Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-02-21
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 février 1914 21 février 1914
Description : 1914/02/21 (A34,N11887). 1914/02/21 (A34,N11887).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172052w
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
54“ Année — N* <1,887 (€5 Pages) 8 Centimes — EDITION DP MATIN — S Centimes (S Pages) Samedi 21 Février 1914
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Le Petit Havre
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1 l’Oise et la Somme ) ^ w Fr. 4© Fr.
I Autres Départements..... 1 6 Fr. 44 SO SUS »
II Union Postale |40 » so Fr. 4L O »
Il On s'abonna également, SANS FffAIS, dans tous les Bureaux de Poste do France
luis Issu
Paris, trois heures matin
DÉPÊCHES COMMERCULES
METAUX
LONDRES, 20 Février, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE
Domptant.. cal;ne 16417/6 -/- -/-
B mois t65 10/- -/- -/*
ETAIN
Comptant . * 179 -/- -/- 45/-
3 mois faible * 180 16/- -/- 36/-
FER
Comptant., caIme *51/- -/- i*
3 mois 1 * 51/7 % -/- t d fl
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 19 février 1914..
NEW-YORK, 20 FÉVRIER
Cotons t mars, baisse 5 points ; mai,
îausse 1 point ; juillet, inchangé ; octobre,
laisse 3 points. — Soutenu.
Calé* i baisse 2 à 5 points.
NEW-YORK, 20 FÉVRIER
t. m ion i. niait»
Cuivre Standard disp. 14 06 i4 25
mars 14 06 14 25
Amalgamai* Cop... 75 7/8 75 3/4
Fer 15— 15 —
CHICAGO, 20 FÉVRIER
C. DU JOUR C. PRECED
Blé sur...... Mal 94 1/2 94 1/*
— Juillet.... 89 3/8 *9 t/4
Maïs sur..... Mai 66 3/8 65 3 4
— Juillet.... 68 3/4 65 1/8
Saindoux sur. Mai.. .... 10 77 10 80
— Juillet... i. 10 95 il —
LE CONGRÈS DES MAIRES
Dans sa séance d’hier après-midi, le Con-
grès des maires a décidé de commencer nne
campagne auprès des maires de France, afin
qu’ils demandent aux membres de leurs
Conseils municipaux, aux prochaines élec-
tions sénatoriales, de ne nommer que des
délégués résolus à n’accorder leurs suffrages
qu’aux seuls candidats qui auront donné des
gages de leur attachement anx libertés com-
munales. _
VOLEURS DE TABLEAUX
Sur les indications dn nommé Reymânn,
antiquaire à Brnxelles (an individu arrêté
hier à la gare du Nord an moment cù il re-
tirait de la consigne trois colis de tableaux
volés), la police a arrêté à Paris la nommée
Victoria Renier, d’origine belge, demeurant
rue d’Orsei, etNicolas Charles, ouvrier tapis-
sier, demeurant rue Letort.
La Sûreté bruxelloise vient d’arrêter à
Bruxelles un nommé Gaston Godeau, origi-
naire de Gand, bijoutier à Bruxelles, sa fem-
me et la fille Wiliems, maîtresse de Rey-
jnann.
Tous ces individus appartiennent à une
bande internationale.
Les tableaux dérobés chez des particuliers
*t non dans les mnsées, n’ont d’ailleurs
{u’une valeur artistique relative.
CONSEIL DE GUERRE
CHALONS-STJR-MARNE.— Le Conseil de guerre
flu 6e corps vient de condamner à 5 ans de
réclusion et à la dégradation militaire les
nommés André Dollet, né à Montivilliers, et
Emile Perpois, né à Paris, soldats au 151®
d'infanterie à Verdun, qui attaquèrent un
ouvrier, l’assommèrent et lui prirent son
argent. ^ .
LE TUNNEL SOUS LA MANCHE
Le Congrès des Agriculteurs, dans sa
séance d'hier après-midi, a émis le voeu que
les pouvoirs publics encouragent par tous
les moyens possibles la création dn tunnel
sons-marin au Pas-de-Calais, qni donnerait
de grandes facilités à l’exportation des den-
rées agricoles et serait an gige certain de
l’Entente cordiale.
LA GRÈVE DES
OFFICIERS MÉCANICIENS
MARSEILLE. — La délégation des officiers
mécaniciens des Messageries Maritimes est
partie hier soir pour Paris où elle doit avoir
aujourd'hui nne entrevue avec le sous-se-
crétaire d’Etat à la marine marchande.
Sur le désir exprimé par dépêche par ce-
lui-ci, les officiers mécaniciens ont consenti
à assurer le départ du paquebot Atlantique,
courrier d’Extrême-Orient.
DUVIGNQN EST CONDAMNÉ
AUX TRAVAUX FORCÉS
VERSAILLES. — A 5 h. 45, après une heure
de deliberation, le jury rapporte un verdict
de pleine culpabilité mitigé par des circons-
tances atténuantes.
En conséquence, Davignon est condamné
à vingt ans de travaux forcés avec interdic-
tion de séjour.
L’accusé reste indifférent en entendant la
sentence.
Dans les conloirs du Palais, Mme Davi-
gnon mère s'est évanouie.
L’ingénieur Dardenne, la victime de Davi-
gnon, a assisté an prononcé du jugement.
UN DRAME DÎNS UN TRAIN
LYON. — Un drame s’est déroulé hier ma-
lin, dans nn train venant de Genève, près
de la station de Culoz.
Un nommé Cristin a tiré un coup de re-
volver sur sa femme qu’il ramenait a Lyon,
puis il a sauté sur la voie.
Cristin, qui s’est blessé dans sa chute, a
été transporté à l’hôpital.
Quant à sa femme, qui est grièvement
blessée à la tête, elle a été admise à i’Hôtei-
Dieu.
On croit que le meurtrier ne jouit pas de
la plénitude de.wsjacuUés Attentâtes
UNE MÈRE DÉNATURÉE
RENNES. — La gendarmerie de Redon vient
d’arrêter la nommée Marie Métayer, 24 ans,
fille de ferme, habitant Manre qui, en jan-
vier dernier, accoucha clandestinement, fit
bonillir son enfant dans un chaadron et le
jeta en pâture à des porcs.
La coupable a avoué sou crime, mais a dit
que son entant était mort-né.
CONDAMNATION POUR INCITATION
A LA DÉSOBÉISSANCE
FRANCFORT. — Le Tribunal Correctionnel a
condamné hier la socialiste bien connue
Rosa Luxembourg, à un an de prison pour
incitation à la désobéissance aux lois dans
nn discours recueilli par le sténographe d’un
journal religieux, qui la dénonça au par-
quet.
Rosa Luxembourg avait dit : « Si on devait
exiger que nous levions nos armes contre
des frères français ou autres, nous crierions
« Non I » ; nous nous y refuserions 1 »
EL MOKRI EN ALGÉRIE
ALGER. — El Mokri est arrive hier matin à
Alger, venant de Tnnis.
L’ex-grand vizir a déclaré qn’il avait pn se
rendre comtpe pendant son voyage dans la
régence de Tanis de -l’oeuvre immense réa-
lisée par le protectorat français. Il espère
qne ie Maroc parviendra au même degré de
civilisation.
Dans l’après-midi El Mokri a visité les mos-
quées de la ville.
MORT MYSTÉRIEUSE
D’UN CAPITAINE ALLEMAND
RIO-DE-JANEIRO. — Le capitaine Schaedla,
mécanicien en chef dn cuirassé allemand
Kaiser, en voulant, dimanche dernier, em-
pêcher nn matelot de se suicider, qui
avait été atteint d’nne balle de revolver an
ventre, vient de mourir.
Les journaux semblent croire à un assas-
sinat et non à un accident.
L'ÉTAT DE SANTE DE
M. LLOYD GEORGE
LONDRES. — M. Lloyd George est rétabli ; il
est parti bier pour la campagne, où il doit
prendre quelques jours de repos.
UNE EXPLOSION A L’USINE NOBEL
GLASGOW. —Dans une explosion qui s’est
produite à l’usine Nobel, à Norenton, hait
personnes ont été taées.
GRAVE ACCIDENT DANS UNE USINE
FRANCFORT. — Un grave accident s’est pro-
duit â l’usine d'électricité, an cours d’essais
d’une nouvelle turbine à vapeur.
La partie rotative d’une dynamo a fait
explosion.
Un ingénieur et denx onvriers ont été très
gravement blessés ; nn antre ouvrier a été
légèrement atteint.
Par suite de cet accident, la circulation des
tramways a été interrompue pendant trois
quarts d’heure.
VOYAGE AÉRIEN D’UN DIRIGEABLE
MAUBEUGE. — Le dirigeable Clément-Bayard-
VI, venant d’Issy-les-Moulineaux est arrivé
hier matin à Maubeuge, à 11 h. 35.
Nouvelles du Sénat
Le rapport Jeanneney sur
la Réforme Electorale
tin vient de distribuer an Sénat le rapport
de M. Jeanneney snr la réforme électorale.
Le rapportear, au nom de la Commission,
reponsse le projet transactionnel voté par la
Chambre l’an dernier (amendement Lefèvre)
parce que dit-il, « par ce système bâtard on
n’a guère abouti qu’à additionner les défauts
particuliers des deux systèmes (majoritaire
et proportionnaliste) qu'on entreprit à tort
de conjuguer ». Il maintient énergiquement
le principe majoritaire consacré par l’amen-
dement Peytrai etrepoussede nouveau toute
réforme basée sur le quotient. « Plus que
jamais, dit M. Jeanneney, pénétrés des vices
rédhibitoires de toute formule quotientaire,
nous nons croyons donc interdit de recon-
naître nne valeur réelle de transaction an
nouveau projet de la Chambre. Nous ne pou-
vons l’accorder davantageanx contre-projets
qui, à un degré quelconque, comporteraient
l’application du quotient électoral ».
