir à l’intervention.
INFORMATIONS
L’Assassinat de M. Cadiott
M. Bidart de la Noë, le juge d’instruction
chargé de l’enquête sur l’assassinat de M. Ga-
diou, a entendu hier matin Mme Scrinpy, de
Poni-à-Mousson, belle-mère du trère de Mme
Cadiou, qni consulta la somnambule de
Nancy, dont les déclarations auraient fait
découvrir ie corps de l’usinier de la Grand’-
Palud.
Il a ensuite entendu la pythonisse elle-
même, Mme Camille Simon, veuve Hoff-
mann.
Les deux témoins ont maintenu les décla-
rations qu'elles ont déjà faites an commis-
saire de Nancy qui les avait interrogées sur
commission rogatoire du parquet de Brest.
Hieruprès-midi, M. Bidard de la Noë a reçu
les témoignages de Mme Richard et de Mlle
Guillerain, mère et tante de Mme Cadion.
Cette dernière qui'avait été également con-
voquée a répondu que son état de santé ne
lui permettait pas de faire lë voyage de Paris
à Brest.
On affirme que les renseignements fournis
par fa voyante auraient été suggérés par une
femme qui connaissait tontes les phases du
drame et qui, pour libérer sa conscience,
aurait usé de ce subterfuge.
§misms §émêm
ÜE ÛEHflIEH DES CüODOCHES
Photo p a n Cliché Petit Bnvre
LACOSIÊTL
C’était un bout de papier commun, plié en
quatre. J’y lus d’une écritare un peu trem-
blée mais encore droite et soignée :
« Yoici. J’ai nne bonne chose à vous dire,
Monsieur Albert. J’aurais nn grand plaisir à
vous faire constater que je ne sais pas en-
core mort. Un journal de Paris l’a annoncé
ces temps derniersrà propos de la reprise
des Bats de l’Opéra. Je l’ai lu. Sur le mo-
ment ça m’a fait un drôle de petit effet et je
me sois palpé... Vieilli, brise, fatigué, oui,
mais toojoars eu vie et pas du tout l’inten-
tion d’en sortir.
» Savez-vous, Monsieur Albert, j’ai encore
une bonne chose à vous dire. Seriez tout à
fait gentil de venir me voir, nn de ces qua-
tre matins, en passant. Prévenez-moi, je me
ferai raser... »
Et là-dessous, une signature triomphante,
empanachée d’un paraphe exubérant comme
an quadrille :
« Michalet dit Lacomète, Hospice Général.»
*
& #
Je n’ai pas prévenu Lacomète. Je suis allé
le surprendre cette semaine. J’ai trouvé le
vieux Clodoche au travail, un pinceau en
main, en train d’habiller d’une couche de
teinte grise des lits en fer, matériel d’hô-
pital.
J’atteste qne Lacomète est bel et bien vi-
vant, qn’il a bel esprit et bon oeil par l’aima-
ble assistance d’une bienfaisante paire de la-
nettes, que le coffre est, solide, l’oreille par-
fois un peu rétive mais pas trop infidèle ce-
pendant, et que le dernier représentant d’an
quatuor chorégraphique célèbre s’apprête à
franchir d’un pas résolu le seuil de !a qua-
tre-vingtième année.-
Le brave bonhomme a regardé passer les
années en dressant toujonrs devant le temps
qni meurtrit et qui blesse son amusante sil-
houette de Don Qaichotte.
Il semble l’avoir nargué de son grand nez
cocasse que chevauchent les lentilles rondes
de se3 besicles, de ses petits yeux brillants
et fias, de son crâne encore fleuri de quel-
ques mèches fantasques, indiciplinées.
Quand il lève son pinceau pour attaquer
une tête de lit, il donne l’impression qu’il
va s’envoler, qne ses grands bras prennent
lenr élan.
Et malgré le costume, malgré l’âge, mal-
gré les rides, malgré la gravité du masque,
malgré la différence da milieu, du cadre, je '
le retrouve encore, aux soirs de fortune et
de succès, sur la scène de l’Alcazar, quand
le quadrille des Clodoches surgissait eu scè-
ne dans la folie échevelée d’Orphée aux En-
fers et que la « Marchande de moules «.s’en-
levait dans nn trémoossis endiablé de den-
telles et de satinettes.
II y a trente-quatre ans de cela. Des jours
d’intortone et a’oubii ont glissé. Les Ctodo-
cbes se sont séparés, dispersés. Lacomète
s’est fixé an Havre. ■***
L’Alcazar, où il fut tour à tour artiste,
peinfre, menuisier, l’employa dans la cou- i
lisse après l’avoir vu danser sar les planches.
Quand vint la débâcle, la fermeture, la com-
plication de l’incendie, il y fut placé en hom-
me de confiance par les liquidateurs, comme
on laisse dans la maison an bon chien de
garde.
Et lorsaue s’çnvrit rue Frédérick-Lemaître
la salle Shinte-Cécile transformée sous le
nom de Folies-Bergère, son directeur, Félix
Mutai, dit à l’ancien Clodoche : « Viens avec
moi, Lacomète. Je trouverai bien à t’em-
ployer. »
Lacomète s’employa de son mieux. II fat
le grand ménager des accessoires, le créa-
teur d’innombrables richesses en Carton
doré, le roi funambulesque d’an monde de
splendeurs en toc, le collectionneur des
perles et du clinquant qne ses jeunes cama-
rades semaient sur la scène dans le brio
des entrechats, et que patiemment il remet- 1
tait en place, obscur serviteur d’une Terpsy-
chore ingrate.
