Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-02-19
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 février 1914 19 février 1914
Description : 1914/02/19 (A34,N11885). 1914/02/19 (A34,N11885).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1720504
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
34"te»& R* 11,885 (6 Pages! 8 Mms—CTWflirByiftHII— 8 Ccatimes (G Pages) Jeudi <9 Février 1914
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Le Petit Havre
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( le Journal,
Le PETIT HAVRE est désigne pour les Annonces Judiciaires et légales ]|
A B O N N E'M E N T S TROIS MOIS SIX MOIS UN AN
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure, 1 9 Fr JL 8 Fr
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DlMIIIll llGU
Paris, trois heures matin.
DÉPÊCHES COMMERCIALES
3VTBTA.U25:
LONDRES, f 8 Février, Dépêche de 4 h. 30
1 TON COURS HAUSSE- »AISSB
CUIVRE j
8 mois P *65 7/6 -/- j t/6
ETAIN ]
Comptant..) *178 IB/- -/- ’ 48/-
3 mois.....) irréffufc * WO 2/6 -/- 47/6
FER I
Comptant ..jcalma Ë?
8mois...'..) *51/6 1 a , */■
Prix comparés avec ceux de la deuxième Boursô
lu 17 février 1911.
NEW-YORK, 18 FÉVRIER
Cotons : mars, baisse 3 points ; mai,
baisse 5 points ; juillet, baisse 0 points ?
octobre, baisse 4 points.— Soutenu.
Cafés > baisse 7 à 10 points.
NEW-YORK, 18 FÉVRIER
; e. tt ion «. memsr ,
Cuivre Standard disp. 14 31 14 3L
i mars 14 31 14 31
Amalgamat. Co|».. . 75 7/8 75 1/2
CHICAGO, 18 FÉVRIER
G» DG JOUR C. PRECED
^14 sur Mai., ; 94 3/8 94 3/4
— Juillet.,.^ 89 3/8 89 1/2
Maïs sur Mai......^ 66»/» j • -66 3 8
_ Juillet.65 1/4 l 65 5 8
Saindoux sur. Mai....... 10 91 10 92
— Juillet,.. J U iP ii 12
LA REFORME FISCALE
Le brait a couru dans les couloirs de la
Chambre et du Sénat que M. PerChot allait
retirer son amendement relatif à l’impôt
sur le revenu. Cet amendement reprend les
principes do projet voté par la Chambre.
M. Perchot a fait démentir cette nouvelle
dans la soirée.
D’antre part, oh disait que le gouverne-
ment allait accepter les suggestions de MM.
Ribot et Tonron et réaliser la réforme de
l’impôt sur le revenn par étapes.
M. Caillaux, ministre des finances, a fait
également démentir ce bruit ; il a ajouté que
le gouvernement conservait son attitude
première.
Après une longue discussion, la Commis-
sion de législation fiscale a adopté Ie3 tarifs
de l’impôt sur le capital proposes par le mi-
nistre des finances en leur faisant snbir quel-
ques retouches favorables aux fortunes
d’environ 250,000 francs. Elle a adopté l'exo-
nération à trente mille mille francs, mais en
ce qni concerne les personnes mariées elle
a maintenu sa décision de séparer les patri-
moines et par conséquent, de porter à 60,000
'francs en moyenne, l’exonération à la base
pour le ménage. En ce qui concerne les ré-
ductions d’impôts en raison du nombre des
enfants, la Commission n’a pas adopté l’ar-
ticle du projet qui conduisait à la réduction
fixée à 2,50 par tête d’enfant.
Elle a substitué à ce système une réduc-
tion de 5 0/0 de l’impôt pour nn enfant, de
10 0/0 pour denx enfants et de 20 0/0 pour
trois enfants avec réduction supplémentaire
de 10 0/0 de l’impôt pour chacun des enfants
Au delà du troisième.
Ces rédactions sont accordées pour les en-
fants vivants, légitimes on reconnus, âgés de
moins de 25 ans, âge qui correspond à peu
près à la libération du service militaire.
D’après les statistiques de la population
française, la Commission a évalué à une
trentaine de millions le coût de ces rédac-
tions, ce qni ramènerait de 190 à 160 millions
le rendement à attendre de l’impôt du capi-
tal.
Dans sa prochaine séance, la Commission
examinera les moyens de faire face à ce dé-
ficit.
LE CONGRES DES AGRICULTEURS
Dans sa séance d’hier, le Congrès des agri-
culteurs de France a émis le voeu qn’on éta-
blisse très nettement des distinctions entre
les viandes réfrigérées et les viandes con-
gelées.
Le Congrès à exprimé le voeu tendant à ce
que l’organisation des mutuelles s’occupant
de la lutte contre la taberculosa bovine soit
le plus possible vulgarisée et que l’attention
du gouvernement soit appelée sur la néces-
ÏÙA - a^»imiler dans le nouveau projet con-
tre la tuberChî^î? les mutuelles fondées spé-
îialement contre là tti®êr£3|®8® bovine aux j
mutelles.
L’AVIATION MARITIME
MARSEILLE. — L’enseigne de vaisseau Jan-
vier, du croiseur Foudre, s’est livré hier à
d’intéressantes expériences d’hydravion.
Après avoir plané à une très grande hau-
teur au-dessns de la ville, l’aviateur a gagné
la hante mer et, à 4 heures, atterrissait en
vol plané sur la plateforme avant du croi-
seur Foudre,
jLA CONVOCATION DES RESERVISTES
LIMOGES.— Suivant la France militaire, ton-
ies les convocations de réservistes sont sus-
pendues jusqu’au 15 mars dans les corps ap-
partenant à des garnisons dans lesquelles
sévissent des épidémies nettement caractéri-
sées ou occupant des casernements dans les-
quels l’installation des réservistes ne pour-
rait être assurée dans de bonnes conditions
d’hygiène.
UNE MUTINERIE A LT PRISON
MILITAIRE DE TOULOUSE
Une grave mutinerie vient da se produire
à la prison militaire de Toulouse. Après
avoir tenté en vain de s’évader en perçant
un mur et nn plafond, cinq détenus récem-
ment arrivés à Toulouse se sont barricadés
dans leur chambrée, ont brisé tout le maté-
riel de casernement. Il n’a pas fallu moins
de dix hommes armés de haches pour forcer
leur retraite. . ..
On n’y parvint pas tout de suite, car le siè-
ge dura de sept neures du matin à quatre
heures de l’après-midi. Les matins, vaincus,
ne tentèrent aucune résistance et se laissè-
rent docilement conduire en cellule.
Treize soldats en prévention de conseil de
gnerre occupaient la pièce oîi s’ôtaient en-
fermés les forcenés, mais terrorisés par
leurs camarades, ils n’osèrent pas bouger.
L’an d’eux tenta pourtant de protester. Mal
lui en prit.-Toute la bande se rua sur lui et
le roua de coups.
Les prisonniers révoltés étaient récem-
ment arrivés à Toulouse, venant de Toulon.
Iis ont été condamnés pour désertion, refus
d’obéissance et outrages à des supérieurs à
à des peines variant de dix-huit mois à trois
aus de prison. Ces jeunes gens ont fait partie
des sections de discipline.
l’ÉTAT SANITAIRE DE L’ARMÉE
MONTBRISON. — Deux cas de méningite cé-
rébro-spinale viennent d’être constatés dans
.l'armée.
L’ASSASSINAT DE CADIOU
BREST. — L’ingénieur Pierre comparaîtra
aujourd’hui devant le juge d’instruction qui
doit lui poser la question suivante :
« M. Càdiou a été tué par une balle de re-
volver de 6mm. Où est l’arme de ce calibre
que vous avez achetée en juin dernier et
qu'on n’a pas retrouvée, à votre domicile ? »
L’ingénieur Pierre a déclaré à son avocat
qu’il fournira des explications à ce sujet.
CONDAMNATION A MORT
BLOIS. — La Cour d’assises vient de con-
damner à mort lé nommé Gaston Mesmean
qui assassina, èn novembre dernier, pour la
voler, une dame Madeleine Arnould, âgée de
85 ans, débitante à Malkoff, commune d'Aver-
don, dans le Loir-et-Cher.
Le nommé C'âulas a été condamné à 5 ans
de réclusion, pour complicité.
Le crime leur rapporta cent quinze francs I
UN TERRIBLE DRAME
TULLE. — Une femme de 26 ans, Marie
Feuiliardier, habitant Bort, commune de
Condat, a jeté dans un réservoir deux de ses
enfants âgés de 2 ans et de 6 mois, puia
s’est précipitée à l’eau à leur suite.
Les voisins, avertis, accoururent, mais ne
retirèrent du réservoir que trois cadavres.