Le rapporteur passe ensuite à l’examen dn
système, recommandé par le gouvernement,
dit de ® vote supplémentaire ». Ce procédé,
on le sait, consiste à donner à chaque élec-
teur, en sus de son vote de liste, un suffrage
supplémentaire qu'il peut appliquer au can-
didat qui a ses préférences.
La Commission a repoussé ce système, d’a-
bord parce que « l’opiniou publique le con-
naît peu », ensaite parce que « l’aléa da jeu
pourrait tenir une large place dans les opé-
rations électorales » et qu’ « aucune donnée
bien sérieuse n’a pu être fournie sur les ré-
sultats du scrutin » ; enfin parce que « rien
ne tait croire que la Chambre accepterait de
souscrire à ce système » puisqu’elle ne lui a
pas fait quand on le lui a suggéré « l’hon-
neur d’une discussion ni d’un vote » et
qu’on ne peutadmettre sérieusement qu’« on
aarait résolu le problème parce qu’on aurait
apporte aux minorités la satisfaction du vote
supplémentaire ».
Le rapporteur conclut donc an maintien
pur et simple du projet voté par le Sénat en
mars 1913 : c’est-a-dire ie scrutin de liste
majoritaire par département, sauf dans les
grands départements qui seraient divisés en
circonscriptions élisant 3 députés an moins
et 5 au plus ; les députés élus pour six ans
avec renouvellement par moitié tous les
trois ans.
Que si, conclut le rapporteur, l’on reproche à
notre projet d’aggraver, par. le rétablissement du
scrutin de liste, la situation des minorités, alors
qu’on devrait chercher plutôt à les protéger, nous
répondrons que presque aucun de nous n’a été
parmi les détracteurs du scrutin d’arrondisse-
ment
Et si, par impossibilité d’un accord entre les
Chambres, le scrutin d’arrondissement devait, en
fin de compte, gouverner les élections législati-
ves prochaines, nous serions bien assurés qu’il
n’opprimera personne : nous nous souvenons que
M. Raymond Poincaré, alors président du conseil,
disait à la Chambre, le 18 juin I9i3, « que lui, au
moins, comme régime majoritaire, fi ménage une
représentation, aux minorités »,
Les Subtilités
de M. Cailloux
Après la critique rigoureuse que M. Ri-
bot avait faite au Sénat, dans une précé-
dente séance, de la politique financière du
gouvernement, le ministère se trouvait mis,
avant-hier, au pied du mur. Il était logi-
quement appelé à émettre un avis ferme
marquant son choix entre les divers systè-
mes en présence desquels il se trouve.
Ces systèmes sont au nombre de trois :
1° Celui de la Commission qui prévoit
une réforme fiscale par étapes, en commen-
çant par le dégrèvement de la propriété fon-
cière non bâtie, avec une imposition compen-
satrice des valeurs mobilières étrangères ;
2° Celui de la Chambre qui établit un im-
pôt général sur tous les revenus par cédules
et un impôt complémentaire sur le revenu
global ;
3° Enfin celui proposé par M. Perchot,
qui reproduit le projet primitif déposé par
M. Cailiaux en 1907, c’est-à-dire qui établit
un impôt sur toutes les branches de revenus,
basé non pas sur la déclaration contrôlée,
mais sur les signes extérieurs et même sur le
chiffre d'affaires.
Pour le ministère, maintenir le principe
rigoureux de l’inquisition fiscale, c'était un
échec assuré ; mais donner satisfaction à la
Commission sénatoriale, ou seulement à
l’amendement Perchot, c’était abandonner
son programme — le programme du Con-
grès de Pau.
Or, le Congrès avait été des plus impé-
ratifs.
Le Bureau exécutif avait dit :« Impôt
personnel sur le revenu et taxe complémen-
taire sur le capital et la plus-value de la ri-
chesse, établie par la déclaration contrô-
lée »,
D’autre part, M. Cailiaux avait proclamé
en son discours : « La première réalisation
que nous attendons est celle de l’impôt sur
ie revenu voté par la Chambre en 1909,
soumis depuis à l’examen du Sénat, et que
nous entendons voir aboutir dans ses prirur
cipes, dans son cadré et dans ses lignes es-
sentielles. »
Enfin on lisait dans le rapport de M.
Malvy : « Nous devons obtenir sans délai
l’impôt progressif sur le revenu, avec dé-
claration contrôlée, et l’impôt sur le capital
s’inspirant des mêmes principes. »
Telle était primitivement la doctrine du
Cabinet Doumergue-Caillaux. Tel était son
système d’impôt sur le revenu.
Devant le Sénat, M. Cailiaux allait-il ie
défendre — et soutenir, étant au pouvoir,
les idées qu’il avait manifestées dans l’op-
position ?
Un moment, M. Cailiaux a semblé faire la
plus sérieuse des concessions en paraissant
accepter la réforme fiscale par étapes, ainsi
que le proposait la Commission sénatoriale.
Mais sur les injonctions, paraît-il, de
quelques-uns de ses amis, il est revenu,
dans la seconde partie de son discours, sur
ce qu’il avait paru tout d’abord admettre.
Après avoir demandé seulement, pour le
présent, le vote des deux premières parties
de la réforme fiscale, à savoir : la réforme
de l’impôt sur la contribution foncière des
propriétés non bâties et l’augmentation des
taxes qui frappent les valeurs mobilières,
afin de boucher le trou creusé dans les re-
cettes par le titre premier, — M. Cailiaux
est allé jusqu’à prétendre incorporer l’im-
pôt sur le revenu tout entier dans la loi de
finances de 1914.
Et cette façon d’en imposer à la Haute-
Assemblée lui valut, déjà part de M. Ribot,
une réplique très ferme, réservant, de la
façon la plus formelle, les droits du
Sénat.
M. Ribot demandait à M. Cailiaux :
— « Porterez-vous à la Chambre les deux
premières parties de la réforme ? »
La question était des plus embarrassan-
tes pour le ministre des finances.
— « Lorsque les deux premiers titres
auront été votés, répondit M. Cailiaux, le
gouvernement demandera au Sénat de con-
tinuer. »
Mais M. Ribot, prompt à la riposte :
— Vous avez, dites-vous, des projets
tout prêts. Croyez-vous que la Commission
pourra statuer V leur sujet en trois jours 1
Pour la iiberlé de la Commission, pour
)a dignité dn Sénat, ne nous posez pas une
sorte d'ultimatum t
Vons avez parlé de l'incorporation de
l’impôt sur le revenu dans le budget. Vous
ne ferez pas cela : ce serait une véritable vio-
lence. (Vifs applaudissements.)
Le Sénat a trop conscience de ses droits
et de sa liberté pour déférer à nne pareille
menace. (Nouveaux et vifs applaudisse-
ments.)
Il s’agit ici d’une question nationale. Je
suis disposé à vous aider, nous y sommes
tous disposés, mais laissez-nous la liberté
d’examiner. Nous enverrons à la Chambre
les deux premiers titres et nous continuerons
l’examen de la réforme. Pas de politique du
tout ou rien.
Faites appel à notre patriotisme et à no-
tre loyalisme. Ils vons sont acquis. Pour ma
part, je serai le premier à vous apporter mon
concours. (Vifs applaudissements sur nn
grand nombre de bancs.)
Ainsi finit la discussion générale.
Et c’est donc mardi prochain que le mi-
nistère fera décidément connaître s’il veut
pu s’il oe veut.pas accepter la disjonction
et le vote immédiat des titres I et H de ,1a
réforme fiscale avant les élections.
Pour ce qui est du titre troisième, qui
remplace par un impôt général sur le re-
venu la contribution personnelle mobilière
actuelle et l’impôt sur les portes et fenêtres,
qu’adviendra-t-il si, après avoir voté les
deux premiers titres, le Sénat les sépare du
troisième, non pas afin d’ajourner indéfini-
ment la réforme, mais pour permettre de
promulguer, avant la fin de la législature,
les textes qui peuvent aboutir en quelques
semaines ?
Car du vote de la réforme intégrale et
complète, il ne saurait être question d’ici la
fin de la législature,—ni de son application
avant un an ou deux, — et cela, de l’aveu
même de M. Cailiaux.
Le* gouvernement consentira-t-il à cette
coupüre ?
Ou bien voudra-t-il réclamer le vote in-
tégral de la loi, — et, de la sorte, tout re-
pousser jusqu’après les élections géné-
rales?
Etant donné que, suivant la doctrine ra-
dicale unifiée, telle que l’a définie sur ce
point M. Pelletan, le Sénat ne peut pas pro-
voquer de crises ministérielles en matière
fiscale, le ministère Doumergue-Caillaux
espère toujours durer jusqu’aux élections.
Et c’est là, certainement, ce qu’il cherche ;
et c’est son seul souci, . -
Seulement, pour durer, il continue d’a-
bandonner ou de laisser dans l’équivoque
tous les points importants de son programme
qui n’était autre que celui du Congrès de
Pau.
Et c’est bien, une fois de plus, la faillite
constatée du programme radical-socialiste
unifié.
Th. Y.
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
.., . , Paris, 20 février»
La discussion snr l’état sanitaire de l’ar-
mée, que la Chambre avait entamé vendredi
dernier, a pris aujourd'hui, avec l’interven-
tion de M. Maginot, une toarnure imprévue
qui a profondément scandalisé les adversai-
i es de la loi de trois ans.
Dès les premiers mots prononcés par le
sons-secreiaire d’Etat à la guerre, les socia-
listes ont dressé l’oreille. Us comprenaient
vaguement qae les explications apportées
par lui ne seraient pas de nature à favoriser
la campagne odieuse qu’ils mènent dans
leurs journaux, dans leurs congrès contre
cette loi de sécurité nationale.
