Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-02-16
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 février 1914 16 février 1914
Description : 1914/02/16 (A34,N11882). 1914/02/16 (A34,N11882).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172047f
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
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EHE BELLE JOURNÉE RÉPUBLICAINE
La Conférence Briand, Barthou et Ghéron
[ La portée de la réunion d’hier sera consi-
dérable, soit au Havre, soit dans le Pays. Il
y a été question d’intérêts généraux, d’in-
térêt national ! Voilà, soyez-en sûrs, ce qui
touchera le plus l’opinion, lasse des politi-
ciens ambitieux et des mesquines querelles
fle coteries. Ce qui caractérise en effet
essentiellement les préoccupations pré-
sentes du grand public, c’est une impé-
rieuse volonté d’envisager de haut, non
seulement le problème politique, mais en-
core le problème national.
! Les bandes radicales-socialistes et so-
cialistes nous ont du reste rendu le service
de souligner, par leur attitude dans la rue,
la différence de caractère et d’inspiration
qui nous sépare d’elles. Les organisateurs
de la pitoyable manifestation de la Gare
ont-ils pensé un seul instant qu’on pren-
drait pour les représentants dé l’opinion
havraise ces manieurs de sifflets aussi dé-
pourvus de politesse que de spontanéité ?
Si c’est le cas, ils se sont grossièrement
trompés. Notre population aime qu’on res-
pecte toutes les opinions ; elle est libérale,
et les brimades l’indignent. Désavoués par
M. Clémenceau,dans Y Homme Libre, désa-
voués par le ministère, dont la police à su
aisément maintenir l’ordre, désavoués enfin
par le public havrais, qui sait à quoi s’en
tenir, les grands acheteurs des sifflets
(avons-nous besoin de les désigner ?) pour-
raient bien en fin de compte avoir fait, à
leur point de vue, une irréparable gaffe !
£e n’est pas avec des violences qu’on con-
duit notre ville, mais avec des raisons.
La population laborieuse du Havre a su c
le dire en répondant à une manifestation
organisée à grands frais par des manifesta- (
tions répétées et chaleureuses dont la por- j
iée était d’autant plus éclatante qu’elles j
étaient — elles —entièrement spontanées. J
Mais le grand événement de la journée a .
été la réunion de la salle Franklin, remplie (
à déborder d’une foule enthousiaste. Nous
ne dirons pas qu’une légitime curiosité n’y
fût pour rien, et ceux qui étaient venus (
chercher un régal de grand art oratoire ne i
s’en sont pas retournés déçus. Mais la si- i
• gnification politique de la séance a tout
dominé. Des trois discours de MM. Chéron,
Barthou et Briand se dégage une orienta-
tion lumineuse, une ferme politique de
principes, avec laquelle nos amis peuvent
aborder, en toute confiance, la prochaine
consultation électorale. Il y a là un pro-
gramme de gouvernement, que ses auteurs
ne seraient pas comme celui de Pau obliges
de désavouer au pouvoir.
Tons les républicains havrais dignes de
ce nom approuveront la position du pro-
blème politique tel que. l’a exprimé M.
Briand. Il ne s’agit pas de faire un parti
nouveau ; des partis existent actuellement,
qui doivent subsister. Il s’agit d’unir les
hommes, issus de tous les partis de gauche
qui, soucieux de maintenir et développer
l’oeuvre politique du régime actuel, sont en
même temps soucieux de ne pas se dérober
au devoir national.
Qui parlait, à nôtre propos, de réaction ?
de compromissions ? Piètre attaque, s’adres-
sant à-ceux qui ont fait ou voté la Sépara-
tion, à ceux qui restent les fidèles défen-
seurs de l’Ecole laïque 1 Piètre attaque,
ajouterons-nous, s’adressant à des hommes
qui, comme M. Jules Siegfried, sont au
iHavre. les fondateurs de l’euseignemeut
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Aiueur qu ils runt assumée, êrat 4*éé Joie
qu’ils reviendraient — si les circonstances
le permettaient — au régime antérieur.
jMais le salut du pays a des exigences devant
lesquelles tout doit se taire.
1 Nous avons eu, en écoutant ce langage,
l’impression de ce que doivent être de véri-
fiables hommes d’Etat. Et combien, par
'comparaison, nous ^.paraissait mesquine,
cfflioalfle et presque ridicule, Latl.itude de
ces politiciens qui, répudiant la loi de trois
ans dans leurs congrès, se trouvent réduits
(par une nécessité qu’ils niaient) à l’appli-
quer au pouvoir 1
Il y avait un immense réconfort à enten-
dre parler avec cette hauteur de vues des
questions nationales. Nous avons toujours
pensé, que ces questions devaient rester au-
dessus des partis. Tant pis si nos adversai-
res-les engagent dans la bataille électorale !
Nous nous tournons alors vers le public,
vers l’électeur maître de la France et nous
lui disons : « Telles conditions sont néces-
saires pour que la France continue de
vivre ! — Veux tu vivre ? »
Voilà la question, la grande question de
demain. Le seul parti digne de gouverner
ce pays sera celui qui, fidèle à la tradition
républicaine, le sera également à la tradi-
tion du grand patriotisme républicain fran-
çais.
Que les sifflets des énergumènes radi-
caux-socialistes nous ont donc, après cela,
paru mesquins et misérables t
P. H.
L’ARRIVÉE
de MM. Briand, Barthou et Chéron
Comme nous l’avions annoncé, MM. Briand,
Barthon et Chéron sont arrivés hier matin à
onze benres dix, par l’express de Paris, ac-
compagnés de diverses notabilités de la Fé-
dération des CDucbes.
De nombreuses personnes étaient .venues . .
les saluer à la descente dn train. Oa remar-
quait notamment MM. Morgand, premier ad-
joint ; Vigné, président de ia Fédération des
gauches ; Coty, secrétaire ; Oswild, secré-
taire adjoint ; Brieka et Windesheim, con-
seillers municipaux ; Lataurie, président du
Tribunal de commerce ; Lavoinne, député
d Yvetot ; Dugié, maire de Fécamp.
Après de courtes présentations, tes notabi-
lités se dirigent vers la sortie.
Ainsi que i’a ordonné le gouvernement,
eu prévision des manifestations annoncées»
d’importantes mesures de poliee ont été pri-
ses. Non seulement les agents du service lo-
cal, cyclistes et piétons encadrent toute la
place de la gare, mais des détachements de
gendarmerie à cheval et à pied, sous les or-
dres da commandant Simprou et de deux
capitaines, sont chargés de renforcer les for-
ces locales.
Un premier groupe assure l’ordre sur la
place de la gare ; des gendarmes à pied sont
échelonnés le long duboulevard, et un autre
groupe à cheval se tient aux abords de l’Hô-
tel Moderne, où doit avoir lieu le dejenner.
Les curieux et les manifestants sont grou-
pés en masses serrées derrière le service
d’ordre sur ia place de la gare.