Le drame est attribué à la jalousie. '
UNE AFFAIRE D’ESCROQUERIE
M. Kastler, juge d’instruction, vient de
renvoyer devant le Tribunal correctionnel,
sous l’inculpation d’escroquerie et de ban-
queroute simple, le banquier LegrouX qui,
sous le nom de Legronx-Pradel, avait ouvert
une banque rue Taitbouh
Legroux est en fuite.
LES LOIS SCOLAIRES EN BELGIQUE
BRUXELLES. — La Chambre a voté en se-
conde lecture l’ensemble de la loi scolaire
qui instaure notamment l’instruction obli-
gatoire et met les écoles officielles et les éco-
les libres sur le même pied en ce qui con-
cerne ies subsides.
Deux démocrates chrétiens se sont abste-
nus.
Les socialistes et les libéraux ont quitté la
salle après avoir donné lecture de leur pro-
testation contre la loi.
nouvelles Politiques
A la Fédération des Gauches
C’est le 22 mars — et non le 22 février,
comme il a été imprimé par erreur — qu’au-
ront lieu sur divers points de la France la
série-de conférences organisées par la Fédé-
ration des gauches.
Nouvelles de la Chambre
La rupture abusive du contrat de
travail
Fn exécution d’une promesse faite par M.
Cheron, alors ministre da travail, au cours
d’une interpellation sur le renvoi d’ouvriers
syndiqués, M. Aibert Métin a déposé, hier
après-midi, sur le bureau de la Cbambre des
députés, nn projet de loi sur « la rupture
abusive du contrat de travail ».
Le projet actuel s’inspire d’an texte qu’a-
vait présenté à la Cbambre, dèS'iâOè, sur là
même question, M. Doumergue, qui était
alors ministre du commerce èt du travail.
M. Métin s’est préoccupé, avec ie garde
SÇeàU* qui a contresigné le projet, de
garantir ^nûê nrç^ absolue la liberté d’opi-
nion, de croyance et Te libre sxemcc de tous
les droits des parties contractantes.
Ce projet modifie les articles 19 et 23 du
livre !” du code du travail. Il ajoute à l-’arti-
cle 13 le paragraphe suivant :
Sera réputée illicite, et par suite entraînera la
nullité du contrat, toute clause d’un contrat de
travail dans lequel auront été imposées à l’une
des parties des conditions en disproportion fla-
grante avec la valeur ou l’importance des servi-
ces engagés.
Et il ajoute à l’article 23 les deux paragra-
phes que voici :
Le tribunal, nour apprécier s’il y a abus dans
la résiliation du contrat par la volonté d’un seul
pouvant donner lieu à dommages-intérêts, pourra
faire une enquête sur les circonstances de la
rupture. Il devra, en tout cas, demander à la
partie qui a rompu le contrat les motifs de la
rupture.
Est réputée abusive, au sens du précédent pa-
ragraphe, la résiliation qui aura eu pour cause la
méconnaissance d’un droit de l’une des
contractantes,
La Triple-Alliance
et la Triple-Entente
DANS LA MÉDITERRANÉE
î.e problème de l’équilibre méditerra-
néen, qui est essentiel pour la France et
qui ne l’est pas moins pour l’Angleterre,
doit être actuellement pris très au sérieux 1
Le jour où les Italiens ont débarqué à
Tripoli, jetant indirectement les yeux sur
Tunis, la période de cordialité franco-ita-
lienne, qui datait du traité de désintéresse-
ment marocain-tripolitain, a subitement
pris fin. Et le jour où l’escadre italienne a
mouillé devant Rhodes, la traditionnelle
amitié italo-anglaise a reçu un coup dont
il se peut qu’elle ne se relève pas. Eu même
temps le gouvernement de Rome, après des
années de tiédeur, se rapprochait ouverte-
ment de la Triple-Alliance. Et celle-ci dé-
masquait tout à coup une politique méditer-
ranéenne, qu’on soupçonnait sans doute
depuis longtemps, mais dont on ne la croyait
pas capable d’entreprendre si vite la réali-
sation.
L’Allemagne, l’Italie, P Autriche-Hongrie
ont aujourd’hui, toutes trois, des visées sur
la Méditerranée orientale. La première,
fortement assise en Asie-Mineure par le
chemin de fer de Bagdad, s’est assuré en
fait la possession du port d’Alexandrette,
grâce auquel elle apparaît pour la première
fois sur la Méditerranée. La seconde, qui
n’a peut-être pas entièrement renoncé à son
vieux rêve de Salonique, est en train de
déborder sur le Nord de l’Albanie, tandis
que, dans le Balkan oriental, elle pèse de
tout son poids sur la Serbie.
Quant à l’Italie, après deux ans de pro-
testations purement formelles et qui du
reste ne trompaient personne, elle avoue
enfin son jeu, son but, ses ambitions. Elle
restera dans les Iles ; ou bien, si elle en
sort, ce ne sera qu’au prix de compensa-
tions réclamées par elle en Asie Mineure,
Adalia et son hinterland par exemple. Elle
veut prendre pied sur le Continent asiati-
que, comme elle vieni-d© prends® pied.sur
le Continent africain. En même temps, de
compte à demi avec l’Autriche, elle sur-
veille le Balkan et s’apprête à confisquer sa
part d’Albanie. Le programme est vaste,
ambitieux, difficile peut-être à réaliser,
mais il répond au renouveau impérialiste
du peuple italien, qui se souvient du Mare
nostrum des Romains, et dont la bruyante
mégalomanie n’est pas pour nous surpren-
dre.
Si l’on songe à ce qu’était la Méditerranée
il y a seulement dix ans, le contraste se
révèle inquiétant pour la Triple-Entente.
Avant la grande liquidation orientale, ce
coin du monde semblait délaissé et comme
à l’écart de l’attention générale. C’est
ailleurs que se déroulaient les grandes
crises politiques : en Amérique, en Extrê-,,
me-Orient, au Maroc, plus récemment dans
l’Europe continentale elle:même, où le pro-
blème de l’équilibre européen, de l’équili-
bre continental dominait tout.
Les Anglais l’avaient si bien compris
que, ralliant vers le coeur de l’Empire
leurs forces éparpillées antérieurement sur
le monde, ils s’étaient attachés à grouper, à
l’entrée de la Mer du Nord, l’essentiel de
leur puissance navale. C’est là, pensaient-
ils, que devait se jouer la grande partie
dont l’avenir dépendrait. Nous voyons en
effet, depuis quelques années, par le thème
et le caractère des manoeuvres navales
britanniques, que leur attention s’est con ¬
centrée presque exclusivement sur les
abords immédiats de leur Ile.
Le demi-abandon de la Méditerranée était
la conséquence inévitable de cette nouvelle
politique militaire. On ne l’avouait pas,
sans doute ; mais les faits parlaient sans
équivoque possible : ne voyait-on pas les
garnisons de Malte et de Gibraltar rédui-
tes, l’escadre méditerranéenne transférée à
Gibraltar, point stratégique où elle pourrait
se porter indifféremment du côté de l’Egypte
où du côté de l’Angleterre ? N’avait-oa pas
l’impression (contredite sans doute par des
déclarations officielles, mais manifeste) que
l’Angleterre se reposait un peu sur la Fran-
ce, son amie, du soin de veiller à la défense
méditerranéenne ? *
Il est vrai que la situation militaire et
diplomatique des puissances de la Méditer-
ranée portait l’Angleterre à la confiance.
Il n’existait, dans cette partie du monde,
qu’une seule escadre dont on tînt compte,
la française; et quant à l’Italie, l’Angle-
terre n’imaginait pas que rien de désagréa-
ble pût survenir de son fait. N’était-ce pas
une amie de cinquante ans, presque une
i i&iée ?
Ces îaïsolineiïïents, qui naguère encore
paraissaient si plausibles, s’appartiennent
désormais plus qu’au passé. L’opinion an-
glaise s’ésl aperçue tout à coup que ni l’Ita-
lie, ni l’Autriche n’étaient si inexistantes
qu’il lui avait plu de le croire. Le transport,
vivement mené, de 60,000 Italiens en Tri-
politaine était, à cet égard, de nature à
faire réfléchir. Et si l’on additionne les cui-
rassés dont disposent les gouvernements de
Rome et de Vienne, le total n’est pas rassu*
rant: dès aujourd’hui, ces deux puissant
ces poufraient mettre en ligne 25 cuirassés,
22 croiseurs-cuirassés, 195 petites unités,,
alors que l’effectif britannique en Méditer-
, rauée ne.dépasse pas 7 grosses. uuitésdDaiis
un avenir prochain, à supposer que l’Angle-
terre ne fasse pas un gros effort, la situa-
tion sera pire encore : en 1917 l’Italie pos-
sédera 10 dreadnoughts, l’Autriche 4 et
peut-être 81
Il y a sans doute l’escadre française ; et
bien qu’elle doive être, en cas de guerre,
principalement affectée à la protection de
nos mouvements de troupes africaines à
destination de la Métropole, il est évident
que ^Angleterre peut compter sur sa coo-
pération. Mais il ne faut pas oublier que nos
intérêts essentiels sont dans la Méditerranée
occidentale, tandis que l’Angleterre ne
peut, sans risquer la ruine de son Empire,
renoncer à la maîtrise de la Méditerranée
orientale. L’Egypte, route des Indes, doit
être défendue. Les Anglais se souviennent
de l’armée de Bonaparte, immobilisée et
pefdue de fait pour la France dès.l’instant
qfie notre flotte fut détruite. Une armée an-
glaise isolée en Egypte est par avance
vouée à la destruction. Une politique nava-
le active s’impose donc à l’Angleterre. Déjà
l’on parle d’Alexandrie base navale, et M.