M. Maginot, en effet, reconnaissait bien
que la situation sanitaire est mauvaise dans
Beaucoup de nos garnisons, mais, avec une
impartialité tout à sou honneur, il refusait
d’en faire remonter les causes à la prolon-
gation de la dnrée dn service militaire et à
l’incorporation des conscrits de vingt ans.
Ces causes, M. Maginot l’a démontré avec
nne clarté parfaite, sont tout autres. Elles
tiennent à la rigueur exceptionnelle de l’hi-
ver que nous venons de subir, aux difficul-
tés en présencé desquelles s’est trouvée l’Ad-
ministration de la guerre pour loger, cou-
cher, équiper les effectifs considérables ap-
pelés sous les drapeaux et dont le chiffre a
dépassé de beaucoup celui qui avait été
prévu.
Cela ne faisait pas l’affaire des adversaires
de la loi de trois ans, dont les déclarations si
nettes du sous-secrétaire d’Etat ruinait tou-
tés les espérances. Déjà, à propos d’an inci-
dent entre l'amiral Bienaimé, M. Lauche et
M. Etienne, relatif anx conséquences finan-
cières de l’amendement Daniel-Vincent, les
socialistes avaient jeté feu et flamme, et à
M. Albert Thomas qui accusait le gouverne-
ment d’avoir fait preuve d’une impéritie cri-
minelle, M. Barihou avait énergiquement
répondu : — Je comprends que vous vouliez
me renverser une seconde fois, mais rassu-
rez-vons, nous ne fuyons pas les responsabi-
lités. Ecoutez d’abord l'impartiai exposé dn
sou s-secrétaire d'Etat, nous nous explique-
rons après. »
Cette riposte excita au plus haut point les
socialistes, dont la fureur fut bientôt à son
comble. Songez donc i M. Maginot, mainte-
nant, défendait la loi de trois ans, cette loi,
disait-il, qu’on cherche à déconsidérer en
exploitant contre elle des alarmes injusti-
fiées et que le Parlement ne donnera pas ie
spectacle invraisemblable de modifier quel-
ques mois après l’avoir librement votée...
Les bravos prolongés qui saluèrent le pa-
triotique langage de M. Maginot, augmentè-
rent encore l’exaspération des socialistes et
l'un d’eux, M. Sembat, crut habiie de de-
mander si ce langage avait été concerté d’a-
vance avec le president du Conseil. M. Don-
mergue ne répondant pas, les unifiés inter-
prétaient déjà ce silence comme un désa-
VCG, mais bientôt il leur fallut déchanter.
En effet, lorsque l’instant d’après, salué
par une nouvelle et vibrante salve de bra-
vos, M. Maginot regagna le banc ministériel,
où de nombreux collègues vinrent le fé-
liter, M. Doumergue et M. Nouions furent
les premiers à lui serrer la main.
— Voilà une poignée de main qae l'Officiel
enregistrera, souligna M. Bartbou, toujours
ironique.
Il était bon, en effet, de constater que le
cabinet, le cabinet tont entier, proclame
l’intangibilité de la loi de trois ans, dont le
Congrès de Pan réclamait naguère sinon
l’abolition immédiate, dn moins la révision
par étapes i
On entendit ensnite un long discours de
M. Doisy, adversaire acharné des trois ans,
puis la suite du débat a été renvoyée à lundi.
Vendredi prochain, on discutera l’interpel-
lation sur la politique financière. Ainsi en a
décidé la Chambre, après une escarmouche
assez vive, et à une voix seulement de ma-
jorité.
Au Luxembourg, on a voté la loi relative
aux retraites des ouvriers mineurs avec
quelques modifications de détail qui _ ne
retarderont pas beanconp sa promulgation,
ie gouvernement ayant pris l’engagement de
défendre devant la Chambre le texte adopté
par le Sénat, T?, fl*
SENAT
Séance du 20 février
Le Sénat, Interrompant la discussion de l’impôt
sur le revenu, s’est occupé d’un certain nombre
de projets pour lesquels l’urgence a été sollici-
tée.
• On a adopté un projet de loi créant des tribu-
naux pour enfants.
On discute ensuite un projet de loi sur les re-
traites des mineurs.
M. TOUROIN demande qu’on ne prononce pas
l’urgence, le rapport n’ayant été distribué que ce
matin.
u. MÉTIN, ministre du travail, insiste pour
l’urgence.
Oa passe aux articles, qui sont adoptés après
diverses observations.
La séance est levée à 6 heures.
Séance mercredi à 3 heures.
CHAMBRE DES DÉPUTES
Séances du 20 Février
(Séance du matin)
La séance est ouverte à 9 heures 15,sous la pré-
sidence de M. RADIER, vice-président.
La Chambre continue la discussion du projet de
loi concernant l’organisation de l’enseignement
professionnel do l'agriculture.
ai. GAILHAUD-BANCLL rend hommage aux
efforts de l’initiative privée et particulièrement des
Syndicats agricoles du Sud, pour l’enseignement
de l’agriculture.-
M. GIROD se félicite de l’extension des écoles
ménagères.
La discussion générale est close. L’urgence est
prononcée.
Le premier chapitre est volé et le second ré-
servé.
Sur l’article 3, M. GÉNIAUX dépose un amen-
dement tendant au maintiendel’écoledeDouai.que
certains veulent rattacher à Grignon.
Le vote de cet amendementdonne iieuàun poin-
tage. Le résultat sera proclamé a 3 heures*
La séance est levée à U h. 60.
(Séance de l’après-midi)
La séance est ouverte à 2 h. 20, sous la pré-
sidence de M. PAUL DESCUANEL, président.
LE PRÉSIDENT fait connaître le résultat du
pointage du matin sur l’amendement de M. Daniel
Vincent, tendant au maintien de l’école des indus-
tries agricoles de Douai. Par 313 voix contre 198,
cet amendement est repoussé,
La Chambre vote ensuite une proposition de loi
frappant, à l’entrée, les bois contre plaqués d’un
droit de douane s’élevant de 22 fr. 60 à 76 francs
au tarif général et de 16 à £0 francs au tarif mini-
mum, par 100 kilos..
L’Etat sanitaire de l’Armée
On reprend ensuite la discussion des interpel-
lations sur l’état sanitaire de l’armée et, en pre-
mier lieu, celle de M. Lachaud sur les troupes de
l’Est. „ , ,
M. SIAGINOT, sous-secrétaire d’Etat à la guerre,
a la parole.
— Après, dit-il, les affirmations inquiétantes ex-
primées par M. Lachaud, le gouvernement doit ap-
porter ici des renseignements précis sur la situa-
tion sanitaire de nos troupes.
Il y a intérêt et justice à remettre les choses
au point, après les campagnes systématiques de
ces derniers temps.
La situation sanitaire de notre armée est mau-
vaise sur de trop nombreux points. Celte situation
n’existe que depuis le 16 janvier ; sur 367 garni-
sons. 126 revêtent des cas de maladies épidémi-
ques. L’ordre décroissant de celles où la mortalité
a élé la plus forte donne Romorantin, Pamiers,
Cahors, Nevers, Saint-LÔ, Rodez, Marseille, Cas-
tres, Mayenne.
La moyenne va de 7,02 pour 1,000 à 2,49 pour
1,000.
Sur 823,000 hommes au total, que compte l’ar-
mée, il es! entré à «'hôpital, y compris les hommes
décédés depuis, 37,631 hommes, soit 62,U pour
i,000. En outre, les taux de mortalité et de morbi-
dité ont dépassé ceux des hivers précédents, de-
puis 1908. En 1908, la morbidité était de 3,2 pour
1,000, la mortalité de 4,3 pour 1,000 ; en 1909, ces
chiffres étaient de 3 et 3,6 ; en 1910, de 2,6 et 3,1,
en 191i, de 2,8 et 3,4; en 1912, de 2,6 et 3; en
1913, de 2,6 et 2,9 ; en 1914 de 2,9 et 3,9.
A quoi attribuer le relèvement spécial à. janvier
et février ? A la saison elle-même, anx variations
brusques de température et, aussi, au retour des
permissionnaires de janvier. Ce fait se reproduit
régulièrement chaque hiver.
M AUGAGNEUR proteste et cite pour Toul une
proportion inverse.
ai. MAGINOT : II serait excessif de ne pas tenir
compte do l’accroissement des effectifs. On a dû
appeler deux classes à la fois. Il eut mieux valu
n’appeler la seconde qu’en avril. Des raisons mi-
litaires très sérieuses ne l’ont pas permis.
D’ailleurs la classe 1913 ne s’est pas moins bien
comportée que les précédentes.
L’AMIRAL BIENAIMÉ : Le gouvernement a de-
mandé 60 millions à la Commission dn budget
pour recevoir le supplément de 40,000 hommes ré-
sultant de l’amendement Vincent.
M. ÉTIENNE : C’est une erreur,
aï. ALBERT TiioaiAs : Le fait cité par M. l’ami-
ral Bienaimé est exact. Le gouvernement a fait
preuve d’une impéritie criminelle.
M. BARTHOU : Je comprends que vous voulez
me renverser une seconde fois.
Nous ne fuyons pas les responsabilités. Ecou-
tez l’exposé du sous-secrétaire d’Etat. Nous nous
expliquerons ensuite.
M. LE SOUS-SECRÉTAIRE D’ÉTAT A LA
GUERRE : En raison des circonstances que j’ai in-
diquées, les services de l’intendance et du genie
ont dû, tout à coup, faire face aux nécessités nou-
velles dues à la présence de il hommes de plus
par compagnie.