Dès que les personnalités apparaissent, les
sifflets qui, on le sait, et par qui l’on sait
avaient été abondamment distribués, entrent
en jeu. C’est on sifflement nourri, strident,
continu, auquel repondent les cris de « Vive
Briand l Vive Barthou l » que poussent les
personnes qui entourent les arri vants, et bon
nombre de nos concitoyens venus en curieux.
Mais on a faitmonterMM. Briand, Birthou,
Chéron dans une des automobiles fermées
qui stationnent devant la gare.
Ces messieurs s’en étonnent, et manifes-
tent le désir de se présenter à découvert de-
vant leurs adversaires.
Descendus aussitôt de la première voiture
ils vont prendre place,en compagnie de MM.
Morgand et Vigne, dans une autre automo-
bile, celle-ci découverte, qui part peu après,
suivie des autres voitures dans lesquelles
prennent place les autres notabilités pré-
sentes.
Et pendant que les sifflets continuent lears
trilles aigus, auxquelles repondent des ac-
clamations venues de la fouie, M. Briand et
ses amis passent en saluant à maintes re-
prises.
Après le départ des voitures, la gendar-
merie à cheval s’efforce d’établir un barrage
en travers du boulevard en face le pavillon
des officiers, mais déjà la masse principale
des manifestants a pris le pas de course à
la suite des automobiles, pour aller mani-
fester devant l’Hôtel Moderne.
Près du Palais de Justice, la foule veut
même envahir un tramway, et l’un des ins-
pecteurs de ia Compagnie ayant voula s’op-
poser à est envahissement est assez mal-
mené Sa casquette est enlevée et ne lui est
rendue que complètement lacérée.
Bientôt la foule est considérable aux
abords de l’Hôtel Moderne. Sans cesse les
sifflets se tont entendre.
Les gendarmes refoulent une première
fois les manifestants,mais ceux-ci s’avancent
à nouveau, entraînés par tes derniers venas.
Les officiers de gendarmerie en tête de
leurs hommes engagent, d’un geste de la
main le public à se replier en arrière, et peu
à peu celui-ci est repoussé d’une part jusqu’à
la sous-préfecture, d’autre part jusqu'au
Crédit Lyonnais. Des barrages rigoureux sont
alors établis. Naturellement ces mesures ne
vont pas sans protestation, et parfois même
les femmes se montrent particulièrement
véhémentes,mais aucun incident sérieux ne
se produit.
Peu à peu les manifestants, constatant
; l’inutilité de leur attitude, éclaircirent leurs
rangs et, vers midi et quart le service d’ordre
était réduit pour permettre aux agents et
1 aux gendarmes de se reposer.
Photos Hearl MANUEL
Cliché Petit Havre
01. BARTHOU M. BRIAND M. CHÉRON
LE DÉJEUNER
Un déjeuner avait été servi dans l’un des
salons de l’Hôtel Moderne, auxquels assis-
taient un grand nombre de membres de
l’Union des Gauches et des Comités Républi-
cains du Havre et de l’arrondissement.
En dehors de MM. Aristide Briand, Louis
Barthou et Henry Chéron, avaient également
pris place à la table d’honneur ou aux autres
tables : MM. Jules Siegfried, Paul Bignon An-
dré Lavoinne, Georges Bouctot, députés de la
Seine-Inférieure ; Henry B irenger, sénateur
de la Guadeloupe ; Landry, député de la
Corse ; Fesq, député dn Cantal ; Lacour, dé-
puté du Vaucluse : Delaroche-Vernet, député
de la Loire-Inférieure ; docteur Vigné, ad-
joint au maire du Havre, président de l’Union
des Gauches des six cantons du Havre ; Mor-
gand,adjoint au maire du Havre ; René Coty,
conseiller d’arrondissement, secrétaire de
l’Union des Gauches ; Georges Lafaorie, pré-
sident du Tribunal de Commerce ; F. Acher
et docteur Béal, conseillers généraux; E.
Brieka, conseiller municipal, vice-président
de la Chambre de Commerce; D. Maleux,
trésorier, et P. Osswald, secrétaire adjo nt
de l’Union des Gauches ; Pognon, directeur-
de VAgence Havas ; André Siegfried ; Vavas-
seur, maire de San vie ; Mandeix, membre de
la Chambre de Commerce ; doctèur Loir, di-
recteur du Bureau d’hygiène, etc., etc.
Les convives firent honneur à i’excelient
menu fort diligemment préparé et servi.
Âu champagne, M. le docteur Vigné, ad-
joint au mairedu Havre, président de l’Union
des Gauches des six cantons du Havre, se
lève tout d’abord.
Eu débutant, il déclare que son intention
n’est pas de faire un discours, car avant le
régal qui attend ses auditeurs, il ne voudrait
point leur offrir un hors d’oeuvre médio-
cre.
11 n’aura pas l’impertinence non plus de
présenter aux républicains havrais des ci-
toyens éminents comme MM. Briand, Bar-
thou et Chéron. Il se contentera de leur sou-
haiter une cordiale bienvenue, aiosi qu’aux
membres du Parlement, aux représentants
de la presse parisienne et aux membres de
la Fédération des Gauches.
Il remercie M. Briand d’être venu appor-
ter aux républicains havrais le concours de
sa parole et l’appui de la haute autorité
morale dont il jouit à l’heure .actuelle dans
le pays.
En choisissant le Havre pour y tenir la
première grande réunion de la Fédération
des Gauches, MM. Briand, B trthon et Chéron
ont fait un grand honneur à notre ville.
Les républicains havrais y puiseront un
grand encouragement, comme iis en trou-
vent un dans l’empressement avec lequel
notre population a accueilli la réunion de ce
jour, dans le grand nombre des adhésions
recueillies chaque jour par l’Uniun des Gau-
ches, et notamment parmi les membres de
notre communauté commerciale qui com-
prennent qu’il est de leur devoir do s’occa-
per des affaires publiques.
M. Vigne rappelle ensuite le souvenir de la
réunion historique que Gambetta présida au
Havre en 1880. Le grand patriote y avait en-
trevu l’avenir commercial de notre port, à la
consolidation duquel M. Louis Barthou a si
puissamment contribué.
Depuis, des générations nouvelles ont
grandi, sont venues à la vie publique ; elles
sont restées obstinément fidèles aux idées
républicaines.
« Et ici, au Havre, continue le docteur
Vigné, circonstance des plus heureuses, ce
sont les mêmes hommes qui entouraient
Gambetta, ce sont les mêmes citoyens Sieg-
fried, Génestal et Kranse qui, dans lear verte,
vigaurease et admirable vieillesse, repré-
sentent pour nous la vraie tradition répu-
blicaine, ce sont les mômes hommes, dis-je,
sous le patronage desquels vous êtes venus
J an milieu de nous.