Winston Churchill, ministre radical, va se
voir obligé de faire un budget de la marine
tel que ses prédécesseurs tories n’en ont
jamais connu. .
Nous ne voulons pas être et ne sommes
jamais systématiquement pessimistes.
Avouons cependant qu’il est inquiétant de
voir la Triple-Alliance désormais installée
dans la Méditerranée. Nous avons connu
des temps récents, où les liens du système
rival du nôtre semblaient se. relâcher, où
les partenaires, désunis ou jaloux, travail-
laient chacun de leur côté. Cette phase
nouvelle de la question orientale leur a re-
donné l’unité de vues qui leur manquait.
Pendant les deux guerres balkaniques et
pendant les intrigues qui les ont suivies,
les trois alliés ont montré qu’ils savaient
où iis allaient, qu’ils avaient une politique
méditerranéenne en même temps qu’une
politique continentale.
Pourquoi faut-il qu’au même moment
(moment si grave pour l’Europe) la Triple-
Entente paraisse désorientée et sans chef?
Pourquoi les radicaux anglais semblent-ils
redoubler de naïf et impraticable pacifisme?
Pourquoi les Russes laissent-ils se produire
des incidents PautiM 2 La ^uestioiLiiaédi-
ferranêenne h’est pas une question locale,
mais une question mondiale. C’est à ce titre
qu’elle doit nous occuper, et presque nous
préoccuper,
ANDRÉ SIEGFRIED.
ÉTRAJIGEB
SUÈDE
Fia de la Crise Miaistérielle
D’après les journaux, la crise ministérielle
serait dénouée. Le roi aurait approuvé la
liste suivante :
M. de Ilammarskjoeld, gouverneur d’Up-
sal, prend la présidence du Conseil et le
portefeuille de la guerre.
Le sénateur Knut /Wallenberg. actuelle-
ment directeur de la grande banque qui
porte son nom, reçoit le portefeuillé des af-
faires étrangères.
M. Ilasselrot, président de la cour d’ap-
pel de Kristianstad, reçoit le portefeuille de
la justice.
M. Yennersten, industriel, prend le por-
tefeuille des finances.
M. de Sydow, gouverneur de province,
entre au ministère de l’intérienr.
M. Vestman, professeur, prend le porte--
feuille des cultes, et M. Brostrom celui de la
marine.
Le baron Beckfries, propriétaire, devient
ministre d8 l’agriculture.
MM. Sternberg, Linner et le colonel Morke
font partie du ministère, mais sans porte-
feuilles.
Dans les milieux officiels suédois, on s’abs-
tient de confirmer, comme du reste de cons-
tester l’exactitude de cette liste.
On fait remarquer que le chef du nouveau
ministère, connu à l’étranger comme mem-
bre de la cour permanente d’arbitrage qui
s’occupa des incidents de Casablanca, a su
s’entourer d’hommes de haute compétence.
Le nouveau ministre des affaires étrangères
est aussi très connu à l’étranger.
RUSSIE
Va Grand-Duc auteur dramatique
Il y a environ un mois, le grand-duc
Constantin donna à Saint-Pétersbourg, de-
vant un cercle restreint d’invités de l’aristo-
cratie, une représentation d’une tragédie
mystique intitulée Le Foi des Juifs, dont il
est l’auteur.
Cette représentation obtint un vif succès,
et ie grand-duc autorisa la représentation
publique de son oeuvre dans un théâtre de
Saint-Pétersbourg.
D’après les journaux, les éléments de la
droite mènent, depuis lors, une campagne
active pour empêcher que la pièce, qu'ils
considèrent comme étant d’une orthodoxie
relative, soit donnée en public.
Arla Douma d’empire, un prêtre député,
parlant des progrès de l’irreligion en Russie,
a fait allusion à « nne pièce anonyme, inti-
tulée le Roi des Juifs, qui l’avait bouleversé
jusqu’à lui enlever le sommeil ». Et la droite
de rassemblée a pris la résolution de deman-
der au métropolite de Saint-Pétersbourg de
s’opposer à la diffusion de l’oeuvre de C. R.
(Constantin Romanofi) 1
D’autre part, d’après la Gazelle de la Bourse,
une délégation de députés nationalistes,
ayant à sa tête M. Jemyslovsky, avocat, par-
tie civile au procè3 Beilis à Kieff, aurait ren-
du visite à l’ancien archevêque de Volodka,
M. Nicom, membre influent dn Saint-Synode,
pour le prier d’user de son autorité afin que
la représentation n’ait pas lieu.
GRECE
La Mission Militaire Française
Le roi a adressé au général Eydoux, chef
de la mission militaire française, et aux
chefs des corps d’armée des lettres antegra-
phes leur demandant de travailler assrdû-
> ment à la réorganisation de l’armée, qui de-
vra se montrer digne de ses engagements
envers la patrie agrandie.
au CONSEIL MUNICH
Séance cLix JL S tEvé'xrirAei? 5.©j..4fc
Présidence de M. MORGAND, Premier Adjoint
Une Interpellation sur les Mesures d’ordre et la
Conférence de Franklin
DÉBATS MOUVEMENTÉS. - UNE SCÈNE DE PUGILAT.
L’Ordre du jour pur et simple voté
Jamais encore, de mémoire de HavraiS, on
n’avait assisté à séance plus tumultueuse,
plus violente. Même à un moment, deux
conseillers municipaux, MM. Langlois et
Allan en sont venus aux voies de fait. Et
tout cela, à propos d’une interpellation faite
à l’Administration municipale au sujet des
mesures d’ordre qui avaient été prises, di-
manche dernier, lors de la venue en notre
ville de MM. Briand, Barthôu et Chéron.
On avait procédé à i’appel nominal, qui
avait tait constater la présence de MM. Mor-
gand, Serrurier, Yigné, Badqpreau et Jen-
nequin, adjoints ; celle de MM. Maillart,
Lang, Begouén-Demeaux, Cherfils, Lenor-
mand, Beurrier, Langlois, Deliot, Allan, Gri-
pois, Bricka, Schoux, Brot, Le Chapelain,
Grenier-Lemarchand, Coty, de Grandmai-
son, Encontre, Salacrou, Basset, Meyer et
Masselin ;
On avait procédé à l’élection de MM. Cher-
fils et Coty, comme secrétaire et secrétaire-
adjoint ;
On avait entendu les dernières communi-
cations faites par l’Administratiofi an Con-
seil municipal, lorsque vinrent en discus-
sion les questions et propositions, puisque
d’ailleurs nous étions en session ordinaire,
lorsque M. Le Chapelain interpella sur les
mesures de police prises à propos de la Con-
férence de dimanche dernier et des mani-
festations tumultueuses organisées et d’ail-
leurs annoncées, — et qui n’ont rencontré
que réprobation parmi notre population ha-,
vraise.
Voici la relation de ces débats passionnés:
et des incidents violents qui surgirent
Les Mesures J’Orilfe et - i
ta ConfôFence de FrankLin
M. Le Chapelain demande la parole. 11
trouve excessives les mesures d’ordre qui
tarent prises dimanche. Il n’y avait pas be-
soin de tant de gendarmes. Les mesures pri-
ses primitivement par la municipalité étaient
suffisantes ; elle aurait dû réduire ces mesu-
res en proportion de celles qui ont été pri-
ses par surcroît par le gouvernement.
La violence appelle la violence. M. Le Cha-
pelain dit qu’un officier de gendarmerie et
un gendarme se sont livrés à des « voies de
fait » contre les manifestants. Si les citoyens
doivent se souvenir de leurs devoirs, les
agents de la force pnblique doivent avoir pa-
reil souci. Or, quatre arrestations ont été
opérées et quatre citoyens ont été frappés
en arrivant au poste de la rue Kléber. L’un a
été giflé, un autre traîné à terre et frappé,
nn autre a reçu un coup derrière la tête. M.
Le Chapelain ne demande pas une enquête,
parce que, dit-il, elle resterait sans résultat.