Au lieu ae se montrer sévères contre ceux qui
ont eu a faire face a une situation si difficile, il
conviendrait de leur savoir gré des efforts qu’ils
ont faits pour y faire face.
L’augmentation des effectifs s’est produite par
des encombrements sur certains points.
D’autre part, des retards sont survenus dans la
livraison des nouveaux casernements.
Pour loger les effectifs qui y devaient trouver
place, on a dû les disperser dans des installations
provisoires, dans des casernements occupés par
d’autres armes ou dans d’anciens baraquements
qui sont à la veille d’êlre désaffectés.
EQ fait, jamais il n’y a eu plus de 18 à 19 hom-
mes par chambre.
ai. ALBERT THOMAS.— L’ordre avait été donné
à Tout, de ne laisser, à l’occasion de la visite des
parlementaires, que le nombre de lits strictement
réglementaire par chambre.
M. LE SOUS-SECRÉTAIRE D’ÉTAT signale l’in-
sufiDance des aménagements accessoires qu’on a
dû ajourner dans la plupart des nouveaux caser-
nements.
Les moyens de fortune qu'on a dû employer
sont peu satisfaisants.
Cependant, cette réserve faite, on doit recon-
naître que les nouveaux casernements ne justi-
fient pas les appréhensions qu’on a manifestées à
leur endroit.
Les conditions du couchage sont moins mauvai-
ses qu’on ne l’a dit : la situation a été très amé-
liorée depuis 3 mois.
M. LAUCHE. — Même pour ceux qui sont cou-
chés au cimetière.
M LE SOUS-SECRÉTAIRE D’ÉTAT indique que,
dans les unités visitées par la Commission d hy-
giène, comme dans les autres, les soldats ont tous
maintenant leurs fournitures réglementaires.
L’alimentation des hommes ne s’est guère res-
sentie de l’augmentation des effectifs.
Les hommes ne se plaignent pas de la nourri-
ture. _
Les crédits affectés à l’alimentation sont suffl-
Au "sujet des vêtements on a beaucoup exagéré.
Les trois classes auront leurs trois collections
dès que les crédits supplémentaires demandés au-,
ront été votés, mais la classe 1913 a touché les
siennes dès l’arrivée aux corps.
— . jgjm
J2 l’ensemble, les soldats ne sont ni dépe-
naillés, ni insuffisamment vêtus. v
..Pu est i® situation du corps de santé miii-
taire î II ex ste un déficit de 320 médecins milL
tjtrea, dont <35 au Maroc ou en mission, sur l’ef-
lectif règlementaire prévu pour l’armée de 2 ans.
Ce sont donc en fait, 720 majors qui nous man-
quent sujourd h*i. avec la loi de 3 ans, et l’effet
ment ^ lourdement sentir en ce mo*
Il faut ajouter que la qualité des médecins*
mojors admis au Val-de-Grace diminue, comme
le nombre des démissions augmente.
C’est que la tâcha des médecins militaires est
aujourdhui bien lourde, 8'aggrave encore d’una
encombrante paperasserie.
Et puis leur solde était insuffisant, et bien
qu el.e ait été récemment augmentée,ilanrait peut-
être fallu leur accorder l’indemnité réclamée pour
eux par M. Lachaud.
D'autre part, leur situation morale est inférieu-
re a celle des officiers des corps de troupe et la
suppression des anciennes appellations les a
cruellement atteints.
Convocation des médecins de réserve et de ter-
ritoriale, réquisition des médecins- civils, réduc-
tion du stage des aides-majors, utilisation des
etudiants accomplissant leur service militaire tel-
les sont les mesures qui ont permis de combler
provisoirement des vides dangereux.
A tous les degrés d’ailleurs, ce personnel se dé-
pense sans compter et fait tout son devoir Door
protéger nos soldats.
En résumé, il n’est pas douteux que le confort
et 1 hygiène des troupes pourrait être meilleure
et que 1 incorporation brusque de 216,000 soldats
supplémentaires n’a pas été sans effet sur la situa-
tion sanitaire actuelle.
L’incorporation simultanée de deux jeunes clas-
ses a évidemment augmenté aussi la surface de
vulnérabilité de l’armée.
Mais il ne convient pas de profiter d’une situa-
tion mauvaise créée par la rigueur exceptionnelle
de cet hiver pour répandre une alarme injustifiée
dans un pays ému. et pour tenter de déconsidérer
une loi votée librement par le Parlement dans la
plénitude de son droit et qu’il ne donnera pas ie
spectacle invraisemblable de modifier, quelques
mois apres.
La France traverse une crise cruelle ; d’autres
pays la traversent et savent la traverser.
M. SEMBAT : Le langage de M. Maginot a-t-il été
concerté d avance avec M. le président du Con-
seil 1
M. MAGINOT conclut que la crise touche à sa
fin et que toutes les mesures sont prises pour
protéger nos soldats contre le retour d’épidémies
qui atteignent dans son coeur et dans sa chair la
nation tout entière.
(L’orateur de retour à son banc, reçoit les féli-
citations de ses collègues, du ministre de la
guerre et du président du Conseil).
M. DOIZY, rappelant les accusations de « bluff
électoral » et « d’exploitation de cadavres » dont
ses amis et lui ont été victimes, constate que la
discours du sous-secrétaire d’Etat ne fait que
confirmer 1rs déclarations de M. Lachaud.
Au cours de son enquête, la Sous-Commission
a eu le plus grand mal à obtenir les témoignages
d’officiers « qui avaient un boeuf sur la langue. »
Mais ces témoignages sont concordants, et il
n’est pas douteux qne les grands responsables
sont à i’état-major général.
Contrairement à l’optimisme de M. Maginot, U
est à craindre que I’epidémie ne soit qu’à son
commencement.
Sans doute, i’incorporation i 20 ans était admis-
sible, mais sous les réserves expresses formulées
par le groupe des médecins de la Chambre : sé-
lection rigoureuse, entraînement méthodique et
lent, et surtout absence d’encombrement dans les
casernes.
Aucune de ces conditions n’a été réalisée.
M. ETIENNE : Des ordres rigoureux avaient été
donnés pour assurer la réalisation de ces condi-
tions.
M. DOISY, continuant son exposé, dit que les
Conseils de révision ont été singulièrement im-
prudents, notamment dans le recrutement du
service auxiliaire.
La défectuosité des casernements a beaucoup
contribué à aggraver aussi la situation : le génie
n’a pas respecté les exo.Rentes prescriptions de
la circulaire de 1907.
si. DRIANT : C'est l’obstruction faite à la loi de
trois ans, devant la Chambre, qui a obligé à
construire ensuite hâtivement des casernements.
M. LACHAUD : La Commission d’hygiène a en-
tretenu de la question le ministre de la guerre
avant qu’aucun bâtiment ne fût commencé.
si. JAURÈS : Le véritable crime, ‘ c’est d’avoir
proposé une pareille loi sans l’avoir préparée.
M. DOISY déclare en terminant qu’en votant la
loi de trois ans on n’a pensé qu’a l’ennemi du de-
hors ; on a oublié l’ennemi du dedans : la tuber-
culose et l’aicojlisme, qui ruinent la qualité de
notre recrutement.
Le capital humain se raréfie ; il ne faut pas,
sous prétexte d’organisation militaire, le gaspiller.
Voix diversfs : La clôture I A lundi 1
M. LE PRÉSIDENT fait savoir que la Commis-
sion du budget demande, si la discussion en cours
doit être continuée lundi, que la séance de ven-
dredi prochain soit consacrée au budget.
M. LOUIS DUBOIS insiste pour que la séance
de vendredi prochain soit réservée à son inter-
pellation sur la politique financière.
M. DOUMERGUE, président du Conseil, déclare
que le Gouvernement est à la disposition de la
Chambre.
M G. COCHERY, président de la Commission du
budget, dit que la Chambre ne voudra pas com-
promettre le résultat de ses efforts en renonçant
a la stricte discipline qu’elle s’est imposée pour
le vote du budséance de lundi qu’en échange de celle de ven-
dredi.
ai. LE PRÉSIDENT consulte la Chambre sur le
renvoi à lundi du débat sur la situation sanitaire
de l’armée.
Le renvoi à lundi est ordonné,
ai. LOUIS DUBOIS demande alors que l’interpel-
lation sur la politique financière soit maintenue
à l’ordre du jour de vendredi.
Par 280 voix contre 279 après pointage, cette
proposition est adoptée.
Séance lundi.
La séance est levée & 7 h. 10.
ÉTRAJVG-ER
ANGLETERRE
JLe Scandale Marconi
Va-t-on voir se rouvrir la grande engnête 1
qu’esquissait l'an dernier nne Commission’
parlementaire de la Chambre des commu-
nes 1 Mais cette fois cette nouvelle enquête
portera sur toute la gestion de lord Murray,
non seulement sur les 750,000 francs d’ac-
tions Marconi achetées pour le compte do
parti libéral dans des conditions qui, d’après
le marquis de Lansdowne, étaient différen-
tes de celles dont jouissait ie public, mais
sur l’achat aussi, pour plus d’un demi-mil-
lion, d’actions de compagnies de chemin de
fer, alors même que le- pays était en proie à
nne grève des cheminots, grève sur les pro-
grès de laquelle le gouvernement, et par
conséquent le chief whip, étaient fixés de
première main.