Parfois aussi, il remontait sur les tréteanf,
prenait un bout de rôle, acceptait nne
« panne », trouvait le moyen de faire quel-
que chose d’nn personnage insignifiant, rien
que par la façon dont il l’amplifiait dans la
note caricaturale, rien que par le naturel
d’un comique cascadant qui poursuivait sa
fantaisie, à travers les vicissitudes de la vie
et Tes désillusions de la scène, depuis là
belle humeur débridée des frétillements de
la famille Clodoch»» ■
Une de ces dernières silhonettes — j’en al
gardé souvenir — fut dans nne desrevnes
d’Albert René nn type cocasse de membre
de la Commission théâtrale.
En ces temps là, les membres de la Com-
mission dn Théâtre se distinguaient surtout
par leur absence.aux représentations de dé-
buts. Des personnes très jnfofmées assurent
sans rire que c’est bien changé depuis, et je
les veux croire. Le revnfste avait gentiment
raillé cette indifférence, et Lacomète, en ha-
bit, le gilet en désordre, la cravate blanche
dénouée, le chapeau accordéonesqne, était
amené par deux gardiens de la paix qui, par
la force, le conduisaient aux séances de la
Commission.
Je revois la tête, la mèche collée sur le
crâne, les yeux effarés, l’air affalé dn mal-
heureux... Uu pantin de Guignol supé-
rieur 1
,. .Et puis, les revers sont venus à mesure
que s’éteignait l’écho des derniers bravos.
Les quelques économies du vieux Clodoche
se volatilisèrent. Dès amis oublièrent et le
vieux danseur et l’argent qu’il leur prêta
aux soirs de gloire. La détresse frappa an
matin à la porte.
— Mais entrez donc, cria Lacomète, en
avançant un siège.
Il crat, en sa Donne âme d’artiste, qne la
mégère s’accommoderait d’nne boutade, d’un
mot d’esprit, d’une pirouette. Il plaisanta la
misère et lui conta des histoires drôles.
Il en avait plein la tête, des histoires drô-
les, en tas, en touffes, en farandoles. Il en
piquait sur toutes les aventures et les mésa-
ventures de cinquante ans de théâtre, de
concerts et de bais. Ii en avait d’héroïques
comme celle de 1862 où les Clodoches dansè-
rent à l’Opéra, devant l’empereur qui les
félicita et donna une forme palpable à son
témoignage de satisfaction.
11 en avait de piqaantes et de sentimenta-
les, des vieilles comme lui, des fraîches
comme les joues de la dansense, des histoi-
res de la veille et du matin.
— Figurez-vous que tantôt, à la répétition,
un camarade s’est adressé au directeur pour
avoir un conseil. La brochure portait cette
mention : « Le personnage sort à gauche en
prenant un air obséquieux ». Ce mot « obsé-
quieux » l’inquiétait. Que fallait-il exacte-
ment entendre par là ? Il s’en ouvrit au di-
recteur, homme d’action mais peu lettré.
—Un air obséquieux?,.. Voyons, c’est
bête comme tout ce que vous me demandez
là... Obséquieux, obsèques.. .Avez pas com-
pris qu’il faut sortir avec un air d’enterre-
ment ?... »
L’infortnne sourit parfois, mais ne se con-
tente point de mots cocasses. Lacomète n’eut
point d’illusion au reste. Le jour où il fallut
aire un grànd adieu aux choses de la scène,
aux lauriers de papier doré, ce fut l’établisse-
ment hospitalier qui le recueillit et qui
donna à ses vieux jours une retraite que je
veux leur souhaiter, de grand coeur, aima-
ble et douce.
**#
Tout en conversant — le vieillard a con-
servé une remarqnablefidélitéde mémoire—.
l’ami continuait de peindre ses lits,apportant
à ce travail nne minuéie fort attentive. Laco-
mète n’est plus danseur, mais Micbaiet est
peintre.
Au fait, comment Michalet est-il devenu
nn jour Lacomète ?
— Le plus drôlement dn monde, m’a-t-il
dit. Jeune homme, j’étais cannier, mot ri-
golo. J’entends que j’étais dans les cannes et
les parapluies, comme Ciodomir Ricard —
devenu Clodoche — était sculpteur.
» Nous ne songions, à celte époque, à la
danse, qne tont a fait occasionnellement. La
grande distraction du petit groupe de cama-
rades était le canotage. Pas un dimanche
qne les rives de la Seine et de la Marne ne
retentissent de nos exploits. L’équipe, sou-
vent victoriense dans les concours, avait
acquis une si flatteuse réputation qu’on l’in-
vitait un peu partout pour fêter ie succès
de notre canot Fmd-l'Air.
» C’est ainsi qu’au soir de 1855, au bord
de la Seine, à Petibry, le duc de Châtean-
Villars nous offrit la plus charmante hospi-
talité. Dîner en plein air. Chansons de bon
goût. J’envoie quelques « balançoires » soi-
gnées. SuGCès.
» NOU3 sortons sur la terrasse par un ciel
superbe et je découvre toatà coup la comète,
la comète de 55, qui se promenait là-haut e«
robe à queuet
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