Mais il ne faut pas que pareils faits se repro-
duisent.
M. Morgand, adjoint, répond que, par
suite des appels qui avaient été faits a des
manifestations tumnltuenses par certains
journaux, par des affiches et par des tracts
distribués en grand nombre, la Municipalité
avait cru devoir prendre des mesures d’or-
dre.
Elles n’ont pas été trouvées suffisantes par
le gouvernement, et c’est lui qui les a aug-
mentées et imposées.
Quant aux faits de brutalité qui se se-
raient produits, un seul est bien constaté, —
et c’est nn magnifique coup de poing reçu
par nn agent de la force publique.
M. Langlois : Et cet agent n’est antre que
le lieutenant de la police municipale i
M. Morgand, adjoint : La police et la gen-
darmerie ne sont intervenues qu’avec la
plus grande discrétion.
M. Lé Chapelain : Je ne nie pas le coup de .
poing reçu par le lieutenant de police, et je
le regrette beaucoup. Mais il n’empêche que
des citoyens ont été frappés an poste.
M. Morgand : Nous n’avons pas reçu une
plainte, pas une sénle 1
M. Allan : regrette que les gendarmes
soient arrivés en si grand nombre, avec leur
nouveau casque. Il conteste les dires de M.
Morgand. Il estime que si la municipalité ne
s’était pas plainte de l’insuffisance des forces
dont elle disposait, le sous-préfet ne se serait
pas déplacé pour aller demander des ren-
forts. Ce n’est nullement le gouvernement
qui est responsable ; c’est la municipalité.
Et plusieurs amis des conférenciers ont reçu
un diplôme de l’Académie des pitres I
M. Langlois : Je ne connais pas le diplôme, '
dont vous parlez.
M. Allan : Il y a des gendarmes au Havre;
il y a de la troupe que l’on pouvait réquisi-
tionner pour établir des barrages. A qni in-
comberont les frais de, déplacement de la
gendarmerie appelée en notre ville ? Le dé-
placement de trois simples citoyens, comme
les trois conférenciers, ne justifiait pas pa-
reil déploiement de forces. L’Administration
devait s’en tenir à sa police et à la gendar-
merie et à la troupe stationnées en notre
ville.
M. Morgand, adjoint : Ce que vient de dire
M. Allan m’oblige à donner quelques expli-
cations complémentaires. Anssi bien n ai-ja i
pas l’habitude de me dérober aux explica-
tions. ■
Quand il a été annoncé par les journaux,
par les affiches, par les tracts que des mani-
festations auraient lieu, que certains dési-
raient importantes, j’ai dû prendre des me-
sures de prêcautien pour maintenir 1 ordres
Je les ai prises avec notre police. .
I osqu’au vendredi soir, il ne devait y avouM
qne nos agents. Mais, les chefs de la police?
municipale nPctyanî fait observer que peut— -
être ils seraient débordés et que quelque»
gendarmes à cheval ne seraient pas*-inatiies>,
fai réquisitio nné, vendredi après-midi, les
nuit gendarmes à cfievaMu Havre. Et c’étaient
il les seules forces appelées,
Mais ie gouvernement avait demandé iss
renseignements, en dehors de nous, *ar la
situation. Et, le samedi matin, aprài consul-
tation avec M. Pujalet, le ministre de l’inté-
rieur téléphonait à la préfecture que les me-
sures prises par nous étaient notoirement
insuffisantes, et qu’il les fallait augmentez
considérablement.
Comme je répondais que, étant donnée la
sagesse habituelle de notre population, les
mesures prises par nous seraient suffisantes,
le gouvernement n’a pas entendu de cette
oreille. Il m’a fait part de ses observations
et c’est lui qui a téléphoné ses ordres ai.
commandant de la gendarmerie, à Rouen.
M. Allan parlait tout à l’heure des soldats
que j’aurais dû réquisitionner. Mais le voici
en contradiction avec ses propres théories :
lai qui a protesté contre l’intervention de
la troupe pour maintenir l’ordre pendant
les grèves. Et le voici maintenant qui récla-
merait la troupe ?
M. Le Chapelain : Il y a confusion...
M. Léon Meyer : On a dit qu’il y avait suffi-
samment de troupes...
M. Morgand : J ai rappelé très exactement
les faits.
M. Coty (aux interpellateurs) : Et mainte-
nant voici que vous blâmez le gouverne-
ment, comme il vous a blâmés lui-même...
M. Morgand : J'ai dit que je ne demandais
pas tant ae renforts. On m'a répondu qu’il
fallait, par tous les moyens possibles, empê-
cher toat cri discordant, dégager les abords
de la gare, et m’opposer à tout rassemble-
ment devant l’Hôtel Moderne. C’est ainsi que
j’ai pris cet arrêté sur la circulation des voi-
tures et l’interdisant strictement pendant ie
temps nécessaire.
M. Déiiot : C’était une réception officielle f
(rires).
M. Morgand : Prenez la comme vous le
voudrezl
M. Encontre : C’était un cortège muni-
cipal,
M. Léon Meyer : Le gouvernement a été
ému un moment. Il s’est demandé, non pas
s’il devait désapprouver ses amis, mais si la
manifestation ne serait pas tumultueuse. ïr
ne voulait pas de rixes, et c’est pour cela
qu’il a pris des mesures supplémentaires...
M. Morgand : Je ne vous le fais pas dire !
M. Léon Meyer : Mais il voulait que la cir-
culation fût maintenue sur les trottoirs.
M. Morgand : Et c’est ainsi qu’il fat fait.
M. Léon Meyer : On a charge sur les trot-
toirs. On a établi des barrages devant l’Hôtel
Moderne ; des personnes n’ont pu rentrer
chez elles et j’ai dû téléphoner au préfet qui
m’a dit qu’il allait donner des ordres.
M. Le Chapelain : Une femme, que ses en-
fants attendaient, a été obligée de rebrousser
chemin.
M. Coty : Il est curieux de constater que
ceux là protestent, qui ont obligé le gouver-
nement, dont ils sont les amis, à prendre
des mesures contre eux 1
M. Le Chapelain : C’est vous qui avez orga-
nisé le désordre.
M. Coty : Je vous oppose la dénégation la
plus formelle. Ce n’est pas moi qui ai fait
distribuer des sifflets. (Mouvement).
M. Léon Meyer : Les manifestations de*
valent être tolérées...
M. Morgand : Le gonvernement redoutait
à ce point une maniiestation tumultueuse
qu’il a envoyé au Havre, samedi midi, deux
agents de la Sûreté générale! Voilà comment
les choses se sont passées. Je n’ai rien ajou-
té, je n’ai rien retranché. Je vous ai dites
que j’avais fait et j’estime que j’ai fait mou
devoir !
M. Allan : Vous avez répondu tout à l’heu-
re par un semblant d’aveu. Vous vous êtes
entretenu avec les chefs de la police muni-
cipale et ensuite vous avez demandé des
gendarmes.
M. Morgand : J’ai réquisitionné les huit
gendarmes à cheval en résidence au Havre,
— et rien de plus.
M. Vigné, adjoint : Nous voulions assurer
l’ordre avec notre police et les huit gendar-
mes du Havre. Le gouvernement ayant trou-
vé ces mesures insuffisantes, nous a envoyé
50 gendarmes de l’extérieur.
M. Allan s’en prend au sous-préfet de
Havre, an sujet des mesures prises.
M. Langlois s yons n’avez pas le droit d’afr,
taquer un homme qui n’est pas ici .
M. Allan : On connaît vos cabrioles.
M. Langlois : Beaucoup moins nombreuses
que les vôtres. . .
M. Allan : Briand vous a donné un certifi-
cat de l’académie des pitres...
Sur ce mot, M. Langlois se lève, il arrivé
jusqu’auprès de M. Allan et lui donne utt
soufflet. Prompt à la riposte, M. Allan s«
lève à son tour et frappe par deux fois AL
Langlois.
La scène a été plus rapide encore que le#
mots ne le peuvent exprimer.
L’émotion est très vive, dans l’assemblée
et dans le public. M
On se précipite et l’on sépare les combat-
tants.,.’
M. Langlois : Je n’ai jamais injurié per-
sonne, mais je ne supporterai aucune injars
de personne, même si je suis le moins fort...
car j’ai autant de coeur l
Les interpellations s’entrecroisent. A grand
peine M. Morgand arrive à rétablir nn câlins
relatif et blâme cette scène impardonnable.
M. Déiiot : On n’a pas recherché la cause
initiale de tous les incidents de dimanche, U
principal coupable...
M. Coty : C’est 1 homme aux sifflets i (Mou-
vements divers).
M. Encontre : L’homme au sifflet c est eue*
■Ton 1 (Mouvements). .