Jeudi, à la Chambre des lords, le marquis
Lansdowne a exposé les faits avec une vi-
gueur véhémente. Il a rappelé d’abord que
l’introduction des actions de la compagnie
américaine Marconi produisit des spécula-
tions si folies qu’un bénéfice de 37 millions
fut réalisé en denx jours par les personnes
au courant de la combinaison. Les réclama-
tions faites dans l’enquête de la Chambre des
communes ont montré une fâcheuse mé-
connaissance des grandes traditions do ta
vie publique anglaise. Cette enquête n’a ce-
pendant pas tout révélé, puisque lord Mur-
ray a dû apporter une déclaration d’exenses
formelles. Cette déclaration est habile. Mail
Adminislraleup • Délégué-Gérant
O. RANDOLET
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à M. 0. RANDOLET
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( L’AGENOE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
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La PETIT HA VUE est désigné pour les Annonces Jutliolitlres et légales
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1 Le Havre, la Seine-Inférieure, l'Eure,! ^ 0
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Paris, trois heures matin
DÉPÊCHES COMMERCULES
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LONDRES, 20 Février, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE
Domptant.. cal;ne 16417/6 -/- -/-
B mois t65 10/- -/- -/*
ETAIN
Comptant . * 179 -/- -/- 45/-
3 mois faible * 180 16/- -/- 36/-
FER
Comptant., caIme *51/- -/- i*
3 mois 1 * 51/7 % -/- t d fl
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 19 février 1914..
NEW-YORK, 20 FÉVRIER
Cotons t mars, baisse 5 points ; mai,
îausse 1 point ; juillet, inchangé ; octobre,
laisse 3 points. — Soutenu.
Calé* i baisse 2 à 5 points.
NEW-YORK, 20 FÉVRIER
t. m ion i. niait»
Cuivre Standard disp. 14 06 i4 25
mars 14 06 14 25
Amalgamai* Cop... 75 7/8 75 3/4
Fer 15— 15 —
CHICAGO, 20 FÉVRIER
C. DU JOUR C. PRECED
Blé sur...... Mal 94 1/2 94 1/*
— Juillet.... 89 3/8 *9 t/4
Maïs sur..... Mai 66 3/8 65 3 4
— Juillet.... 68 3/4 65 1/8
Saindoux sur. Mai.. .... 10 77 10 80
— Juillet... i. 10 95 il —
LE CONGRÈS DES MAIRES
Dans sa séance d’hier après-midi, le Con-
grès des maires a décidé de commencer nne
campagne auprès des maires de France, afin
qu’ils demandent aux membres de leurs
Conseils municipaux, aux prochaines élec-
tions sénatoriales, de ne nommer que des
délégués résolus à n’accorder leurs suffrages
qu’aux seuls candidats qui auront donné des
gages de leur attachement anx libertés com-
munales. _
VOLEURS DE TABLEAUX
Sur les indications dn nommé Reymânn,
antiquaire à Brnxelles (an individu arrêté
hier à la gare du Nord an moment cù il re-
tirait de la consigne trois colis de tableaux
volés), la police a arrêté à Paris la nommée
Victoria Renier, d’origine belge, demeurant
rue d’Orsei, etNicolas Charles, ouvrier tapis-
sier, demeurant rue Letort.
La Sûreté bruxelloise vient d’arrêter à
Bruxelles un nommé Gaston Godeau, origi-
naire de Gand, bijoutier à Bruxelles, sa fem-
me et la fille Wiliems, maîtresse de Rey-
jnann.
Tous ces individus appartiennent à une
bande internationale.
Les tableaux dérobés chez des particuliers
*t non dans les mnsées, n’ont d’ailleurs
{u’une valeur artistique relative.
CONSEIL DE GUERRE
CHALONS-STJR-MARNE.— Le Conseil de guerre
flu 6e corps vient de condamner à 5 ans de
réclusion et à la dégradation militaire les
nommés André Dollet, né à Montivilliers, et
Emile Perpois, né à Paris, soldats au 151®
d'infanterie à Verdun, qui attaquèrent un
ouvrier, l’assommèrent et lui prirent son
argent. ^ .
LE TUNNEL SOUS LA MANCHE
Le Congrès des Agriculteurs, dans sa
séance d'hier après-midi, a émis le voeu que
les pouvoirs publics encouragent par tous
les moyens possibles la création dn tunnel
sons-marin au Pas-de-Calais, qni donnerait
de grandes facilités à l’exportation des den-
rées agricoles et serait an gige certain de
l’Entente cordiale.
LA GRÈVE DES
OFFICIERS MÉCANICIENS
MARSEILLE. — La délégation des officiers
mécaniciens des Messageries Maritimes est
partie hier soir pour Paris où elle doit avoir
aujourd'hui nne entrevue avec le sous-se-
crétaire d’Etat à la marine marchande.
Sur le désir exprimé par dépêche par ce-
lui-ci, les officiers mécaniciens ont consenti
à assurer le départ du paquebot Atlantique,
courrier d’Extrême-Orient.
DUVIGNQN EST CONDAMNÉ
AUX TRAVAUX FORCÉS
VERSAILLES. — A 5 h. 45, après une heure
de deliberation, le jury rapporte un verdict
de pleine culpabilité mitigé par des circons-
tances atténuantes.
En conséquence, Davignon est condamné
à vingt ans de travaux forcés avec interdic-
tion de séjour.
L’accusé reste indifférent en entendant la
sentence.
Dans les conloirs du Palais, Mme Davi-
gnon mère s'est évanouie.
L’ingénieur Dardenne, la victime de Davi-
gnon, a assisté an prononcé du jugement.
UN DRAME DÎNS UN TRAIN
LYON. — Un drame s’est déroulé hier ma-
lin, dans nn train venant de Genève, près
de la station de Culoz.
Un nommé Cristin a tiré un coup de re-
volver sur sa femme qu’il ramenait a Lyon,
puis il a sauté sur la voie.
Cristin, qui s’est blessé dans sa chute, a
été transporté à l’hôpital.
Quant à sa femme, qui est grièvement
blessée à la tête, elle a été admise à i’Hôtei-
Dieu.
On croit que le meurtrier ne jouit pas de
la plénitude de.wsjacuUés Attentâtes
UNE MÈRE DÉNATURÉE
RENNES. — La gendarmerie de Redon vient
d’arrêter la nommée Marie Métayer, 24 ans,
fille de ferme, habitant Manre qui, en jan-
vier dernier, accoucha clandestinement, fit
bonillir son enfant dans un chaadron et le
jeta en pâture à des porcs.
La coupable a avoué sou crime, mais a dit
que son entant était mort-né.
CONDAMNATION POUR INCITATION
A LA DÉSOBÉISSANCE
FRANCFORT. — Le Tribunal Correctionnel a
condamné hier la socialiste bien connue
Rosa Luxembourg, à un an de prison pour
incitation à la désobéissance aux lois dans
nn discours recueilli par le sténographe d’un
journal religieux, qui la dénonça au par-
quet.
Rosa Luxembourg avait dit : « Si on devait
exiger que nous levions nos armes contre
des frères français ou autres, nous crierions
« Non I » ; nous nous y refuserions 1 »
EL MOKRI EN ALGÉRIE
ALGER. — El Mokri est arrive hier matin à
Alger, venant de Tnnis.
L’ex-grand vizir a déclaré qn’il avait pn se
rendre comtpe pendant son voyage dans la
régence de Tanis de -l’oeuvre immense réa-
lisée par le protectorat français. Il espère
qne ie Maroc parviendra au même degré de
civilisation.
Dans l’après-midi El Mokri a visité les mos-
quées de la ville.
MORT MYSTÉRIEUSE
D’UN CAPITAINE ALLEMAND
RIO-DE-JANEIRO. — Le capitaine Schaedla,
mécanicien en chef dn cuirassé allemand
Kaiser, en voulant, dimanche dernier, em-
pêcher nn matelot de se suicider, qui
avait été atteint d’nne balle de revolver an
ventre, vient de mourir.
Les journaux semblent croire à un assas-
sinat et non à un accident.
L'ÉTAT DE SANTE DE
M. LLOYD GEORGE
LONDRES. — M. Lloyd George est rétabli ; il
est parti bier pour la campagne, où il doit
prendre quelques jours de repos.
UNE EXPLOSION A L’USINE NOBEL
GLASGOW. —Dans une explosion qui s’est
produite à l’usine Nobel, à Norenton, hait
personnes ont été taées.
GRAVE ACCIDENT DANS UNE USINE
FRANCFORT. — Un grave accident s’est pro-
duit â l’usine d'électricité, an cours d’essais
d’une nouvelle turbine à vapeur.
La partie rotative d’une dynamo a fait
explosion.
Un ingénieur et denx onvriers ont été très
gravement blessés ; nn antre ouvrier a été
légèrement atteint.
Par suite de cet accident, la circulation des
tramways a été interrompue pendant trois
quarts d’heure.
VOYAGE AÉRIEN D’UN DIRIGEABLE
MAUBEUGE. — Le dirigeable Clément-Bayard-
VI, venant d’Issy-les-Moulineaux est arrivé
hier matin à Maubeuge, à 11 h. 35.
Nouvelles du Sénat
Le rapport Jeanneney sur
la Réforme Electorale
tin vient de distribuer an Sénat le rapport
de M. Jeanneney snr la réforme électorale.
Le rapportear, au nom de la Commission,
reponsse le projet transactionnel voté par la
Chambre l’an dernier (amendement Lefèvre)
parce que dit-il, « par ce système bâtard on
n’a guère abouti qu’à additionner les défauts
particuliers des deux systèmes (majoritaire
et proportionnaliste) qu'on entreprit à tort
de conjuguer ». Il maintient énergiquement
le principe majoritaire consacré par l’amen-
dement Peytrai etrepoussede nouveau toute
réforme basée sur le quotient. « Plus que
jamais, dit M. Jeanneney, pénétrés des vices
rédhibitoires de toute formule quotientaire,
nous nons croyons donc interdit de recon-
naître nne valeur réelle de transaction an
nouveau projet de la Chambre. Nous ne pou-
vons l’accorder davantageanx contre-projets
qui, à un degré quelconque, comporteraient
l’application du quotient électoral ».