1 » Nous pouvons dire cela aux soi-disant
iréBUblicams qui nous accusent d’avoir abaa-,
tlirané notre programme, d’avoir renié noire
idéal républicain et qui ne paraissent avoir
retenu de la crise bonlangiste que les sif-
flets et les grotesques manifestations. »
Les hommes qui apportent leur concours
aujourd'hui à l’Union des Gauches sont de
fermes républicains : républicain, l’homme
qui a réalisé la séparation des Eglises et de
rEtat ; républicain l’homme qui, président
dn Conseil des ministres, a su imposer au
pays les mesures nécessaires pour ia défense
de la Patrie; républicain, l’homme qui,
ministre du Travail, a facilité l’application
de la loi sur les retraites ouvrières, et tait
voter la loi d’assistance anx familles nom-
breuses.
« Ils ne viennent pas'à nous, dit M. Vigné,
comme des messies, nous n’en attendons
pas ; ils ne se présentent même pas comme
prophètes, car nous tes laisserions passer
sans leur jeter la pierre et sans les sifflet*.
» Ils viennent à nous comme des républi-
cains qui, ayant assumé les responsabilités
du pouvoir, vont nous exposer comment ils
entendent l’organisation d’une démocratie.
» Je voudrais bien les réunir dans un
même toast, mais oa m'accuserait demain
de les avoir transformés en Sainte Trinité 1 »
Il se contente donc de boire à M. Briand,
l’homme de la séparation, à M. Barthou,
l’homme de la loi de trois ans, et à M. Ché-
ron, qui ont tous trois rendu et rendront
encore des services éminents à la Patrie et
à fa République.
De vifs applaudissements éclatent et un
ban nourri est battu en l’honneur de l’actif
et sympa hique président de l’Union des
Gauches, puis M. Louis Birthou, prenant à
son tour la parole, lui répond au nom de
MM. Briand et Chéron comme an sien pro-
pre ; c’est tout d’abord pour rappeler que,
plusieurs fois déjà, il eut L’occasion de venir
au Havre, notamment comme ministre des
travaux publics ; et puisque M. le docteur
Vigne a précisément rappelé ces voyages et
l’intérêt constant qu’il a porté à l’avenir de
notre établissementcomntërciai et maritime,
il croit, pouvoir dire qu’il a un peu acquis
droit de cité en notre ville où il reçut tou-
jours le meilleur accueil.
Faisant alors allusion aux manifestations
du matin, M. Birthou ajoute que, de cet
accueil là, il n’y a pas lieu de se plaindre.
« Les oiseaux du port, » dit-H au milieu
des rires et des applaudissements « les oi-
seaux du port ont, sans doute, voula nous
donner une impression anticipée d’un prin-
temps précoce1
» Nous ne leur en garderons pas rancune,
mais nous reprocherons à leurs patrons de
ne pas avoir respecté la loi du repos hebdo-
madaire 1
» La municipalité avait pris des mesures
discrètes, mats nous avons des remercie-
ments particuliers à adresser au gouverne-
met pour la sollicitude qu’il a manifestée
à notre égard !
» Sur les instructions de M. le président
du Conseil les honneurs militaires nous ont
été rendus, et nous nous demandions si
c’était un hommage rétrospectif aux fonc-
tions ministérielles que nous avons occu-
pées, ou si ce n’était pas plutôt un signe
d’espoir pour de futures fonctions t
» QuaDt à nous, nous savions parfaite-
ment quels étaient les sentiments de la po-
pulation républicaine de cette vaillante Cité.
Aussi sommes nous venus avec un visage
découvert et en voiture découverte.
» Et nous avons très bien d fférencié les
manifestations subventionnées qui nous ont
paru puériles des manifestations spontanées
qui noas ont vivement éma et touché 1 »
M. Birthou adressealors ses remerciements
et ceux de MM. Briand et Chéron à M. le doc-
teur Vigné ponr les sonbaits de bienvenue
qu'il leur a adressés.
C’est avec un très grand plaisir qu’il l’a
entendu évoquer le souvenir de Gambetta,
et, à ce sujet, il salue lai aussi le député de
I la première circonscription dn Havre.
QaaaâVfl Mieçoarj^pylPù:
biicalns comme Siegmea,- s écrie-t-n, \ « on
peut mépriser les attaques ou les insinua-
tions ».
Il se déclare heureux d’avoir entendu M.
le docteur Vigné se réjouir des nombreuses
adhérons qui sont venues à l’Union des
Gauches de membres de notre communauté
commerciale, qui comprennent qu’il faut
défendre la République avec ses traditions
et ses intérêts.
Il faut faire une politique d’aclion civique
et d’action républicaine, et c’est cette politi-
que que les membres de la Fédération des
Gauches entendent présenter et défendre
devant le pays.
En terminant M. Barthon, dont le toast a
été écouté avec la plus vive attenffon et fré-
quemment interrompu parles applaudisse-
ments, lève son verre à la santé des mem-
bres de l’Union des Gauches.
Des acclamations et un double ban ac-
cueiffènt sa péroraison et les convives se sé-
parent pour sé rendre au Cercle Franklin.
H ~ir
LA CONFÉRENCE
DE FRANKLIN
Bien avant defix heures et demie les mem- <
bres de l’Union des Gauches et des Comités (
républicains de tout l’arrondissement arri-
vaient à la salle Franklin, et, à l’heure fixée, j
trois mille personnes y avaient pris place. (
Sur l’estrade, au milieu de nombreux au- (
très militants, nous remarquons la présen- ]
ce de MM. Profichet, Béal, Acher, conseillers
généraux ; Serrurier, Bidoureau, adjoints (
au maire ; les membres du bureau de <
l’Union des Gauches ; Brieka, Basset et Wia- «
desheim, conseillers municipaux ; Ramelot,
membre de la Chambre de Commerce; An- ]
drô Siegfried ; Pierre Gounou, maire d’Octe-
ville-sur-Mer ; Georges Vavasseur, maire de |
Sanvic; Gason Tranchand, adjoint au maire ]
de Cauvilie ; Debray, ancien conseiller mu- j
nicipal du Havre ; Albert Toussaint, ancien ]
adjoint au maire de Graville-Sainte-Hono-
rine ; Sauvage, Schmidt, Arsène Leçon te,
etc., etc. .
A deux heures et demie sonnant, MM.
Briand, Barthou et Chéron, accompagnés .
des parlementaires de la Fédération des Gau-
ches,■ apparaissent sur l’estrade et c’est alors
pendant plusieurs instants une ovation in- <
descriptible qui leur est faite par toute la
salle debout. Les cris de « Vive Briand ! »
« Vive Barthou I » « Vive. Chéron 1 » « Vive
Siegfried 1 » éclatent de toutes parts.
Cependant M Jules S egfried prend la pré- ’
sideucè du bureau, entouré des trois ora-
teurs et de MM Bignon, Bouctot, Lavoinne,
Landry, Delaroche-Vernet, Fesq et Lacour,
députes ; Henry Berenger, sénatear ; docteur *
Vigné, president de l’Uoioa des Giaches;
René Coty, secrétaire général, et Morgand,
adjoint au maire. 1
Quand le calme s’est enfin nn peu rétabli, 1
M Jules Siegfried se lève et ouvre la réunion 1
par l’allocution suivante :
Allocution da M. Jules Siegfried
« Citoyens,
» Au nom de l'Union des Gauches du Havre,
je souhaite la bienvenue à MM. Briand, Bar-
thou et Chéron, qui ont bien voula répon-
dre à notre invitation.