M. Détint : Les coupables sont ceux qnr
’ ont pris l’initiative de cette conférence dent
une ville républicaine radicale-socialiste i
Des protestations s’élèvent et comme M,
Déiiot se tourne vers le public, M- Morgan^
-intervient*.
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O. RANDOLET
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à M. 0. RANDOLET
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Le Petit Havre
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On s'abonne également, SANS'FRATS, dans tous les Bureaux de Poste de Francs
DlMIIIll llGU
Paris, trois heures matin.
DÉPÊCHES COMMERCIALES
3VTBTA.U25:
LONDRES, f 8 Février, Dépêche de 4 h. 30
1 TON COURS HAUSSE- »AISSB
CUIVRE j
8 mois P *65 7/6 -/- j t/6
ETAIN ]
Comptant..) *178 IB/- -/- ’ 48/-
3 mois.....) irréffufc * WO 2/6 -/- 47/6
FER I
Comptant ..jcalma Ë?
8mois...'..) *51/6 1 a , */■
Prix comparés avec ceux de la deuxième Boursô
lu 17 février 1911.
NEW-YORK, 18 FÉVRIER
Cotons : mars, baisse 3 points ; mai,
baisse 5 points ; juillet, baisse 0 points ?
octobre, baisse 4 points.— Soutenu.
Cafés > baisse 7 à 10 points.
NEW-YORK, 18 FÉVRIER
; e. tt ion «. memsr ,
Cuivre Standard disp. 14 31 14 3L
i mars 14 31 14 31
Amalgamat. Co|».. . 75 7/8 75 1/2
CHICAGO, 18 FÉVRIER
G» DG JOUR C. PRECED
^14 sur Mai., ; 94 3/8 94 3/4
— Juillet.,.^ 89 3/8 89 1/2
Maïs sur Mai......^ 66»/» j • -66 3 8
_ Juillet.65 1/4 l 65 5 8
Saindoux sur. Mai....... 10 91 10 92
— Juillet,.. J U iP ii 12
LA REFORME FISCALE
Le brait a couru dans les couloirs de la
Chambre et du Sénat que M. PerChot allait
retirer son amendement relatif à l’impôt
sur le revenu. Cet amendement reprend les
principes do projet voté par la Chambre.
M. Perchot a fait démentir cette nouvelle
dans la soirée.
D’antre part, oh disait que le gouverne-
ment allait accepter les suggestions de MM.
Ribot et Tonron et réaliser la réforme de
l’impôt sur le revenn par étapes.
M. Caillaux, ministre des finances, a fait
également démentir ce bruit ; il a ajouté que
le gouvernement conservait son attitude
première.
Après une longue discussion, la Commis-
sion de législation fiscale a adopté Ie3 tarifs
de l’impôt sur le capital proposes par le mi-
nistre des finances en leur faisant snbir quel-
ques retouches favorables aux fortunes
d’environ 250,000 francs. Elle a adopté l'exo-
nération à trente mille mille francs, mais en
ce qni concerne les personnes mariées elle
a maintenu sa décision de séparer les patri-
moines et par conséquent, de porter à 60,000
'francs en moyenne, l’exonération à la base
pour le ménage. En ce qui concerne les ré-
ductions d’impôts en raison du nombre des
enfants, la Commission n’a pas adopté l’ar-
ticle du projet qui conduisait à la réduction
fixée à 2,50 par tête d’enfant.
Elle a substitué à ce système une réduc-
tion de 5 0/0 de l’impôt pour nn enfant, de
10 0/0 pour denx enfants et de 20 0/0 pour
trois enfants avec réduction supplémentaire
de 10 0/0 de l’impôt pour chacun des enfants
Au delà du troisième.
Ces rédactions sont accordées pour les en-
fants vivants, légitimes on reconnus, âgés de
moins de 25 ans, âge qui correspond à peu
près à la libération du service militaire.
D’après les statistiques de la population
française, la Commission a évalué à une
trentaine de millions le coût de ces rédac-
tions, ce qni ramènerait de 190 à 160 millions
le rendement à attendre de l’impôt du capi-
tal.
Dans sa prochaine séance, la Commission
examinera les moyens de faire face à ce dé-
ficit.
LE CONGRES DES AGRICULTEURS
Dans sa séance d’hier, le Congrès des agri-
culteurs de France a émis le voeu qn’on éta-
blisse très nettement des distinctions entre
les viandes réfrigérées et les viandes con-
gelées.
Le Congrès à exprimé le voeu tendant à ce
que l’organisation des mutuelles s’occupant
de la lutte contre la taberculosa bovine soit
le plus possible vulgarisée et que l’attention
du gouvernement soit appelée sur la néces-
ÏÙA - a^»imiler dans le nouveau projet con-
tre la tuberChî^î? les mutuelles fondées spé-
îialement contre là tti®êr£3|®8® bovine aux j
mutelles.
L’AVIATION MARITIME
MARSEILLE. — L’enseigne de vaisseau Jan-
vier, du croiseur Foudre, s’est livré hier à
d’intéressantes expériences d’hydravion.
Après avoir plané à une très grande hau-
teur au-dessns de la ville, l’aviateur a gagné
la hante mer et, à 4 heures, atterrissait en
vol plané sur la plateforme avant du croi-
seur Foudre,
jLA CONVOCATION DES RESERVISTES
LIMOGES.— Suivant la France militaire, ton-
ies les convocations de réservistes sont sus-
pendues jusqu’au 15 mars dans les corps ap-
partenant à des garnisons dans lesquelles
sévissent des épidémies nettement caractéri-
sées ou occupant des casernements dans les-
quels l’installation des réservistes ne pour-
rait être assurée dans de bonnes conditions
d’hygiène.
UNE MUTINERIE A LT PRISON
MILITAIRE DE TOULOUSE
Une grave mutinerie vient da se produire
à la prison militaire de Toulouse. Après
avoir tenté en vain de s’évader en perçant
un mur et nn plafond, cinq détenus récem-
ment arrivés à Toulouse se sont barricadés
dans leur chambrée, ont brisé tout le maté-
riel de casernement. Il n’a pas fallu moins
de dix hommes armés de haches pour forcer
leur retraite. . ..
On n’y parvint pas tout de suite, car le siè-
ge dura de sept neures du matin à quatre
heures de l’après-midi. Les matins, vaincus,
ne tentèrent aucune résistance et se laissè-
rent docilement conduire en cellule.
Treize soldats en prévention de conseil de
gnerre occupaient la pièce oîi s’ôtaient en-
fermés les forcenés, mais terrorisés par
leurs camarades, ils n’osèrent pas bouger.
L’an d’eux tenta pourtant de protester. Mal
lui en prit.-Toute la bande se rua sur lui et
le roua de coups.
Les prisonniers révoltés étaient récem-
ment arrivés à Toulouse, venant de Toulon.
Iis ont été condamnés pour désertion, refus
d’obéissance et outrages à des supérieurs à
à des peines variant de dix-huit mois à trois
aus de prison. Ces jeunes gens ont fait partie
des sections de discipline.
l’ÉTAT SANITAIRE DE L’ARMÉE
MONTBRISON. — Deux cas de méningite cé-
rébro-spinale viennent d’être constatés dans
.l'armée.
L’ASSASSINAT DE CADIOU
BREST. — L’ingénieur Pierre comparaîtra
aujourd’hui devant le juge d’instruction qui
doit lui poser la question suivante :
« M. Càdiou a été tué par une balle de re-
volver de 6mm. Où est l’arme de ce calibre
que vous avez achetée en juin dernier et
qu'on n’a pas retrouvée, à votre domicile ? »
L’ingénieur Pierre a déclaré à son avocat
qu’il fournira des explications à ce sujet.
CONDAMNATION A MORT
BLOIS. — La Cour d’assises vient de con-
damner à mort lé nommé Gaston Mesmean
qui assassina, èn novembre dernier, pour la
voler, une dame Madeleine Arnould, âgée de
85 ans, débitante à Malkoff, commune d'Aver-
don, dans le Loir-et-Cher.
Le nommé C'âulas a été condamné à 5 ans
de réclusion, pour complicité.
Le crime leur rapporta cent quinze francs I
UN TERRIBLE DRAME
TULLE. — Une femme de 26 ans, Marie
Feuiliardier, habitant Bort, commune de
Condat, a jeté dans un réservoir deux de ses
enfants âgés de 2 ans et de 6 mois, puia
s’est précipitée à l’eau à leur suite.
Les voisins, avertis, accoururent, mais ne
retirèrent du réservoir que trois cadavres.
Le drame est attribué à la jalousie. '
UNE AFFAIRE D’ESCROQUERIE
M. Kastler, juge d’instruction, vient de
renvoyer devant le Tribunal correctionnel,
sous l’inculpation d’escroquerie et de ban-
queroute simple, le banquier LegrouX qui,
sous le nom de Legronx-Pradel, avait ouvert
une banque rue Taitbouh
Legroux est en fuite.