Le rapporteur passe ensuite à l’examen dn
système, recommandé par le gouvernement,
dit de ® vote supplémentaire ». Ce procédé,
on le sait, consiste à donner à chaque élec-
teur, en sus de son vote de liste, un suffrage
supplémentaire qu'il peut appliquer au can-
didat qui a ses préférences.
La Commission a repoussé ce système, d’a-
bord parce que « l’opiniou publique le con-
naît peu », ensaite parce que « l’aléa da jeu
pourrait tenir une large place dans les opé-
rations électorales » et qu’ « aucune donnée
bien sérieuse n’a pu être fournie sur les ré-
sultats du scrutin » ; enfin parce que « rien
ne tait croire que la Chambre accepterait de
souscrire à ce système » puisqu’elle ne lui a
pas fait quand on le lui a suggéré « l’hon-
neur d’une discussion ni d’un vote » et
qu’on ne peutadmettre sérieusement qu’« on
aarait résolu le problème parce qu’on aurait
apporte aux minorités la satisfaction du vote
supplémentaire ».
Le rapporteur conclut donc an maintien
pur et simple du projet voté par le Sénat en
mars 1913 : c’est-a-dire ie scrutin de liste
majoritaire par département, sauf dans les
grands départements qui seraient divisés en
circonscriptions élisant 3 députés an moins
et 5 au plus ; les députés élus pour six ans
avec renouvellement par moitié tous les
trois ans.
Que si, conclut le rapporteur, l’on reproche à
notre projet d’aggraver, par. le rétablissement du
scrutin de liste, la situation des minorités, alors
qu’on devrait chercher plutôt à les protéger, nous
répondrons que presque aucun de nous n’a été
parmi les détracteurs du scrutin d’arrondisse-
ment
Et si, par impossibilité d’un accord entre les
Chambres, le scrutin d’arrondissement devait, en
fin de compte, gouverner les élections législati-
ves prochaines, nous serions bien assurés qu’il
n’opprimera personne : nous nous souvenons que
M. Raymond Poincaré, alors président du conseil,
disait à la Chambre, le 18 juin I9i3, « que lui, au
moins, comme régime majoritaire, fi ménage une
représentation, aux minorités »,
Les Subtilités
de M. Cailloux
Après la critique rigoureuse que M. Ri-
bot avait faite au Sénat, dans une précé-
dente séance, de la politique financière du
gouvernement, le ministère se trouvait mis,
avant-hier, au pied du mur. Il était logi-
quement appelé à émettre un avis ferme
marquant son choix entre les divers systè-
mes en présence desquels il se trouve.
Ces systèmes sont au nombre de trois :
1° Celui de la Commission qui prévoit
une réforme fiscale par étapes, en commen-
çant par le dégrèvement de la propriété fon-
cière non bâtie, avec une imposition compen-
satrice des valeurs mobilières étrangères ;
2° Celui de la Chambre qui établit un im-
pôt général sur tous les revenus par cédules
et un impôt complémentaire sur le revenu
global ;
3° Enfin celui proposé par M. Perchot,
qui reproduit le projet primitif déposé par
M. Cailiaux en 1907, c’est-à-dire qui établit
un impôt sur toutes les branches de revenus,
basé non pas sur la déclaration contrôlée,
mais sur les signes extérieurs et même sur le
chiffre d'affaires.
Pour le ministère, maintenir le principe
rigoureux de l’inquisition fiscale, c'était un
échec assuré ; mais donner satisfaction à la
Commission sénatoriale, ou seulement à
l’amendement Perchot, c’était abandonner
son programme — le programme du Con-
grès de Pau.
Or, le Congrès avait été des plus impé-
ratifs.
Le Bureau exécutif avait dit :« Impôt
personnel sur le revenu et taxe complémen-
taire sur le capital et la plus-value de la ri-
chesse, établie par la déclaration contrô-
lée »,
D’autre part, M. Cailiaux avait proclamé
en son discours : « La première réalisation
que nous attendons est celle de l’impôt sur
ie revenu voté par la Chambre en 1909,
soumis depuis à l’examen du Sénat, et que
nous entendons voir aboutir dans ses prirur
cipes, dans son cadré et dans ses lignes es-
sentielles. »
Enfin on lisait dans le rapport de M.
Malvy : « Nous devons obtenir sans délai
l’impôt progressif sur le revenu, avec dé-
claration contrôlée, et l’impôt sur le capital
s’inspirant des mêmes principes. »
Telle était primitivement la doctrine du
Cabinet Doumergue-Caillaux. Tel était son
système d’impôt sur le revenu.
Devant le Sénat, M. Cailiaux allait-il ie
défendre — et soutenir, étant au pouvoir,
les idées qu’il avait manifestées dans l’op-
position ?
Un moment, M. Cailiaux a semblé faire la
plus sérieuse des concessions en paraissant
accepter la réforme fiscale par étapes, ainsi
que le proposait la Commission sénatoriale.
Mais sur les injonctions, paraît-il, de
quelques-uns de ses amis, il est revenu,
dans la seconde partie de son discours, sur
ce qu’il avait paru tout d’abord admettre.
Après avoir demandé seulement, pour le
présent, le vote des deux premières parties
de la réforme fiscale, à savoir : la réforme
de l’impôt sur la contribution foncière des
propriétés non bâties et l’augmentation des
taxes qui frappent les valeurs mobilières,
afin de boucher le trou creusé dans les re-
cettes par le titre premier, — M. Cailiaux
est allé jusqu’à prétendre incorporer l’im-
pôt sur le revenu tout entier dans la loi de
finances de 1914.
Et cette façon d’en imposer à la Haute-
Assemblée lui valut, déjà part de M. Ribot,
une réplique très ferme, réservant, de la
façon la plus formelle, les droits du
Sénat.
M. Ribot demandait à M. Cailiaux :
— « Porterez-vous à la Chambre les deux
premières parties de la réforme ? »
La question était des plus embarrassan-
tes pour le ministre des finances.
— « Lorsque les deux premiers titres
auront été votés, répondit M. Cailiaux, le
gouvernement demandera au Sénat de con-
tinuer. »
Mais M. Ribot, prompt à la riposte :
— Vous avez, dites-vous, des projets
tout prêts. Croyez-vous que la Commission
pourra statuer V leur sujet en trois jours 1
Pour la iiberlé de la Commission, pour
)a dignité dn Sénat, ne nous posez pas une
sorte d'ultimatum t
Vons avez parlé de l'incorporation de
l’impôt sur le revenu dans le budget. Vous
ne ferez pas cela : ce serait une véritable vio-
lence. (Vifs applaudissements.)
Le Sénat a trop conscience de ses droits
et de sa liberté pour déférer à nne pareille
menace. (Nouveaux et vifs applaudisse-
ments.)
Il s’agit ici d’une question nationale. Je
suis disposé à vous aider, nous y sommes
tous disposés, mais laissez-nous la liberté
d’examiner. Nous enverrons à la Chambre
les deux premiers titres et nous continuerons
l’examen de la réforme. Pas de politique du
tout ou rien.
Faites appel à notre patriotisme et à no-
tre loyalisme. Ils vons sont acquis. Pour ma
part, je serai le premier à vous apporter mon
concours. (Vifs applaudissements sur nn
grand nombre de bancs.)
Ainsi finit la discussion générale.
Et c’est donc mardi prochain que le mi-
nistère fera décidément connaître s’il veut
pu s’il oe veut.pas accepter la disjonction
et le vote immédiat des titres I et H de ,1a
réforme fiscale avant les élections.
Pour ce qui est du titre troisième, qui
remplace par un impôt général sur le re-
venu la contribution personnelle mobilière
actuelle et l’impôt sur les portes et fenêtres,
qu’adviendra-t-il si, après avoir voté les
deux premiers titres, le Sénat les sépare du
troisième, non pas afin d’ajourner indéfini-
ment la réforme, mais pour permettre de
promulguer, avant la fin de la législature,
les textes qui peuvent aboutir en quelques
semaines ?
Car du vote de la réforme intégrale et
complète, il ne saurait être question d’ici la
fin de la législature,—ni de son application
avant un an ou deux, — et cela, de l’aveu
même de M. Cailiaux.
Le* gouvernement consentira-t-il à cette
coupüre ?
Ou bien voudra-t-il réclamer le vote in-
tégral de la loi, — et, de la sorte, tout re-
pousser jusqu’après les élections géné-
rales?
Etant donné que, suivant la doctrine ra-
dicale unifiée, telle que l’a définie sur ce
point M. Pelletan, le Sénat ne peut pas pro-
voquer de crises ministérielles en matière
fiscale, le ministère Doumergue-Caillaux
espère toujours durer jusqu’aux élections.
Et c’est là, certainement, ce qu’il cherche ;
et c’est son seul souci, . -
Seulement, pour durer, il continue d’a-
bandonner ou de laisser dans l’équivoque
tous les points importants de son programme
qui n’était autre que celui du Congrès de
Pau.
Et c’est bien, une fois de plus, la faillite
constatée du programme radical-socialiste
unifié.
Th. Y.
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
.., . , Paris, 20 février»
La discussion snr l’état sanitaire de l’ar-
mée, que la Chambre avait entamé vendredi
dernier, a pris aujourd'hui, avec l’interven-
tion de M. Maginot, une toarnure imprévue
qui a profondément scandalisé les adversai-
i es de la loi de trois ans.
Dès les premiers mots prononcés par le
sons-secreiaire d’Etat à la guerre, les socia-
listes ont dressé l’oreille. Us comprenaient
vaguement qae les explications apportées
par lui ne seraient pas de nature à favoriser
la campagne odieuse qu’ils mènent dans
leurs journaux, dans leurs congrès contre
cette loi de sécurité nationale.