» Notre Comité, qai est présidé par M. Vi-
gné, adjoint, et dont le secrétaire général,
M. René Coty, a en le premier i’idée de cette
rénnion, a pensé qu’il y aurait intérêt, pour
tous les républicains de notre ville, à connaî-
tre les idées politiques de qaelques-nns des
principaux membres de la Fédération des
Gauches qui vient de se fonder.
» C’est un regret pour nous tous de ne pas
L avoir aujoued’fiui parmi nous J[. Géaestaki.
maire du Havre, notre pins ancien compa-
gnon de lutte.
» Le Havre s’honore à juste titre, mes
chers collègues, d’avoir marché toujours en
tète des villes françaises, depuis 1870, dans
la voie du progrès politique, économique et
social. (Applaudissements.)
» Ce Cercle Franklin où rions gommes, a
été créé, dès 1874, par l’initi *ti privée ha-
vraise, sur le modèle des Curetés ouvriers
d’Angleterre et d’Amérique. C’est encore dès
la même époque que, préoccupés déjà d’a-
méliorer le logement ouvrier, nous avons
fondé les premières Sociétés d’habitations à
bon marché permettant anx travailleurs de
devenir propriétaires de leur maison C’est
enfin, dès avant le vote des lois de 1882 et
1886, que nous avions organisé sur une large
échelle l’enseignement primaire, primaire
supérieur et technique, selon le principe de
l’absolue gratuité et de la complète laïcité.
Je tiens à ajouter que le premier Congrès des
instituteurs s’est tenu au Havre eu 1885.
C’est au Havre aussi, vers la même époque,
que s’est tenu l’un de3 premiers Congrès des
Syndicats professionnels.
» Si je rappelle ces faits, mes chers collè-
gues dn Parlement, c’est pour vous montrer
que vous êtes dans une cité vraiment mo-
derne qni ne s’effraie d’aucun progrès. (Ap-
plaudissements.)
» Le développement dn Havre comme
ville commerciale et maritime porte la mar-
que du même esprit d’initiative et d’activité.
Les yenx sans cesse tournés vers l’extérieur,
noire préoccupation constante est de multi-
plier les afflires françaises avec l’étranger.
Deux chiffres suffiront à vous prouver que
nous y réussissons : notre mouvement mari-
time se chiffrait, eh 1870, par 2,768,000 ton-
neaux ; il s’élève aujourd’hui à 10,827,000 1
Ce qui nous soatient dans cet effort, c'est la
certitude de servir, en même temps que nos
intérêts locaux, l’intérêt national. Entre la
France et l’Amérique, Le Havre se sent le
premier intermédiaire désigné. Tonte aug-
mentation de la richesse mondiale doit lui
profiler. Aussi est-ce avec une pleine con-
fiance qn’il envisage l’avenir.
» Gambetta l’avait admirablement compris
— lorsqu’il vint au Havre en 1881. Nous
n’avons pas oublié que dans cette même
salle, devant un auditoire aussi nombreux
que celui-ci, de merveilleuses paroles d’en-
couragement à notre endroit sortaient de sa
bouche : « Vous êtes la tête de pont entre
l’ancien et le nouveau comment ; votre ave-
nirest immense si vous savez le comprendre. »
» Nous l’avons compris, et aucun sacri-
fice, dans ce but, ne nous a para inutile.
Nous vous remercions, mon cher Barthou,
d’avoir puissamment contribué à notre oeu-
vre, en faisant voter, comme ministre, notre
dernier programme de travaux maritimes.
(Applaudissements.)
» Après Gambetta, quelques-uns de? grands
hommes, dont notre régime s’honore le plus,
sont venus nous approuver dans cette orien-
tation : Jules Ferry, ministre de l’instruc?
tion publique, a tenu à visiter nos écoles
d’apprentissage 4e garçons et de filles ; René
Goblet, dans les mêmes fonctions, a voula
inaugurer lui-même notre lycée de jeunes
filles, l’un des premiers de France.
» Vous venez à votre tour, mes chers col-
lègues, nous encourager dans la tâche entre-
prise il y a qnarante ans et que nous n’avons
jamais cessé de poursuivre. Nous vous en
remercions. Chacun de vous a rendu à la
République des services qu’aucun républi-
cain n’a le droit d’oublier :
» Si la Séparation des Eglises et de l’Etal
est réalisée, c’est à vous, Briand, qu’on le
doit 1 (Applaudissements.)
» Si nous avons vigoureusement réponda
aux armementts exagérés de nos voisins, qui
devenaient nue menace dangereuse pour no-
tre indépendance, c’est à vous, Barthou, que
nous le devons I (Applaudissements.)
» Enfin, Chéron a été, dans toutes les oc-
casions, le défenseur passionné des progrès
démocratiques etsociaux.(Nouveaux applau-
dissements).
» Les Havrais le savent ; ils vous en sont
reconnaissants.
» Laïcité, progrès social, patriotisme, c’est
là toute la tradition de la République. Les
Républicains du Havre ont conscience de n’y
avoir jamais failli, et ils y resteront invaria-
blement fidèles ».
Une double salve d’applaudissements mar-
que les derniers mots dn sympathique dé-
puté de la première circonscription qui don-
ne ensuite la parole à M. Rena Coty, secré-
taire général de l’Union des Ganches.
Celni-ci lit alors la lettre suivante que lui
a adressée M. Génestal, maire du Havre :
« Mon cher ami,
» Voulez-vous exprimer à nos hôtes émi-
nents de ce jour les vils regrets que j’éprou-
ve de ne pouvoir pour des rainons de santé
, leur souhaiter moi-même la bienvenue et
leur présenter les voeux que je forme pour
le succès de la campagne qu’ils commencent
aujourd’hui et dont le Havre est fier d’être la
première étape.
» La politique dont ils veulent assurer la
triomphe est celle que rêvaient les anciens
dont je suis, qui ont combattu l’Empire ;
celle de leurs illustres devanciers, Gambetta
et Jules Ferry; politique respectueuse de
toutes les convictions sincères, largement to-
lérante, mais fermement avisée à détendre
l’oeuvre laïque et sociale de la troisième Ré-
publique.
» C’est celle que le Havre a constamment
acclamée depuis plus de 40 ans et qu’il ao
clamira encore aujourd'hui malgré les
criailteries de certains énergumènes (Applau-
dissements).
» A l’appel des éloquents orateurs qua
vous allez avoir la bonne fortune d’applau-
dir, la grande majorité du pays répondra,
j’en ai la conviction, en s’engageant résolu-
ment dans la voie qu’ils lai auront tracée,
pour ie plus grand bien de la France et de la.
République.
» Veuillez croire, mon cher ami, a mes,
sentiments les meilleurs.