LES LOIS SCOLAIRES EN BELGIQUE
BRUXELLES. — La Chambre a voté en se-
conde lecture l’ensemble de la loi scolaire
qui instaure notamment l’instruction obli-
gatoire et met les écoles officielles et les éco-
les libres sur le même pied en ce qui con-
cerne ies subsides.
Deux démocrates chrétiens se sont abste-
nus.
Les socialistes et les libéraux ont quitté la
salle après avoir donné lecture de leur pro-
testation contre la loi.
nouvelles Politiques
A la Fédération des Gauches
C’est le 22 mars — et non le 22 février,
comme il a été imprimé par erreur — qu’au-
ront lieu sur divers points de la France la
série-de conférences organisées par la Fédé-
ration des gauches.
Nouvelles de la Chambre
La rupture abusive du contrat de
travail
Fn exécution d’une promesse faite par M.
Cheron, alors ministre da travail, au cours
d’une interpellation sur le renvoi d’ouvriers
syndiqués, M. Aibert Métin a déposé, hier
après-midi, sur le bureau de la Cbambre des
députés, nn projet de loi sur « la rupture
abusive du contrat de travail ».
Le projet actuel s’inspire d’an texte qu’a-
vait présenté à la Cbambre, dèS'iâOè, sur là
même question, M. Doumergue, qui était
alors ministre du commerce èt du travail.
M. Métin s’est préoccupé, avec ie garde
SÇeàU* qui a contresigné le projet, de
garantir ^nûê nrç^ absolue la liberté d’opi-
nion, de croyance et Te libre sxemcc de tous
les droits des parties contractantes.
Ce projet modifie les articles 19 et 23 du
livre !” du code du travail. Il ajoute à l-’arti-
cle 13 le paragraphe suivant :
Sera réputée illicite, et par suite entraînera la
nullité du contrat, toute clause d’un contrat de
travail dans lequel auront été imposées à l’une
des parties des conditions en disproportion fla-
grante avec la valeur ou l’importance des servi-
ces engagés.
Et il ajoute à l’article 23 les deux paragra-
phes que voici :
Le tribunal, nour apprécier s’il y a abus dans
la résiliation du contrat par la volonté d’un seul
pouvant donner lieu à dommages-intérêts, pourra
faire une enquête sur les circonstances de la
rupture. Il devra, en tout cas, demander à la
partie qui a rompu le contrat les motifs de la
rupture.
Est réputée abusive, au sens du précédent pa-
ragraphe, la résiliation qui aura eu pour cause la
méconnaissance d’un droit de l’une des
contractantes,
La Triple-Alliance
et la Triple-Entente
DANS LA MÉDITERRANÉE
î.e problème de l’équilibre méditerra-
néen, qui est essentiel pour la France et
qui ne l’est pas moins pour l’Angleterre,
doit être actuellement pris très au sérieux 1
Le jour où les Italiens ont débarqué à
Tripoli, jetant indirectement les yeux sur
Tunis, la période de cordialité franco-ita-
lienne, qui datait du traité de désintéresse-
ment marocain-tripolitain, a subitement
pris fin. Et le jour où l’escadre italienne a
mouillé devant Rhodes, la traditionnelle
amitié italo-anglaise a reçu un coup dont
il se peut qu’elle ne se relève pas. Eu même
temps le gouvernement de Rome, après des
années de tiédeur, se rapprochait ouverte-
ment de la Triple-Alliance. Et celle-ci dé-
masquait tout à coup une politique méditer-
ranéenne, qu’on soupçonnait sans doute
depuis longtemps, mais dont on ne la croyait
pas capable d’entreprendre si vite la réali-
sation.
L’Allemagne, l’Italie, P Autriche-Hongrie
ont aujourd’hui, toutes trois, des visées sur
la Méditerranée orientale. La première,
fortement assise en Asie-Mineure par le
chemin de fer de Bagdad, s’est assuré en
fait la possession du port d’Alexandrette,
grâce auquel elle apparaît pour la première
fois sur la Méditerranée. La seconde, qui
n’a peut-être pas entièrement renoncé à son
vieux rêve de Salonique, est en train de
déborder sur le Nord de l’Albanie, tandis
que, dans le Balkan oriental, elle pèse de
tout son poids sur la Serbie.
Quant à l’Italie, après deux ans de pro-
testations purement formelles et qui du
reste ne trompaient personne, elle avoue
enfin son jeu, son but, ses ambitions. Elle
restera dans les Iles ; ou bien, si elle en
sort, ce ne sera qu’au prix de compensa-
tions réclamées par elle en Asie Mineure,
Adalia et son hinterland par exemple. Elle
veut prendre pied sur le Continent asiati-
que, comme elle vieni-d© prends® pied.sur
le Continent africain. En même temps, de
compte à demi avec l’Autriche, elle sur-
veille le Balkan et s’apprête à confisquer sa
part d’Albanie. Le programme est vaste,
ambitieux, difficile peut-être à réaliser,
mais il répond au renouveau impérialiste
du peuple italien, qui se souvient du Mare
nostrum des Romains, et dont la bruyante
mégalomanie n’est pas pour nous surpren-
dre.
Si l’on songe à ce qu’était la Méditerranée
il y a seulement dix ans, le contraste se
révèle inquiétant pour la Triple-Entente.
Avant la grande liquidation orientale, ce
coin du monde semblait délaissé et comme
à l’écart de l’attention générale. C’est
ailleurs que se déroulaient les grandes
crises politiques : en Amérique, en Extrê-,,
me-Orient, au Maroc, plus récemment dans
l’Europe continentale elle:même, où le pro-
blème de l’équilibre européen, de l’équili-
bre continental dominait tout.
Les Anglais l’avaient si bien compris
que, ralliant vers le coeur de l’Empire
leurs forces éparpillées antérieurement sur
le monde, ils s’étaient attachés à grouper, à
l’entrée de la Mer du Nord, l’essentiel de
leur puissance navale. C’est là, pensaient-
ils, que devait se jouer la grande partie
dont l’avenir dépendrait. Nous voyons en
effet, depuis quelques années, par le thème
et le caractère des manoeuvres navales
britanniques, que leur attention s’est con ¬
centrée presque exclusivement sur les
abords immédiats de leur Ile.
Le demi-abandon de la Méditerranée était
la conséquence inévitable de cette nouvelle
politique militaire. On ne l’avouait pas,
sans doute ; mais les faits parlaient sans
équivoque possible : ne voyait-on pas les
garnisons de Malte et de Gibraltar rédui-
tes, l’escadre méditerranéenne transférée à
Gibraltar, point stratégique où elle pourrait
se porter indifféremment du côté de l’Egypte
où du côté de l’Angleterre ? N’avait-oa pas
l’impression (contredite sans doute par des
déclarations officielles, mais manifeste) que
l’Angleterre se reposait un peu sur la Fran-
ce, son amie, du soin de veiller à la défense
méditerranéenne ? *
Il est vrai que la situation militaire et
diplomatique des puissances de la Méditer-
ranée portait l’Angleterre à la confiance.
Il n’existait, dans cette partie du monde,
qu’une seule escadre dont on tînt compte,
la française; et quant à l’Italie, l’Angle-
terre n’imaginait pas que rien de désagréa-
ble pût survenir de son fait. N’était-ce pas
une amie de cinquante ans, presque une
i i&iée ?
Ces îaïsolineiïïents, qui naguère encore
paraissaient si plausibles, s’appartiennent
désormais plus qu’au passé. L’opinion an-
glaise s’ésl aperçue tout à coup que ni l’Ita-
lie, ni l’Autriche n’étaient si inexistantes
qu’il lui avait plu de le croire. Le transport,
vivement mené, de 60,000 Italiens en Tri-
politaine était, à cet égard, de nature à
faire réfléchir. Et si l’on additionne les cui-
rassés dont disposent les gouvernements de
Rome et de Vienne, le total n’est pas rassu*
rant: dès aujourd’hui, ces deux puissant
ces poufraient mettre en ligne 25 cuirassés,
22 croiseurs-cuirassés, 195 petites unités,,
alors que l’effectif britannique en Méditer-
, rauée ne.dépasse pas 7 grosses. uuitésdDaiis
un avenir prochain, à supposer que l’Angle-
terre ne fasse pas un gros effort, la situa-
tion sera pire encore : en 1917 l’Italie pos-
sédera 10 dreadnoughts, l’Autriche 4 et
peut-être 81
Il y a sans doute l’escadre française ; et
bien qu’elle doive être, en cas de guerre,
principalement affectée à la protection de
nos mouvements de troupes africaines à
destination de la Métropole, il est évident
que ^Angleterre peut compter sur sa coo-
pération. Mais il ne faut pas oublier que nos
intérêts essentiels sont dans la Méditerranée
occidentale, tandis que l’Angleterre ne
peut, sans risquer la ruine de son Empire,
renoncer à la maîtrise de la Méditerranée
orientale. L’Egypte, route des Indes, doit
être défendue. Les Anglais se souviennent
de l’armée de Bonaparte, immobilisée et
pefdue de fait pour la France dès.l’instant
qfie notre flotte fut détruite. Une armée an-
glaise isolée en Egypte est par avance
vouée à la destruction. Une politique nava-
le active s’impose donc à l’Angleterre. Déjà
l’on parle d’Alexandrie base navale, et M.