M. Maginot, en effet, reconnaissait bien
que la situation sanitaire est mauvaise dans
Beaucoup de nos garnisons, mais, avec une
impartialité tout à sou honneur, il refusait
d’en faire remonter les causes à la prolon-
gation de la dnrée dn service militaire et à
l’incorporation des conscrits de vingt ans.
Ces causes, M. Maginot l’a démontré avec
nne clarté parfaite, sont tout autres. Elles
tiennent à la rigueur exceptionnelle de l’hi-
ver que nous venons de subir, aux difficul-
tés en présencé desquelles s’est trouvée l’Ad-
ministration de la guerre pour loger, cou-
cher, équiper les effectifs considérables ap-
pelés sous les drapeaux et dont le chiffre a
dépassé de beaucoup celui qui avait été
prévu.
Cela ne faisait pas l’affaire des adversaires
de la loi de trois ans, dont les déclarations si
nettes du sous-secrétaire d’Etat ruinait tou-
tés les espérances. Déjà, à propos d’an inci-
dent entre l'amiral Bienaimé, M. Lauche et
M. Etienne, relatif anx conséquences finan-
cières de l’amendement Daniel-Vincent, les
socialistes avaient jeté feu et flamme, et à
M. Albert Thomas qui accusait le gouverne-
ment d’avoir fait preuve d’une impéritie cri-
minelle, M. Barihou avait énergiquement
répondu : — Je comprends que vous vouliez
me renverser une seconde fois, mais rassu-
rez-vons, nous ne fuyons pas les responsabi-
lités. Ecoutez d’abord l'impartiai exposé dn
sou s-secrétaire d'Etat, nous nous explique-
rons après. »
Cette riposte excita au plus haut point les
socialistes, dont la fureur fut bientôt à son
comble. Songez donc i M. Maginot, mainte-
nant, défendait la loi de trois ans, cette loi,
disait-il, qu’on cherche à déconsidérer en
exploitant contre elle des alarmes injusti-
fiées et que le Parlement ne donnera pas ie
spectacle invraisemblable de modifier quel-
ques mois après l’avoir librement votée...
Les bravos prolongés qui saluèrent le pa-
triotique langage de M. Maginot, augmentè-
rent encore l’exaspération des socialistes et
l'un d’eux, M. Sembat, crut habiie de de-
mander si ce langage avait été concerté d’a-
vance avec le president du Conseil. M. Don-
mergue ne répondant pas, les unifiés inter-
prétaient déjà ce silence comme un désa-
VCG, mais bientôt il leur fallut déchanter.
En effet, lorsque l’instant d’après, salué
par une nouvelle et vibrante salve de bra-
vos, M. Maginot regagna le banc ministériel,
où de nombreux collègues vinrent le fé-
liter, M. Doumergue et M. Nouions furent
les premiers à lui serrer la main.
— Voilà une poignée de main qae l'Officiel
enregistrera, souligna M. Bartbou, toujours
ironique.
Il était bon, en effet, de constater que le
cabinet, le cabinet tont entier, proclame
l’intangibilité de la loi de trois ans, dont le
Congrès de Pan réclamait naguère sinon
l’abolition immédiate, dn moins la révision
par étapes i
On entendit ensnite un long discours de
M. Doisy, adversaire acharné des trois ans,
puis la suite du débat a été renvoyée à lundi.
Vendredi prochain, on discutera l’interpel-
lation sur la politique financière. Ainsi en a
décidé la Chambre, après une escarmouche
assez vive, et à une voix seulement de ma-
jorité.
Au Luxembourg, on a voté la loi relative
aux retraites des ouvriers mineurs avec
quelques modifications de détail qui _ ne
retarderont pas beanconp sa promulgation,
ie gouvernement ayant pris l’engagement de
défendre devant la Chambre le texte adopté
par le Sénat, T?, fl*
SENAT
Séance du 20 février
Le Sénat, Interrompant la discussion de l’impôt
sur le revenu, s’est occupé d’un certain nombre
de projets pour lesquels l’urgence a été sollici-
tée.
• On a adopté un projet de loi créant des tribu-
naux pour enfants.
On discute ensuite un projet de loi sur les re-
traites des mineurs.
M. TOUROIN demande qu’on ne prononce pas
l’urgence, le rapport n’ayant été distribué que ce
matin.
u. MÉTIN, ministre du travail, insiste pour
l’urgence.
Oa passe aux articles, qui sont adoptés après
diverses observations.
La séance est levée à 6 heures.
Séance mercredi à 3 heures.
CHAMBRE DES DÉPUTES
Séances du 20 Février
(Séance du matin)
La séance est ouverte à 9 heures 15,sous la pré-
sidence de M. RADIER, vice-président.
La Chambre continue la discussion du projet de
loi concernant l’organisation de l’enseignement
professionnel do l'agriculture.
ai. GAILHAUD-BANCLL rend hommage aux
efforts de l’initiative privée et particulièrement des
Syndicats agricoles du Sud, pour l’enseignement
de l’agriculture.-
M. GIROD se félicite de l’extension des écoles
ménagères.
La discussion générale est close. L’urgence est
prononcée.
Le premier chapitre est volé et le second ré-
servé.
Sur l’article 3, M. GÉNIAUX dépose un amen-
dement tendant au maintiendel’écoledeDouai.que
certains veulent rattacher à Grignon.
Le vote de cet amendementdonne iieuàun poin-
tage. Le résultat sera proclamé a 3 heures*
La séance est levée à U h. 60.
(Séance de l’après-midi)
La séance est ouverte à 2 h. 20, sous la pré-
sidence de M. PAUL DESCUANEL, président.
LE PRÉSIDENT fait connaître le résultat du
pointage du matin sur l’amendement de M. Daniel
Vincent, tendant au maintien de l’école des indus-
tries agricoles de Douai. Par 313 voix contre 198,
cet amendement est repoussé,
La Chambre vote ensuite une proposition de loi
frappant, à l’entrée, les bois contre plaqués d’un
droit de douane s’élevant de 22 fr. 60 à 76 francs
au tarif général et de 16 à £0 francs au tarif mini-
mum, par 100 kilos..
L’Etat sanitaire de l’Armée
On reprend ensuite la discussion des interpel-
lations sur l’état sanitaire de l’armée et, en pre-
mier lieu, celle de M. Lachaud sur les troupes de
l’Est. „ , ,
M. SIAGINOT, sous-secrétaire d’Etat à la guerre,
a la parole.
— Après, dit-il, les affirmations inquiétantes ex-
primées par M. Lachaud, le gouvernement doit ap-
porter ici des renseignements précis sur la situa-
tion sanitaire de nos troupes.
Il y a intérêt et justice à remettre les choses
au point, après les campagnes systématiques de
ces derniers temps.
La situation sanitaire de notre armée est mau-
vaise sur de trop nombreux points. Celte situation
n’existe que depuis le 16 janvier ; sur 367 garni-
sons. 126 revêtent des cas de maladies épidémi-
ques. L’ordre décroissant de celles où la mortalité
a élé la plus forte donne Romorantin, Pamiers,
Cahors, Nevers, Saint-LÔ, Rodez, Marseille, Cas-
tres, Mayenne.
La moyenne va de 7,02 pour 1,000 à 2,49 pour
1,000.
Sur 823,000 hommes au total, que compte l’ar-
mée, il es! entré à «'hôpital, y compris les hommes
décédés depuis, 37,631 hommes, soit 62,U pour
i,000. En outre, les taux de mortalité et de morbi-
dité ont dépassé ceux des hivers précédents, de-
puis 1908. En 1908, la morbidité était de 3,2 pour
1,000, la mortalité de 4,3 pour 1,000 ; en 1909, ces
chiffres étaient de 3 et 3,6 ; en 1910, de 2,6 et 3,1,
en 191i, de 2,8 et 3,4; en 1912, de 2,6 et 3; en
1913, de 2,6 et 2,9 ; en 1914 de 2,9 et 3,9.
A quoi attribuer le relèvement spécial à. janvier
et février ? A la saison elle-même, anx variations
brusques de température et, aussi, au retour des
permissionnaires de janvier. Ce fait se reproduit
régulièrement chaque hiver.
M AUGAGNEUR proteste et cite pour Toul une
proportion inverse.
ai. MAGINOT : II serait excessif de ne pas tenir
compte do l’accroissement des effectifs. On a dû
appeler deux classes à la fois. Il eut mieux valu
n’appeler la seconde qu’en avril. Des raisons mi-
litaires très sérieuses ne l’ont pas permis.
D’ailleurs la classe 1913 ne s’est pas moins bien
comportée que les précédentes.
L’AMIRAL BIENAIMÉ : Le gouvernement a de-
mandé 60 millions à la Commission dn budget
pour recevoir le supplément de 40,000 hommes ré-
sultant de l’amendement Vincent.
M. ÉTIENNE : C’est une erreur,
aï. ALBERT TiioaiAs : Le fait cité par M. l’ami-
ral Bienaimé est exact. Le gouvernement a fait
preuve d’une impéritie criminelle.
M. BARTHOU : Je comprends que vous voulez
me renverser une seconde fois.
Nous ne fuyons pas les responsabilités. Ecou-
tez l’exposé du sous-secrétaire d’Etat. Nous nous
expliquerons ensuite.
M. LE SOUS-SECRÉTAIRE D’ÉTAT A LA
GUERRE : En raison des circonstances que j’ai in-
diquées, les services de l’intendance et du genie
ont dû, tout à coup, faire face aux nécessités nou-
velles dues à la présence de il hommes de plus
par compagnie.
Au lieu ae se montrer sévères contre ceux qui
ont eu a faire face a une situation si difficile, il
conviendrait de leur savoir gré des efforts qu’ils
ont faits pour y faire face.