ÈSSP t-IL GENESTAL. * -
Administrateur - Délégué-Gérant
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l'Administration
à M. 0. RANDOLKT
35, Rue Fontenelle, 35
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Le Petit Havre
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EHE BELLE JOURNÉE RÉPUBLICAINE
La Conférence Briand, Barthou et Ghéron
[ La portée de la réunion d’hier sera consi-
dérable, soit au Havre, soit dans le Pays. Il
y a été question d’intérêts généraux, d’in-
térêt national ! Voilà, soyez-en sûrs, ce qui
touchera le plus l’opinion, lasse des politi-
ciens ambitieux et des mesquines querelles
fle coteries. Ce qui caractérise en effet
essentiellement les préoccupations pré-
sentes du grand public, c’est une impé-
rieuse volonté d’envisager de haut, non
seulement le problème politique, mais en-
core le problème national.
! Les bandes radicales-socialistes et so-
cialistes nous ont du reste rendu le service
de souligner, par leur attitude dans la rue,
la différence de caractère et d’inspiration
qui nous sépare d’elles. Les organisateurs
de la pitoyable manifestation de la Gare
ont-ils pensé un seul instant qu’on pren-
drait pour les représentants dé l’opinion
havraise ces manieurs de sifflets aussi dé-
pourvus de politesse que de spontanéité ?
Si c’est le cas, ils se sont grossièrement
trompés. Notre population aime qu’on res-
pecte toutes les opinions ; elle est libérale,
et les brimades l’indignent. Désavoués par
M. Clémenceau,dans Y Homme Libre, désa-
voués par le ministère, dont la police à su
aisément maintenir l’ordre, désavoués enfin
par le public havrais, qui sait à quoi s’en
tenir, les grands acheteurs des sifflets
(avons-nous besoin de les désigner ?) pour-
raient bien en fin de compte avoir fait, à
leur point de vue, une irréparable gaffe !
£e n’est pas avec des violences qu’on con-
duit notre ville, mais avec des raisons.
La population laborieuse du Havre a su c
le dire en répondant à une manifestation
organisée à grands frais par des manifesta- (
tions répétées et chaleureuses dont la por- j
iée était d’autant plus éclatante qu’elles j
étaient — elles —entièrement spontanées. J
Mais le grand événement de la journée a .
été la réunion de la salle Franklin, remplie (
à déborder d’une foule enthousiaste. Nous
ne dirons pas qu’une légitime curiosité n’y
fût pour rien, et ceux qui étaient venus (
chercher un régal de grand art oratoire ne i
s’en sont pas retournés déçus. Mais la si- i
• gnification politique de la séance a tout
dominé. Des trois discours de MM. Chéron,
Barthou et Briand se dégage une orienta-
tion lumineuse, une ferme politique de
principes, avec laquelle nos amis peuvent
aborder, en toute confiance, la prochaine
consultation électorale. Il y a là un pro-
gramme de gouvernement, que ses auteurs
ne seraient pas comme celui de Pau obliges
de désavouer au pouvoir.
Tons les républicains havrais dignes de
ce nom approuveront la position du pro-
blème politique tel que. l’a exprimé M.
Briand. Il ne s’agit pas de faire un parti
nouveau ; des partis existent actuellement,
qui doivent subsister. Il s’agit d’unir les
hommes, issus de tous les partis de gauche
qui, soucieux de maintenir et développer
l’oeuvre politique du régime actuel, sont en
même temps soucieux de ne pas se dérober
au devoir national.
Qui parlait, à nôtre propos, de réaction ?
de compromissions ? Piètre attaque, s’adres-
sant à-ceux qui ont fait ou voté la Sépara-
tion, à ceux qui restent les fidèles défen-
seurs de l’Ecole laïque 1 Piètre attaque,
ajouterons-nous, s’adressant à des hommes
qui, comme M. Jules Siegfried, sont au
iHavre. les fondateurs de l’euseignemeut
pruuAcl
triir-S c. K» r1 M mknt
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Aiueur qu ils runt assumée, êrat 4*éé Joie
qu’ils reviendraient — si les circonstances
le permettaient — au régime antérieur.
jMais le salut du pays a des exigences devant
lesquelles tout doit se taire.
1 Nous avons eu, en écoutant ce langage,
l’impression de ce que doivent être de véri-
fiables hommes d’Etat. Et combien, par
'comparaison, nous ^.paraissait mesquine,
cfflioalfle et presque ridicule, Latl.itude de
ces politiciens qui, répudiant la loi de trois
ans dans leurs congrès, se trouvent réduits
(par une nécessité qu’ils niaient) à l’appli-
quer au pouvoir 1
Il y avait un immense réconfort à enten-
dre parler avec cette hauteur de vues des
questions nationales. Nous avons toujours
pensé, que ces questions devaient rester au-
dessus des partis. Tant pis si nos adversai-
res-les engagent dans la bataille électorale !
Nous nous tournons alors vers le public,
vers l’électeur maître de la France et nous
lui disons : « Telles conditions sont néces-
saires pour que la France continue de
vivre ! — Veux tu vivre ? »
Voilà la question, la grande question de
demain. Le seul parti digne de gouverner
ce pays sera celui qui, fidèle à la tradition
républicaine, le sera également à la tradi-
tion du grand patriotisme républicain fran-
çais.
Que les sifflets des énergumènes radi-
caux-socialistes nous ont donc, après cela,
paru mesquins et misérables t
P. H.
L’ARRIVÉE
de MM. Briand, Barthou et Chéron
Comme nous l’avions annoncé, MM. Briand,
Barthon et Chéron sont arrivés hier matin à
onze benres dix, par l’express de Paris, ac-
compagnés de diverses notabilités de la Fé-
dération des CDucbes.
De nombreuses personnes étaient .venues . .
les saluer à la descente dn train. Oa remar-
quait notamment MM. Morgand, premier ad-
joint ; Vigné, président de ia Fédération des
gauches ; Coty, secrétaire ; Oswild, secré-
taire adjoint ; Brieka et Windesheim, con-
seillers municipaux ; Lataurie, président du
Tribunal de commerce ; Lavoinne, député
d Yvetot ; Dugié, maire de Fécamp.
Après de courtes présentations, tes notabi-
lités se dirigent vers la sortie.
Ainsi que i’a ordonné le gouvernement,
eu prévision des manifestations annoncées»
d’importantes mesures de poliee ont été pri-
ses. Non seulement les agents du service lo-
cal, cyclistes et piétons encadrent toute la
place de la gare, mais des détachements de
gendarmerie à cheval et à pied, sous les or-
dres da commandant Simprou et de deux
capitaines, sont chargés de renforcer les for-
ces locales.
Un premier groupe assure l’ordre sur la
place de la gare ; des gendarmes à pied sont
échelonnés le long duboulevard, et un autre
groupe à cheval se tient aux abords de l’Hô-
tel Moderne, où doit avoir lieu le dejenner.
Les curieux et les manifestants sont grou-
pés en masses serrées derrière le service
d’ordre sur ia place de la gare.