Winston Churchill, ministre radical, va se
voir obligé de faire un budget de la marine
tel que ses prédécesseurs tories n’en ont
jamais connu. .
Nous ne voulons pas être et ne sommes
jamais systématiquement pessimistes.
Avouons cependant qu’il est inquiétant de
voir la Triple-Alliance désormais installée
dans la Méditerranée. Nous avons connu
des temps récents, où les liens du système
rival du nôtre semblaient se. relâcher, où
les partenaires, désunis ou jaloux, travail-
laient chacun de leur côté. Cette phase
nouvelle de la question orientale leur a re-
donné l’unité de vues qui leur manquait.
Pendant les deux guerres balkaniques et
pendant les intrigues qui les ont suivies,
les trois alliés ont montré qu’ils savaient
où iis allaient, qu’ils avaient une politique
méditerranéenne en même temps qu’une
politique continentale.
Pourquoi faut-il qu’au même moment
(moment si grave pour l’Europe) la Triple-
Entente paraisse désorientée et sans chef?
Pourquoi les radicaux anglais semblent-ils
redoubler de naïf et impraticable pacifisme?
Pourquoi les Russes laissent-ils se produire
des incidents PautiM 2 La ^uestioiLiiaédi-
ferranêenne h’est pas une question locale,
mais une question mondiale. C’est à ce titre
qu’elle doit nous occuper, et presque nous
préoccuper,
ANDRÉ SIEGFRIED.
ÉTRAJIGEB
SUÈDE
Fia de la Crise Miaistérielle
D’après les journaux, la crise ministérielle
serait dénouée. Le roi aurait approuvé la
liste suivante :
M. de Ilammarskjoeld, gouverneur d’Up-
sal, prend la présidence du Conseil et le
portefeuille de la guerre.
Le sénateur Knut /Wallenberg. actuelle-
ment directeur de la grande banque qui
porte son nom, reçoit le portefeuillé des af-
faires étrangères.
M. Ilasselrot, président de la cour d’ap-
pel de Kristianstad, reçoit le portefeuille de
la justice.
M. Yennersten, industriel, prend le por-
tefeuille des finances.
M. de Sydow, gouverneur de province,
entre au ministère de l’intérienr.
M. Vestman, professeur, prend le porte--
feuille des cultes, et M. Brostrom celui de la
marine.
Le baron Beckfries, propriétaire, devient
ministre d8 l’agriculture.
MM. Sternberg, Linner et le colonel Morke
font partie du ministère, mais sans porte-
feuilles.
Dans les milieux officiels suédois, on s’abs-
tient de confirmer, comme du reste de cons-
tester l’exactitude de cette liste.
On fait remarquer que le chef du nouveau
ministère, connu à l’étranger comme mem-
bre de la cour permanente d’arbitrage qui
s’occupa des incidents de Casablanca, a su
s’entourer d’hommes de haute compétence.
Le nouveau ministre des affaires étrangères
est aussi très connu à l’étranger.
RUSSIE
Va Grand-Duc auteur dramatique
Il y a environ un mois, le grand-duc
Constantin donna à Saint-Pétersbourg, de-
vant un cercle restreint d’invités de l’aristo-
cratie, une représentation d’une tragédie
mystique intitulée Le Foi des Juifs, dont il
est l’auteur.
Cette représentation obtint un vif succès,
et ie grand-duc autorisa la représentation
publique de son oeuvre dans un théâtre de
Saint-Pétersbourg.
D’après les journaux, les éléments de la
droite mènent, depuis lors, une campagne
active pour empêcher que la pièce, qu'ils
considèrent comme étant d’une orthodoxie
relative, soit donnée en public.
Arla Douma d’empire, un prêtre député,
parlant des progrès de l’irreligion en Russie,
a fait allusion à « nne pièce anonyme, inti-
tulée le Roi des Juifs, qui l’avait bouleversé
jusqu’à lui enlever le sommeil ». Et la droite
de rassemblée a pris la résolution de deman-
der au métropolite de Saint-Pétersbourg de
s’opposer à la diffusion de l’oeuvre de C. R.
(Constantin Romanofi) 1
D’autre part, d’après la Gazelle de la Bourse,
une délégation de députés nationalistes,
ayant à sa tête M. Jemyslovsky, avocat, par-
tie civile au procè3 Beilis à Kieff, aurait ren-
du visite à l’ancien archevêque de Volodka,
M. Nicom, membre influent dn Saint-Synode,
pour le prier d’user de son autorité afin que
la représentation n’ait pas lieu.
GRECE
La Mission Militaire Française
Le roi a adressé au général Eydoux, chef
de la mission militaire française, et aux
chefs des corps d’armée des lettres antegra-
phes leur demandant de travailler assrdû-
> ment à la réorganisation de l’armée, qui de-
vra se montrer digne de ses engagements
envers la patrie agrandie.
au CONSEIL MUNICH
Séance cLix JL S tEvé'xrirAei? 5.©j..4fc
Présidence de M. MORGAND, Premier Adjoint
Une Interpellation sur les Mesures d’ordre et la
Conférence de Franklin
DÉBATS MOUVEMENTÉS. - UNE SCÈNE DE PUGILAT.
L’Ordre du jour pur et simple voté
Jamais encore, de mémoire de HavraiS, on
n’avait assisté à séance plus tumultueuse,
plus violente. Même à un moment, deux
conseillers municipaux, MM. Langlois et
Allan en sont venus aux voies de fait. Et
tout cela, à propos d’une interpellation faite
à l’Administration municipale au sujet des
mesures d’ordre qui avaient été prises, di-
manche dernier, lors de la venue en notre
ville de MM. Briand, Barthôu et Chéron.
On avait procédé à i’appel nominal, qui
avait tait constater la présence de MM. Mor-
gand, Serrurier, Yigné, Badqpreau et Jen-
nequin, adjoints ; celle de MM. Maillart,
Lang, Begouén-Demeaux, Cherfils, Lenor-
mand, Beurrier, Langlois, Deliot, Allan, Gri-
pois, Bricka, Schoux, Brot, Le Chapelain,
Grenier-Lemarchand, Coty, de Grandmai-
son, Encontre, Salacrou, Basset, Meyer et
Masselin ;
On avait procédé à l’élection de MM. Cher-
fils et Coty, comme secrétaire et secrétaire-
adjoint ;
On avait entendu les dernières communi-
cations faites par l’Administratiofi an Con-
seil municipal, lorsque vinrent en discus-
sion les questions et propositions, puisque
d’ailleurs nous étions en session ordinaire,
lorsque M. Le Chapelain interpella sur les
mesures de police prises à propos de la Con-
férence de dimanche dernier et des mani-
festations tumultueuses organisées et d’ail-
leurs annoncées, — et qui n’ont rencontré
que réprobation parmi notre population ha-,
vraise.
Voici la relation de ces débats passionnés:
et des incidents violents qui surgirent
Les Mesures J’Orilfe et - i
ta ConfôFence de FrankLin
M. Le Chapelain demande la parole. 11
trouve excessives les mesures d’ordre qui
tarent prises dimanche. Il n’y avait pas be-
soin de tant de gendarmes. Les mesures pri-
ses primitivement par la municipalité étaient
suffisantes ; elle aurait dû réduire ces mesu-
res en proportion de celles qui ont été pri-
ses par surcroît par le gouvernement.
La violence appelle la violence. M. Le Cha-
pelain dit qu’un officier de gendarmerie et
un gendarme se sont livrés à des « voies de
fait » contre les manifestants. Si les citoyens
doivent se souvenir de leurs devoirs, les
agents de la force pnblique doivent avoir pa-
reil souci. Or, quatre arrestations ont été
opérées et quatre citoyens ont été frappés
en arrivant au poste de la rue Kléber. L’un a
été giflé, un autre traîné à terre et frappé,
nn autre a reçu un coup derrière la tête. M.
Le Chapelain ne demande pas une enquête,
parce que, dit-il, elle resterait sans résultat.
Mais il ne faut pas que pareils faits se repro-
duisent.