L’augmentation des effectifs s’est produite par
des encombrements sur certains points.
D’autre part, des retards sont survenus dans la
livraison des nouveaux casernements.
Pour loger les effectifs qui y devaient trouver
place, on a dû les disperser dans des installations
provisoires, dans des casernements occupés par
d’autres armes ou dans d’anciens baraquements
qui sont à la veille d’êlre désaffectés.
EQ fait, jamais il n’y a eu plus de 18 à 19 hom-
mes par chambre.
ai. ALBERT THOMAS.— L’ordre avait été donné
à Tout, de ne laisser, à l’occasion de la visite des
parlementaires, que le nombre de lits strictement
réglementaire par chambre.
M. LE SOUS-SECRÉTAIRE D’ÉTAT signale l’in-
sufiDance des aménagements accessoires qu’on a
dû ajourner dans la plupart des nouveaux caser-
nements.
Les moyens de fortune qu'on a dû employer
sont peu satisfaisants.
Cependant, cette réserve faite, on doit recon-
naître que les nouveaux casernements ne justi-
fient pas les appréhensions qu’on a manifestées à
leur endroit.
Les conditions du couchage sont moins mauvai-
ses qu’on ne l’a dit : la situation a été très amé-
liorée depuis 3 mois.
M. LAUCHE. — Même pour ceux qui sont cou-
chés au cimetière.
M LE SOUS-SECRÉTAIRE D’ÉTAT indique que,
dans les unités visitées par la Commission d hy-
giène, comme dans les autres, les soldats ont tous
maintenant leurs fournitures réglementaires.
L’alimentation des hommes ne s’est guère res-
sentie de l’augmentation des effectifs.
Les hommes ne se plaignent pas de la nourri-
ture. _
Les crédits affectés à l’alimentation sont suffl-
Au "sujet des vêtements on a beaucoup exagéré.
Les trois classes auront leurs trois collections
dès que les crédits supplémentaires demandés au-,
ront été votés, mais la classe 1913 a touché les
siennes dès l’arrivée aux corps.
— . jgjm
J2 l’ensemble, les soldats ne sont ni dépe-
naillés, ni insuffisamment vêtus. v
..Pu est i® situation du corps de santé miii-
taire î II ex ste un déficit de 320 médecins milL
tjtrea, dont <35 au Maroc ou en mission, sur l’ef-
lectif règlementaire prévu pour l’armée de 2 ans.
Ce sont donc en fait, 720 majors qui nous man-
quent sujourd h*i. avec la loi de 3 ans, et l’effet
ment ^ lourdement sentir en ce mo*
Il faut ajouter que la qualité des médecins*
mojors admis au Val-de-Grace diminue, comme
le nombre des démissions augmente.
C’est que la tâcha des médecins militaires est
aujourdhui bien lourde, 8'aggrave encore d’una
encombrante paperasserie.
Et puis leur solde était insuffisant, et bien
qu el.e ait été récemment augmentée,ilanrait peut-
être fallu leur accorder l’indemnité réclamée pour
eux par M. Lachaud.
D'autre part, leur situation morale est inférieu-
re a celle des officiers des corps de troupe et la
suppression des anciennes appellations les a
cruellement atteints.
Convocation des médecins de réserve et de ter-
ritoriale, réquisition des médecins- civils, réduc-
tion du stage des aides-majors, utilisation des
etudiants accomplissant leur service militaire tel-
les sont les mesures qui ont permis de combler
provisoirement des vides dangereux.
A tous les degrés d’ailleurs, ce personnel se dé-
pense sans compter et fait tout son devoir Door
protéger nos soldats.
En résumé, il n’est pas douteux que le confort
et 1 hygiène des troupes pourrait être meilleure
et que 1 incorporation brusque de 216,000 soldats
supplémentaires n’a pas été sans effet sur la situa-
tion sanitaire actuelle.
L’incorporation simultanée de deux jeunes clas-
ses a évidemment augmenté aussi la surface de
vulnérabilité de l’armée.
Mais il ne convient pas de profiter d’une situa-
tion mauvaise créée par la rigueur exceptionnelle
de cet hiver pour répandre une alarme injustifiée
dans un pays ému. et pour tenter de déconsidérer
une loi votée librement par le Parlement dans la
plénitude de son droit et qu’il ne donnera pas ie
spectacle invraisemblable de modifier, quelques
mois apres.
La France traverse une crise cruelle ; d’autres
pays la traversent et savent la traverser.
M. SEMBAT : Le langage de M. Maginot a-t-il été
concerté d avance avec M. le président du Con-
seil 1
M. MAGINOT conclut que la crise touche à sa
fin et que toutes les mesures sont prises pour
protéger nos soldats contre le retour d’épidémies
qui atteignent dans son coeur et dans sa chair la
nation tout entière.
(L’orateur de retour à son banc, reçoit les féli-
citations de ses collègues, du ministre de la
guerre et du président du Conseil).
M. DOIZY, rappelant les accusations de « bluff
électoral » et « d’exploitation de cadavres » dont
ses amis et lui ont été victimes, constate que la
discours du sous-secrétaire d’Etat ne fait que
confirmer 1rs déclarations de M. Lachaud.
Au cours de son enquête, la Sous-Commission
a eu le plus grand mal à obtenir les témoignages
d’officiers « qui avaient un boeuf sur la langue. »
Mais ces témoignages sont concordants, et il
n’est pas douteux qne les grands responsables
sont à i’état-major général.
Contrairement à l’optimisme de M. Maginot, U
est à craindre que I’epidémie ne soit qu’à son
commencement.
Sans doute, i’incorporation i 20 ans était admis-
sible, mais sous les réserves expresses formulées
par le groupe des médecins de la Chambre : sé-
lection rigoureuse, entraînement méthodique et
lent, et surtout absence d’encombrement dans les
casernes.
Aucune de ces conditions n’a été réalisée.
M. ETIENNE : Des ordres rigoureux avaient été
donnés pour assurer la réalisation de ces condi-
tions.
M. DOISY, continuant son exposé, dit que les
Conseils de révision ont été singulièrement im-
prudents, notamment dans le recrutement du
service auxiliaire.
La défectuosité des casernements a beaucoup
contribué à aggraver aussi la situation : le génie
n’a pas respecté les exo.Rentes prescriptions de
la circulaire de 1907.
si. DRIANT : C'est l’obstruction faite à la loi de
trois ans, devant la Chambre, qui a obligé à
construire ensuite hâtivement des casernements.
M. LACHAUD : La Commission d’hygiène a en-
tretenu de la question le ministre de la guerre
avant qu’aucun bâtiment ne fût commencé.
si. JAURÈS : Le véritable crime, ‘ c’est d’avoir
proposé une pareille loi sans l’avoir préparée.
M. DOISY déclare en terminant qu’en votant la
loi de trois ans on n’a pensé qu’a l’ennemi du de-
hors ; on a oublié l’ennemi du dedans : la tuber-
culose et l’aicojlisme, qui ruinent la qualité de
notre recrutement.
Le capital humain se raréfie ; il ne faut pas,
sous prétexte d’organisation militaire, le gaspiller.
Voix diversfs : La clôture I A lundi 1
M. LE PRÉSIDENT fait savoir que la Commis-
sion du budget demande, si la discussion en cours
doit être continuée lundi, que la séance de ven-
dredi prochain soit consacrée au budget.
M. LOUIS DUBOIS insiste pour que la séance
de vendredi prochain soit réservée à son inter-
pellation sur la politique financière.
M. DOUMERGUE, président du Conseil, déclare
que le Gouvernement est à la disposition de la
Chambre.
M G. COCHERY, président de la Commission du
budget, dit que la Chambre ne voudra pas com-
promettre le résultat de ses efforts en renonçant
a la stricte discipline qu’elle s’est imposée pour
le vote du bud
dredi.
ai. LE PRÉSIDENT consulte la Chambre sur le
renvoi à lundi du débat sur la situation sanitaire
de l’armée.
Le renvoi à lundi est ordonné,
ai. LOUIS DUBOIS demande alors que l’interpel-
lation sur la politique financière soit maintenue
à l’ordre du jour de vendredi.
Par 280 voix contre 279 après pointage, cette
proposition est adoptée.
Séance lundi.
La séance est levée & 7 h. 10.
ÉTRAJVG-ER
ANGLETERRE
JLe Scandale Marconi
Va-t-on voir se rouvrir la grande engnête 1
qu’esquissait l'an dernier nne Commission’
parlementaire de la Chambre des commu-
nes 1 Mais cette fois cette nouvelle enquête
portera sur toute la gestion de lord Murray,
non seulement sur les 750,000 francs d’ac-
tions Marconi achetées pour le compte do
parti libéral dans des conditions qui, d’après
le marquis de Lansdowne, étaient différen-
tes de celles dont jouissait ie public, mais
sur l’achat aussi, pour plus d’un demi-mil-
lion, d’actions de compagnies de chemin de
fer, alors même que le- pays était en proie à
nne grève des cheminots, grève sur les pro-
grès de laquelle le gouvernement, et par
conséquent le chief whip, étaient fixés de
première main.
Jeudi, à la Chambre des lords, le marquis
Lansdowne a exposé les faits avec une vi-
gueur véhémente. Il a rappelé d’abord que
l’introduction des actions de la compagnie
américaine Marconi produisit des spécula-
tions si folies qu’un bénéfice de 37 millions
fut réalisé en denx jours par les personnes
au courant de la combinaison. Les réclama-
tions faites dans l’enquête de la Chambre des
communes ont montré une fâcheuse mé-
connaissance des grandes traditions do ta
vie publique anglaise. Cette enquête n’a ce-
pendant pas tout révélé, puisque lord Mur-
ray a dû apporter une déclaration d’exenses
formelles. Cette déclaration est habile. Mail
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