Dès que les personnalités apparaissent, les
sifflets qui, on le sait, et par qui l’on sait
avaient été abondamment distribués, entrent
en jeu. C’est on sifflement nourri, strident,
continu, auquel repondent les cris de « Vive
Briand l Vive Barthou l » que poussent les
personnes qui entourent les arri vants, et bon
nombre de nos concitoyens venus en curieux.
Mais on a faitmonterMM. Briand, Birthou,
Chéron dans une des automobiles fermées
qui stationnent devant la gare.
Ces messieurs s’en étonnent, et manifes-
tent le désir de se présenter à découvert de-
vant leurs adversaires.
Descendus aussitôt de la première voiture
ils vont prendre place,en compagnie de MM.
Morgand et Vigne, dans une autre automo-
bile, celle-ci découverte, qui part peu après,
suivie des autres voitures dans lesquelles
prennent place les autres notabilités pré-
sentes.
Et pendant que les sifflets continuent lears
trilles aigus, auxquelles repondent des ac-
clamations venues de la fouie, M. Briand et
ses amis passent en saluant à maintes re-
prises.
Après le départ des voitures, la gendar-
merie à cheval s’efforce d’établir un barrage
en travers du boulevard en face le pavillon
des officiers, mais déjà la masse principale
des manifestants a pris le pas de course à
la suite des automobiles, pour aller mani-
fester devant l’Hôtel Moderne.
Près du Palais de Justice, la foule veut
même envahir un tramway, et l’un des ins-
pecteurs de ia Compagnie ayant voula s’op-
poser à est envahissement est assez mal-
mené Sa casquette est enlevée et ne lui est
rendue que complètement lacérée.
Bientôt la foule est considérable aux
abords de l’Hôtel Moderne. Sans cesse les
sifflets se tont entendre.
Les gendarmes refoulent une première
fois les manifestants,mais ceux-ci s’avancent
à nouveau, entraînés par tes derniers venas.
Les officiers de gendarmerie en tête de
leurs hommes engagent, d’un geste de la
main le public à se replier en arrière, et peu
à peu celui-ci est repoussé d’une part jusqu’à
la sous-préfecture, d’autre part jusqu'au
Crédit Lyonnais. Des barrages rigoureux sont
alors établis. Naturellement ces mesures ne
vont pas sans protestation, et parfois même
les femmes se montrent particulièrement
véhémentes,mais aucun incident sérieux ne
se produit.
Peu à peu les manifestants, constatant
; l’inutilité de leur attitude, éclaircirent leurs
rangs et, vers midi et quart le service d’ordre
était réduit pour permettre aux agents et
1 aux gendarmes de se reposer.
Photos Hearl MANUEL
Cliché Petit Havre
01. BARTHOU M. BRIAND M. CHÉRON
LE DÉJEUNER
Un déjeuner avait été servi dans l’un des
salons de l’Hôtel Moderne, auxquels assis-
taient un grand nombre de membres de
l’Union des Gauches et des Comités Républi-
cains du Havre et de l’arrondissement.
En dehors de MM. Aristide Briand, Louis
Barthou et Henry Chéron, avaient également
pris place à la table d’honneur ou aux autres
tables : MM. Jules Siegfried, Paul Bignon An-
dré Lavoinne, Georges Bouctot, députés de la
Seine-Inférieure ; Henry B irenger, sénateur
de la Guadeloupe ; Landry, député de la
Corse ; Fesq, député dn Cantal ; Lacour, dé-
puté du Vaucluse : Delaroche-Vernet, député
de la Loire-Inférieure ; docteur Vigné, ad-
joint au maire du Havre, président de l’Union
des Gauches des six cantons du Havre ; Mor-
gand,adjoint au maire du Havre ; René Coty,
conseiller d’arrondissement, secrétaire de
l’Union des Gauches ; Georges Lafaorie, pré-
sident du Tribunal de Commerce ; F. Acher
et docteur Béal, conseillers généraux; E.
Brieka, conseiller municipal, vice-président
de la Chambre de Commerce; D. Maleux,
trésorier, et P. Osswald, secrétaire adjo nt
de l’Union des Gauches ; Pognon, directeur-
de VAgence Havas ; André Siegfried ; Vavas-
seur, maire de San vie ; Mandeix, membre de
la Chambre de Commerce ; doctèur Loir, di-
recteur du Bureau d’hygiène, etc., etc.
Les convives firent honneur à i’excelient
menu fort diligemment préparé et servi.
Âu champagne, M. le docteur Vigné, ad-
joint au mairedu Havre, président de l’Union
des Gauches des six cantons du Havre, se
lève tout d’abord.
Eu débutant, il déclare que son intention
n’est pas de faire un discours, car avant le
régal qui attend ses auditeurs, il ne voudrait
point leur offrir un hors d’oeuvre médio-
cre.
11 n’aura pas l’impertinence non plus de
présenter aux républicains havrais des ci-
toyens éminents comme MM. Briand, Bar-
thou et Chéron. Il se contentera de leur sou-
haiter une cordiale bienvenue, aiosi qu’aux
membres du Parlement, aux représentants
de la presse parisienne et aux membres de
la Fédération des Gauches.
Il remercie M. Briand d’être venu appor-
ter aux républicains havrais le concours de
sa parole et l’appui de la haute autorité
morale dont il jouit à l’heure .actuelle dans
le pays.
En choisissant le Havre pour y tenir la
première grande réunion de la Fédération
des Gauches, MM. Briand, B trthon et Chéron
ont fait un grand honneur à notre ville.
Les républicains havrais y puiseront un
grand encouragement, comme iis en trou-
vent un dans l’empressement avec lequel
notre population a accueilli la réunion de ce
jour, dans le grand nombre des adhésions
recueillies chaque jour par l’Uniun des Gau-
ches, et notamment parmi les membres de
notre communauté commerciale qui com-
prennent qu’il est de leur devoir do s’occa-
per des affaires publiques.
M. Vigne rappelle ensuite le souvenir de la
réunion historique que Gambetta présida au
Havre en 1880. Le grand patriote y avait en-
trevu l’avenir commercial de notre port, à la
consolidation duquel M. Louis Barthou a si
puissamment contribué.
Depuis, des générations nouvelles ont
grandi, sont venues à la vie publique ; elles
sont restées obstinément fidèles aux idées
républicaines.
« Et ici, au Havre, continue le docteur
Vigné, circonstance des plus heureuses, ce
sont les mêmes hommes qui entouraient
Gambetta, ce sont les mêmes citoyens Sieg-
fried, Génestal et Kranse qui, dans lear verte,
vigaurease et admirable vieillesse, repré-
sentent pour nous la vraie tradition répu-
blicaine, ce sont les mômes hommes, dis-je,
sous le patronage desquels vous êtes venus
J an milieu de nous.