M. Morgand, adjoint, répond que, par
suite des appels qui avaient été faits a des
manifestations tumnltuenses par certains
journaux, par des affiches et par des tracts
distribués en grand nombre, la Municipalité
avait cru devoir prendre des mesures d’or-
dre.
Elles n’ont pas été trouvées suffisantes par
le gouvernement, et c’est lui qui les a aug-
mentées et imposées.
Quant aux faits de brutalité qui se se-
raient produits, un seul est bien constaté, —
et c’est nn magnifique coup de poing reçu
par nn agent de la force publique.
M. Langlois : Et cet agent n’est antre que
le lieutenant de la police municipale i
M. Morgand, adjoint : La police et la gen-
darmerie ne sont intervenues qu’avec la
plus grande discrétion.
M. Lé Chapelain : Je ne nie pas le coup de .
poing reçu par le lieutenant de police, et je
le regrette beaucoup. Mais il n’empêche que
des citoyens ont été frappés an poste.
M. Morgand : Nous n’avons pas reçu une
plainte, pas une sénle 1
M. Allan : regrette que les gendarmes
soient arrivés en si grand nombre, avec leur
nouveau casque. Il conteste les dires de M.
Morgand. Il estime que si la municipalité ne
s’était pas plainte de l’insuffisance des forces
dont elle disposait, le sous-préfet ne se serait
pas déplacé pour aller demander des ren-
forts. Ce n’est nullement le gouvernement
qui est responsable ; c’est la municipalité.
Et plusieurs amis des conférenciers ont reçu
un diplôme de l’Académie des pitres I
M. Langlois : Je ne connais pas le diplôme, '
dont vous parlez.
M. Allan : Il y a des gendarmes au Havre;
il y a de la troupe que l’on pouvait réquisi-
tionner pour établir des barrages. A qni in-
comberont les frais de, déplacement de la
gendarmerie appelée en notre ville ? Le dé-
placement de trois simples citoyens, comme
les trois conférenciers, ne justifiait pas pa-
reil déploiement de forces. L’Administration
devait s’en tenir à sa police et à la gendar-
merie et à la troupe stationnées en notre
ville.
M. Morgand, adjoint : Ce que vient de dire
M. Allan m’oblige à donner quelques expli-
cations complémentaires. Anssi bien n ai-ja i
pas l’habitude de me dérober aux explica-
tions. ■
Quand il a été annoncé par les journaux,
par les affiches, par les tracts que des mani-
festations auraient lieu, que certains dési-
raient importantes, j’ai dû prendre des me-
sures de prêcautien pour maintenir 1 ordres
Je les ai prises avec notre police. .
I osqu’au vendredi soir, il ne devait y avouM
qne nos agents. Mais, les chefs de la police?
municipale nPctyanî fait observer que peut— -
être ils seraient débordés et que quelque»
gendarmes à cheval ne seraient pas*-inatiies>,
fai réquisitio nné, vendredi après-midi, les
nuit gendarmes à cfievaMu Havre. Et c’étaient
il les seules forces appelées,
Mais ie gouvernement avait demandé iss
renseignements, en dehors de nous, *ar la
situation. Et, le samedi matin, aprài consul-
tation avec M. Pujalet, le ministre de l’inté-
rieur téléphonait à la préfecture que les me-
sures prises par nous étaient notoirement
insuffisantes, et qu’il les fallait augmentez
considérablement.
Comme je répondais que, étant donnée la
sagesse habituelle de notre population, les
mesures prises par nous seraient suffisantes,
le gouvernement n’a pas entendu de cette
oreille. Il m’a fait part de ses observations
et c’est lui qui a téléphoné ses ordres ai.
commandant de la gendarmerie, à Rouen.
M. Allan parlait tout à l’heure des soldats
que j’aurais dû réquisitionner. Mais le voici
en contradiction avec ses propres théories :
lai qui a protesté contre l’intervention de
la troupe pour maintenir l’ordre pendant
les grèves. Et le voici maintenant qui récla-
merait la troupe ?
M. Le Chapelain : Il y a confusion...
M. Léon Meyer : On a dit qu’il y avait suffi-
samment de troupes...
M. Morgand : J ai rappelé très exactement
les faits.
M. Coty (aux interpellateurs) : Et mainte-
nant voici que vous blâmez le gouverne-
ment, comme il vous a blâmés lui-même...
M. Morgand : J'ai dit que je ne demandais
pas tant ae renforts. On m'a répondu qu’il
fallait, par tous les moyens possibles, empê-
cher toat cri discordant, dégager les abords
de la gare, et m’opposer à tout rassemble-
ment devant l’Hôtel Moderne. C’est ainsi que
j’ai pris cet arrêté sur la circulation des voi-
tures et l’interdisant strictement pendant ie
temps nécessaire.
M. Déiiot : C’était une réception officielle f
(rires).
M. Morgand : Prenez la comme vous le
voudrezl
M. Encontre : C’était un cortège muni-
cipal,
M. Léon Meyer : Le gouvernement a été
ému un moment. Il s’est demandé, non pas
s’il devait désapprouver ses amis, mais si la
manifestation ne serait pas tumultueuse. ïr
ne voulait pas de rixes, et c’est pour cela
qu’il a pris des mesures supplémentaires...
M. Morgand : Je ne vous le fais pas dire !
M. Léon Meyer : Mais il voulait que la cir-
culation fût maintenue sur les trottoirs.
M. Morgand : Et c’est ainsi qu’il fat fait.
M. Léon Meyer : On a charge sur les trot-
toirs. On a établi des barrages devant l’Hôtel
Moderne ; des personnes n’ont pu rentrer
chez elles et j’ai dû téléphoner au préfet qui
m’a dit qu’il allait donner des ordres.
M. Le Chapelain : Une femme, que ses en-
fants attendaient, a été obligée de rebrousser
chemin.
M. Coty : Il est curieux de constater que
ceux là protestent, qui ont obligé le gouver-
nement, dont ils sont les amis, à prendre
des mesures contre eux 1
M. Le Chapelain : C’est vous qui avez orga-
nisé le désordre.
M. Coty : Je vous oppose la dénégation la
plus formelle. Ce n’est pas moi qui ai fait
distribuer des sifflets. (Mouvement).
M. Léon Meyer : Les manifestations de*
valent être tolérées...
M. Morgand : Le gonvernement redoutait
à ce point une maniiestation tumultueuse
qu’il a envoyé au Havre, samedi midi, deux
agents de la Sûreté générale! Voilà comment
les choses se sont passées. Je n’ai rien ajou-
té, je n’ai rien retranché. Je vous ai dites
que j’avais fait et j’estime que j’ai fait mou
devoir !
M. Allan : Vous avez répondu tout à l’heu-
re par un semblant d’aveu. Vous vous êtes
entretenu avec les chefs de la police muni-
cipale et ensuite vous avez demandé des
gendarmes.
M. Morgand : J’ai réquisitionné les huit
gendarmes à cheval en résidence au Havre,
— et rien de plus.
M. Vigné, adjoint : Nous voulions assurer
l’ordre avec notre police et les huit gendar-
mes du Havre. Le gouvernement ayant trou-
vé ces mesures insuffisantes, nous a envoyé
50 gendarmes de l’extérieur.
M. Allan s’en prend au sous-préfet de
Havre, an sujet des mesures prises.
M. Langlois s yons n’avez pas le droit d’afr,
taquer un homme qui n’est pas ici .
M. Allan : On connaît vos cabrioles.
M. Langlois : Beaucoup moins nombreuses
que les vôtres. . .
M. Allan : Briand vous a donné un certifi-
cat de l’académie des pitres...
Sur ce mot, M. Langlois se lève, il arrivé
jusqu’auprès de M. Allan et lui donne utt
soufflet. Prompt à la riposte, M. Allan s«
lève à son tour et frappe par deux fois AL
Langlois.
La scène a été plus rapide encore que le#
mots ne le peuvent exprimer.
L’émotion est très vive, dans l’assemblée
et dans le public. M
On se précipite et l’on sépare les combat-
tants.,.’
M. Langlois : Je n’ai jamais injurié per-
sonne, mais je ne supporterai aucune injars
de personne, même si je suis le moins fort...
car j’ai autant de coeur l
Les interpellations s’entrecroisent. A grand
peine M. Morgand arrive à rétablir nn câlins
relatif et blâme cette scène impardonnable.
M. Déiiot : On n’a pas recherché la cause
initiale de tous les incidents de dimanche, U
principal coupable...
M. Coty : C’est 1 homme aux sifflets i (Mou-
vements divers).
M. Encontre : L’homme au sifflet c est eue*
■Ton 1 (Mouvements). .
M. Détint : Les coupables sont ceux qnr
’ ont pris l’initiative de cette conférence dent
une ville républicaine radicale-socialiste i
Des protestations s’élèvent et comme M,
Déiiot se tourne vers le public, M- Morgan^
-intervient*.
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