1 » Nous pouvons dire cela aux soi-disant
iréBUblicams qui nous accusent d’avoir abaa-,
tlirané notre programme, d’avoir renié noire
idéal républicain et qui ne paraissent avoir
retenu de la crise bonlangiste que les sif-
flets et les grotesques manifestations. »
Les hommes qui apportent leur concours
aujourd'hui à l’Union des Gauches sont de
fermes républicains : républicain, l’homme
qui a réalisé la séparation des Eglises et de
rEtat ; républicain l’homme qui, président
dn Conseil des ministres, a su imposer au
pays les mesures nécessaires pour ia défense
de la Patrie; républicain, l’homme qui,
ministre du Travail, a facilité l’application
de la loi sur les retraites ouvrières, et tait
voter la loi d’assistance anx familles nom-
breuses.
« Ils ne viennent pas'à nous, dit M. Vigné,
comme des messies, nous n’en attendons
pas ; ils ne se présentent même pas comme
prophètes, car nous tes laisserions passer
sans leur jeter la pierre et sans les sifflet*.
» Ils viennent à nous comme des républi-
cains qui, ayant assumé les responsabilités
du pouvoir, vont nous exposer comment ils
entendent l’organisation d’une démocratie.
» Je voudrais bien les réunir dans un
même toast, mais oa m'accuserait demain
de les avoir transformés en Sainte Trinité 1 »
Il se contente donc de boire à M. Briand,
l’homme de la séparation, à M. Barthou,
l’homme de la loi de trois ans, et à M. Ché-
ron, qui ont tous trois rendu et rendront
encore des services éminents à la Patrie et
à fa République.
De vifs applaudissements éclatent et un
ban nourri est battu en l’honneur de l’actif
et sympa hique président de l’Union des
Gauches, puis M. Louis Birthou, prenant à
son tour la parole, lui répond au nom de
MM. Briand et Chéron comme an sien pro-
pre ; c’est tout d’abord pour rappeler que,
plusieurs fois déjà, il eut L’occasion de venir
au Havre, notamment comme ministre des
travaux publics ; et puisque M. le docteur
Vigne a précisément rappelé ces voyages et
l’intérêt constant qu’il a porté à l’avenir de
notre établissementcomntërciai et maritime,
il croit, pouvoir dire qu’il a un peu acquis
droit de cité en notre ville où il reçut tou-
jours le meilleur accueil.
Faisant alors allusion aux manifestations
du matin, M. Birthou ajoute que, de cet
accueil là, il n’y a pas lieu de se plaindre.
« Les oiseaux du port, » dit-H au milieu
des rires et des applaudissements « les oi-
seaux du port ont, sans doute, voula nous
donner une impression anticipée d’un prin-
temps précoce1
» Nous ne leur en garderons pas rancune,
mais nous reprocherons à leurs patrons de
ne pas avoir respecté la loi du repos hebdo-
madaire 1
» La municipalité avait pris des mesures
discrètes, mats nous avons des remercie-
ments particuliers à adresser au gouverne-
met pour la sollicitude qu’il a manifestée
à notre égard !
» Sur les instructions de M. le président
du Conseil les honneurs militaires nous ont
été rendus, et nous nous demandions si
c’était un hommage rétrospectif aux fonc-
tions ministérielles que nous avons occu-
pées, ou si ce n’était pas plutôt un signe
d’espoir pour de futures fonctions t
» QuaDt à nous, nous savions parfaite-
ment quels étaient les sentiments de la po-
pulation républicaine de cette vaillante Cité.
Aussi sommes nous venus avec un visage
découvert et en voiture découverte.
» Et nous avons très bien d fférencié les
manifestations subventionnées qui nous ont
paru puériles des manifestations spontanées
qui noas ont vivement éma et touché 1 »
M. Birthou adressealors ses remerciements
et ceux de MM. Briand et Chéron à M. le doc-
teur Vigné ponr les sonbaits de bienvenue
qu'il leur a adressés.
C’est avec un très grand plaisir qu’il l’a
entendu évoquer le souvenir de Gambetta,
et, à ce sujet, il salue lai aussi le député de
I la première circonscription dn Havre.
QaaaâVfl Mieçoarj^pylPù:
biicalns comme Siegmea,- s écrie-t-n, \ « on
peut mépriser les attaques ou les insinua-
tions ».
Il se déclare heureux d’avoir entendu M.
le docteur Vigné se réjouir des nombreuses
adhérons qui sont venues à l’Union des
Gauches de membres de notre communauté
commerciale, qui comprennent qu’il faut
défendre la République avec ses traditions
et ses intérêts.
Il faut faire une politique d’aclion civique
et d’action républicaine, et c’est cette politi-
que que les membres de la Fédération des
Gauches entendent présenter et défendre
devant le pays.
En terminant M. Barthon, dont le toast a
été écouté avec la plus vive attenffon et fré-
quemment interrompu parles applaudisse-
ments, lève son verre à la santé des mem-
bres de l’Union des Gauches.
Des acclamations et un double ban ac-
cueiffènt sa péroraison et les convives se sé-
parent pour sé rendre au Cercle Franklin.
H ~ir
LA CONFÉRENCE
DE FRANKLIN
Bien avant defix heures et demie les mem- <
bres de l’Union des Gauches et des Comités (
républicains de tout l’arrondissement arri-
vaient à la salle Franklin, et, à l’heure fixée, j
trois mille personnes y avaient pris place. (
Sur l’estrade, au milieu de nombreux au- (
très militants, nous remarquons la présen- ]
ce de MM. Profichet, Béal, Acher, conseillers
généraux ; Serrurier, Bidoureau, adjoints (
au maire ; les membres du bureau de <
l’Union des Gauches ; Brieka, Basset et Wia- «
desheim, conseillers municipaux ; Ramelot,
membre de la Chambre de Commerce; An- ]
drô Siegfried ; Pierre Gounou, maire d’Octe-
ville-sur-Mer ; Georges Vavasseur, maire de |
Sanvic; Gason Tranchand, adjoint au maire ]
de Cauvilie ; Debray, ancien conseiller mu- j
nicipal du Havre ; Albert Toussaint, ancien ]
adjoint au maire de Graville-Sainte-Hono-
rine ; Sauvage, Schmidt, Arsène Leçon te,
etc., etc. .
A deux heures et demie sonnant, MM.
Briand, Barthou et Chéron, accompagnés .
des parlementaires de la Fédération des Gau-
ches,■ apparaissent sur l’estrade et c’est alors
pendant plusieurs instants une ovation in- <
descriptible qui leur est faite par toute la
salle debout. Les cris de « Vive Briand ! »
« Vive Barthou I » « Vive. Chéron 1 » « Vive
Siegfried 1 » éclatent de toutes parts.
Cependant M Jules S egfried prend la pré- ’
sideucè du bureau, entouré des trois ora-
teurs et de MM Bignon, Bouctot, Lavoinne,
Landry, Delaroche-Vernet, Fesq et Lacour,
députes ; Henry Berenger, sénatear ; docteur *
Vigné, president de l’Uoioa des Giaches;
René Coty, secrétaire général, et Morgand,
adjoint au maire. 1
Quand le calme s’est enfin nn peu rétabli, 1
M Jules Siegfried se lève et ouvre la réunion 1
par l’allocution suivante :
Allocution da M. Jules Siegfried
« Citoyens,
» Au nom de l'Union des Gauches du Havre,
je souhaite la bienvenue à MM. Briand, Bar-
thou et Chéron, qui ont bien voula répon-
dre à notre invitation.
» Notre Comité, qai est présidé par M. Vi-
gné, adjoint, et dont le secrétaire général,
M. René Coty, a en le premier i’idée de cette
rénnion, a pensé qu’il y aurait intérêt, pour
tous les républicains de notre ville, à connaî-
tre les idées politiques de qaelques-nns des
principaux membres de la Fédération des
Gauches qui vient de se fonder.
» C’est un regret pour nous tous de ne pas
L avoir aujoued’fiui parmi nous J[. Géaestaki.
maire du Havre, notre pins ancien compa-
gnon de lutte.
» Le Havre s’honore à juste titre, mes
chers collègues, d’avoir marché toujours en
tète des villes françaises, depuis 1870, dans
la voie du progrès politique, économique et
social. (Applaudissements.)
» Ce Cercle Franklin où rions gommes, a
été créé, dès 1874, par l’initi *ti privée ha-
vraise, sur le modèle des Curetés ouvriers
d’Angleterre et d’Amérique. C’est encore dès
la même époque que, préoccupés déjà d’a-
méliorer le logement ouvrier, nous avons
fondé les premières Sociétés d’habitations à
bon marché permettant anx travailleurs de
devenir propriétaires de leur maison C’est
enfin, dès avant le vote des lois de 1882 et
1886, que nous avions organisé sur une large
échelle l’enseignement primaire, primaire
supérieur et technique, selon le principe de
l’absolue gratuité et de la complète laïcité.
Je tiens à ajouter que le premier Congrès des
instituteurs s’est tenu au Havre eu 1885.
C’est au Havre aussi, vers la même époque,
que s’est tenu l’un de3 premiers Congrès des
Syndicats professionnels.
» Si je rappelle ces faits, mes chers collè-
gues dn Parlement, c’est pour vous montrer
que vous êtes dans une cité vraiment mo-
derne qni ne s’effraie d’aucun progrès. (Ap-
plaudissements.)
» Le développement dn Havre comme
ville commerciale et maritime porte la mar-
que du même esprit d’initiative et d’activité.
Les yenx sans cesse tournés vers l’extérieur,
noire préoccupation constante est de multi-
plier les afflires françaises avec l’étranger.
Deux chiffres suffiront à vous prouver que
nous y réussissons : notre mouvement mari-
time se chiffrait, eh 1870, par 2,768,000 ton-
neaux ; il s’élève aujourd’hui à 10,827,000 1
Ce qui nous soatient dans cet effort, c'est la
certitude de servir, en même temps que nos
intérêts locaux, l’intérêt national. Entre la
France et l’Amérique, Le Havre se sent le
premier intermédiaire désigné. Tonte aug-
mentation de la richesse mondiale doit lui
profiler. Aussi est-ce avec une pleine con-
fiance qn’il envisage l’avenir.
» Gambetta l’avait admirablement compris
— lorsqu’il vint au Havre en 1881. Nous
n’avons pas oublié que dans cette même
salle, devant un auditoire aussi nombreux
que celui-ci, de merveilleuses paroles d’en-
couragement à notre endroit sortaient de sa
bouche : « Vous êtes la tête de pont entre
l’ancien et le nouveau comment ; votre ave-
nirest immense si vous savez le comprendre. »
» Nous l’avons compris, et aucun sacri-
fice, dans ce but, ne nous a para inutile.
Nous vous remercions, mon cher Barthou,
d’avoir puissamment contribué à notre oeu-
vre, en faisant voter, comme ministre, notre
dernier programme de travaux maritimes.
(Applaudissements.)
» Après Gambetta, quelques-uns de? grands
hommes, dont notre régime s’honore le plus,
sont venus nous approuver dans cette orien-
tation : Jules Ferry, ministre de l’instruc?
tion publique, a tenu à visiter nos écoles
d’apprentissage 4e garçons et de filles ; René
Goblet, dans les mêmes fonctions, a voula
inaugurer lui-même notre lycée de jeunes
filles, l’un des premiers de France.
» Vous venez à votre tour, mes chers col-
lègues, nous encourager dans la tâche entre-
prise il y a qnarante ans et que nous n’avons
jamais cessé de poursuivre. Nous vous en
remercions. Chacun de vous a rendu à la
République des services qu’aucun républi-
cain n’a le droit d’oublier :
» Si la Séparation des Eglises et de l’Etal
est réalisée, c’est à vous, Briand, qu’on le
doit 1 (Applaudissements.)
» Si nous avons vigoureusement réponda
aux armementts exagérés de nos voisins, qui
devenaient nue menace dangereuse pour no-
tre indépendance, c’est à vous, Barthou, que
nous le devons I (Applaudissements.)
» Enfin, Chéron a été, dans toutes les oc-
casions, le défenseur passionné des progrès
démocratiques etsociaux.(Nouveaux applau-
dissements).
» Les Havrais le savent ; ils vous en sont
reconnaissants.
» Laïcité, progrès social, patriotisme, c’est
là toute la tradition de la République. Les
Républicains du Havre ont conscience de n’y
avoir jamais failli, et ils y resteront invaria-
blement fidèles ».
Une double salve d’applaudissements mar-
que les derniers mots dn sympathique dé-
puté de la première circonscription qui don-
ne ensuite la parole à M. Rena Coty, secré-
taire général de l’Union des Ganches.
Celni-ci lit alors la lettre suivante que lui
a adressée M. Génestal, maire du Havre :
« Mon cher ami,
» Voulez-vous exprimer à nos hôtes émi-
nents de ce jour les vils regrets que j’éprou-
ve de ne pouvoir pour des rainons de santé
, leur souhaiter moi-même la bienvenue et
leur présenter les voeux que je forme pour
le succès de la campagne qu’ils commencent
aujourd’hui et dont le Havre est fier d’être la
première étape.
» La politique dont ils veulent assurer la
triomphe est celle que rêvaient les anciens
dont je suis, qui ont combattu l’Empire ;
celle de leurs illustres devanciers, Gambetta
et Jules Ferry; politique respectueuse de
toutes les convictions sincères, largement to-
lérante, mais fermement avisée à détendre
l’oeuvre laïque et sociale de la troisième Ré-
publique.
» C’est celle que le Havre a constamment
acclamée depuis plus de 40 ans et qu’il ao
clamira encore aujourd'hui malgré les
criailteries de certains énergumènes (Applau-
dissements).
» A l’appel des éloquents orateurs qua
vous allez avoir la bonne fortune d’applau-
dir, la grande majorité du pays répondra,
j’en ai la conviction, en s’engageant résolu-
ment dans la voie qu’ils lai auront tracée,
pour ie plus grand bien de la France et de la.
République.
» Veuillez croire, mon cher ami, a mes,
sentiments les meilleurs.
ÈSSP t-IL GENESTAL. * -
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